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DOSSIER : LE PERIPARTUM CHEZ LES ÉQUIDÉS

N°7 DÉCEMBRE JANVIER FÉVRIER 2006

LE PERIPARTUM Conduites à tenir diagnostiques et thérapeutiques - Endocrinologie -

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°7 - DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006

Comprendre le dialogue entre jument et fœtus lors de la parturition - Comment prévenir, contrôler et induire le poulinage

- Comment réparer les déchirures périnéales et vaginales post-partum - Diagnostiquer et traiter la non délivrance

- Les données physiologiques du post-partum et leurs conséquences pour le suivi génital - Comment utiliser les chaleurs de poulinage

DOSSIER :

LE PERIPARTUM

CHEZ LES ÉQUIDÉS Lorsqu'un poulinage se déroule mal ou que le post-partum est l'objet de complications, nous sommes alors confrontés aux plus “urgentes” des urgences pour tenter de sauver la jument et/ou son poulain …

Revue internationale - Revue thématique des articles parus à l’étranger - Un panorama des meilleurs articles - Synthèse - Les traitements par ondes de choc : effets histologiques et analgésiques

REVUE DE FORMATION CONTINUE À COMITÉ DE LECTURE

- Chirurgie Comment réaliser une césarienne par la ligne blanche

Observations cliniques - Césarienne debout à droite chez une jument Pur-sang - Césarienne debout lors de torsion utérine compliquée d’une rupture de l’utérus chez une jument

Âne - Les particularités du peripartum chez l’ânesse

Rubriques - Principe actif - L’ocytocine - Geste - Deux techniques de vulvoplastie - Management - Comment référer une césarienne - La responsabilité civile professionnelle du vétérinaire et le poulinage


sommaire Éditorial Jean-François Bruyas Test clinique : masse abdominale et anœstrus chez une jument Jean-François Bruyas

DÉCEMBRE JANVIER FÉVRIER 2006

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CHEVAL ET ÉQUIDÉS Conduites à tenir diagnostiques et thérapeutiques - Endocrinologie - Comprendre le dialogue entre jument et fœtus lors de la parturition Françoise Hess-Dudan - Comment prévenir, contrôler et induire le poulinage chez la jument Francesco Camillo, Paola Marmorini, Claudia Dominici - Comment réparer les déchirures périnéales et vaginales post-partum Jean-Marc Betsch - Diagnostiquer et traiter la non délivrance chez la jument Jean-Marc Betsch - Les données physiologiques du post-partum et leurs conséquences pour le suivi génital chez la jument Jean-François Bruyas - Comment utiliser les chaleurs de poulinage chez la jument Jean-François Bruyas Chirurgie - Comment réaliser une césarienne par la ligne blanche chez la jument Christian Bussy, Ericka Sublime Observations cliniques - Césarienne debout à droite chez une jument Pur-sang Gabriel Descours - Césarienne debout lors de torsion utérine compliquée d’une rupture de l’utérus chez une jument Laurent Mangold, Alain Kazmierczyk, Philippe Lhéraud

N°7

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DOSSIER LE PERIPARTUM chez les équidés

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ÂNE - Les particularités du peripartum chez l’ânesse Ahmed Chabchoub, Jamel Chemli, Faouzi Landolsi

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RUBRIQUES Principe actif - L'ocytocine Jean-Claude Desfontis Geste - Deux techniques de vulvoplastie chez la jument Jean-Marc Betsch Management - Les recommandations pratiques pour référer une césarienne Christian Bussy, Ericka Sublime Management - La responsabilité civile professionnelle du vétérinaire et le poulinage Marc Foursin

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REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré et Louis-Marie Desmaizières Revue thématique des articles parus dans les revues internationales (octobre - novembre - décembre 2005) 63 Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection 65 Colombe Benoist, Émile Ecuer, Youness Elouasbi, Julie Giraud, Émile Guillot, Bilitis Kuhn, Carine Lalangue, Nicolas Latouche, Aurélie Plotto, Camille Tourmente Synthèse - Les traitements par ondes de chocs : effets histologiques et analgésiques Nicolas Serraud 71 Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses

Souscription d’abonnement en page 74

CHEVAL ÂNE RUBRIQUE

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REVUE INTERNATIONALE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006 - 263


test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail : neva@neva.fr

masse abdominale

Conseil scientifique

et anœstrus chez une jument

Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Pierre Chuit (praticien, Suisse) Marc Gogny (E.N.V.N.) Pierre Lekeux (Faculté de Liège) Olivier Lepage ((E.N.V.L.) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.) André Vrins (Faculté de Saint-Hyacinthe)

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Rédacteurs en chef Louis-Marie Desmaizières (E.N.V.T.) Catherine Gaillard - Lavirotte (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (A.F.S.S.A. Alfort)

Comité de rédaction Nicolas Barety (Juridique, avocat) Olivier Bisseaud (Chirurgie, praticien) Vincent Boureau (Comportement, praticien) Séverine Boullier (Immunologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.L.) Jean-François Bruyas (Reproduction, E.N.V.N.) Eddy Cauvin (Imagerie, praticien) Gwenaëlle Dauphin (A.F.S.S.A. Alfort) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, E.N.V.N.) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Anne Malblanc (Médecine interne et sportive, E.N.V.N.) Stéphane Martinot (Reproduction, E.N.V.L.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Youssef Tamzali (Médecine interne, E.N.V.T.)

Chargée de mission rédaction Valérie Colombani

Secrétaire de rédaction David Jourdan Mise en page - infographie Maxime Roguier Abonnements Maryse Mercan Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix du numéro : 30 € T.T.C CEE : 32 € T.T.C SARL au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0407 K 86 321 I.S.S.N. 1767-5081

comité de lecture

Impression - photogravure : Imprimerie Nouvelle Normandie 24, rue Haëmers B.P. 14 - 76191 YVETOT Cedex

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 264 - DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006

ne poulinière de race Selle-Français âgée de 14 ans, est référée par un confrère qui l’a examinée au cours de la 2e semaine post-partum. La jument a pouliné seule, sans qu’aucune anomalie ne soit mise en évidence chez le poulain ou chez la mère, laquelle a normalement délivré. ● Lors de l'examen clinique, un peu plus de 10 jours après le poulinage, la jument n’a pas encore été dépistée en œstrus. ● La jument est en bon état général et aucune anomalie n’est notée. ● L’examen génital par palpation transrectale révèle un utérus bien involué, de consistance intermédiaire (ni flasque ni tonique). - L’ovaire droit apparaît légèrement plus petit qu’une balle de tennis. - Ce qui peut correspondre à l’ovaire gauche est en position plutôt médiale et assez basse, et se révèle d’une taille proche de celle d’un ballon de basket. Il est de consistance ferme. ● La poulinière suitée arrive à la clinique une semaine plus tard, les mêmes informations cliniques sont recueillies. La jument n’a pas présenté d’œstrus. ● L’examen échographique par voie transrectale de la masse, qui semble correspondre à l’ovaire gauche, montre une paroi fine au-dessus d’une grosse cavité liquidienne anéchogène qui occupe tout l’écran de l’échographe. - Il n’est donc pas possible de visualiser la paroi ventrale.

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Bruno Baup, Agnès Benamou, Jean-Marc Betsch, Géraldine Blanchard, Christian Bussy, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Florent David (Canada), Isabelle Desjardins, Denis Dugardin, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Xavier Gluntz, Jean-Michel Krawiecki, Claire Laugier, Jean-Pierre Lavoie (Canada) Agnès Leblond,

Serge Lenormand, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Jacques Monet, Paul-Pierre Pastoret, Valérie Picandet, Xavier Pineau, Jean-Jacques Roy, Morgane Schambourg (Canada), Claire Scicluna, Brigitte Siliart, Mathieu Spriet (Canada), Christopher Stockwell, Etienne Thiry (Liège), François Valon, Emmanuelle Van Erck (Liège), Patrick Verwaerde.

Jean-François Bruyas Daniel Tainturier Unité de biotechnologie et pathologie de la reproduction Département des Sciences cliniques E.N.V.N., Atlanpôle La chantrerie, BP 40706 44307 Nantes cedex 03

Après avoir pouliné, la jument présente une masse abdominale au niveau de l’ovaire gauche (photo S. Colchen).

- L’examen échographique de la corne utérine gauche en coupes transversales successives semble indiquer une continuité entre l’utérus et cette masse au contenu liquidien. 1 Quelle anomalie suspecter ? 2 Quel traitement mettre en place ? 3 Quelles pourraient être les autres causes d’anœstrus post-partum chez une poulinière ? 4 L’anœstrus est-il la manifestation clinique comportementale la plus souvent associée au trouble suspecté ? 5 Les circonstances du diagnostic sont-elles classiques ? Réponses à ce test page 73

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éditorial Comment, en 2006, peut-on essayer de prévoir le moment de survenue d'un poulinage et est-il possible de l'induire sans trop de risques ?

C

hez la jument, la période péripartum est moins souvent l'objet d'anomalies et de troubles que dans d'autres espèces (vache notamment). Néanmoins, lorsqu'un poulinage se déroule mal ou que le post-partum est l'objet de complications, nous sommes alors confrontés aux plus “urgentes” des urgences pour tenter de sauver la jument et/ou son poulain … - Dans le domaine obstétrical, les connaissances sont bien établies. En effet, la réduction des dystocies a fait l'objet, depuis les premiers temps de la médecine vétérinaire, de nombreuses études et publications. En outre, cette réduction des dystocies repose sur les mêmes principes et sur le même type de manœuvres obstétricales chez la jument que chez la vache, à un bémol prêt, qui a son importance lorsqu'on y est confronté : la longueur de l'encolure et des membres des poulains par rapport à celles des veaux, … - Fort heureusement, les cas de dystocies sont moins nombreux chez la jument que chez la vache. Aussi, pour se former à l'obstétrique, il n'y a pas de meilleure école que la pratique de l'obstétrique bovine, espèce où les dystocies sont fréquentes et où l'intervention est tout de même moins urgente et moins risquée pour la vie du produit que dans l'espèce équine. Le lecteur soucieux de disposer de supports de référence peut se reporter aux nombreux ouvrages traitant de l'obstétrique des grandes espèces, le caractère récent de la publication et la langue de Shakespeare ne sont pas forcément gage de la qualité de la description et des conseils prodigués … D'anciennes publications, comme celle de Tavernier*, gardent, dans ce domaine des dystocies, tout leur intérêt. Le Dossier spécial de ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine traite d'éléments plus évolutifs qui sont assez régulièrement l'objet de questions de la part des praticiens. C'est ainsi que vous sont présentées les connaissances actuelles sur la régulation hormonale de la fin de la gestation et du déclenchement du poulinage, et c'est une consœur praticienne F. E. Hess-Dudan qui vous livre ce bilan des connaissances. - Les articles de ce numéro proposent ainsi des réponses à de nombreuses questions d'ordre pratique. - Comment, en 2006, peut-on essayer de prévoir le moment de survenue d'un poulinage et est-il possible de l'induire sans trop de risques ? Vous aurez le point de vue de F. Camillo et coll., enseignant-chercheur à la faculté de Pise (Italie) qui a mis au point un protocole, non pas du poulinage sans douleur, mais de «l'induction douce» du poulinage, sans en masquer les risques … - Lors de dystocie, la décision de faire réaliser une césarienne est toujours délicate, il convient de référer la poulinière dans les meilleures conditions. Ch. Bussy et coll. traitent comment réaliser une césarienne par la ligne blanche et donnent les recommandations pratiques pour référer une césarienne. - Deux observations cliniques rapportent des expériences de césariennes effectuées debout. La 1re est un cas de dystocie avec mort du fœtus (G. Descours), la 2de est un cas de torsion utérine à droite avec rupture de l’utérus (L. Mangold et coll.). Ces expériences nous semblaient d’autant plus intéressantes à publier que, lors des journées A.V.E.F. 2005, une discussion s'était instaurée sur la réalité ou non de césarienne sur juments debout. C’est pourquoi, nous vous appelons à faire partager vos observations, notamment sur ce sujet. - Certains points de la gestion du post-partum sont souvent l'objet d’interrogations : - comment gérer et réparer les déchirures des voies génitales postérieures ? - que faire lors de non délivrance, faut-il ou non intervenir manuellement ? - peut-on ou doit-on utiliser les chaleurs de poulinage, ou dans quelles conditions ? - si j'interviens ou si je refuse d'intervenir lors d'un cas obstétrical chez une jument, quels sont les éventuels risques juridiques auxquels je m'expose ? Les articles de J.-M. Betsch et de M. Foursin vous renseignent aussi bien sur les gestes et les techniques que sur les conduites à tenir diagnostiques et thérapeutiques. Ne perdons pas de temps, et allons dévorer ce nouveau Dossier spécial ouvert par LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine. ❒

Jean-François Bruyas Unité de biotechnologies et de pathologie de la reproduction E.N.V.N. Atlanpôle La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex

NOTE * Cf. Tavernier H. Guide de pratique obstétricale chez les grandes femelles domestiques. Paris : Ed Vigot frères, 1954.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006 - 265


endocrinologie comprendre le dialogue entre jument et fœtus

lors de la parturition

Françoise E. Hess-Dudan Villmergerstr. 20, 5619 Büttikon, Suisse

La maturation du fœtus et le déclenchement de la mise bas chez les équidés dépendent des échanges hormonaux mère-fœtus, au sein de l’unité fœto-utéro-placentaire. De nombreux facteurs peuvent perturber le fonctionnement de cette unité et provoquer un avortement ou une naissance prématurée.

