Le Nouveau Praticien vétérinaire élevages et santé N°26

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DOSSIERS : ANTIBIOTHÉRAPIE ET ANTIBIORÉSISTANCE EN ÉLEVAGE

Couv ELSA 26_Couv ELSA 19 03/07/2014 18:34 Page1

Volume 7

N°26 AVRIL 2014 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

Actualités en perspective - Épidémiosurveillance :

traiter les informations, oui, les produire, comment ?

C4G C3G

INH

INH C3G

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°26 - AVRIL 2014

- Questions et réponses sur le référentiel Mammites

C3G

DOSSIERS : ANTIBIOTHÉRAPIE ET ANTIBIORÉSISTANCE EN ÉLEVAGE L’antibiorésistance des bactéries isolées chez le porc

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Étude de cas - Mammites à Pseudomonas aeruginosa chez la vache - Test clinique - Une gestation prolongée - Revue de presse internationale : notre sélection en Thérapeutique / Reproduction, Infectiologie / Locomoteur - Tests de formation continue

ATM

Ruminants - Les enjeux associés aux antibiotiques utilisés en élevages - L’évolution de la consommation et de l’usage des antibiotiques chez les bovins et les petits ruminants - Évolutions de l’antibiorésistance chez les ruminants - La surveillance épidémiologique de la résistance en santé publique - La méthodologie d’étude de la sensibilité aux antibiotiques par diffusion et par dilution - Fluoroquinolones et céphalosporines de 3 et 4 génération : des molécules récentes identifiées comme critiques - Traitements collectifs lors de bronchopneumonie infectieuse bovine : faut-il encore les utiliser ? è

è

Porcs - L’antibiorésistance des bactéries isolées chez le porc - 2 partie e

Comprendre et agir - Technique - L’antibiogramme : comment le réaliser ? quelle utilité pour le praticien ? - Enjeux économiques La formation des prix et des marges dans la filière bovine


Réglé comme une horloge Traitement de tarissement triphasique

Ce médicament est un antibiotique. Toute prescription d’antibiotique a un impact sur les résistances bactériennes. Elle doit être justifiée.

1

v13-066 03/2013 Boehringer Ingelheim France SAS

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L’UN DES LEADERS EN EUROPE 1

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Ubrostar® arrive en France. Il traite plus de 1 000 000 de vaches (*) en Allemagne, Espagne et en Italie chaque année.

Chez la majorité des vaches, les sels de framycétine, actifs sur le coliformes, persistent 10 semaines dans la mamelle tarie, ou jusqu’au vêlage.

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Ubrostar® s’adapte à toutes les durées de tarissement (de 35 à 70 jours).

36 h si tarissement ≥ 35 jours ou 37 jours après traitement si tarissement <35 jours.

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(*) Effectif de vaches traitées basé sur les quantités de seringues vendues dans chaque pays (données ventes internes).

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MENTIONS LÉGALES : UBROSTAR® Suspension intramammaire hors lactation pour bovins. COMPOSITION : Iodhydrate de pénéthamate : 100 mg (équivalant à 77,2 mg de pénéthamate) ; Bénéthamine pénicilline : 280 mg (équivalant à 171,6 mg de pénicilline) ; Sulfate de framycétine : 100 mg (équivalant à 71,0 mg de framycétine). INDICATIONS : Chez les vaches laitières au tarissement : traitement des mammites subcliniques au tarissement et la prévention des nouvelles infections bactériennes de la mamelle pendant la période de tarissement, dues à des bactéries sensibles à la pénicilline et à la framycétine. CONTRE-INDICATIONS : Ne pas utiliser chez les vaches en lactation. Ne pas utiliser en cas d’hypersensibilité aux principes actifs ou à l’un des excipients. MISES EN GARDE PARTICULIERES : Voir la notice. PRECAUTIONS PARTICULIERES D’EMPLOI CHEZ LES ANIMAUX : L’utilisation du produit doit reposer sur les résultats d’un antibiogramme réalisé sur les bactéries isolées chez l’animal. En cas d’impossibilité, le traitement doit reposer sur les données épidémiologiques locales (région, élevage) concernant la sensibilité des bactéries ciblées. Le produit doit être utilisé selon les politiques d’utilisation des antimicrobiens locales et officielles. PRECAUTIONS PARTICULIERES A PRENDRE PAR LA PERSONNE QUI ADMINISTRE LE MEDICAMENT AUX ANIMAUX : Une sensibilisation cutanée peut apparaître chez les personnes qui manipulent le produit. Des précautions devront être prises pour éviter le contact avec la peau. Les pénicillines et les céphalosporines peuvent entraîner des réactions d’hypersensibilité (allergie) après injection, inhalation, ingestion ou contact avec la peau. Cette hypersensibilité aux pénicillines peut entraîner des réactions croisées avec les céphalosporines et inversement. Les réactions d’hypersensibilité à ces substances peuvent occasionnellement être graves. Ne pas manipuler ce produit si vous savez que vous êtes sensibilisé, ou si l’on vous a déconseillé de travailler avec ce type de préparations. Manipuler ce produit avec précaution (surtout les personnes présentant des lésions cutanées) pour éviter toute exposition. Porter des gants, se laver les mains en cas de contact avec la peau. Si, après exposition, vous développez des symptômes de type éruption cutanée, consultez un médecin et montrez-lui cette mise en garde. Un œdème de la face, des lèvres ou des yeux, ou des difficultés respiratoires sont des symptômes plus graves qui nécessitent un traitement médical urgent. EFFETS INDÉSIRABLES : Aucun connu. UTILISATION EN CAS DE GRAVIDITÉ ET DE LACTATION : Voir la notice. INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES : Aucune connue. POSOLOGIE ET VOIE D’ADMINISTRATION : Voie intramammaire. Administrer 100 mg d’iodhydrate de pénéthamate, 280 mg de bénéthamine pénicilline et 100 mg de sulfate de framycétine, soit le contenu d’une seringue, dans chaque quartier juste après la dernière traite d’une lactation. Avant administration, les trayons doivent être correctement nettoyés et désinfectés et la canule de la seringue doit être manipulée avec précaution pour éviter toute contamination. Après administration, il est conseillé d’utiliser une lingette ou un spray pour trayons. TEMPS D’ATTENTE : Viande et abats : 10 jours. Lait : Si le produit est administré au minimum 35 jours avant le vêlage, le lait ne devra pas être utilisé au cours des 36 heures qui suivent le vêlage. Si le produit est administré moins de 35 jours précédant le vêlage, le lait ne devra pas être utilisé au cours des 37 jours qui suivent le traitement. CONDITIONS DE DÉLIVRANCE : Usage vétérinaire. Liste I. Ne pas faire avaler. À ne délivrer que sur ordonnance vétérinaire devant être conservée pendant au moins 5 ans. NUMERO ET DATE D’AMM : FR/V/8001032 8/2011 du 19/10/2011. FABRICANT : Lohmann Animal Health GmbH. Heinz-Lohmann Strasse 4, 27472 Cuxhaven, Allemagne. TITULAIRE DE L’AMM : Cyton Biosciences Ltd. 2 St Paul’s Road, Clifton, Bristol, BS8 1LT, Royaume-Uni. INFORMATION ET DISTRIBUTION VÉTÉRINAIRES : Boehringer Ingelheim France. Division Santé Animale. 12, rue André Huet, F-51100 Reims. Tél : 03 26 50 47 50. Fax : 03 26 50 47 43. infoveto@rei.boehringer-ingelheim.com. Mise à jour du texte : 19.10.2011.


3 sommaire BAT_3 Sommaire ELSA 16 03/07/2014 17:00 Page3

Volume 7 Plus d’informations sur www.neva.fr

sommaire

N°26 DOSSIER ANTIBIOTHÉRAPIE

Éditorial Jean-Yves Madec Test clinique - Une gestation prolongée

5 4

Nicolas Herman, Marie Madeleine Auzanneau, Nicole Picard-Hagen

ET ANTIBIORÉSISTANCE EN ÉLEVAGE

ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Chronique - Épidémiosurveillance : traiter les informations, oui, les produire, comment ? Zénon - Questions et réponses sur le référentiel Mammites : efficacité sanitaire, efficacité économique, sécurité : les trois points clés Jean François Labbé

7

10

L’antibiorésistance des bactéries isolées chez le porc (2e partie)

RUMINANTS Dossier - Les enjeux associés aux antibiotiques utilisés en élevage Jean-Yves Madec

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- L’évolution de la consommation et de l’usage des antibiotiques chez les bovins et les petits ruminants Émilie Gay, Anne Chevance, Gérard Moulin

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- Évolutions de l’antibiorésistance chez les ruminants Marisa Haenni, Jean-Yves Madec, Émilie Gay

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- La définition de la résistance aux antibiotiques : surveillance épidémiologique de ce risque en santé publique Pascal Sanders, Mireille Bruneau, Christophe Soumet - La méthodologie d’étude de la sensibilité aux antibiotiques par diffusion et par dilution Pascal Sanders, Mireille Bruneau, Christophe Soumet - Fluoroquinolones et céphalosporines de 3è et 4è génération : des molécules récentes identifiées comme critiques Aude Ferran

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33

- Traitements collectifs lors de bronchopneumonie infectieuse bovine : faut-il encore les utiliser ? Sébastien Assié, Gilles Meyer, Alain Bousquet-Melou

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PORCS ET VOLAILLES

revue de formation à comité de lecture

- L’antibiorésistance des bactéries isolées chez le porc - 2e partie Isabelle Kempf, Eric Jouy, Sophie A. Granier, Mireille Bruneau

indexée dans les bases de données :

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• Veterinary Bulletin (CAB International)

- Technique - L’antibiogramme : comment le réaliser ? quelle utilité pour le praticien ? Marisa Haenni, Jean-Yves Madec, Eric Jouy

• CAB Abstracts Database

53

- Enjeux économiques - La formation des prix et des marges dans la filière bovine : un exemple d’observatoire permanent Pierre Sans

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FMCvét - formation médicale continue vétérinaire - Étude de cas - Mammites à Pseudomonas aeruginosa chez la vache Pierre Bruyère, Rabat Lakhal, Pierre Bergeron, Véronique Guérin-Faublée

- Revue de presse internationale Synthèses rédigéees par Sébastien Assié, Nicole Picard-Hagen - Reproduction / Thérapeutique - Traitement des endométrites chez la vache avec des prostaglandines F2 a : méta-analyse - Infectiologie / Locomoteur - Tréponèmes de la dermatite digitée sur le matériel pour parer les onglons de bovins et d’ovins - Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue - Les réponses Résultats originaux ou observation originale

• Index Veterinarius (CAB International)

COMPRENDRE ET AGIR

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

62

ACTUALITÉS

70

RUMINANTS PORCS COMPRENDRE ET AGIR

71 74

Souscription d’abonnement en page 73 et sur www.neva.fr

FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26


4 Test Questions BAT_mise en page 02/07/2014 11:00 Page4

disponible sur www.neva.fr

test clinique

NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr

une gestation prolongée

Conseil scientifique Xavier Berthelot (E.N.V.T), Didier Calavas (Anses), Marc Gogny (E.N.V.A.),Arlette Laval (Oniris), Marc Savey (Anses), François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (Oniris), Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)

U

Rédacteurs en chef scientifiques Sébastien Assié (Oniris) Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.) Didier Raboisson (E.N.V.T.)

