NPElsa n°35

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°35 - OCTOBRE 2016

DOSSIER : MAMMITES BOVINES : POUR UNE MEILLEURE MAÎTRISE

Couv ELSA 35 2_Couv ELSA 19 30/12/2016 12:47 Page1

Volume 9

N°35 OCTOBRE / NOVEMBRE 2016 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV (Comité de formation continue vétérinaire)

indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)

• Veterinary Bulletin (CAB International)

• CAB Abstracts Database

Actualités en perspective - Chronique - La peste aviaire une nouvelle panzootie définitivement incontrôlable ? - La Paratuberculose des ruminants : synthèse des informations du 13e congrès mondial

Ruminants - Incidence des mammites

cliniques dans les troupeaux laitiers de l’Ouest de la France - La diversité génétique des pathogènes majeurs - Étiologie des mammites en fonction de la sévérité clinique et conséquences pour le traitement

DOSSIER MAMMITES BOVINES DE NOUVELLES CONNAISSANCES POUR UNE MEILLEURE MAÎTRISE LA RHINITE ATROPHIQUE CHEZ LE PORC

FMCvét

formation médicale continue vétérinaire

- Test clinique - Hyperthermie persistante, ulcérations et dermatite sur une génisse Limousine - Revue de presse internationale : Diagnostic de Paratuberculose - Tests de formation continue

- Incidence et sévérité des mammites chez les bovins : les mécanismes de défense de la mamelle et les facteurs liés à l'hôte - Le rôle de la nutrition dans l’incidence et la sévérité des mammites chez les bovins - Comment contrôler les infections mammaires en élevage ?

PORCS - La rhinite atrophique

Comprendre et agir - Enjeux économiques -

La compétitivité prix des volailles de chair aux États-Unis et dans l’UE


TAF SPRAY : Nouveau Spray à base de Thiamphénicol avec une efficacité démontrée dans le traitement de la Maladie de Mortellaro en une seule application quotidienne pendant 3 jours consécutifs*

UNE SOLUTION EN OR CONTRE LA MALADIE DE

Mortellaro Espèces Cibles : Chevaux, Bovins, Caprins, Ovins, Porcins, Lapins, Visons Indications :

Pour toutes les espèces cibles : Traitement des infections de plaies superficielles causées par les germes sensibles au thiamphénicol. Chez les bovins, ovins et caprins : Traitement des infections du pied et du sabot tels que pietin, dermatite interdigitée et dermatique digitée, causées par les germes sensibles au thiamphénicol.

TAF SPRAY®28,5MG/G SOLUTION POUR PULVERISATION CUTANEE Composition : un g contient : substance active : thiamphénicol 28,5mg, excipient : curcumine (E100)0,5mg. Espèces cibles : équins, bovins, caprins, ovins, porcins, visons et lapins. Indications : chez toutes les espèces cibles : traitement des infections des plaies superficielles causées par des germes sensibles au thiamphénicol : chez les bovins, caprins et ovins : traitement des infections du pied et du sabot telles que piétin, dermatite digitée et interdigitée, causées par des germes sensibles au thiamphénicol. Contreindications : ne pas utiliser en cas d’hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. Précautions d’emploi : l’utilisation du produit doit être basée sur des tests de sensibilité et tenir compte des recommandations officielles et locales en matière d’utilisation des antibiotiques. Effets indésirables : aucun connu. Temps d’attente : viande et abats : équins, bovins, caprins, ovins, lapins : zéro jour. Porcins : 14 jours. Lait : zéro heure. Ne pas appliquer sur les mamelles des animaux en lactation si le lait est destiné à la consommation humaine. Présentation : flacon pressurisé de 150ml. AMM N°FR/V/4917402 1/2014. Liste I. Usage vétérinaire. A ne délivrer que sur ordonnance devant être conservée pendant au moins 5 ans.

Ce médicament vétérinaire est un antibiotique. Votre prescription est susceptible d’induire des résistances bactériennes. Elle doit être justifiée Dechra Veterinary Products- 78180 Montigny -le- Bretonneux. Tél: 01 30 48 71 40 SAS au capital de 37 000 - RCS Versailles 481 585 644 – Plus d’informations sur www.dechra.com

Veterinary Products

ANMV/S/2016/001870 - Septembre 2016

* Actualité sur le traitement de la dermatite digitée dans les troupeaux laitiers : comparaison de l’efficacité curative d’un traitement topique à base de Thiamphénicol versus Oxytétracycline M. Holzhauer a, R. van Deveterb, D. Smitsa, & W. Swart. aGD Animal Health, P.O. Box 9, 7400 AA Deventer, The Netherlands. Poster congrès SNGTV 2016.


3 Sommaire ELSA 35 BAT_3 Sommaire ELSA 16 29/12/2016 19:35 Page3

Volume 9

N°35 DOSSIER MAMMITES BOVINES :

sommaire Plus d’informations sur www.neva.fr

Ce N° comporte une édition spéciale Mammites et performances de reproduction

de nouvelles connaissances pour une meilleure maîtrise

Test clinique - Hyperthermie persistante, ulcérations et dermatite sur une génisse Limousine chez une vache Prim Holstein Majd Abi Haidar, Gilles Meyer, Dorothée Virieux-Watrelot, Dominique Le Grand

Éditorial Gilles Foucras

La rhinite atrophique chez le Porc

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ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Chronique - La peste aviaire une nouvelle panzootie définitivement incontrôlable ? Zénon - La Paratuberculose des ruminants : synthèse des informations du 13e congrès mondial Nantes, 21-24 juin 2016 Gilles Foucras, Fabien Corbière

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RUMINANTS Dossier : les mammites bovines : de nouvelles connaissances pour une meilleure maîtrise - Incidence des mammites cliniques dans les troupeaux laitiers de l’Ouest de la France Luc Manciaux, Christian Engel - La diversité génétique des pathogènes majeurs Pierre Germon, Florence B Gilbert, Pascal Rainard - Étiologie des mammites en fonction de la sévérité clinique : résultats dans une clientèle d’Auvergne et conséquences pour le traitement Olivier Salat, Guillaume Lemaire, Florent Perrot - Incidence et sévérité des mammites chez les bovins : les mécanismes de défense de la mamelle et les facteurs liés à l'hôte Vincent Herry, Gilles Foucras - Le rôle de la nutrition dans l’incidence et la sévérité des mammites chez les bovins Vincent Herry, Gilles Foucras - Comment contrôler les infections mammaires en élevage ? Vincent Herry, Gilles Foucras

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revue de formation à comité de lecture

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indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius

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(CAB International)

• Veterinary Bulletin

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(CAB International)

• CAB Abstracts Database

agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC

PORCS - La rhinite atrophique du porc 59

Arlette Laval

(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)

COMPRENDRE ET AGIR - Enjeux économiques - La compétitivité prix des volailles de chair aux États-Unis et dans l’UE, dans le cadre des négociations de l’accord de libre-échange

ACTUALITÉS

- Revue de presse internationale - Caractéristiques des microbiotes fécal et iléal de veaux laitiers lors d'une infection précoce par Mycobacterium avium subspecies paratuberculosis Xavier Nouvel

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- Test clinique - Les réponses

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- Tests de formation continue - Les réponses

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Étude originale, synthèses orginales et observations originales

RUMINANTS

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Camille Deman

Souscription d’abonnement en page 73 et sur www.neva.fr

PORCS COMPRENDRE ET AGIR

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 OCTOBRE 2016 - 75


4 Test clinique Q n°35 bAT2_mise en page 28/12/2016 11:33 Page1

disponible sur www.neva.fr NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr

test clinique

hyperthermie persistante, ulcérations et dermatite sur une génisse Limousine

Conseil scientifique Xavier Berthelot (E.N.V.T), Didier Calavas (Anses), Marc Gogny (E.N.V.A.), Arlette Laval (Oniris), Marc Savey (Anses), François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (Oniris), Bernard Toma (E.N.V.A.),

Rédacteurs en chef scientifiques Sébastien Assié (Oniris) Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.) Didier Raboisson (E.N.V.T.)

Comité de rédaction Jean-Pierre Alzieu (LVD), Marie-Anne Arcangioli (Pathologie ruminants, VetAgro Sup) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Beaudeau (Gestion de la santé animale, Oniris) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, Oniris) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, Oniris) Alain Chauvin (Parasitologie, Oniris) Alain Bousquet-Melou (pharmacologie, ENVT) Alain Douart (Pathologie des ruminants, Oniris) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Millemann (Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Xavier Nouvel (praticien) Frédéric Rollin (Liège) Caroline Prouillac (Toxicologie, VetAgro Sup) Jean-Louis Roque (praticien) Christophe Roy (praticien) Olivier Salat (praticien) Pascal Sanders (Anses, Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stéphan Zientara (E.N.V.A.) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Glussot Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr

Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. UE : 60 € Institutions : 120 € T.T.C. SARL au capital de 7622€

comité de lecture

Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey

Siège social : Europarc 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 07 20 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232 Impression : IMB -Imprimerie moderne de Bayeux Z.I - 7, rue de la Résistance 14400 Bayeux

Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 76 - OCTOBRE 2016

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ne génisse limousine âgée de 3 ans, non gestante (confirmé à l'autopsie), présente une hyperthermie marquée (40,6°C) et des bruits respiratoires anormaux (râles). Elle est issue d'un élevage de 200 bovins en stabulation libre avec aire paillée et pâturage. Cette génisse a été rentrée en stabulation juste avant cette 1ere consultation en septembre, puis maintenue en stabulation pour son suivi. l L’élevage possède aussi une cinquantaine d'ovins sur le même site que les bovins, dans le même bâtiment mais séparés par une cloison complète. Au pré, les moutons ne vont pas sur les pâtures des bovins, et les animaux ne sont pas en contact direct à travers les barrières car les pâtures des bovins et des ovins sont éloignées. De nombreux ouvriers passent, en revanche, des ovins aux bovins pour les soins. l Le cheptel est de statut "indemne" pour la Rhinotrachéite Infectieuse Bovine (RIB) et n'a pas d'antécédents de plan sanitaire Diarrhée Virale Bovine (DVB) (le contrôle DVB (antigénémie) est obligatoire à l'introduction dans le Rhône). l Une infection respiratoire banale (virale et/ou bactérienne) est suspectée et un traitement antibiotique : Marbofloxacine (Marbocyl S®) et anti-inflammatoire (Méloxicam (Métacam®) est mis en place, associé à un complément alimentaire contenant de la Vitamine C. l Trois jours plus tard, la génisse est revue et présente des lésions ulcératives débutantes sur le mufle et les gencives, un jetage muco-

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Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Dominique Bergonier, Henri-Jean Boulouis, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, René Chermette, Eric Collin, Fabien Corbières, Stéphane Daval, Luc Descoteaux Jean-Claude Desfontis,

André Desmecht (Liège), Emmanuel Devaux, Alain Ducos, Barbara Dufour, Pascal Dubreuil (Québec) Gilles Fecteau (Québec) Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji, Norbert Gauthier, Norbert Giraud, Denis Grancher, Jean-Marie Gourreau, Raphaël Guatteo, Jean-Luc Guérin, Nadia Haddad,

Majd Abi Haidar1 Gilles Meyer2 Dorothée Virieux-Watrelot3 Dominique Le Grand4 1-4 VetAgro Sup, Campus Vétérinaire, Pathologie du Bétail, F-69280 Marcy l'Étoile 2 UMR1225 INRA-ENVT, Ecole Nationale Vétérinaire, 31076 Toulouse, France 3 VetAgro Sup, Campus Vétérinaire, Unité pédagogique Pathologie morphologique et clinique F-69280 Marcy l'Étoile

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Kératite bilatérale avec conjonctivite et épiphora photo VetAgro Sup, Pathologie du Bétail).

purulent, une kératite bilatérale complète (photo 1). Lors de ses déplacements, elle titube et l'hyperthermie est toujours présente. Un traitement complémentaire à base de dexaméthasone (Voren®) et vitamines B1-B6 (Corébral®) est administré. Une sérologie RIB (Ac totaux) est effectuée, le résultat s’avère négatif. r Quelles sont les hypothèses 1 diagnostiques ? 2 Quels examens complémentaires proposez-vous ? Réponses à ce test page 70

Nicolas Herman, Christophe Hugnet, Jean-François Jamet, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Michaël Lallemand, Dominique Legrand, Catherine Magras, Xavier Malher, Jacques Manière, Guy-Pierre Martineau, Hervé Morvan, Jean-Marie Nicol, Philippe Le Page, Bertrand Losson (Liège),

Renaud Maillard, Florent Perrot, Pierre Philippe, Xavier Pineau, Hervé Pouliquen, Jean-Dominique Puyt, Nadine Ravinet, Nicolas Roch, Florence Roque, Adrian Steiner (Suisse), Edouard Timsit, Étienne Thiry (Liège), Brigitte Siliart, Damien Vitour.


Editorial _edito NP ELSA 28/12/2016 11:42 Page5

éditorial Les mammites, de nouvelles connaissances à prendre en compte pour leur gestion au delà des risques liés à la traite et au logement …

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a production laitière française connaît une crise majeure. Alors que le prix du lait payé aux producteurs couvre parfois à peine le coût de production, la concentration cellulaire du lait de tank se dégradait de façon progressive depuis dix ans. Elle a même atteint des valeurs au delà de 300 000 cellules/mL, indiquant un défaut de maîtrise de la santé mammaire dans les élevages français. En 2015, une baisse substantielle a été notée dont on peut se demander si elle sera durable. L’effort était surtout consenti sur le volume de lait produit plutôt que sur la maîtrise de la qualité sanitaire, dans l’espoir de préserver le revenu dans les exploitations laitières, mais les mammites ont un coût qui pénalise la rentabilité de cette production.

Gilles Foucras Université de Toulouse, INRA ENVT, IHAP Toulouse, France

Les mammites restent la pathologie majeure en élevage laitier. Elles augmentent la charge de travail et sont source de stress pour l’éleveur. Par ailleurs, elles sont la première cause d’utilisation des antibiotiques dans les élevages bovins laitiers - 75% du volume total - et chez les bovins en général. Une meilleure maîtrise de la santé mammaire permettrait donc de satisfaire plusieurs objectifs : outre la diminution des coûts de production en réduisant les dépenses liées aux traitements et le temps consacré à traiter ces infections, la filière laitière contribuerait elle aussi à atteindre les objectifs de réduction de l’utilisation des antibiotiques en élevage. Aussi, toutes les modalités qui concourent à réduire la fréquence des mammites méritent d’être prises en compte et le vétérinaire praticien devrait être l’interlocuteur privilégié pour accompagner cette démarche. Le premier article de ce dossier par L. Manciaux et C. Engel présente des données récentes sur la prévalence actuelle des mammites cliniques dans trois départements français, où se concentre la production laitière. Cette prévalence reste élevée, et la marge de progrès est grande. P. Germon et collègues font ensuite un état des lieux des dernières connaissances sur la variabilité des agents majeurs (E. coli, Staphylococcus aureus et Streptococcus uberis) responsables des mammites, et leur poids causal dans l’expression clinique des mammites. L’article par O. Salat et collaborateurs présente une méthodologie basée sur l’analyse bactériologique réalisée au cabinet pour le diagnostic étiologique des mammites cliniques, et discute les conséquences sur la conduite à tenir et le traitement. Deux articles de V. Herry et G. Foucras font une revue des connaissances actualisées sur le rôle des facteurs liés à la vache dans la variabilité de l’incidence et de la sévérité des mammites, qu’il s’agisse de facteurs génétiques, physiologiques ou d’ordre métabolique et nutritionnel. Enfin, ces auteurs proposent dans un article pratique les actions à conduire pour améliorer la résistance des animaux aux mammites, celles-ci étant complémentaires des actions visant à maîtriser les risques d’exposition environnementale ou ceux liés à la traite.

à suivre l’article : ➜ Profils bactériens et facteurs de risque identifiés dans des élevages bovins laitiers à concentration cellulaires de tank élevées Olivier Salat, Florent Perrot, Marc Billerey, Guillaume Lemaire

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nsemble, les articles de ce dossier du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé consacré à actualiser les connaissances sur les mammites et les facteurs modulant incidence et sévérité de ces affections très fréquentes apportent des clefs pour comprendre la prédisposition aux mammites. Ils permettent aussi d’envisager par une approche intégrée relevant de la médecine fondée sur les preuves, une meilleure gestion thérapeutique et préventive des mammites dans les élevages laitiers français. En souhaitant à chacune et à chacun une bonne lecture ! r

disponible sur www.neva.fr

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 OCTOBRE 2016 - 77


Chronique Zénon elsa 35_6-7 Actualite 28/12/2016 11:38 Page6

actualités en perspective peste aviaire une nouvelle panzootie définitivement incontrôlable ? L’automne est devenue depuis 2 ans la saison de la résurgence des épizooties. Ainsi, la Fièvre catarrhale ovine à BTV8 s’est de nouveau progressivement manifestée sur la quasi totalité du territoire de la France continentale ; de plus, un foyer de BTV4, signalé en Corse début décembre, montre que la dynamique de la FCO est loin d’être épuisée dans l’espace méditerranéen. Néanmoins, c’est l’Influenza aviaire, nom scientifique moderne de la Peste aviaire, qui a connu l’évolution la plus rapide et la plus inquiétante dans la 2e moitié de l’automne.

Essentiel ❚ Les systèmes d’élevage avicole du Sud-ouest de la France, après avoir été durement éprouvés par une épizootie d’Influenza aviaire hautement pathogène (I.A.H.P.) à H5N1, sont maintenant confrontés à la panzootie mondiale d’H5N8, introduite par les oiseaux migrateurs sur l’ensemble du continent européen. ❚ La situation mondiale actuelle de la Peste aviaire peut être considérée comme la plus grave depuis plus de 50 ans.

