DOSSIER : LES DIARRHÉES AIGUËS CHEZ LES ÉQUIDÉS ADULTES
N°8 MARS AVRIL MAI 2006 revue de formation à comité de lecture
LES DIARRHÉES AIGUËS Conduites à tenir diagnostiques et thérapeutiques - Conduite à tenir préventive face aux diarrhées aiguës du cheval adulte
- Conduite à tenir
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine - N°8 - MARS / AVRIL / MAI 2006
diagnostique face aux diarrhées aiguës - Comment reconnaître l’endotoxémie et l’entérotoxémie : deux entités à ne pas confondre chez le cheval - Diagnostic et traitement des affections parasitaires lors de syndrome diarrhéique
DOSSIER : LES DIARRHÉES AIGUËS CHEZ LES ÉQUIDÉS ADULTES Les causes de diarrhée chez les équidés adultes sont diverses et variées et il est souvent délicat d’en déterminer l’origine. Pourtant, l’identification de l’agent causal s’avère indispensable pour instaurer un traitement étiologique et pour prévenir les complications, les récidives et la contagion ...
Revue internationale - Revue thématique des articles parus à l’étranger - Résumés du 9e congrès de médecine et de chirurgie équine à Genève - Un panorama des meilleurs articles - Endotoxémie : une revue avec les conséquences chez le cheval
- Reconnaître et traiter les diarrhées d’origine toxique ou médicamenteuse chez les équidés - Comment traiter les diarrhées aiguës associées ou non à un état de choc
Âne - Geste - Comment traiter un prolapsus rectal - Observation clinique Cyathostomose larvaire chez un âne
Rubriques - Fiche - Comment évaluer et corriger les désordres hydro-électrolytiques lors de diarrhées chez les équidés adultes - Principe actif La pentoxifylline - Observation clinique Un renversement de la vessie avant mise bas chez une jument lourde
sommaire Éditorial Catherine Gaillard Test clinique : un cas de fracture parasagittale de l’os carpal III Nicolas Serraud
MARS AVRIL MAI 2006
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CHEVAL ET ÉQUIDÉS Conduites à tenir diagnostiques - Conduite à tenir préventive face aux diarrhées aiguës du cheval adulte Roland Perrin - Conduite à tenir diagnostique face aux diarrhées aiguës du cheval adulte Roland Perrin - Comment reconnaître l’endotoxémie et l’entérotoxémie deux entités à ne pas confondre chez le cheval Vincent Ammann, Isabelle Desjardin, Caroline Ammann, Christophe Pic - Diagnostic et traitement des affections parasitaires lors de syndrome diarrhéique chez le cheval Gilles Bourdoiseau - Reconnaître et traiter les diarrhées d’origine toxique ou médicamenteuse chez les équidés Xavier Pineau Conduite thérapeutique - Comment traiter les diarrhées aiguës associées ou non à un état de choc chez le cheval Emmanuelle Moreau
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DOSSIER
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LES DIARRHÉES AIGUËS chez les équidés adultes
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ÂNE - Geste - comment traiter un prolapsus rectal Louis-Marie Desmaizières - Observation clinique - Cyathostomose larvaire chez un âne Maxime Birague
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RUBRIQUES Fiche - Comment évaluer et corriger les désordres hydro-électrolytiques lors de diarrhées chez les équidés adultes Catherine Gaillard-Lavirotte Principe actif - La pentoxifylline Marc Gogny, Mohamed Yassine Mallem Observation clinique - Un renversement de la vessie avant mise bas chez une jument lourde Marie-Noëlle Lemouland, Jean Abgrall
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REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré et Louis-Marie Desmaizières Revue thématique des articles parus dans les revues internationales (janvier - février - mars 2006) Congrès de Genève : une sélection de conférences Christophe Hugnet, Nicolas Serraud Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection Colombe Benoist, Benoît Blachon, Émilie Écuer, Émilie Guillot, Lætitia Jaillardon, Sophie Jullian, Bitilis Kühn, Carine Lalangue, Aurélien Léonard, Aurélie Plotto Pathogénie et physiopathologie de l'endotoxémie chez le cheval Emmanuelle Moreau Test clinique - Les réponses Tests de formation continue - Les réponses
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Souscription d’abonnement en page 63
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REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MARS / AVRIL / MAI 2006 - 335
test clinique
NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail : neva@neva.fr
boiterie de l’antérieur chez un cheval
Conseil scientifique Gilles Bourdoiseau (E.N.V.L.) Jean-Luc Cadoré (E.N.V.L.) Pierre Chuit (praticien, Suisse) Marc Gogny (E.N.V.N.) Pierre Lekeux (Faculté de Liège) Olivier Lepage ((E.N.V.L.) Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.) André Vrins (Faculté de Saint-Hyacinthe)
U
Rédacteurs en chef Louis-Marie Desmaizières (E.N.V.T.) Catherine Gaillard - Lavirotte (praticien) Christophe Hugnet (praticien) Stephan Zientara (A.F.S.S.A. Alfort)
Comité de rédaction Nicolas Barety (Juridique, avocat) Olivier Bisseaud (Chirurgie, praticien) Vincent Boureau (Comportement, praticien) Séverine Boullier (Immunologie, E.N.V.T.) Florence Buronfosse (Pharmaco-Toxicologie, E.N.V.L.) Jean-François Bruyas (Reproduction, E.N.V.N.) Eddy Cauvin (Imagerie, praticien) Gwenaëlle Dauphin (A.F.S.S.A. Alfort) Jean-Claude Desfontis (Physiologie et thérapeutique, E.N.V.N.) Jacques Guillot (Parasitologie, E.N.V.A.) Anne Malblanc (Médecine interne et sportive, E.N.V.N.) Stéphane Martinot (Reproduction, E.N.V.L.) Nathalie Priymenko (Alimentation - nutrition, E.N.V.T.) Michel Péchayre (Chirurgie, praticien) Youssef Tamzali (Médecine interne, E.N.V.T.)
Chargée de mission rédaction Valérie Colombani Mise en page - infographie Maxime Roguier Abonnements Maryse Mercan Gestion des abonnements et comptabilité Marie Servent
1 Quel est le diagnostic différentiel ? 2 Quels examens complémentaires proposez-vous ? 3 Quel traitement peut être envisagé et avec quel pronostic ?
Publicité Maryvonne Barbaray NÉVA Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 e-mail neva@ neva.fr
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray
Réponses à ce test page 65
Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Prix du numéro : 30 € T.T.C CEE : 32 € T.T.C SARL au capital de 7622€ Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0407 K 86 321 I.S.S.N. 1767-5081
comité de lecture
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Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 336 - MARS / AVRIL / MAI 2006
n trotteur français hongre de quatre ans est présenté pour une boiterie de l’antérieur droit. Celle-ci apparaît lorsque l’animal est à grande vitesse. - La boiterie n’est visible que corde à droite. À gauche, l’entraîneur n’a pas remarqué d’irrégularité. - À l’examen clinique, le cheval présente des molettes articulaires discrètes sur les deux boulets antérieurs, et une sensibilité marquée en région thoracique. - Au trot en ligne droite, un défaut d’amplitude sur les deux antérieurs est noté, sans boiterie. En revanche, sur un cercle au trot sur sol dur, à main droite, une boiterie de l’antérieur droit de grade 2/5 apparaît. - Les tests de flexion des carpes sont positifs au 1/3. Les anesthésies digitales et métacarpienne basse de l’antérieur droit ne permettent pas de faire disparaître cette boiterie. - Des radiographies du carpe droit sont réalisées sous cinq incidences (une latéro-médiale, une dorso-palmaire, deux obliques et une carpe fléchi), afin de rechercher une lésion osseuse (photos 1 à 5).
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Bruno Baup, Agnès Benamou, Jean-Marc Betsch, Géraldine Blanchard, Christian Bussy, Luc Chabanne, Ahmed Chabchoub (Tunis), René Chermette, Florent David (Canada), Isabelle Desjardins, Denis Dugardin, Lucile Martin-Dumon, Brigitte Enriquez, Guillaume Fortier, Xavier Gluntz, Jean-Michel Krawiecki, Claire Laugier, Jean-Pierre Lavoie (Canada) Agnès Leblond,
Serge Lenormand, Bertrand Losson (Liège), Emmanuel Maurin, Pierre-François Mazeaud, Jacques Monet, Paul-Pierre Pastoret, Valérie Picandet, Xavier Pineau, Jean-Jacques Roy, Morgane Schambourg (Canada), Claire Scicluna, Brigitte Siliart, Mathieu Spriet (Canada), Christopher Stockwell, Etienne Thiry (Liège), François Valon, Emmanuelle Van Erck (Liège), Patrick Verwaerde.
Nicolas Serraud Clinique équine de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne
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Cliché radiographique du carpe droit : incidence latéro-médiale.
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Cliché radiographique du carpe droit : incidence oblique dorso-médiale palmaro-latérale.
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Cliché radiographique du carpe droit : incidence dorso-palmaire.
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Cliché radiographique du carpe droit : incidence oblique dorso-latérale palmaro-médiale.
5 Cliché radiographique du carpe droit fléchi : incidence latéro-médiale.
Abonnez-vous en page 63 Pour tous renseignements : tél. (33)1 41 94 51 51 fax (33)1 41 94 51 52 mail neva@neva.fr
éditorial Face à cet engouement pour la presse de vulgarisation vétérinaire, nous devons approfondir sans cesse notre savoir, mais aussi et surtout développer notre sens de la communication, ...
