Le Nouveau Praticien Élevages et santé 25

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°25 - DÉCEMBRE 2013

DOSSIERS : LA TUBERCULOSE BOVINE - L’ANTIBIORÉSISTANCE CHEZ LE PORC

Couv ELSA 25

Volume 6

N°25 DÉCEMBRE 2013 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

Actualités en perspective - Diversité des situations en tuberculose bovine et difficultés associées en Europe - Questions et réponses La tuberculose bovine présente-t-elle aujourd’hui un nouveau visage ?

Ruminants

DOSSIERS : LA TUBERCULOSE BOVINE L’antibiorésistance des bactéries isolées chez le porc

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Étude de cas - Un foyer de Visna-maëdi sur un troupeau d’ovins allaitants - Test clinique - Une mort subite, de la peau qui crépite … sur un veau croisé limousin - Synthèse - Correction de l’acidose métabolique des veaux atteints de diarrhée - Revue de presse internationale : notre sélection en Thérapeutique, Reproduction, Parasitologie - Tests de formation continue

- L'évolution épidémiologique de la tuberculose bovine en France, depuis 2000 - Les tests de dépistage de la tuberculose bovine chez l’animal vivant - Technique Comment réaliser une intradermotuberculination - Faune sauvage et tuberculose bovine : évolution dans quelques pays - Sylvatub : Un dispositif de surveillance de la tuberculose bovine dans la faune sauvage en France

Porcs - L’antibiorésistance des bactéries isolées chez le porc

Comprendre et agir - Enjeux économiques Produire du lait en 2025, cinq scénarios prospectifs pour la Bretagne - Diagnostic Les interprétations du dosage de pepsinogène sérique dans l’évaluation de l’infestation des bovins par Ostertagia ostertagi


Traitement de tarissement préventif et curatif

ARMÉE

CONTRE LES MAMMITES

SEAU DE 60 INJECTEURS

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Le CLOXAGEL HL 500 possède une composition inedite de deux antibiotiques bactéricides sous forme micronisée : Cloxacilline et Néomycine, ainsi qu’un excipient « Gel ».

Le CLOXAGEL HL 500 est actif sur la quasi-totalité des germes responsables de mammites, notamment Staphylococcus aureus (dont ceux producteurs de ß lactamases), Streptococcus uberis et Escherichia coli.

Proposé en boîte de 12 injecteurs ou en seau de 60 injecteurs, le CLOXAGEL HL 500 constitue une alternative de traitement au tarissement efficace, et adapté au besoins du terrain.

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Ce médicament vétérinaire est un antibiotique. Votre prescription est susceptible d’induire des résistances bactériennes. Elle doit être justifiée. CLOXAGEL HL 500. Composition : Cloxacilline sous forme. de benzathine) 500 mg ; Néomycine (sous forme. de sulfate) 340 000 U.I. ; Excipient QSP 1 applicateur de 8 g. Indications : Affections mammaires à germes sensibles à la cloxacilline et à la néomycine. Chez les vaches au tarissement : traitement des mammites sub-cliniques à Staphylococcus aureus, Streptococcus agalactiae, Streptococcus dysgalactiae et Streptococcus uberis et en prévention de nouvelles infections pendant la période sèche. Posologie et Voie d’administration : Voie intramammaire. 500 mg de cloxacilline et 340 000 UI de néomycine, soit le contenu d’une seringue par quartier au tarissement, immédiatement après la dernière traite. Lors de la dernière traite qui précède la période de tarissement, traire complètement les quatre quartiers de la mamelle. Nettoyer et désinfecter les trayons, puis injecter le contenu complet d’un applicateur par quartier. Ne plus traire ensuite. Contre-indications : Ne pas utiliser en cas d’antécédents d’allergie aux pénicillines et/ou aux aminosides. Effets indésirables : Des réactions allergiques immédiates ont été décrites chez certains animaux (agitation, tremblement, oedème de la mamelle, des paupières et des lèvres) pouvant entraîner la mort des animaux. Temps d’attente : Viandes et abats : 30 jours. Lait : zéro jour après la mise bas si celle-ci intervient 6 semaines ou plus après l’administration du médicament. 14 jours après la mise-bas, si celle-ci intervient moins de 6 semaines après l’administration du médicament. Catégorie : Liste I - Usage Vétérinaire. À ne délivrer que sur ordonnance devant être conservée pendant au moins 5 ans. Présentations : Boîte de 12 injecteurs, Seau de 60 injecteurs - AMM N° : FR/V/8118452 3/1992 COOPHAVET - 23 rue du Prieuré - SAINT-HERBLON - 44150 ANCENIS - FRANCE

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3 Sommaire ELSA 25 BAT

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Plus d’informations sur www.neva.fr

sommaire

Volume 6

N°25 DOSSIER

Éditorial François Moutou Test clinique - Une mort subite, de la peau qui crépite … sur un veau croisé limousin

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Valérie Wolgust

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LA TUBERCULOSE BOVINE

ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Chronique - Diversité des situations en tuberculose bovine et difficultés associées en Europe Zénon - Questions et réponses - La tuberculose bovine présente-t-elle aujourd’hui un nouveau visage ? Barbara Dufour, Jean-Jacques Bénet

L’antibiorésistance des bactéries isolées chez le porc

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RUMINANTS Dossier - L'évolution épidémiologique de la tuberculose bovine en France, depuis 2000 Stéphanie Desvaux, Marie-Béatrice Alvado-Brette, Fabrice Chevalier, Pierre Jabert, Alexandre Fediaevsky 11 - Les tests de dépistage de la tuberculose bovine chez l’animal vivant Anne Praud, Maria-Laura Boschiroli, Barbara Dufour, Bruno Garin-Bastuji 15 - Technique - Comment réaliser une intradermotuberculination Stéphanie Philizot, Barbara Dufour 20 - Faune sauvage et tuberculose bovine : évolution dans quelques pays Julie Rivière, Ariane Payne, Jean Hars, Barbara Dufour 25 - Sylvatub : Un dispositif de surveillance de la tuberculose bovine dans la faune sauvage en France Édouard Réveillaud 33

PORCS - L’antibiorésistance des bactéries isolées chez le porc Isabelle Kempf, Eric Jouy, Sophie A. Granier, Mireille Bruneau

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COMPRENDRE ET AGIR - Enjeux économiques - Produire du lait en 2025, cinq scénarios prospectifs pour la Bretagne Rémi Espinasse - Diagnostic - Les interprétations du dosage de pepsinogène sérique dans l’évaluation de l’infestation des bovins par Ostertagia ostertagi Nadine Ravinet, Rémy Vermeysse, Eric Le Dréan, Alain Chauvin

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revue de formation à comité de lecture indexée dans les bases de données :

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FMCvét - formation médicale continue vétérinaire - Étude de cas - Un foyer de Visna-maëdi sur un troupeau d’ovins allaitants Frédéric Bordes - Synthèse - Correction de l’acidose métabolique des veaux atteints de diarrhée : un nouvel arbre décisionnel thérapeutique Nicolas Herman

• Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin

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(CAB International)

• CAB Abstracts Database

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC

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- Revue de presse internationale Synthèses rédigéees par Laura Fernandez, Nicolas Herman 69 - Thérapeutique - Traitement de vaches en lactation en hypokaliémie, hypochlorémie et alcalémie expérimentalement induites : efficacité d’une administration orale de chlorure de potassium - Reproduction - Mammites à Staphylococcus aureus : efficacité d’un traitement prolongé au cefquinome - Reproduction - Administration de la gonadotrophine chorionique équine (eCG) le 6è jour postpartum, pour améliorer les performances chez la vache laitière - Thérapeutique / Parasitologie - Prévention de la cryptosporidiose : utilité de l’utilisation du lactate d’halofuginone lors de co-infection à rotavirus et Salmonella typhimurium - Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue - Les réponses

(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

ACTUALITÉS RUMINANTS PORCS COMPRENDRE ET AGIR FMC Vét

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Résultats originaux ou observations originales Souscription d’abonnement en page 7 et sur www.neva.fr

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE vol 6 / n°25 élevages et santé DÉCEMBRE 2013 - 151


NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr

disponible sur www.neva.fr

une mort subite, de la peau qui crépite …

sur un veau croisé Limousin

Conseil scientifique

Xavier Berthelot (E.N.V.T), Didier Calavas (Anses), Marc Gogny (E.N.V.A.),Arlette Laval (Oniris), Marc Savey (Anses), François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (Oniris), Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)

Rédacteurs en chef scientifiques

Sébastien Assié (Oniris) Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.) Didier Raboisson (E.N.V.T.)

Comité de rédaction

Jean-Pierre Alzieu (LVD), Marie-Anne Arcangioli (Pathologie ruminants, VetAgro Sup) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Beaudeau (Gestion de la santé animale, Oniris) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, Oniris) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, Oniris) Alain Chauvin (Parasitologie, Oniris) Alain Douart (Pathologie des ruminants, Oniris) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Millemann (Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Frédéric Rollin (Liège) Florence Roque (Toxicologie, VetAgro Sup) Jean-Louis Roque (praticien) Christophe Roy (praticien) Olivier Salat (praticien) Pascal Sanders (Anses, Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stéphan Zientara (E.N.V.A.) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Glussot Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

Directeur de la publication

Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. UE : 60 € Institutions : 120 € T.T.C. SARL au capital de 7622€

Valérie Wolgust

U

n veau croisé Limousin femelle de 2 mois, au pré avec sa mère, dans un lot d’une dizaine de vaches et avec un taureau, est retrouvé soufflant fort et les cuisses enflées. Rentré en bâtiment, soigné pour un hématome (Flunixine, Etamsylate®) et surveillé pendant la nuit (absence d’hyperthermie relevée par l’éleveur), il est retrouvé mort au matin, du sang dans les naseaux et la peau des cuisses “décollée”. ● Une autopsie est pratiquée au Centre d’application de l’ENVA à la demande du vétérinaire, intriguée par l’enflure sévère de la partie supérieure des membres postérieurs (photo 1) ● L’examen externe montre un léger écoulement rosâtre au niveau des naseaux, ainsi qu’une congestion marquée des muqueuses. L’animal est bien conformé et dans un état d’engraissement satisfaisant. Il n’y a pas de ballonnement de la cavité abdominale. Sur les deux postérieurs, le tissu sous-cutané semble décollé de la masse musculaire. ● Les muscles des cuisses incisés montrent un hématome volumineux sur toute la face externe, et une myosite hémorragique sévère (photos 2a, 2b). ● Aucune lésion macroscopique n’est observée à l’ouverture des cavités abdominale et thoracique. ● Le foie révèle une stéatose physiologique liée à l’allaitement maternel. Les reins présentent des lésions de néphrite glomérulaire

comité de lecture

Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey

Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0513 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232 Impression : IMB -Imprimerie moderne de Bayeux Z.I - 7, rue de la Résistance 14400 Bayeux

Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 152 - DÉCEMBRE 2013

test clinique

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Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Dominique Bergonier, Henri-Jean Boulouis, Alain Bousquet-Melou, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, René Chermette, Eric Collin, Fabien Corbières, Stéphane Daval, Luc Descoteaux

Jean-Claude Desfontis, André Desmecht (Liège), Emmanuel Devaux, Alain Ducos, Barbara Dufour, Pascal Dubreuil (Québec) Gilles Fecteau (Québec) Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji, Norbert Gauthier, Norbert Giraud, Denis Grancher, Jean-Marie Gourreau, Raphaël Guatteo, Jean-Luc Guérin,

E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex

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Tuméfaction des muscles de la cuisse.