Objectif pédagogique Connaître les mécanismes endocrinologiques à l’origine de la mise bas et les traitements hormonaux possibles chez la jument.

U

ne mise bas à terme nécessite chez la jument et son fœtus, comme chez les autres espèces mammifères, une synchronisation sans défaut de la préparation maternelle à la mise bas et de la préparation à la naissance du fœtus. ● Cette synchronisation requiert un contrôle complexe de toute une série de systèmes endocriniens, paracrines et autocrines, corrélés entre eux, et possédant pour la plupart des caractéristiques de "feed-forward" (stimulation) positifs. ● Il semble donc erroné de parler de "facteur initiateur" de la parturition. Le terme de "système clé promoteur" s’avère être plus approprié. Bien que des différences marquées existent entre les espèces mammifères étudiées, le système clé reconnu est celui de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien du fœtus. La jument et son fœtus ne font pas exception. ● L’espèce la mieux étudiée est l’espèce ovine (encadré 1). ● Bien que les mécanismes conduisant à la parturition ne soient pas les mêmes chez la

Définitions ❚ La préparation maternelle à la mise bas chez la jument, lors de situation normale, comprend le développement de la mamelle avec production de colostrum, la relaxation du col utérin, l’augmentation de l’activité électrique du myomètre, ainsi que le développement de l’instinct maternel. ❚ La préparation à la naissance du fœtus comporte le développement et la maturation de ses organes qui lui permettent, dès la naissance, de s’adapter rapidement, puis de survivre en milieu extra-utérin.

jument que chez la brebis, la maturation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien du fœtus est reconnue comme essentielle pour assurer une naissance à terme d’un poulain capable de survivre (encadré 2). ● Cet article présente les mécanismes endocrinologiques qui conduisent à la mise bas, les changements observés lors de troubles de la gestation et les traitements hormonaux possibles. LE DÉCLENCHEMENT DE LA PARTURITION La production de cortisol et la maturation du fœtus La glande surrénale fœtale, sous l’action croissante de l’A.C.T.H. (“adrenocorticotropic hormon”) fœtal au cours des 10-15 derniers jours de la gestation, est stimulée à produire davantage de pregnénolone, substrat nécessaire à la synthèse des progestagènes. Une augmentation de la synthèse de ces dernières dans les tissus fœtaux, utérins et placentaires, et une sécrétion croissante dans la circulation maternelle est donc observée (cf. supra) (figure 3). ● Simultanément, la persistance de l’action de l’A.C.T.H. (“adrenocorticotropic hormon”) sur le cortex surrénal du fœtus induit des changements enzymatiques qui favorisent alors la transformation progressive de la pregnénolone en cortisol. Ce dernier induit la maturation finale des organes clefs ou des systèmes clés nécessaires à la survie du poulain nouveau-né, ceci sur une période très courte, juste avant la naissance (1 à 2 jours). ●

Encadré 1 - Rôle de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien dans le déclenchement de la mise bas chez la brebis ● Dans l’espèce ovine, au cours des derniers 15 p. cent environ du temps de gestation (soit environ 7 à 10 jours avant la parturition), la maturation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien avec production croissante de cortisol fœtal chez le fœtus : - stimule la maturation de ses organes vitaux tels que poumons, foie, intestins, etc. ; - initie la conversion progressive de la progestérone en œstradiol au niveau placentaire. ● La levée progressive du contrôle inhibiteur qu’exerce la progestérone sur l’activité électrique

CHEVAL

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du myomètre avec, de surcroît, la présence d’œstradiol en quantité croissante (c’est-à-dire l’augmentation de ce qu’on appelle le rapport œstrogène/progestérone au niveau des tissus cibles comme le myometrium) augmentent la contractilité et la sensibilité du myomètre aux utérotoniques, tout en favorisant la production de ces dernières. ● En conséquence, l’activité électrique du myomètre augmente et la parturition est initiée avec l’apparition de contractions : celles-ci conduisent à l’expulsion du nouveau-né.


comment prévenir contrôler et induire le poulinage

chez la jument

*Dipartimento di Clinica Veterinaria Università di Pisa Pisa, Italia **Veterinario Libero Professionista Via Verdi, 87 56040 Cenaia Pisa, Italia ***Interne en pathologie équine E.N.V.N. Atlanpôle la Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03

Le poulinage chez la jument nécessite une surveillance très attentive. L’assistance à la mise bas est indispensable dans cette espèce, mais l’induction du poulinage reste difficile à réaliser, en raison des caractéristiques physiologiques particulières de la jument.

L

e moment du poulinage exige une surveillance très attentive car sur une très brève période, le travail d’une saison entière de reproduction est en danger. Ceci est surtout vrai dans l’espèce équine où les caractéristiques physiologiques rendent l’aide au poulinage indispensable, mais aussi difficile à réaliser. Malgré la très faible incidence des dystocies chez la jument (autour de 8 p. cent chez les poneys, entre 1 et 2 p. cent et 4 p. cent pour les autres races [15]), lorsqu’une difficulté survient pendant le poulinage, elle s’avère souvent très grave. ● La mise bas chez la jument est un événement “explosif”, caractérisé par des contractions utérines violentes qui provoquent rapidement le décollement du placenta et l’asphyxie du fœtus. Le temps de survie d’un fœtus équin, en cas de dystocie, est seulement de 30 à 40, min contre 6 à 12 heures pour les fœtus bovin et ovin, et 4 à 8 h pour le 1er fœtus canin et porcin qui s’engage dans la filière pelvienne [15]. ● Une intervention obstétricale en cours de dystocie est encore plus difficile dans l’espèce équine que dans les autres espèces, en raison : - de la longueur de l’encolure et des membres du fœtus équin qu’il est difficile de remettre en place ;

Francesco Camillo* Paola Marmorini** Claudia Dominici***

Objectif pédagogique Reconnaître les symptômes d’un poulinage imminent et induire la mise bas sans danger chez la jument.

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Mamelle de jument présentant une goutte de colostrum coagulé (“jument qui cire”) (photo F. Camillo).

NOTE

- de la violence des contractions abdominales de la jument qui rendent difficiles et très dangereuses les manœuvres obstétricales. Cet article présente les moyens pour détecter l’imminence d’un poulinage, ainsi que le déroulement normal de la mise bas et propose une conduite à tenir pour induire le poulinage.

* Cf. Dossier spécial “la fin de la gestation chez les équidés”, dans LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine N°3, novembre/décembre/janvier 2005, pages 167-214.

RECONNAITRE LES SYMPTÔMES D’UN POULINAGE IMMINENT

se produit dans 80 p. cent des cas pendant la nuit. ❚ Le temps de survie d’un fœtus équin, en cas de dystocie, est seulement de 30 à 40 min, contre 6 à 12 heures pour les fœtus bovin et ovin, et 4 à 8 h pour le 1er fœtus canin et porcin.

● Organiser une vraie assistance du poulinage est particulièrement difficile, car les prodromes chez la jument ne sont pas très nets, et souvent difficiles à déceler (figure 1). ● Même la durée de la gestation, à la différence de ce qui se produit chez la plupart des espèces animales, ne peut pas être prise en considération pour prévoir le jour du poulinage : la gestation équine dure en moyenne 335 à 342 jours, avec une variabilité qui peut, physiologiquement, aller de 320 à 365 j. Certaines gestations durent même plus d’un an*. ● La mise bas chez la jument se produit dans 80 p. cent des cas pendant la nuit, alors qu’en principe, le personnel n’est pas présent dans les écuries : la possibilité d’une assistance et d’une intervention efficaces sont

Essentiel ❚ La mise bas chez la jument

❚ Au contraire du fœtus bovin, le fœtus équin effectue une rotation de la position dorso-pubienne à la position dorso-sacrée seulement après le début des contractions utérines.

Figure 1 - Les symptômes d’un poulinage imminent chez la jument

CHEVAL

Symptômes non significatifs Position du fœtus Examen du col utérin ● Relâchement des ligaments sacro-ischiaux ● ●

Symptômes significatifs Développement de la mamelle : 24 à 48 h avant le part, sécrétion cireuse par les orifices du trayon ou perte de lait ● Variations de la composition en électrolytes de la sécrétion mammaire : concentration en Ca > 10 mmol/l (ou 200 ppm), 24 à 48 h avant le poulinage ●

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006 - 273


chirurgie

comment réparer les déchirures périnéales et vaginales post-partum chez la jument

Jean-Marc Betsch Clinique équine de Méheudin 61150 Écouché

Objectif pédagogique Connaître les indications et les modalités pratiques des interventions chirurgicales lors de déchirure périnéale ou vaginale post-partum.

Lors de déchirure périnéale ou vaginale après le poulinage, un traitement chirurgical est souvent nécessaire. Ces interventions peuvent être réalisées par un praticien généraliste, avec une bonne préparation et une bonne organisation.

L 1

Le matériel nécessaire pour les lacérations périnéales comprend : - des écarteurs ; - une lampe ; - de longs instruments (photos J.-M. Betsch).

es interventions chirurgicales du vestibule et du col utérin sont souvent longues et fastidieuses, en particulier en raison de conditions techniques difficiles. La technique chirurgicale n’est en revanche pas très compliquée. ● L’important est de disposer de bons instruments, de bons écarteurs, d’une bonne source de lumière et d’un tabouret confortable pour le chirurgien (photo 1, encadré 1). COMMENT TRAITER LES LACÉRATIONS PÉRINÉALES

Essentiel ❚ Chez la jument, les interventions chirurgicales périnéales, vestibulaires et cervicales sont à réaliser dans une barre de contention. ❚ Lors d’intervention chirurgicale mineure sur une jument suitée, placer le poulain à côté de sa mère. ❚ Une biopsie de l’endomètre est vivement conseillée avant toute intervention.

