DOSSIER : BIEN-ÊTRE ANIMAL ET APPLICATIONS EN ÉLEVAGE
Couv ELSA 36 congrès BAT.qxp_Couv ELSA 19 19/06/2017 10:40 Page1
Volume 9
N°36 Avril 2017 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CFCV (Comité de formation continue vétérinaire)
indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)
• Veterinary Bulletin (CAB International)
• CAB Abstracts Database
Actualités en perspective - Chronique - Influenza aviaire, un triste bilan
Ruminants - Le bien-être animal, entre
éthique et règlementations : quelles réalités biologiques ?
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°36 - AVRIL 2017
- Le bien-être des animaux
dans les élevages - La spécification technique ISO
TS 34700 - L’élevage de veaux
de boucherie : état des lieux sur les problèmes de bien-être - Les conditions de transport
des bovins et des ovins : un enjeu de qualité - Le vétérinaire et le bien-être
DOSSIER
des animaux à l’abattoir - Fiche - Conseils à l’éleveur
BIEN-ÊTRE ANIMAL ET APPLICATIONS EN ÉLEVAGE LE BIEN-ÊTRE DES PORCS, DES POULES PONDEUSES ET DES POULETS DE CHAIR
FMCvét
formation médicale continue vétérinaire
- Test clinique - Troubles de la reproduction et avortements dans un élevage ovin laitier - Étude de cas - Intoxication chronique au cuivre chez des génisses - Revue de presse internationale - Tests de formation continue
avant le transport des animaux à l’abattoir - Les relations entre confort
du logement et boiteries en troupeau bovin laitier - Le vétérinaire praticien
dans le bien-être animal
PORCS - VOLAILLES - Le bien-être des porcs, des poules pondeuses et des poulets de chair : synthèses
Comprendre et agir - Étude de cas en alimentation
des ruminants - Ration à base de concentrés pour taurillons - Enjeux économiques -
L’accord Union européenne Canada
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1
06/12/2016
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REDÉCOUVREZ L’ACIDE TOLFÉNAMIque DÉCOUVREZ TOLFeDOL ®
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: EFFICACITÉ / Polyvalence - Traitement adjuvant des mammites aiguës avec 1ml/10kg de poids vif en IV (bovins) - Traitement adjuvant de la pneumonie avec 0,5ml/10kg de poids vif en IM (bovins) - 4 espèces : Bovins, Porcins, Chats et Chiens
Observance :
1 injection toutes les 48h en IM ; 1 injection unique en IV (bovins)
SÉCURITÉ /
Temps d’attente bovins courts
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Lait : 0h en IM ; 24h en IV. Viande et abats : 12 jours en IM ; 4 jours en IV
TOLFEDOL 40mg/ml solution injectable pour bovins, porcins, chats et chiens. Composition : Un ml contient : Substance(s) active(s) : Acide tolfénamique 40,0 mg. Excipient(s) : Alcool benzylique (E1519) 10,4 mg, Hydroxyméthanesulfinate de sodium 5,0 mg. Espèces cibles : Bovins, porcins, chats et chiens. Indications : Chez les bovins : Traitement adjuvant de la pneumonie en améliorant les conditions générales et l’écoulement nasal ; Traitement adjuvant des mammites aiguës. Chez les porcins : Traitement adjuvant du syndrome Métrite Mammite Agalactie. Chez les chiens : Traitement de l'inflammation associée aux troubles musculo-squelettiques et réduction de la douleur post-opératoire. Chez les chats : Traitement adjuvant des maladies des voies respiratoires supérieures, en association avec un traitement antimicrobien, le cas échéant. Contre-indications : L'acide tolfénamique est contre-indiqué en cas de maladie cardiaque. Ne pas utiliser chez les animaux présentant une insuffisance hépatique ou insuffisance rénale aiguë. L'acide tolfénamique est contre-indiqué lors d'ulcération ou de saignements digestifs, lors de dyscrasie sanguine ou d'hypersensibilité à l'acide tolfénamique. Ne pas injecter par voie intramusculaire chez les chats. Ne pas utiliser en cas d’hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients. Ne pas administrer d'autres médicaments anti-inflammatoires, stéroïdiens ou non stéroïdiens, simultanément dans les 24 heures suivant le traitement. Ne pas utiliser chez les animaux déshydratés, hypovolémiques ou en hypotension. Effets indésirables : Une augmentation temporaire de la soif et / ou la diurèse peut se produire. Dans la plupart des cas, ces signes cessent spontanément après le traitement. De la diarrhée et des vomissements peuvent survenir au cours du traitement. Si ces signes persistent, le traitement doit être interrompu. Des réactions locales au site d'injection ont été rapportées après administration du produit. Des cas de syncope après une injection intraveineuse trop rapide chez les bovins ont été occasionnellement rapportés. Lors de l'administration par voie intraveineuse, le produit doit être injecté lentement. Dès les premiers signes d'intolérance, l'injection doit être interrompue. Temps d’attente : Bovins : Injection intramusculaire : Viande et abats : 12 jours. Lait : zéro heure. Injection intraveineuse : Viande et abats : 4 jours. Lait : 24 heures. Porcs : Viande et abats : 16 jours. Catégorie : Liste II. Usage vétérinaire. A ne délivrer que sur ordonnance devant être conservée au moins pendant 5 ans.
Façonnons l’avenir de la santé animale
10/2016
CMJ
Sommaire ELSA 36 17-05-17.qxp_3 Sommaire ELSA 16 19/06/2017 11:24 Page3
sommaire Plus d’informations sur www.neva.fr
Volume 9
N°36 DOSSIER
Ce N° comporte une édition spéciale Les solutés réhydratants chez le veau
BIEN-ÊTRE ANIMAL et applications en élevage
Test clinique - Troubles de la reproduction et avortements dans un élevage ovin laitier des Pyrénées-Atlantiques Xavier Nouvel, Frédéric Rousseau, Denis Ticoulet, Odile Sallato, Corinne Novella
Éditorial François Gary
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ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Chronique - Influenza aviaire, un triste bilan pour la 2e année consécutive dans le Sud-Ouest Zénon
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RUMINANTS Dossier : BIEN-ÊTRE ANIMAL et applications en élevage - Le bien-être animal, entre éthique et règlementations, quelles réalités biologiques ? Jacques Servière - Le bien-être des animaux dans les élevages Isabelle Veissier, Raphaëlle Botreau - La spécification technique ISO TS 34700 sur le bien-être animal des animaux destinés à la filière alimentaire François Gary, Sandrine Espeillac - L’élevage de veaux de boucherie : état des lieux sur les problèmes de bien-être Joop Lensink, Hélène Leruste - Les conditions de transport des bovins et des ovins : un enjeu de qualité Béatrice Mounaix, Barbara Ducreux - Le vétérinaire et le bien-être des animaux à l’abattoir Pascale Gilli-Dunoyer, Jean-Pierre Kieffer, Nathalie Veauclin - Fiche - Conseils à l’éleveur avant le transport des animaux à l’abattoir Pascale Gilli-Dunoyer, Jean-Pierre Kieffer, Nathalie Veauclin - Les relations entre confort du logement et boiteries en troupeau bovin laitier Anne Relun, Nathalie Bareille, François Gervais, Luc Mounier, Raphaël Guatteo - Le vétérinaire praticien dans le bien-être animal Luc Mounier, Dorothée Ledoux, Alice de Boyer des Roches
8 13
19 23 29 35 39 42
revue de formation à comité de lecture
51
indexée dans les bases de données :
PORCS - VOLAILLES
• Index Veterinarius
- Le bien-être des porcs, des poules pondeuses et des poulets de chair : synthèses Françoise Pol, Maryse Guinebretière
• Veterinary Bulletin
(CAB International)
61
(CAB International)
• CAB Abstracts Database
COMPRENDRE ET AGIR
agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC
Étude de cas en alimentation des ruminants - Ration à base de concentrés pour taurillons 56
Francis Enjalbert
(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)
- Enjeux économiques - L’accord Union européenne - Canada : quels risques pour les productions animales européennes ? Aurélie Trouvé, Baptiste Buczinski, Philippe Chotteau, Michel Rieu
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ACTUALITÉS
64
RUMINANTS
-- Étude de cas - Intoxication chronique au cuivre chez des génisses Kevin Guelou, Jean-Christophe Dupin, Christophe Tonnin, Marie Liron
FMCvét - formation médicale continue vétérinaire
PORCS - VOLAILLES
- Revue de presse internationale Synthèse rédigée par Nicolas Herman
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- Test clinique - Les réponses
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- Tests de formation continue - Les réponses
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Synthèses et observations originales
Souscription d’abonnement en page 73 et sur www.neva.fr
COMPRENDRE ET AGIR FMC Vét
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 AVRIL 2017 - 147
4 Test clinique Q n°36 BAT.qxp_mise en page 15/06/2017 21:35 Page1
test clinique
disponible sur www.neva.fr NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr
troubles de la reproduction et avortements
Conseil scientifique
dans un élevage ovin laitier des Pyrénées-Atlantiques
Xavier Berthelot (E.N.V.T), Didier Calavas (Anses), Marc Gogny (E.N.V.A.), Arlette Laval (Oniris), Marc Savey (Anses), François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (Oniris), Bernard Toma (E.N.V.A.),
Rédacteurs en chef scientifiques
Xavier Nouvel1, Frédéric Rousseau2, Denis Ticoulet2, Odile Sallato3, Corinne Novella3
Sébastien Assié (Oniris) Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.) Didier Raboisson (E.N.V.T.)