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Lésions de myosite sur les membres postérieurs (photos V. Wolgust, Centre Application ENVA).

aiguë, avec la présence de pétéchies sur et dans la corticale (photo 3). L’aspect macroscopique de la rate n’est pas modifié (photo 4). ● La caillette a un contenu hémorragique noirâtre en lien avec la présence de nombreux ulcères en tête d’épingle sur la muqueuse (photo 5).

Quel est votre diagnostic ? Réponses à ce test page 72

Nadia Haddad, Christophe Hugnet, Jean-François Jamet, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Michaël Lallemand, Dominique Legrand, Catherine Magras, Xavier Malher, Jacques Manière, Guy-Pierre Martineau, Hervé Morvan, Jean-Marie Nicol, Xavier Nouvel, Philippe Le Page,

Bertrand Losson (Liège), Renaud Maillard, Florent Perrot, Pierre Philippe, Xavier Pineau, Hervé Pouliquen, Jean-Dominique Puyt, Nadine Ravinet, Nicolas Roch, François Roumegous, Adrian Steiner (Suisse), Edouard Timsit, Étienne Thiry (Liège), Brigitte Siliart, Damien Vitour.


éditorial Depuis la mise en place de la lutte contre la tuberculose bovine, le monde de l’élevage a beaucoup changé. Une nouvelle situation épidémiologique a été décrite où la faune sauvage joue un rôle signifiatif. Dans ce nouveau contexte, quelle prophylaxie faut-il adopter ? Faut-il agir sur les tests ? Faut-il en développer de nouveaux ? Comment appréhender la maladie dans des populations de la faune sauvage ? ...

I

l existe des modes en épidémiologie. C'est le cas avec les Maladies Infectieuses Émergentes, les "MIE" ! Les autres captent ainsi moins d'attention et moins de crédits de recherche : c’est l’une des conséquences un peu perverses de cette réalité. Même en les qualifiant de ré-émergentes, il leur est difficile de concurrencer les "vraies" MIE. La tuberculose bovine en représente une belle illustration. L'origine de Mycbacterium bovis est encore discutée même si c'est un germe associé depuis des millénaires à l'élevage bovin. Les européens l'ont exporté là où ils se sont installés, par exemple aux Amériques, en Afrique australe, ou en Nouvelle-Zélande. L'histoire de la lutte contre cette maladie en France est intéressante : organisation des structures professionnelles comme les Groupements de défense sanitaire du bétail (1954), mise en place d'une prophylaxie rationnelle (1964), évolution en profondeur de l'élevage bovin français au sortir de la deuxième guerre mondiale. Pourtant, si cette prophylaxie a eu autant d'impacts dès le milieu du XXè siècle, elle est restée assez statique depuis cette époque alors que tout a continué à évoluer. La concentration des élevages s'est poursuivie. Le nombre de têtes de bétail n'a pratiquement pas changé alors que le nombre d'éleveurs a considérablement diminué. Les élevages sont devenus de plus en plus grands sans que, dans un premier temps, tous les systèmes de contention ne s'adaptent, en particulier dans les filières allaitantes. Les bons résultats des mesures de dépistage, à la ferme et lors des échanges d'animaux, ont fait chuter de manière spectaculaire la prévalence de la maladie. Comment continuer à supporter les contraintes associées à la prophylaxie si la maladie semble disparue ? Le statut européen de pays "officiellement indemne de tuberculose bovine" obtenu par la France au passage du XXè au XXIè siècle n'en n'est-il pas la preuve ? Les critiques sur les outils de dépistage ont contribué à discréditer peu à peu la démarche. Pourtant, ce sont bien ces mêmes outils qui ont permis d'obtenir le nouveau statut. S'il ne sont plus ou mal utilisés, qui blâmer ? Une règle en épidémiologie rappelle que la valeur prédictive d'un test dépend de la prévalence de la maladie dans la population dépistée. Encore faut-il dépister. Si le paysage agricole a évolué, le paysage non agricole n'est certainement pas resté fixe, lui non plus. Le bocage régresse toujours en France mais les zones boisées augmentent. Des régions intensément exploitées peuvent côtoyer des zones dites naturelles. La gestion cynégétique des ongulés a permis une explosion des tableaux de chasse de trois espèces, Sanglier, Chevreuil et Cerf élaphe. Au début des années 2000, on a pris conscience à peu près en même temps d'un relâchement dans la pratique de la prophylaxie, de l'augmentation locale de foyers de tuberculose dans des élevages bovins et de l'apparition de cas dans quelques populations de la faune sauvage (cerfs, sangliers, blaireaux). Quelle prophylaxie adapter dans le contexte de l'élevage bovin contemporain ? Faut-il agir sur les tests ? Faut-il en développer de nouveaux ? Comment appréhender la maladie dans des populations de la faune sauvage ? Peut-on reproduire les schémas appliqués en élevage ou faut-il en trouver de nouveaux ? Comment combiner le tout ? Les questions sont simples mais les réponses complexes. Aussi, les articles de ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé apportent des éléments d’information bienvenus qui permettent une mise en perspective des actuels éléments de réponse. our faire face efficacement à la situation actuelle, il faut probablement commencer par accepter les questions nouvelles, c'est-à-dire admettre une certaine remise en cause globale, ce qui n'est jamais simple, surtout quand elle remet concrètement en question des acquis apparents ou réels. ❒

François Moutou 42 rue de l’Est 92100 Boulogne Billancourt

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❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé DÉCEMBRE 2013 - 153


actualités en perspective la tuberculose bovine une résurgence européenne

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epuis quelques années, la tuberculose bovine inquiète beaucoup en France. Sa résurgence focalisée dans quatre régions françaises (Côte d’Or, Dordogne, Camargue et région sud Landes - nord des Pyrénées Atlantiques) a obligé tous les intervenants à revisiter une thématique que l’on pouvait croire rangée dans la grande catégorie des problèmes définitivement résolus, tout juste bons à mobiliser l’attention d’étudiants tentant de décrypter les distinctions subtiles entre prévalence et incidence annuelles, ou de comprendre les fondements de l’utilisation des différentes tuberculines dans le dépistage d’une maladie qui n’était, le plus souvent, plus qu’une infection confondue avec celle d’autres mycobactéries plus ou moins apparentées. ● La France est-elle une exception en Europe continentale ? Ne sommes-nous pas en train de connaitre un épisode classique de”queue d’éradication”, où les derniers foyers d’une maladie transmissible semblent résister à l’emploi d’outils qui ne sont plus adaptés à la nouvelle situation épidémiologique ? Les limites en termes de spécificité et de sensibilité des méthodes de dépistage disponibles ne créent-elles pas une perception déformée de la situation réelle ? Toutes ces questions se sont posées, et de nombreux éléments de réponse sont maintenant disponibles dans ce numéro, au dossier spécial dédié à la tuberculose bovine, maladie qui a vraiment ré-émergé dans notre pays sans pour autant cesser d’être maîtrisée au plan national. ● Il reste donc la question de sa présence dans d’autres États de l’Europe, à l’exception du Royaume-Uni* où la tuberculose sévit sur un mode enzootique depuis plus de 10 ans.

NOTES * cf. Chronique - “Faune sauvage et tuberculose bovine : un débat fracassant au Royaume-Uni” Le NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire élevages et santé 2008,9;272-273. ** cf. “En Grande-Bretagne, la victoire des blaireaux” de Eric Albert (Londres, correspondance) Le Monde du 6-7 avril 2014.

ACTUALITÉS

LES RAISONS D’UNE RÉSURGENCE HISTORIQUE AU ROYAUME-UNI ● C’est dès le début des années 2000, notamment après l’épizootie de fièvre aphteuse de février-septembre 2001, que l’alerte y a été donnée, compte tenu des résultats des contrôles pratiqués après une interruption de plus d’une année. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 154 - DÉCEMBRE 2013

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Le nombre de cas et leur extension géographique progressent dans ce pays jusqu’au début des années 2010, pour finalement se stabiliser sans vraiment régresser. ● Une nouvelle dynamique épidémiologique y est en effet à l’œuvre, caractérisée par l’apparition d’un nouvel acteur, le blaireau, à la fois réservoir et hôte-messager, vivant à la limite de la faune sauvage et de la faune domestique*. Ce nouveau venu a ainsi eu l’honneur d’un billet d’humeur dans un grand quotidien du soir** qui nous avait habitué à des analyses plus fines au temps de la “vache folle”. Sans que le rôle du blaireau puisse être nié, les autres responsables de ce qu’il faut bien appeler un fiasco sont pourtant bien connus. Ce sont, entre autres, la politique d’abattage (trop souvent partiel avec des conséquences qu’on devine aisément), les difficultés de contrôle des échanges des bovins vivants (non identifiés individuellement), dont l’importance, beaucoup plus grande qu’en France, avait été révélée pendant la crise fièvre aphteuse. On peut dès lors mesurer la difficulté à caractériser et à assumer des insuffisances structurelles qui ne doivent rien au hasard, ni à un mystérieux génie épidémiologique … ● De nombreuses hypothèses ont donc fleuri pour expliquer la situation au RoyaumeUni. - L’une d’entre elles postulait une évolution de Mycobacterium bovis dont certains génotypes auraient pu devenir moins détectables que d’autres par intra-dermotuberculination (IDT). Cette hypothèse a été testée et réfutée en Irlande du Nord par une étude rétrospective sur la période 2003 à 2010, combinant les résultats issus des génotypages des souches de M. bovis avec ceux des IDT [2]. Les auteurs indiquent que ces résultats ne sont pas en faveur d’une modification du protocole de détection, mais aussi qu’ils n’excluent pas une augmentation de la fréquence de certains génotypes et/ou de leur virulence. - Une autre étude conduite en GrandeBretagne souligne qu’il existe de très gran●


questions et réponses sur… la tuberculose bovine

Barbara Dufour 1 Jean-Jacques Bénet

La tuberculose bovine présente-t-elle aujourd’hui un nouveau visage ?