U
n portail de recherches francophone sur le « Web » donne huit cents réponses aux mots clés « cheval - diarrhée », un autre mille quatre cents réponses. Parasitisme, Clostridium difficile, liste de plantes végétales toxiques, conseils thérapeutiques, gestion des pâtures, salmonellose, phytothérapie, homéopathie, ferments lactiques, et autres sujets s’affichent à l’écran.
Catherine Gaillard DESV Élevage et pathologie des équidés : option médecine interne et chirurgie Clinique vétérinaire des lavandes 26160 La Bégude de Mazenc
Internet, relayé par d’autres médias, apporte une profusion de données où chacun puise un savoir plus ou moins validé. Il est souvent délicat pour le néophyte de faire la part entre l’aspect positif de ces informations, qui peuvent favoriser les échanges avec le praticien traitant et le déraisonnable, l’inapplicable pouvant mener à des erreurs d’automédication ou altérer les relations de confiance avec le vétérinaire. Face à cet engouement pour la presse de vulgarisation vétérinaire, nous devons approfondir sans cesse notre savoir, mais aussi et surtout développer notre sens de la communication. Sur les sites anglophones de recherches bibliographiques scientifiques (www.ivis.org et www.pubmed.gov), la même recherche représente respectivement 135 et 541 références montrant l’intérêt récurrent porté à ce thème dans la presse et les congrès vétérinaires. Endotoxémie et entérotoxémie sont les principales entités cliniques citées en raison de leur complexité, de leur gestion clinique et thérapeutique délicates. Les causes de diarrhée chez les équidés adultes sont diverses et variées et il est souvent délicat, en dépit du développement de moyens d’investigations performants, d’en déterminer l’origine. Pourtant, l’identification de l’agent causal s’avère indispensable non seulement pour instaurer un traitement étiologique mais aussi pour prévenir les complications, les récidives et la contagion. Chaque type de diarrhée doit faire intervenir un plan thérapeutique adapté et modulable dans le temps. En plus de l’élimination de l’agent causal, ce plan vise à réhydrater, à favoriser la cicatrisation intestinale et à rééquilibrer la flore digestive. C’est une situation d’urgence où la rapidité d’intervention et la maîtrise des gestes de base sont primordiales. Si l’antibiothérapie s’avère nécessaire lors de certains processus infectieux, leurs effets secondaires doivent être considérés avec précaution. Principale cause de diarrhées iatrogéniques avec les anti-inflammatoires non stéroïdiens, l’utilisation des antibiotiques au quotidien doit respecter les règles de bonnes pratiques sous peine d’implication juridique du prescripteur.
C
omme nombre d’autres entités cliniques, le syndrome diarrhéique, représente une constante remise en question du praticien. Il n’y a pas plus enrichissant qu’un achoppement induisant une autre interrogation comme me l’a toujours suggéré mon maître à penser. Avoir des connaissances est bien évidemment primordial, mais le sens de l’observation et l’interprétation des données cliniques ou analytiques recueillies avec pertinence et sagacité le sont tout autant. Plutôt que de nous réfugier derrière nos connaissances, il nous faut regarder et non voir, écouter et non entendre. ❒
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MARS / AVRIL / MAI 2006 - 339
conduite à tenir préventive
face aux diarrhées aiguës
du cheval adulte
Roland Perrin Clinique vétérinaire équine La Brosse 18 rue des Champs 78470 Saint-Lambert-des-bois
Tout l’art du clinicien est de prévoir les différentes phases de l’affection, de les prévenir, avant qu’elles ne se développent. C’est une course contre la montre dans laquelle le vétérinaire, en fonction du stade où il intervient, doit avoir un coup d’avance. Sinon, il est toujours en retard, et malgré la mise en place de moyens thérapeutiques conséquents, la mort est au rendez-vous.
Objectif pédagogique Connaître les mesures de prévention pour éviter les diarrhées, en abord collectif ou individuel.
L
a diarrhée aiguë chez le cheval adulte est une affection gravissime qui peut entraîner la mort dans des délais très brefs. La diarrhée est dite suraiguë lorsque la mort survient en quelques heures. ● Le diagnostic de la diarrhée aiguë du cheval est assez facile, puisque l’on voit apparaître brutalement des crottins liquides, généralement d’odeur nauséabonde, et évacués par jets. ● Il est beaucoup plus difficile de prévoir l’éventuel développement d’une diarrhée. Pour réussir, il convient d’avoir de solides connaissances de la physiopathologie du choc, et d’avoir de bonnes connaissances sémiologiques pour maîtriser de nombreux actes techniques. ● Les causes habituellement admises sont les Salmonelles, les Clostridium perfringens et difficile, la fièvre du Potomac ou ehrlichiose, les colites d’origine indéterminée, le déséquilibre de l’écologie microbienne des gros compartiments digestifs, le parasitisme par des petits strongles, les antibiotiques, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, le sable, et les intoxications. ● La pathophysiologie de cette affection n’est pas encore totalement élucidée. Toutefois, quatre paramètres interviennent au niveau des gros compartiments de l’intestin, caecum et côlon replié : l’inflammation, la sécrétion, l’absorption, la motilité (encadré 1) [6]. ● Lors de tous ces événements, la perte massive hydro-électrolytique conduit à un choc hypovolémique, à la stimulation de
Essentiel ❚ L’endotoxémie et la diarrhée aiguë, comme les coliques et la fourbure, sont la “terreur de l’Homme de cheval” et du vétérinaire. ❚ Prévenir et anticiper sont les points-clé que le praticien doit mettre en œuvre.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 340 - MARS / AVRIL / MAI 2006
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germes ou au développement de germes, qui conduisent à un choc endotoxémique et septique, et à des troubles de la coagulation qui aggravent le choc cardiovasculaire. ● La meilleure thérapeutique des diarrhées aiguës est de faire en sorte qu’elles ne surviennent pas. Cela paraît simple, et pourtant, c’est peut-être un des aspects les plus difficiles à mettre en œuvre en médecine des chevaux. Le praticien doit toujours y songer lorsqu'il s’occupe d’un effectif, qu'il met en place une thérapeutique et qu'il gère un lieu d’hospitalisation. LES MESURES GÉNÉRALES POUR LA GESTION DE L’EFFECTIF Les conseils pour l’alimentation Pour mieux comprendre l’importance de l’alimentation dans la prévention des diarrhées du cheval adulte, quelques notions sur la physiologie du cæcum et du côlon replié sont nécessaires (encadré 2) [5]. ● Le cæcum et le côlon sont le lieu de la digestion microbienne. La flore microbienne est fortement dépendante de la composition du bol alimentaire. - La qualité des aliments intervient : lorsque l’on passe d’une alimentation riche en fibres à une alimentation énergétique et riche en protéines, le milieu de la lumière intestinale est modifié. Le pH s’abaisse, ce qui est toxique pour les entérobactéries, entraînant leur mort et la décharge de toxines ; d’autres germes peuvent aussi se développer, et l’écologie microbienne est modifiée. - Une augmentation du broyage des aliments augmente la flore microbienne, donc la digestion microbienne. - La digestion microbienne est intimement liée à la régulation des fluides, donc à la sécrétion et à l’absorption de la muqueuse intestinale. Par exemple, si l'absorption de fluides est maximale pendant la digestion microbienne, la masse de fermentation devient déshydratée, avec création d'une impaction. Au contraire, si elle est diminuée, une diarrhée apparaît. - La population microbienne est très riche et sa composition peut varier rapidement. ●
conduite à tenir diagnostique
Roland Perrin Clinique vétérinaire équine La Brosse 18 rue des Champs 78470 Saint-Lambert-des-bois
Objectif pédagogique Diagnostiquer une diarrhée aiguë chez le cheval adulte et mettre en place les mesures d’urgence adéquates.
face aux diarrhées aiguës du cheval adulte Cet article présente les premiers signes cliniques à ne pas manquer, les signes cliniques associés à la diarrhée et les examens complémentaires à mettre en place rapidement.