Comité de rédaction Jean-Pierre Alzieu (LVD), Marie-Anne Arcangioli (Pathologie ruminants, VetAgro Sup) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Beaudeau (Gestion de la santé animale, Oniris) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, Oniris) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, Oniris) Alain Chauvin (Parasitologie, Oniris) Alain Bousquet-Melou (pharmacologie, ENVT) Alain Douart (Pathologie des ruminants, Oniris) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Millemann (Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Xavier Nouvel (praticien) Frédéric Rollin (Liège) Caroline Prouillac (Toxicologie, VetAgro Sup) Jean-Louis Roque (praticien) Christophe Roy (praticien) Olivier Salat (praticien) Pascal Sanders (Anses, Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stéphan Zientara (E.N.V.A.) Gestion des abonnements et comptabilité Marie Glussot Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr
D
ans un élevage de 350 brebis laitières de race Manech tête rousse, sur les 80 agnelles mises à la reproduction, le centre d'insémination constate de la mortalité embryonnaire et une mauvaise réussite à l'insémination artificielle (IA) (40 p. cent de diagnostics de gestation positifs 60 jours après IA). ● A l'automne suivant, 18 avortements d’agnelles et d’adultes en fin de gestation sont observés, associés à la naissance d'agneaux malformés non viables. Des analyses sérologiques sont réalisées sur six femelles ayant avorté. Les maladies recherchées sont la Chlamydiose, la Toxoplasmose, la Fièvre Q, la Border disease, la Salmonellose (tableau 1). ● A la campagne suivante, un problème d'infertilité sur les agnelles est à nouveau observé et 31 avortements surviennent à l'automne. Les brebis pâturent et reçoivent une ration sans ensilage (tableau 2 cf. P. 72).
Directeur de la publication
Aucune mesure vaccinale vis-à-vis des maladies abortives n’est pratiquée dans l’élevage. r 1 Compte tenu des résultats des analyses réalisées lors de la 1ere année, quelles conclusions étiologiques sont possibles ? 2 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques sur le 2e épisode et quelles analyses de laboratoire proposez-vous ?
Tableau 1 - Analyses sérologiques la 1ere année
Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. UE : 60 € Institutions : 120 € T.T.C. SARL au capital de 7622€
Nombre Chlamydiose d’animaux ●
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Fièvre Q
Toxoplasmose
Border disease
Salmonellose
6 N, 1 Douteux
2 + faible, 3 N, 1 Douteux
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6N
comité de lecture
Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey
Siège social : Europarc 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 07 20 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232 Impression : IMB -Imprimerie moderne de Bayeux Z.I - 7, rue de la Résistance 14400 Bayeux
Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 148 - AVRIL 2017
1. Pathologie de la reproduction, Département Élevage et Produits, Santé Publique Vétérinaire École Nationale Vétérinaire de Toulouse, 23 chemin des Capelles, BP 87614, 31 076 Toulouse cedex 2 Clinique Vétérinaire d'Amikuze ZA Zubi-Beltza, 64120 Behasque Lapiste 3Centre départemental de l’élevage ovin des Pyrénées-Atlantiques Route Musculdy, 64130 Ordiarp
4
Laurent Alves de Oliveira, Thierry Baron, Jean-Jacques Bénet, Maud Belliard, Dominique Bergonier, Henri-Jean Boulouis, Régis Braque, Christophe Chartier, Sylvie Chastant-Maillard, René Chermette, Eric Collin, Fabien Corbières, Stéphane Daval, Luc Descoteaux Jean-Claude Desfontis,
André Desmecht (Liège), Emmanuel Devaux, Alain Ducos, Barbara Dufour, Pascal Dubreuil (Québec) Gilles Fecteau (Québec) Christine Fourichon, Bruno Garin-Bastuji, Norbert Gauthier, Norbert Giraud, Denis Grancher, Jean-Marie Gourreau, Raphaël Guatteo, Jean-Luc Guérin, Nadia Haddad,
Réponses à ce test page 72
Nicolas Herman, Christophe Hugnet, Jean-François Jamet, Martine Kammerer, Caroline Lacroux, Michaël Lallemand, Dominique Legrand, Catherine Magras, Xavier Malher, Jacques Manière, Guy-Pierre Martineau, Hervé Morvan, Jean-Marie Nicol, Philippe Le Page, Bertrand Losson (Liège),
Renaud Maillard, Florent Perrot, Pierre Philippe, Xavier Pineau, Hervé Pouliquen, Jean-Dominique Puyt, Nadine Ravinet, Nicolas Roch, Florence Roque, Adrian Steiner (Suisse), Edouard Timsit, Étienne Thiry (Liège), Brigitte Siliart, Damien Vitour.
5 Editorial NPelsa 36 BAT.qxp_edito NP ELSA 19/06/2017 11:28 Page5
éditorial Le bien-être animal dans les filières animales : opportunité et enjeu majeur pour les vétérinaires …
L
e bien-être animal est devenu un enjeu sociétal. Les consommateurs ne peuvent concevoir que la viande ou les produits laitiers qu’ils achètent proviennent d’animaux ayant connu une vie de souffrance. Le bien-être animal devient un prérequis qui ne devrait pas être l’enjeu d’une compétition commerciale. C’est sur cette assertion que s’est construit le consensus international entre pays développés et pays en voie de développement, entre latins et anglo-saxons pour développer une normalisation internationale, qu’elle se bâtisse au sein de l’OIE (Office international des épizooties) pour les autorités compétentes, ou au sein de l’ISO (International Standardization Organisation) pour les entreprises et les filières. Cela signifie une approche scientifique du bien-être animal, et non une approche émotionnelle. Le vétérinaire est légitime pour être le spécialiste du bien-être animal. Assurer de bonnes conditions du bien-être animal, ce sont de meilleures performances pour les élevages, c’est une meilleure santé des animaux, donc moins de traitements, et c’est une meilleure santé publique avec moins de résidus, moins de risques de contamination des produits d’origine animale. En résumé, la satisfaction d'un travail respectueux de l'homme et de l'animal pour les acteurs de la filière. Cependant, le vétérinaire doit dépasser son rôle de pathologiste pour devenir un conseiller en management auprès de l’éleveur et des opérateurs des filières. Le bien-être animal est le résultat d’un équilibre entre l’animal, son environnement et les hommes avec lesquels il interagit. Former le personnel au contact des animaux, dont une partie de plus en plus significative est salariée, et dont le temps d'interaction avec les animaux est de plus en plus contraint, repenser l’ergonomie des postes de travail au moment de l’abattage ou du chargement des animaux sont des tâches aussi importantes que les soins. C’est aussi discuter des investissements prioritaires au bénéfice du bien-être animal, mais aussi de l’éleveur ou des salariés. C’est alerter l’éleveur sur les conditions d’un agrandissement réussi de l’atelier quand la baisse des prix de vente le pousse à densifier le nombre d’animaux. Mais son rôle le plus important est celui de médiateur entre des citoyens en attente de réassurance sur les conditions d’élevages et d’abattage des animaux, et des professionnels des filières animales timorés pour communiquer sur les efforts engagés. Pour un éleveur, lui parler de bien-être animal est souvent vécu comme une mise en cause de sa fonction même qui est de s’occuper de ses animaux. La crédibilité de la parole des opérateurs des filières animales est souvent mise en cause compte tenu de leurs intérêts économiques. De l’autre côté, le discours des ONG est aussi confus, en raison de la diversité de leurs positionnements : attachées à un travail constructif de fonds pour certaines, et engagées dans un sensationnalisme non dénué d’arrière-pensées pour d’autres. Scientifique et professionnel de la santé, le vétérinaire doit pouvoir expliquer les réels besoins des animaux en termes de bien-être animal, les pratiques importantes qui conditionnent ce bien-être et comment le mesurer de manière objective. Il s’agit de dépasser les préjugés par une meilleure information scientifique, mais sans masquer les dérives répréhensibles qui peuvent exister et jettent l’opprobre sur tout un secteur.
François Gary Animateur du groupe de travail ISO TC 34 WG 16 de l’ISO sur le bien-être animal PHYLUM 9, allée Charles Cros, ZAC des Ramassiers F- 31770 Colomiers
disponible sur www.neva.fr
à suivre les articles :
➜ Le bien-être des vaches laitières : quel regard porter sur un élevage ? Luc Mirabito
➜ Le bien-être des porcs, des poules pondeuses et des poulets de chair
S
aluons donc la pertinence de ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé qui apporte des informations techniques importantes tant sur les moyens de mesurer le bien-être animal (Welfare Quality), que sur les interactions entre les pratiques d’élevage et le bien-être animal (veaux de boucherie, …). Au delà de la richesse des informations techniques de ces articles, la lecture de ce dossier spécial pourra aussi nourrir votre réflexion sur les moyens de réassurer nos citoyens sur le bien-être animal. r
Françoise Pol, Maryse Guinebretière
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 AVRIL 2017 - 149
6-7 Chronique Zénon elsa 36 BAT.qxp_6-7 Actualite 15/06/2017 21:07 Page6
actualités en perspective Influenza aviaire, un triste bilan pour la 2e année consécutive dans le Sud-Ouest La fin de la 2e épizootie d’Influenza aviaire est accueillie avec soulagement mais soulève de nombreuses questions concernant l’avenir de la filière des palmipèdes gras, et concernant les principes assurant la surveillance, et le contrôle des vagues épizootiques subies par l’aviculture dans le Sud-Ouest.
Essentiel
❚ Le coût sanitaire et économique du contrôle de cette 2e vague épizootique n’est pas soutenable, ses modalités devront donc être révisées pour éviter une 3e vague qui serait fatale à la filière. ❚ La France a été, avec la Hongrie, le seul pays européen confronté, pendant l’hiver 2016-2017, à une vague épizootique en élevage avec 485 foyers identifiés dans cinq départements du Sud-Ouest alors qu’un nombre très réduit de foyers (52) ont été identifiés dans l’avifaune sauvage sur l’ensemble du territouoire national.