Comité de rédaction Jean-Pierre Alzieu (LVD), Marie-Anne Arcangioli (Pathologie ruminants, VetAgro Sup) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Beaudeau (Gestion de la santé animale, Oniris) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, Oniris) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, Oniris) Alain Chauvin (Parasitologie, Oniris) Alain Douart (Pathologie des ruminants, Oniris) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Millemann (Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Frédéric Rollin (Liège) Florence Roque (Toxicologie, VetAgro Sup) Jean-Louis Roque (praticien) Christophe Roy (praticien) Olivier Salat (praticien) Pascal Sanders (Anses, Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stéphan Zientara (E.N.V.A.) Chargée de mission rédaction Lolita Savaroc Gestion des abonnements et comptabilité Marie Glussot Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. UE : 60 € Institutions : 120 € T.T.C. SARL au capital de 7622€

n client appelle en mai 2012, pour un vêlage sur une génisse Prim’holstein âgée de 3 ans, qui n’a pas fait les eaux, et ne se prépare que très partiellement au vêlage. Cette génisse a été inséminée une seule fois (taureau Bayonne de race Prim’holstein) le 5 février de l’année précédente. Une échographie réalisée par l’inséminateur indique qu’elle est gravide le 29 mars 2011. Elle est ensuite mise au pré avec ses congénères et avec un taureau Limousin pour assurer la saillie avec un éventuel retour en chaleur. ● À l’examen de la génisse, aucun signe de préparation de la mise bas n’est observé : relâchement des ligaments sacroischiatiques et sacroiliaques, œdème de la vulve ou développement de la mamelle. En revanche, une distension abdominale ventrale marquée est notée. Une césarienne par laparotomie abdominale (voie sous-lombaire) est entreprise sur le flanc gauche. ● À l’ouverture de l’utérus, à notre surprise, un veau Prim’holstein est extrait. Il est mort, et si volumineux que les membres antérieurs ne peuvent s’engager dans la filière pelvienne. Il ne présente aucune anomalie morphologique apparente, il n’est pas emphysémateux ; en revanche, ses poils se détachent par poignées. L’utérus, trop volumineux pour être extériorisé (eaux fœtales non totalement expulsées), est ensuite suturé à l’aveugle et la plaie de laparotomie refermée. Comme il n’y a aucune possibilité de saillie avec un autre taureau Prim’Holstein

Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey

Siège social : Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0513 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232

comité de lecture

Impression : IMB -Imprimerie moderne de Bayeux Z.I - 7, rue de la Résistance 14400 Bayeux

Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Dominique Bergonier, Henri-Jean Boulouis, Alain Bousquet-Melou, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, René Chermette, Eric Collin, Fabien Corbières, Stéphane Daval, Luc Descoteaux

Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 4 - AVRIL 2014

4

Jean-Claude Desfontis, André Desmecht (Liège), Emmanuel Devaux, Alain Ducos, Barbara Dufour, Pascal Dubreuil (Québec) Gilles Fecteau (Québec) Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji, Norbert Gauthier, Norbert Giraud, Denis Grancher, Jean-Marie Gourreau, Raphaël Guatteo, Jean-Luc Guérin,

Nicolas Herman1 Marie Madeleine Auzanneau2 Nicole Picard-Hagen3 1Clinique

vétérinaire des Mazets, 15400 Riom Es Montagnes

2Cabinet

Vétérinaire de Charroux 86250

3Pathologie de la reproduction, École Nationale Vétérinaire de Toulouse

1 Veau issu de la gestation prolongée (photo N. Herman).

que le taureau Bayonne de l’année précédente, la durée de la gestation est donc de 452 jours. 1 Quelles sont les causes qui pourraient expliquer une si longue gestation ? 2 Quels examens complémentaires réaliser pour déterminer l’étiologie de cette gestation prolongée ? 3 Quel traitement instaurer ? 4 Quelles sont les éventuelles conséquences sur le troupeau ? Réponses à ce test page 72

Nadia Haddad, Christophe Hugnet, Jean-François Jamet, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Michaël Lallemand, Dominique Legrand, Catherine Magras, Xavier Malher, Jacques Manière, Guy-Pierre Martineau, Hervé Morvan, Jean-Marie Nicol, Xavier Nouvel, Philippe Le Page,

Bertrand Losson (Liège), Renaud Maillard, Florent Perrot, Pierre Philippe, Xavier Pineau, Hervé Pouliquen, Jean-Dominique Puyt, Nadine Ravinet, Nicolas Roch, François Roumegous, Adrian Steiner (Suisse), Edouard Timsit, Étienne Thiry (Liège), Brigitte Siliart, Damien Vitour.


édito 26_edito NP ELSA 03/07/2014 17:17 Page5

éditorial Au delà des polémiques sur son niveau de responsabilité, le monde animal doit reconnaître sa contribution au débat sur l’antibiothérapie et l’antibiorésistance ...

L

’antibiorésistance figure parmi les 50 risques globaux les plus importants à l’échelle de la planète. Plus de 1000 experts internationaux issus de l’industrie, des autorités gouvernementales, du monde académique et de la société civile, réunis en janvier 2013, au huitième Forum Économique Mondial de Davos (Suisse), ont dressé la liste de ces risques majeurs. L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a également appelé plusieurs dizaines de fois au bon sens des autorités sanitaires et pharmaceutiques des États sur ce sujet. Désormais, l'OMS explique que les bactéries résistantes aux antibiotiques se sont propagées à toute la planète, de sorte que ‘’cette grave menace n'est plus une prévision, mais bien une réalité dans chaque région du monde’’. Ce premier rapport du 1er mai 2014, intitulé ‘’Antimicrobial resistance: global report on surveillance’’ est un tableau très complet de la résistance actuelle aux antibiotiques, portant sur 114 pays. Aucune région du monde n’est épargnée. ‘’Le monde s’achemine vers une ère post-antibiotiques, où des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer’’, a déclaré le Dr Keiji Fukuda, sous-directeur général de l’OMS pour la sécurité sanitaire. Même si l’antibiorésistance chez l’homme est principalement liée à la prescription directe des antibiotiques en ville et à l’hôpital, le monde animal n’est pas hors débat. Plus de la moitié des pays adhérents de l’Organisation Internationale des Épizooties (OIE) - OMS de la santé animale - utilise les antibiotiques comme facteurs de croissance en production animale. En Europe, cette pratique est interdite depuis 2006, notamment en raison de la proximité de certains antibiotiques utilisés jusqu’alors (avoparcine), avec des antibiotiques de dernier recours chez l’homme (vancomycine). En Europe encore, en 2008, le monde animal a été au centre d’une vaste enquête pour déterminer la prévalence, en élevage de porcs, d’un type nouveau de staphylocoque doré (Staphylococcus aureus) résistant à la méticilline (SARM), après la démonstration de sa transmission aux professionnels de la filière porcine. Ces deux exemples montrent l’expression d’une réelle inquiétude collective à utiliser des antibiotiques chez l’animal, en lien avec des enjeux de santé publique.

Jean-Yves Madec Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (Anses) Site de Lyon 31 avenue Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07

à suivre dans le prochain numéro ... - Mamelle : "Traiter/Ne pas traiter" et le choix de la molécule en fonction de la cible visée par Gilles Foucras, Dominique Bergonier

- La surveillance réglementaire de la résistance dans les productions avicoles et porcines, et l’évolution de la résistance par Pascal Sanders, Mireille Bruneau, A. Perrin-Guyomard, C. Soumet

Depuis quelques années, une mobilisation est en place dans plusieurs pays. En France, le plan EcoAntibio 2017, sous l’égide du ministère de l’Agriculture traduit celle-ci. Une auto-saisine de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (Anses) vient également de rendre ses conclusions (juin 2014). La France possède aussi un réseau de surveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath), interfacé avec les réseaux hospitaliers et de ville au sein de l’Observatoire National de l’Épidémiologie de la Résistance Bactérienne aux Antibiotiques (ONERBA). D’autres démarches coordonnées de l’Europe, de surveillance à l’abattoir, complètent encore le dispositif. Les enjeux associés à l’antibiorésistance animale sont donc pris très au sérieux, et ils sont discutés dans un premier article de ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire élevages et santé. L’objectif général du dossier spécial de ce numéro ‘’Antibiothérapie et Antibiorésistance’’ est ainsi de présenter les principaux aspects de cette problématique en élevage. L’article d’Emilie Gay et coll. précise tout d’abord l’évolution de la consommation et de l’usage des antibiotiques chez les ruminants en France, en parallèle de celui de Marisa Haenni et coll., qui résume les grandes tendances d’évolution de l’antibiorésistance dans ces filières, tant chez les animaux à l’abattoir que chez ceux malades en ferme.

- Le miel, alternative moderne au traitement des plaies chez les bovins Émeline Chopin, Christophe Roy disponible sur www.neva.fr

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé AVRIL 2014- 5


7-8 Actu Zénon BAT_6-7 Actualite 02/07/2014 19:04 Page7

actualités en perspective épidémiosurveillance disponible sur www.neva.fr

traiter les informations, oui ; les produire, comment ?

L

Essentiel ❚ L’avènement des technologies de l’information et de la communication (TIC) ont fait exploser les possibilités de traitement et de dissémination de données. ❚ La révolution du diagnostic : les analyses lourdes à mettre en œuvre et ne produisant de réponses qu’après des délais de plusieurs jours à quelques semaines sont en passe d’être remplacées par des systèmes capables de rechercher en quelques heures, et en une seule analyse cinq ou dix agents (ou sérotypes ou génotypes d’un même agent).

ACTUALITÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 7 - AVRIL 2014

7

a surveillance des maladies animales a été longtemps le parent pauvre des préoccupations des acteurs de santé animale. Considérée par les uns comme un sousproduit d’activités plus ‘’nobles’’ comme le contrôle ou le diagnostic, par les autres comme une activité vaguement bureaucratique destinée à fournir les justificatifs aux demandes de crédit ou à justifier des programmes dont l’impact opérationnel n’était pas toujours évident, elle mobilisait toujours trop d’ETP (Equivalent temps plein). Elle se traduisait finalement par quelques tableaux de chiffres peu lisibles, ou par des cartes qui masquaient plus qu’elles illustraient des réalités évoluant beaucoup plus vite que leur rythme de production. DEUX RUPTURES TECHNOLOGIQUES ET LEURS CONSÉQUENCES

● L’avènement des technologies de l’information et de la communication (TIC) ont fait exploser les possibilités de traitement et de dissémination de données dont la signification est ainsi diffusée sur une échelle inimaginable il y a seulement 30 ans. On applique ainsi des formules mathématiques complexes à des quantités de données regroupées au sein de bases (B.D. pour bases de données), au rythme toujours plus rapide de machines dont les logiciels permettent, non seulement des capacités d’opération simultanées gigantesques, mais aussi la formalisation sous forme de tableaux, graphes, cartes, … des situations les plus évolutives et les plus complexes. ● En conséquence, des systèmes de plus en plus sophistiqués donnent des allures réelles aux modélisations, permettant une prévision plus convaincante que la réalité qui pourra pourtant venir la démentir ! ● Dans le domaine des maladies transmissibles, la même révolution est en cours. Les analyses lourdes à mettre en œuvre et ne produisant de réponses qu’après des délais toujours trop longs (plusieurs jours à quelques semaines), qui nécessitaient la définition préalable d’une cible, par exemple la recherche d’une Pasteurella/Mannheimia sur un seul poumon, sont en passe d’être remplacées par des systèmes capables de rechercher, en une

seule analyse, cinq ou dix agents (ou sérotypes ou génotypes d’un même agent), implicables dans l’étiologie d’un épisode pathologique, par exemple, les principaux mycoplasmes et agents des groupes Pasteurella/Mannheimia, simultanément sur dix prélèvements ; le tout en quelques heures ! Ces nouveaux systèmes d’analyse sont le plus souvent issus des ‘’technologies omiques’’ : génomique, protéomique, métabolomique, … ● On imagine sans peine les formidables possibilités qu’offre la combinaison des deux familles de technologies pour l’épidémiosurveillance. Elles ont déjà commencé à donner des résultats concrets comme dans la surveillance de maladies virales (FCO*, Schmallenberg, ...) ou bactériennes (tuberculose, EHEC**). Compte tenu de ces premiers résultats, ont été élaborés des scénarios futuristes, mais néanmoins hautement probables, à une échelle de 2 à 15 ans où pourraient se développer une ‘’épidémiosurveillance tous azimuts’’ ou ‘’scanning surveillance’’ de nos collègues anglo-saxons. Comme souvent, nos collègues britanniques, confrontés depuis plus de 10 ans à des contraintes budgétaires de plus en plus strictes, ont exploré les possibilités offertes par cette nouvelle donne technologique dans un contexte qui ne peut que durer, et probablement, s’accentuer. TRADUCTION ET PERSPECTIVES EN GRANDE-BRETAGNE Du rêve à la réalité, il y a toujours une transition … délicate. Celle-ci l’est d’autant plus que l’urgence impose des ‘’économies‘’que certains verraient bien se réaliser en passant de l’épidémiosurveillance d’hier (et d’aujourd’hui) à la ‘’scanning surveillance‘’ de demain. En effet, la combinaison TIC/ techomiques ouvre la possibilité concrète d’une réduction drastique du nombre de centres d’investigation vétérinaires régionaux (plus ou moins équivalent en Grande-Bretagne des LVD (Laboratoires vétérinaires départementaux) mais intégrés dans une structure nationale qui est depuis quelques années l’AHVLA (Animal Health ●

* FCO : Fièvre catarrhale ovine ** EHEC : Escherichia coli entérohémorragique

NOTES


Traitement de tarissement préventif et curatif

ARMÉE

CONTRE LES MAMMITES

SEAU DE 60 INJECTEURS

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COMPLET

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Le CLOXAGEL HL 500 possède une composition inedite de deux antibiotiques bactéricides sous forme micronisée : Cloxacilline et Néomycine, ainsi qu’un excipient « Gel ».