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1Unité

maladies contagieuses Laboratoire EpiMAI 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex

Nombreuses sont les questions qui se posent sur le terrain face à la recrudescence de la tuberculose bovine. Voici les plus fréquentes, et les réponses qui peuvent être apportées, à la lumière des informations actuelles, permettant de cerner les évolutions.

Objectif pédagogique ❚ Obtenir des réponses claires à des questions pratiques sur la tuberculose bovine.

1 Comment expliquer que de nombreux animaux, présentant une réaction positive aux tests de dépistage en élevage (IDT), Essentiel ne présentent pas de lésion lors d’un abattage diagnostique ? ❚ L’amélioration globale ➜ Ce phénomène n’est pas nouveau, car il du dépistage repose a été clairement identifié en France, dès le sur une combinaison de tests réalisés en parallèle, milieu des années soixante-dix. ● Plusieurs explications peuvent être avanpour améliorer la sensibilité cées pour expliquer les apparentes diverde la détection; notamment gences entre les réactions positives au dans les élevages infectés dépistage, et l’absence de lésions à l’abatou en série (l’un après l’autre), toir. pour améliorer la spécificité ● Il existe au moins deux possibilités, si l’on du dépistage dans exclut les nombreuses réactions non spécides élevages a priori indemnes. fiques créées par une infection par des bactéries (mycobactéries non réglementées ou autres bactéries), qui présentent des communautés antigéniques avec M. bovis, et qui À l’avenir ... sont en partie (mais pas totalement) discri❚ L’amélioration du dépistage minées par l’utilisation de l’IDC versus l’IDS. de la tuberculose bovine 1. La première est que l’infection par en élevage ne reposera M. bovis est récente, et que l’animal n’a pas probablement pas, encore développé de lésions détectables au cours des années par les méthodes habituelles d’inspection. à venir, sur un nouveau test Il s’agit donc bien d’un animal potentiellerévolutionnaire. ment dangereux sur le plan épidémiologique, car il souffre d’une tuberculose évolutive. Même si la bactérie est présente, les prélèvements réalisés sur ces animaux ne ❚ Crédit Formation Continue : permettent pas toujours de la mettre en évi0,05 CFC par article dence, en raison du risque de ne pas effectuer les recherches sur des zones ganglionnaires infectées. ACTUALITÉS 2. La deuxième possibilité est que l’animal a réussi à stabiliser son infection grâce à son système immunitaire (tuberculose stabiLE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 156 - DÉCEMBRE 2013-

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Des animaux sans lésion visible sont capables d’excréter, par voie respiratoire notamment (Photo S. Assié).

lisée), mais reste cependant “sensibilisé” à la mycobactérie, donc réagit aux tests. Il s’agit, dans ce cas, d’un animal qui n’est, au moment du dépistage, pas dangereux, mais sauf s’il s’avère réellement guéri, il est peut être en stabilisation transitoire. A à la faveur de stress divers, il pourrait redevenir dangereux (au stade de la tuberculose évolutive) et se mettre à excréter le bacille. ● Les tests actuels ne permettent pas de distinguer ces différents cas de figure. Leur proportion dépend très probablement, et au moins en partie, du contexte épidémiologique local. 2 Les animaux infectés ne présentant pas de lésions peuvent-ils néanmoins être excréteurs ? ➜ S’il est établi que les animaux présentant des lésions sont excréteurs de manière d’autant plus efficace que ces lésions sont importantes et ouvertes, il a également été montré [3] que des animaux sans lésion visible (ce qui ne signifie pas qu’ils n’ont pas de lésion microscopique) sont capables d’excréter, par voie respiratoire notamment (photo 1). ● Maintenant que les mécanismes habituels de propagation sont mieux maîtrisés et que la tuberculose est devenue relativement rare, cette excrétion joue très probablement un rôle important dans l’épidémiologie de la tuberculose. On peut s’en rendre compte grâce au dépistage plus précoce de l’infection réalisé dans le cadre des enquêtes épidémiologiques effectuées lors de la découverte d’un foyer de tuberculose : le nombre d’animaux présentant des lésions est faible


l'évolution épidémiologique de la tuberculose bovine

Stéphanie Desvaux Marie-Béatrice Alvado-Brette Fabrice Chevalier Pierre Jabert Alexandre Fediaevsky

en France, depuis 2000

L’évolution récente de la tuberculose bovine depuis les années 2000, dans certaines régions posent de nouvelles questions et mobilise largement l’ensemble des acteurs de la surveillance et de la lutte contre les maladies animales aux niveaux départemental, régional, et national.

L

a tuberculose bovine revient sur le devant de la scène dans plusieurs régions de France, notamment en Côte d’Or, en Dordogne, en Camargue et dans la région sud Landes - nord des Pyrénées Atlantiques. Alors que les acteurs de terrain pensaient cette maladie définitivement vaincue, la réapparition, voire la persistance de foyers, interrogent. Cet article retrace l’évolution de la maladie depuis le début des années 2000, en tentant d’expliquer la situation actuelle et en questionnant le rôle de la faune sauvage. L’ÉRADICATION À PORTÉE DE MAIN AU DÉBUT DES ANNÉES 2000

A la fin des années 90, la tuberculose est perçue par beaucoup comme une maladie du passé. En 2001, l’Anses* (alors Afssa) indiquait dans un avis “que la lutte contre la tuberculose animale a conduit à une situation épidémiologique proche de l’éradication” [1]. ● Ainsi, les allègements des rythmes de prophylaxie, tels que prévus par la directive européenne, ont été appliqués sans réserve à partir du début des années 2000. ●

Vers la suppression des prophylaxies annuelles dans certains départements ● Dans certains départements, les allègements sont allés jusqu’à la suppression totale des prophylaxies annuelles par intradermotuberculination, faisant alors reposer l’essentiel du dispositif de surveillance sur la surveillance en abattoir, et encore pour quelques années, sur les contrôles systématiques lors de mouvements.

DGAL, réseau de coordinateurs tuberculose et bureau de la santé animale 251 rue de Vaugirard, 75732 Paris Cedex 15

La systématisation de l’abattage total des cheptels infectés ● C’est dans ce contexte, en 1999, qu’a été décidée la systématisation de l’abattage total des cheptels infectés de tuberculose. ● En effet, de 1980 à 2000, l’abattage partiel était majoritaire en France, et l’abattage total était réservé aux cheptels “très infectés” [2].

Un statut de pays “officiellement indemne” En 2001, la France obtient ainsi de la Commission européenne son statut de pays "officiellement indemne" de tuberculose. Ceci officialise une situation sanitaire très favorable vis-à-vis de cette maladie, tout en n’étant pas l’éradication au sens épidémiologique puisque ce statut autorise la présence de quelques foyers. ● Le statut "officiellement indemne" est en effet conditionné à un taux de prévalence annuelle de cheptels infectés de moins de 0,1 p. cent sur les 6 dernières années. En France, cela signifie un maximum d’environ 200 foyers par an. De plus, plus de 99,9 p. cent des cheptels doivent être officiellement indemnes au 31 décembre, et l’État membre doit respecter la réglementation européenne pour continuer à bénéficier de ce statut, notamment utiliser des tests de dépistage officiels. ● En 2013, la France bénéficie toujours de ce statut officiellement indemne, mais ces dernières années, le nombre de foyers annuels est proche de la limite des 0,1 p. cent. ●

UNE INVERSION DE LA TENDANCE DÈS 2004-2005

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître la situation sanitaire actuelle vis-à-vis de la tuberculose bovine. ❚ Comprendre les principales difficultés rencontrées dans les départements les plus touchés.

Essentiel ❚ Le nombre de foyers de tuberculose bovine augmente dans plusieurs régions de France. ❚ Le dépistage en élevage par tuberculination reste un moyen de détection précoce efficace. ❚ La France bénéficie toujours du statut officiellement indemne, mais le nombre de foyers annuels est proche de la limite des 0,1 p. cent.

● A partir de 2004-2005, une inversion de la tendance du nombre de foyers de tuberculose, jusque là à la baisse, a été observée (figure 1). ● En réaction à cette nouvelle tendance, des actions pour sensibiliser les acteurs de terrain se sont intensifiées dans certains

RUMINANTS

NOTES * - Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail - Afssa : Agence française de sécurité sanitaire des aliments

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 DÉCEMBRE 2013 - 159


les tests de dépistage

de la tuberculose bovine chez l’animal vivant

Les tests de dépistage de la tuberculose bovine utilisés en France chez les animaux vivants sont les intradermotuberculinations. Depuis quelques années, un nouveau test, le dosage de l’interféron gamma, est en cours de standardisation et de validation. Il est actuellement utilisé à titre expérimental en association avec l’intradermotuberculination.

Unité maladies contagieuses Laboratoire EpiMAI 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort cedex

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les modalités de réalisation, les avantages et les limites de l’intradermotuberculination. ❚ Comprendre le contexte d’utilisation expérimentale du test de dosage de l’interféron gamma, associé à l’intradermotuberculination.