L
e communiqué de presse du ministère de l’Agriculture et de l’alimentation du 29 mai dernier est sobre bien qu’il annonce une double bonne nouvelle, celle de la fin officielle de la deuxième épizootie d’Influenza aviaire (IA) dans le sud-ouest, et celle de la relance du repeuplement en oisons et canetons des élevages soumis à “vide sanitaire obligatoire”, une litote, pour évoquer le vide complet après abattage et la destruction de l’ensemble des palmipèdes, depuis 6 semaines. UN BILAN CONTRASTÉ
l
Un peu plus de 1100 communes situées dans cinq départements dont le Gers, les Landes, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques, vont ainsi pouvoir retrouver un semblant de vie normale dans leurs élevages de palmipèdes. La petite histoire retiendra que trois élevages du pays Basque ont refusé la mise en œuvre de “l’abattage préventif”après une âpre négociation, début avril, avec le préfet qui n’a pas voulu employer la force publique pour l’appliquer. Soumis à une surveillance sanitaire renforcée, ces élevages ont bénéficié de la levée des mesures mises en œuvre pour “contrôler” l’épizootie, gardant ainsi leurs troupeaux, sans avoir remis en cause la sécurité sanitaire collective puisque le dernier d’Influenza aviaire a été identifié fin mars.
ACTUALITÉS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 150 - AVRIL 2017
6
l
Ces résultats ont été obtenus en abattant 4 millions de palmipèdes, la plupart en bonne santé mais situés dans l’une des 1100 communes soumises à “l’abattage préventif”, compte tenu de sa mise en œuvre progressive de janvier 2017 (232 communes) à mars (556 communes), puis avril (1134 communes) en fonction de l’aire d’extension des foyers d’Influenza aviaire, et de l’accroissement de leur nombre (170 fin janvier à 463 au 20 mars). l Le nombre total de foyers (troupeaux ) identifiés est de 485, le dernier l’ayant été le 28 mars. Il comprend près de 50 p. cent de troupeaux identifiés au travers de la surveillance événementielle (suite à suspicion clinique), et à peu près autant par la surveillance programmée (dépistage avant abattage préventif ou avant mouvements d’animaux au sein des zones réglementées). DE NOMBREUSES QUESTIONS AUTOUR DU RÔLE DE L’AVIFAUNE ET DU COÛT ÉCONOMIQUE l
Ce chiffre de 485 foyers issus des élevages est très nettement supérieur à celui issu de l’avifaune sauvage : 52 foyers. Si l’on ajoute que ces derniers sont largement distribués sur le territoire métropolitain, on peut nettement différencier la dynamique épidémiologique des deux phénomènes. Cette différenciation se retrouve dans la plupart des pays européens avec une inversion des rapports avifaune sauvage/ faune domestique en faveur de la première comme en Allemagne. l Le seul État connaissant une situation comparable à la France est la Hongrie dont le quart sud-ouest concentre les foyers en élevage de palmipèdes . l Si l’on ajoute à cette description les coûts directs induits (350 millions €), auxquels il faut ajouter ceux liés aux 7,5 millions de palmipèdes qui n’ont pu être mis en production, l’addition globale apparaît singulièrement lourde pour le contribuable et pour
6-7 Chronique Zénon elsa 36 BAT.qxp_6-7 Actualite 15/06/2017 21:07 Page7
actualités en perspective - influenza aviaire, un triste bilan dans le sud-ouest une filière qui est passée d’une production de 32 millions de canards en 2015 à 23 millions seulement en 2017. l De nombreuses voies se sont élevées pour s’interroger sur la soutenabilité d’une telle politique et sur ses fondements scientifiques. Comment comprendre que dans certains pays, l’introduction de l’Influenza aviaire par l’avifaune sauvage ne provoque que des foyers sporadiques en élevage, et que dans d’autres, comme la France, certaines régions soient confrontées à de véritables épizooties rappelant les descriptions historiques de “Peste Aviaire”. l Comment ne pas avoir encouragé la mise au point d’outils vaccinaux et la définition d’une stratégie d’utilisation adaptée aux déterminants épidémiologiques de la situation subie depuis 2 ans, face à des virus IA non zoonotiques ? Pourquoi soumettre au “tout sanitaire” (Test and Destroy) un (très) grand pays d’élevage comme la France dont l’hétérogénéité, particulièrement en terme d’élevage avicole, est pourtant patente. Toutes ces questions devront faire l’objet d’un réel débat afin d’éviter un troisième épisode qui serait difficilement supportable par les filières, pour la puissance publique, et peut-être aussi par l’opinion qui, cette année, était attentive à d’autres sujets.
Carte des foyers et de cas d’IAHP H5N8 déclarés dans l’UE et en Suisse entre le 26 octobre 2016 et le 28 mai 2017 inclus (sources : OIE/ADNS/DGAL).
UN RETOUR D’EXPÉRIENCE INDISPENSABLE POUR ÉLABORER DES CONCEPTS MIEUX ADAPTÉS l
Il parait donc impératif d’organiser un retour d’expérience sur les deux épizooties qui ont ravagé les élevages de palmipèdes du Sud-Ouest en deux vagues hivernales successives depuis 2 ans. C’est la condition essentielle pour éviter l’apparition d’une troisième vague qui pourrait provoquer une protestation type “bonnets rouges” en fonction d’un climat social changeant et/ ou de la médiatisation d’un événement traduisant le désespoir d’éleveurs trop accablés par le renouvellement sans fin de mesures absurdes, ruineuses et inefficaces. l Il faudra donc avoir le courage de questionner les principes mêmes qui ont gouverné le traitement de ces deux épizooties notamment celui “du tout sanitaire”, essayant vainement d’opposer un front continu à une dynamique épizootique alimentée par des échanges tous azimuts, et celui de la “responsabilité de la faune sauvage” qui ne se traduit pas du tout par les mêmes conséquences dans les autres pays européens.
Carte des foyers et de cas d’IAHP H5Nx déclarés dans l’UE entre le 26 octobre 2016 et le 28 mai 2017 inclus (sources : OIE/ADNS/DGAL).
Il faudra donc mobiliser tous les aspects de l’expérience et de la connaissance acquises pour comprendre, puis pour maîtriser un phénomène dont on a trop longtemps sous❒ estimé la force et la nouveauté. Zénon
disponible sur www.neva.fr
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 AVRIL 2017 - 151
8-12 bien-etre animal éthique V° BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 15/06/2017 23:06 Page8
le bien-être animal
entre éthique et règlementations Jacques Servière
quelles réalités biologiques ?
Neurobiologiste Directeur de recherche INRA (retraité) Membre du Groupe de travail Bien-être de l’O.I.E. 132 rue du Théâtre 75015 Paris
La montée des préoccupations relatives à l’utilisation des animaux a été réactivée au 20e siècle par des philosophes inscrits dans la lignée utilitariste anglo-saxonne. Un nouveau regard est désormais posé sur les animaux par les sociétés urbaines, distanciées de la “nature” par le filtre d’une technologie envahissante. Ce débat, rejoint par les préoccupations environnementalistes, reste imprégné d’éthique. Il est entretenu par des campagnes d’alerte qui recourent à des émotions s’articulant sur l’empathie. Le bien-être animal est l’un des sujets de préoccupation dans nos sociétés, au point de l’avoir promu au rang de discipline d’étude mais aussi d’argument commercial.
Objectifs pédagogiques
❚ Comprendre les origines des réglementations sur le bien-être animal. ❚ Montrer que la perception collective des animaux évolue avec les données scientifiques et la réflexion éthique.
Définition du bien-être animal par l’OIE
❚ Le bien-être animal est une question complexe aux facettes multiples qui comporte des dimensions scientifiques, éthiques, économiques, culturelles, sociales, religieuses et politiques. Le bien-être animal suscite un intérêt croissant dans la société civile et constitue l’une des priorités de l’Organisation mondiale de la santé animale.
L
e bien-être animal étant un enjeu de société, le ministère de l’Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt (MAAF) s’est engagé dans une stratégie élaborée en partenariat avec le monde professionnel et le monde associatif. L’intensification des productions animales, l’évolution des connaissances scientifiques et la demande des
Essentiel
❚ Un dispositif juridique existe, au plan national, communautaire et international. ❚ L’un des défis d’application des réglementations est d’améliorer l’évaluation ` du bien-être animal.
L’ÉVOLUTION DES RÉGLEMENTATIONS DU 19e SIÈCLE À AUJOURD’HUI ● Le besoin de réglementer le bien-être animal est le résultat de divers travaux qui trouvent leur source dans les travaux de Darwin (encadré 1). ● Au niveau international, la définition du bien-être élargit le sujet aux questions de société et renvoie aux cinq grands principes énoncés par le “Farm Animal Welfare Council”*. La formulation du FAWC, reprise
NOTE * 1993 - https://www.gov.uk/government/groups/farmanimal-welfare-committee-fawc
Encadré 1 - Des travaux de Darwin à 2010 : les étapes clés du bien-être animal ● 1872 : Darwin publie “l’Expression des émotions chez l’Homme et les animaux”. Il pointe la continuité phylogénétique de toutes les espèces animales, Sapiens sapiens inclus. C’est un tournant conceptuel ; de nombreux travaux sont ensuite menés avec les outils méthodologiques et théoriques de la biologie, en particulier avec ceux des neurosciences cognitives ou de l’éthologie. ● 1964 : la parution du livre “ Animal Machines “, de Ruth Harrison, militante végétarienne britannique, peut être considéré comme l’élément déclencheur d’une prise de conscience collective. ● 1965 : le Comité R. Brambell (immunologiste qui a présidé ce comité) publie un rapport. Ses conclusions sont à l’origine de la formulation du
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citoyens pour prendre en compte la sensibilité des animaux participent à l’instauration de cette politique. La question du bien-être animal (BEA) est fondamentalement marquée par la dimension éthique, au-delà des dimensions scientifiques ou des prises de position émotionnelles de compassion pour le sort réservé aux animaux destinés à la consommation. ● Après un rappel de l’évolution des réglementations relatives à l’utilisation des animaux, nous évoquons le changement des représentations collectives des animaux, puis montrons comment la science du bienêtre animal est devenu un objet d’étude pour les neurosciences et l’éthologie.