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ssayer de détecter les premiers signes cliniques avant que la diarrhée n’apparaisse est la base de la prévention clinique. LES PREMIERS SIGNES CLINIQUES À NE PAS MANQUER À l’examen clinique L’examen clinique du cheval est fondamental. Il est complété par des examens complémentaires simples, comme la numération formule, l’échographie, ou la palpation transrectale. Les examens sont pratiqués régulièrement, ils sont répétés, et sont notés (figure 1). ● C’est la tendance d’un examen qui en fait toute sa valeur et non pas l’examen en luimême. Ainsi, si un cheval mange régulièrement ses repas et à un moment donné ne finit pas sa ration, c’est plus significatif que d’avoir un cheval qui ne finit pas ses rations de manière systématique et tout d’un coup, quelqu’un observe qu’il ne finit pas sa ration. Si un cheval a une température habituelle de 37,5°C et passe à 38°C, puis 38,2°C, c’est plus significatif que d’observer à un moment donné une température de 38°5. ●
Essentiel ❚ Effectuer des examens répétés, au moins matin et soir et noter les données recueillies. ❚ Si le résultat des examens est douteux, recommencer deux heures plus tard. ❚ Mettre en place des mesures préventives dès l’apparition des signes, même s’ils sont discrets.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 344 - MARS / AVRIL / MAI 2006
Aussi, il est essentiel d’effectuer des examens répétés, au moins matin et soir et de noter les données recueillies. Si le résultat est douteux, il convient de recommencer deux heures plus tard. Si le vétérinaire ne peut pas faire lui-même les examens, il peut les confier au propriétaire ou au soigneur du cheval qui les note. - Appétit, soif, comportement, crottins et température sont les paramètres les plus simples à observer. - Une personne plus compétente peut consigner par écrit le rythme cardiaque, les bruits digestifs, la souplesse des veines jugulaires. ● Le cheval qui débute une diarrhée va pré●
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Le cheval qui débute une diarrhée est plus calme, voire abattu (photo C. Gaillard-Lavirotte).
senter tous ces signes ou certaines de ces tendances cliniques négatives : - il ne finit pas sa ration, il boit moins ; - il est plus calme sans être forcément abattu ; - ses crottins sont moins bien formés, légèrement odorants ; - sa température augmente légèrement ; - son rythme cardiaque est légèrement plus haut que la normale ; - les bruits digestifs sont plus audibles, et ce particulièrement à droite. Les mesures préventives et les examens complémentaires ● Ces signes cliniques, parfois discrets, alertent le clinicien qui peut mettre rapidement en place des mesures préventives : - mettre un panier pour que le cheval ne mange pas ; - injecter un antispasmodique et analgésique comme la noramidipyrine ; - donner par sondage des ferments lactiques et des absorbants comme le charbon. ● Il peut réaliser un examen rectal du cheval, pour vérifier que derrière les crottins mous n’arrivent pas des crottins plus liquides, ou que le cæcum n’est pas tendu de liquide. ● Il peut confirmer ou infirmer ses observations avec une échographie abdominale, qui permet de visualiser du liquide dans le caecum, un hyperpéristaltisme, et/ou un œdème du côlon replié.
comment reconnaître
l’endotoxémie et l’entérotoxémie deux entités à ne pas confondre chez le cheval
1. Cassou 64410 Montagut 2. Parc de Diane 78 350 Jouy--en-Josas 3. Haras de Loubane 64450 Argelos
Figure 1 - Les causes d’endotoxémie
L’endotoxémie et l’entérotoxémie sont à l’origine de diarrhées aiguës chez le cheval. Il convient de bien les distinguer afin de mettre en place rapidement un traitement adapté.
Coliques et entérites (photo 1) Septicémie néonatale (photo 2) Pleuro-pneumonies (photo 3)
Objectif pédagogique Diagnostiquer et traiter l’endotoxémie et l’entérotoxémie chez le cheval.
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ntérotoxémie et endotoxémie sont deux affections parfois confondues alors qu’elles mettent en jeu des mécanismes pathophysiologiques totalement différents, dont les conséquences et les traitements ne peuvent être considérés sans discrimination. ● Les endotoxines sont souvent d’origine digestive, mais elles peuvent aussi être présentes dans l’organisme à la suite de toute infection à bactérie Gram négatif (figure 1). Les effets de ces toxines sont généraux sur l’organisme. ● Les entérotoxines sont produites spécifiquement par les entéro-bactéries, leur cible est directement l’entérocyte. ● Cet article se propose de revoir et de comparer ces mécanismes de façon simplifiée [4, 11] (encadré 1).
Vincent Ammann1 Isabelle Desjardin2 Caroline Ammann1 Christophe Pic3
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Coliques et les entérites sont une source majeure de passage d’endotoxine dans la circulation générale (photos V. Ammann).
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La présence de bactéries Gram négatif lors d’une pleuropneumonie peut entraîner un état d’endotoxémie. Il est important de le détecter précocement par la recherche d’une neutropénie éventuelle.
ENDOTOXINES ET ENDOTOXÉMIE ● Les endotoxines sont des éléments constitutifs des bactéries à gram négatif, les lipopolysaccharides (L.P.S.). ● Même provenant de bactéries très différentes, elles présentent une structure très comparable et un mode d’action identique. Les causes d’endotoxémie sont multiples : les coliques et les entérites, la septicémie néonatale, et les pleuropneumonies (figure 1).
Comment diagnostiquer une endotoxémie En raison de la manifestation "criante" des signes cliniques, le diagnostic d’endotoxémie est souvent évident. ● Toutefois, il existe des cas plus discrets, pour lesquels la reconnaissance précoce du trouble peut faire la différence. ● Le dosage des endotoxines dans le sang est possible, mais cette analyse n’est pas faite couramment par les laboratoires d’analyses médicales de proximité. ●
b
Essentiel 2
a
Les bactéries à Gram négatif sont prépondérantes lors de septicémie néonatale. L’endotoxémie est présente dans la majorité de ces cas.
● La présence d’une neutropénie permet de mettre en évidence un état d’endotoxémie car celui-ci s’accompagne d’une marginalisation des neutrophiles. ● La formule leucocytaire présente l’avantage de la facilité, de la rapidité et de la fiabilité. ● De façon peut être un peu simpliste, tout cheval neutropénique peut être considéré comme endotoxémique, tant que la preuve du contraire n’a pas été établie. ● L’état d’endotoxémie peut s’accompagner de phénomène de coagulation
❚ les phénomènes inflammatoires locaux et les différentes phases de l’endotoxémie sont comparables.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MARS / AVRIL / MAI 2006 - 349
diagnostic et traitement
des affections parasitaires lors de syndrome diarrhéique chez le cheval
Certains parasites (cyathostomes ou “petits strongles”, Strongyloïdes, et certains protozoaires) sont à l’origine de diarrhée aiguê chez le cheval. Le traitement est fonction des caractéristiques biologiques et épidémiologiques de chaque espèce parasite.
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lusieurs facteurs, aboutissant à plusieurs situations cliniques, permettent d’aborder l’association parasites - diarrhée : - l’âge du cheval, en distinguant le foal et l’adulte, sujets pour lesquels l’implication du système immunitaire est très différente ; - le caractère aigu/chronique de la diarrhée. Toutefois, la distinction fondée sur l’ancienneté des signes (respectivement moins versus plus de 48 h) n’est pas toujours aisée à faire ; - un ensemble d’éléments épidémiologiques : la saison, le mode de vie de l’animal, … ; - l’existence ou non de programmes de vermifugations antérieures : nature des traitements prescrits, fréquence et calendrier. ● Outre la multiplicité des facteurs impliqués, la relation supposée parasites-diarrhée est complexe, pour deux raisons supplémentaires : - il n’est pas toujours possible de trancher entre le parasite, cause de diarrhée, et la pullulation du parasite, conséquence de celle-ci ; - une espèce parasite n’est pas systématiquement responsable de diarrhée. ● Malgré ces difficultés aboutissant à une situation épidémiologique et clinique complexe, il est possible de dresser une liste d’espèces parasites associées au processus diarrhéique : - d’abord, les cyathostomes ; - ensuite, les Strongyloïdes ; - enfin, les protozoaires : coccidies et cryptosporidies. Ces espèces sont associées à la diarrhée, et pas obligatoirement ou systématiquement considérées comme cause du processus pathologique. ● Ces parasites et les parasitoses correspondantes, sont caractérisées par un épisode diarrhéique aigu.
Gilles Bourdoiseau Parasitologie - Maladies parasitaires E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Objectif pédagogique Connaïtre l’épidémiologie, le diagnostic et le traitement des parasitoses à l’origine de diarrhée chez le cheval.
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Cheval souffrant de trichonémose chronique : abattement, œdème des régions déclives, crins de la queue souillés de matières fécales (photo G. Bourdoiseau, Unité de parasitologie, E.N.V.L.).
Cet article propose des hypothèses pathogéniques, des bases diagnostiques et des schémas thérapeutiques, selon leur prévalence décroissante.
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LES CYATHOSTOMES ou “petits strongles” ET LES CYATHOSTOMOSES AIGUËS Les parasites Les cyathostomes (ou trichonèmes) sont couramment appelés "petits strongles", en raison de leurs petites dimensions. ● Ils regroupent de très nombreuses espèces morphologiquement et biologiquement très proches (genres Cyathostomum, Cylicocyclus, Cylicostephanus, …) (encadré 1). ●
La trichonémose Données épidémiologiques ● La trichonémose-maladie est une helminthose fréquente, de prévalence et d’incidence élevées, d’autant que les strongyloses à "grands strongles", sont moins fréquentes grâce aux traitements anthelminthiques adulticides classiques. - Cette affection est observée dans les régions de pâturage humide (la présence d’eau nécessaire au développement exogène des larves faisait appeler naguère cette helminthose "l’anémie des marais"), au printemps ou en fin d’hiver : tout se passe comme si la population adulte apparaît lors de conditions extérieures favorables à l’évolution des œufs ;
Essentiel ❚ La trichonémose-maladie est une helminthose fréquente, de prévalence et d’incidence élevées. ❚ Les principaux signes observés sont un abattement marqué, une déshydratation. ❚ La trichonémose n’induit pas d’immunité véritable. ❚ Un traitement larvicide et symptomatique énergique est nécessaire.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MARS / AVRIL / MAI 2006 - 355
reconnaître et traiter les diarrhées
d’origine toxique ou médicamenteuse
Xavier Pineau
chez les équidés
Centre de pharmacovigilance vétérinaire de Lyon E.N.V.L. 1 avenue Bourgelat 69280 Marcy l'Étoile
Objectif pédagogique Connaître les toxiques et les médicaments à l’origine de diarrhée chez le cheval.