CHEVAL

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 280 - DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006

Les lacérations consécutives à un poulinage dystocique sont classées en trois grades selon leur sévérité : - les lacérations de grade 1 touchent la muqueuse vestibulaire et la peau du périnée ; - les lacérations de grade 2 touchent la muqueuse, la sous-muqueuse et une partie de la musculature périnéale (photo 2) ; - les lacérations de grade 3 atteignent toute la musculature périnéale, le rectum et le sphincter anal (photo 3).

matériel ● Peu d’instruments sont nécessaires. Ils doivent faire au moins 25 à 30 cm de longueur. Des instruments normaux peuvent être rallongés avec du métal soudé sur les branches. ● Les écarteurs sont à préférer aux speculums, qui ne permettent pas toujours un diamètre central de travail suffisant, mais qui dilatent bien le vestibule et le vagin. Le point faible des écarteurs est souvent leur courte longueur. Pour la réparation du col, par exemple, l’écarteur doit dilater le vestibule au-delà de l’anneau vestibulaire. ● La lumière doit parvenir facilement sur la zone opérée, sans que le chirurgien ait à tourner la tête sans cesse ou se déplacer sur le côté à cause de son ombre : utiliser une lampe frontale ou un câble de lumière froide (par exemple, celui d’un arthroscope fixé sur le côté de l’écarteur). ● Veillez pendant cette intervention à être confortablement assis.

Ces lacérations périnéales sont plus fréquentes chez les primipares ou chez les juments de tempérament nerveux. ● Les interventions périnéales et vestibulaires post-partum doivent être différées au moins un mois après le poulinage lorsque les tissus sont nécrotiques ou hémorragiques. Certains cas de lacérations de grade 3 non contaminées sont opérées avec succès le lendemain du poulinage mais, dans la majorité des cas, les sutures lâchent rapidement, car elles ont été réalisées dans du tissu œdématié, nécrotique, et fortement contaminé. Le temps nécessaire à la cicatrisation et le stress pour le poulain impliquent parfois de repousser l’intervention après le sevrage. ●

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Lacérations périnéales de 1er et 2e degré.

● Des mesures préopératoires avec une antibiothérapie et un traitement antiinflammatoire sont préconisés (sulfamidestrimétoprim, céphalosporines de 3e génération, anti-inflammatoires non stéroïdiens). La consistance des crottins avant l’intervention est à contrôler : ils ne doivent être ni trop fermes (risque de ténesme), ni trop liquides (risque de fistulisation). Pour y parvenir, adapter la ration en jouant sur le foin de pré (ce qui rend les crottins plus fermes), le foin de luzerne, (crottins plus souples) et la mise à l’herbe (crottins très souples).

Les lacérations de grade 1 et de grade 2 ● De nombreuses lacérations de grade 1 ou 2 cicatrisent spontanément en 2 à 3 semaines.


diagnostiquer et traiter la non délivrance

Jean-Marc Betsch

chez la jument Traitée précocement, la non délivrance chez la jument est d’un bon pronostic. Des conseils pratiques doivent être donnés à l’éleveur afin de détecter ses premiers signes et de mettre en place les mesures adaptées.

L

ors du poulinage, la 3e phase consiste en l'expulsion du placenta. En général, elle a lieu naturellement au cours des deux premières heures. ● Chez la jument, on parle de non délivrance si le placenta n'est pas totalement expulsé à la 3e heure post-partum. ● Cet article décrit les situations et les causes de non délivrance, l'attitude thérapeutique à adopter lors des 1res heures, la thérapeutique des non délivrances rebelles, les suites et le pronostic. LES SITUATIONS ET LES CAUSES DE NON DÉLIVRANCE La non délivrance et ses complications

● La plupart des non délivrances ont pour point de départ la corne non gravide. Selon Vandeplasshe, la prévalence de cette affection varie de 2 à 10 p. cent [5]. La non délivrance apparaît plus fréquente dans certaines situations : lors de dystocie, de césarienne, ou d'induction du poulinage. La prévalence par race reste mal connue. ● Le mécanisme reste mal connu, mais des déséquilibres endocriniens seraient en cause [2]. ● À l'inverse, les conséquences de la non délivrance sont bien connues. Elles sont essentiellement liées au développement microbien, qui devient exponentiel au cours des heures suivant la non expulsion du placenta. L'environnement hémorragique et nécrotique des tissus est très favorable au développement microbien, en particulier si une contamination massive de l'utérus a eu lieu au cours du poulinage. ● Ce développement microbien peut : - être substantiel ; - causer une métrite puerpérale ; - entraîner un passage endotoxémique dans la circulation générale. ● La septicémie et la fourbure aiguë sont

Encadré 1 - Le déroulement normal de la délivrance chez la jument L’expulsion du placenta résulte d'un ensemble de mécanismes physiologiques. - La rupture du cordon ombilical crée une ischémie des villosités de l'allantochorion qui se rétractent de l'endomètre [2]. - Les contractions du myomètre, sous l'influence de l'ocytocine, et sans doute de la prostaglandine, puis le poids du placenta, permettent d'achever l'expulsion. - L'exercice de la jument aide mécaniquement l'involution utérine. ● L'épithélium de l'endomètre reste intact tout au long de la placentation : l'utérus reste donc presque intact après le poulinage*. ● L'emplacement des microvillosités (cryptes) est progressivement remanié par une inflammation aiguë physiologique d'une quinzaine de jours, de sorte que le 1er œstrus peut être fécondant. Cette extraordinaire cicatrisation de l'endomètre peut être gravement et rapidement compromise lors de non délivrance. ● L'involution utérine est très rapide, puisque le volume intra-utérin passe d'environ 60 l, au moment du poulinage, à près d'1 l, une semaine plus tard. ●

alors des conséquences fréquentes, parfois foudroyantes. ● Lors de contamination bactérienne massive ou de métrite, les agents pathogènes mis en évidence sont souvent ceux retrouvés lors du post-partum normal et en population mixte, avec une prédominance des gram négatifs : E. coli, entérobactéries, pseudomonas, streptocoques. ● Les 1res mesures à mettre en place lors de non délivrance sont essentielles, car elles s’avèrent efficaces et sont relativement simples pour l'éleveur. Son information est très importante à cet égard, car c'est lui qui est présent au cours des 1res heures.

Clinique équine de Méheudin 61150 Écouché

Objectif pédagogique Diagnostiquer et traiter la non délivrance chez la jument et mettre en place les mesures préventives des complications liées à cette affection.

NOTE * Le placenta de la jument est épithélio-chorial et diffus, c'est-à-dire que l'épithélium de l'allantochorion est régulièrement imbriqué dans l'endomètre maternel par le biais de très nombreux microcotylédons, richement vascularisés au sein de cryptes ou micro-caroncules dans l'endomètre.

Essentiel ❚ Chez la jument, le placenta est totalement expulsé à la 3e heure post-partum. ❚ La non délivrance est plus fréquente en cas de dystocie, de césarienne, ou d'induction du poulinage. ❚ La septicémie et la fourbure aiguë sont des conséquences fréquentes, parfois foudroyantes de la non délivrance.

Vérifier l'intégrité du placenta Le placenta normal pèse en général environ 10 p. cent du poids du fœtus (photos 1 et 2). La mission du praticien est “d'éduquer” l'éleveur à bien reconnaître un placenta normal, et à consulter lors d'anomalie. ● Le plus important est de vérifier si les deux extrémités des cornes (gravide et non gravide) sont présentes, car c'est la seule façon d'être rapidement certain qu'une portion ●

CHEVAL

25

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006 - 285


les données physiologiques du post-partum

et leurs conséquences pour le suivi génital chez la jument Afin d’utiliser les chaleurs de poulinage à bon escient chez la jument, il est nécessaire de bien connaître les mécanismes physiologiques de cet œstrus et de l’involution utérine post-partum.

UNE ACTIVITÉ OVARIENNE DIFFÉRENTE ? Une variation saisonnière ... Il existe cependant une variation saisonnière, non pas du moment de survenue du 1er œstrus post-partum, mais de la durée de cet œstrus et de l’intervalle poulinageovulation [5, 9, 14]. - Le taux de juments ayant un intervalle poulinage-ovulation inférieur à 10 jours

Follicules ovariens

augmente significativement avec l’avancement de la saison [5, 9] : 33 p. cent en janvier-février, 55 p. cent en mars, 65 p. cent en avril et 83 p. cent en mai. - Cet effet de la saison serait plus marqué chez les primipares [14].

● La date du poulinage semble influencer le taux d’ovulations multiples au cours du 1er cycle post-partum : 7,3 p. cent pour les juments ayant pouliné en janvier, février ou mars (n = 260) et 22 p. cent pour celles

Intervalle moyen Valeurs extrêmes poulinage - 1re ovulation pour cet intervalle

Essentiel Références

- 34

- 11,8 ± 3,21 j

- 6 à 23 j

- Koskinen, Katila, 19871

- 20

- 13,7 ± 1,9 j

- 5 à 32 j

- Kotilainen et al, 19912

- 470

- 10,2 ± 2,4 j*

- 5 à > 30 j

- 30

- 12,0 ± 2,8 j

- 8 à 18 j

- Bruemer J.E. et al 2002 [4]

- 37

- 10,5 ± 1.7 j

- 7 à 14 j

- Loy R.G., 1980 [9]

- 25

- 13,8 ± 3,3 j

- Arrot et al., 19943 - Blanchard T.L. et al, 1991 [3]

- 13

- 10,5 ± 2.0 j - 13,2 ± 4.0 j**

- 107 - (poulinage < 21 mars) : 38 - primipares : 9 - multipare : 31 - (poulinage > 21 mars) : 69

- 17,8 ± 1,6 j - 25,4 ± 4,2 j - 51,9± 17,3 j - 19,5 ± 2.5 j - 13,5 ± 0,7 j

* Moyenne calculée en ne prenant en compte que les 456 juments ayant ovulé au plus tard le 20e jour post-partum. ** 52,7 p. cent des juments ont ovulé avant le 12e j postpartum et 47,3 p. cent après ce 12e j. 1. Koskinen E, Katila T. Uterine involution, ovarian activity, and fertility in the post-partum mare. J Reprod Fert, 1987;suppl 35:733-4.

gauche d’une jument qui a pouliné 60 h plus tôt le 4 novembre. - Sur cette vue, trois follicules de 15 à 20 mm de diamètre sont visibles (photo J.-F. Bruyas).

... et selon la date de poulinage

observés dans différentes études publiées

- 150

Connaître les données physiologiques du 1er œstrus post-partum et de l’involution utérine et leurs conséquences pour le suivi génital clinique.

1 Image échographique de l’ovaire

Tableau - Intervalles poulinage - 1re ovulation Nombre de juments

Unité de biotechnologie et de pathologie de la reproduction, Département des Sciences cliniques E.N.V.N BP 40706, 44307 Nantes cedex 03

Objectif pédagogique

L

e 1er œstrus post-partum se manifeste dans la semaine qui suit le poulinage (figure 1, photos 1, 2). La majorité des juments (> 90 p. cent) débute cette chaleur de poulinage entre 5 et 12 jours post-partum [6]. Cet œstrus est ovulatoire, la première ovulation post-partum survenant en moyenne vers 10 à 15 jours selon les études (tableau 1).

Jean-François Bruyas

- Loy R.G., 1980 [9]

❚ Il existe une variation saisonnière de la durée de l’œstrus et de l’intervalle poulinage-ovulation. ❚ Du point de vue hormonal, le premier cycle post-partum ne semble pas être différent des autres cycles des juments.

- Mathos R.C. et al 1995 [13]

- 8 à 111 j

- Nagy P. et al, 1998 [14]

CHEVAL

2. Kotilainen T, Kuusela E, Virtanen K, Katila T. Changes in the composition of uterine flushings in post-partum mares. J Reprod Fert, 1991;suppl 44:704-5. 3. Arrot C, Macpherson M, Blanchard T, et coll. Biodegradable estradiol microspheres do not affect uterine involution or characterics of postpartum estrus in mares. Theriogenology, 1994;42,371-84.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006 - 289


comment utiliser

les chaleurs de poulinage chez la jument

La jument présente un premier œstrus post-partum précoce appelé “chaleur de poulinage”. Cet œstrus peut être utilisé pour faire reproduire la jument, à condition de bien connaître les données physiologiques et d’utiliser un protocole adapté.