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principe dit des “cinq libertés”. ● Années 1960 : Émergence de la science du bien-être animal, sous l’impulsion de W. Thorpe, qui a développé des travaux sur la souffrance animale. ● Années 1980 : Travaux de David Fraser sur la définition du BEA et sa caractérisation. ● Depuis 2010 : L'Union Européenne et les États membres se sont engagés à appliquer le traité de Lisbonne (2007) (reprenant ainsi les termes initiaux de l’annexe A du Traité d’Amsterdam1997) qui stipule que, dans les domaines de l'agriculture, de la pêche, des transports, du marché intérieur, de la recherche, … “il sera pleinement tenu compte des exigences du bien-être des animaux en tant qu'êtres sensibles”.
13-18 le bien être ds les élevages BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 16/06/2017 20:34 Page13
le bien-être des animaux dans les élevages Isabelle Veissier Raphaëlle Botreau
La prise en compte du bien-être des animaux utilisés par l’homme est une nécessité qui ne fait plus débat. Reste à définir comment objectiver ce bien-être dans les élevages. Le projet Welfare Quality® a proposé une grille d’évaluation en 12 critères renseignés par 30 à 50 indicateurs pris sur les animaux, pour la plupart. Ce système aboutit à des notes par critère et à une note globale par élevage. Il a permis de systématiser de façon opérationnelle l’évaluation du bien-être et a servi de base à des discussions entre divers acteurs : producteurs, distributeurs, décideurs publics. Ce projet ouvre des perspectives pour mieux prendre en compte le bien-être dans les élevages.
L
e bien-être animal est une notion associée au fait que l’on reconnaisse aux animaux (au moins à certaines espèces animales) la capacité de souffrir, d’avoir une expérience subjective* [1, 8]. Cette subjectivité de l’individu qui perçoit les situations qui l’entourent et se
perçoit dans ces situations, a été longtemps ignorée par la science, en raison de la difficulté à appréhender les expériences des autres. Ceci est encore plus vrai s’il s’agit d’animaux puisqu’on ne peut pas leur poser la question verbalement. Mais il existe d’autres manières de leur poser des questions. C’est ce qu’ont fait les éthologistes, en particulier dans le courant de l’éthologie cognitive [2, 22]. Dans notre laboratoire, nous avons effectué quelques expérimentations (encadré 1). ● En parallèle de ces travaux analytiques visant à montrer le bien-fondé de la question du bien-être animal, nous avons cherché à la rendre opérationnelle dans les élevages. En visitant un élevage, peut-on avoir une idée du niveau de bien-être global de ses animaux ? Cet article décrit comment une telle évaluation peut être réalisée avec l'outil Welfare Quality® et à quoi sert d'évaluer le bien-être des animaux.
Inra, UMR1213 Herbivores, F-63122 Saint-Genès-Champanelle, France Clermont Université, VetAgro Sup, UMR1213 Herbivores, BP 10448, F-63000, Clermont-Ferrand, France
Objectif pédagogique
❚ Comprendre que le bienêtre animal est un concept multidimensionnel, qui peut être évalué rigoureusement.
ÉVALUER LE BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX EN FERME : CRITÈRES ET INDICATEURS ● Le bien-être est un concept multidimensionnel : il comprend à la fois la santé physique et mentale, ainsi que le confort physique, l’absence de faim, l’absence de maladies, la possibilité d’exprimer des comportements normaux, etc.
Essentiel
❚ Le bien-être des animaux est un concept complexe qu’il est désormais possible d’appréhender. Le système d’évaluation de Welfare Quality® donne ainsi la priorité aux indicateurs basés sur les animaux.
NOTE * cf. l’article“Le bien-être animal, entre éthique et règlementations, quelles réalités biologiques ?” de Jacques Servière, dans ce numéro.
Encadré 1 - Quelques expérimentations sur le bien être des moutons ●
Dans notre laboratoire, nous avons utilisé un cadre conceptuel tiré de la psychologie, selon lequel une émotion nait de l’évaluation rapide que nous pouvons faire d’une situation : face à un évènement soudain, que je ne pouvais pas prévoir, que je ne peux pas contrôler et dont l’issue est incertaine, je vais éprouver de la peur ; si je pense pouvoir contrôler cet événement, ce sera plutôt un sentiment de rage que j’éprouverai. Si j’ai l’habitude de prendre un café d’une machine automatique et que celui-ci est bon, le jour où la machine délivrera un mauvais café, je me sentirai frustrée, etc. ● Nous avons exposé des moutons à
différentes situations et les avons manipulés expérimentalement pour faire ressortir différents caractères nouveau, soudain, agréable, prévisible, contrôlable etc, et avons identifié les comportements (positions des oreilles entre autres) révélant une émotion de peur, de frustration, de rage, … ● La répétition d’émotions négatives modifie l’état d’humeur des animaux, les rend pessimistes : face à une situation ambiguë, des animaux qui ont été au préalable stressés vont présenter des signes d’évitement alors que des animaux qui n’ont pas eu ces expériences stressantes vont s’approcher [10 bis].
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 AVRIL 2017 - 157
19-22 Specification technique ISO BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 17/06/2017 14:27 Page19
la spécification technique ISO TS 34700 sur le bien-être animal des animaux destinés à la filière alimentaire La spécification technique ISO TS 34700 [2] sur le bien-être animal est un outil qui va renforcer le bien-être animal et faciliter la reconnaissance des efforts engagés par les éleveurs et les organisations manipulant des animaux. Cet outil utile pour les professionnels peut aussi servir aux vétérinaires praticiens.
L
e bien-être animal, devenu enjeu majeur pour les filières animales, n’échappe pas aux besoins de normalisation. En décembre 2016, une nouvelle spécification technique sur le bien-être animal a été publiée par l’ISO. Celle-ci est le résultat d’un travail conduit pendant près de 3 années sur le management du bien-être animal par un groupe d’experts internationaux (encadré 1, figure 1). À l’exception de très grands élevages, la spécification technique n’a pas vocation à conduire à une évaluation de chaque élevage, mais d’une organisation qui travaille avec un groupe d’éleveurs. UNE NORMALISATION POUSSÉE PAR LES INDUSTRIELS
●
L’initiative de créer une spécification technique sur le bien-être animal a d’abord été supportée par les groupes leaders mondiaux des productions animales (tels que Nestlé, Danone, Cargill, Keystone, ... regroupés au sein de l'organisation SSAFE). Face à une demande sociétale de plus en plus forte, ces entreprises ont besoin d’un outil international qui permette une approche commune du bien-être animal fondée sur les connaissances scientifiques et sur une mesure objective de cette notion de bien-être. L’objectif est de faciliter une approche équivalente du bien-être animal dans les différents pays et les différentes régions du monde (Europe, Asie, Amériques, Afrique, ...) [3], et ainsi, de faciliter le commerce des produits d’origine animale.
Francois Gary1 Espeillac2
1Sandrine
1PHYLUM 9, allée Charles Cros, ZAC des Ramassiers F- 31770 Colomiers 2AFNOR Association Française de Normalisation 11, avenue Francis de Pressensé F-93571 Saint-Denis La Plaine Cedex
Encadré 1 - Le groupe de travail sur le bien-être animal ● Ce travail sur le bien-être animal est le fruit d’une coopération entre l’OIE (Organisation Mondiale de la Santé Animale) et l’ISO. Avec la section 7 du Code Sanitaire pour les Animaux Terrestres [4], l’OIE propose des normes techniques de bien-être animal pour les principales productions animales et pour les activités de transport et d’abattage. ● Basées sur une revue des connaissances scientifiques, les normes de bien-être animal du Code de l'OIE sont régulièrement mises à jour en fonction des nouvelles connaissances.
Objectifs pédagogiques ❚ Présenter le contenu
du projet de spécification technique ISO 34700. ❚ Savoir l’utiliser pour développer le management du bien-être animal dans différentes organisations.
Cependant, le code est avant tout destiné aux autorités compétentes des pays membres pour les aider à bâtir leur cadre réglementaire. Il ne peut être utilisé tel quel par les entreprises. Les participants de ce groupe de travail ●
Le groupe de travail ISO est composé d’experts désignés par les comités miroirs de chaque pays participant représentant les différentes parties intéressées par le sujet de normalisation, ainsi que des experts d’organisations internationales affiliées au comité technique agroalimentaire comme des institutions internationales, comme l’OIE ou la FAO, des associations internationales de bien-être animal ou des associations représentant des filières … ●
Le groupe de travail sur le bien-être animal comprend près de 130 membres qui représentent plus de 34 pays et plus de 10 organisations internationales.
Recherche académique
ONG de protection animale
Définition
❚ Une norme ou une spécification technique ISO est un outil pratique pour les entreprises, qui fixe des exigences ou des méthodes, et qui peut permettre ensuite, au travers d’une certification, de faire reconnaître la conformité à la dite norme ou spécification technique.