À l'inverse de la situation observée chez les carnivores domestiques, les troubles digestifs d'origine toxique (incluant les médicaments) sont relativement rares chez les équidés. Mais ces diarrhées peuvent avoir des conséquences gravissimes ; aussi doivent-elles être bien connues des praticiens.
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Essentiel ❚ La diarrhée est souvent associée à d’autres signes cliniques : - digestifs : coliques, constipation, salivation ; - nerveux : prostration/ agitation, mydriase, parésie, tremblements, hyperesthésie - cardio-respiratoires : tachycardie, arythmie, dyspnée, cyanose ; - divers : fourbure, sudation.
i l'on considère les données collectées par le Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires (C.N.I.T.V.) ou le Centre de pharmacovigilance vétérinaire de Lyon (C.P.V.L.), on dénombre : - de 1991 à 2005, 226 cas de diarrhée d'origine toxique supposée ont été répertoriés, soit 14 p. cent des 1670 suspicions d'intoxications. Parmi ces cas, seules 72 intoxications se sont révélées plausibles sur la base de critères épidémiologiques et cliniques (figure, tableau 1) ; - de 2001 à 2005, 22 cas de diarrhée supposée iatrogène ont été déclarés au C.P.V.L.,
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L’intoxication par les glands, répertoriée dans les causes de diarrhée (photo C. Gaillard-Lavirotte).
soit 11 p. cent des effets indésirables présumés dans cette espèce. Le rôle du médicament est considéré plausible dans seulement 11 de ces cas (tableau 2). ● Contrairement aux carnivores, les équidés sont rarement exposés dans leur
Figure - Les plantes ou les substances impliquées dans les intoxications mentionnant une diarrhée chez des équidés (n ≥ 2, parmi 72 intoxications plausibles recueillies par le CNITV, 1991-2005)
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Robinier : les lectines sont contenues dans l’écorce de cet arbre et non dans les feuilles.
CHEVAL
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 360 - MARS / AVRIL / MAI 2006
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comment traiter
les diarrhées aiguës associées ou non à un état de choc
Emmanuelle Moreau
chez le cheval
Département hippique E.N.V.L. 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
Lors de diarrhée aiguë chez le cheval adulte, un traitement symptomatique doit être rapidement mis en place. Une surveillance clinique continue est indispensable pour prévenir un choc septique, une endotoxémie ou une fourbure, qui nécessite alors un traitement spécifique.
Objectif pédagogique Traiter les diarrhées aiguës, ainsi que l’état de choc et l’endotoxémie parfois associés, chez le cheval adulte.
U
NOTE Cf. les articles de ce numéro : * - “Évaluation et correction des désordres hydro-électrolytiques lors de diarrhées chez les équidés adultes” de C. Gaillard-Lavirotte ; - Conduite à tenir préventive face aux diarrhées aiguës du cheval adulte de R. Perrin.
Essentiel ❚ L’inflammation joue un rôle central dans la pathogénie de la diarrhée. ❚ La thérapeutique liquidienne permet de restaurer un volume circulatoire adéquat, pour améliorer la perfusion tissulaire et corriger un déficit électrolytique.
CHEVAL
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 364 - MARS / AVRIL / MAI 2006
1
ne diarrhée aiguë est le plus souvent une urgence vitale chez le cheval adulte. Dans la plupart des cas, l’étiologie n’est pas déterminée, et ce malgré la mise en place d’examens complémentaires. La diarrhée peut être une maladie primaire du tube digestif, ou elle peut être secondaire à un autre processus. ● Le traitement est, dès lors, souvent symptomatique, il dépend surtout du caractère aigu ou chronique de la diarrhée et des répercussions systémiques (figure 1). ● Cependant, la compréhension des mécanismes de la diarrhée est une aide précieuse. ● L’inflammation joue un rôle central dans la pathogénie de la diarrhée (encadré 1). ● Le traitement a pour but de remplacer les fluides et les électrolytes perdus, contrôler l’inflammation, réduire la sécrétion de fluides, promouvoir la cicatrisation de la muqueuse intestinale, contrôler et reconnaître rapidement les signes d’endotoxémie, voire le choc septique, et rétablir une flore normale. REMPLACER LES FLUIDES ET LES ÉLECTROLYTES PERDUS
● Les chevaux souffrant d'une diarrhée aiguë peuvent présenter des signes variables, allant d’une légère déshydratation à un choc sévère (encadré 2). ● Le traitement le plus important chez le cheval souffrant d’une diarrhée sévère, quelle que soit son origine, est une thérapeutique liquidienne. Celle-ci permet de restaurer un volume circulatoire adéquat, pour améliorer la perfusion tissulaire et corriger un déficit électrolytique*. Lors d’état de choc, un plan d’action d’urgence doit être mis en place (figure).
32
L’administration de fluides dans un local adapté.
Figure 1 - Les complications les plus fréquentes lors de diarrhée - Une déshydratation - des perturbations électrolytiques - une hypoprotéinémie - une fourbure - une insuffisance rénale - une thrombophlébite - une diarrhée incoercible - une endotoxémie - un choc septique - une dérive de flore majeure
Encadré 1 - Les mécanismes majeurs d’une diarrhée Les mécanismes majeurs impliqués dans la diarrhée sont : - une malabsorption : la diarrhée peut être causée par un mécanisme de malabsorption, liée à une atrophie des villosités intestinales de l’intestin grêle. L’inflammation du côlon diminue son pouvoir d’absorption des fluides et augmente alors les pertes liquidiennes. Les médiateurs de l’inflammation contribuent à la colite ; - une augmentation des sécrétions ; - une motilité anormale : qui implique une accélération du transit ; - la présence de substances hyperosmotiques ; - une augmentation de la pression sanguine vers la lumière intestinale**. ●
Les précautions à prendre La mise en place d’une thérapeutique liquidienne sur le terrain nécessite une infrastructure minimale permettant son administration dans des conditions de sécurité optimale : - un box sécurisé, c'est-à-dire exempt de matériel contondant et assez spacieux, est indispensable (photo 1) ;
●
geste comment traiter un prolapsus rectal Le prolapsus rectal est plus fréquent chez l’âne que chez les chevaux. Son traitement doit être le plus précoce possible. Aussi, l’évaluation de la gravité et les manœuvres de réduction doivent bien être maîtrisées.
Figure 1 - Prolapsus rectal de type I
Louis-Marie Desmaizières Clinique vétérinaire de la Brousse Route de Launac 31 330 Grenade
Objectif pédagogique Diagnostiquer et traiter, de façon conservatrice ou chirurgicale, le prolapsus rectal chez l’âne.
L
e prolapsus rectal est parfois associé à la présence d’un ténesme provoqué par une diarrhée, un parasitisme intense, des changements alimentaires ou une augmentation importante de la pression abdominale, induite par des signes de coliques violents, une dystocie ou une obstruction urétrale. ● Les facteurs prédisposants à l’apparition d’un prolapsus sont : - une baisse de tonicité du sphincter anal ; - un décollement de la muqueuse rectale de la musculeuse ; - ou un affaiblissement de la liaison entre le rectum et les tissus péri-rectaux. ● Dans de rares cas, ils peuvent être consécutifs à une lacération périnéale de grade III (photo 2).
Figure 2 - Prolapsus rectal de type II
1
Prolapsus rectal de type II (photos L.-M. Desmaizières).
Figure 3 - Prolapsus rectal de type III
LA CLASSIFICATION DES PROLAPSUS Une classification [3] a été réalisée en fonction du type de tissu exposé et/ou atteint : - type I : extériorisation de la muqueuse rectale (figure 1) ; - type II : extériorisation de tout ou partie de l’ampoule rectale (figure 2, photo 1) ; - type III : extériorisation de l’ampoule rectale accompagnée d’une intussusception de la portion péritonéale du rectum ou du côlon (figure 3) ; - type IV : extériorisation de l’ampoule rectale et de l’intussusception de la portion péritonéale du rectum ou du côlon (figure 4).
2
Prolapsus rectal consécutif à une lacération périnéale de grade III.
Figure 4 - Prolapsus rectal de type IV
LE DIAGNOSTIC Dans les types I, II et III, le prolapsus est en continuité avec la jonction cutanéomuqueuse de l’anus. ● Si un doigt peut être introduit sur plusieurs centimètres entre la masse prolabée et l’anus, il s’agit alors d’un prolapsus de type IV. ●
ÂNE
39
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MARS / AVRIL / MAI 2006 - 371
observation clinique Maxime Birague Clinique vétérinaire de la Brousse Route de Launac 31 330 Grenade
Objectif pédagogique Diagnostiquer, traiter et prévenir la cyathostomose larvaire chez l’âne.
Motif de consultation ❚ Amaigrissement marqué et diarrhée chronique profuse et nauséabonde depuis 15 j.
Hypothèses diagnostiques ❚ Causes : - infectieuses ; - inflammatoires ; - parasitaires ; - iatrogènes ; - métaboliques ; - tumorales.
ÂNE
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 374 - MARS / AVRIL / MAI 2006
cyathostomose larvaire chez un âne Cette observation présente une diarrhée causée par une cyathotosmose larvaire chez un âne. L'intérêt de ce cas est d'insister sur la nécessité de se donner tous les moyens nécessaires pour éliminer la cause parasitaire face à l'apparition d'une diarrhée et ce, malgré des traitements antiparasitaires qui s'avèrent parfois mal adaptés.