L

a mise à la reproduction des juments dès le 1er œstrus post-partum (“chaleurs de poulinage”, “chaleurs de lait”, “chaude de lait”) est en général, pour les éleveurs, une affaire de convictions. ● Pour certains, c’est un œstrus particulièrement fertile, pour d’autres au contraire, il est bien moins fertile et à ne pas utiliser. Tous sont d’accord pour perdre le moins de temps possible afin que leur jument soit de nouveau gravide. ● Face à ces convictions empiriques, cet article apporte des éléments objectifs sur la fertilité et la fécondité de la jument lors de la chaleur de poulinage et propose une conduite à tenir pour optimiser la reproduction. QUELLE EST LA FERTILITÉ ET LA FÉCONDITÉ DE LA JUMENT lors des chaleurs de poulinage ? Des études sur la fertilité des juments lors de saillie ou d’insémination, au cours de la chaleur de poulinage ou au cours de l’œstrus suivant, ont été réalisées (encadré 1).

● Au bilan, il apparaît une moindre fertilité et une plus forte incidence des arrêts de gestation lorsque les chaleurs de poulinage sont exploitées par rapport aux œstrus suivants. ● En revanche, les taux de gestation en fin de saison ne différent globalement pas, que les juments aient été ou non saillies lors des chaleurs de poulinage.

En moyenne sur un large effectif, l’intervalle moyen poulinage-fécondation est en général plus court lorsque les chaleurs de poulinage sont utilisées. ● À l’inverse, le nombre de saillies ou d’inséminations artificielles nécessaires pour obtenir une gestation est plus élevé. Ces deux paramètres intervalle poulinage-fécondation et index coïtal sont des données ●

économiques qui pourraient aider à la décision d’utiliser ou non ce 1er œstrus. ● Néanmoins, une étude plus fine des résultats de l’exploitation de ces chaleurs de poulinage montre que la différence pour la fertilité et la mortalité embryonnaire par rapport aux autres œstrus est directement dépendante de l’intervalle poulinage-ovulation [3, 8, 10]. Les juments âgées auraient également une plus faible fertilité lors de leur 1er œstrus post-partum [2]

Jean-François Bruyas Unité de biotechnologie et de pathologie de la reproduction, Département des Sciences cliniques E.N.V.N BP 40706, 44307 Nantes cedex 03

Objectif pédagogique Savoir dans quels cas utiliser la chaleur de poulinage et comment gérer son suivi.

CONDUITE À TENIR POUR OPTIMISER LA MISE À LA REPRODUCTION En pratique, pour répondre à la question “doit-on ou non exploiter la chaleur de poulinage ?”, il convient de tenir compte à la fois des données physiologiques (cf. article précédent), et des éventuels troubles postpartum qui peuvent retarder en particulier l’involution utérine (figure). ●

Les données pratiques La fertilité du 1er œstrus post-partum est étroitement dépendante de la date d’ovulation. Ainsi, lorsque l’ovulation survient avant le 10-12e jour post-partum, ou lorsque l’utérus renferme encore du liquide au moment de la mise à la reproduction, le taux de gestations obtenu est plus faible [11]. ● En revanche, lors d’une 1re ovulation plus tardive et en l’absence de liquide utérin lors de l’œstrus, les taux de gestations et de mortalités embryonnaires sont comparables à ceux obtenus lors des œstrus plus tardifs. Cela serait lié au fait que [1, 3, 8, 13] : - le liquide utérin peut perturber la fécondation (ou refléter un retard d’involution utérine) ; - lors d’ovulation précoce, l’embryon arrive dans l’utérus à un moment où l’intégrité de l’endomètre et ses capacités sécrétrices ne sont pas encore totalement reconstituées. L’embryon atteint en effet la cavité utérine, au cours du 5-6e jour post-ovulation. ● Lors d’ovulation précoce (< 10 jours postpartum), l’embryon pénètre dans l’utérus alors que l’involution de ce dernier n’est souvent pas terminée. ●

Essentiel ❚ Lorsque les chaleurs de poulinage sont exploitées : - la fertilité observée lors du 1er œstrus post-partum est plus faible que celle des cycles suivants ; - les arrêts de gestation sont plus fréquents par rapport aux œstrus suivants ; - l’intervalle moyen poulinage-fécondation est plus court ; - à l’inverse, le nombre de saillies ou d’inséminations artificielles nécessaires pour obtenir une gestation est plus élevé. ❚ Les taux de gestation en fin de saison ne différent globalement pas, que les juments aient été ou non saillies lors des chaleurs de poulinage.

CHEVAL

Les protocoles possibles ● Afin d’optimiser ou d’améliorer la fertilité du 1er cycle œstral post-partum, différents

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006 - 293


chirurgie comment réaliser une césarienne

par la ligne blanche

chez la jument La césarienne par la ligne blanche est une intervention délicate, à réaliser en clinique. Elle est très utile lors de certains types de dystocies et le plateau technique disponible permet de gérer au mieux les différentes complications.

M

oins courante qu’en pratique rurale, la césarienne chez la jument est rarement envisagée. ● L’indication principale de cette intervention est la dystocie. Il s’agit le plus souvent d’une malposition fœtale qui ne permet pas au poulain de s’engager dans la filière pelvienne. ● Il est préférable de réaliser cette intervention dans une clinique, en raison de la sensibilité du cheval aux infections et des risques de complications postopératoires. ● La laparotomie peut s’effectuer soit par le flanc sur jument debout*, soit par la ligne blanche sous anesthésie générale. Tout dépend des moyens à disposition, des circonstances, et des volontés du propriétaire.

❚ Réaliser une césarienne par la ligne blanche. ❚ Organiser le suivi postopératoire de la jument et du poulain.

1

Dystocie chez une jument, “poche des eaux” rompue, présentation avec trois membres (photos C. Bussy). ● Cet article présente les indications de la césarienne par la ligne blanche (encadré 1), les modalités de l’examen préparatoire et de l’intervention, ainsi que les soins et le suivi postopératoire de la jument et du poulain.

L’EXAMEN PRÉALABLE Chez les juments, le part est en général rapide. "L’alarme" doit être donnée lors d’un poulinage lent et improductif, qui dure déjà depuis plus de 30 minutes. ● L’augmentation anormale de la fréquence des mictions, et les coliques, associées ou ●

par la ligne blanche Figure 1 - Schéma d’une rétroflexion totale d’une corne utérine

Les causes les plus fréquentes de dystocies sont des anomalies de présentation ou de positionnement du fœtus (photo 1). L’incidence des dystocies chez la jument est évaluée à 4 p. cent [4]. ● La césarienne est indiquée : - dans le cas d’une gestation bicornale : le poulain se présente horizontalement, en position dorsolombaire. Cette présentation transverse est parfois compliquée d’une rétroflexion (partielle ou totale). La rétroflexion est une particularité de la jument : les cornes utérines forment une “poche recourbée”en cours de gestation qui retient le fœtus lors de la mise bas (figure 1). La rétroflexion totale est une indication absolue de la césarienne [9] ; - lors de malformations importantes du poulain, l’empêchant de s’engager dans la filière pelvienne. - lors de torsion utérine, complication tardive de la gestation observée généralement entre le 6e mois et la fin de la gestation (photo 2) [11] ; - lors de chirurgies de coliques effectuées dans

*Clinique vétérinaire Le Grand Renaud 72650 Saint-Saturnin **T1 pro équine E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile

Objectifs pédagogiques

Encadré 1 - Les indications de la césarienne ●

Christian Bussy* Ericka Sublime**

Rectum

2

Extériorisation d’une corne utérine et mise en évidence d’une torsion utérine.

NOTE * Cf. observations cliniques “Césarienne debout” de L. Mangold et de G. Descours dans ce numéro.

Essentiel ❚ La rétroflexion totale de la corne utérine est une indication absolue de césarienne. ❚ L’augmentation anormale de la fréquence des mictions et les coliques sont des signes d’appel d’une dystocie.

Vagin

Utérus Poulain

Vessie

Pubis

CHEVAL le dernier tiers de gestation, lorsqu’on décide alors de condamner le poulain pour prévenir d’une éventuelle éventration par la ligne blanche au moment du poulinage [6, 7]. ● Les anomalies du tractus génital donnant lieu à une indication de césarienne restent rares [9].

37

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006 - 297


observation clinique césarienne debout à droite

chez une jument Pur-sang

Gabriel Descours S.C.P. Charnay, Descours Gérard et Martin Z.A. l’Écart 71420 Génelard

Lors de dystocie avec mort du fœtus, si l’extraction forcée est infructueuse, la césarienne par le flanc sur jument debout peut permettre de sauver la jument, en limitant les frais engagés.

Objectif pédagogique Savoir dans quels cas et de quelle manière réaliser une césarienne par le flanc chez la jument.

U

Motif de consultation ❚ Poulinage dystocique

ne jument primipare de race Pur-Sang de 4 ans d’environ 400 kg est trouvée le matin vers 6 h 30 au pré en cours de poulinage. Elle est à terme. Le poulain mort est engagé dans le bassin avec extériorisation de sa tête et de son membre antérieur gauche. La jument est abritée dans un petit hangar paillé, situé à proximité.

chez une jument primipare de 4 ans.

EXAMEN INITIAL ET TENTATIVE D’EXTRACTION FORCÉE DU POULAIN

Essentiel ❚ Proposer une césarienne sur jument debout lors d’absence de structure chirurgicale permettant une intervention couchée, ou en cas d’impossibilité de référer la jument. ❚ Cette intervention ne peut être proposée que si : - la jument est calme, non épuisée par un part trop long ; - qu’elle ne souffre pas de coliques violentes ; - et qu’elle est apte à rester debout pendant au moins 1 h.

CHEVAL

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 302 - DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006

Après un examen obstétrical, la préhension du 2e membre antérieur est tentée. La main gauche passe très difficilement entre le cou du poulain et le bassin de la jument. En avant du col utérin, le sabot peut être palpé. Le membre est engagé avec peine dans le bassin. ● La jument ne supporte pas cette manœuvre, mais elle reste debout. Elle reçoit par voie intraveineuse 3,3 mg de détomédine (0,3 ml de Domosédan®), ainsi que 260 µg de clenbutérol (10 ml de Planipart®). ● Dix minutes après l’injection, les membres postérieurs de la jument sont entra vés, et l’extraction est de nouveau tentée. Un lacs est posé sur le pâturon, mais la traction est sans effet. ● Une embryotomie (ou fœtotomie) avec section de l’encolure est réalisée, avec un embryotome de Thygessen. Elle est effectuée sans trop de difficultés, sur jument debout. La section de l’encolure n’est cependant pas assez postérieure par rapport à ce qui était souhaité, et un petit moignon de cou du poulain subsiste. ● La tentative d’extraction est alors réitérée. Le membre gauche s’allonge bien, mais le membre droit ne s’allonge que jusqu’au canon et se bloque ensuite. ● Une césarienne par le flanc droit sur la jument debout est donc programmée, et ●

42

1

Jument de 4 ans en dystocie. L’animal est calme et ne présente pas d’efforts expulsifs violents (photo S. Charnay).

deux praticiens viennent assister le chirurgien (photo 1). LA RÉALISATION PRATIQUE DE L’INTERVENTION par le flanc droit sur jument debout La pré-anesthésie Pour la pré-anesthésie, une injection de détomidine, à la dose de 16 mg par voie intraveineuse (Domosédan® 1,6 ml) est réalisée. ● Après une attente de 5 min, la jument est préparée. ●

La préparation de l’intervention La préparation de la jument

Pour préparer la jument, la méthode est la suivante : - le flanc droit est tondu et la queue est attachée au postérieur gauche ; - l’aire opératoire est nettoyée avec de la chlorhexidine savon (Hibivet®), puis désinfectée avec une solution de chlorhexidine (Hibitan® 5 p. cent) diluée dans 10 l d’eau.