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a grande confusion induite par la profusion d’informations émiettées comptabilisant jour après jour le nombre de foyers de ce qui est redevenu dans tous les communiqués de presse “la grippe aviaire” ne facilite pas vraiment la compréhension de la situation hexagonale qui ressemble étrangement en cette période de fêtes de fin d’année 2016 à ce que nous connaissions en décembre 2015 et même, à certains points de vue, au premier trimestre de l’année 2006*). UNE ÉPIZOOTIE INCONTRÔLÉE DEPUIS SEPTEMBRE 2015 EN FRANCE Un premier constat s’impose, le système de surveillance et de contrôle mis en place à partir de l’automne 2015 vis-à-vis du H5 N1 et plus encore, le grand vide sanitaire du 2e trimestre 2016 n’ont pas permis de

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ACTUALITÉS

NOTE * cf. La chronique “Grippe humaine et Peste aviaire, la confusion des mots et l’imbrogio de maux”, du même auteur, LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé 1, (1), 2006 9-11. LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 78 - OCTOBRE 2016

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protéger les élevages avicoles du sud-ouest (cf. NewsVet id 483, topics 46, 48, 49 et id 513, topics 8] ; notamment ceux des canards prêts à gaver (PAG) de la nouvelle panzootie liée au virus H5 N8 introduite, comme celle de 2006, par les oiseaux migrateurs qui en furent les premières victimes et les premiers révélateurs en Europe à la mi-novembre 2016. l Ainsi, n’ayant pas réussi à complètement contrôler l’épizootie “nationale” à H5 N1 qui a dévasté les élevages (et le système économique associé) d’ansériformes au cours de l’hiver précédent, les autorités françaises se sont retrouvées confrontées à une nouvelle épizootie liée à un nouveau virus (H5 N8) introduit par les mouvements d’oiseaux migrateurs s’étendant inéluctablement du nord au sud de l’Europe en frappant les grandes concentrations d’élevages avicoles, par ordre chronologique, en Hongrie, en Hollande, en Allemagne du nord avant d’atteindre le sud-ouest de la France. UN BASCULEMENT FIN NOVEMBRE, AVEC L’IRRUPTION DU H5 N8 Dans notre pays, le jeudi 1er décembre restera la date du basculement de la situation épidémiologique, le jour même où la situation politique a elle aussi basculé, signant probablement pour le ministre de l’Agriculture, porte-parole du gouvernement, une de ces “journées particulières” de l’existence des responsables politiques. l Ce jour-là en effet un communiqué de presse annonçait la confirmation du premier foyer d’Influenza aviaire hautement pathogène (I.A.H.P.) à H5 N8 dans un élevage de 5000 canards prêts à gaver du Tarn, après l’identification du virus chez une vingtaine de canards appelants du Pas-de-Calais le 27 novembre précédent. L’atteinte de l’élevage de canards mettait brutalement fin aux espoirs émis par les autorités sanitaires pour une requalification de la France comme indemne d’IAHP prévue pour le 3 décembre ! l


Chronique Zénon elsa 35_6-7 Actualite 28/12/2016 11:38 Page7

actualités en perspective - peste aviaire une nouvelle panzootie Deux commentaires s’imposent immédiatement. - Le premier est lié au nombre de morts, 2000, au sein de l’élevage de canards : il souligne le pouvoir pathogène extrêmement élevé du virus vis-à-vis des oiseaux et des ansériformes en particulier, justifiant l’appellation Peste Aviaire. - Le deuxième interroge sur la fiabilité de la surveillance sanitaire dans ce type d’élevage où un tel taux de létalité n’a pu apparaître en 24 heures ! l Soulignons enfin que l’enchaînement des déclarations de foyers dès le 3 décembre dans les départements du Gers, des HautesPyrénées et du Lot-et-Garonne, a laissé la fâcheuse impression d’un système d’élevage Carte évolutive des foyers IAHP NH5N8 n’ayant pas su maîtriser un risque d’introduc- en Europe tion par la faune sauvage pourtant bien (disponible sur le site www.plateforme-esa.fr) identifié dès début novembre pour les oiseaux migrateurs. UNE PANZOOTIE MONDIALE UNE SITUATION EUROPÉENNE D’UNE GRAVITÉ ET MONDIALE SANS PRÉCÉDENT EN DÉGRADATION ACCÉLÉRÉE l Au total, la situation actuelle est sans prél Cette situation n’est malheureusement pas cédent pour la santé animale des élevages propre à notre pays puisque, après les preavicoles depuis plus de 50 ans puisqu’elle miers foyers hongrois et hollandais de fin combine, d’une part, la présence d’une sounovembre, les élevages touchés n’ont cessé che de virus IAHP H5 N8 à très fort pouvoir de se multiplier dans de nombreux États pathogène pour les espèces aviaires domeseuropéens où les chiffres cumulés atteints tiques et, d’autre part, sa diffusion massive apparaissent déjà vertigineux au 20 décemdans les élevages, bien au delà des axes de bre : 201 foyers (élevages) en Hongrie, plus migration des oiseaux sauvages qui l’ont de 500 en Serbie , cinq exploitations seuleintroduite dans l’espace continental euroment en Hollande mais regroupant pour la péen. première 180 000 canards et les quatre autres 300 000 poules, 32 foyers en France se l Les méthodes sanitaires qui avaient permis développant outre les quatre départements le contrôle de l’épizootie de 2006 ne perdéjà cités en Aveyron, Pyrénées-Atlantiques mettront probablement pas d’avoir des résultats comparables l’année prochaine ; et Landes. on ne peut donc que regretter qu’un effort l L’annonce récente d’un foyer britannique massif en vaccinologie n’ait pas été organisé chez des dindes à très fort taux de mortalité au décours de ce dernier épisode. Il est démontre, s’il en était besoin, la capacité du maintenant trop tard pour le court terme. virus à infecter l’ensemble du spectre des spérons seulement que les leçons de espèces avicoles. ce désastre annoncé seront tirées et l La situation mondiale n’est guère plus qu’aucune autre souche ne viendra réjouissante avec des vagues épizootiques enrichir la diversité des virus IAHP reconnus en Corée du Sud, au Japon mais aussi en en Europe surtout en terme de transmissibiIran, en Israël et en Russie. Dans tous ces lité à l’homme .N’hésitez pas à consommer pays, sévit le virus H5 N8, sauf en Corée où de la volaille sous toutes ses formes, les proil s’agit du H5 N6 qui circule en Chine où il ducteurs vont vraiment en avoir besoin ! ❒ aurait provoqué des infections humaines. Zénon Ces dernières informations nous rappellent que le spectre de la tranmission à l’hmme La situation de ces pays fait donc l’objet quel qu’en soit l’impact réel va continuer à d’un suivi régulier de ces trois maladies hanter les autorités sanitaires, et surtout les sur le site de wwwneva.fr/ Newsvet médias. l

disponible sur www.neva.fr

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 OCTOBRE 2016 - 78


8-10 Actualites Paratuberculose BAT_Gabarit Actualités 26/12/2016 21:34 Page1

actualités en perspective la Paratuberculose des ruminants Gilles Foucras Fabien Corbière

synthèse des informations du 13e congrès mondial

Université de Toulouse ENVT, INRA, IHAP Toulouse

Nantes, 21-24 juin 2016

Objectifs pédagogiques z Faire un point sur les dernières avancées sur Mycobacterium avium subsp. paratuberculosis (Map) et la gestion de la paratuberculose. z Connaître les futures orientations en matière de recherche sur la paratuberculose.

Le dernier congrès mondial sur la paratuberculose a eu lieu durant 5 jours au mois de juin 2016 à Nantes. Cet événement réunit tous les 2 à 3 ans les équipes qui contribuent à faire progresser les connaissances sur l’agent de la paratuberculose, Mycobacterium avium subsp. paratuberculosis (Map), et la gestion de la maladie à travers le monde. Voici une synthèse des dernières informations sur cette affection fréquente et dont le contrôle et la prévention s’avèrent toujours aussi difficiles.

Essentiel z Les résultats obtenus montrent le caractère très inconstant des réponses cellulaire et sérologique chez des animaux déclarés infectés. z Certains résultats des tests de stimulation in vitro du sang total ou des cellules mononucléées du sang font penser que certains animaux sont capables d’éliminer l’infection car une réponse cellulaire est détectée chez eux alors qu’ils ne sont ni excréteurs, ni porteurs de l’infection après examen nécropsique.

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lusieurs thèmes ont été abordés au fil des 64 présentations orales et de cinq conférences plénières, et des sessions de présentation de posters, réunissant pas moins de 300 participants, notamment : 1. la réponse de l’hôte et les processus infectieux ; 2. la connaissance de l’agent et sa diversité génétique ; 3. les moyens de diagnostic et de dépistage ; 4. les modalités de transmission et l’exposition à Mycobacterium avium subsp. paratuberculosis (Map) ; 5. les plans de maîtrise et les questions relatives au potentiel zoonotique. l Une journée satellite spéciale destinée à un public francophone a clôturé le congrès avec des développements autour de la vaccination et des plans de maîtrise de l’infection, entre autres. l Sans annonce exceptionnelle, ni avancée spectaculaire dans le domaine, un certain nombre d’informations méritent cependant d’être mises en exergue parmi celles qui ont été présentées et discutées.

ACTUALITÉS z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 80 - OCTOBRE 2016

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LA RÉPONSE DE L’HÔTE ET LES PROCESSUS INFECTIEUX Des progrès sur la compréhension de l’infection sont réalisés, notamment grâce à des infections expérimentales dans les espèces cibles de ruminants, mais également chez le lapin comme modèle. Outre la compréhension de l’interaction hôte-agent, ces travaux sont réalisés dans le but de comprendre les mécanismes de l’infection et l’évolution vers le stade maladie, et d’identifier des marqueurs précoces de l’infection (Park, Corée) ; des travaux complémentaires seront encore nécessaires pour valider la pertinence des quelques marqueurs qui sont actuellement proposés. l Les résultats obtenus montrent, une fois de plus, le caractère très inconstant des réponses cellulaire (mesurée à travers la production d’interféron-gamma, IFN ) et sérologique chez des animaux déclarés infectés à l’aide d’un des examens de laboratoire disponibles (détection de l’excrétion par culture ou PCR). La définition du statut de l’animal au regard de l’infection par Map, qu’elle soit bactériologique, immunologique ou lésionnelle mérite encore standardisation comme l’a rappelé Plain (Australie). l Des tests de stimulation in vitro du sang total ou des cellules mononucléées du sang avec des antigènes de Map sont de plus en plus utilisés pour analyser la réponse immunitaire chez des animaux infectés expérimentalement (Köhler, Allemagne), ou chez des groupes de vaches en fonction de leur statut sérologique (Frie, États-Unis). La réponse cellulaire a été analysée en mesurant l’activation des cellules in vitro, la production d’IFN ou de plusieurs cytokines, ou bien en étudiant le profil d’expression de quelques gènes ou de l’ensemble du transcriptome par des techniques haut-débit comme les puces ADN ou le séquençage (Tallat, États-Unis). La diversité des réponses est grande, et il n’y a pas de profil type de réponse actuellement identifié. Certains résultats font penser que certains animaux l


11-16 Incidence Mammites BAT_Gabarit dossier ruminants 29/12/2016 20:21 Page1

l’incidence

des mammites cliniques dans les troupeaux laitiers de l’Ouest de la France L’importance des mammites sur la production laitière fait l’objet de cette étude réalisée dans trois départements de l’ouest de la France (Côtes d’Armor, Finistère et Morbihan). En s’appuyant sur les données enregistrées par le contrôle de performance, elle indique leur prévalence clinique, en 2015, dans ces troupeaux laitiers.