1

Site d’injection de la tuberculine et cutimètre à ressort (photos Unité maladies contagieuses, ENVA).

L’

expression clinique de la tuberculose bovine est tardive et fruste. Aussi, sa détection dans les cheptels nécessite l’utilisation de tests de dépistage. Le dépistage de la tuberculose bovine repose principalement sur deux tests allergiques et le test de dosage de l’interféron gamma. LE DÉPISTAGE ALLERGIQUE DE LA TUBERCULOSE BOVINE

● Le dépistage allergique de la tuberculose bovine est réalisé par injection intradermique de tuberculine, selon deux méthodes : - l’intradermotuberculination simple (IDS) ; - l’intradermotuberculination comparative (IDC). ● La tuberculine est une protéine purifiée dérivée (PPD). Son injection permet de révéler le phénomène d’hypersensibilité retardée (HSR) [9]. ● Lorsque la tuberculine est injectée à un animal qui n’a jamais été sensibilisé aux antigènes présents dans la tuberculine, aucune réaction inflammatoire locale n’est observable. En revanche, si l’animal a déjà été sensibilisé (i.e. est infecté par certaines mycobactéries, car la vaccination contre la tuberculose bovine est aujourd’hui interdite), on observe une réaction inflammatoire locale dans les 48 à 72 heures suivant l’injection [4].

Le principe de l’intradermotuberculination simple ● Le principe de l’intradermotuberculination simple (IDS) est similaire à celui du test cutané à la tuberculine développé par Charles

Anne Praud Maria-Laura Boschiroli Barbara Dufour Bruno Garin-Bastuji

2

Mesure de l’apaississement cutané à l’aide du cutimètre.

Essentiel Mantoux en 1908 pour le diagnostic de la tuberculose chez l’humain. ● L’intradermotuberculination simple consiste en l’injection intradermique de 0,1 mL de tuberculine bovine dans l’encolure du bovin. Le lieu de l’injection influe sur les caractéristiques du test et est en conséquence réglementé. Ainsi, par exemple, une injection dans le pli sous-caudal diminue la sensibilité du test et n’est pas autorisée par la règlementation. ● Une réaction positive se traduit par une réaction inflammatoire au point d’injection (épaississement cutané). Celle-ci peut être accompagnée d’une adénite des nœuds lymphatiques pré-scapulaires. ● L’observation de l’épaississement cutané par palpation de la réaction inflammatoire est dite lecture “qualitative”. Cette lecture qualitative est actuellement encore tolérée pour l’IDS mais pose un certain nombre de problèmes en cas de réaction non négative. ● La lecture “quantitative” doit être effectuée par mesure du pli cutané avec un cutimètre à ressort avant injection et 72 heures après injection (photos 1, 2). Elle ne doit pas

❚ Une bonne réalisation des intradermotuberculinations (injection et lecture des résultats) nécessite une excellente contention des animaux. ❚ Le cutimètre doit être utilisé de manière systématique pour la lecture des résultats d’IDC, et aussi souvent que possible, pour la lecture des résultats d’IDS.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 DÉCEMBRE 2013 - 163


technique

comment réaliser une intradermotuberculination Stéphanie Philizot1 Barbara Dufour2 1Clinique

Vétérinaire du Chatelôt Route de Dijon 21 140 Semur en Auxois Commission technique vaches allaitantes/épidémiologie SNGTV

La sensibilité du test d’intradermotuberculination dépend en grande partie de la qualité de sa réalisation. La responsabilité du praticien est donc pleinement engagée pour ce test.

2Maladies

contagieuses École vétérinaire d’Alfort 7 Avenue du Général de Gaulle 940704 Maisons Alfort cedex

L

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir réaliser une intradermotuberculination (IDT) en élevage. ❚ Connaître les modalités d’interprétation des résultats d’une IDT en élevage, et les causes de réactions faussement positives négatives.

Essentiel ❚ Actuellement en France, l’intradermotuberculination reste le test de choix pour la surveillance de la tuberculose bovine en élevage. ❚ Sa réalisation est délicate et nécessite une compétence vétérinaire. ❚ Une bonne contention est un préalable indispensable à sa réalisation.

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❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 168 - DÉCEMBRE 2013

e diagnostic de l’infection des bovins par Mycobacterium bovis (M. bovis) sur des animaux vivants peut être effectué grâce à différentes techniques : dont l’intradermotuberculination (IDT), le dosage du gamma interféron (IFN) et la sérologie. ● En première intention, la technique de l’IDT est le seul test réalisable sur les bovins à grande échelle, car son rapport coût/efficacité reste, à ce jour, le meilleur. L’IFN est utilisé de façon ciblée en fonction des résultats des IDT [1]. Quant à la sérologie, elle n’est pas encore entièrement validée, et n’a donc pas encore de place dans la réglementation française. Ces deux tests ne sont pas, à l’heure actuelle, amenés à remplacer l’IDT. - L’intradermotuberculination peut être “simple” : intradermotuberculination simple (IDS). Elle consiste alors en l’injection intradermique de tuberculine bovine, suivie 72 h plus tard par l’évaluation de la réaction locale provoquée par cette injection. - Elle peut aussi être “comparative” : intradermotuberculination comparative (IDC). On injecte alors de la tuberculine bovine et de la tuberculine aviaire en deux points distincts. Dans ce cas, la lecture est faite 72 h plus tard, en comparant les deux réactions obtenues. ● La réalisation de ces tests et l’interprétation des résultats obtenus sont délicates, et les conséquences pour l’élevage peuvent être majeures. Il est donc indispensable que le praticien soit extrêmement rigoureux dans la réalisation de toutes les opérations que nous décrivons ci-après. ● Seule la technique de l’IDC est décrite dans cet article, car l’IDS consiste en une seule de ces injections (au lieu de deux). Quelques particularités liées à l’IDS sont néanmoins discutées.

20

1

L’emplacement des sites d’injection en IDC (photo S. Philizot).

LA TECHNIQUE DE RÉALISATION DE L’INTRADERMOTUBERCULINATION Une bonne contention des animaux est indispensable afin de pouvoir réaliser dans de bonnes conditions l’ensemble des opérations décrites. ● Ce point ne doit pas souffrir de compromis, car le praticien ne doit pas engager sa responsabilité sur un test réalisé dans de mauvaises conditions. ●

Les sites d’injection Les sites d’injection sont repérés en coupant des poils aux ciseaux ou à la tondeuse. Ces marques doivent être très claires, de façon à être formellement identifiables lors de la lecture, 72 h plus tard. ● Penser également à vérifier l’absence de lésion cutanée (épaississement de la peau, gale, …) ou de nodule (injection vaccinale par exemple) par palpation, avant ce marquage. ● Pour l’IDC, les sites d’injection appropriés sont : - la jonction du tiers antérieur et du tiers moyen de l’encolure, pour la tuberculine aviaire (IDa) ; - la jonction du tiers moyen et du tiers postérieur, pour la tuberculine bovine (IDb) (photo 1). ● Afin d’éviter toute erreur de lecture ultérieure, cet ordre (IDa en avant et IDb en arrière) ne doit pas être inversé. ● Pour l’IDS, on se place au milieu de l’encolure. L’injection au pli caudal est strictement interdite en Europe, en raison d’une plus faible sensibilité) [2]. ●


25-32 Faune sauvage et tub bov BAT 2_Gabarit dossier ruminants 03/06/2014 12:08 Page25

faune sauvage et tuberculose bovine

exemples d’évolution dans quelques pays européens et hors Union Européenne Certaines espèces sauvages peuvent être infectées par l’agent de la tuberculose bovine, Mycobacterium bovis. Les rôles joués par les populations sauvages dans le cycle épidémiologique de cette maladie peuvent être variés (cul-de-sac épidémiologique, hôte transmetteur, réservoir), expliquant ainsi l’hétérogénéité des situations épidémiologiques recensées dans les différents pays. La présence de réservoirs sauvages, capable d’entretenir l’infection, peut constituer un frein à l’éradication de la tuberculose bovine dans le cheptel bovin ; aussi doit-elle être prise en compte dans la conception du plan de lutte.

L

a tuberculose bovine est une maladie bactérienne majoritairement causée par Mycobacterium bovis, pouvant affecter de nombreuses espèces animales (mammifères). Ses enjeux sont importants, aussi bien pour la santé publique, comme zoonose majeure (actuellement, surtout dans des pays peu développés) que pour ses aspects économiques (restrictions commerciales et pertes indirectes).

Depuis des dizaines d’années, les pays développés s’emploient à maîtriser, voire à éradiquer cette maladie dans le cheptel bovin par une stratégie reposant sur des dépistages périodiques et sur l'abattage des animaux infectés*. Ces mesures drastiques ont permis à de nombreux pays européens de diminuer très fortement le taux d'infection des cheptels afin d’obtenir le statut “officiellement indemne” de tuberculose**(cf. chiffres). ● Malgré ces efforts importants, cette maladie demeure un problème sanitaire, économique et zoonotique d’actualité, car certains États ont du mal à parachever son éradication, et le taux d’infection est même en hausse dans d’autres pays.

Julie Rivière1, Ariane Payne2, Jean Hars2, Barbara Dufour1 1ENVA, UP maladies contagieuses, UR EpiMAI USC Anses, Maisons-Alfort, 7 avenue du Général de Gaulle, 94700 Maisons-Alfort, France

Direction des études et de la recherche, Unité sanitaire de la faune, 38610 Gières, France

2ONCFS,

Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre la diversité des rôles épidémiologiques joués par les populations sauvages dans le cycle complexe de la tuberculose bovine. ❚ Connaître quelques exemples de réservoirs sauvages de l’infection à M. Bovis et les cycles épidémiologiques en lien avec ceux-ci.

1 Cerf de Virginie (Odocoileus virginianus), considéré comme hôte transmetteur, voire comme réservoir primaire dans certaines zones où les densités de populations sont importantes (Espagne, Nouvelle-Zélande, France par exemple) (photo F. Moutou).