La préparation du chirurgien

Le chirurgien se lave les mains et les bras avec les mêmes antiseptiques que ceux utilisés pour le site opératoire. ● Il enfile ensuite une casaque à usage unique à manches, des gants spéciaux de délivrance et, par dessus, des gants chirurgicaux en latex. ●

L’anesthésie locale Lors de la 1re injection locale de lidocaïne à 2,5 p. cent (Lurocaïne®) dans le flanc droit de la jument, celle-ci se défend. 4 mg de détomidine (0,4 ml de Domosédan®) sont de nouveau injectés par voie intraveineuse. ●


observation clinique césarienne debout

lors de torsion utérine

Laurent Mangold Alain Kazmierczyk Philippe Lhéraud

compliquée d’une rupture de l’utérus

Cabinet vétérinaire de Magnac Laval 10 avenue François Mitterand 87190 Magnac Laval Centre de Reproduction équine et de Récolte d’embryon du Dorat 87210 Le Dorat

chez une jument

Lors de torsion de l’utérus chez une jument gestante, une intervention par le flanc sur jument debout peut permettre de corriger la torsion. Si la torsion est compliquée d’une rupture de l’utérus, le pronostic vital après une telle intervention est meilleur pour le poulain que pour la mère.

L

e propriétaire d’une jument selle français de 23 ans gravide et proche du terme nous appelle pour des coliques sourdes, entrecoupées de phases d'apaisement. Ces coliques durent depuis trois jours et se sont aggravées rapidement dans les dernières heures. L’EXAMEN CLINIQUE

La jument est amaigrie et l’examen clinique met en évidence : - une douleur marquée, une sudation importante et des tremblements ; - des muqueuses pâles et un temps de remplissage capillaire supérieur à 3 s ; - une fréquence cardiaque supérieure à 80 bpm (battements par minute) ; - à l’auscultation abdominale, une absence de bruits digestifs dans les quatre cadrans ; - une température rectale normale. ● La palpation transrectale permet de suspecter une torsion utérine droite : le ligament large gauche passe au dessus de l’utérus [1]. La palpation du col utérin ne révèle rien d’anormal, la torsion est donc antécervicale. Le ligament large gauche ne présente pas de tension extrême et la position du poulain semble craniale*. ●

LES HYPOTHÈSES DIAGNOSTIQUES La principale hypothèse diagnostique retenue est donc une torsion utérine antécervicale droite. ● La décision de transférer la jument dans nos locaux d’hospitalisation est prise, afin de réduire la torsion utérine. De la flunixine méglumine et une perfusion ●

Objectif pédagogique Diagnostiquer et traiter une torsion utérine compliquée d’une rupture de l’utérus chez la jument gravide.

1

Repère anatomique pour la zone d'incision (photo L. Mangold).

rapide de 10 l de soluté Ringer Lactate sont immédiatement administrées. Le contrôle de la douleur nécessite l'injection de détomidine (15 μg/kg par voie intraveineuse). La perfusion est maintenue pendant le transport (environ 20 min). L'ÉVALUATION PRÉOPÉRATOIRE DE LA JUMENT Arrivée au centre, la jument est anormalement calme, son état s’est dégradé : ses muqueuses sont très pâles, sa fréquence cardiaque est supérieure à 100, elle présente une tachypnée, et sa température rectale est de 36,5 °C. ● La palpation transrectale ne permet plus d’identifier l’utérus, ni de caractériser la torsion. ● Le poulain semble encore plus cranial. Il est vivant. ● Devant ce tableau clinique et en accord avec le propriétaire, la décision est prise de tenter une réduction de la torsion utérine sur jument debout. ●

NOTE * cf. “Comment réaliser une césarienne par la ligne blanche chez la jument” de C. Bussy dans ce numéro.

Motif de consultation ❚ Coliques sourdes depuis trois jours chez une jument gravide.

Hypothèse diagnostique ❚ Torsion utérine antécervicale droite.

L'INTERVENTION CHIRURGICALE La préparation de la jument ● La jument est placée dans un travail de contention (les barres de contention latérale se situent sous le plateau tibial). ● La perfusion de Ringer Lactate est maintenue au rythme initial de 25 l/h. Un second cathéter est mis en place pour l’anesthésie. Les deux flancs de la jument sont largement tondus et désinfectés. ● Une neuroleptanalgésie est réalisée par une perfusion de détomidine (0,15 à

CHEVAL

47

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006 - 307


les particularités du peripartum

Ahmed Chabchoub* Jamel Chemli* Faouzi Landolsi**

chez l’ânesse

La mise bas se déroule habituellement sans difficulté chez l’ânesse. Néanmoins, une surveillance rapprochée en fin de gestation est conseillée et des précautions doivent être prises afin de prévenir les risques de dystocie et les affections post-partum chez la mère et le nouveau-né.

L

a période du péripartum est un moment très important pour l’ânesse, en raison des complications possibles de la parturition, des risques de mise bas prématurée, de mortinatalité, d'abandon de l’ânon, des difficultés de lactation et des troubles possibles de la croissance de l’ânon, ... Cet article décrit les particularités de la période du peripartum chez l’ânesse. Il aborde brièvement les précautions à prendre en fin de gestation, puis étudie la mise bas et ses complications, les premiers soins à assurer à la naissance, ainsi que les affections post-partum. LES PRÉCAUTIONS À PRENDRE EN FIN DE GESTATION DE L’ÂNESSE

La gestation chez l’ânesse a une durée variable (10,5 à 14,5 mois). Il est donc difficile de prévoir la période du part chez une ânesse primipare. ● En revanche, la durée de gestation pour une même ânesse est en général toujours la même. Il est donc important de noter la durée du part pour les ânonages suivants. ● Il est toujours prudent et intéressant de planifier la période de l'année où l'ânesse va mettre bas. En Europe, la meilleure période de l’ânonage serait entre début mai et fin juillet. ● La vaccination et la vermifugation de l’ânesse sont aussi importantes que chez la jument. ● Avant et après cette période, il est recommandé de prévoir un abri approprié et des soins attentifs, afin d'assurer la survie de l'ânon et le bien-être de sa mère. ●

* Laboratoire d’épidémiologie des maladies infectieuses et parasitaires et Zoonotiques E.N.M.V. Sidi-Thabet 2020 Tunisie ** Pathologie Médicale Equine E.N.M.V. Sidi-Thabet 2020 Tunisie

Objectif pédagogique Connaître les différentes étapes de la mise bas et prévenir les complications du péripartum chez l’ânesse. 1

À l’approche du part, le ventre de l’ânesse devient énorme, s’affaisse, et des œdèmes peuvent apparaître sous le ventre (photo A. Chabchoub).

Une surveillance étroite ● L’ânesse gravide doit être étroitement surveillée en fin de gestation pour éviter les risques d’avortement. Elle est mise à l’abri de toute excitation causée par des bruits importants, des chocs ou des traumatismes divers, et à l’abri des refroidissements brusques. ● Les constipations et tout autre accident digestif doivent être rapidement traités.

Une alimentation riche Une alimentation riche devrait être maintenue, du dernier trimestre de la gestation jusqu'à trois mois après la mise bas. Néanmoins, une alimentation excessive au cours de la gestation peut être à l'origine d'une obésité et de difficultés lors du part. ● La production laitière est maximale durant les trois mois suivant la mise bas. ● Il n’est pas conseillé de modifier l’alimentation de l’ânesse en fin de gestation. Toutefois, un apport vitaminé peut s’avérer très bénéfique, en particulier chez les ânesses âgées. ● Pour les ânesses en fin de gestation ou allaitantes, de la luzerne ou du trèfle (entre 1 et 2 kg/j) peuvent être distribués pour compenser un foin de moindre qualité, surtout en hiver. Éviter toutefois la luzerne ou le trèfle moisi car ils peuvent faire avorter l'ânesse (risque de mycotoxines) [1]. ● L’ânesse arrivant à terme montre parfois une inappétence partielle ou quasi totale, surtout si elle est âgée et fatiguée par des gestations répétées. Une perte de poids au ●

Essentiel ❚ Maintenir une alimentation riche du dernier trimestre de la gestation jusqu’à trois mois après la mise bas. ❚ La production laitière de l’ânesse est maximale au cours des trois mois suivant la mise bas. ❚ Habituée à vivre dehors, l'ânesse met bas plus facilement dans un pré que dans un box. ❚ L'ânesse expulse en général le placenta au bout d'une demi-heure.

ÂNE

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principe actif

l’ocytocine

Jean-Claude Desfontis Unité de pharmacologie et toxicologie, E.N.V.N., Atlanpôle, La Chantrerie, BP 40706, 44307 Nantes Cedex 03

L

'ocytocine est une hormone naturelle, synthétisée par l'hypothalamus et libérée par la post-hypophyse. L'ocytocine est impliquée dans différentes étapes de la reproduction. Elle participe à la motricité utérine pendant l'œstrus et la parturition. Elle provoque l'éjection du lait chez la jument en lactation. La libération d'ocytocine endogène est sous contrôle nerveux. Elle se produit après une stimulation du tractus génital ou après une stimulation des mamelons par la tétée du poulain. PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique

Une seule étude pharmacocinétique est disponible chez la jument non gravide (Paccamonti et al, 1999). ● Après une injection intraveineuse, les contractions utérines apparaissent dans la minute. Généralement 3 à 5 minutes d'attente sont nécessaires après une injection intramusculaire. Après administration intraveineuse (10 ou 25 UI), l'ocytocine présente une demi-vie plasmatique de 6,8 minutes. ● L'ocytocine est rapidement métabolisée dans le foie, dans les reins et par une enzyme circulante, l’ocytocinase. L'élimination urinaire concerne essentiellement des métabolites inactifs. ●

PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES

Pharmacodynamie

Classe pharmacologique

● L'ocytocine stimule la contraction utérine en augmentant l'entrée de sodium dans les myocytes utérins. L'ocytocine agit par l'intermédiaire de récepteurs membranaires couplés à la voie de signalisation protéine Gq/inositol triphosphate (I.P3). Le seuil de déclenchement de l'activité utérine est abaissé en fin de gestation, en présence d'un niveau élevé d'œstrogènes, et chez les mères déjà en travail.

- Ocytocique

Contrairement aux autres espèces, chez la jument, l'ocytocine présente une activité utéromotrice, quel que soit le stade du cycle, et même de la gestation. Chez la jument, aucune donnée ne permet d'expliquer cette apparente absence de corrélation entre l'imprégnation œstrogénique et l'activité de l'ocytocine.

❚ Induction du poulinage. ❚ Stimulation des contractions utérines. ❚ Traitement des endométrites.

L'ocytocine facilite également l'éjection du lait, mais sans propriété galactopoïétique. Elle présente une activité vasoconstrictrice et favorise le comportement maternel. ●

● Un analogue de synthèse de l'ocytocine à effet retard, la carbétocine, est commercialisé sous le nom de Reprocine® (A.M.M. vache et truie uniquement), mais aucune étude chez la jument n'a été rapportée pour connaître ses éventuels intérêts et applications par rapport à l'ocytocine.

Figure - Structure de l’ocytocine

● Dénomination chimique : (2-leucine, 7-isoleucine) vasopressine ● Dénomination commune internationale : Oxytocine ● Autres dénominations : Ocytocine, pitocin, syntocinon, orasthin

Nom commercial : Biocytocine®, Ocytocine Rigaux® ●

● Caractéristiques : - L'ocytocine est un nonapeptide qui se présente sous la forme d'une poudre blanche, soluble dans l'eau. - Les préparations commerciales contiennent de l'ocytocine de synthèse très fortement purifiée. - L'activité biologique de l'ocytocine est exprimée en unités internationales (1 UI équivaut à 2

Indications

à 2,2 μg d'hormone pure). - Les préparations injectables d'ocytocine possèdent un pH acide de l'ordre de 2,5 à 4,5 (adjonction d'acide acétique). - Le chlorobutanol sert généralement de conservateur dans les préparations commerciales. - Bien que certains fournisseurs préconisent la réfrigération (2 à 8°C), l'ocytocine peut être stockée à température ambiante (inférieure à 25°C). L'ocytocine peut être associée sans risque aux principales solutions injectables.