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Proposé en boîte de 12 injecteurs ou en seau de 60 injecteurs, le CLOXAGEL HL 500 constitue une alternative de traitement au tarissement efficace, et adapté au besoins du terrain.

BOÎTE DE 12 INJECTEURS

Ce médicament vétérinaire est un antibiotique. Votre prescription est susceptible d’induire des résistances bactériennes. Elle doit être justifiée. CLOXAGEL HL 500. Composition : Cloxacilline sous forme. de benzathine) 500 mg ; Néomycine (sous forme. de sulfate) 340 000 U.I. ; Excipient QSP 1 applicateur de 8 g. Indications : Affections mammaires à germes sensibles à la cloxacilline et à la néomycine. Chez les vaches au tarissement : traitement des mammites sub-cliniques à Staphylococcus aureus, Streptococcus agalactiae, Streptococcus dysgalactiae et Streptococcus uberis et en prévention de nouvelles infections pendant la période sèche. Posologie et Voie d’administration : Voie intramammaire. 500 mg de cloxacilline et 340 000 UI de néomycine, soit le contenu d’une seringue par quartier au tarissement, immédiatement après la dernière traite. Lors de la dernière traite qui précède la période de tarissement, traire complètement les quatre quartiers de la mamelle. Nettoyer et désinfecter les trayons, puis injecter le contenu complet d’un applicateur par quartier. Ne plus traire ensuite. Contre-indications : Ne pas utiliser en cas d’antécédents d’allergie aux pénicillines et/ou aux aminosides. Effets indésirables : Des réactions allergiques immédiates ont été décrites chez certains animaux (agitation, tremblement, oedème de la mamelle, des paupières et des lèvres) pouvant entraîner la mort des animaux. Temps d’attente : Viandes et abats : 30 jours. Lait : zéro jour après la mise bas si celle-ci intervient 6 semaines ou plus après l’administration du médicament. 14 jours après la mise-bas, si celle-ci intervient moins de 6 semaines après l’administration du médicament. Catégorie : Liste I - Usage Vétérinaire. À ne délivrer que sur ordonnance devant être conservée pendant au moins 5 ans. Présentations : Boîte de 12 injecteurs, Seau de 60 injecteurs - AMM N° : FR/V/8118452 3/1992 COOPHAVET - 23 rue du Prieuré - SAINT-HERBLON - 44150 ANCENIS - FRANCE

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10-11 Questions-reponses référentiel mammites BAT_TMV Nobivac 02/07/2014 13:37 Page10

questions et réponses sur… le référentiel mammites

Jean-François Labbé Membre de la Commission Qualité du lait de la SNGTV Clinique Vétérinaire de la Rance 11 Rue du 19 Mars 1962 22 250 Broons

Objectifs pédagogiques ❚ Conaître les évolutions du référentiel Mammites. ❚ Connaître les nouvelles recommandations de traitement hors lactation et pendant la lactation.

Essentiel ❚ Dans la réédition du Référentiel Mammites, la problématique de l’antibiorésistance a été largement prise en compte aussi bien pour les traitements pendant la lactation que pour les traitements hors lactation. ❚ L’évaluation de l’efficacité du traitement au tarissement consiste à déterminer l’efficacité préventive et l’efficacité curative. ❚ L’utilisation systématique d’un traitement antibiotique intrammaire hors lactation est déconseillée. ❚ Pour choisir les animaux à traiter avec un antibiotique hors lactation, il convient de définir précisément les animaux infectés.

ACTUALITÉS

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 10 - AVRIL 2014

efficacité sanitaire, efficacité économique, sécurité : les trois points clés ■ Pourquoi une réédition du référentiel GTV a-t-elle été effectuée en 2013 ? ➜ Le précédent référentiel Mammites datait de 2001. Depuis, des nouveautés sont apparues ainsi que des évolutions règlementaires : de nouvelles spécialités pour le traitement en lactation, ou le traitement hors lactation ont été commercialisées (et notamment les obturateurs internes du trayon), un vaccin a reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) et la réglementation a évolué en 2007.

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➜ Il nous est donc apparu nécessaire de proposer aux praticiens un nouveau document qui prenne en compte ces nouveaux éléments. ■ Quelles pratiques sont remises en question suite aux dernières évolutions réglementaires (loi d’avenir agricole, plan EcoAntibio 2012 -2017…) ? ➜ Bien que la décision de revoir le référentiel ait été prise avant la sortie du plan d’action EcoAntibio, la problématique de l’antibiorésistance a été largement prise en compte aussi bien pour les traitements pendant la lactation que pour les traitements hors lactation. Un encadré spécifique l’aborde dans le référentiel. Nous insistons également sur l’obligation de réaliser un diagnostic étiologique le plus abouti possible avant toute prescription d’antibiotique. Nous avons pour cela bien redéfini clairement le cadre de ce diagnostic à travers l’analyse des données de l’élevage, l’utilisation raisonnée des analyses bactériologiques, et bien sûr si besoin, l’examen clinique de l’animal. ➜ Cela a abouti à des recommandations plus précises en termes de choix de molécules selon les différentes situations mais aussi à la proposition de ne pas recourir sytématiquement à un traitement antibiotique au tarissement. Des préconisations sur l’utilisation du lait contenant des antibiotiques ont également été apportées (photos 1, 2).

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La réédition du référentiel a permis de donner des recommandations plus précises sur le choix des molécules, en fonction des situations ainsi qu’à la proposition de ne pas recourir sytématiquement à un traitement antibiotique au tarissement (photos Jean-François Labbé).

■ Une des thématiques de ce référentiel concerne l'évaluation de l'efficacité des traitements au tarissement, quelle méthodologie avez-vous utilisée ? ➜ L’évaluation de l’efficacité du traitement au tarissement consiste à déterminer l’efficacité préventive (un animal sain au tarissement est toujours sain au vêlage) et l’efficacité curative (un animal infecté au tarissement doit être sain au vêlage). ➜ L’analyse a donc pour but de définir, pour chaque animal son statut avant et après la période sèche. Le taux de nouvelles infections doit être inférieur à 10 p. cent et le taux de guérison supérieur à 85 p. cent. Concrètement, dans les élevages en suivi, nous utilisons le logiciel Vetoexpert pour réaliser ces calculs. Ce type d’analyse est également disponible dans les exploitations adhérentes à un contrôle de performance.


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Indications : Chez les bovins, les porcins, les chiens et les chats : - Traitement des infections généralisées du jeune et de l’adulte, des pneumonies et pleuropneumonies, des infections post-partum, des infections urinaires, des plaies infectées (telles que le panaris interdigité...), des abcès (tels que les omphalophlébites...), et des infections post-opératoires dus à des germes sensibles à la pénicilline et à la dihydrostreptomycine. Administration et posologie : Chez les bovins et les porcins : 13,1 mg de benzylpénicilline et 16,4 mg de dihydrostreptomycine par kg de poids vif par voie intramusculaire, une à deux fois à 72 heures d’intervalle, correspondant à 10 ml de suspension pour 100 kg de poids vif en une administration unique à renouveler si nécessaire 72 heures plus tard. Chez les chiens et les chats : 5,3 à 10,6 mg de benzylpénicilline et 6,7 à 13,1 mg de dihydrostreptomycine par kg de poids vif par voie intramusculaire ou sous cutanée, une à deux fois à 72 heures d’intervalle, correspondant à 1 à 2 ml de suspension pour 25 kg de poids vif en une administration unique à renouveler si nécessaire 72 heures plus tard. Bien agiter le flacon pour homogénéiser la suspension avant l’emploi. Contre-indications : Ne pas administrer en cas d’allergie connue aux pénicillines ou aux anesthésiques locaux. Ne pas administrer aux lapins, cobayes, hamsters ou gerbilles. Précautions d’emploi chez les animaux : Une utilisation inappropriée du produit peut augmenter la prévalence des bactéries résistantes à la pénicilline ou à la dihydrostreptomycine. Chez les animaux insuffisants rénaux ou déshydratés, la posologie doit être évaluée avec attention. Lors de surdosage massif, la dihydrostreptomycine peut induire un blocage neuromusculaire entraînant une paralysie flasque et une dépression cardio-respiratoire qui peuvent être combattues par l’administration de calcium par voie intraveineuse. Précautions particulières à prendre par la personne qui administre le médicament : Les pénicillines et les céphalosporines peuvent entraîner des réactions d’hypersensibilité (allergie) après injection, inhalation, ingestion ou contact cutané. Cette hypersensibilité aux pénicillines peut entraîner des réactions croisées avec les céphalosporines, et inversement. Ces réactions d’hypersensibilité peuvent être occasionnellement graves. De même, l’utilisation d’anesthésiques locaux peut entraîner des réactions d’hypersensibilité. Ne pas manipuler ce produit si vous savez être sensibilisé, ou s’il vous a été conseillé de ne pas entrer en contact avec ce type de molécule. En cas de contact avec les yeux, rincer immédiatement et abondamment à l’eau. En cas de symptômes après exposition (rougeur cutanée), demander un avis médical en présentant la notice au médecin. Un oedème de la face, des lèvres ou des yeux, ou des difficultés respiratoires constituent des signes graves, qui nécessitent un traitement médical urgent. Effets indésirables : Des réactions d’hypersensibilité à la pénicilline et à la procaïne, indépendantes de la dose, peuvent être induites. Des réactions allergiques (réactions cutanées, choc anaphylactique) peuvent occasionnellement survenir. Des réactions tissulaires locales au point d’injection peuvent apparaître suite à l’administration du médicament. Utilisation en cas de gravidité et de lactation ou de ponte : Les études sur animaux de laboratoire n’ont pas mis en évidence d’effet tératogène des principes actifs. En l’absence d’étude dans les espèces cibles, l’utilisation du médicament sera fonction de l’évaluation du rapport bénéfice/risque réalisée par le vétérinaire. Temps d’attente : Viande et abats : Bovins : 64 jours. Porcins : 39 jours. Lait : 5 jours. Catégorie : Liste I. A ne délivrer que sur ordonnance devant être conservée pendant au moins 5 ans. Conservation : 1 an. Après première ouverture du conditionnement primaire : 28 jours si conservé entre 2°C et 8°C. Durée de conservation après première ouverture du conditionnement primaire : 14 jours si conservé en dessous de 25°C. A conserver et transporter réfrigéré (entre 2°C et 8°C). Présentations : AMM FR/V/9639616 8/1991 – Flacon de 50 ml GTIN 0359713 221903 7 - Flacons de 100 ml GTIN 0359713 221901 3 - Flacons de 250 ml GTIN 0359713 200187 8. VIRBAC France – 13ème Rue LID – BP 447 – 06515 CARROS CEDEX. Service Client : 0 811 706 706*, Virbac Assistance : 0 811 904 606* (*Coût d’un appel local depuis un poste fixe)


13-17 Enjeux BAT_Gabarit dossier ruminants 03/07/2014 16:59 Page13

les enjeux associés aux antibiotiques utilisés en élevage La profession vétérinaire doit prendre la question de l’antibiorésistance à bras le corps. Pourquoi ? Quels sont les enjeux qui sous-tendent cette démarche ? Quel est le lien avec la même problématique chez l’homme ?