LES PRINCIPALES CONSÉQUENCES DES MAMMITES CLINIQUES Sur le plan zootechnique, les mammites cliniques ont comme principales conséquences des pertes de production laitière, immédiates et différées, consécutives à l’altération du parenchyme sécréteur de la mamelle, et une réduction de la longévité des vaches atteintes en lien avec l’augmentation des taux de réforme et de mortalité.

l

1BCEL Ouest, 1 rue Pierre Curie ELEUSIS 6A CS 80520 22195 Plérin Cedex 222250 Broons adresse actuelle Elanco France 24 bd Vital Bouhot CS 50004 92521 Neuilly-sur-Seine cedex

Objectifs pédagogiques z Rappeler l’impact des mammites. z Présenter l’incidence des mammites dans les troupeaux laitiers de l’Ouest de la France.

L

a mamelle est un des principaux enjeux de santé de la vache laitière. Le but est de produire de manière optimale, sans affection clinique et sub-clinique, dans un environnement donné et dans des conditions matrisées de bien-être physique et comportemental. La mammite clinique est encore aujourd’hui l’affection la plus fréquente chez la vache laitière et celle dont l’impact sur les plans zootechnique et économique est le plus important partout dans le monde [21, 26] (photo 1). l Plusieurs études menées dans divers pays européens, dont la France, ont permis d’estimer l’incidence des mammites cliniques [1, 4, 6, 25], mais aucune n’a été menée récemment sur le territoire français. l Les principales conséquences de cette affection sont tout d’abord rappelées avant de faire un point sur l’incidence et la prévalence des mammites cliniques dans l’ouest de la France, région à forte dominante laitière, et d’observer l’évolution de ces paramètres, en fonction du stade de lactation et de la parité.

Luc Manciaux1 Christian Engel2

Définitions

z Incidence : Nombre de nouveaux cas dans une population sur une période donnée.

1 Les mammites sont la principale dominante pathologique en production laitière (photo L Manciaux).

Leur impact sur la production est plus important lorsqu’elles surviennent à un stade de lactation précoce [20]. Selon la méta-analyse de Seegers et coll [23] basée sur 11 études, les pertes de production sont estimées de 40 à 160 kg de lait non produits par mois. La part des réformes liées aux mammites cliniques est estimée entre 5 et 17 p. cent [2, 8, 20]. Ce taux de réforme ne varie pas selon le stade de lactation, mais les cas de mammites survenant en début de lactation et au tarissement sont associés à un risque de réforme plus élevé [3, 10]. l Le taux de mortalité en lien avec des mammites cliniques fluctue entre 0,19 p. cent [18] et 0,22 p. cent [9]. Il varie en fonction des germes identifiés : il peut être multiplié par trois (0,6 p. cent) en cas de mammites dues à des germes gram négatifs [5]. l La traduction économique de ces conséquences zootechniques a été évaluée dans plusieurs études [9, 11, 13, 14, 21, 26]. Leur comparaison est cependant difficile, car les approches sont différentes entre les pays et les années (structure des troupeaux, prix du lait). l

z Prévalence : Nombre de cas totaux dans une population à un instant donné.

Essentiel z Les pertes de production, suite à des mammites cliniques, sont estimées de 40 à 160 kg de lait non produits par mois. z La part des réformes liées aux mammites cliniques est estimée entre 5 et 17 p. cent.

RUMINANTS

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 OCTOBRE 2016 - 83


17-22 Diversité génétique BAT_Gabarit dossier ruminants 28/12/2016 11:46 Page1

la diversité génétique des pathogènes majeurs de mammites E. coli, Str. uberis et S. aureus, que connaît-on des différences entre isolats ? Sont-ils informatifs sur la sévérité des mammites ? Les trois agents pathogènes majeurs de mammites que sont Escherichia coli, Staphylococcus aureus et Streptococcus uberis représentent des espèces bactériennes très diverses. Les techniques actuelles de biologie moléculaire ont révélé qu'au sein d'une espèce, les souches isolées d'infections mammaires sont également très diverses. La prise en compte de cette diversité pourrait expliquer celle des mammites observées avec chacun de ces pathogènes.

U

ne revue récente compilant les résultats de diverses publications traitant de l'étiologie et de la prévalence des bactéries responsables de mammites montre qu'Escherichia coli est la bactérie la plus fréquemment isolée du lait des vaches souffrant de mammites aiguës et que, selon les pays, Streptococcus uberis ou Staphylococcus aureus sont les bactéries les plus impliquées dans les cas de mammites cliniques de grade 1 et 2. La majorité des mammites subcliniques sont, quant à elles, causées par des pathogènes à Gram positif, notamment Str. uberis, S. aureus ou les staphylocoques coagulase négative [15]. l Actuellement, la typologie clinique des infections (signes cliniques locaux et généraux) ainsi que l'analyse de l'historique de l'élevage en terme de concentrations cellulaires du lait de tank, des données du Contrôle laitier et de l'ensemble des paramètres à considérer selon le référentiel mammites constituent les principaux outils dont disposent le praticien, avec éventuellement quelques résultats d'analyses bactériologiques de lait, pour cibler l’agent infectieux en présence, et pour définir un plan de lutte et/ou un traitement antibiotique approprié. Quelles plus-values pourraient apporter

une analyse fine des caractéristiques des isolats bactériens en présence au niveau de l'élevage, et de façon plus globale, des données relatives à la diversité existant au sein d’une espèce bactérienne ? l En effet, les trois espèces bactériennes majeures citées ci-dessus sont très variables du point génétique ; à titre d’exemple, on peut observer au sein de l’espèce E. coli, à la fois des souches commensales mais aussi des souches responsables de diverses infections, dont certaines sévères [2]. Les techniques de génotypage des bactéries ont beaucoup évolué et l'apport du typage pourrait faciliter la définition du modèle épidémiologique (nombre de souches en présence, circulation de ces souches, principaux réservoirs infectieux) et optimiser les mesures de maîtrise à mettre en place au niveau de l'élevage. Quant à la diversité au sein d'une espèce bactérienne, son analyse, couplée à celles des commémoratifs concernant la provenance des isolats (environnement, maladie infectieuse), les données cliniques des animaux atteints, … pourrait éventuellement permettre de mettre en évidence des souches plus ou moins adaptées à la mamelle, plus ou moins virulentes, contagieuses ou non, et ainsi, aider à mieux comprendre les mécanismes de déclenchement des infections, voire, à terme, d’améliorer la maîtrise et la prise en charge des mammites en élevage. l La diversité génétique des bactéries responsables de mammites est-elle grande ? Il convient ainsi de s’interroger sur l’existence d’un lien éventuel entre la diversité génétique des isolats au sein d’une espèce et la variabilité de l’expression clinique, de la contagiosité ou de la persistance de ces infections. Cet article synthétise ces informations en considérant les bactéries majeures l’une après l’autre.

Pierre Germon Florence B Gilbert Pascal Rainard ISP, INRA Université François Rabelais de Tours UMR 1282 37380 Nouzilly

Objectif pédagogique z Appréhender la diversité génétique des pathogènes majeurs de mammites

Essentiel z Concernant la diversité au sein d'une espèce bactérienne, son analyse, couplée à celles des commémoratifs, les données cliniques des animaux atteints, … pourrait permettre de mettre en évidence des souches plus ou moins adaptées à la mamelle, plus ou moins virulentes, contagieuses ou non. z Cette analyse pourrait ainsi aider à mieux comprendre les mécanismes de déclenchement des infections, voire, à terme, d’améliorer la maîtrise et la prise en charge des mammites en élevage.

LA DIVERSITÉ D’ESCHERICHIA COLI E. coli est une bactérie à Gram négatif généralement considérée comme une bactérie du tractus intestinal des animaux homéothermes : elle est d’ailleurs utilisée comme un marqueur de la contamination fécale lors du contrôle de la qualité de l’eau. Toutefois, on la retrouve également dans

RUMINANTS

l

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 OCTOBRE 2016 - 89


23-32 Etiologie infections mammaires BAT_Gabarit dossier ruminants 29/12/2016 17:33 Page23

étude originale

étiologie des mammites en fonction de la sévérité clinique résultats dans une clientèle d’Auvergne Olivier Salat Guillaume Lemaire Florent Perrot

et conséquences pour le traitement Les résultats d’analyses bactériologiques du lait réalisées dans une clientèle d’Auvergne sont présentés en fonction de l’atteinte inflammatoire de la mamelle. Une conduite à tenir dans l’approche thérapeutique de ces mammites est ensuite proposée.