Distributeurs Association de consommateurs
Industries
ISO/TC 34/WG16 Comités miroirs nationaux
Transport des animaux
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Abattoirs Autorités compétentes Éleveurs
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 AVRIL 2017 - 163
23-28 Veaux de boucherie BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 16/06/2017 19:33 Page23
l’élevage de veaux de boucherie état des lieux sur les problèmes de bien-être
Joop Lensink Hélène Leruste ISA Lille - équipe CASE Comportement Animal et Systèmes d’Élevage 48, boulevard Vauban 59046 Lille cedex joop.lensink@yncrea.fr helene.leruste@yncrea.fr
En production de veaux de boucherie, des améliorations ont été apportées depuis 2007, au niveau du logement et de l’alimentation. Ces changements avaient pour objectif d’améliorer le bien-être des veaux.
Objectifs pédagogiques
❚ Présenter les caractéristiques de la production de veaux de boucherie, les principaux points de la directive bien-être, les problèmes subsistants chez les veaux. ❚ Mettre en place quelques actions dans les années à venir pour améliorer encore davantage le bien-être.
L
a production de veaux de boucherie a connu de grands bouleversements ces deux dernières décennies suite à la directive européenne sur la protection des veaux (directive 97/2/CE, amendée en 2008, 2008/119/CE, [6]). Les veaux sont désormais logés en groupes et la conduite alimentaire a été modifiée avec l’obligation d’introduire des fibres dans la ration. En parallèle, la directive fixe les niveaux d’hémoglobine à atteindre pour chaque veau. ● Les dispositifs de la directive avaient pour objectif de remédier à certains problèmes de bien-être rencontrés avant 2007 (date de la mise en application définitive), un manque d’activité locomotrice ou des niveaux élevés de comportements anormaux, entre autres. ● Suite à cette directive, les éleveurs ont investi dans des bâtiments et des outils de travail modernes, favorisant la gestion de la préparation des aliments, la maîtrise de la ventilation et des coûts énergétiques (photo 1). Toutefois, un ensemble de critères reste encore à améliorer comme les taux de morbidité des affections digestives et pulmonaires. ● Cet article propose d’abord une synthèse sur la production de veaux de boucherie en général, la conduite des veaux et la directive “bien-être”, puis les différents problèmes restant à résoudre dans cette production malgré les progrès significatifs réalisés ces dernières années. LES GRANDS TYPES DE PRODUCTION DE VEAUX DE BOUCHERIE ●
L’élevage de veaux pour la boucherie regroupe deux grands types de production : l’élevage de veaux de boucherie dit “indus-
1
Un bâtiment d’élevage de veaux de boucherie (photo H. Leruste).
triel”, et l’élevage de veaux “alternatif” qui regroupe les veaux sous la mère, les veaux sous labels et les veaux fermiers. ● Ces animaux sont en général abattus avant l’âge de 6 mois, mais le règlement (CE) n° 1308/2013 a défini l’âge maximum à l’abattage pour la dénomination “veau de boucherie” en Europe à 8 mois [16]. Cet article n’aborde pas les veaux d’élevages “alternatifs”. ● Quelques chiffres essentiels sont rappelés dans l’encadré 1. LA CONDUITE DES VEAUX DE BOUCHERIE ET LA DIRECTIVE BIEN-ÊTRE ●
Jusqu’au début des années 2000, les critiques à l’encontre de la production de veaux de boucherie concernaient deux points principaux : le mode de logement (en case individuelle) et l’alimentation (uniquement lactée et ferriprive). ● Les problèmes de bien-être rencontrés concernaient notamment le manque d’activité locomotrice des veaux, une absence de contacts sociaux et de stimulation, et la survenue de comportements oraux anormaux, en grande partie à cause de l’absence de fibres dans la ration [7]. ● Depuis 1997, la production de veaux de boucherie est soumise à la directive euro-
Essentiel
❚ L’acceptation globale de la production de veaux de boucherie par les consommateurs a été améliorée suite aux directives de 1997 et 2008. ❚ Le passage d’un logement individuel en “box” à un logement collectif a considérablement amélioré le bien-être des veaux.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 AVRIL 2017 - 167
29-33 conditions de transport BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 16/06/2017 12:37 Page29
les conditions de transport des bovins et des ovins un enjeu de qualité
Béatrice Mounaix Barbara Ducreux Institut de l'Elevage 149 rue de Bercy 75595 Paris
La qualité du transport des animaux est un élément déterminant pour garantir leur bien-être, la qualité des produits (viande ou lait) et la productivité des élevages. C’est également un enjeu majeur pour l’acceptabilité sociétale de cette étape clé de la production des animaux de rente. Plusieurs démarches de progrès sont en cours afin de fournir aux opérateurs des outils adaptés pour améliorer les conditions de transport des animaux.
L
e transport est une étape incontournable de la production des animaux : convoyage des animaux d’un élevage à un autre pour l’engraissement, lors du renouvellement du troupeau, vers l’abattoir en fin de carrière … Les conditions de réalisation du transport ont un impact sur le stress des animaux, leur état sanitaire, mais aussi sur leur comportement, leur sécurité et celle des manipulateurs, donc, in fine, sur la qualité de la viande et des cuirs. Dans les pays de l’Union Européenne, le transport des animaux vivants est régi depuis 2005 par le règlement européen CE N°1/2005 qui détermine les moyens et les équipements nécessaires pour organiser et réaliser ces transports afin de garantir au mieux le bien-être des animaux [8, 11]. L’APTITUDE AU TRANSPORT : RECOURIR AU VÉTÉRINAIRE EN CAS DE DOUTE
● Le transport engendre des risques pour le bien-être des animaux liés à différents facteurs de stress (mouvements (ça bouge dans un camion), bruits, vibrations, confinement, mélange d’animaux, …) et à la restriction temporaire de plusieurs libertés qui participent à ce bien-être (accès à l’alimentation et à l’abreuvement, limitation des déplacements) (photo 1). Lorsque les conditions de transport sont mauvaises, le confort des animaux peut être affecté, ils peuvent être blessés, et si la biosécurité n’est pas respectée, il existe un risque sanitaire.
Objectifs pédagogiques
❚ Comprendre les étapes clés du transport des bovins et des ovins. ❚ Connaître les outils à disposition pour faciliter l’application du règlement Européen et améliorer la qualité du transport.
1 Déchargement d'un lot de brebis dans le calme et en toute sécurité (photo Institut de l'élevage). ●
Il est donc impératif, avant tout chargement, de vérifier l’aptitude au transport des animaux. - Ainsi, pour limiter les risques d’atteinte au bien-être des animaux, les femelles gravides qui ont dépassé 90 p. cent de la durée de gestation ne peuvent pas être transportées, ni les femelles ayant mis bas depuis moins d’une semaine. - Les jeunes animaux ne peuvent pas être transportés tant que leur ombilic n’est pas cicatrisé, et dans tous les cas, pas avant 10 jours d’âge pour les veaux et une semaine d’âge pour les agneaux. - La règlementation européenne définit en outre plusieurs situations pour lesquelles les animaux ne sont pas considérés comme aptes à être transportés, en raison de leur état sanitaire général dégradé, de blessures graves ou de leur faiblesse physiologique. Ces critères ont été en partie décrits chez les bovins dans différents guides destinés à faciliter l’identification de ces cas [3, 4]. ● Vérifier l’aptitude des animaux au transport est une responsabilité partagée par les différents opérateurs impliqués dans le transport : l’éleveur et le commerçant au moment de la transaction, mais aussi le transporteur et son chauffeur lors du chargement. Cette coresponsabilité a été rappelée dans le Code de l’OIE (Office International
Essentiel
❚ La qualité du transport est un enjeu majeur pour le bien-être des animaux, leur santé et la productivité des élevages. ❚ Vérifier l’aptitude des animaux au transport est une responsabilité partagée par les différents opérateurs impliqués dans le transport. ❚ Prendre en compte le comportement des animaux est important pour bien les manipuler lors du chargement.
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 AVRIL 2017 - 173
34-38 Bien etre animaux et abattoir BAT V°.qxp_Gabarit dossier ruminants 16/06/2017 17:54 Page34
le vétérinaire et la protection des animaux Pascale Gilli-Dunoyer1 Jean-Pierre Kieffer2 Nathalie Veauclin3
à l’abattoir
1 Conseil
général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux Direction départementale de la Cohesion sociale et de la protection des populations de la Creuse pascale.gilli-dunoyer@creuse.gouv.fr 2 OABA (Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs) 10, place Léon Blum 75011 Paris 3 Culture Viande 17 place des Vins de France 75 012 Paris
Objectif pédagogique
❚ Montrer que le vétérinaire est un acteur compétent, reconnu et incontournable du bien-être des animaux.
Essentiel
❚ Le vétérinaire est un acteur incontournable en abattoir : une formation unique, des statuts différents, des missions complémentaires en faveur du bien-être tout au long de la chaîne alimentaire : il doit contribuer à la construction d’une coresponsabilité contrôleur exploitant de l’abattoir pertinente et efficiente. ❚ Le responsable protection animale (RPA) devrait être un vétérinaire, garant du respect des règles de protection animale.
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Qu'il soit sanitaire, libéral ou salarié en élevage, officiel en abattoir ou salarié auprès d'un exploitant d'abattoir, le vétérinaire est un acteur reconnu pour sa compétence en matière de bien-être des animaux. Outre son rôle de médecin des animaux, il est en charge de la sécurité sanitaire des produits d’origine animale et il doit promouvoir la protection animale auprès de toutes les personnes impliquées de l’élevage à l'abattoir. Comment les vétérinaires, dans toute la diversité de leur profession, peuvent-ils contribuer à améliorer le bien-être des animaux durant leur élevage et leur protection à l’abattoir ?