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Essentiel ❚ L’ocytocine est un utérokinétique utilisé pour la parturition, le post-partum, l’endométrite post-saillie ou post-insémination artificielle. ❚ Chez la jument, l'ocytocine présente une activité utéromotrice, quel que soit le stade du cycle, et même de la gestation. ❚ L’administration de l’ocytocine se réalise par voie intraveineuse ou intramusculaire.

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geste deux techniques de vulvoplastie Jean-Marc Betsch

chez la jument La suture de la vulve peut être utile, lors de vulve mal conformée ou lors d’intervention sur des lacérations périnéales de grade 3 chez la jument. Deux techniques simples peuvent être mises en œuvre. Des précautions sont à prendre pour éviter les complications.

Clinique équine de Méheudin 61150 Écouché

Figure 1 - Défaut de position de la vulve, angle normal (80 à 90°)

Figure 2 - Défaut de position et angle anormal

L

a relation entre pneumo-vagin, pneumoutérus et endométrite bactérienne est bien connue et les infections utérines chez des juments maidens n’en seraient qu’une preuve supplémentaire. ● Le défaut de conformation vulvaire semble se transmettre de mère en fille, et les juments de race Pur-sang présentent davantage d’anomalies de conformation. En 1937, Caslick, qui laissa son nom à la procédure, montre que la suture vulvaire des juments traitées pour endométrite augmente significativement leur fertilité. ● Chaque praticien suture avec sa technique, son fil, son type de points … La seule bonne suture est celle qui ne lâche pas et qui répond aux objectifs suivants : 1. empêcher l’air de pénétrer dans le vestibule, puis le vagin ; 2. réaliser la suture le plus tôt possible, dès que l’affection est diagnostiquée, mais tenir compte de l’histoire de la poulinière : traitements utérins en cours, saillie ou insémination proche, circonstances du poulinage ; 3. suturer en incluant le moins possible de tissu (sclérose progressive) ; 4. suturer de façon esthétique. L’OBJECTIF ● L’objectif est de suturer les lèvres vulvaires jusqu’au niveau de l’os pubien. ● Dans certains cas, il est nécessaire de suturer une partie du “couloir” vestibulaire (photos 1, 2, figures 1, 2).

LA CONTENTION La vulvoplastie est un acte chirurgical douloureux pour la jument, donc risqué pour le praticien.

Geste Rectum

Vulve Pubis

1

Vulve avec un angle normal et une position anormale.

Rectum

❚ Facile à réaliser. ❚ Praticien généraliste.

Vulve suturée

choix de la suture Les critères anatomiques Quatre facteurs anatomiques sont à prendre en considération pour choisir le type de suture 1. la position de la vulve par rapport au pubis ; 2. l’angle de la vulve et la position par rapport à l’anus ; 3. la tonicité des lèvres vulvaires ; 4. la compétence de l’anneau vestibulaire (principale barrière anatomique aux contaminations bactériennes vulvaires).

Pubis

2

Même animal que 1. La vulve est suturée jusqu’au pubis afin de “fermer la porte d’entrée”.

- Elle doit être réalisée dans une barre de travail, si besoin avec un tord-nez. - Il est important de placer le poulain à côté d’une jument suitée, car celle-ci peut devenir dangereuse après plusieurs minutes sans son poulain, surtout s’ils communiquent à distance. ● Certaines juments nécessitent une tranquillisation. La seule contre-indication concerne les juments qui ont fait une hémorragie post-partum utérine ou du ligament large. Dans de telles situations, l’action vasodilatatrice des tranquillisants peut réveiller l’hémorragie artérielle, et certains cas mortels ont été décrits.

Essentiel ❚ La vulvoplastie permet de suturer les lèvres vulvaires jusqu’à l’os pubien. ❚ L’épisioplastie consiste à suturer plus profondément une partie du couloir du vestibule.

L’ANESTHÉSIE LOCALE Une anesthésie locale est indispensable, sauf lors de déchirure très récente et superficielle. Réalisée par voie sous-cutanée et sous-muqueuse, aux emplacements des

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management

Fiche

pour référer une césarienne

Christian Bussy* Ericka Sublime**

les recommandations pratiques Lors de dystocie, la jument peut être référée pour réaliser une césarienne par la ligne blanche. La jument doit être préparée, et des précautions prises pour que le transport s’effectue dans de bonnes conditions.

A

vant de référer une jument pour césarienne, le praticien doit convaincre le propriétaire de l’urgence de la situation, effectuer un diagnostic le plus précis possible, poser un cathéter, administrer des traitements si nécessaire, le tout avec rapidité et efficacité, afin de préserver le maximum de chances de survie pour la jument et son poulain.

● Le diagnostic comprend quatre étapes fondamentales (encadré ci-contre). ● L'ensemble des paramètres observés ainsi que les médications réalisées sont notés sur une ordonnance qui accompagne la jument.

POSER UNE VOIE VEINEUSE ● Le praticien met en place sur une veine jugulaire un cathéter 12 G ou 14 G, avec un bouchon ponctionnable, et le fixe à la peau à l’aide d’une suture.

Objectif pédagogique Savoir quelles précautions prendre avant de transférer une jument dans une clinique pour une césarienne. Les quatre étapes du diagnostic de dystocie

TRAITER SUR PLACE OU PENDANT LE TRANSPORT

1. Le praticien doit effectuer un examen clinique complet.

● Faire d’abord comprendre au propriétaire que le poulinage doit se passer dans les 30 min, sinon la situation doit être réévaluée. S'il se décide pour une césarienne, c'est immédiatement, afin d’avoir une chance raisonnable de faire naître un poulain vivant. ● La césarienne est une urgence. Le praticien doit se rendre au plus vite sur place, et réaliser une examen clinique complet de la jument. Face à une situation anormale, des examens doivent être pratiqués afin d’obtenir le diagnostic le plus précis possible. ● Le vétérinaire prend contact avec la clinique, et ils décident ensemble des traitements à mettre en place immédiatement, en fonction de l'anomalie observée, de l'examen général, et du caractère de la jument. ● Le transport doit être rapide. Un camion spacieux et bien paillé est préférable. ● Le propriétaire téléphone à la clinique lorsque l'embarquement est effectué et précise l’heure à laquelle il prévoit d’arriver. ● Sur la route, il rappelle la clinique 15 minutes avant son arrivée, afin que l'équipe clinique soit prête à intervenir.

● Une tranquillisation de la jument peut être effectuée à l’aide d’acépromazine à 1 p. cent à la dose de 1 à 2 ml/100 kg par voie intramusculaire, soit 0,1 à 0,2 mg/kg. Cette tranquillisation semble être la plus efficace chez la jument au cours de la parturition, bien que ce produit entraîne une contraction de l’utérus. ● Des anti-inflammatoires non stéroïdiens et des antalgiques peuvent être administrés. La flunixine méglumine peut être utilisée à la dose de 1,1 mg/kg par voie intraveineuse. ● Afin de stopper ou de diminuer les contractions, plusieurs molécules peuvent être utilisées : - de l’isoxuprine (Duphaspasmin®*) par voie intramusculaire, à la dose de 20 ml/500 kg ; - du clenbutérol (Ventipulmin®), par voie intraveineuse, à la dose de 13 ml/500 kg. ● Une anesthésie épidurale peut également être mise en place, à l’aide de : - lidocaïne à 2 p. cent, en ne dépassant pas 8 ml/500 kg (1 à 2 h d’action) ; - xylazine, 0,17 mg/kg (2 à 4 h d’action) ; - un mélange de lidocaïne à la dose de 0,22 mg/kg et de xylazine à la dose de 0,17 mg/kg (5 h d’action) ; ● Enfin, des perfusions isotoniques peuvent être instaurées pendant le transport de l’animal si la jument est en état de choc et que le trajet jusqu’à la clinique est long.

RÉALISER UN DIAGNOSTIC PRÉCIS

CONCLUSION

● Lors de suspicion de dystocie nécessitant une césarienne, le vétérinaire doit effectuer sur place un diagnostic le plus précis possible. ● Envoyer vers une structure clinique une jument qui a simplement besoin d'un poulinage assisté n'est pas justifié.

● Obtenir un poulain vivant par césarienne est un vrai défi. Ce résultat ne peut être obtenu que si tous les intervenants ont été efficaces et rapides. ● Le vétérinaire référant a un rôle déterminant dans le succès final. ❒

AGIR VITE

*Clinique vétérinaire Le Grand Renaud 72650 Saint Saturnin **T1 pro équine E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile

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2. Préparer l'examen par voie vaginale en plaçant un gant pour palpation transrectale (ou gant de “fouille”) sur la queue de la jument, et en le fixant à l’aide d’un ruban adhésif à la base de la queue. Un nettoyage et une désinfection de la région vulvaire sont réalisés. 3. L’examen par voie vaginale : - permet d'évaluer une dystocie ; - renseigne éventuellement sur la viabilité du poulain ; - et, en cas de torsion, peut indiquer le sens de rotation de l'utérus (mouvement de pronation ou de supination de la main). 4. Un examen par voie rectale est souvent nécessaire, surtout dans les cas de torsions utérines où il est souvent difficile de passer la main en avant du col lors de l'examen vaginal.

NOTE * Médicament avec A.M.M. cheval en France, mais dont l’usage est controversé et pour lequel peu d’études sont disponibles.

Pour en savoir plus Vaala WE. Periparturient emergencies. Peri-natalogy. Vet Clin North Am Eq Pract. 1994;10(1):1936.

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management

la responsabilité civile professionnelle du vétérinaire et le poulinage

L

LA RESPONSABILITÉ CIVILE PROFESSIONNELLE LORS DE POULINAGE DYSTOCIQUE Pour la responsabilité civile professionnelle du vétérinaire lors de poulinage dystocique, trois notions de base sont essentielles : l’urgence, les objectifs, les moyens (encadré 1). 1. L’urgence ● Le praticien est appelé à intervenir en urgence alors que le poulinage est déjà engagé. ● Un premier motif de mise en cause peut être la non réponse dans un délai bref qui entraîne une perte de chance. ● L'indisponibilité du vétérinaire doit être précisée et motivée dès la réception de l'appel téléphonique.

Clinique équine de la Boisrie 61500 Chailloue

Objectif pédagogique

Le poulinage est un événement à risque avec la possible mort de la jument ou du poulain. La responsabilité professionnelle du vétérinaire peut alors être engagée. Aussi, il doit respecter certaines règles, et bien informer le propriétaire des risques possibles. a mise bas de la jument est caractérisée par des éléments d'incertitudes et de risques avec : - une préparation aléatoire et rapide ; - un poulinage de courte durée ; - un poulinage brutal, avec des contractions utérines fortes et violentes. ● Toute dystocie est une urgence pour le vétérinaire. En effet, la durée de survie du poulain est alors relativement brève. Elle varie de quelques minutes, si le poulain est engagé dans la filière pelvienne, à plus d'une heure, si le poulain n'est pas engagé, et que le placenta ne s’est pas décroché. ● La mise bas provoquée pour convenance personnelle, ou à visée thérapeutique, ne rentre pas dans le cas de l'urgence, mais elle constitue un acte de convenance qui nécessite un abord bien précis en responsabilité civile professionnelle.

Marc Foursin

Connaître les obligations légales du vétérinaire lors de poulinage dystocique ou provoqué.