Depuis la fin des années 1960, la tuberculose bovine a été décrite dans la faune sauvage libre, non captive, de plusieurs pays [1, 6, 9, 10, 21]. Il est généralement admis que l’origine de ces foyers sauvages est bovine. Ce phénomène est très inquiétant. Il laisse craindre, sous certaines conditions environnementales et démographiques, la constitution d’un réservoir sauvage capable d’entretenir l’infection tuberculeuse indépendamment des bovins, et potentiellement capable de transmettre à nouveau l’infection aux animaux domestiques et à l’homme, à plus ou moins long terme. ● Cet article expose les différentes méthodes de surveillance utilisées pour détecter l’infection par M. bovis dans les populations sauvages ainsi que des exemples de pays développés dans lesquels des réservoirs ●

Chiffres ❚ Actuellement, 15 pays sur les 28 États membres de l’Union Européenne (U.E.) sont officiellement indemnes, 10 pays ne le sont pas, et trois ont seulement certaines zones du territoire considérées comme indemnes***.

NOTES * cf. l’article “L’évolution épidémiologique de la tuberculose bovine en France (depuis 2000)”, de Stéphanie Desvaux, Marie-Béatrice Alvado-Brette, Fabrice Chevalier, Pierre Jabert, et Alexandre Fediavsky dans ce numéro. ** Les seuils réglementaires sont définis par l’article 11.6.2 du chapitre 11.6 relatif à la tuberculose bovine du code sanitaire pour les animaux terrestre de l’OIE ; et au niveau européen par la directive européenne 64/432 du 26 juin 1964. *** Décision de la Commission 2003/467/EC du 23 Juin 2003, dernièrement amendée par la décision de la commission 2012/204/EU du 19 Avril 2012.

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 DÉCEMBRE 2013 - 173


Sylvatub

un dispositif de surveillance de la tuberculose bovine dans la faune sauvage en France

Depuis 2001, plusieurs animaux sauvages infectés ont été détectés dans un nombre croissant de départements, dans le cadre de protocoles départementaux. Mis en place en 2011, le dispositif Sylvatub a permis d’harmoniser les protocoles en vigueur, et d’étendre la surveillance de la tuberculose bovine à l’ensemble du territoire national métropolitain.

L

a France est officiellement indemne de tuberculose bovine en élevage depuis 2001*. Néanmoins, l’infection bovine subsiste avec une faible prévalence, et de façon très localisée dans les cheptels sur le territoire national. A proximité de certains de ces foyers bovins, des animaux sauvages infectés ont été détectés pour la première fois en 2001, en Haute-Normandie, puis dans d’autres départements : Côte-d’Or, Corse, Pyrénées-Atlantiques, Dordogne et Ariège [4, 2]. La contamination des espèces sauvages laisse toujours craindre la création de réservoirs, décrite pour ces espèces, compliquant les mesures d’éradication [4, 2]. Cela a été le cas dans d’autres pays [3, 6]. ● Dans ce contexte, la Direction générale de l’alimentation (DGAl) a défini, en septembre 2011, un dispositif national de surveillance de la tuberculose bovine dans la faune sauvage non captive, nommé Sylvatub (photo 1). Sa coordination a été confiée à la Plateforme nationale de surveillance épidémiologique en santé animale (Plateforme ESA) [1]. ● Sylvatub a pour objectif de détecter une éventuelle présence de l’infection à Mycobacterium bovis chez des animaux sauvages, dans les zones à risque, mais aussi dans les zones présumées indemnes,

NOTE * cf. L’article “L’évolution épidémiologique de la tuberculose bovine en France (depuis 2000)”, de Stéphanie Desvaux, Marie-Béatrice Alvado-Brette, Fabrice Chevalier, Pierre Jabert et Alexandre Fediavsky dans ce numéro.

Édouard Réveillaud Animateur national du dispositif Sylvatub Unité SURVEPI, Direction des laboratoires Anses 27-31 av. du Gl. Leclerc 94701 Maisons-Alfort Cedex

Objectif pédagogique ❚ Connaître le dispositif Sylvatub, son fonctionnement, et les résultats des deux premières années de surveillance liées au dispositif. 1

Depuis 2013, Sylvatub a permis la découverte de blaireaux infectés dans les départements de niveau 2 (photo sure2talk).

et de suivre son évolution dans les zones où sa présence dans la faune sauvage est avérée [9]. Cet article fait état des résultats obtenus lors des deux premières années de fonctionnement du dispositif, c'est-à-dire les saisons cynégétiques 2011-2012 et 2012-2013 pour le grand gibier, et les années civiles 2012 et 2013 pour le Blaireau.

LE FONCTIONNEMENT DU DISPOSITIF Les espèces sauvages sensibles à la tuberculose bovine (TB) visées par ce dispositif de surveillance sont le Cerf élaphe (Cervus elaphus), le Sanglier (Sus scrofa), le Blaireau (Meles meles) et, de façon plus marginale, le Chevreuil (Capreolus capreolus). ●

● Le dispositif Sylvatub prévoit plusieurs niveaux de surveillance pour les départements qui se traduisent par la mise en place de différentes actions de surveillance. La détermination du niveau de surveillance d’un département repose sur : - la présence locale de foyers bovins ; - la dynamique de l’infection chez les bovins (augmentation d’incidence notamment) ; - la présence de cas dans la faune sauvage et/ou la proximité géographique avec une zone infectée considérée à haut risque.

➜ Trois niveaux de surveillance ont ainsi été définis. Les niveaux sont réexaminés chaque année selon l’évolution de la situation épidémiologique chez les bovins et chez les animaux sauvages [8], et sont diffusés par notes de service.

Essentiel ❚ Créé en septembre 2011, Sylvatub est financé par la DGAl, et sa coordination est confiée à la Plateforme ESA (Plateforme nationale de surveillance épidémiologique en santé animale). ❚ Les espèces ciblées par Sylvatub sont les blaireaux, les sangliers, les cerfs et les chevreuils. ❚ L’intégralité des animaux sauvages non captifs infectés ont été découverts dans les zones d’infection des bovins.

RUMINANTS

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l’antibiorésistance

des bactéries isolées chez le porc

Isabelle Kempf1, 2 Eric Jouy1, 2 Sophie A. Granier3 Mireille Bruneau4 Anses, laboratoire de Ploufragan 22440 Ploufragan 2 Université Européenne de Bretagne, France 3 Anses, Laboratoire de sécurité des aliments, Maisons-Alfort, France 4 Anses, Laboratoire de Fougères, France 1

L'antibiorésistance est un problème majeur de santé publique et vétérinaire. Accusées de contribuer largement à la sélection de bactéries résistantes, les productions hors-sol sont fréquemment montrées du doigt dans les médias. Les données fournies par les systèmes de surveillance de la résistance permettent d'éclairer le débat.

L

’utilisation passée et actuelle des antibiotiques en production porcine est sans doute majoritairement responsable de la résistance des bactéries présentes chez le porc, qu’il s’agisse de bactéries pathogènes, commensales ou zoonotiques. Cet article vise à rappeler brièvement les systèmes de surveillance de la résistance, puis à présenter, en fonction des familles d’antibiotiques, les mécanismes de résistance développés par les principales bactéries isolées chez le porc. ● Nous indiquons, dans la mesure du possible, les taux de résistance ou la prévalence des résistances rencontrées dans la filière porcine française, et tentons de les comparer à ceux d’autres pays producteurs de porcs. ● Cette première partie de l'article expose les méthodes de surveillance et les résultats obtenus ainsi que les mécanismes de résistance pour les pénicillines, céphalosporines et aminosides en filière porcine. LE SYSTÈME DE SURVEILLANCE EN FRANCE Objectifs et méthodes En France, plusieurs systèmes de surveillance et des enquêtes récentes permettent d’évaluer les niveaux de résistance de différentes espèces bactériennes.

NOTES * http://www.resapath.anses.fr/ ** EUCAST : European committee on antimicrobial susceptibility Testing (http://mic.eucast.org/Eucast2/)

Bactéries pathogènes du porc ● Le Resapath assure la surveillance de l'antibiorésistance des bactéries isolées au cours d'infections animales, grâce aux antibiogrammes réalisés en routine par les laboratoires d'analyses vétérinaires adhérant au réseau. Les données d'antibiorésistance relatives aux porcs sont ainsi disponibles depuis 2003*. Elles concernent les principales bactéries pathogènes à croissance rapide (24 h) : Escherichia (E.). coli, Actinobacillus pleuropneumoniae, Pasteurella multocida, et Streptococcus suis. Pour d’autres bactéries pathogènes, surtout si leur culture est difficile (comme Mycoplasma hyopneumoniae, Brachyspira ou Lawsonia), les données se limitent souvent aux résultats d’enquêtes particulières [5].

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les systèmes de surveillance de la résistance des bactéries isolées chez le porc. ❚ Comprendre les stratégies de résistance aux antibiotiques développées par les principales bactéries.

Campylobacter et bactéries indicatrices ● Des plans de surveillance de la résistance des bactéries sentinelles ou indicatrices (E. coli, Enterococcus faecium) et des bactéries zoonotiques (Campylobacter) sont conduits chaque année depuis 2000, afin de suivre la résistance des bactéries présentes dans le microbiote digestif des animaux sains arrivant à l’abattoir, donc susceptibles de contaminer la chaîne alimentaire. ● Les bactéries indicatrices sont présentes dans le microbiote digestif et sont soumises aux antibiotiques administrés par voie orale ou éliminés par voie digestive. Elles reflètent ainsi le niveau du réservoir de bactéries résistantes ou de gènes de résistance. ● Campylobacter coli est l’espèce de Campylobacter la plus fréquente chez le porc et plus de la moitié des lots est porteur de cette bactérie [4] responsable d’environ 15 p. cent des campylobactérioses chez l’homme en France [20]. La sensibilité des E. coli, Enterococcus (E.). faecium et Campylobacter est évaluée par détermination des concentrations minimales inhibitrices (CMI) des antibiotiques, et l’interprétation est réalisée en fonction de seuils “microbiologiques” fournis par l’EUCAST**. Ces seuils sont basés uniquement sur la distribution des CMI mesurées in vitro pour des collections de souches.