B
ien que les termes “abattoir” et “bienêtre animal” puissent apparaître antinomiques, l’abattoir est un passage obligé pour la plupart des animaux destinés à la consommation humaine. L’objectif est donc qu’ils y soient les mieux traités possible. Atteindre cet objectif, qui porte sur un maillon essentiel de la chaîne alimentaire, peut être considéré comme un marqueur sociétal. ● Cela doit commencer bien avant l’abattoir : dès l’élevage, lors des chargements, lors des diverses manipulations, lors du transport, … l’animal est-il apte à être transporté à l’abattoir ? Est-il possible de réduire les facteurs ou situations préjudiciables au bien-être de l’animal qui va être conduit à l’abattoir ? La réponse est “oui”. Cet animal sera-t-il bien traité à l’abattoir ? La réponse est “c’est possible”. ● Le vétérinaire a un rôle sur la totalité de la chaîne alimentaire. Le passage à l’abattoir des animaux de rente est donc un élément à part entière de la conduite d’élevage, comme l’accompagnement de l’éleveur, dans cette phase souvent vécue comme délicate. ● Dès le départ des animaux des élevages, le vétérinaire est sollicité sur les questions
34
de bien-être pour l’envoi des animaux de rente à l’abattoir ; il doit tenir compte, dans le cadre de ses prestations auprès des éleveurs, des informations en provenance de l’abattoir. ● Cet article détaille les règlementations et propose des pistes de réflexion pour reconsidérer et renforcer l’action des vétérinaires, en particulier dans le contexte actuel de mise en cause de la protection animale à l’abattoir. LE RÔLE DU VÉTÉRINAIRE SANITAIRE ● Le vétérinaire sanitaire désigné par l'éleveur est ainsi traditionnellement sollicité pour la rédaction du certificat vétérinaire d’information (CVI) [1]. Ce document donne des informations au vétérinaire officiel de l’abattoir destinataire. - Pour un animal accidenté, depuis moins de 48 heures, le vétérinaire sanitaire juge de l’aptitude au transport d’un animal blessé, présentant des faiblesses physiologiques ou un état pathologique, et valide par ce CVI son possible transport vers un abattoir. - Dans le cas d’un abattage d’urgence en dehors d’un abattoir, il réalise l’inspection ante-mortem et supervise la mise à mort à la ferme, en particulier s’assure de l’étourdissement préalable.
LE RÔLE DU VÉTÉRINAIRE OFFICIEL EN ABATTOIR ●
Le vétérinaire officiel en abattoir peut aisément trouver les coordonnées du vétérinaire sanitaire d’un élevage, et s’enquérir auprès de lui, d’éléments sanitaires qui pourraient l’aider à préciser sa décision sur un animal présenté à l’abattoir (encadré réglementation 1). ● Initialement axé sur la santé animale, puis étendu à la sécurité sanitaire des aliments, l’élaboration de ce CVI, avec toute la rigueur vétérinaire nécessaire, doit donc aussi permettre de répondre aux exigences de transportabilité des animaux au regard de la protection animale. (Règlement CE n° 1/2005 (8) – annexe I et du règlement CE n° 853/2004 annexe III – section I chapitre VI [5]. ● Le CVI (certificat vétérinaire d’information) précise l’abattoir de destination de l’animal, l’horaire de départ de l’exploitation afin de
39-40 Bien etre animaux et abattoir conseil BAT.qxp_Gabarit dossier ruminants 16/06/2017 18:18 Page39
fiche
conseil à l’éleveur avant le transport des animaux à l’abattoir
Pascale Gilli-Dunoyer1 Jean-Pierre Kieffer2 Nathalie Veauclin3
La bien-traitance à l’abattoir commence à l’élevage. Le vétérinaire est un conseiller avisé pour l'éleveur ; d'autant plus, s'il analyse avec lui, outre les données éthiques, les conséquences négatives, le plus souvent économiques, de l'envoi à l'abattoir d'animaux mal préparés.
L
a pratique de l’étourdissement avant la saignée et les modalités de mise à mort monopolisent souvent les thématiques relatives à la bientraitance animale à l’abattoir. Plusieurs aspects doivent aussi être pris en compte en amont de l'abattoir pour améliorer le bien-être des animaux à l’abattoir (photo 2). ● L'éleveur doit considérer que conduire un animal à l'abattoir est un acte positif et non un acte par défaut. Exceptions faites des décisions d'abattage sanitaire demandées par l'administration ou les abattages d'urgence ou d'animaux accidentés, un animal doit être préparé pour l'abattage. L'éleveur doit avoir à l'esprit plusieurs points qui ont des répercussions tant sur la qualité sanitaire des viandes produites que sur le bien-être de l'animal. LES POINTS DE VIGILANCE
Le tarissement des vaches laitières, le stade de gestation, l'état d'engraissement, la propreté des animaux, la prévention des boiteries, la valorisation des retours d'information sur la chaîne alimentaire sont les principaux points sur lesquels il convient d’être attentifs. Le tarissement des vaches laitières ●
Une vache laitière avec un taux de cellules trop important, avec une mammite récidivante devient vite une non valeur économique. Bien qu'il soit réglementairement demandé que ces animaux soient traits toutes les 12 h, cette traite s'avère rapidement inapplicable et les vaches “pissent” le lait dès lors qu’elles ne sont pas abattues rapidement après leur arrivée.
1 Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux Direction départementale de la Cohesion sociale et de la protection des populations de la Creuse pascale.gilli-dunoyer@creuse.gouv.fr 2 OABA (Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs) 10, place Léon Blum 75011 Paris 3 Culture Viande 17 place des Vins de France 75 012 Paris
Objectifs pédagogiques
1 Lorsque les animaux conduits à l’abattoir sont sales, le risque de contamination bactériologique des carcasses à l'abattage par des salmonelles ou des E. coli pathogènes augmente. Le vétérinaire doit sensibiliser l'éleveur sur ces dangers, qui représentent un risque important pour les consommateurs fragiles (photo J-P. Kieffer).
●
De plus, lors de l'ablation de la mamelle, le lait en rétention dans la glande mammaire peut souiller la carcasse.
❚ Permettre aux éleveurs de mieux préparer leurs animaux pour l’abattage. ❚ Permettre aux éleveurs de mieux valoriser leur production dans le respect de la bien traitance animale
Le stade de gestation Les femelles gravides au dernier 10 p. cent de la période de gestation ne doivent être ni transportées ni abattues (Règlement CE n°1/2005 du Conseil du 22 décembre 2004, annexe I). Selon l'EFSA, en moyenne 3 p. cent des vaches laitières, dans l'UE sont abattues au cours du dernier tiers de la gestation. Des mesures sont envisagées, en particulier l’information des éleveurs, pour réduire ce nombre. L’état d'engraissement Les saisies en abattoir pour cachexie représentent un manque à gagner important pour toute la filière. Elles traduisent un manque d'attention des éleveurs vis à vis de leurs animaux.
Essentiel
❚ L’éleveur est aujourd’hui sous l’œil médiatique en matière de protection animale. ❚ Le transport vers l’abattoir, maillon fondamental de la chaine de production, est une étape clef que l’éleveur doit totalment mîitriser avec l’appui et le conseil de son vétérinaire.
La propreté des animaux ●
La propreté des animaux est associée au niveau de propreté des cuirs. Lorsqu’ils sont sales, le risque de contamination bactériologique des carcasses à l'abattage par des salmonelles ou des E. coli pathogènes augmente (photo 1). ● Le vétérinaire doit sensibiliser l'éleveur sur ces dangers, qui représentent un risque
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 AVRIL 2017 - 183
41-49 Confort logement BAT OK.qxp_Gabarit dossier ruminants 16/06/2017 23:00 Page41
confort du logement et boiteries Anne Relun1 Nathalie Bareille1 François Gervais2 Luc Mounier3 Raphaël Guatteo1
en troupeau bovin laitier
quelles relations ?
1 BIOEPAR, INRA Oniris, La Chantrerie 44307, Nantes, France 2 Institut
Boiterie et confort du logement sont intimement liés. Bien conduite, une évaluation du confort permet de cibler des recommandations pratiques, en général aisées à mettre en œuvre.
U
ne vache laitière sur cinq en moyenne souffre actuellement de boiterie et certains troupeaux ont plus de la moitié de leurs vaches atteintes [11, 15]. Ceci est une atteinte au bien-être animal. Les répercussions économiques sont non négligeables, sans compter les conséquences sur le moral et la démotivation des éleveurs. Parfois appelé uniquement pour traiter quelques vaches boiteuses, le vétérinaire peut désormais proposer des mesures préventives [31]. L’amélioration du confort est, à cet égard, un des éléments clés [25, 34]. Cet article rappelle les relations entre confort du logement et boiteries, puis décrit les indicateurs à rechercher pour objectiver un problème de confort, et proposer des mesures d’amélioration applicables dans un bâtiment existant. Quelques innovations pour améliorer le confort des pieds dans les futurs bâtiments sont présentées. LIEN ENTRE CONFORT ET APPARITION ET MAINTIEN DES BOITERIES
●
Dans 90 p. cent des cas, les boiteries sont d’origine podale avec deux types d’atteintes majeures, les affections de la corne (ulcère de la sole et maladie de la ligne blanche notamment), et celles des tissus mous (principalement dermatite digitée et phlegmon interdigité (panaris)). Les mécanismes à l’origine de ces affections diffèrent. Les lésions de la corne ● Les lésions de la corne sont dues en grande partie à une compression du chorion solaire entre la 3e phalange et la sole, et
de l'Élevage (Idele) 9, rue André Brouard 49105 Angers, France
Figure 1 - Suspension et amortissement (d’après dairyhoofhealth.info)
3 UMR1213 Herbivores, INRA VetAgro Sup, Clermont Université Université de Lyon 63122 Saint-Genes-Champanelle, France
Tendon extenseur dorsal du doigt Chorion coronaire Chorion laminaire
Objectifs pédagogiques
Muraille
Ligne blanche
❚ Comprendre
Peau
les mécanismes impliqués dans la survenue et la persistance des boiteries. ❚ Connaître les indicateurs à observer et les questions à poser à l’éleveur pour détecter un problème de confort du logement. ❚ Identifier les principales causes d’inconfort et savoir apporter des recommandations adéquates.