L

es infections mammaires demeurent la première cause de pertes économiques dans les élevages laitiers, quel que soit le pays considéré [9, 50]. Les nombres d’unités de produits de traitements de mammite vendus étaient, encore récemment, équivalent au nombre de vaches laitières (données SIMV). Ces dernières années ont été marquées par la prise en compte de nouvelles considérations vis-à-vis de l’usage des antibiotiques. l L'amplification du phénomène d'antibiorésistance bactérienne a en effet conduit à une réduction drastique de l’utilisation des antibiotiques dits critiques, et à un usage rationnel des antibiotiques. l Les infections mammaires sont, pour leur grande majorité, des infections d'origine bactérienne. La plupart des bactéries isolées appartiennent aux groupes des staphylocoques, des streptocoques ou des coliformes. l S’il est facile de détecter une inflammation mammaire, déterminer l’espèce bactérienne en cause est beaucoup plus délicat. Les examens bactériologiques du lait simplifiés qui peuvent être réalisés au cabinet vétérinaire se sont aussi révélés de plus en plus un outil essentiel dans la gestion des infections mammaires. l Un bilan des résultats obtenus sur une période d'observation de 18 mois (1022 analyses bactériologiques de lait de mammites cliniques et 419 analyses de mammite subclinique) est présenté et l’exploitation de ces résultats en pratique est proposée pour optimiser les traitements.

Clinique vétérinaire de la Haute Auvergne 15100 Saint Flour

L’ÉTIOLOGIE DES MAMMITES SELON LEURS CARACTÉRISTIQUES INFLAMMATOIRES

Objectifs pédagogiques

Matériel et méthodes

z Caractériser l’origine

Les prélèvements de lait analysés

Les résultats des examens bactériologiques d’infections mammaires effectués à la clinique vétérinaire de la Haute Auvergne (15100 Saint Flour) entre le 1er janvier 2015 et le début du mois de juin 2016 sont analysés. Seules sont retenues les analyses pour lesquelles les commémoratifs sont jugés suffisants, en particulier sur la sévérité clinique de la mammite. Pour cette dernière, la classification habituelle est utilisée [59] et les mammites cliniques sont classées en trois types : - les mammites bénignes : avec seulement une modification du lait ; - les mammites modérées : avec une modification du lait associée à des signes locaux du quartier ; - les mammites sévères : avec une modification du lait associée à des signes locaux du quartier et à des signes systémiques. Pour ces derniers, il peut s’agir : - d’une hyperthermie (précoce et relativement fugace lors d’infections colibacillaires [31], - d’une modification du comportement (anorexie plus ou moins forte, abattement, parésie voire décubitus, - ou de signes digestifs (arumination, diarrhée). l Cette typologie est le plus souvent la seule indication cliniquement mesurable à la disposition des praticiens pour orienter le traitement. l Une fiche est remplie (cf. en pratique). l La plupart des prélèvements ont été réalisés par les éleveurs et conservés au réfrigérateur jusqu’à l’analyse. l La procédure de prélèvement est classique et les éleveurs partenaires ont été formés à cet effet : nettoyage préalable soigneux du trayon du quartier atteint, nettoyage des mains ou port de gants par le préleveur, désinfection de l’extrémité du trayon au moyen d’une serviette imbibée de désinfectant, l

étiologique des mammites, en fonction de leur gravité. z Proposer une démarche thérapeutique en fonction de la clinique et de l’ancienneté de l’infection mammaire.

Essentiel z Le choix d’une stratégie thérapeutique est à moduler en fonction de la cible infectieuse. z L’étiologie bactérienne des mammites sévères est très différente de celle des autres types de mammite.

RUMINANTS

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 OCTOBRE 2016 - 95


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34-41 Incidence et severite des mammites BAT_Gabarit dossier ruminants 29/12/2016 17:35 Page34

synthèse originale

incidence et sévérité des mammites chez les bovins

Vincent Herry1 Gilles Foucras

les mécanismes de défense de la mamelle et les facteurs liés à l'hôte

Université de Toulouse, INRA ENVT, IHAP Toulouse, France 1Résident

du Collège européen de gestion de la santé des bovins (ECBHM)

Les facteurs liés à l’hôte jouent un rôle majeur dans la réceptivité et la sensibilité des vaches laitières aux mammites. Les caractères génétiques de chaque animal, les modifications physiologiques au tarissement et autour de la mise bas, les relations sociales ou l’environnement d’élevage comme source de stress conditionnent, pour partie, l’incidence et la sévérité des mammites.

Objectifs pédagogiques z Connaître les facteurs de réceptivité aux mammites liés à l’hôte : statut physiologique, stress social. z Connaître les mécanismes physiopathologiques à l’origine d’une altération des défenses immunitaires contre les mammites.

L’

Essentiel z L’occurrence des infections mammaires et leur sévérité sont fortement déterminées par des facteurs liés à la vache. z La survenue des mamites chez les vaches laitières est très largement corrélée aux statuts nutritionnel et/ou métabolique, aux relations sociales ou à l’environnement d’élevage comme sources de stress, et à des caractères génétiques propres à chaque animal.

RUMINANTS

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 106 - OCTOBRE 2016

apparition d’une mammite est la résultante de l’interaction de trois facteurs : les facteurs liés à l’hôte, ceux liés à l’agent infectieux et ceux liés à l’environnement. Ainsi, au cours d’une visite d’élevage visant à réduire la fréquence des mammites et leurs conséquences, identifier les bactéries impliquées, établir le modèle épidémiologique de contamination (à partir de l’environnement, au moment de la traite ou mixte), et mettre en évidence des facteurs augmentant l’exposition de la mamelle à des agents infectieux sont essentiels avant de proposer des mesures correctives. l Cependant, les facteurs qui augmentent la réceptivité et la sensibilité des vaches laitières aux mammites, c’est-à-dire qui altèrent les mécanismes de défense de la mamelle vis-à-vis des infections, doivent être pris en compte. Au fil des décennies, l’augmentation de la production laitière, à travers la sélection génétique et les progrès zootechniques a probablement conduit à une modification des mécanismes de défense de la glande mammaire et de la capacité de l’hôte à résister à ces infections. L’immunité mammaire est conditionnée par de nombreux facteurs immunitaires et non

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immunitaires qui interagissent en permanence pour permettre une protection adaptée vis-à-vis des agents responsables des mammites. l De plus en plus de données publiées montrent que l’occurrence des infections mammaires et leur sévérité sont fortement déterminées par des facteurs liés à la vache*. Ainsi, la survenue des mammites chez les vaches laitières n’est plus seulement liée à la contamination de la lumière de la glande par un agent pathogène, mais aussi à leur capacité à prévenir l’infection et, en ce sens, est très largement corrélée à différents facteurs comme les statuts nutritionnel et/ou métabolique, les relations sociales ou l’environnement d’élevage comme sources de stress, et les caractères génétiques propres à chaque animal. l Ainsi, nous abordons ce sujet dans trois articles successifs et complémentaires. Dans un premier article, nous abordons les mécanismes de défense de la mamelle, puis les facteurs conditionnant la réceptivité de la mamelle aux infections sans considérer les facteurs alimentaires. Un second article expose l’impact de la nutrition sur la sensibilité de la mamelle aux infections. Un troisième article est consacré aux mesures pouvant être mises en œuvre pour améliorer les défenses de la mamelle, et ainsi, mieux prévenir les mammites. LES MÉCANISMES DE DÉFENSE DE LA MAMELLE l La glande mammaire est protégée vis-à-vis des infections par différents mécanismes immunitaires, que l’on regroupe communément en deux catégories : ceux de l’immunité innée et ceux de l’immunité adaptative.

NOTE * cf. l’article “La diversité génétique des pathogènes majeurs de mammites” de P. Germon et coll dans ce numéro.


42-47 role de la nutrition mammites BAT_Gabarit dossier ruminants 29/12/2016 19:03 Page42

synthèse originale

le rôle de la nutrition

dans l’incidence et la sévérité des mammites chez les bovins

Vincent Herry1 Gilles Foucras Université de Toulouse, INRA ENVT, IHAP Toulouse, France

La prise en compte des facteurs alimentaires est indispensable pour améliorer la santé mammaire d’un troupeau. Le déficit énergétique et les carences en substances anti-oxydantes doivent être particulièrement considérés.

1Résident du Collège européen de gestion de la santé des bovins (ECBHM)

Objectifs pédagogiques z Connaître les facteurs de réceptivité aux mammites liés à la nutrition. z Connaître les mécanismes physiopathologiques à l’origine d’une altération des défenses immunitaires contre les mammites.

L

Essentiel z Un lien épidémiologique entre déficit énergétique, cétose subclinique, voire clinique, et incidence des mammites a été montré. z Les mécanismes par lesquels le déficit énergétique affecte la réponse immunitaire sont de mieux en mieux connus. z De nombreux oligo-éléments et vitamines sont impliqués dans les défenses anti-oxydantes et la carence de l’un de ces nutriments pourrait altérer la réponse immunitaire.