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es antibiotiques sont des molécules précieuses. L’homme les a largement utilisées dans sa lutte contre les infections bactériennes ces dernières décennies, depuis la 2e guerre mondiale. Les antibiotiques ont depuis lors acquis l’image de médicaments courants. ● Pourtant, l’antibiorésistance est apparue très rapidement dans les années 50, après l’utilisation des antibiotiques chez l’homme. Ce constat a progressivement conduit toute prescription d’antibiotiques à faire l’objet d’un état des lieux et d’un contrôle. Cette recommandation concerne désormais aussi leur prescription en médecine vétérinaire. ● De surcroît, la mondialisation des échanges, tant commerciaux que de personnes, donne une large dimension à cette problématique, car, au delà d’être sélectionnée par l’usage des antibiotiques, l’antibiorésistance se dissémine. Il est donc souhaitable de tenter de trouver le bon curseur pour atteindre une proportion acceptable de bactéries antibiorésistantes dans tous les écosystèmes (homme, animal, environnement). L’antibiorésistance, sans jamais disparaître, peut (et doit) diminuer. Cet article propose de discuter comment rationaliser la prescription de ces molécules au regard d’enjeux de santé publique.

UN ENJEU MAJEUR : PRÉSERVER L’EFFICACITÉ DES ANTIBIOTIQUES IMPORTANTS POUR L’HOMME Le médecin et le vétérinaire n’ont pas la même histoire avec les antibiotiques. L’histoire en bref en médecine humaine ... L’évidence de l’antibiorésistance s’est ainsi imposée au médecin dès les années 50. ●

L’usage de la pénicilline G, molécule miracle face aux infections staphylococciques, a été rapidement confronté à l’échec thérapeutique quand le gène de résistance à cet antibiotique (blaZ) s’est rapidement disséminé. Plus de 60 ans plus tard, la prévalence de la résistance à la pénicilline G dans cette espèce bactérienne est de 90 p. cent dans les hôpitaux français. Depuis bien longtemps, cet antibiotique n’est plus utile pour lutter contre le staphylocoque doré dans les établissements de soins. ● Dès lors que la résistance bactérienne à un antibiotique commençait à émerger, une formidable dynamique industrielle s’est mise en marche pour proposer de nouveaux antibiotiques aux médecins. Ainsi, la méticilline a été commercialisée en 1960 pour lutter contre les infections staphylococciques devenues résistantes à la pénicilline G. A peine une année plus tard, les premières souches humaines de S. aureus résistantes à la méticilline (SARM) ont émergé en Angleterre, avant de se répandre abondamment en milieu hospitalier. ● L’industrie pharmaceutique a ainsi permis de conserver une efficacité thérapeutique globale pendant une cinquantaine d’années, grâce à un tapis roulant permanent qui écrasait les antibiotiques périmés, au profit de nouveaux antibiotiques. Mais cette offre s’est progressivement tarie. Aussi, les médecins sont-ils plus fréquemment confrontés à l’échec thérapeutique, et par là même, au constat de la fugacité de l’efficacité des antibiotiques. ... et en médecine vétérinaire ● Les vétérinaires, au contraire, prennent connaissance de la résistance aux antibiotiques de façon détournée, principalement sous l’impulsion des médecins qui s’en inquiètent. Cette prise de conscience survient, en outre, environ une cinquantaine d’années après celle des médecins. La première description d’un SARM chez un animal l’a certes été en 1972, à partir d’une mammite bovine en Belgique, mais dans une confidentialité quasi complète, sans aucun enjeu de santé. ● La réelle apparition du SARM animal sur les devants de la scène l’a été en 2005, soit 45 ans après la même émergence chez

Jean-Yves Madec Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (Anses) Site de Lyon 31 avenue Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07

Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre pourquoi les antibiotiques sont des molécules précieuses. ❚ Comprendre les mécanismes de transmission de l’antibiorésistance entre l’animal et l’homme. ❚ Savoir mettre en perspective les enjeux de l’antibiorésistance au plan mondial.

Essentiel ❚ L’antibiorésistance est une conséquence systématique de l’usage des antibiotiques. ❚ Les antibiotiques sont désormais des molécules précieuses, il faut en préserver l’efficacité. ❚ Les bactéries sont très souvent résistantes à plusieurs antibiotiques (multi-résistance). ❚ L’antibiorésistance animale peut se transmettre à l’homme par voie alimentaire ou par contact avec les animaux.

RUMINANTS

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 AVRIL 2014 - 13


18-22 évolution de la consommation_Gabarit dossier ruminants 03/07/2014 13:35 Page18

l’évolution de la consommation et de l’usage Émilie Gay1 Anne Chevance2 Nathalie Jarrige1 Géraldine Cazeau1 Gérard Moulin2 1Anses

laboratoire de Lyon 31 avenue Tony Garnier 69364 Lyon cedex 07 2Anses - Agence nationale

du médicament vétérinaire 10 B, rue Claude Bourgelat 40608 35302 Fougères Cedex

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les sources d’information sur l’évolution de la consommation et de l’usage des antibiotiques en France. ❚ Connaître les grandes tendances de la consommation des ruminants et savoir caractériser les usages.

des antibiotiques chez les ruminants Usage d’antibiotiques et antibiorésistance sont étroitement liés. Ainsi, le suivi de la consommation des antibiotiques est-il un des outils indispensables à la lutte contre l’antibiorésistance. Le suivi annuel des ventes de médicaments vétérinaires contenant des antibiotiques permet d’observer les évolutions quantitatives. Les enquêtes de terrain complétent avec des informations qualitatives.

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es antibiotiques représentent la classe thérapeutique la plus utilisée parmi les médicaments vétérinaires. Or, toute utilisation d’antibiotiques peut conduire à la sélecEssentiel tion de bactéries résistantes [1, 2]. L’amplitude de cet effet varie selon la famille antibiotique ❚ Toute utilisation utilisée, la voie d’administration et le niveau de d’antibiotique peut conduire sensibilité des populations bactériennes renà la sélection de bactéries contrées. Un usage raisonné des antibiorésistantes. tiques ainsi qu’une diminution globale de la ❚ Depuis 1999, l’Anses consommation sont ainsi préconisés. ANMV a mis en place ● Dans cette optique, le ministère en charge un suivi des ventes de l’Agriculture a lancé en 2011 le plan de médicaments vétérinaires national de réduction des risques d’antibiocontenant des antibiotiques. résistance chez l’animal, EcoAntibio2017 (http://agriculture.gouv.fr/plan-ecoantibio❚ L’ALEA (Animal level of 2017) [6] (photo 1). Un des objectifs est de exposure to antimicrobials) réduire de 25 p. cent la consommation d’anest un indicateur tibiotiques en 5 ans. Dans le cadre de ce pour estimer le niveau plan, le suivi de l’utilisation est mis en avant. d’exposition des animaux Il est en effet nécessaire pour mieux cibler aux antibiotiques les recommandations et évaluer les effets (proportion d’animaux traités). des mesures prises. ● Actuellement en France, il n’existe pas de système national d’enregistrement des prescriptions ou des utilisations d’antibiotiques dans les filières animales. En revanche, RUMINANTS l’Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) de l’Anses produit des données annuelles sur les ventes d’antibiotiques. Ces données sur la consommation sont complétées par des enquêtes de ter❚ Crédit Formation Continue : rain quantitatives et/ou qualitatives qui per0,05 CFC par article mettent de mieux caractériser les usages. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 18 - AVRIL 2014

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1 Le plan national de réduction des risques d’antibiorésistance chez l’animal, EcoAntibio2017, a été mis en place par le ministère en charge de l’Agriculture en 2011.

LES ASPECTS QUANTITATIFS DE LA CONSOMMATION D’ANTIBIOTIQUES Les sources de données ● Depuis 1999, l’Anses - ANMV a mis en place un suivi des ventes de médicaments vétérinaires contenant des antibiotiques. ● Les quantités d’unités vendues pour chaque spécialité sont recueillies auprès des titulaires d’autorisation de mise sur le marché (AMM), suite à un accord avec le syndicat de l’industrie du médicament vétérinaire et réactifs (SIMV). ● Les laboratoires pharmaceutiques fournissent également une estimation de la répartition des ventes d’antibiotiques, par espèce de destination dans le cas des spécialités avec AMM multi-espèces. L’ANMV publie un rapport annuel de ce suivi [4].

Plusieurs indicateurs ● Plusieurs indicateurs sont disponibles, du plus simple, le tonnage de principes actifs qui apprécie les volumes de vente, au plus élaboré, qui permet d’estimer le niveau d’exposition des animaux aux antibiotiques, dit l’ALEA (Animal level of exposure to antimicrobials). L’ALEA est calculé pour les voies parentérale et orale uniquement ; la voie locale, principalement les intra-mammaires et intra-utérins, est traitée séparément.


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Ces médicaments vétérinaires sont des antibiotiques. Toute prescription d’antibiotique a un impact sur les résistances bactériennes. Elle doit être justifiée.

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24-28 - évolution antibiorésistance_Gabarit dossier ruminants 02/07/2014 13:30 Page24

évolutions

de l’antibiorésistance chez les ruminants

Marisa Haenni Jean-Yves Madec Emilie Gay Anses laboratoire de Lyon 31 avenue Tony Garnier 69364 Lyon cedex 07

L’antibiorésistance des bactéries des ruminants peut être évaluée à l’abattoir, ou en ferme chez l’animal malade. Suivre les tendances permet de documenter les effets d’un changement des pratiques de prescription, notamment vis-à-vis des antibiotiques critiques, que sont les céphalosporines de dernière génération et les fluoroquinolones.

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les dispositifs de surveillance de l’antibiorésistance chez les ruminants en France. ❚ Connaître les grandes tendances de l’évolution de l’antibiorésistance chez les ruminants.

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Essentiel ❚ L’antibiorésistance peut être mesurée à l’abattoir ou en élevage. ❚ La surveillance à l’abattoir était facultative chez les bovins jusqu’en 2014, elle sera désormais obligatoire et coordonnée au niveau européen. ❚ En filière bovine, la résistance aux C3/C4G concerne surtout les veaux. ❚ A l’abattoir, 29 p. cent de résistance aux C3/C4G sont détectés chez les Escherichia coli de la flore sous-dominante des veaux.

’usage des antibiotiques, tant chez l’homme que chez l’animal, représente un facteur de risque majeur de sélection de bactéries résistantes. L’antibiorésistance en santé animale n’est pas un phénomène nouveau, mais il a pris de l’ampleur ces dernières années.