U
n âne hongre de trois ans est présenté à la consultation pour un amaigrissement rapide et marqué, associé à une diarrhée profuse évoluant depuis 15 jours. Le vétérinaire référant suspecte une salmonellose. ● Cet âne vit au pré, et avec un apport de foin si nécessaire. Il partage son pré avec sept chevaux, d’âges différents (10 mois à 16 ans), sur 7 ha. Dans ce même pré, un autre âne est mort subitement 15 jours auparavant. ● Il a été vermifugé un mois auparavant par son propriétaire avec une ivermectine. COMMÉMORATIFS Des traitements ont été mis en place par le vétérinaire référant sans véritable amélioration : 1. pendant 12 jours : - un antispasmodique (Phloroglucinol® : 0,5 mg/kg) ; un anti-infectieux et un anti-inflammatoire (de la sulfaguanidine et de l’aspirine) ; un antidiarrhéique (de la montmorrillonite 0,5 g/kg) ; - un anti-acide (phosphate d’aluminium : 150 mg/kg) ; 2. les trois jours précédant son admission : des antibiotiques large spectre : de la benzilpenicilline et de la dihydrostreptomycine (22 000 UI/kg une fois/j) ; 3. juste avant son arrivée dans notre clinique : - plusieurs antibiotiques : de la marbofloxacine, puis de la benzilpénicilline et de la dihydrostreptomycine ; - un antispasmodique : de la butylscopala-
●
42
1
Muqueuses gingivales pâles lors de l’admission de cet âne (photo M. Birague).
mine (0,2 mg/kg) et un antalgique : de la dypirone (25 mg/kg) ; - de la sulfaguanidine (58 mg/kg deux fois/j) et de l’aspirine à nouveau (50 mg/kg, deux fois/j). EXAMEN CLINIQUE INITIAL Lors de l’examen clinique initial, cet âne présente : - une fréquence cardiaque (44 bpm) et respiratoire (16 mpm) normales ; - une diarrhée aqueuse profuse, avec des bruits augmentés dans les quatre cadrans ; - des muqueuses pâles, associées à un temps de remplissage capillaire de 3 secondes (photo 1) ; - une déshydratation à 5 p. cent ; - une température rectale de 39,8°C ; - un abattement et un amaigrissement marqués ; - un prolapsus rectal de grade 2 ; - et un œdème du fourreau peu marqué. ●
HYPOTHÈSES DIAGNOSTIQUES À ce stade, plusieurs hypothèses diagnostiques peuvent être émises avec : - des causes infectieuses (salmonellose, ehrlichiose, clostridiose) ; - des causes inflammatoires (infiltration éosinophilique, lymphoplasmocytaire ou granulomateuse) ; - des causes parasitaires (helminthose, piroplasmose) ; - des causes iatrogènes (traitement antibiotique particulièrement lourd) ; - des causes métaboliques (insuffisance hépatique), (insuffisance rénale chronique, avec une urémie) ;
comment évaluer et corriger Catherine Gaillard-Lavirotte Clinique vétériniare des Lavandes 26 160 La Bégude de Mazenc
les désordres hydro-électrolytiques lors de diarrhées chez les équidés adultes La correction des désordres hydro-électrolytiques est un des actes-clé au sein du panel thérapeutique offert au praticien lors de diarrhée. Plusieurs moyens permettent d’évaluer ces désordres et de mettre en place un traitement adapté.
Objectif pédagogique Évaluer et corriger les modifications électrolytiques provoquées par une diarrhée aiguë chez le cheval adulte.
NOTE * Cf. articles “Conduite à tenir préventive et diagnostique face aux diarrhées aiguës du cheval adulte “ et “Comment prévenir les diarrhées aiguës du cheval adulte” de R. Perrin, dans ce numéro.
A
vant de mettre en place une réhydratation, il s’agit d’identifier les déficits, de les quantifier, puis de sélectionner la nature, la quantité, ainsi que le rythme d’administration des solutés. Ces données sont à adapter régulièrement à l’évolution des répercussions induites par la diarrhée.
Diagnostic de laboratoire Les examens de laboratoire révèlent une augmentation de l’hématocrite, des protéines totales, de l’urémie et de la créatinémie, et des concentrations urinaires (ces dernières nécessitent de faire appel à un laboratoire spécialisé). ● Les valeurs usuelles des paramètres biologiques pré-cités dépendent des références propres du laboratoire utilisé et de la population de chevaux concernée. Exemple ●
Pour un cheval adulte : - pH = 7,35 à 7,48 - [HCO3-] = 22 à 29 mmol/l - [K+] = 2,4 à 4,7 mmol/l - PCO2 = 36 à 46 mm de Hg
Le taux d’hématocrite et le dosage des protéines totales sériques peuvent être facilement réalisés en clientèle courante avec du matériel simple (réfractomètre, centrifugeuse, tube à microhématocrite).
●
Essentiel ❚ Lors de diarrhée aiguë, la déshydratation est surtout extracellulaire. ❚ L’herbe et le foin sont la meilleure source de potassium. ❚ En pratique, lors de jeûne de plus de 3 jours ou de diarrhée, il est conseillé d’apporter 20 à 40 mEq de K+/l de fluide isotonique. ❚ Ne jamais mélanger le bicarbonate avec une solution contenant du calcium.
UNE DÉSHYDRATATION ESSENTIELLEMENT EXTRACELLULAIRE Signes cliniques Lors de diarrhée aiguë, la déshydratation est surtout extracellulaire. Plusieurs mécanismes sont à l'origine de ces fuites d'eau et d'ions. ● Aux signes cliniques de la diarrhée (crottins de mous à liquide, baisse de forme, dysorexie, modification de la soif, inconfort abdominal), s'ajoutent les signes de la déshydratation (pli de peau persistant et énophtalmie - deux critères surtout nets chez les poulains - augmentation du taux de remplissage capillaire (anormal si > 2 s) et les signes de choc hypovolémique, voire endotoxique : tachycardie, hyperthermie (ou hypothermie en phase terminale), pouls rapide et filant, muqueuses congestionnées à violacées, froideur des extrémités (en phase terminale) (tableau 1). ●
ÉVALUER LES PRINCIPAUX DÉSORDRES ÉLECTROLYTIQUES Les principaux désordres électrolytiques observés lors de diarrhée sont : 1. l’acidose : - signes cliniques : augmentation de la ventilation (difficilement visible chez les adultes) ; - résultats de laboratoire : pH < 7,4, augmentation de la concentration en HCO3- et de la pCO2 ; 2. l’hypokaliémie : - signes cliniques : faiblesse musculaire et arythmie cardiaque si [K+]pl <1 mEq /l ; - résultats de laboratoire : [K+]pl <2,8 mEq/l ;
Tableau 1 - Les signes cliniques et les résultats de laboratoire observés en fonction du pourcentage de déshydratation % de déshydratation
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 378 - MARS / AVRIL / MAI 2006
46
Protéines totales sériques Hématocrite
- Pli de peau persistant 2 à 3 s
75 (g/l)
40 - 50 %
5 à 8 p. cent
- Pli de peau marqué (3 à 5 s) Temps de remplissage capillaire (T.R.C.) : 2 à 4 s - Pouls filant
75 - 85 (g/l)
50 - 60 %
●
8 à 10 p. cent
- Muqueuses sèches - Pli de peau marqué (> 5 s) T.R.C. : 4 à 5 s - Pouls faible, voire non palpable
85 - 90 (g/l)
65 - 70 %
●
12 p. cent
- Coma
> 90 (g/l)
> 70 %
●
RUBRIQUE
Signes cliniques
5 p. cent
●
principe actif
la pentoxifylline
Marc Gogny Mohamed Yassine Mallem Unité de pharmacologie et toxicologie, E.N.V.N., Atlanpôle, La Chantrerie, BP 40706, 44307 Nantes Cedex 03
L
a pentoxifylline est une base xanthique. Sa structure diffère toutefois de celle de la théophylline, et elle a des propriétés pharmacodynamiques très particulières. Utilisée parfois chez le cheval comme agent dopant, proposée dans le traitement de la maladie naviculaire, ses propriétés réelles sont mal établies dans l’espèce équine. PHARMACOLOGIE Pharmacocinétique
La pharmacocinétique de la pentoxifylline est mal établie chez le cheval. Par voie intraveineuse, elle est rapidement transformée en plusieurs métabolites dans le foie et dans les hématies. L’un d’entre eux au moins est actif. L’élimination se fait par voie urinaire. ● Sa demi-vie est brève, probablement de l’ordre d’une heure, mais la durée de son action est prolongée par celle de ses métabolites. ● Par voie orale, la résorption digestive de la pentoxifylline est très variable selon les individus. La présence d’aliments dans l’estomac limite aussi son absorption. ● Le délai minimal d'absorption peut être très court puisque la concentration plasmatique maximale (Tmax) est atteinte en 30 minutes. ●
PROPRIÉTÉS PHYSICO-CHIMIQUES ● Synonymie : - Dénomination chimique : 1-(5-oxohexyl)-3,7-diméthylxanthine - Dénomination commune internationale : pentoxifylline - Noms commerciaux : Torental LP 400®, Torental injectable®, Pentoflux LP 400®* ● Structure et filiation : - La pentoxifylline est une base xanthique. La caféïne, ou triméthylxanthine, en est le chef de file. - La théophylline n’est que diméthylée (figure). Dans le cas de la pentoxifylline, un des groupes méthyle de la caféine a été remplacé par une chaîne carbonée plus longue. - La liposolubilité de la molécule est ainsi accrue, ce qui facilite son passage des membranes biologiques et de la barrière hématoméningée. - Son encombrement stérique est également modifié, si bien que le mécanisme d’action diffè-
Sa biodisponibilité reste cependant modérée, en raison d’un effet de premier passage important. ● Son volume de distribution est très élevé, ce qui traduit une distribution très large, une bonne pénétration intracellulaire et un très bon passage de la barrière hématoméningée. ● La pentoxifylline franchit la barrière placentaire. Pharmacodynamie Mécanisme d’action
Les effets de la pentoxifylline peuvent être reliés à deux mécanismes d’action complémentaires : l'inhibition des phosphodiestérases, à l'origine d'une accumulation cytoplasmique d'A.M.P.c (adénosine monophosphate cyclique), et l’inhibition de la recapture synaptique de l’adénosine, dont l’action sur ses récepteurs est ainsi amplifiée. Effets cardiovasculaires ● La pentoxifylline est vasodilatatrice, notamment au niveau cérébral, grâce aux effets cumulés sur l’adénosine et sur l’A.M.P.c. Elle augmente légèrement la fréquence cardiaque. ● Ses principaux effets concernent cependant la microcirculation. La pentoxifylline augmente la déformabilité des hématies,
Figure - Structure de la pentoxifylline
re notablement de celui de la théophylline. ● Caractéristiques : - La pentoxifylline est soluble dans les solutions alcooliques et dans les graisses ; elle est très peu soluble dans l'eau. - Elle présente un caractère basique faible et sa stabilité est bonne.