RUMINANTS

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 114 - OCTOBRE 2016

es relations entre la nutrition, au sens large d’une part, et l’altération des mécanismes de défense de la mamelle, d’autre part, sont de plus en plus étudiées et donc mieux comprises. A travers des effets directs (diminution du pouvoir bactéricide, par exemple) ou indirects (favorisant la diminution de l’ingestion), l’alimentation des bovins est susceptible d’impacter négativement les capacités de défenses de la mamelle contre les infections. Nous détaillons plus précisément le rôle du déficit énergétique, des apports protéiques, de l’acidose subaiguë du rumen, de l’hypocalcémie sous forme clinique et subclinique, et des carences en substances anti-oxydantes (oligoéléments et vitamines). LE RÔLE DU DÉFICIT ÉNERGÉTIQUE

Plusieurs études ont mis en évidence un lien épidémiologique entre déficit énergétique, cétose subclinique voire clinique, et incidence des mammites [13, 23]. Une étude réalisée sur près de 1000 vaches, publiée en 1998 par une équipe canadienne, a montré que l’incidence des mammites est significativement plus élevée chez des vaches qui ont préalablement une cétose subclinique (15,1 p. cent ; 39/258) par rapport à des vaches sans cétose (10,1 p. cent ; 70/693) grâce à la mesure du béta-hydroxybutyrate sanguin 1, 2, 3, 6 et 9 semaines après la mise bas [6]. l En 2014, une méta-analyse réalisée par Raboisson et coll. [25, 26] montre que les vaches en cétose sub-clinique ont un peu plus de chance de développer une mammite clinique ou subclinique (doublement des concentrations cellulaires individuelles) que les vaches non affectées (odds ratio : 1,61 et l

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1 L’alimentation des vaches a un impact majeur sur la réceptivité des vaches aux mammites (risque de cétose, d’hypocalcémie, de carence en oligoéléments et vitamines et d’acidose) (photo Pathologie des Ruminants ENV Toulouse).

1,42, respectivement). Par ailleurs, le déficit énergétique est associé à une augmentation significative de la sévérité des mammites après infection expérimentale [17]. l Le déficit énergétique a des conséquences sur la réponse immunitaire : il diminue l’activité anti-infectieuse des neutrophiles la production d’anticorps (IgM notamment) et les capacités de réponse/ prolifération des cellules mononuclées (macrophages et lymphocytes résidents dans les tissus) [32] (photo). l En 2009, Moyes et coll. ont reproduit expérimentalement un déficit énergétique comparable à celui mesuré en postpartum en limitant l’apport énergétique de vaches en milieu de lactation à 60 p. cent des besoins [21]. Ce déficit était associé à une diminution significative de l’activité phagocytaire des neutrophiles par rapport aux bovins qui n’était pas soumis à cette restriction alimentaire. L’infection expérimentale de ces vaches avec Streptococcus uberis a mis en évidence une sévérité légèrement plus marquée de la mammite chez les vaches en déficit énergétique, objectivée par le dosage des protéines de la phase aiguë dans le lait. l Les mécanismes par lesquels le déficit énergétique affecte la réponse immunitaire sont de mieux en mieux connus. - Le β-hydroxybutyrate exerce des effets négatifs directs sur la diapédèse des cellules immunitaires comme les neutrophiles, sur le site de l’infection (chimiotactisme), et sur l’activité antimicrobienne (dont l’explosion


PLATINUM PUBLI A4 NOV 2015 .qxp_PUBLI UDDERCARE 15/12/15 19:57 Page1

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(publi-information)

MAMMITES D’ENVIRONNEMENT : L’INTÉRÊT DU POST-TREMPAGE

Résultats de 7 mois d’utilisation en élevage, lors de mammites d’environnement

L’étude est conduite en Mayenne, dans un élevage bovin laitier pour évaluer l’impact du post-trempage réalisé avec Platinum Uddercare. L’élevage sélectionné est sujet à des mammites de modèle environnemental. L’aire paillée conçue pour 40 vaches en abrite plus de 48 pendant l’étude. Un suivi vétérinaire régulier vise à évaluer l’évolution du nombre de mammites ainsi que le bon état de la peau des trayons.

■ Méthodologie de l’étude Type d’élevage - Elevage comptant pendant la période de l’étude plus de 48 vaches en lactation, de race Normande - Niveau de production ramené à 7% : 10 562 kg - Aire paillée de 320 m² - bâtiment semi ouvert - aire d’exercice Hygiène de la traite Pendant la durée de l’étude (hiver 2013-2014), les méthodes d’hygiène de la traite (sauf le produit de post-trempage) n’ont pas changé par rapport à l’hiver précédent (hiver 2012-2013) : - Lavettes individuelles, lavées en machine - Pré-trempage réalisé avec un produit à base d’acide lactique, sans essuyage papier avant pose de la griffe - Traite réalisée par une seule et même personne Principe de l’étude - Pendant l’hiver 2013-2014, le post-trempage est réalisé avec Platinum Uddercare à l’aide d’un gobelet anti-retour - Pendant l’hiver 2012-2013, le post-trempage était réalisé avec un produit non filmogène à base d’acide lactique Suivi vétérinaire de l’évolution des mammites Chaque mois, le vétérinaire traitant de l’élevage réalise une visite de suivi : - Collecte des données d’élevage (effectifs, stabilité des méthodes d’hygiène de traite,…) - Relevé du nombre de mammites - Notation de l’état dermatologique des trayons

Mammites de modèle environnemental Une étude des documents d’élevage, réalisée par le vétérinaire traitant, montre que les mammites sont provoquées par des germes d’environnement (provenant de la litière ou des sols). Ces germes provoquent des mammites cliniques (quartier gonflé, parfois chaud, douloureux, avec présence de grumeaux ou de cailles) sans fièvre. Avant le début de l’étude : - Le taux de mammites cliniques (avec symptômes) est de 70%. - Le taux de vaches avec des CCI* supérieurs à 800 000 est de 6%. - La moyenne des taux cellulaires de tank est inférieure à 200 000. * Contrôles Cellulaires Individuels

■ Résultats de l’étude Une réduction de 29% du nombre de mammites Pendant l’hiver 2013-2014, l’effectif passe de 44 vaches à plus de 48, soit une augmentation de +8,8%, ce qui représente un accroissement significatif du risque de mammites d’environnement. Malgré cette augmentation de l’effectif sur la durée de l’étude, 9 mammites sont comptabilisées en moins dans l’élevage (soit -29 %) par rapport à la période de référence (post-trempage non filmogène à base d’acide lactique). Un excellent état de la peau des trayons Le suivi vétérinaire des trayons pendant 7,5 mois montre une absence totale de gerçures, hémorragies ou changement de couleur (irritations). De légères variations d’hydratations sont perçues en décembre et quelques hyperkératoses sont observées en novembre. Ces variations peuvent être considérées comme normales.

- 29 %

Nombre de mammites cliniques 30

Sur la durée de l’étude, 9 mammites sont comptabilisées en moins dans l’élevage (soit -29 %) par rapport à la période de référence (post-trempage non filmogène à base d’acide lactique).

20

10

0 sept. oct. nov. déc. jan. Nombre cumulé de mammites cliniques

DE MAMMITES CLINIQUES

fév.

mar.

avr.

2012 - 2013 2013 - 2014

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49-58 Controler les infections mammaires BAT_Gabarit dossier ruminants 29/12/2016 17:36 Page49

synthèse originale

comment contrôler les infections mammaires en élevage Dans le cadre d’un plan de maîtrise global et systématique des mammites dans un élevage de vaches laitières, et après l’étape indispensable d’identification des facteurs de risque, la prévention des mammites s’articule naturellement autour de mesures qui visent d’abord à réduire la pression infectieuse. L’alimentation des bovins, la conduite d’élevage, le bâtiment et la sélection génétique sont également à prendre en compte pour améliorer les défenses mammaires.

L

es mesures à prendre dans un plan de maîtrise global et systématique des mammites dans un élevage de vaches laitières ont pour but de diminuer l’exposition mammaire aux agents pathogènes grâce à l’amélioration des conditions d’hygiène pour la prévention des mammites à germes dont le réservoir est environnemental (bâtiment, litière, …). Cela permet d’augmenter la propreté des trayons, en particulier avant la pose des faisceaux trayeurs au moment de la traite. Les opérations de pré-trempage participent à ce même objectif de réduction de la flore potentiellement pathogène et susceptible de contaminer la glande mammaire lorsque le sphincter est ouvert (photo 1). l Pour les mammites à germes dits “de traite”, c’est surtout la politique de réforme des vaches infectées chroniques comme sources infectieuses, et l’amélioration technique de la traite (pratiques, entretien de l’équipement et de la machine à traire et/ou de l’hygiène de la traite) qui permettent une meilleure gestion. l Les deux types de mesures doivent être appliqués lorsqu’aucun des modèles ne domine. Par ailleurs, le recours à des traitements préventifs et curatifs adaptés aux agents pathogènes responsables de mammites concourt à ces objectifs.

Vincent Herry1 Nicolas Herman1 Gilles Foucras Université de Toulouse, INRA ENVT, IHAP Toulouse, France 1Résident du Collège européen de gestion de la santé des bovins (ECBHM)

Objectifs pédagogiques

1 L’administration d’un obturateur interne réduit la fréquence des mammites cliniques post-partum. (photo Pathologie des Ruminants ENV Toulouse).

Dans le cadre de la prévention et d’une bonne maîtrise des mammites de façon durable, les facteurs altérant les mécanismes de défense, notamment immunitaires, vis-à-vis des infections mammaires doivent nécessairement être pris en compte car l’altération de ces mécanismes peut contribuer à l’augmentation de l’incidence et de la sévérité des mammites. Ceci permet de comprendre, au moins en partie, pourquoi il est fréquent d’observer des performances de santé mammaire très différentes dans les exploitations, malgré des conditions d’élevage et de production très similaires.

l

LES MESURES CORRECTIVES À METTRE EN ŒUVRE La période autour du vêlage, dite période de transition est le moment clé du cycle de production où le risque d’altération de la santé de la vache laitière est le plus grand. l C’est durant ces quelques semaines que la santé des mois à venir se joue. l

Le diagnostic d’élevage

z Connaitre les étapes de la conduite diagnostique lors d’intervention en élevage. z Savoir identifier en élevage les facteurs de risque associés à une sensibilité accrue aux mammites et pouvoir proposer des mesures préventives adaptées.