Tendon fléchisseur profond du doigt Chorion Sole solaire
Coussinet graisseux
Tissu sous-conjonctif
- Le chorion laminaire et les tendons assurent la suspension de la 3e phalange tandis que le coussinet graisseux assure l’amortissement des chocs.
résultent essentiellement d’une combinaison entre un défaut de suspension de la 3e phalange, un défaut d’amortissement par le coussinet graisseux, une mauvaise qualité ou conformation du sabot, et un temps important passé sur un sol trop dur ou traumatisant (figure 1). Les piétinements ou un excès de pousse de corne induisent plutôt une compression en regard de la tubérosité d’insertion du tendon du muscle fléchisseur profond, ce qui aboutit à un ulcère de la sole, tandis que la marche accentue la pression en regard de la paroi abaxiale de la 3e phalange qui peut induire une atteinte de la ligne blanche (figure 2). ● Des études récentes ont montré l’importance du péripartum comme période à risque pour les lésions de la corne, ce qui correspond à un pic de prévalence de ces affections. Les modifications hormonales en péripartum entraînent ainsi un relâchement du tissu conjonctif, y compris dans le pied, ce qui se traduit par une moins bonne suspension de la 3e phalange par le chorion laminaire [32].
Essentiel
❚ Un bon confort de couchage et une transition entre sols “mous” (pâture, aire paillée) et durs (béton) sont cruciaux, notamment en péripartum pour prévenir l’apparition de lésions de la corne.
RUMINANTS
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
41
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 AVRIL 2017 - 185
50-53 Place veto bien-etre animalBATV°.qxp_Gabarit dossier ruminants 17/06/2017 14:11 Page50
le vétérinaire praticien Luc Mounier Dorothée Ledoux Alice de Boyer des Roches UMR 1213 Herbivores INRA, VetAgro Sup Clermont Université, Université de Lyon 63122 Saint-Genes-Champanelle, France
Le bien-être animal est omniprésent que ce soit dans les média, la réglementation ou dans les cahiers des charges. Bien qu’identifié comme le professionnel garant de ce bien-être, le vétérinaire ne sait pas toujours comment l’appréhender. Cet article a pour objectif de montrer comment les vétérinaires peuvent agir concrètement sur le terrain pour améliorer le bien-être dans les élevages.
Objectif pédagogique
❚ Montrer comment les vétérinaires peuvent conseiller et intervenir sur le bien-être des animaux dans les élevages bovins et comment ils peuvent agir concrètement sur le terrain pour l’améliorer.
L
Définition
❚ Le concept de bien-être est intimement lié à l’existence d’états mentaux et d’émotions chez les animaux ; il résulte de la manière dont l’animal perçoit la situation à laquelle il est confronté [9, 19]. Il est donc primordial d’analyser les réponses des animaux, et non de se limiter à leur fournir les conditions que l’on suppose être optimale.
RUMINANTS
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 194 - AVRIL 2017
et le bien-être animal chez les bovins
a prise en compte du bien-être animal en élevage, abattoir, zoo et animalerie d’expérimentation, est de plus en plus nécessaire en réponse à l’évolution de la perception de la société civile vis-à-vis de la sensibilité animale. Très régulièrement, certaines associations de protection animale publient de nouvelles vidéos dénonçant des situations de maltraitance en abattoir ou en élevage. Une part croissante des industriels tient compte du bien-être animal dans leur cahier des charges. Il est donc essentiel pour les éleveurs de comprendre les attentes des citoyens et d’améliorer le bien-être des animaux au risque de voir les consommateurs se détourner de leurs productions. À l’inverse, il est tout aussi important que les consommateurs soient mieux informés sur les conditions d’élevage et d’abattage des animaux. L’objectif de cet article est de montrer comment les vétérinaires peuvent être des acteurs privilégiés du dialogue entre éleveurs, consommateurs, industriels, pouvoirs publics et associations de protection animale, et comment, alors que leur légitimité est déjà reconnue en la matière par les pouvoirs publics et nombre d’organisation de consommateurs notamment, ils peuvent agir concrètement. NOTE * cf. l’article “Le bien-être des animaux dans les élevages” de I. Veissier et R. Botreau, dans ce numéro.
50
LES COMPÉTENCES ET LA PLACE DU VÉTÉRINAIRE FACE AU BIEN-ÊTRE DES ANIMAUX ● Évaluer le bien-être des animaux par leurs émotions n’est pas aisé en élevage. Aussi des définitions opérationnelles du bien-être ont été proposées lesquelles mettent en jeu des critères objectifs et basés sur les animaux. C’est le cas par exemple des cinq libertés [10] ou de Welfare Quality® [3]*. ● Garant de la santé animale dans les élevages, le vétérinaire praticien est un acteur majeur du bien-être, de même qu’il est un conseillé privilégié sur l’alimentation et le logement [7, 13]. Bien que l’absence de douleur dans un élevage dépende des pratiques des éleveurs et des alternatives disponibles, le vétérinaire est central dans la prévention et la gestion de la douleur, que ce soit par l’utilisation d’analgésiques ou d’anesthésiques, et par les conseils qu’il peut fournir à l’éleveur. - Le vétérinaire prend généralement en compte l’alimentation et le logement des animaux lorsqu’il émet un diagnostic sur un problème sanitaire, faisant jouer ses compétences en la matière [1]. ● De même, l’évaluation du comportement des animaux a fait l’objet de travaux ces dernières années et de publications. Depuis le début des années 2000, des enseignements en comportement et en bien-être animal sont en place dans les écoles vétérinaires ou en formation continue et des ouvrages montrant l’intérêt de l’observation en élevages ont été publiés [14, 15]. ● En parallèle, les vétérinaires ont développé une approche épidémiologique de la santé mise en œuvre en médecine de troupeau. Permettant d’avoir une vision globale du troupeau, cette approche peut être appliquée pour l’évaluation du bien-être animal : prendre en compte la situation moyenne du troupeau sans pour autant mettre de côté les situations plus dégradées de certains animaux. La médecine de troupeau a également conduit les vétérinaires à renforcer leurs compétences en communication dans un processus d’accompagnement des éleveurs [16, 17].
54-55 fiche volailles Verso BAT.qxp_Gabarit porcs-volailles 15/06/2017 21:47 Page1
le bien-être des porcs des poules pondeuses et poulets de chair
Françoise Pol Maryse Guinebretière Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses) B.P. 53, 22440 Ploufragan
en élevage
Université Européenne de Bretagne, France
L
es conditions d’hébergement et certaines pratiques d’élevage peuvent être préjudiciables au bien-être des animaux de ferme. Pour pallier cela, des directives européennes imposent un certain nombre de règles en vue de garantir un niveau de protection minimal à ces animaux. Cependant, certains problèmes de bien-être subsistent, de par le défaut ou la difficulté d’application des directives ou parce qu’ils n’entrent pas dans le champ de leur application. Les tableaux ci-après synthétisent les problèmes majeurs causés par des pratiques ou par des conditions d’élevage des porcs, des des poules pondeuses ou des poulets de chair, et certaines des solutions pouvant être envisagées pour y remédier.
Toutefois, les solutions alternatives proposées peuvent être elles-mêmes génératrices d’autres problèmes, par exemple économiques, sanitaires ou également de bien-être animal. Ces problèmes sont prochainement développés dans des articles.
1
Poulet chair, poule pondeuse en cages : comment garantir un niveau de protection minimal à ces animaux (photo M. Guinebretière, Anses).
Tableau 1 - Le bien-être des poules pondeuses et des poulets de chair en élevage
●
Poussins (production ponte)
●
Futures poules pondeuses
Causes
Problèmes de bien-être pouvant être constatés
Solutions alternatives possibles
- Élimination des poussins mâles, frères des poules pondeuses
- Méthodes d’euthanasie non satisfaisantes (soit non efficaces, soit difficilement acceptables pour le consommateur)
- Sexage des œufs in ovo, utilisation de méthodes d’euthanasie plus respectueuses du bien-être animal, élevage de souches mixtes (chair et ponte)
- Épointage
- Douleur due à l’acte puis risque d’apparition de névromes
- Non épointage avec actions pour éviter l’apparition de picage
- Déplumement, picage de plumes, cannibalisme lié au picage, mortalité
- Sélection génétique, alimentation adaptée, enrichissement de l’environnement d’élevage…
- Impossibilité d’exprimer certains comportements normaux pour l’espèce (vols, sauts…)
- Élevage au sol, en volière avec éventuellement accès à l’extérieur sur des parcours ou jardin d’hiver
du bec
- Multifactoriel (pauvreté de l’environnement, stress…)
- Élevage en cages ●
Poules pondeuses
- Élevage en cages - Hyper-productivité, perchoirs non adaptés, collisions… - Croissance très rapide, ●
litière humide Poulets de chair
- Élevage dans un environnement appauvri
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 198 - AVRIL 2017
54
- Fractures d’ailes liées au dépeuplement
- Méthodes de dépleuplement plus respectueuses du bien-être (cage à ouvertures larges)
- Fragilité osseuse : fractures ou déviations du bréchet
- Sélection génétique, alimentation adaptée,
- Difficultés à se déplacer, lésions sur le bréchet et les pattes, problèmes sanitaires
- Sélection de souches à croissance plus lente, meilleure qualité de litière, meilleures conditions d’ambiance et d’alimentation
- Impossibilité d’exprimer certains comportements normaux pour l’espèce
- Mise en place d’enrichissements du milieu d’élevage (perchoirs, litières)
design des perchoirs (forme, matériaux, agencement)…
56-58 Nutrition tourteau de tournesol congrès V°.qxp_Gabarit rubrique 16/06/2017 11:05 Page56
cas pratiques de nutrition Francis Enjalbert
études de cas en alimentation des ruminants ration à base de concentrés pour taurillons
École Nationale Vétérinaire de Toulouse BP 87614, 23, Chemin des Capelles 31076 Toulouse Cedex 3
Objectif pédagogique
❚ Connaître la mise en œuvre et les limites de rations à base de concentrés pour les taurillons.