Classe pharmacologique - Vasodilatateur, anti-endotoxinique
Indications ❚ Prévention ou traitement des endotoxémies. ❚ Traitement de la maladie naviculaire. ❚ Traitement des troubles respiratoires chroniques et de certaines dermatites estivales.
gestion Prix indicatif ❚ Le traitement quotidien, par voie orale, d’un cheval de 400 kg, à la dose de 8 mg/kg trois fois par jour, revient à moins de 5 € H.T. quelle que soit sa spécialité.
Essentiel ❚ La pentoxifylline augmente la déformabilité des globules rouges et diminue la production des cytokines, surtout le Tumor necrosis factor (T.N.F.). ❚ Cette molécule est employée surtout lors d’endotoxémie, en complément des traitements habituels (flunixine). ❚ Elle a un double effet protecteur.
RUBRIQUE
* Spécialité à usage humain. Plusieurs génériques existent également.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MARS / AVRIL / MAI 2006 - 381
observation clinique
un renversement de la vessie avant mise bas chez une jument lourde
Lors de suspicion de renversement de la vessie chez la jument, la palpation de l’appareil génital est l’élément-clé du diagnostic. La réduction de ce renversement est assez simple à réaliser, mais le pronostic reste réservé en raison des complications possibles et du risque de récidive.
U
ne poulinière de trait dont le poids est estimé à 850 kg, âgée de 16 ans, est présentée le 2 avril 2002 pour un retard de poulinage. Elle souffre de douleurs sourdes, et le poulain n'apparaît pas. LES COMMÉMORATIFS
La jument est vaccinée contre la grippe, le tétanos et la rhinopneumonie. La dernière vaccination date du 5 décembre 2001. ● Une vermifugation est réalisée deux fois par an. La dernière a eu lieu un mois auparavant, à l'aide de Furexel®. ● Aucun antécédent pathologique n’est connu. L’éleveur connaît bien l’historique de la jument, puisqu’il en est le naisseur. ● La jument est multipare : il s’agit de sa 8e gestation. ● C'est une très grande Postière bretonne dont le poids a déjà atteint une tonne. ●
Diagnostiquer et traiter le renversement de la vessie lors de mise bas dystocique chez la jument.
1
La vessie remise en place, les lacs placés, le poulinage assisté est effectué sur la jument couchée (photo M.-N. Lemouland).
Elle a maigri en vieillissant. ● Sa fréquence cardiaque est de 60 battements par minute, sa fréquence respiratoire est de 20 mouvements par minute. - Les muqueuses sont rosées et humides. - Le temps de réplétion capillaire est de 1 seconde, le retour du pli de peau est de 2 secondes. - Les bruits digestifs sont diminués dans les quatre quadrans. ● Elle présente une sudation importante. ● Un fort relâchement des ligaments pelviens est aussi noté.
L'examen clinique général
Le bilan clinique
La jument paraît effectivement être en cours de mise bas. Son état d’embonpoint est correct.
●
Motif de consultation ❚ Retard de poulinage. ❚ Douleurs sourdes sans que le poulain ne soit visible.
Hypothèses diagnostiques ❚ Tumeur de la région pelvienne. ❚ Position anormale de la vessie. ❚ Retard d'expulsion des enveloppes fœtales.
L'examen génito-urinaire
L'EXAMEN DE L’ANIMAL
● La jument a dépassé le terme de trois semaines. ● Elle présente des signes de coliques sourdes depuis le début de l’après-midi. ● Devant l'absence d'amélioration de l'état de la jument, l’éleveur décide de réaliser une palpation rectale. Il sent une masse dans la filière pelvienne (qu’il prend pour des membranes fœtales non rompues). Comme il ne parvient pas à palper les membres du poulain, il préfère appeler son vétérinaire.
Clinique vétérinaire 8, rue Albert-Lebrun 29400 Landivisiau
Objectif pédagogique
L’examen génito-urinaire s’effectue dans un box. La contention se limite à la pose d’un tord-nez. ● La jument présente une mamelle développée et une vulve relâchée. Aucune structure n'est visible au niveau de la vulve. ● Après un nettoyage antiseptique de la vulve à l’aide de Vétédine®, ainsi qu’une lubrification, une palpation de l’appareil génital est réalisée : une masse pédiculée de la taille d’un ballon de football est mise en évidence dans la filière pelvienne. Derrière cette masse, on peut palper les membres antérieurs du poulain, avec toutefois l’absence de la tête entre ceux-ci. La position du poulain chez cette jument semble donc anormale, malgré une présentation antérieure (figure 1).
L’ANAMNÈSE
Marie-Noëlle Lemouland Jean Abgrall
●
Essentiel ❚ Lors de renversement de la vessie chez une jument à terme, remettre la vessie en place avant de procéder au poulinage. ❚ Avertir le propriétaire des risques de récidive et du mauvais pronostic vital pour la jument.
CHEVAL
L'examen clinique permet de conclure à un poulinage dystocique, avec présence d’une masse pédiculée anormale dans la
●
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MARS / AVRIL / MAI 2006 - 383
revue internationale les articles parus ce dernier trimestre classés par thème
rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré1 et Louis-Marie Desmaizières2 1 Département hippique E.N.V.L., 1, avenue Bourgelat BP 83, 69280 Marcy-l’Étoile 2 Clinique
vétérinaire de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur-Garonne
ANESTHÉSIE ● Durongphongtorn S, McDonell WN, Kerr CL, Teixeira Neto FJ, Mirakhur KK. Comparison of hemodynamic, clinicopathologic, and gastrointestinal motility effects and recovery characteristics of anesthesia with isoflurane and halothane in horses undergoing arthroscopic surgery. AJVR 2006;67(1):32-42. ● Feary DJ, Mama KR, Thomasy SM, Wagner AE, Enns RM. Influence of gastrointestinal tract disease on pharmacokinetics of lidocaine after intravenous infusion in anesthetized horses. AJVR 2006;67(2):317-22. ● Haga HA, Lykkjen S, Revold T, Ranheim B. Effect of intratesticular injection of lidocaine on cardiovascular responses to castration in isoflurane-anesthetized stallions. AJVR 2006;67(3):403-8. ● Natalini CC, Linardi RL. Analgesic effects of epidural administration of hydromorphone in horses. AJVR 2006;67(1):11-5. ● Robertson S. The importance of assessing pain in horses and donkeys. Equine Vet J 2006;38(1):5-6.
NEUROLOGIE ● Divers TJ, Cummings JE, de Lahunta A, Hintz HF, Mohammed HO. Evaluation of the risk of motor neuron disease in horses fed a diet low in vitamin E and high in copper and iron. AJVR 2006;67(1):120-6. ● Janicek JC, Kramer J, Coates JR, Lattimer JC, LaCarrubba AM, Messer NT. Intracranial abscess caused by Rhodococcus equi infection in a foal. JAVMA 2006;228(2):251-3.