En pratique z Ne pas proposer des mesures correctives “génériques” pour tous les facteurs de risque connus, mais adapter ces mesures à chaque élevage en particulier. z L’amélioration des conditions d’hygiène est un élément clé de la prévention des mammites causées par des germes dont le réservoir est environnemental.

l Avant la proposition de mesures correctives, le diagnostic préalable à l’échelle de l’élevage comporte l’identification, la définition du problème de santé et l’identification des facteurs de risque d’altération des défenses mammaires* effectivement pré-

RUMINANTS

NOTE * cf. les articles : “Incidence et sévérité des mammites chez le bovins” et “Le rôle de la nutrition dans l’incidence et la sévérité des mammites chez le bovins” des mêmes auteurs, dans ce numéro.

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 OCTOBRE 2016 - 121


59-63 Rhinite atrophique porc BAT_Gabarit porcs-volailles 27/12/2016 14:39 Page1

la rhinite atrophique Arlette Laval

du porc La rhinite atrophique du porc est une infection chronique des cornets nasaux et éthmoïdaux à l’origine de pertes économiques, parfois importantes. Facile à contrôler depuis que des vaccins efficaces sont disponibles, elle peut occasionner des litiges lors du commerce des reproducteurs.

Objectifs pédagogiques z Connaître les manifestations de la rhinite atrophique et ses conséquences. z Différencier les deux formes de rhinite. z Comprendre pourquoi il est nécessaire de connaître le statut sanitaire des élevages, en particulier en sélection-multiplication.

L

es rhinites atrophiques du porc, rhinite progressive et rhinite régressive, connues depuis longtemps, restent encore des infections importantes. l Bien que contrôlées par une vaccination efficace, elles sont loin d’être éradiquées et ressurgissent dès que la vigilance se relâche. Par ailleurs, elles nécessitent une grande prudence lors du commerce des reproducteurs. l Après une synthèse des principales données épidémiologiques et de physiopathologie (encadré 1), nous développons les causes de cette maladie, les symptômes et les lésions, les méthodes de diagnostic clinique et de laboratoire, puis les mesures de prévention et le traitement. DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES

l Maladie très préoccupante dans les années 80, la rhinite l’est moins actuellement, comme l’indique la comparaison de deux enquêtes, réalisées l’une en 1987 [7], l’autre en 2010 [2]. l En 2010, 28 p. cent des nez sont touchés, contre 44 p. cent en 1987. La note moyenne a fortement baissé, passant de 3,96 à 2,04 de même que les notes élevées, supérieures à 4,8. Les résultats sont toutefois très différents selon les élevages. l L’enquête de 2010 fait par ailleurs ressortir l’impact positif de la vaccination. La rhinite progressive est éradiquée dans les élevages de sélection et la plupart des élevages de multiplication, mais ce n’est pas le cas de la rhinite régressive. l En production, on rencontre encore aujourd’hui des formes cliniques caractéristiques (photo 1).

Département Santé des Animaux d’Élevage et Santé Publique Unité de Médecine des Animaux d’Élevage Oniris Atlanpole La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 3

1

Rhinite atrophique : épistaxis et déformation du groin. Cas d’un élevage en auto-renouvellement (photo D. Dre ́au).

LES CAUSES DE L'INFECTION l Les conditions d’élevage sont essentielles pour comprendre les causes de l’infection. Elles peuvent constituer de lourds facteurs aggravants, à la fois sur les retards de croissance et sur la gravité des broncho-pneumonies associées. l Tous les manquements aux règles de bonne conduite d’élevage sont donc importants : 1. la conduite en bande et le respect de la marche en avant de façon à éviter la contamination des jeunes animaux peu ou pas contaminés, par des sujets plus âgés sur lesquels l’infection commence à se développer. Éviter en particulier de mélanger les sujets les plus chétifs d’une bande avec ceux de la bande suivante dans le douteux objectif d’homogénéiser les poids ; 2. la surcharge des salles ; 3. une ventilation mal réglée, génératrice d’écarts de température ou de courants d’air, ou encore de confinement en cas de sous-ventilation ; 4. une atmosphère mal contrôlée, trop sèche ou trop humide, trop riche en ammo-

Essentiel z Dans les deux formes cliniques de rhinite atrophique du porc, les signes cliniques sont comparables, mais la rhinite progressive du porc est plus grave que la rhinite régressive. z La rhinite progressive peut être éradiquée, contrairement à la rhinite régressive.

PORCS

z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article

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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 OCTOBRE 2016 - 131


64-68 Enjeux eco NPElsa 35 secteur volaille BAT_Gabarit rubrique 27/12/2016 19:52 Page1

enjeux économiques la compétitivité prix des volailles de chair aux États-Unis et dans l’UE

Camille Deman

dans le cadre des négociations de l’accord de libre-échange

ITAVI 7, rue du Faubourg Poissonière 75009 Paris

Objectifs pédagogiques z Comprendre les bases du traité transatlantique. z Identifier les enjeux du partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) pour le secteur de la volaille.

Essentiel z Avec plus de 20 millions de tonnes de volailles produites et 4 millions de tonnes exportées en 2014, les États-Unis sont le 1er producteur de volailles de chair et le 2è exportateur, juste derrière le Brésil. z La filière volaille de chair est très intégrée et dispose d’outils de production compétitifs. z Les échanges entre les États-Unis et l’Europe sont pour l’instant inexistants en volailles, notamment en raison des standards européens.

COMPRENDRE ET AGIR z Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 136 - OCTOBRE 2016

Tandis que les négociations sur l'accord de libre-échange transatlantique se poursuivent, les craintes d'une menace pour les filières avicoles françaises se cristallisent. L'Union européenne, et à fortiori la France, vont-elles massivement importer de la viande de volaille américaine ? Les prix de ces produits risquent-ils de mettre en péril la pérennité de nos filières ? Quel est concrètement le potentiel des États-Unis pour accéder au marché européen ?

1 La décontamination chimique des carcasses, pratique interdite au sein de l’UE, largement préconisée aux États-Unis, constitue une barrière aux échanges (photo C. Deman, ITAVI). l Cet article s'attache à analyser la compétitivité économique des produits américains vis-à-vis des produits européens [2, 3].

LES DONNÉES DISPONIBLES

D

epuis mai 2013 se succèdent les négociations concernant l’accord de libre-échange entre les États-Unis et l’Union Européenne. L’objectif annoncé de ce partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) (Transatlantic Trade and Investment Partnership), bien que son contenu ne soit pas détaillé publiquement, est d’harmoniser les règlementations et de favoriser les échanges entre les deux continents, notamment sur les produits agricoles. l La filière volailles de chair est directement concernée par cet accord puisque, dans l’UE comme aux États-Unis, il s’agit de productions importantes, générant des échanges non négligeables sur le marché international, donc source de revenus. l Aujourd’hui, il n’existe pas d’échanges de volailles entre les États-Unis et l’Union européenne en raison de standards incompatibles. En effet, la décontamination chimique des carcasses, pratique interdite au sein de l’UE mais largement préconisée aux ÉtatsUnis, constitue de fait une barrière aux échanges (photo 1). Toutefois, cet accord de libreéchange pourrait bouleverser cet équilibre.

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l Une étude des données statistiques existantes qui s’appuie sur la base de données Eurostat et celle du Foreign Agricultural Service (FAS) de l’USDA (US Department of Agriculture) permet d’analyser les potentiels flux de produits entre l’Union européenne et les États-Unis. l En amont, il est primordial d’établir un état des lieux des échanges américains dans le secteur des volailles de chair afin de caractériser les marchés américains à l’export et de positionner l’Union européenne dans ce contexte. Puis, déterminer le volume et le type de produits importés par l’Union européenne, permet d’identifier les produits ”sensibles” susceptibles de rentrer sur le marché communautaire. l Pour estimer et apprécier le risque potentiel d’une libéralisation totale des échanges entre ces deux zones marchandes, nous avons calculé les prix américains rendus UE de quelques produits jugés ”à risque” en y ajoutant un coût de transport et en supprimant les droits de douane. Ces pris US rendus UE sont ensuite comparés aux prix de ces mêmes produits échangés au sein du marché communautaire.


69 Revue internationale ELSA 35 BAT_Revue internationale elsa 29 29/12/2016 01:58 Page69

revue internationale synthèse des meilleurs articles CARACTÉRISTIQUES DES MICROBIOTES FÉCAL ET ILÉAL DE VEAUX LAITIERS lors d'une infection précoce par Mycobacterium avium subspecies paratuberculosis La paratuberculose est une maladie incurable des ruminants causée par Mycobacterium avium subspecies paratuberculosis (MAP). Cette maladie entraîne des pertes économiques conséquentes pour les élevages bovins (de l’ordre de 75 € par vache et par an pour un élevage laitier infecté). L’infection par MAP induit une inflammation granulomateuse chronique du tractus intestinal dont l’expression clinique est tardive. La sensibilité des tests diagnostiques actuellement disponibles ne permet pas un dépistage précoce et fiable des animaux infectés asymptomatiques. ● Afin de déterminer si une dysbiose intestinale associée à MAP pouvait être un biomarqueur potentiel pour la détection précoce des animaux infectés, Derakhshani et colla-borateurs ont étudié le microbiote fécal et le microbiote de la muqueuse iléale chez des veaux infectés expérimentalement.

le phylum des Protéobactéries sont surreprésentés dans le MI des veaux témoins. De plus, une analyse bioinformatique de reconstruction des voies métaboliques fonctionnelles présentes (PICRUSt) montre une surreprésentation des voies du métabolisme de la lysine et de l'histidine et une sous-représentation de celles du glutathion et des voies de dégradation de la leucine et de l'isoleucine dans le MI des veaux infectés. Ceci suggère des contributions potentielles du MI dans le développement de l'inflammation intestinale. Enfin, le MF des veaux infectés montre une surreprésentation simultanée des familles Planococcaceae et Paraprevotellaceae, ainsi qu’une sous-représentation des genres Faecalibacterium et Akkermansia. Cette différence du microbiote fécal pourraient être un biomarqueur potentiel pour l'identification des bovins infectés au cours des stades subcliniques.