Il est actuellement au cœur des préoccupations de tous les acteurs de la santé animale et de la santé publique vétérinaire, pour les problèmes en thérapeutique animale, mais aussi et surtout pour les conséquences potentielles en santé humaine. La Direction générale de l’alimentation (DGAl) du ministère en charge de l’Agriculture a lancé en 2011 le plan national de réduction des risques d’antibiorésistance chez l’animal, EcoAntibio2017*. Dans le cadre de ce plan, l’importance de la surveillance de l’antibiorésistance a été mise en avant. En effet, cette surveillance permet d’identifier les molécules sur lesquelles porter une attention particulière dans le cadre de la prescription raisonnée. C’est elle qui permettra d’évaluer l’impact des mesures de gestion mises en place par les filières et les pouvoirs publics. ●

RUMINANTS

● En France, pour la filière ruminants, cette surveillance est assurée par deux systèmes complémentaires : les plans de surveillance de la résistance des bactéries commensales chez les animaux sains, et le réseau d’épidé❚ Crédit Formation Continue : miosurveillance de l’antibiorésistance des 0,05 CFC par article bactéries pathogènes animales (Résapath).

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 24 - AVRIL 2014

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1 Antibiogramme par diffusion en milieu gélosé d’un Escherichia coli présentant un phénotype de Béta-lactamase à spectre étendu (BLSE), reconnaissable aux synergies en bouchon de champagne entre les C3G/C4G et les inhibiteurs (dont l’amoxicilline-acide clavulanique**) (photo M. Haenni, Anses Lyon).

L’ANTIBIORÉSISTANCE DE LA FLORE COMMENSALE ● Depuis 1999, la DGAl et l’Anses mettent en œuvre des plans de surveillance de l’antibiorésistance des bactéries sentinelles (Escherichia coli, Enterococcus faecium) et zoonotiques (Salmonella, Campylobacter spp) chez les animaux sains destinés à la consommation. ● En filière ruminants, entre 2002 et 2007, des plans de surveillance ont été effectués sur une base volontaire chez les bovins uniquement (photo 1). ● En 2012, un nouveau plan de surveillance a porté sur les E. coli isolés de fèces de veaux [13]. ● Dès 2015, la surveillance des bovins sera rendue obligatoire par l’Europe sur une base bisannuelle.

Sources de données Les données détaillées ci-dessous concernent principalement les E. coli isolés de veaux à l’abattoir et collectés dans le cadre du plan de surveillance 2012.

NOTES * http://agriculture.gouv.fr/plan-ecoantibio-2017 ** Cf. l’article ‘’L’antibiogramme : comment le réaliser et quelle utilité pour le praticien ?’’, des mêmes auteurs dans ce numéro.


la définition de la résistance aux antibiotiques dans le cadre de la surveillance épidémiologique

de ce risque en santé publique La résistance aux antibiotiques chez les bactéries pathogènes pour l’homme est un risque de santé publique qui est pris en compte dans le cadre de la directive sur la surveillance des zoonoses. Cet article rappelle les principales définitions et les modalités pratiques de cette surveillance réalisée dans un cadre réglementaire européen.

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’effet d’un antibiotique sur le développement d’une souche bactérienne isolée et identifiée au niveau de l’espèce bactérienne peut être déterminé in vitro par des méthodes standardisées*. ● La méthode de dilution mesure la sensibilité d’une souche bactérienne aux antibiotiques, sous la forme de concentrations minimales inhibitrices (CMI) exprimées en µg/ml ou mg/L. Lorsque celle-ci est réalisée en utilisant des dilutions en milieu gélosé, c’est la méthode de référence pour mesurer la sensibilité à un antibiotique d’une souche bactérienne par les comités de standardisation. ● La CMI est la première concentration qui stoppe la multiplication bactérienne et ne permet pas d’observer une croissance visible à l’œil nu, après un temps d’incubation

Pascal Sanders Mireille Bruneau Christophe Soumet Anses Laboratoire de Fougères 10 B, rue Claude Bourgelat 40608 35302 Fougères Cedex

Figure 1 - Concentration Antibiotique 1 0,25 0,5

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Objectifs pédagogiques ❚ Comprendre la notion - Les puits verts correspondent à une croissance bactérienne, les noirs à l’absence de croissance de la souche. - La CMI pour l’antibiotique 1 est, dans ce cas, 4 µg/ml.

dans des conditions optimales de croissance (figures 1, 2). ● Cette catégorisation doit cependant s’effectuer après une lecture interprétative de l’antibiogramme. Celle-ci tient compte de l’ensemble du phénotype de sensibilité aux antibiotiques de la souche [3]. Par exemple, la sensibilité à la tétracycline est valable pour les autres tétracyclines (oxytétracycline, chlortétracycline, doxycycline). ● En médecine humaine, l’établissement de valeurs critiques est aujourd’hui très bien organisé au niveau européen par EUCAST. Pour l’antibiothérapie vétérinaire, aucune démarche européenne de définition de valeurs critiques cliniques n’a actuellement été initiée. Mais celle-ci a progressé dans le cadre du Clinical Laboratory Standard Institute (CLSI) américain [2]. NOTES * Cf. l’article ‘’La méthodologie d’étude de la sensibilité aux antibiotiques par diffusion et par dilution’’, de P. Sanders dans ce numéro. ** Eucast : European Committee on Antimicrobial Susceptibility Testing (www.eucast.org)

Figure 2 - Graphique de distribution des CMI (Source EUCAST http://www.escmid.org/research_projects/eucast/)

de résistance aux antibiotiques d’un point de vue épidémiologique. ❚ Savoir la différence avec la notion de résistance aux antibiotiques d’un point de vue clinique.

Essentiel ❚ Une bactérie peut être classée comme sensible d’un point de vue thérapeutique, et résistante d’un point de vue épidémiologique. ❚ Les seuils épidémiologiques sont utilisés en santé publique pour surveiller l’évolution de la résistance aux antibiotiques. ❚ Les valeurs critiques cliniques sont établies en associant les données épidémiologiques et les informations pharmacologiques et cliniques.

% de micro-organismes 60 50 40

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0 MIC (mg/L)

Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.).

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31-32 Méthodologie BAT_Gabarit dossier ruminants 01/07/2014 19:42 Page31

la méthodologie d’étude de la sensibilité aux antibiotiques par diffusion et par dilution

Pascal Sanders Mireille Bruneau Christophe Soumet

Les antibiotiques sont des médicaments indispensables dans l’arsenal thérapeutique à la disposition du médecin et du vétérinaire. La cible thérapeutique est la bactérie pathogène. La sensibilité à un antibiotique peut être déterminée par des méthodes standardisées de laboratoire décrites dans cet article.

Anses Laboratoire de Fougères 10 B, rue Claude Bourgelat 40608 35302 Fougères Cedex

Objectif pédagogique ❚ Connaître les principes techniques de deux méthodes de détermination de la sensibilité à un antibiotique d’un isolat bactérien : la méthode par dilution, et la méthode par diffusion.

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Antibiogramme basé sur la détermination de CMI par dilution en microplaque (photo P. Sanders, Anses, Laboratoire de Fougères).

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’effet d’un antibiotique sur le développement d’une souche bactérienne isolée et identifiée au niveau de l’espèce bactérienne est mesuré in vitro par des méthodes standardisées. ● Deux méthodes sont classiquement utilisées : - la méthode par diffusion en gélose, appelée antibiogramme, qui exprime la sensibilité sous forme d’un diamètre d’inhibition mesuré en mm ; - et la méthode par dilution qui exprime la sensibilité sous la forme de concentrations minimales inhibitrices (CMI). Cette dernière est la méthode de référence pour mesurer la sensibilité à un antibiotique [1]. ● Nous proposons de décrire les grands principes techniques des deux méthodes de détermination de la sensibilité à un antibiotique d’un isolat bactérien : la méthode par dilution et la méthode par diffusion.

Essentiel

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Antibiogrammes basés sur la détermination de diamètre d’inhibition par la méthode diffusion en milieu gélosé. - Gauche : E. coli sensible aux 16 antibiotiques testés. - Droite : E. coli résistant à 13 des 16 antibiotiques testés (photo E. Jouy, Anses, Laboratoire de Ploufragan).

ne permet pas d’observer une croissance visible après un temps d’incubation dans des conditions de culture prédéfinies (milieu de culture, température d’incubation, pH, teneur en 02 et C02). Pour la plupart des espèces bactériennes, les LA MÉTHODE PAR DILUTION CMI sont obtenues en étudiant la croissance ● Pour un antibiotique donné, une gamme après 18 à 24 h d’incubation. de dilution de l’antibiotique, de raison 2, est LA MÉTHODE PAR DIFFUSION réalisée dans un milieu liquide ou dans un milieu solide. ● Une méthode indirecte, couramment utili● La méthode couramment utilisée est sée par les laboratoires de diagnostic, déterbasée sur l’utilisation de plaques de micro- mine le diamètre d’inhibition d’une croissandilution. Celles-ci permettent de tester la ce visible autour de disques, contenant des sensibilité à un ensemble d’antibiotiques en quantités définies d’antibiotique disposés à bouillon de culture (photo 1). Chaque puits la surface d’un milieu gélosé, ensemencé par de la microplaque est ensemencé avec une une suspension ajustée d’un isolat bactérien suspension bactérienne standardisée dont (photo 2). on connaît l’espèce. Chaque isolement bactérien est identifié au ● La CMI est la première concentration qui niveau de l’espèce bactérienne. L’antibiotique stoppe la multiplication bactérienne, et diffuse dans la gélose autour du disque-pastille,

❚ La méthode de référence pour mesurer la sensibilité à un antibiotique d’une souche bactérienne est la méthode par dilution (dilutions en milieu gélosé). ❚ La sensibilité à un antibiotique s’effectue pour un isolat bactérien pur identifié au niveau de l’espèce bactérienne. ❚ La sensibilité à un antibiotique nécessite des conditions de culture (milieux, température, atmosphère) standardisé en fonction de l’espèce bactérienne.

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❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 AVRIL 2014 - 31


33-38 Céphalosporines_Gabarit dossier ruminants 03/07/2014 12:59 Page33

fluoroquinolones et céphalosporines de 3è et 4è génération Aude Ferran

des molécules récentes identifiées comme critiques Les fluoroquinolones et les céphalosporines de 3è et de 4è générations sont des molécules bactéricides à large spectre dites de ‘’dernière’’ génération. Leur efficacité sur le terrain ne doit cependant pas faire oublier qu’elles sont identifiées comme critiques dans la sélection des résistances bactériennes.

L

es avantages des fluoroquinolones ou des céphalosporines de 3è et 4è générations (C3G/C4G) sont leur forte efficacité et leur large spectre d’action qui permettent de traiter de nombreuses infections bactériennes chez les animaux d’élevage. Elles sont considérées comme ‘’antibiotiques critiques’’ compte tenu de leur capacité d’induction de résistances aussi bien dans la flore pathogène que commensale pouvant être transmises à l’homme. Cet article présente l’intérêt des fluoroquinolones et des céphalosporines de 3è et de 4ègénérations (C3G/C4G) dans le traitement des affections rencontrées en élevage (spectre et indication), et leurs modalités d’utilisation, en fonction des différentes propriétés pharmacologiques des molécules et des formulations disponibles. Le processus de sélection de résistance à ces antibiotiques et à l’origine de leur classification en tant que ‘’critique’’ est également abordé.