Encadré - Les bases juridiques de la responsabilité civile professionnelle ● La responsabilité civile professionnelle (R.C.P.) du vétérinaire est une responsabilité contractuelle liée à l'existence d'un “contrat de soins” passé entre le praticien et son client, selon l’arrêt Mercier de la Cour de Cassation du 20 Mai 1936. ● L'obligation de moyens se définit par l'apport de soins consciencieux, attentifs, et réserve faite de circonstances exceptionnelles, conformément aux données acquises de la science. ● L'acte médical ou chirurgical est lié à la notion d'aléa thérapeutique, mais les tribunaux condamnent le praticien à la réparation du dommage s'il n'a pas informé son client des risques. ● L'information préalable du propriétaire sur les risques encourus et le recueil du consentement éclairé sont les corollaires de l'obligation de moyens. Ils sont nécessaires pour éviter que l'obligation de résultats ne s’applique.

● Lorsque l'urgence est acceptée, le vétérinaire doit se rendre sur les lieux du poulinage avec diligence, sans toutefois enfreindre les règles de sécurité automobile.

2. Les objectifs La naissance d'un poulain vivant avec une jument vivante, non dégradée et préservée pour la reproduction sont les objectifs de l'intervention du vétérinaire. ● Toutefois, en fonction de la dystocie, le praticien peut être amené à prendre une décision qui a une conséquence directe fatale pour la vie de la jument ou du poulain : - s’il choisit l’embryotomie, c’est la mort du poulain ; - s’il choisit l’extraction du poulain par laparotomie d'urgence sans préparation lors d'éventration, c’est la mort de la jument. ●

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La responsabilité civile professionnelle du vétérinaire peut être mise en cause : 1. lors d'un poulinage dystocique, en cas : - d’absence de diligence pour se rendre auprès de la jument ; - de mauvaise connaissance des manœuvres obstétricales ; - d’absence de prévention des risques inhérents aux manœuvres obstétricales et au comportement de la jument dystocique ; - de défaut d'information sur les possibilités de la césarienne ; - de défaut de soins post-partum et de consignes de surveillance ; 2. lors d'un poulinage par déclenchement forcé, en cas : - d’absence de recueil du consentement éclairé du propriétaire de la jument suite à son information ; - de défaut de surveillance et de moyens techniques facilement disponibles en cas de complication.

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revue internationale les articles parus ce dernier trimestre classés par thème

rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 et Louis-Marie Desmaizières2 1 Département hippique E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 Clinique

vétérinaire de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne

ANESTHÉSIE Taylor EL, Galuppo LD, Steffey EP, Scarlett CC, Madigan JE. Use of the Anderson Sling Suspension System for Recovery of Horses from General Anesthesia. Vet Surg 2005;34(6):559-64. ● Solano AM, Brosnan RJ, Steffey EP. Rate of change of oxygen concentration for a large animal circle anesthetic system. AJVR 2005;66 (10):1675-8. ●

CANCÉROLOGIE ● Johns I, Stephen JO, Del Piero F, Richardson DW, Wilkins PA. Hemangiosarcoma in 11 Young Horses. JVIM 2005;19(3):564-70.

CARDIOLOGIE McGurrin MKJ, Physick-Sheard PW, Kenney DG, Kerr C, Hanna WJB. Transvenous Electrical Cardioversion of Equine Atrial Fibrillation: Technical Considerations. JVIM 2005;19(5):695-702.

CHIRURGIE ● Lepage OM, Piccot-Crezollet C. Transarterial coil embolisation in 31 horses (1999-2002) with guttural pouch mycosis: a 2-year follow-up. Equine Vet J. 2005;37(5):430-4. ● Rubio-Martínez L, López-San Román J, Cruz AM, Santos M, San Román F. Medullary Plasma Pharmacokinetics of Vancomycin After Intravenous and Intraosseous Perfusion of the Proximal Phalanx in Horses. Vet. Surg. 2005;34(6):618-24. ● Perkins JD, Schumacher J, Kelly G, Pollock P, Harty M. Subtotal Ostectomy of Dorsal Spinous Processes Performed in Nine Standing Horses. Vet Surg 2005;34(6):625-9. ● Hansen N, Buchner F, Haller J, Windischbauer G. Evaluation Using Hoof Wall Strain Gauges of a Therapeutic Shoe and a Hoof Cast with a Heel Wedge as Potential Supportive Therapy for Horses with Laminitis. Vet. Surg. 2005;34(6):630-6. ● Röcken M, Schubert C, Mosel G, Litzke LF. Indications, Surgical Technique, and Long-term Experience with Laparoscopic Closure of the Nephrosplenic Space in Standing Horses. Vet Surg 2005;34(6):636-41. ● Farstvedt E, Hendrickson D. Laparoscopic Closure of the Nephrosplenic Space for Prevention of Recurrent Nephrosplenic Entrapment of the Ascending Colon. Vet Surg 2005;34(6):642-5. ● Van Hoogmoed LM, Galuppo LD. Laparoscopic Ovariectomy Using the Endo-GIA Stapling Device and Endo-Catch Pouches and Evaluation of

Analgesic Efficacy of Epidural Morphine Sulfate in 10 Mares. Vet Surg 2005;34(6):646-50. ● Cokelaere SM, Martens AMJG, Wiemer P. Laparoscopic Ovariectomy in Mares Using a Polyamide Tie-Rap. Vet Surg 2005;34(6):651-6. ● Getman LM, Ross MW, Elce YA. Bilateral Ureterocystostomy to Correct Left Ureteral Atresia and Right Ureteral Ectopia in an 8-Month-Old Standardbred Filly. Vet Surg 2005;34(6):657-61. ● Piccot-Crézollet C, Cauvin ER. Treatment of a Second Carpal Bone Fracture by Removal Under Ultrasonographic Guidance in a Horse. Vet Surg 2005;34(6):662-7. ● Shoemaker RW, Wilson DG, Fretz PB. A Dorsal Approach for the Removal of the Nasal Septum in the Horse. Vet Surg 2005;34(6):668-74. ● Jenson PW, Lillich JD, Roush JK, Gaughan EM. Ex Vivo Strength Comparison of Bioabsorbable Tendon Plates and Bioabsorbable Suture in a 3Loop Pulley Pattern for Repair of Transected Flexor Tendons from Horse Cadavers. Vet Surg 2005;34(6): 565-71. ● Weese JS, Rousseau J. Attempted eradication of methicillin-resistant staphylococcus aureus colonisation in horses on two farms. Equine Vet J 2005;37(6):510-4. ● Rubio-Martínez, López-Sanromán J, Cruz AM, Santos M, San Andrés M, San Román F. Evaluation of safety and pharmacokinetics of vancomycin after intravenous regional limb perfusion in horses. AJVR 2005;66(12):2107-13. ● Dolente BA, Beech J, Lindborg S, Smith G. Evaluation of risk factors for development of catheterassociated jugular thrombophlebitis in horses: 50 cases (1993-1998). JAVMA 2005;227(7):1134-41. ● Woodie JB, Ducharme NG, Kanter P, Hackett RP, Erb HN. Surgical advancement of the larynx (laryngeal tie-forward) as a treatment for dorsal displacement of the soft palate in horses : a prospective study 2001-2004. Equine Vet J 2005; 37(5):418-23. ● Mason BJ, Newton JR, Payne RJ, Pilsworth RC. Costs and complications of equine castration : a UK practice-based study comparing 'standing nonsutured' and 'recumbent sutured' techniques. Equine Vet J 2005;37(5):468-72. ● Woodie JB, Ducharme NG, Hackett RP, Erb HN, Mitchell LM, Soderholm LV. Can an external device prevent dorsal displacement of the soft palate during strenuous exercice ? Equine Vet J 2005;37(5):425-9. ● Fortier LA. Stem Cells : Classifications, Controversies, and Clinical Applications. Vet Surg 2005; 34:415-23.

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REVUE INTERNATIONALE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine SEPTEMBRE / OCTOBRE / NOVEMBRE 2005 - 323


revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine Busoni V, Heimann M, Trenteseaux J, Snaps F, Dondelinger RF. Magnetic resonance imaging findings in the equine deep digital flexor tendon and distal sesamoid bone in advanced navicular disease, an ex vivo study. Vet Rad 2005;46(4):279-86. ● Mair TS, Kinns J. Deep digital flexor tendonitis in the equine foot diagnosed by low-field magnetic resonance imaging in the standing patient: 18 cases. Vet Rad 2005;46(6):458-66. ● Murray RC, Schramme MC, Dyson SJ, Branch MV, Blunden TS. Magnetic resonance imaging characteristics of the foot in horses with palmar foot pain and control horses. Vet Rad 2005;47 (1):1-17. ● Murray RC, Blunden TS, Schramme MC, Dyson SJ. How does magnetic resonance imaging represent histologic findings in the equine digit ? Vet Rad 2005;47(1):17-31. ●

LOCOMOTEUR ● Van Heel MC, Moleman M, Barneveld A, Van Weeren PR, Back W. Changes in location of centre of pressure and hoof-unrollment pattern in relation to an 8-week shoeing interval in the horse. Equine Vet J 2005;37(6):536-40. ● Eliashar E, Dysont SJ, Archer RM, Singer ER, Smith RK. Two clinical manifestations of desmopathy of the accessory ligament of the deep digital flexor tendon in the hindlimb of 23 horses. Equine Vet J 2005;37(6):495-500. ● Van Weeren PR, Nixon AJ. Closing in on the equine joint. Equine Vet J 2005;37(6):493-4 ● McIlwraith CW. Use of synovial fluid and serum biomarkers in equine bone and joint disease: a review. Equine Vet J. 2005;37(5):473-82. ● Davidson EJ, Ross MW, Parente EJ. Incomplete sagittal fracture of the talus in 11 racehorses: outcome. Equine Vet J 2005;37(5):457-61. ● Branch MV, Murray RC, Dyson SJ, Goodship AE. Is there a characteristic distal tarsal subchondral bone plate thickness pattern in horses with no history of hindlimb lameness? Equine Vet J 2005; 37(5):450-5. ● Verheyen KL, Henley WE, Price JS, Wood JL. Training-related factors associated with dorsometacarpal disease in young Thoroughbred racehorses in the UK. Equine Vet J. 2005;37(5):442-8. ● Zubrod CJ, Schneider RK, Hague et al. Comparison of Three Methods for Arthrodesis of the Distal Intertarsal and Tarsometatarsal Joints in Horses. Vet Surg 2005;34(4):372-82. ● Robertson TP, Peroni JF, Lewis SJ, Moore JN. Effects of induction of capacitative calcium entry on equine laminar microvessels. AJVR 2005; 66 (11):1877-80. ● Keegan KG, Satterley JM, Skubic M et al. Use of gyroscopic sensors for objective evaluation of trimming and shoeing to alter time between heel and toe lift-off at end of the stance phase in horses walking and trotting on a treadmill. AJVR 2005;66(11):2095-100. ● Dabareiner RM, Cohen ND, Carter GK, Nunn S, Moyer W. Musculoskeletal problems associated with lameness and poor performance among horses used for barrel racing: 118 cases (2000-2003). JAVMA 2005;227(10):1646-50.

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lage in equine cartilage explants. Am J Vet Res 2005;66(10):1757-63. ● Ringer SK, Lischer CJ, Ueltschi G. Assessment of scintigraphic and thermographic changes after focused extracorporeal shock wave therapy on the origin of the suspensory ligament and the fourth metatarsal bone in horses without lameness. AJVR 2005 ;66(10):1836-42. ● Waldern NM, Weishaupt MA, Imboden I, Wiestner T, Lischer CJ. Evaluation of skin sensitivity after shock wave treatment in horses. AJVR 2005; 66(12):2095-100. ● Castro FA, Schumacher JS, Pauwels F, Blackford JT. A new approach for perineural injection of the lateral palmar nerve in the horse. Vet Surg 2005; 34(6):539-42.