Matériels et méthodes

Conclusions

● Sur un total de 56 veaux naïfs, 50 veaux ont été inoculés avec MAP par voie orale à l’âge de 2, 3, 6, 9 ou 12 mois (10 animaux pour chaque âge) et 6 veaux non inoculés ont constitué le lot témoin. Les 56 veaux ont été euthanasiés à 17 mois. Une recherche de MAP a été réalisée par culture sur les prélèvements nécropsiques. ● Parmi les veaux inoculés, MAP a été détecté sur 28 veaux. Les prélèvements de fécès et de muqueuse iléale réalisés à l’autopsie sur ces veaux et sur 5 veaux contrôles MAP-négatifs ont été utilisés pour extraction d'ADN génomique. Le séquençage Illumina à haut débit (plateforme MiSeq, 150 paired-end) de la région hypervariable V4 du gène de l’ARN 16S a été réalisé sur ces 28+5 extractions après amplification par PCR et multiplexage. Les données brutes ont été traitées par bioinformatique afin de décrire la diversité bactérienne présente dans les échantillons sous la forme d’Unités taxonomiques opérationnelles (OTU). Des analyses de biostatistiques et de bioinformatiques ont ensuite été utilisées pour comparer les microbiotes des différents animaux.

● Cette approche de métagénomique identifie des taxons et des fonctions microbiennes associées à l'infection MAP. De manière globale, les différences de composition taxonomique et de prédictions fonctionnelles observées laissent entrevoir le microbiote intestinal des bovins comme un réseau dynamique de micro-organismes ayant un rôle actif dans l'homéostasie intestinale lors d’infection par MAP. ● La surreprésentation de certaines familles bactériennes (Planococcaceae et Paraprevotellaceae) et la sous-représentation de certains genres (Faecalibacterium et Akkermansia) dans le microbiote fécal des animaux infectés pourraient servir d'indicateurs de l'infection par MAP. La sensibilité et la spécificité de ces marqueurs doivent toutefois être validées dans des études de terrain à grande échelle. r

Résultats Les analyses statistiques (PERMANOVA, LEfSe) révèlent des différences du microbiote associé à la muqueuse iléale (MI) et du microbiote fécal (MF) chez les infectés par rapport aux témoins. Plusieurs taxons bactériens dans ●

Diagnostic

Objectif de l’étude ❚ Déterminer si une dysbiose intestinale associée à MAP pouvait être un biomarqueur potentiel pour la détection précoce des animaux infectés.

u Front Microbiol. 2016;31(7):426. The features of fecal and ileal mucosa-associated microbiota in dairy calves during early infection with Mycobacterium avium subspecies paratuberculosis. Derakhshani H, De Buck J, Mortier R, Barkema HW, Krause DO, Khafipour E.

Synthèse par Xavier Nouvel, Département Elevage et Produits, Santé Publique Vétérinaire, Pathologie de la Reproduction, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse

Commentaires de Xavier Nouvel

Le séquençage du microbiome fécal comme moyen de dépistage de Mycobacterium avium subspecies paratuberculosis chez les bovins peut paraître très futuriste. En effet, si la diminution du coût du séquençage haut-débit est réelle, la complexité du traitement et de l’analyse des données générées ●

n’est pas encore envisageable pour des analyses de routine. ● Ces résultats de métagénomique sont toutefois prometteurs. Ils pourraient permettre d’identifier des marqueurs accessibles et utilisables pour le dépistage de maladies comme la Paratuberculose dans un futur proche.

69

LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 OCTOBRE 2016 - 141


70-73 Test clinique R 35 V°_gabarit NPE âne 30/12/2016 12:12 Page70

test clinique

observation originale

les réponses

coryza gangréneux

Majd Abi Haidar1 Gilles Meyer2 Dorothée Virieux Watrelot3 Dominique Le Grand4

chez une génisse Limousine

1-4 VetAgro

Sup, Campus Vétérinaire, Pathologie du Bétail, F-69280 Marcy l'Etoile 2 UMR1225 INRA-ENVT, Ecole Nationale Vétérinaire, 31076 Toulouse, France 3 VetAgro Sup, Campus Vétérinaire, Unité pédagogique Pathologie morphologique et clinique F-69280 Marcy l'Etoile

A

près une légère rémission, la génisse est référée un mois plus tard en Pathologie du Bétail de l’école VetAgro Sup (Campus Vétérinaire de Lyon). Les symptômes observés sont alors : - un état général très dégradé (Note d’Etat Corporel) 1,5 : abattement, anorexie) ; - une hyperthermie toujours sévère (41,2°C) ; - un décollement des épithéliums pluristratifiés (étui de la corne, onglons (photos 2, 3) ; - des œdèmes déclives (zone ombilicale et membres) ; - un épaississement de la peau avec desquamation et séborrhée importante au niveau de l’encolure, du flanc et des membres (photos 4a, 4b) associée à une sensibilité cutanée lors de la palpation en région ventrale ; - une kératite bilatérale complète avec conjonctivite et épiphora ; - une rhinite avec jetage muco-purulent (photo 5) et ulcères sur le mufle ; - une gingivite sanguinolente associée à une stomatite ulcéreuse ; - une dermatite interdigitée ulcéreuse sur les quatre pieds (photo 6).

disponible sur www.neva.fr

1 Quelles sont les hypothèses diagnostiques ? l Le tableau clinique est dominé par une hyperthermie persistante (40-41°C), une kératite bilatérale, des lésions érosives et ulcératives sur le mufle et dans la cavité buccale, ainsi qu'une atteinte cutanée (dermatite érythémateuse). Un seul cas a été observé dans l'élevage sur la période de suivi de cet animal. l Sur la base des éléments épidémiologiques (présence d’ovins) et des symptômes dominants, l’hypothèse diagnostique la plus probable est le Coryza gangréneux. Les autres hypothèses émises sont, par ordre d'importance décroissant : une Maladie des Muqueuses, une Rhinotracheite Infectieuse Bovine (RIB), une photosensibilisation, une Besnoitiose (tableau).

4b

Lésions cutanées étendues : Dermatite sévère multifocale avec lésions d’hyperplasie, croûtes et fissures sur les cuisses.

❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°35 141 - OCTOBRE 2016

2 Quels examens complémentaires proposez-vous ? l Un deuxième contrôle sérologique RIB (Ac totaux) est effectué et s'avère négatif ;

70

2

Étui corné arraché (photos VetAgro Sup, Pathologie du Bétail).

3

Décollement des épithéliums pluristratifiés et dermatite interdigitée ulcéreuse.

4a Lésions cutanées étendues : Dermatite sévère multifocale avec lésions d’hyperplasie, croûtes et fissures sur l’encolure.


FRAH/MAMY-161000 01/2016 Boehringer Ingelheim France SAS

Foudroie les bactéries Dissipe les mammites

STOP M®. ESPÈCES DE DESTINATION : Bovins (vaches laitières). COMPOSITION EN PRINCIPES ACTIFS : Poudre : un flacon contient : pénéthamate 7,72 g (sous forme d’iodhydrate) (soit 10 g sous forme d’iodhydrate). Solvant : un ml contient : Parahydroxybenzoate de méthyle (E 218) 1,50 mg. CONDITIONS DE PRESCRIPTION ET DE DÉLIVRANCE : Liste I. Usage vétérinaire. À ne délivrer que sur ordonnance devant être conservée pendant au moins 5 ans. INDICATIONS : Chez les bovins : traitement des mammites subcliniques dues à Streptococcus uberis, Streptococcus dysgalactiae sensibles au pénéthamate et à Staphylocoques Coagulase Négative ; traitement des mammites cliniques à streptocoques sensibles au pénéthamate. CONTRE-INDICATIONS : Allergie aux pénicillines et aux céphalosporines. Ne pas utiliser la voie intraveineuse. PRÉCAUTIONS PARTICULIÈRES D’EMPLOI CHEZ L’ANIMAL : Compte tenu du spectre d’activité étroit du pénéthamate, vérifier la sensibilité des souches au pénéthamate avant traitement. EFFETS INDÉSIRABLES : Dans de très rares cas, des chocs anaphylactiques peuvent se produire. TEMPS D’ATTENTE : Viande et abats : 14 jours. Lait : 4 jours. NUMERO DE L’AUTORISATION DE LA PUBLICITÉ : ANMV/S/2016-001040. CE MÉDICAMENT VÉTÉRINAIRE EST UN ANTIBIOTIQUE. TOUTE PRESCRIPTION D’ANTIBIOTIQUE A UN IMPACT SUR LES RÉSISTANCES BACTÉRIENNES. ELLE DOIT ÊTRE JUSTIFIÉE. Mise à jour du texte : 17.04.2015 (Version 10).

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