SPECTRES D’ACTIVITÉ ET INDICATIONS Les céphalosporines de 3è et de 4è génération Les céphalosporines de 3è et de 4è génération (C3G/C4G) disponibles en médecine vétérinaire pour les animaux d’élevage sont le ceftiofur et la cefquinome [2]. La céfovecine, Convenia®, une C3G, n’est commercialisée qu’en médecine canine et féline. ● Les céphalosporines sont des bêta-lactamines. Elles ont le même mode d’action que les pénicillines, l’amoxicilline ou l’ampi●

cilline. Les céphalosporines interfèrent avec la synthèse de la paroi bactérienne, elles agissent donc de préférence sur les bactéries en division et sur des infections aiguës. ● Par rapport à l’amoxicilline, les céphalosporines sont plus stables vis-à-vis des pénicillinases et des bêta-lactamases, ce qui signifie que certaines bactéries résistantes à l’amoxicilline ne sont par résistantes aux C3G ou aux C4G. L’intérêt de l’utilisation des céphalosporines par rapport à l’association amoxiclline/acide clavulanique ou à la céfalexine (Rilexine®, céphalosporine sensible aux b-lactamines uniquement employée en traitement des mammites hors lactation) n’est donc réel que si les bactéries ciblées sont porteuses de résistances. ● Une bactérie sensible à la céphalexine n’est pas plus rapidement ou plus efficacement tuée par la cefquinome (Cobactan®) que par la céfalexine. ● La cefquinome et le ceftiofur ont généralement une très bonne activité sur les E coli, sur les pasteurelles, sur Manheimia, sur Heamophilus, sur Actinobacillus et sur Streptoccus suis. En comparaison, la cefquinome a une meilleure activité que le ceftiofur sur les staphylocoques, mais une moins bonne activité sur Clostridium et Fusobacterium [3]. Les fluoroquinolones ● Les fluoroquinolones disponibles pour les animaux de rente sont la danofloxacine (Advocine®), l’enrofloxacine (Baytril®) et la marbofloxacine (Marbocyl®) (tableau) [4]. ● Le mode d’action des fluoroquinolones (FQ) est une inhibition de la gyrase et de la topoisomérase, deux enzymes bactériennes intervenant dans la torsion de l’ADN et dans la réplication. ● Les fluoroquinolones ont une activité bactéricide sur les bactéries aérobies Gram négatif, Gram positif et sur les mycoplasmes. Ces antibiotiques ne sont pas actifs sur les germes anaérobies (clostridies, bacteroïdes par exemple). Cependant, l’activité bactéricide sur les bactéries aérobies Gram négatif est en général meilleure que l’activité bactéricide sur les bactéries aérobies Gram positif [5].

UMR1331 Toxalim INRA, INPT Laboratoire de Physiologie, Pharmacologie, Thérapeutique ENVT 23 chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les indications des fluoroquinolones et des céphalosporines de 3e et de 4e généraiton, ainsi que celles des différentes formulations du ceftiofur et de la cefquinome, et leurs particularités. ❚ Comprendre comment les schémas posologiques sont adaptés aux modes d’action des antibiotiques. ❚ Comprendre comment l’usage de ces molécules peut entraîner la sélection de résistances transmissibles.

Essentiel ❚ Les bactéries résistantes aux céphalosporines de 3è et de 4è générations sont résistantes à toutes les bêta-lactamines utilisées en médecine vétérinaire. ❚ Les céphalosporines de 3è et de 4è générations et les fluoroquinolones ne devraient être utilisées que pour des traitements curatifs.

RUMINANTS

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 AVRIL 2014 - 33


39-44 bronchopneumonie infectieuse bovine_Gabarit dossier ruminants 03/07/2014 14:40 Page39

traitements antibiotiques collectifs lors de bronchopneumonie infectieuse bovine Sébastien Assié Gilles Meyer Alain Bousquet-Melou

faut-il encore les utiliser ? Les traitements collectifs sont utilisés pour traiter les animaux lors de bronchopneumonie des bovins. Or, il nous faut réduire la consommation d’antibiotiques. Les traitements collectifs doivent alors être reconsidérés en prenant en compte cet objectif. Par ailleurs, des outils de détection de divers troubles pathologiques autorisent le recours à des traitements précoces. Dès lors, il est de moins en moins nécessaire de recourir à des traitements collectifs.

L

es bronchopneumonies infectieuses (BPI) sont les principales maladies rencontrées dans les ateliers d’engraissement de jeunes bovins (JB) [1, 2, 4, 25]. En moyenne, 20 p. cent des bovins à l’engrais reçoivent un traitement curatif vis-à-vis de ces maladies [1, 7, 12]. Ce sont des maladies infectieuses polyfactorielles qui atteignent souvent plusieurs jeunes bovins d’un même lot [4, 5, 19, 27] (photo 1). ● Dans le contrôle des BPI, le succès du traitement repose en grande partie sur la précocité de sa mise en œuvre, c'est-à-dire à un stade initial de la maladie [19]. ● Afin de prendre en compte les enjeux de santé animale, il est nécessaire de prévenir et de traiter au mieux les BPI. Les antibiotiques entrent dans différentes stratégies de prévention et de traitement [26]. En plus de traitements curatifs individuels, la métaphylaxie est aussi utilisée ; c’est un traitement collectif qui consiste à traiter l’ensemble des animaux d’un lot après avoir détecté les premiers animaux nécessitant un traitement [14, 24]. Pour prévenir la survenue des BPI, dans les feedlots nord-américains, une administration collective antibiotique durant les premières semaines suivant la mise en lot, encore désignée sous les vocables d’antibioprévention ou d’antibio-prophylaxie, est souvent réalisée [24, 28].

1,2 3,4 4,5

1 LUNAM Université, Oniris, École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de l’alimentation, Nantes-Atlantique, UMR Biologie, Épidémiologie et Analyse de Risque en santé animale, CS 40706, F-44307 Nantes 2 INRA,

UMR1300, F-44307 Nantes

3 Université de Toulouse INP- Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse cedex 03 4 UMR1331

Toxalim INRA, INPT Laboratoire de Physiologie, Pharmacologie, Thérapeutique ENVT, 23 chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 5 INRA,

1

Objectifs pédagogiques

Vingt p. cent des bovins à l’engrais reçoivent un traitement curatif vis-à-vis des bronchopneumonies infectieuses (BPI) (photo S. Assié).

❚ Comprendre

Cependant, considérant les enjeux de santé publique, il est nécessaire de diminuer la consommation globale d'antibiotiques en santé animale. Or, tout traitement antibiotique collectif, donc non ciblé aux seuls animaux malades, entraîne le traitement d’animaux sains qui ne nécessiteraient pas l’administration d’antibiotique. Ceci implique une augmentation de la consommation inutile, et même néfaste de ces médicaments [24]. ● Le ‘’modèle‘’ jeunes bovins (JB) est intéressant pour étudier et comparer différentes stratégies de lutte contre les bronchopneumonies infectieuses (BPI). Les BPI sont en effet pratiquement les seules affections rencontrées en tout début d’engraissement [1, 7]. La pratique d’élevage en lot facilite la réalisation d’études sur le terrain. Ainsi, différentes stratégies de traitement, collectives ou individuelles sont régulièrement testées sur ce type d’animaux. De plus, depuis quelques années, des dispositifs permettant de détecter les JB malades dès lors qu’ils expriment les premiers signes de BPI ont aussi été testés. Certains sont maintenant commercialisés pour les bovins en France. ● A partir de l’expérience acquise en jeunes bovins (JB), nous nous proposons : - de discuter des critères de mise en place des traitements collectifs à l’aune des deux enjeux de santé animale et de santé publique ; - d’envisager comment modifier les stratégies de traitement, en particulier avec les ●

UMR1225 IHAP, F-31076b Toulouse

les problématiques liées à l’antibioprévention, la métaphylaxie et les traitements curatifs individuels. ❚ Faire évoluer ses pratiques médicales vers moins de traitements collectifs. ❚ Identifier les dispositifs de détection des animaux malades.

Essentiel ❚ Le recours à la métaphylaxie ne devrait être décidé qu’au cas par cas, par des vétérinaires, après examen clinique.

RUMINANTS

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 AVRIL 2014 - 39


LES ANTIBIOTIQUES, UNE RESSOURCE PRÉCIEUSE ENTRE NOS MAINS. À TOUS.

Depuis 60 ans, Zoetis travaille en collaboration avec les vétérinaires et les éleveurs afin de préserver la santé et le bien-être des porcs. Parce que les antibiotiques représentent une ressource précieuse, si nous voulons qu’ils restent efficaces, nous devons les utiliser de manière responsable. Retrouvez plus d’informations sur www.zoetis.fr/antibiotiques

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46-52 - Porcs_Gabarit porcs-volailles 02/07/2014 19:18 Page46

l’antibiorésistance des bactéries isolées Isabelle Kempf1, 2 Eric Jouy1, 2 Sophie A. Granier3 Mireille Bruneau4 1 Anses, laboratoire de Ploufragan 22440 Ploufragan 2 Université Européenne de Bretagne, France 3 Anses, Laboratoire de sécurité des aliments, Maisons-Alfort, France 4 Anses, Laboratoire de Fougères, France

Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les systèmes de surveillance de la résistance des bactéries isolées chez le porc. ❚ Comprendre les stratégies de résistance aux antibiotiques développées par les principales bactéries.

NOTE * cf. l’article ‘’L’antibiorésistance des bactéries isolées chez le porc’’, du même auteur, dans Le Nouveau Praticien vet élevages et santé 2013;25(6):189-94.

Les bactéries du porc sont exposées à diverses familles d'antibiotiques et ont développé de nombreux mécanismes pour résister à ces pressions de sélection. Il en résulte des taux de résistance, très différents en fonction des familles d'antibiotiques ou des usages.

L

es modalités de surveillance de la résistance aux antibiotiques des principales bactéries isolées du porc ont été exposées dans un premier article*. Les mécanismes de résistance vis-à-vis des pénicillines, céphalosporines et aminosides ont ainsi été expliqués et les taux de résistance observés en France ou à l'étranger développés. Dans cette deuxième partie, les mécanismes de résistance aux autres familles d'antibiotiques (quinolones et fluoroquinolones, tétracyclines, macrolides, colistine, triméthoprime, sulfamides et phénicolés) sont passés en revue et les prévalences de ces résistances chez les bactéries du porc sont décrites.

Essentiel ❚ L’administration de fluoroquinolones aux porcs sélectionne rapidement et durablement une population de Campylobacter résistante. ❚ Les taux de résistance pour E. coli sont plus faibles que pour Campylobacter.

PORCS

LA RÉSISTANCE AUX QUINOLONES ET AUX FLUOROQUINOLONES ● Les quinolones et les fluoroquinolones ont pour cible les gyrases et les topo-isomérases, des enzymes principalement impliquées dans la réplication de l’ADN. ● Jusqu’à récemment, les seuls mécanismes connus de résistance vis-à-vis de ces antibiotiques étaient des mutations dans les gènes cibles. Ainsi, pour Campylobacter, il suffit par exemple d’une seule mutation Thr86Ile dans le gène gyrA pour que la concentration minimale inhibitrice (CMI) de la ciprofloxacine passe de 0,06 mg/L à 4 mg/L, et que la souche devienne cliniquement résistante.

Comment sélectionner des populations résistantes de Campylobacter ... ●

L’administration de fluoroquinolones aux

❚ Crédit Formation Continue : porcs sélectionne rapidement et durable0,05 CFC par article

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 46 - AVRIL 2014

2è partie

chez le porc

ment une population de Campylobacter

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résistante [30]. C’est sans doute pour cette raison que la résistance vis-à-vis de la ciprofloxacine de C. coli a fortement augmenté en France, passant de moins de 15 p. cent au début des années 2000, à 34 p. cent en 2009 [16] (tableaux 1, 2). ... et de E. coli ● Chez E. coli, une première mutation permet à la souche de résister aux quinolones de première génération (acide nalidixique, acide oxolinique), mais il faut généralement plusieurs mutations dans les gènes de topoisomérases, ou la conjonction de plusieurs mécanismes (mutations des topoisomérases, réduction de l’expression de porines ou surexpression de pompes d’efflux) pour que les souches atteignent des CMI correspondant à une résistance clinique visà-vis des fluoroquinolones. ➜ De ce fait, les taux de résistance pour E. coli sont plus faibles que pour Campylobacter. Toutefois, parmi les souches pathogènes d’E. coli, le pourcentage de souches non sensibles à l’enrofloxacine atteint actuellement près de 20 p. cent, et 41 p. cent des souches ne sont plus sensibles aux premières quinolones, sans doute en raison d’une première mutation dans les gènes cibles. Pour les souches commensales ou isolées sur les viandes de porcs, le taux de souches non sensibles aux quinolones est encore relativement faible en France, mais peut atteindre des valeurs inquiétantes dans certains pays [16] (tableau 2).