Essentiel ❚ En France, la surveillance de l’antibiorésistance chez l’animal concerne essentiellement : - les bactéries pathogènes (réseau Resapath) ; - les bactéries zoonotiques (Salmonella, Campylobacter, S. aureus résistant à la méticilline) ; - et les bactéries indicatrices de la flore digestive (E. coli, Enterococcus).

PORCS- VOLAILLES

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 DÉCEMBRE 2013 - 189


enjeux économiques

produire du lait en 2025 cinq scénarios prospectifs pour la Bretagne

Face aux évolutions à venir dans la filière laitière, les Chambres d’agriculture de Bretagne ont conduit une réflexion prospective. Parmi les scénarios possibles, cinq ont été décrits et chiffrés avec le nombre d’exploitations laitières à horizon 2025, la surface utilisée et la taille des troupeaux.

L

a filière laitière est entrée depuis quelques années dans une mutation importante, en rupture complète avec les 30 dernières années. La réforme de la Politique Agricole Commune de 2003 a entraîné une fluctuation erratique des marchés laitiers, qui s’est particulièrement exprimée lors de la campagne laitière 2009-2010. La conséquence a été, pour les producteurs de lait, l’obligation de s’adaptation au prix et au volume de production. ● La mise en place de la contractualisation et la suppression des quotas vont encore modifier le cadre de réflexion stratégique des producteurs de lait. Depuis 1984, ils ont vécu dans un cadre économique strict pour les volumes de production, et relativement stable pour le prix du lait. ● Par ailleurs, des modélisations démographiques montrent que, avec un prolongement du taux de renouvellement des producteurs de lait, le nombre d’exploitations laitières chuterait, à l’horizon 2035, à 20 000 en France [2], contre 82 000 en 2010 [1]. ● Pour assurer une production de lait équivalente à celle d’aujourd’hui, les exploitations laitières devront ainsi augmenter sensiblement leurs livraisons. Dans un même temps, l’élevage, en particulier laitier, devra relever plusieurs défis : - la concurrence avec les productions végétales ; - le renchérissement du coût des intrants ; - la réduction des impacts environnementaux (azote, phosphore, gaz à effet de serre, phytosanitaires) ; - la diminution de la surface en terres agricoles.

Rémi Espinasse Responsable du Pôle Herbivores agrcultures & territoires Chambre d'agriculture de Bretagne Maison des agriculteurs BP 10540 22195 Plerin Cedex

Objectifs pédagogiques

1

Des scénarios d’évolution des exploitations laitières pour prendre en compte le contexte économique global, les politiques publiques, les attentes de la société et le contexte agricole ont été simulés (photo R. Espinasse).

Face à ces évolutions, les Chambres d’agriculture de Bretagne ont conduit une réflexion prospective afin de dégager des pistes de réflexion sur les principaux enjeux et imaginer des solutions pour y répondre. Cinq scénarios ont été décrits. Ils prennent en compte des évolutions contrastées du contexte économique global, des politiques publiques, des attentes de la société et du contexte agricole. Pour chacun des scénarios, les conséquences sur la structure des exploitations laitières ont été chiffrées à partir de la pyramide des âges des producteurs de lait bretons en 2010 et d’hypothèses du comportement des acteurs (tableau 1).

❚ Identifier les scénarios possibles pour la filière laitière bretonne, à l’horizon 2025. ❚ Chiffrer le nombre d’’exploitations laitières, la surface utilisée et la taille des troupeaux. ❚ Identifier les facteurs limitants et les clés de la réussite.

SCÉNARIO N°1 : DES MARCHÉS LAITIERS PORTEURS, MAIS VOLATILS La poursuite de la tendance actuelle ● Le premier scénario, appelé “Marchés laitiers porteurs mais volatils”, poursuit la tendance actuelle. ● Compte tenu de la démographie mondiale et de la demande alimentaire des pays émergents, les marchés mondiaux sont porteurs. Les prix des matières premières et de l’énergie restent à des niveaux élevés. Le lait ne fait pas exception. Des capitaux étrangers viennent investir dans l’Union Européenne (UE) pour sécuriser leur approvi-

Chiffres ❚ Selon des modélisations, démographiques, le nombre d’exploitations latières chuterait, à l’horizon 2035, à 20 000 en France [2], contre 82 000 en 2010 [1].

RUBRIQUE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 DÉCEMBRE 2013 - 195


52-60 Diagnostic Ostertagiose BAT 2

15/05/14

19:54

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diagnostic les interprétations du dosage de pepsinogène sérique

dans l’évaluation de l’infestation des bovins par Ostertagia ostertagi

Nadine Ravinet1 Rémy Vermeysse2 Eric Le Dréan3 Alain Chauvin1 1ONIRIS,

BP 40706 Nantes Cedex 03

Pour évaluer l’infestation des bovins par Ostertagia ostertagi, une interprétation rigoureuse du dosage de pepsinogène sérique est un test diagnostique intéressant. Il doit être interprété rigoureusement, notamment en prenant en compte les données épidémiologiques : saison, âge des bovins, historique de pâturage, traitements antiparasitaires. Ce dosage est très souvent utilisé pour l’évaluation quantitative de l’infestation en fin de 1re et 2e saison de pâturage. Peut-on utiliser les mêmes clés d’interprétation en début d’infestation, notamment chez les veaux sous la mère ?

2UBGDS, BP 110, 56003 Vannes Cedex 3LDA35, 24 rue Antoine Joly, BP 3163, 35031 Rennes Cedex

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir quand et sur quels animaux effectuer le dosage de pepsinogène sérique pour l’évaluation de l’infestation par O. ostertagi. ❚ Savoir interpréter les taux de pepsinogène sérique en fonction du contexte épidémiologique.

Essentiel ❚ Lors d’infestation par O. ostertagi, le développement larvaire dans les glandes de la caillette induit un passage du pepsinogène de la caillette dans le courant sanguin. Le dosage du pepsinogène sérique peut alors permettre d’obtenir, dans certains cas, une évaluation quantitative de l’infestation. ❚ Les taux de pepsinogène peuvent être élevés chez les veaux sous la mère en début d’infestation.

COMPRENDRE ET AGIR

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 200 - DÉCEMBRE 2013

L

a maîtrise optimale de l’infestation des bovins au pâturage par O. ostertagi est difficile. En effet, l’infestation est à rechercher, puisque le contact avec le parasite est essentiel pour l’acquisition progressive de l’immunité, elle doit être maintenue à un niveau suffisamment bas pour éviter les répercussions zootechniques, voire médicales, dues aux niveaux d’infestation élevés. ● Ainsi, pour lutter de manière raisonnée contre ce parasite, une évaluation quantitative de l’infestation est indispensable. ● Lors d’infestation par O. ostertagi, le développement larvaire dans les glandes de la caillette induit un passage du pepsinogène de la caillette dans le courant sanguin (encadré 1, figure 1) [5, 23, 24]. Le dosage du pepsinogène sérique peut alors permettre d’obtenir, dans certains cas, une évaluation quantitative de l’infestation. ● Les études comprenant des seuils d’interprétation quantitative ont surtout été menées chez des veaux laitiers. Très peu de travaux concernent des lots de veaux sous la mère, et les quelques données existantes pour ce type d’animaux concernent la fin de

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la saison de pâturage. Or, au cours de leur 1re saison de pâturage, les veaux sous la mère diffèrent des veaux laitiers : ils reçoivent une alimentation lactée, et pâturent avec leurs mères adultes, immunisées, qui exercent un effet assainissant sur les parcelles. Au bilan : - l’évolution du taux de pepsinogène sérique chez le veau sous la mère au début et en cours de saison de pâturage n’est pas décrite ; - il n’existe pas de données pour une interprétation rigoureuse du taux de pepsinogène sérique chez le veau sous la mère au début et en cours de saison de pâturage ; - en début de saison de pâture des veaux sous la mère, à de faibles niveaux d’infestation, la preuve que le dosage du pepsinogène est un indicateur quantitatif de l’infestation n’a pas été apportée. ● En s’appuyant sur un travail expérimental, qui présente des résultats de dosage de pepsinogène sérique sur des veaux sous la mère, en cours de saison de pâturage, et sur une confrontation de ces résultats avec les données de la littérature, cet article s’attache à décrire l’évolution du taux de pepsinogène chez des veaux sous la mère en cours de saison de pâture, et à rappeler plus largement comment interpréter de manière pertinente le dosage de pepsinogène pour évaluer l’infestation par O. ostertagi. SUIVI DU TAUX DE PEPSINOGÈNE SÉRIQUE dans cinq lots de veaux sous la mère, en cours de saison de pâturage Matériel et méthode ● Cinq lots de veaux sous la mère, de cinq élevages du centre de la France (Cher), ont été suivis, de la mise à l’herbe, en avril, jusqu’au sevrage, de mi-juillet à fin septembre (tableau 1) [29]. ● Dans chacun de ces lots, au moins cinq veaux ont été choisis au hasard, et un prélèvement sanguin, sur tube sec, pour un dosage de pepsinogène sérique, a été réalisé tous les mois (encadré en pratique).


observation originale

étude de cas un foyer de Visna-maëdi sur un troupeau d’ovins allaitants Dans les Pyrénées, un troupeau d’ovins allaitants souffrant d’affections respiratoires chroniques de type toux et dyspnée, avec amaigrissement modéré, et rebelles aux thérapeutiques classiques a fait l’objet d’investigations épidémio-cliniques, bactériologiques et anatomopathologiques.