LOCOMOTEUR Blunden A, Dyson S, Murray R, Schramme M. Histopathology in horses with chronic palmar foot pain and age-matched controls. Part 1: Navicular bone and related structures. Equine Vet J 2006;38(1):15-22. ● Blunden A, Dyson S, Murray R, Schramme M. Histopathology in horses with chronic palmar foot pain and age-matched controls. Part 2: The deep digital flexor tendon. Equine Vet J 2006;38(1):23-7. ● Bolam CJ, Hurtig MB, Cruz A, McEwen BJE. Characterization of experimentally induced post-traumatic osteoarthritis in the ●
medial femorotibial joint of horses. AJVR 2006;67(3):433-47. ● Bonin SJ, Clayton HM, Lanovaz JL, Johnson TJ. Kinematics of the equine temporomandibular joint. AJVR 2006;67(3):423-8. ● Haussler KK, Erb HN. Pressure algometry for the detection of induced back pain in horses: a preliminary study. Equine Vet J 2006;38(1):76-81. ● Haussler KK, Erb HN. Mechanical nociceptive thresholds in the axial skeleton of horses. Equine Vet J 2006;38(1):70-5. ● Holm KR, Wennerstrand J, Lagerquist U, Eksell R, Johnston C. Effect of local analgesia on movement of the equine back. Equine Vet J. 2006;38(1):65-9. ● Lin YL, Moolenaar H, van Weeren PR, Chris H. van de Lest CHA. Effect of microcurrent electrical tissue stimulation on equine tenocytes in culture. AJVR 2006; 67(2):271-6. ● Murray RC, Schramme MC, Dyson SJ, Branch MV, Blunden TS. Magnetic resonance imaging characteristics of the foot in horses with palmar foot pain and control horses. Vet Radiol 2006;47(1):1-16. ● Murray RC, Blunden TS, Schramme MC, Dyson SJ. How does magnetic resonance imaging represent histologic findings in the equine digit? Vet Radiol 2006;47(1):17-31. ● Oke S, Aghazadeh-Habashi A, Weese JS, Jamall F. Evaluation of glucosamine levels in commercial equine oral supplements for joints. Equine Vet J 2006;38(1):93-5. ● Rijkenhuizen AB. Navicular disease: a review of what's new. Equine Vet J 2006;38(1): 82-8. ● Scheamme M, Dyson S, Murray R. Le syndrome podotrochléaire, tissu mou ou osseux ? Du diagnostic au traitement. Proceeding du premier forum francophone de l’ECVS : Chirurgie equine - Chirurgie des animaux de compagnie 2005.
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AJVR 2006;67(2):296-301. ● Davis JL, Salmon JH, Papich MG. Pharmacokinetics and tissue distribution of doxycycline after oral administration of single and multiple doses in horses. AJVR 2006;67(2): 310-6. ● Reed SK, Messer NT, Tessman RK, Keegan KG. Effects of phenylbutazone alone or in combination with flunixin meglumine on blood protein concentrations in horses. AJVR 2006;67(3):398-402.
RESPIRATOIRE Barakzai S, Tremaine H, Dixon P. Use of scintigraphy for Diagnosis of Equine Paranasal Sinus Disorders. Vet Surg 2006;35(1):94-102. ● Lavoie JP, Pasloske K, Joubert P et al. Lack of clinical efficacy of a phosphodiesterase-4 inhibitor for treatment of heaves in horses. JVIM 2006;60(1):167-74. ● Polikepahad S, Paulsen DB, Moore RM, Costa LRR, Venugopal CS. Immunohistochemical determination of the expression of endothelin receptors in bronchial smooth muscle and epithelium of healthy horses and horses affected by summer pastureassociated obstructive pulmonary disease. AJVR 2006;67(2):348-57. ●
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REVUE INTERNATIONALE
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MARS / AVRIL / MAI 2006 - 387
revue internationale - un panorama des meilleurs articles d’équine tional injuries of the suspensory ligament branches in 18 horses. Equine Vet J 2006; 38(1):10-4. ● Rossignol F, Perrin R, Desbrosse F, Elie C. In Vitro comparison of two techniques for suture prosthesis placement in the muscular process of the equine arytenoid cartilage. Vet Surg 2006;35(1):49-54. ● Swor TM, Watkins JR, Bahr A, Epstein KL, Honnas CM. Results of plate fixation of type 5 olecranon fractures in 20 horses. Equine Vet J 2006;38(1):30-4. ● Voermans M, Rijkenhuizen AB, van der Velden MA. The complex blood supply to the equine testis as a cause of failure in laparoscopic castration. Equine Vet J 2006;38(1):35-9. ● Weese JS, Rousseau J, Willey BM et al. Methicillin-resistant Staphylococcus aureus in horses at a veterinary teaching hospital: Frequency, characterization, and association with clinical disease. JVIM 2006;60(1):175-81.
CARDIO-VASCULAIRE De Clercq D, Baert K, Croubels S et al. Evaluation of the pharmacokinetics and bio-
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Médecine sportive et locomotion 9e congrès de médecine et de chirurgie équine Genève (Suisse) du 13 au 15 décembre 2005
Locomoteur
Objectif de l’étude ❚ Connaître les différentes possibilités de ferrures orthopédiques et correctives en fonction des défauts d’aplomb.
availability of intravenously and orally administered amiodarone in horses. AJVR 2006; 67(3):448-54. ● Ohmura H, Hiraga A, Aida H, et al. Changes in heart rate and heart rate variability in Thoroughbreds during prolonged road transportation. AJVR 2006;67(3):455-62. ● Risberg AI, McGuirk SM. Successful Conversion of equine atrial fibrillation using oral flecainide. JVIM 2006;60(1):204-6. ● Young L, Van Loon G. Atrial fibrilation in horses: new treatments choice for the new millenary.
DIGESTIF Abutarbush SM. Use of ultrasonography to diagnose large colon volvulus in horses. JAVMA 2006;228(3):409-13. ● Gardner RB, Hart KA, Stokol T, Divers TJ, Flaminio MJBF. Fell Pony syndrome in a Pony in north America. JVIM 2006;60(1):194-8. ● Groover ES, Woolums AR, Cole DJ, LeRoy BE. Risk factors associated with renal insufficiency in horses with primary gastrointestinal disease: 26 cases (2000-2003). JAVMA ●
Denoix J-M, Chateau H
Synthèse par Christophe Hugnet
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 324 - MARS / AVRIL / MAI 2006
Vanderwall DK, Hyde KJ, Woods GL. Effect of repeated transvaginal ultrasoundguided follicle aspiration on fertility in mares. JAVMA 2006;228(2):248-50.
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FERRURES ORTHOPÉDIQUES DES DÉFECTUOSITÉS D’APLOMB, des lésions ostéo-articulaires et tendineuses Après un rappel des éléments biomécaniques et des processus cicatriciels des tendons lésés, J.M. Denoix envisage les différentes possibilités de ferrures orthopédiques et correctives selon les défectuosités d’aplomb, et les lésions ostéo-articulaires et tendineuses rencontrées. Lors de varus Concernant les anomalies d’aplomb de type varus, il serait préférable de gérer les anomalies concernant le boulet en utilisant une prothèse asymétrique couvrante en face externe.
Lors de lésion tendineuse, le programme de corrections orthopédiques doit tenir compte de deux objectifs se succédant : - tout d’abord, réduire les tensions du tendon récemment lésé, ce qui favorise la cicatrisation ; - ensuite induire une élongation progressive du tendon, durant le processus de cicatrisation, évitant ainsi une rétraction tendineuse, cause de fragilité ultérieure du tendon. Lors de lésion du tendon fléchisseur profond et du ligament accessoire
REVUE INTERNATIONALE
REPRODUCTION
une sélection de conférences
Lors de lésion tendineuse
U.P. d’Anatomie E.N.V.A. Maisons-Alfort
2006;228(4):572-7. ● McGorum BC, Mayhew IG, Amory H et al. Horses on pasture may be affected by equine motor neuron disease. Equine Vet J 2006;38(1):47-51. ● Malone E, Ensink J, Turner T et al. Intravenous Continuous infusion of lidocaine for treatment of equine ileus. Vet Surg 2006; 35(1):60-7. ● Schnabel LV, Njaa BL, Gold JR, Meseck EK. Primary alimentary lymphoma with metastasis to the liver causing encephalopathy in a Horse. JVIM 2006;60(1):198-203. ● Taintor J, Sartin EA, Waldridge BM, Schumacher J. Acute pancreatitis in a 3-day-old foal. JVIM 2006;60(1):207-10. ● Werners AH, Bull S, Fink-Gremmels J. Endotoxaemia: a review with implications for the horse. Equine Vet J 2005;37(4):371-83.
- Les lésions (proximo-latérales le plus souvent)
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du tendon fléchisseur profond et du ligament accessoire nécessitent, dans un premier temps, un parage associé à une ferrure destinée à favoriser le soulagement antérieur (ajusture à la française) : un egg-bar shoe ou un fer Napoléon (en augmentant la couverture sous les talons) avec des biseaux en partie antérieure. - Après deux cycles de ferrures (environ 3 mois) et un contrôle échographique du tendon, les périodes de rééducation fonctionnelle (pendant 3 à 6 mois) nécessitent la pose de ferrure favorisant le “rolling”. Lors de lésion du tendon fléchisseur superficiel Lors de lésion d’un tendon fléchisseur superficiel, la ferrure cherche à augmenter la couverture en pince et à diminuer la couverture des branches par des biseaux externes et des éponges. Lors de lésions asymétriques Lors de lésions asymétriques, les principes généraux à retenir sont d’augmenter l’appui du côté de la lésion, par un oignon ipsilatéral à la lésion et en biseautant en controlatéral. ❒
synthèse
Emmanuelle Moreau Clinique équine E.N.V.L 1, avenue Bourgelat 69280 Marcy l’Étoile
endotoxémies : une revue des conséquences chez le cheval En complément de l’article “Comment reconnaître l’endotoxémie et l’entérotoxémie : deux entités à ne pas confondre chez le cheval” de V. Ammann et coll. dans ce numéro, nous rapportons les informations essentielles d’un article récemment paru.