La résistance clinique chez Salmonella ● Chez Salmonella, suite à de nombreux échecs cliniques, il est maintenant admis par l’ensemble des comités d’experts, qu’une première mutation dans le gène gyrA est suffisante pour qu’une résistance clinique à l’ensemble des quinolones et aux fluoroquinolones se développe. Ainsi, les valeurs seuils d’interprétation de l’ensemble des tests de sensibilité aux quinolones et fluoroquinolones ont été récemment modifiées [28].

Les résistances plasmidiques Depuis quelques années, des mécanismes transmissibles de résistance aux fluoroqui-


53-58 antibiogramme BAT_Gabarit dossier ruminants 03/07/2014 13:58 Page53

technique

l’antibiogramme comment le réaliser et quelle utilité pour le praticien ?

Marisa Haenni1 Jean-Yves Madec1 Eric Jouy2 Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses),

L’antibiogramme permet de déterminer, in vitro, la sensibilité d’une bactérie vis-à-vis d’un antibiotique donné. Pour réaliser cet examen, les méthodes sont diverses, mais toutes visent à indiquer la présence éventuelle d’un mécanisme de résistance, naturel ou acquis, pouvant mener à un échec thérapeutique. Afin que l’antibiogramme apporte concrètement une plus-value au praticien, le dialogue doit être permanent entre le laboratoire et le vétérinaire.

L

a problématique de l’antibiorésistance est aujourd’hui largement mise en lumière, tant en médecine humaine que vétérinaire. Le Plan EcoAntibio2017, à l’image des plans antibiotiques en médecine humaine, a pour but, au travers d’une quarantaine d’actions, de promouvoir l’usage raisonné des antibiotiques et de diminuer la prévalence de l’antibiorésistance dans les diverses filières animales [10]. Les méthodes de détermination in vitro de l’activité des antibiotiques vis-à-vis des bactéries constituent donc l’un des premiers pas de cette démarche. ● Ces méthodes varient par leur complexité à mettre en œuvre, leur coût et le type d’information qui en résultent. ● Dans tous les cas, elles doivent être effectuées en laboratoire, par des personnes spécifiquement formées dont les compétences s’étendent de la maîtrise méthodologique à l’évaluation et à l’interprétation des résultats. LA DÉFINITION DE LA RÉSISTANCE ET DE LA SENSIBILITÉ La définition même de sensibilité doit être précisée puisque les scientifiques distinguent les notions de résistances naturelles et de résistances acquises (épidémiologique ou clinique).

1 Laboratoire de Lyon 31 avenue Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07.

C4G

2 Laboratoire de Ploufragan-Plouzané

Technopôle Saint-Brieuc Armor 22440 Ploufragan

C3G

INH

C3G

Objectifs pédagogiques INH

❚ Appréhender les différentes méthodes permettant de déterminer la sensibilité ou la résistance d’une bactérie vis-à-vis d’un antibiotique donné. ❚ Connaître la méthode par diffusion en milieu gélosé. ❚ Comprendre l’importance de la lecture interprétative et son intérêt pour le praticien.

ATM

C3G 1

Caractéristiques typiques d’un phénotype de Béta-Lactamase à spectre étendu (BLSE). Les synergies (flèches rouges) sont visibles entre un inhibiteur de bêta-lactamase (INH : acide clavulanique ou tazobactam) et les céphalosporines de 3è ou de 4è génération (C3G, C4G) ou l’aztreonam (ATM, famille des monobactams).

Définitions

La résistance naturelle La résistance naturelle constitue une caractéristique propre à une espèce bactérienne et peut être étendue à un groupe bactérien donné. ● Ces résistances naturelles, qui sont connues et référencées, concernent la totalité des souches de l’espèce ou du groupe bactérien concerné. A titre d’exemple, tous les bacilles à Gram négatif non exigeants (dont Escherichia coli) résistent à la pénicilline G parce qu’ils sont structurellement imperméables à cette molécule. De même, toutes les bactéries à Gram positif sont résistantes aux quinolones (hors fluoroquinolones), pour des raisons de faible affinité entre ces molécules et les enzymes cibles. ●

❚ La résistance naturelle : résistance intrinsèque propre à toutes les bactéries d’une même espèce ou d’un même groupe. ❚ La résistance acquise : apparition d’un mécanisme de résistance par modification du patrimoine génétique d’une bactérie, alors que tous les autres membres de la même espèce sont restés sensibles.

Essentiel ❚ La résistance est dite clinique ou épidémiologique.

La résistance acquise La résistance acquise est une résistance développée par des bactéries vis-à-vis d’un antibiotique auquel elles étaient auparavant sensibles, et auquel les autres bactéries de la même espèce sont restées sensibles. Cette résistance peut être due à une mutation ponctuelle dans le chromosome de la

COMPRENDRE ET AGIR

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 AVRIL 2014 - 53


59-61 enjeux économiques BAT_Gabarit Rubrique 03/07/2014 14:17 Page59

enjeux économiques

la formation des prix et des marges dans la filière bovine un exemple d’observatoire permanent

INP-E.N.V.T. Département Élevage et Produits / santé publique vétérinaire Unité pédagogique Productions animales – Économie 23, chemin des Capelles - BP 87614 31076 Toulouse Cedex 03

L’opinion publique est régulièrement interpellée par les protestations des agriculteurs ou des industriels de l’agro-alimentaire sur les niveaux de leurs prix de vente. Un observatoire de la formation des prix et des marges dans les filières agro-alimentaires a été récemment mis en place par les pouvoirs publics français pour éclairer ce débat.

L

ong est le chemin qui va du pré de l'éleveur à la table du consommateur, et nombreux sont les intermédiaires qui le jalonnent’’, écrivait, en 1975, Lucien Mazenc, économiste à l’INRA. ‘’La croyance populaire leur reconnaît, certes, une certaine compétence, mais aussi une forte propension à retirer des profits substantiels des fonctions qu'ils remplissent’’ [2]. La question de la formation des prix dans les filières agro-alimentaires et de leur transmission jusqu’aux consommateurs demeure d’une grande actualité pour deux raisons essentielles :

1. l’importance des crises médiatiques qui ont touché les filières viande (crises de la ‘’vache folle’’, scandale de la viande de cheval, …) montre que la valeur ajoutée apportée par chacun des intermédiaires est souvent perçue comme un profit net, et que les fonctions assumées par ces opérateurs sont méconnues ;

2. au sein des filières, dans un contexte de forte volatilité des prix agricoles depuis 2007 et de crise économique touchant les ménages, la répercussion jusqu’au consommateur final de l’augmentation des coûts de production se fait de façon plus ou moins complète, et parfois, avec un décalage dans le temps. ● L’objet de cette contribution est de présenter, en prenant l’exemple de la viande bovine, la méthode de décomposition de la formation des prix utilisée en France, dans

Pierre Sans

Objectif pédagogique ❚ Comprendre la méthode de formation des prix et des marges dans la filière bovine.

1

La distinction entre les marges brutes de l'industrie et de la distribution (GMS) n'a été possible qu'à partir du 2è semestre 2010 (photo P. Sans).

le cadre de l’Observatoire de la Formation des Prix et des Marges des produits Alimentaires (OFPMA). LE CONTEXTE INSTITUTIONNEL Dans un contexte de relations commerciales souvent tendues dans les filières agricoles, les pouvoirs publics sont régulièrement appelés à la rescousse pour : - traiter les épisodes aigus, par exemple en instaurant un affichage des prix d’achat par les grandes et moyennes surfaces (GMS) des fruits et légumes (qui permet ainsi au consommateur d’évaluer la marge commerciale réalisée) ; - agir sur le fond par la mise en place de dispositifs plus ou moins coercitifs, destinés à réguler les relations à long terme entre les opérateurs des différents maillons des filières. La contractualisation obligatoire entre les agriculteurs et leurs premiers acheteurs, instaurée par la loi de modernisation agricole de 2010*, en est un exemple. ● Devant le succès limité de ces initiatives, la nécessité de disposer d’un observatoire permanent de la formation des prix et des marges des produits alimentaires a émergé. ●

NOTE * cf. l’article ‘’La contractualisation dans les filières animales’’, du même auteur, dans LE NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire élevages et santé 2011;17(4):65-8.

Essentiel ❚ Les marges brutes ne correspondent pas au bénéfice réalisé par les opérateurs. ❚ Elles servent à couvrir des charges telles que la main d’œuvre, les coûts logistiques, …

COMPRENDRE ET AGIR

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 AVRIL 2014 - 59


62-69 Etude de cas BAT_Gabarit dossier ruminants 03/07/2014 14:13 Page62

étude de cas

mammites

à pseudomonas aeruginosa chez la vache

Pierre Bruyère1 Rabat Lakhal2 Pierre Bergeron3 Véronique Guérin-Faublée4 1Pathologie

de la Reproduction

2Pathologie

du Bétail

3UCRA

Unité Clinique Rurale de l'Arbresle

4Biologie

Fonctionnelle

VetAgro Sup Campus Vétérinaire de Lyon 1 avenue Bourgelat 69280 Marcy l’étoile

Objectifs pédagogiques ❚ Décrire l’aspect clinique des mammites à Pseudomonas aeruginosa chez la vache. ❚ Définir les mesures de contrôle à mettre en place dans un élevage atteint.

Signes cliniques ❚ Une forte hyperthermie (39,4°C à 40,8°C).

❚ Animaux en décubitus. ❚ Des mammites gangreneuses.

FMC Vét

Les mammites à Pseudomonas aeruginosa chez la vache sont à l’origine de pertes économiques importantes pour l’éleveur, qui les rencontre dans son élevage en raison de la gravité des mammites cliniques, de la fréquence élevée des échecs thérapeutiques et d’infections subcliniques persistantes.

S

treptococcus uberis est reconnu comme la principale cause de mammites cliniques chez la vache, devant Escherichia coli et Staphylococcus aureus [9]. D’autres pathogènes majeurs sont isolés plus rarement de cas cliniques : Streptococcus dysgalactiae subsp. dysgalactiae, des Enterococcus, Trueperella (anciennement Arcanobacterium) pyogenes, Klebsiella pneumoniae subsp. pneumoniae et Serratia marcescens, et certains, exceptionnellement comme Nocardia asteroides, Bacillus cereus, Candida albicans (une levure), Prototheca zopfii (une algue), etc. Pseudomonas aeruginosa (bacille pyocyanique) fait partie de cette dernière catégorie [9]. ● Il existe peu de données sur la prévalence des mammites à P. aeruginosa chez la vache. Elle semble être très faible : en effet, les prévalences des mammites subcliniques ou cliniques à Pseudomonas spp. sont respectivement de 0,1 p. cent et de 0,16 p. cent dans deux études [3, 26]. Néanmoins, d’après l’étude moléculaire de Bhatt et coll. [4], la fréquence des mammites subcliniques à P. aeruginosa serait très variable, et pourrait atteindre 18 p. cent dans certains troupeaux, et une prévalence de 0,65 p. cent de mammites cliniques à P. aeruginosa a été rapportée au Japon en 2006 [19]. COMMÉMORATIFS ET ANAMNÈSE

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 62 - AVRIL 2014

● Dans un élevage, situé dans la région lyonnaise, huit cas de mammites cliniques aiguës ont été observés sur une période de neuf mois, de mars à décembre 2011.