NÉONATALOGIE ● Giguère S, Knowles HA, Valverde A, Bucki E, Young L. Accuracy of Indirect Measurement of Blood Pressure in Neonatal Foals. JVIM 2005; 19 (3):571-6. ● Dunkel B, Palmer JE, Olson KN, Boston RC, Wilkins PA. Uroperitoneum in 32 Foals: Influence of Intravenous Fluid Therapy, Infection, and Sepsis. JVIM 2005;19(6):889-893 ● Boyle AG, Magdesian KG, Ruby RE. Neonatal isoerythrolysis in horse foals and a mule foal: 18 cases (1988–2003). JAVMA 2005;227(8):1276-83. ● Arnold CE, Chaffin MK, Rush BR. Hematuria associated with cystic hematomas in three neonatal foals. JAVMA 2005;227(5):778-80.

PHARMACOLOGIE ● Gilhooly MH, Eades SC, Stokes AM, Moore RM. Effects of topical Nitroglycerine patches and ointment on digital venous plasma nitric oxide concentrations and digital blood flow in healthy conscious horses. Vet Surg 2005;34:604-9. ● Valverde A, Gunkel C, Doherty TJ, Giguère S, Polmak AS. Effect of a constant rate infusion of lidocaine on the quality of recovery from sevoflurane or isoflurane general anaesthesia in horses. Equine Vet J 2005,37(6):559-64. ● Lester GD, Smith RL, Robertson ID. Effects of treatment with omeprazole or ranitidine on gastric squamous ulceration in racing Thoroughbreds. JAVMA 2005;227(10):1636-9 ● Young L, Van Loon G. Atrial fibrilation in horses: new treatment choices for the new millenium ? JVIM 2005;19:631-2.

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synthèse

les traitements par ondes de choc :

Nicolas Serraud

effets histologiques et analgésiques

L

e principe des traitements des affections ligamentaires par ondes de choc consiste à appliquer contre la peau une très forte pression pendant un temps très court. L'onde ainsi formée se propage ensuite de proche en proche. ● Deux types de systèmes existent : - les systèmes focalisés, qui permettent une dissipation de l'énergie en un point précis (photo 1) ; - les systèmes non focalisés, qui forment un rayonnement dans lequel l'énergie se dissipe au fur et à mesure du trajet de l'onde. ● De nombreuses applications médicales ont été découvertes, notamment en orthopédie, en particulier chez le cheval, pour la cicatrisation des desmites d'insertion des ligaments suspenseurs du boulet (photos 2, 3). ● Avant d'étendre leur champ d'application, il reste nécessaire de déterminer leurs effets réels sur l'os, sur le cartilage et sur la douleur, afin d'éviter des effets délétères et de préciser la législation sur le dopage. ÉTUDE N°1 Matériel et méthode

La 1re étude porte sur six chevaux cliniquement sains, auxquels on fait subir, deux fois à 15 j d'intervalle, un traitement par ondes de choc sur l'origine du ligament suspenseur du boulet d'un antérieur, et sur un os métatarsien IV [4]. Les membres contro-latéraux servent de témoins. ● Les chevaux sont traités avec un système focalisé et reçoivent 2 000 chocs, à 240 Hz, avec une densité de flux de 0,15 mJ/mm2. ● Un examen thermographique est réalisé : - le jour précédant chaque traitement ; - 1 h, puis 3 j après chaque traitement ; - 8 j après le 1er traitement. ● Un examen scintigraphique est pratiqué : - le jour précédant chaque traitement ; - 3 j après chaque traitement. ●

Résultats ● Aucune différence significative n'est mise en évidence entre les membres traités et les membres témoins. ● Toutefois, sur les deux antérieurs, une augmentation de la radioactivité est constatée 15 j après le 1er traitement, suivie d'une diminution 3 j après le 2 nd traitement. Discussion Avec ce protocole, aucun effet délétère sur l'os n'apparaît possible, mais une modi-

fication du métabolisme local ou du flux sanguin, au niveau des origines des ligaments suspenseurs du boulet antérieurs peut exister, en raison d'une néovascularisation ou d'une dilatation des capillaires par exemple. ● Toutefois, aucune explication rationnelle n'est proposée pour l'effet observé sur le membre témoin. ÉTUDE N°2 Matériel et méthode

Clinique équine de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne

Objectif pédagogique Déterminer les effets des traitements par ondes de choc d’après cinq études.

Synthèse d’après les articles de :

Dans une 2e étude, les articulations métacarpo/tarso-phalangiennes saines de six chevaux sont disjointes et les surfaces articulaires des os métacarpiens/tarsiens subissent un traitement par ondes de choc à l'aide d'un système non focalisé délivrant 500, 2000 ou 4000 coups à des pressions de 250 kPa, à 10 Hz [2]. ● Des “biopsies-punch” sont réalisées et mises en culture pendant 48 h. ● Un dosage de L.D.H. (lactate déshydrogénase), une coloration des cellules et une analyse au microscope permettent respectivement d'évaluer la perméabilité membranaire, de mesurer le pourcentage de chondrocytes vivants et de détecter des anomalies de structure du cartilage. ●

Résultats ● Aucune modification de structure n'est mise en évidence. ● Une augmentation dose-dépendante significative de la perméabilité membranaire apparaît avec les traitements à 2 000 à 4 000 coups. Elle pourrait être due à une interaction avec des bulles de gaz ou à des chocs intercellulaires entraînant une dégradation de la structure membranaire. ● Une augmentation significative du nombre de chondrocytes morts après un traitement à 4 000 coups est aussi notée. Discussion Bien que cette étude soit réalisée in vitro, les thérapies par ondes de choc ne semblent avoir que peu d'effets négatifs sur le cartilage articulaire aux doses habituelles. ÉTUDE N°3 1. Étude sur les membres de six chevaux

1. Brown KE, Nickels FA, Caron JP, Mullineaux DR, Clayton HM. Investigation of the immediate analgesic effects of extracorporeal shock wave therapy for treatment of navicular disease in horses. Vet Surg 2005;34(6):548-58. 2. Byron CR, Benson BM, Stewart AA, Stewart MC. Effects of radial shock waves on membrane permeability and viability of chondrocytes and structure of articular cartilage in equine cartilage explants. Am J Vet Res 2005;66(10):1757-63. 3. McClure SR, Sonea IM, Evans RB, Yaeger MJ. Evaluation of analgesia resulting from extracorporeal shock wave therapy and radial pressure wave therapy in the limbs of horses and sheep. Am J Vet Res 2005;66(10):1702-8. 4. Ringer SK, Lischer CJ, Ueltschi G. Assessment of scintigraphic and thermographic changes after focused extracorporeal shock waves therapy on the origin of the suspensory ligament and the fourth metatarsal bone in horses without lameness. Am J Vet Res 2005;66(10):1836-42. 5. Waldern NM, Weishaupt MA, Imboden I, Wiestner T, Lischer CJ. Evaluation of skin sensitivity after shock wave treatment in horses. Am J Vet Res 2005;66(12):2095100.

Matériel et méthode ● Dans la 3e étude, les membres de six chevaux reçoivent, sur un territoire cutané placé dorsalement à mi-canon [3] : - 1 000 coups à 0,15 mJ/mm2 à l'aide d'un système focalisé ;

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test clinique les réponses

tumeur ovarienne

Jean-François Bruyas Daniel Tainturier Unité de biotechnologie et pathologie de la reproduction Département des Sciences cliniques E.N.V.N. Atlanpôle La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes cedex 03

chez une jument

1 Quelle anomalie peut-on suspecter ? En raison de la taille et de l’aspect de l’ovaire gauche de cette jument, une très forte suspicion de tumeur ovarienne est émise. Le contexte de découverte est néanmoins peu banal. 2 Quel traitement mettre en place ? ● Le seul traitement à envisager est une ovariectomie unilatérale. Cette intervention a été réalisée à la faveur d’une laparotomie sous anesthésie générale. En raison de la taille de l’organe, une partie de son contenu liquidien a été éliminé en mettant en place un cathéter de perfusion. ● L’exérèse de l’ovaire a nécessité l’ablation de la trompe utérine (oviducte) et d’une petite portion du sommet de la corne utérine qui était adhérente à la surface de l’ovaire. ● L’ovaire est transformé macroscopiquement en une grande cavité liquidienne de plus de 4 l de volume, à paroi relativement peu épaisse (photos 1, 2). Cet aspect évoque une tumeur des cellules de la granulosa, suspicion confirmée par le laboratoire d’anatomopathologie. ● Chez la jument, plusieurs aspects macroscopiques des tumeurs de la granulosa sont rencontrés : - une volumineuse formation kystique unique, comme dans ce cas. Cette forme est habituellement décrite chez les autres espèces de mammifères ; - un organe avec plusieurs volumineuses formations de type follicules cavitaires, mais de plus grande taille que celle des follicules préovulatoires, et qui évoluent lentement ; - un ovaire volumineux renfermant de multiples petits follicules (de moins de 20 à 30 mm), donnant un aspect d’ovaire polykystique. ● L’ablation d’un ovaire n’a pas d’incidence sur la cyclicité ovarienne des juments. En règle générale, l’ovaire controlatéral est de petite taille, tant que la gonade tumorale est en place. Quelques semaines à quelques mois après l’exérèse, l’ovaire resté en place retrouve un fonctionnement physiologique et est le siège d’une (ou éventuellement plusieurs) ovulation(s) à chaque cycle. ● Cette jument a été remise à la reproduction l’année suivant l’intervention chirurgicale, et elle a mis bas depuis de plusieurs poulains. Une de ses filles a également présenté une tumeur de la granulosa.

3 Quelles pourraient être les autres causes d’anœstrus post-partum chez une poulinière ? ● La majorité des cas d’anœstrus post-partum chez la jument correspond en fait à un anœstrus saisonnier et survient chez des poulinières qui mettent bas en début d’année*. ● Un mauvais état d’engraissement semblerait responsable d’une plus grande sensibilité des juments à ce phénomène d’anœstrus saisonnier qui se prolonge plus longtemps chez les juments maigres. ● Cet anœstrus post-partum peut s’installer d’emblée après le poulinage ou survenir après qu’un 1er œstrus et une 1re ovulation se soient produits physiologiquement, au cours des deux premières semaines post-partum. ● Une autre cause d’anœstrus post-partum est le phénomène de chaleurs silencieuses : la poulinière ne manifeste pas cliniquement l’œstrus malgré une cyclicité ovarienne physiologique. Cette situation semble souvent induite par la présence du poulain. 4 L’anœstrus est-il la manifestation clinique comportementale la plus fréquemment associée au trouble fortement suspecté ? ● Les tumeurs de la granulosa sont les tumeurs ovariennes les plus fréquentes chez la jument. Elles représenteraient 2,5 p. cent des processus néoplasiques des chevaux. ● Une jument avec une tumeur de la granulosa peut présenter des manifestations comportementales diverses : - la plupart de ces juments sont effectivement en anœstrus ; - d’autres semblent en œstrus permanent ; - certaines, les moins nombreuses, présentent un comportement proche de celui d’un étalon et peuvent être agressives. ● Il ne semble pas exister de relation nette et directe entre le comportement observé et les niveaux hormonaux mesurés chez les juments atteintes. 5 Les circonstances du diagnostic sont-elles classiques ? ● Il est rare de découvrir une tumeur de la granulosa en période post-partum. Dans ce cas, le processus tumoral s’est vraisemblablement mis en place au cours de la gestation. ● Étant donné qu’à partir de 100 à 120 jours de gestation, le contrôle hormonal de cette dernière est assuré par l’unité fœto-placentaire, la gestation et la parturition de cette jument n'ont pas été perturbées. ❒

1

Ovaire tumoral sorti de la cavité abdominale après vidange partielle de son contenu liquidien (photos J.-F. Bruyas).

2

Ovaire tumoral après exérèse, vidange totale de son contenu liquidien (dans les récipients) et ouverture.

NOTE * Cf. article "Comment utiliser la chaleur de poulinage", de J.-F. Bruyas, dans ce numéro.

Pour en savoir plus ● Bruyas JF. Approche étiologique et diagnostique des anœstrus non saisonniers de la jument. Prat Vet Equine 2003;35(139):5-22.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine DÉCEMBRE / JANVIER / FÉVRIER 2006 - 333


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