L

e troupeau est constitué de 200 brebis allaitantes BMC (Blanc du Massif Central). La bergerie est située dans les Pyrénées Orientales, à environ 1 300 m d’altitude, à proximité du massif du Madres (2 469 m). Les ovins transhument de juin à octobre, les estives étant communes à différents troupeaux originaires de diverses parties du département, mais aussi du département de l’Aude (photo 1). ● Ce troupeau est régulièrement vermifugé (deux fois / an) ; les strongles digestifs, l’œstrose et les strongles pulmonaires sont ciblés en priorité. ● Il fait aussi l’objet d’un bilan sanitaire d’élevage (BSE) depuis 5 ans. ● L’éleveur vaccine régulièrement ses animaux contre l’entérotoxémie des agneaux et contre la chlamydiose abortive ovine. ● Les maladies les plus souvent rencontrées sont la coccidiose des agneaux, des épisodes d’ecthyma contagieux (enzootique dans notre région), ainsi que des affections “classiques” mais à faible incidence type arthrite, mammite, ou kératite estivale. Par ailleurs, un épisode sévère de pasteurellose (avec autopsie et bactériologie) avec mortalité est survenu en 2005, suivi d’une vaccination la même année avec Ovipast (ATU). PRÉSENTATION CLINIQUE Les signes cliniques et l’évolution L’éleveur mentionne (mi-février) des troubles respiratoires plus nombreux, en augmentation depuis le retour d’estive, c’est-àdire depuis plus de 3 mois, sur plusieurs ani-

Frédéric Bordes Clinique Vétérinaire 5 et 7 Rue Louison Bobet, 66130 Ille sur Têt

Objectifs pédagogiques ❚ Savoir effectuer une démarche clinique rigoureuse face à un problème respiratoire atypique en élevage ovin. ❚ Illustrer les données épidémiologiques, cliniques, et anatomopathologiques essentielles du Visna-Maëdi. 1

Les ovins transhument de juin à octobre. - Les estives sont communes à différents troupeaux originaires de différentes parties du département, mais aussi du département de l’Aude (photo F. Bordes).

maux adultes (environ 15 à 20 p. cent des animaux), sans mortalité. ● Une toux sèche avec peu ou absence de réponse à une antibiothérapie classique (tétracycline ou amoxicilline) domine les signes cliniques. Des animaux sont aussi essoufflés et dyspnéiques. ● Les cas non guéris évoluent vers la chronicité avec amaigrissement. L’examen clinique de quelques animaux en phase débutante ne révèle rien de notable, si ce n’est une toux sèche sans fièvre au jour de l’examen. ● Devant la persistance et l’extension apparente de ces troubles, et compte tenu des causes multiples des pneumopathies chez la brebis (tableau), il est convenu de pratiquer des investigations complémentaires sur deux animaux non guéris par les traitements classiques. Les investigations complémentaires ● Une autopsie est pratiquée sur deux brebis sacrifiées début avril. Aucune lésion macroscopique majeure n’est observée sur l’ensemble des deux carcasses. ● Une pneumonie des lobes apicaux (photo 2) et un état de maigreur modéré sont constatés sur les deux animaux. ● Cette pneumopathie des lobes apicaux évolue sans abcès, ni pleurésie ni lésions macroscopiques orientatrices d’une affection

Essentiel ❚ Le Visna-Maëdi est une affection chronique avec expression clinique tardive et variable, selon l’équilibre hôte parasite. ❚ Elle affecte les ovins adultes et se caractérise par des signes respiratoires discrets et par de l’amaigrissement. ❚ Les traitements classiques sont sans effet.

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❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 DÉCEMBRE 2013 - 209


SYNTHESE HERMANN Construct° arbre déci acidose veau - corr MB

13/05/14

14:28

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synthèse correction de l’acidose métabolique des veaux atteints de diarrhée

un nouvel arbre décisionnel

Nicolas Herman Clinique Vétérinaire des Mazets, 15400 Riom Es Montagnes

thérapeutique Cette étude évalue la probabilité de succès et la faisabilité d’un protocole de traitement des veaux diarrhéiques, fondé sur un simple examen clinique.

Objectifs pédagogiques ❚ Tester un arbre décisionnel thérapeutique simple et pratique de réhydratation de veaux diarrhéiques. ❚ Évaluer l’impact d’un surdosage en bicarbonates sur la réussite du traitement.

L

Synthèse d’après l’article de : Trefz FM, Lorch A, Feist M, Sauter-Louis C, Lorenz I. - Construction and validation of a decision tree for treating metabolic acidosis in calves with neonatal diarrhea. BMC Veterinary Research 2012;8:238.

Essentiel ❚ De récentes études ont démontré un rôle prépondérant du D-Lactate dans l’acidose métabolique des veaux atteints de diarrhée.

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

’acidose métabolique est une complication quasi systématique des diarrhées néonatales. Des pertes intestinales en bicarbonate, une diminution de la filtration glomérulaire des ions H+, une accumulation de L-lactate et d’autres anions organiques étaient considérées comme la cause majeure de cette acidose métabolique. De plus récentes études ont démontré un rôle prépondérant du D-Lactate dans l’acidose métabolique, et surtout dans les signes cliniques qui lui sont associés. ● Estimer le degré d’acidose métabolique, à partir d’un simple examen clinique, représente une vraie difficulté pour le praticien. ● Plusieurs protocoles ont déjà été proposés : en général, la posture et la vigilance du veau servent à estimer la quantité de bicarbonate à perfuser, alors que le réflexe de succion et l’énophtalmie (ou la persistance du pli de peau) permettent d’indiquer la quantité de fluide à perfuser pour corriger la déshydratation. ● Cette étude a pour but de tester un arbre décisionnel thérapeutique simple et pratique de réhydratation de veaux diarrhéiques pour être utilisé in situ (figure 1), Le second objectif est d’évaluer l’impact d’un surdosage en bicarbonates (conduisant à une alcalose iatrogène) sur la réussite du traitement, et de se demander ce qui est le plus dommageable pour le veau : un sousdosage en bicarbonates, donc une acidose métabolique non corrigée, ou un léger surdosage en bicarbonates, donc une légère alcalose métabolique iatrogène. MATÉRIEL ET MÉTHODES

FMC Vét

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 214 - DÉCEMBRE 2013

L’étude porte sur 121 veaux admis pour diarrhée entre septembre et avril, à l’Université vétérinaire de Munich. ● Un examen clinique approfondi et des ●

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analyses biochimiques sont réalisés à leur admission et 24 h plus tard, par le même investigateur. ● La quantité de bicarbonate de sodium à administrer est déterminée grâce à l’arbre décisionnel de la figure 1, sur la base d’un simple examen clinique, sans prendre en compte le poids des veaux. - Lorsque le veau n’est pas ou peu déshydraté, une perfusion rapide de bicarbonate de sodium (4,2 p. cent) est réalisée (photo 1). - Les veaux déshydratés (présentant une énophtalmie), ou qui ne tètent pas, reçoivent une perfusion lente de solution saline isotonique supplémentée par 250 mL de bicarbonate de sodium à 8,4 p. cent (= 250 mmol), précédée ou non d’une perfusion rapide de bicarbonate de sodium (2,1 p. cent ou 4,2 p. cent). ● Du glucose 20 % (1 L de solution à 20 p. cent) est ajouté pour remplacer 1 L de NaCl 0,9 p. cent, si l’un des critères suivant est présent : - veau n’ayant pas tété dans les dernières 24 h ; - congestion marquée des vaisseaux épiscléraux et/ou des muqueuses (septicémie suspectée) ; - hypothermie (< 37°C). ● Tous les veaux ont reçu une injection de méloxicam (0,5 mg/kg) et une injection de sélénium (0,3 mg/kg) / vitamine E (10 mg/kg). ● Dans le cadre d’une utilisation raisonnée des antibiotiques, une antibiothérapie à base d’amoxicilline (10 mg/kg par voie intraveineuse), suivie d’une injection d’amoxicilline longue action (15 mg/kg par injection sous-cutanée ), n’a été réalisée que lorsque l’un des critères suivants était rempli : - présence d’une infection locale (pneumonie, omphalite, etc) ; - fièvre (> 39,5 °C) ou hypothermie marquée (< 37 °C) ; - congestion marquée des vaisseaux épiscléraux et/ou des muqueuses (septicémie suspectée) ; - veau de moins de 5 j en décubitus latéral. ● La solution de réhydratation orale utilisée est composée de 4 g de NaCl, de 20 g de


revue internationale les articles parus dans ces revues internationales classés par thème - J Dairy Sci - Animal Reproduction Science - Vet Parasitology

2013(8);96(8):4983-92 ; 97:1-14 2013(3);138:159-62 ................................................................................................................................................................................................................................................................................... 2013;197:59-67

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.......................................................................................................................................................................................................................................

Thérapeutique

Reproduction

- Traitement de vaches en lactation en hypokaliémie, hypochlorémie et alcalémie expérimentalement induites : efficacité d’une administration orale de chlorure de potassium

- Administration de la gonadotrophine chorionique équine (eCG) le 6e jour post-partum pour améliorer les performances de reproduction chez la vache laitière

Bactériologie / Reproduction - Mammites à Staphylococcus aureus : efficacité d’un traitement prolongé au cefquinome

Thérapeutique / Parasitologie - Utilité de l’utilisation du lactate d’halofuginone pour la prévention de la cryptosporidiose lors de co-infection à rotavirus et Salmonella typhimurium Synthèses rédigées par Laura Fernandez, Nicolas Herman

les synthèses des meilleurs articles Thérapeutique

TRAITEMENT DE VACHES EN LACTATION EN HYPOKALIÉMIE, HYPOCHLORÉMIE ET ALCALÉMIE EXPÉRIMENTALEMENT INDUITES : efficacité d’une administration orale de chlorure de potassium ● L’hypokaliémie est un trouble fréquent chez la vache laitière, elle se définit par une concentration sérique ou plasmatique en potassium < 3,9 mEq/L.. ● La forte prévalence de l’hypokaliémie chez les vaches laitières malades est due à la combinaison de nombreux paramètres : une diminution de la matière sèche ingérée, une alcalémie secondaire à la séquestration de chlore en cas de déplacement de caillette et lors de ralentissement du transit, une hyperinsulinémie secondaire à une hyperglycémie, une exportation mammaire obligatoire de potassium (1,4 g de K/L de lait), l’activation du système nerveux sympathique, la sécrétion d’aldostérone en réponse à une hypovolémie, donc une rétention de sodium, et une plus faible réserve musculaire en potassium chez la vache laitière.