62

1 Mammite gangreneuse (gangrène humide) avec une perte tissulaire importante, touchant la peau et le parenchyme (photo Pathologie de Reproduction, VetAgroSup).

étude De nombreuses bactéries, agents de mammites cliniques chez la vache L'analyse métagénomique par Bhatt et coll. [4] de laits de quartiers de vaches qui présentent une mammite subclinique, a mis en évidence la très grande diversité microbiologique rencontrée, et a, en outre, remis en cause le caractère monomicrobien des infections mammaires chez la vache. ● La plupart des bactéries caractérisées appartiennent à l’ordre des Enterobacteriales (et à la famille des Enterobacteriaceae), ou à celui des Bacillales (et aux Staphylococcaceae ou aux Bacillaceae), bien que des différences importantes de composition aient été notées en fonction des races. ● Ces résultats, très différents de ceux obtenus par les techniques classiques de mise en culture, permettent de penser que de nombreuses bactéries comme, par exemple, Stenotrophomonas maltophilia (anciennement Pseudomonas, puis Xanthomonas), pourraient potentiellement être des agents de mammites cliniques chez la vache [20]. ●

● Cet élevage comprend 60 vaches laitières et 50 génisses, toutes de race Montbéliarde, avec un quota laitier de 510 000 kg/an (8 300 kg/vache). Le renouvellement se fait uniquement à partir des génisses de l’élevage. Les animaux sont logés en stabulation libre avec aire paillée, avec une surface suffisante pour chaque animal. L’alimentation des animaux est composée d’ensilage de maïs, d’ensilage d’herbe, de luzerne, de foin et de tourteau de soja. L’eau utilisée dans l’exploitation est captée directement à partir de la


70-71 - Revue Internationale BAT_77-80 Revue internationale 03/07/2014 15:50 Page70

revue internationale les articles parus dans ces revues internationales classés par thème - J Dairy Sci - Vet Record

2013;96:2973-87 (2014):doi:10.1136/vr.102269

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Infectiologie / Locomoteur

Reproduction / Thérapeutique

- Tréponèmes de la dermatite digitée

- Traitement des endométrites

sur le matériel pour parer les onglons de bovins et d’ovins

chez la vache avec des prostaglandines F2a : métaanalyse Synthèses rédigées par Sébastien Assié, Nicole Picard-Hagen

les synthèses des meilleurs articles TRÉPONÈMES DE LA DERMATITE DIGITÉE sur le matériel pour parer les onglons de bovins et d’ovins

Infectiologie Locomoteur

Objectifs de l’étude ❚ Rechercher la présence de Tréponèmes sur le matériel de parage ayant servi à parer les pieds de ruminants sains ou atteints de dermatite digitée. ❚ Évaluer si le parage est une voie possible de transmission de la dermatite digitée.

u Vet Record (2014):doi:10.1136/vr.102269 Presence of digital dermatitis treponemes on cattle and sheep hoof trimming equipment de Sullivan LE, Blowey RW, Carter SD, Duncan JS, Grove-White DH, Page P, Iveson T, Angell JX, Evans NJ.

Synthèse par Sébastien Assié, Département Élevages et produits, Oniris

REVUE INTERNATIONALE LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 7 / n°26 70 - AVRIL 2014

● La dermatite digitée est une maladie infectieuse du pied à l’origine de boîteries sévères des bovins et, au Royaume-Uni, des ovins. Plusieurs Tréponèmes (bactéries, spirochètes) participent à l’étiologie de la dermatite digitée. ● Trois phylogroupes ont été isolés de lésions podales de bovins laitiers au Royaume-Uni ou aux États-Unis : ’Treponema medium / Treponema vincentii-like‘’, ’’Treponema phagedenislike’’, ’’Treponema denticola / Treponema putidum-like’’. ● Les voies de transmission de la dermatite digitée ne sont pas connues. Or, le matériel de parage est régulièrement en contact avec le pied des bovins. ● Même si plusieurs études ont montré les effets bénéfiques du parage sur les boîteries des bovins, dans une étude conduite par Wells et coll (1999), la question d’une potentielle association entre des parages fréquents et une augmentation d’incidence de la dermatite digitée a été soulevée. Les résultats de cette étude pourraient s’expliquer par la présence de Tréponèmes sur le matériel de parage. ● Le parage serait alors une voie possible de transmission de la dermatite digitée.

Matériel et méthode ● L’étude compte 24 bovins sains ou atteints de dermatite digitée. Vingt d’entre eux sont issus de cinq élevages allaitants ou laitiers atteints de dermatite digitée. Quatre animaux appartiennent à une exploitation dans laquelle la dermatite digitée n’a jamais été diagnostiquée. Treize ovins ont aussi été inclus dans l’étude. ● Les pieds sont parés de manière standard en utilisant une rainette en acier inoxydable nettoyée au préalable. Avant le parage, les mains du pareur ont été soigneusement nettoyées, ou gantées. Après

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le parage, chaque instrument a été écouvillonné sur chaque face. Ils ont ensuite été rincés avec un désinfectant iodé en les immergeant dans un bain pendant 2 à 3 secondes tout en les secouant, séchés, puis chaque face a de nouveau été écouvillonnée. ● Les Tréponèmes sont recherchés par PCR. Deux PCR sont réalisées : - une pour rechercher l’ensemble des espèces de Tréponèmes ; - une spécifique aux trois phylogroupes de Tréponèmes de la dermatite digitée. Résultats Sur les échantillons prélevés après le parage, les phylogroupes ‘’Treponema medium / Treponema vincentii-like’’ , ‘’Treponema phagedenis-like’’ et ‘’Treponema denticola / Treponema putidum-like’’ sont présents sur respectivement 23/37 (62 p. cent), 21/37 (57 p. cent) et 20/37 (54 p. cent) des rainettes prélevées. ● Après désinfection, les taux de détection sont respectivement de 9/37 (24 p. cent), 6/37 (16 p. cent) et 3/37 (8 p. cent) des rainettes prélevées. ● Les PCR ont été positives pour quelques rainettes utilisées sur des animaux sains, aucune PCR positive n’est cependant notée pour les quatre vaches prélevées dans l’exploitation dans laquelle la dermatite digitée n’a jamais été diagnostiquée. ●

Conclusion ● La présence de Tréponème est mis en évidence sur le matériel utilisé pour le parage, pour la première fois. ● Cette étude souligne que la désinfection des instruments de parage entre les animaux d’une même exploitation, et entre les exploitations, est une sage précaution pour limiter la propagation de la dermatite digitée. ❒


72-73 Test réponse BAT_Test clinique R 02/07/2014 11:01 Page72

test clinique

observation originale

les réponses

Nicolas Herman1 Marie Madeleine Auzanneau2 Nicole Picard-Hagen3 1Clinique

vétérinaire des Mazets, 15400 Riom Es Montagnes

2Cabinet

une longue gestation liée à un problème génétique ?

Vétérinaire de Charroux

86250 3Pathologie

de la reproduction, École Nationale Vétérinaire de Toulouse

disponible sur www.neva.fr

NOTE * https://www.onab.fr/Declarer-uneanomalie

1 Quelles causes envisagez-vous ? ● La gestation chez la vache dure en moyenne 274 à 294 jours, avec des variations entre les différentes races bovines. Dans un pemier temps, il convient d'écarter une erreur de détermination du moment de fécondation (erreur de date d’insémination, mauvaise détermination du stade de gestation, ...). ● Les durées de gestation prolongée rapportées dans la littérature varient selon les publications de 317 à 526 jours, et de 346 à 441 jours pour la race Prim’Holstein [1, 2, 4]. La durée de gestation de 452 jours sur cette femelle Prim’Holstein est donc supérieure à celle décrite dans la littérature (encadré 1). ● Une gestation prolongée est surtout associée à des anomalies de l’axe hypothalamohypophyso-surrénalien fœtal. De nombreuses entités pathologiques peuvent provoquer ces altérations chez le fœtus [6] : - des malformations cérébrales telles que l’anencéphalie, l’hydranencéphalie, la cyclopie. Elles sont surtout associées à une hypoplasie surrénalienne. Les fœtus sont en général non viables, de petite taille et immatures. Un hydramnios est fréquemment présent. La durée de la gestation peut être prolongée de 20 à plus de 230 jours ;

Encadré 1 - Les mécanismes contrôlant le déclenchement de la parturition ● La parturition est initiée par une cascade de modifications endocriniennes qui résulte d’une interaction complexe entre les facteurs maternels et fœtaux. - Cette séquence débute par la sécrétion de CRF (Corticotropin-Releasing Factor ou Corticolibérine) par l’hypothalamus du fœtus qui stimule la sécrétion hypophysaire d’ACTH (hormone adénocorticotrope ou corticotropine), qui induit la sécrétion de cortisol par les glandes surrénales du fœtus. - C’est donc le fœtus qui détermine la durée de la gestation, la maturation du fœtus se comportant comme une horloge biologique. - Le cortisol fœtal est donc l’hormone clé du déclenchement de la parturition. En outre, il joue un rôle déterminant dans l’adaptation du fœtus à la vie

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extra-utérine, à travers la stimulation de la synthèse de surfactant pulmonaire. ● L’effet du cortisol fœtal sur la stéroïdogenèse placentaire se traduit par une diminution de la sécrétion de progestérone, et par une augmentation de la sécrétion d’œstrogènes. Il en résulte une augmentation des sécrétions de prostaglandines F2 alpha, et une synthèse de récepteurs aux prostaglandines F2 alpha et à l'ocytocine. ● Cette modification de l’équilibre hormonal de la gestation est responsable du développement des contractions utérines. L’engagement du fœtus dans la filière pelvienne entraîne une décharge d’ocytocine par la post-hypophyse qui n’intervient qu’au cours du stade ultime d’expulsion du fœtus.

- des malformations hypophysaires (aplasie ou hypoplasie hypophysaire) associées à une hypoplasie thyroïdienne et surrénalienne [1, 4, 5]. Ces fœtus continuent de grandir après le terme normal, et sont anormalement gros. Leur poids peut atteindre 65 à 100 kg. Ils présentent de l’hirsutisme, de longs sabots et des incisives entièrement sorties. La durée de la gestation est prolongée de 20 à 90 jours. Ils meurent à la naissance ou dans les heures qui suivent (encadré 2). ● Dans tous les cas de gestation prolongée, aucun signe de préparation à la mise bas n’est observé, et la mamelle ne se développe qu’après la mise bas. 2 Quels examens complémentaires réaliser pour déterminer l’étiologie ? ● Une analyse histologique de l’encéphale du fœtus est l’examen de choix pour confirme une aplasie ou une hypoplasie adénohypophysaire. L’hypophyse présente une anomalie des cellules corticotropes (qui sécrètent l’ACTH) (corticotrophine, adrénocorticotrophine hormone). Ces lésions peuvent être associées à une hypoplasie des glandes surrénales et thyroïde fœtales [4, 5]. ● Des analyses virologiques et/ou sérologiques peuvent être réalisées, si une cause infectieuse est suspectée. ● Une déclaration de l’anomalie est à adresser à l’Office National des Anomalies Bovines* car l’origine peut être génétique. Des prélèvements sanguins sur EDTA (ou biopsie) du couple mère-veau sont à envisager.

3 Quel traitement instaurer ? En raison de l’allongement de la gestation (cf. le premier diagnostic de gestation l’année précédente), il aurait été souhaitable que l’éleveur interroge le vétérinaire sur l’évolution de la gestation. Un suivi échographique par voie transrectale aurait alors permis d’évaluer la viabilité fœtale. Par ailleurs, le déclenchement de la mise bas aurait pu être provoqué à l’aide de corticoïdes, 16 à 20 mg, par voie intramusculaire (pour toutes les spécialités), ou par voie intraveineuse (pour certaines).


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