Synthèse d’après l’article de : Werners AH, Bull S, Fink-Gremmels J. Endotoxaemia: a review with implications for the horse. Equine Vet J 2005;37(4):371-83.
REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine 394 - MARS / AVRIL / MAI 2006
C
et article sur les endotoxémies et leurs conséquences chez le cheval décrit la pathogénie de l’endotoxémie, le rôle des lipopolysaccharides et les stratégies thérapeutiques qui peuvent être envisagées pour prévenir l’endotoxémie. ● L’endotoxine ou lipopolysaccharide est libérée de la paroi des bactéries Gram négatives lors de leur profération rapide ou lors de leur lyse massive. Elle est constituée de différentes parties : l’antigène O, un corps oligosaccharide et le lipide A interagissant avec les cellules cibles. ● L’organisme possède des mécanismes limitant le mouvement des endotoxines vers la circulation sanguine. Les cellules épithéliales et muqueuses du tube digestif constituent une première barrière, au passage des endotoxines de la lumière intestinale vers la circulation sanguine. ● Lorsque la vascularisation du tube digestif est compromise, cette barrière physiologique devient perméable et les endotoxines rejoignent alors la circulation systémique ; elles initient alors la cascade de l’inflammation. - Le lipopolysaccharide (L.P.S.) est reconnu par le système immunitaire et se lie au L.P.S.binding proteine (L.B.P.) et forme le complexe L.P.S.-L.B.P. Ce complexe est transporté jusqu’à un récepteur cellulaire : le C.D. 14 ; ils forment ainsi le complexe L.P.S.-C.D.14 qui traverse la membrane cellulaire jusqu’au récepteur T.L.R.4. - Le récepteur T.L.R.4. s’associe au facteur M.D.2 et transmet un signal qui active les
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cascades responsables de la transcription de l’ADN et qui résulte en la production des enzymes et des médiateurs de l’inflammation. - Une diminution de la quantité de L.P.S. binding proteine résulte en une diminution de la sensibilité aux L.P.S. Le C.D.14 lié au L.P.S. permet l’activation des macrophages à des taux de L.P.S. de 100 à 1000 fois inférieurs à ceux nécessaire à l’activation si la L.P.S. est seule. ● La L.P.S. binding proteine et le C.D.14 jouent donc un rôle essentiel dans la cascade d’activation de l’endotoxémie. - Les cellules du système immunitaire reconnaissent les produits bactériens grâce à une famille de protéines appelées Tool like receptor (T.L.R.) ; ces récepteurs sont caractérisés par un domaine extracellulaire contenant des répétitions de leucine qui forment une structure concave impliquée dans la reconnaissance de différents pathogènes. Ce récepteur T.L.R. est la molécule servant à la transduction du signal L.P.S. - Le facteur M.D.2 présent en surface de la cellule, reçoit le L.P.S. par l’intermédiaire du lipide A en association au TLR. Le complexe T.L.R.-M.D.2 interagit avec une protéine appelée T.I.R. et aboutit à l’activation des cascades de l’inflammation. Si les macrophages sont dépourvus de ce complexe, l’activation se fait avec une moindre intensité. ● Les cytokines sont des médiateurs impliqués dans la défense de l’organisme contre les micro-organismes, elles agissent sur des récepteurs spécifiques des cellules cibles qui produisent alors différentes variétés de protéines. ● Les cytokines pro-inflammatoires montrent des actions protectrices pour l’oragnisme, lorsque ces fonctions de protection sont exacerbées, elles peuvent porter atteinte à l’intégrité de l’organisme et mener au choc septique, à l’insuffisance de nombreux organes et à la mort. Des variations individuelles et spécifiques existent dans la sévérité des réponses aux endotoxines. ● La modulation de la réponse immune constitue un des buts principaux de la
test clinique les réponses
fracture sagittale de l’os carpal III
1 Quel est le diagnostic différentiel ? ● Compte tenu de l’examen clinique, l’origine de la boiterie semble se situer au niveau du carpe antérieur droit. Des lésions osseuses peuvent être recherchées, notamment une fracture d’un os du carpe ou d’un os métacarpien, une lésion d’ostéochondrose, d’arthropathie dégénérative du carpe, ou un ostéome du radius distal. ● Plusieurs structures tendineuses ou ligamentaires peuvent également être concernées et l’on peut rechercher une entorse d’un ligament collatéral du carpe, une tendinite du tendon fléchisseur superficiel ou profond dans le canal carpien, ou éventuellement une desmite de l’origine du ligament suspenseur du boulet, avec ou sans fracture d’avulsion de l’os métacarpien III. ● Les radiographies, réalisées en incidences latéro-médiale, dorso-palmaire, obliques dorso-médiale palmaro-latérale et dorsolatérale palmaro-médiale, et latéro-médiale du carpe fléchi, semblent a priori exclure une lésion osseuse. 2 Quels examens complémentaires proposez-vous ? ● Afin d’exclure toute lésion osseuse, il semble impératif sur les chevaux de course de réaliser les vues tangentielles du carpe (photos 6, 7). En effet, un grand nombre de fractures, dont la fréquence reste relativement importante, ne sont bien visibles que sur ces incidences. Par conséquent, l’examen d’un carpe reste incomplet tant qu’elles n’ont pas été réalisées. ● Dans un 2nd temps, un examen échographique des articulations radio-carpienne, inter-carpienne et carpo-métacarpienne, ainsi que du canal carpien peut permettre de préciser le diagnostic. ● L’examen radiographique révèle finalement une fracture sagittale de l’os carpal III de l’antérieur droit. Ces fractures nécessitent toutes une incidence tangentielle pour être objectivées [1]. Le caractère bilatéral du défaut d’amplitude constaté à l’examen clinique motive un examen radiographique du carpe antérieur gauche qui met en évidence la même lésion. ● La douleur thoracique est explorée à l’aide d’un cliché radiographique de profil des apophyses épineuses thoraciques. Cet examen révèle la présence d’un conflit statique entre les vertèbres T14 et T15, qui peut expliquer la sensibilité dans cette zone lors de l’examen clinique.
3 Quel traitement peut être envisagé et avec quel pronostic ? ● Ces fractures sont fréquentes chez les pursang et dans une moindre mesure chez les trotteurs, bien qu’elles le soient bien moins que les fractures frontales. Une étude portant sur 313 chevaux a pu établir que sur 371 fractures de l’os carpal III, 33 étaient sagittales, 128 frontales [5]. ● Elles concernent habituellement la face radiale de l’os carpal III (87 p. cent) et sa partie médiale, qui semble subir la plus grande partie de la charge lors de l’exercice. Leur direction est celle de l’articulation entre les os II et III du carpe. ● Bien souvent les chevaux expriment une irrégularité chronique avant de déclencher une boiterie aiguë. ● Un traitement chirurgical est conseillé pour ces fractures, par arthroscopie ou par arthrotomie : réduction à l’aide d’une vis. Une période de repos de 5 à 6 mois est ensuite observée, avec un bon pronostic. ● Un traitement conservateur est également possible, mais il s’avère long et peut se conclure par la formation d’une non-union. Par ailleurs, l’instabilité qui s’installe alors tend à accélérer l’apparition de lésions dégénératives du carpe. Les chevaux peuvent cependant continuer leur carrière de course, mais montrent en général une baisse des performances et parfois, une boiterie lorsqu’ils sont à grande vitesse. ● Une étude a établi que 58 p. cent des chevaux traités avec un traitement conservateur ont pu courir ensuite [1], mais le pronostic semble rester meilleur après un traitement chirurgical [2]. ● Une autre étude rapporte en effet que 44 p. cent des chevaux ayant subi un traitement conservateur ont pu courir à nouveau, contre 94 p. cent pour ceux traités chirurgicalement [2]. Elle a également démontré que 69 p. cent des chevaux ont pu “recourir”, quel que soit le type de traitement. CONCLUSION Sur les chevaux de course, les incidences tangentielles du carpe sont à réaliser impérativement. ● Les fractures sagittales de l’os carpal III sont d’un bon pronostic si elles sont traitées chirurgicalement et rapidement, afin d’éviter la formation d’arthrose. ❒ ●
Nicolas Serraud Clinique équine de la Brousse Route de Launac 31330 Grenade-sur -Garonne
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Vue tangentielle du carpe droit : on peut noter la présence d’un trait radio-transparent sagittal en partie médiale des os carpaux III.
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Vue tangentielle du carpe gauche : les même lésions que sur la photo 6 sont observées.
Références 1. Fischer AT, Stover SM, Sagittal fractures of the third carpal bone in horses : 12 cases (1977-1985). J Am Vet Med Assoc, 1987;191:106. 2. Kraus BM, Ross MW, Boston RC. Surgical and nonsurgical management of sagittal slab fractures of the third carpal bone in racehorses: 32 cases (1991-2001). J Am Vet Med Assoc 2005;226(6):945-50. 3. McIlwraith CW. Fractures of the carpus. In: Nixon, Equine fracture repair, Philadelphia, WB Saunders 1996. 4. Ross MW, Carpus. In: Ross MW, Dyson SJ. Diagnosis and management of lameness in the horse. WB Saunders, St Louis, 2003:1140. 5. Schneider RK, Bramlage LR, Gabel AA, Barone LM, Kantrowitz BM. Incidence, location and classification of 371 third carpal bone fractures in 313 horses. Equine Vet J Suppl 1988;(6):3342.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine MARS / AVRIL / MAI 2006 - 397