Matériel et méthode La diminution des concentrations plasmatiques en potassium et magnésium ainsi que l’augmentation du pH sanguin ont été induites chez 15 vaches laitières Frisonnes-Holstein par injection intramusculaire de 10 mg d’acétate d’isoflupredone à 24 h d’intervalle, suivi de deux injections de furosémide (1 mg/kg de PV) à 8 h d’intervalle et d’une diminution de la matière sèche ingérée. Les vaches ont été séparées en trois groupes : groupe contrôle, administration orale de KCl à la dose de 0,05 g/kg PV, huit fois à 3 h d’intervalle, administration orale de KCl à la dose de 0,2 g/kg PV deux fois à 12 h d’intervalle.

Résultats L’administration orale de KCl à la dose de 0,4 g/kg sur 24 h : - augmente les concentrations en potassium ●

dans le plasma et le lait ainsi que la concentration plasmatique en chlore, et diminue la concentration plasmatique en magnésium ; - corrige l’alcalose métabolique et l’alcalémie, sans aucune différence cliniquement significative entre l’administration de KCl sur 24 h en deux fortes doses, ou en de multiples faibles doses. ● Deux des 15 vaches hypokaliémiques ont développé des fibrillations atriales qui se sont résolues spontanément en 24 h, soulignant le rôle essentiel du potassium dans ce type de troubles cardiaques. Concernant la concentration plasmatique et l’excrétion urinaire de magnésium, aucune différence significative n’a pu être mise en évidence entre les trois différents groupes. ● La quantité journalière de matière sèche ingérée n’a pas varié significativement entre les différents groupes. En revanche, ces travaux suggèrent que l’administration orale de KCl limite la lipolyse lors d’insuffisance énergétique de la ration (diminution [NEFA] plasmatique des groupes traités, et augmentation [BHOH] dans le groupe contrôle). Conclusion L’administration orale de KCl à la dose de 0,4 g/kg PV sur 24 h est un traitement initial approprié et sûr pour une correction de l’hypokaliémie modérée de la vache laitière. ● Aucune différence clinique n’a pu être mise en évidence entre une administration en deux fortes doses ou de multiples doses sur 24 h. Cependant, les auteurs de cette étude suggèrent de poursuivre la complémentation orale en KCl sur plus de 24 h afin de rétablir durablement le pool total de potassium. ❒ ●

Objectifs de l’étude ❚ Vérifier si une administration orale de KCl à la dose de 0,4 g/kg de poids vif (PV) sur 24 h est effective et sûre pour corriger une hypokaliémie modérée. ❚ Évaluer si la correction de l’hypokaliémie est plus efficace avec une administration de KCl en deux fortes doses ou en de multiples plus faibles doses sur 24 h. ❚ Mesurer l’effet d’un apport oral de KCl sur la concentration plasmatique et l’excrétion urinaire de magnésium.

J Dairy. Sci .2013;97:1-14

Efficacy of oral potassium chloride administration in treating lactating dairy cows with experimentally induced hypokalemia, hypochloremia, and alkalemia Constable PD, Hiew MW, Tinkler S, Townsend JJ.

Synthèse par Nicolas Herman Clinique vétérinaire des Mazets 15400 Riom es Montagnes

REVUE INTERNATIONALE

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 DÉCEMBRE 2013 - 217


test clinique

observation originale

Valérie Wolgust E.N.V.A. 7, avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort Cedex

les réponses

du charbon symptomatique sur un veau croisé Limousin 1 Quel est votre diagnostic ? La première hypothèse diagnostique, émise selon les informations de l’éleveur, est celle d’un traumatisme sur le veau lié à la présence du taureau dans le lot de vaches. L’enflure notée à l’examen clinique par le praticien, ainsi que le contexte (printemps humide et animaux en pâture sur des prés inondés) a conduit à une seconde hypothèse : une suspicion de charbon symptomatique provoquée par Clostridium chauvoei. ● Dans les cas typiques de charbon symptomatique, le diagnostic peut être établi par l’observation des signes cliniques (difficultés à se déplacer, baisse d’appétit, forte fièvre) et du tableau lésionnel pouvant inclure : - une emphysème/gonflement au niveau des membres (crépitements à la palpation) ; - la production de gaz au niveau des régions concernées ; - des muscles foncés, tuméfiés, à odeur rance. Cependant, dans de nombreux cas, le diagnostic peut être douteux et difficile, ou erroné, en raison de l’absence de lésions typiques et/ou de l’altération rapide du cadavre. ● La maladie peut alors être confondue avec d’autres myosites à Clostridium, notamment la gangrène gazeuse, ou avec le ●

3

Lésions de néphrite glomérulaire aiguë (photo V. Wolgust, Centre Application ENVA).

Figure - Les éléments qui doivent obligatoirement entraîner

une suspicion de fièvre charbonneuse Une maladie aiguë, fébrile (température supérieure à 39,5°C) d’allure septicémique, rapidement mortelle (charbon interne) en général sur des animaux au pâturage, associée ou non à une “tumeur” inflammatoire non crépitante centrée sur un groupe ganglionnaire (charbon externe) Présence éventuelle à l’autopsie :

- d’une “tumeur” gélatineuse interne ou externe ; - d’une rate hypertrophiée et boueuse ; - d’un sang noir incoagulable ; - d’une congestion des ganglions lymphatiques et de l’intestin ; - d’une hématurie ➜ La confirmation passe obligatoirement par le diagnostic de laboratoire avec mise en évidence du bacille.

charbon bactéridien, maladie zoonotique de répartition mondiale due à Bacillus anthracis. Les lésions typiques observées lors de fièvre charbonneuse (encadré) sont différentes des lésions causées par du charbon symptomatique. Le diagnostic de certitude n’est pas l’autopsie mais l’identification bactérienne.

en pratique Comment gérer une suspicion de fièvre charbonneuse ● Le vétérinaire sanitaire soulevant une suspi- protéger l’environnement : éviter les effu-

disponible sur www.neva.fr LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°25 220 - DÉCEMBRE 2013

cion clinique de fièvre charbonneuse doit : ➜ établir un diagnostic différentiel sur une base clinique et épidémiologique, et en conserver une trace écrite afin d’étayer l’expertise ; ➜ contacter la DD(CS)PP ; ➜ informer l’éleveur des mesures de biosécurité qu’il convient d’adopter : - une protection personnelle en évitant les contacts inutiles avec les animaux et en se protégeant (port de gants) ; - une protection des animaux : isolement des animaux malades ou morts ; - limiter autant que possible les déplacements des animaux au sein de l’exploitation (entre pâtures, bâtiments) ;

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sions de sang ; ➜ réaliser, dans le respect des mesures de biosécurité, les prélèvements indiqués (sang, lait, rate, muscle) et les envoyer au Laboratoire National de Référence du laboratoire de santé animale de l’Anses Maisons-Alfort*. ● La DD(CS)PP met en œuvre les mesures de gestion en santé animale et en sécurité sanitaire des aliments selon les directives de la note de service DGAL/SDSPA/N2010-8010.

NOTE

* LNR Laboratoire de santé animale de l’Anses Maisons-Alfort : Unité Zoonoses Bactériennes 23 avenue du Général de Gaulle, 94706 Maisons-Alfort Cedex


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❏ n° 1 Le péripartum - La peste aviaire ❏ n° 2 Les morts subites - La maladie de Newcastle ❏ n° 3 Mycoplasmes et mycoplasmoses Mycoplasmes et mycoplasmoses en aviaire ❏ n° 4 Les gastro-entérites du jeune veau Mycoplasmes et mycoplasmoses chez les porcs ❏ n° 5 B.V.D. et Border disease La quarantaine en élevage porcin ❏ n° 6 Les maladies vectorielles - La peste porcine africaine ❏ n° 7 Thérapeutique et prévention du jeune veau La détection des chaleurs chez la truie ❏ n° 8 Infécondité : l’abord individuel Les alternatives à la castration chirurgicale chez le porcelet ❏ n° 9 Foie et affections hépatiques - les retours en chaleurs irréguliers et les incidents en cours de gestation ❏ n° 10 Infécondité : l’abord du troupeau Diagnostic des affections bactériennes cutanées des porcins ❏ n° 11 Bronchopneumopathies des bovins allotés Les affections bactériennes (2e partie) ❏ n° 12 Comportement et santé des bovins La vaccination contre la maladie de Gumboro ❏ n° 13 Les robots de traite - La grippe porcine ❏ n° 14 L’acidose chronique ou subaiguë des ruminants La maladie de Marek chez la volaille ❏ n° 15 Mammites bovines : nouvelles perspectives La visite d’élevage en production porcine ❏ n° 16 Nouvelles perspectives en reproduction Gestion collective de la BVD - Perception de la santé ❏ n° 17 La reproduction en élevage allaitant - Génomique Porcs - La visite d’élevage 2. l’alimentation ❏ n° 18 Suivi de reproduction et santé du taureau en élevage allaitant - Les Escherichia coli pathogènes ? ❏ n° 19 L’I.B.R. en France : stratégies de contrôle Porcs - La visite d’élevage 3. le logement ❏ n° 20 Une nouvelle émergence en Europe : le virus de Schmallenberg - Le syndrome des œufs à extrémité de verre chez la poule pondeuse ❏ n° 21 Métrites et endométrites chez la vache Porcs - La visite d’élevage 4. la conduite d’élevage ❏ n° 22 Inflammations et maladies inflammatoires Le traitement antibiotique des affections digestives et respiratoires chez le porc ❏ n° 23 Déséquilibres alimentaires et nutritionnels Grippe et pathologie pulmonaire chez le porc ❏ n° 24 Maîtrise sanitaire de l’élevage en lot Porcs - La visite d’élevage Les contaminants infectieux et parasitaires ❏ n° 25 La tuberculose bovine Porcs - L’antibiorésistance des bactéries isolées ❏ Hors-série Vaccins et vaccination : le renouveau PORCS - VOLAI LLES

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- La vaccinati - La vaccinati on chez le porc : principes et programm - La vaccination contre le circovirus es on orale de type du porc 2 (P.C.V. à Lawsonia contre l’entérop athie proliféra2) - Contrôle intracellu des laris tive des vaccins salmonelles chez les volailles au service - Commen de l’éradicat : t évaluer ion ? la qualité anti-salm de la vaccinati onelles chez les poules pondeus on es

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