L’engraissement des taurillons peut faire appel à des rations à base de concentrés, avec lesquelles la maîtrise du risque d’acidose est particulièrement importante.
L
es besoins alimentaires des taurillons en engraissement sont importants, tant en matière d’énergie que de protéines, dans la mesure où une croissance rapide est recherchée. En particulier, les rations doivent donc avoir une densité énergétique élevée. Les systèmes alimentaires utilisés font donc largement appel soit à des fourrages riches en énergie, principalement l’ensilage de maïs, soit à des quantités importantes de concentrés énergétiques comme des céréales ou des pulpes de betterave, qui constituent alors la majeure partie de la ration. Cette étude de cas est consacrée aux rations à base de céréales, le plus souvent associées à du foin ou de la paille, donc souvent qualifiées de rations sèches.
Essentiel
❚ Les rations à base de concentrés permettent d’obtenir des vitesses de croissance élevées, mais peuvent entraîner un risque d’acidose. ❚ La maîtrise de ce risque passe par le respect d’une longue transition alimentaire en entrée en engraissement, la mise à disposition d’un fourrage grossier à voloné, une distribution de concentrés à volonté à laquelle les animaux adaptent leur comportement d’ingestion, voire le choix de concentrés fibreux.
LE CHOIX DES ALIMENTS ●
COMPRENDRE ET AGIR ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 200 - AVRIL 2017
Dans un régime à base de concentrés, l’apport de fibres est souvent limitant. Il faut donc veiller dans ce cas à l’apport de fibre physique, nécessaire à la rumination et apportée par des fourrages grossiers, et aussi à l’apport de fibre chimique, apportée par des fourrages peu lignifiés ou par des concentrés fibreux, utile pour l’équilibre du microbiote ruminal en nourrissant les bactéries fibrolytiques. ● Bien qu’il n’existe pas de consensus sur la teneur en fibres nécessaire pour des taurillons, on peut considérer raisonnable de ne pas descendre au-dessous de 10 p. cent de la ration sous forme de fourrage fibreux (paille, foin riche en tiges), et de ne pas descendre au-dessous de 10 p. cent de cellulose brute par rapport à la matière sèche de la ration.
56
●
Les fourrages grossiers peuvent être hâchés grossièrement, ce qui peut faciliter le mélange aux concentrés et limiter le tri. Éviter, en revanche, de les hâcher finement, ou de les défibrer (les déchirer longitudinalement), ce qui limiterait leur aptitude à déclencher la rumination. ● En ce qui concerne les concentrés énergétiques, un amidon lentement fermenté dans le rumen (maïs grain sec) représente une sécurité en matière de stabilité de la digestion ruminale par rapport à un amidon à vitesse de fermentation intermédiaire (maïs grain humide) ou élevée (céréales à paille comme le blé, l’orge, le triticale). Les céréales doivent être broyées grossièrement ou aplaties. En effet, les céréales entières sont mal mastiquées, donc incomplètement digérées, alors que les céréales broyées finement fermentent très rapidement dans le rumen. ● Pour cette étude de cas, la ration est composée de : - céréales : mélange 50/50 maïs sec / blé tendre aplati ; - tourteaux : mélange 50/50 tourteau de colza / tourteau tournesol non décortiqué, ces tourteaux ayant des teneurs en fibres nettement plus élevées que le tourteau de soja ; - paille ; - aliment minéral et vitaminé. LE CHOIX DES OBJECTIFS DE CROISSANCE ● Classiquement, les taurillons Limousins rentrent en atelier d’engraissement à l’âge de 7 à 8 mois, ils pèsent environ 300 kg et sont abattus à un poids compris entre 600 et 700 kg, vers 15 à 17 mois d’âge. Cela représente un GMQ d’environ 1350 g. ● Ces taurillons proviennent le plus souvent d’élevage allaitants, et en général n’ont pas ou très peu consommé de concentrés. Le passage à une ration riche en concentrés, en particulier céréales, doit donc être effectuée progressivement pour éviter une acidose. ➜ Dans ces conditions, une vitesse de croissance élevée n’est pas un objectif réaliste en période d’adaptation.
59-63 Enjeux eco ELSA BAT.qxp_Gabarit rubrique 15/06/2017 22:29 Page59
enjeux économiques l’accord Union européenne Canada quels risques pour les productions animales européennes ?
Aurélie Trouvé1 Baptiste Buczinski2 Philippe Chotteau2 Michel Rieu3 1AgroParisTech 2IDELE-Institut
de l’élevage du porc
3IFIP-Institut
L
e texte de l’accord CETA (Accord économique et commercial global, dénommé AECG ou CETA), accord de libreéchange entre l’Union européenne (UE) et le Canada, a été ratifié au parlement européen en février 2017. L’essentiel de l’accord est d’ores et déjà mis en œuvre de façon provisoire, en attendant la ratification par les parlements nationaux et régionaux. Une étude réalisée conjointement par les instituts techniques de l’élevage de ruminants, du porc et d’AgroParisTech [5] montre quelles sont ses retombées potentielles sur les marchés agricoles, et plus spécifiquement, sur les productions de viande bovine et porcine.
Figure 1 - Évolution de la balance commerciale entre UE et Canada selon les produits (en millions d’euros)
Objectifs pédagogiques
❚ Comprendre les modalités principales d’un accord de libre-échange relatives aux marchés agricoles. ❚ Appréhender les conséquences en termes de droits de douane et de “protections non tarifaires” (normes sanitaires, phytosanitaires et environnementales).
(Source : Eurostat, traitement par les auteurs) 1500 1000 500 0 500 -1000 20 0 20 4 0 20 5 0 20 6 0 20 7 0 20 8 0 20 9 1 20 0 1 20 1 1 20 2 13 20 1 20 4 15
Le CETA voté par le parlement européen en février 2017 va avoir des retombées certaines sur les agricultures européennes, notamment par la baisse forte de droits de douane encore importants. Il offre également de nouvelles possibilités de révision à la baisse des normes sanitaires, phytosanitaires et environnementales. Un rapport très récent, effectué par des chercheurs des instituts techniques de l’élevage de ruminants, du porc et d’AgroParisTech montre ainsi que cet accord risque de fragiliser fortement les productions européennes de viande bovine et porcine, par des imports supplémentaires considérables de viande à droits de douane nuls à certaines périodes.
Animaux vivants Viandes Poissons Préparations de viandes et poissons Cacao et préparations Préparations de céréales Préparations fruits et légumes Préparations alimentaires diverses Résidus et aliments du bétail Tabac manufacturé ou non
Gommes, résines Matières à tresser Graisses et huiles Produits laitiers Sucres et sucreries Boissons Oléagineux Plantes vivantes Légumes Fruits Café, thé, épices Céréales Autres produits animaux Produits de minoterie
LES CONSÉQUENCES DE L’ACCORD SUR LES “PROTECTIONS TARIFAIRES” (LES DROITS DE DOUANE AGRICOLES) ●
Les produits agricoles et alimentaires représentent près de 10 p. cent des échanges en valeur avec le Canada. La balance commerciale agricole et alimentaire de l’UE est actuellement excédentaire avec le Canada, surtout grâce aux boissons. A contrario, le déficit se creuse nettement en céréales et en oléagineux, et dans une moindre mesure, en préparation de viandes et poissons (figure 1). ● Avant l’accord CETA, tant le Canada que l’UE ont des droits de douane dans le secteur agricole bien plus importants que
Essentiel
❚ Le démantèlement de la quasi-totalité des droits de douane agricoles, suite au CETA, va avoir des répercussions importantes sur les marchés agricoles européens. ❚ C’est le cas en particulier en viande porcine et bovine, avec une forte hausse des contingents offerts à droits de douane nuls.
COMPRENDRE ET AGIR ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
58
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 AVRIL 2017 - 203
64-70 Etude de cas BAT.qxp_Gabarit rubrique 16/06/2017 11:25 Page64
étude de cas intoxication chronique au cuivre chez de jeunes génisses laitières
Kevin Guelou Jean-Christophe Dupin Christophe Tonnin Marie Liron Clinique vétérinaire du Chanois 1, rue de l’Étang 25530 Vercel Villedieu le Camp
Souvent rencontrée en élevage ovin, l’intoxication chronique par le cuivre peut également toucher les bovins, en particulier les jeunes animaux. Une fois la maladie identifiée, l’important est de déterminer quelles sont les sources excessives de cuivre.
Objectifs pédagogiques
❚ Connaître la démarche diagnostique face à un cas d’ictère hémolytique chez une génisse. ❚ Connaître les causes possibles d’une intoxication chronique par le cuivre. ❚ Utiliser la méthode analytique la plus appropriée pour mettre en évidence une intoxication chronique par le cuivre.
1 Couleurs anormalement jaunes des muqueuses oculaires de la génisse n°1748 ...
U
n éleveur de 65 vaches Montbéliardes situé dans le haut Doubs, appelle pour une génisse (n°1751), de 4 mois, sevrée. Les jeunes génisses sont élevées en stabulation entravée, et n’ont pas eu accès au pâturage. ANAMNÈSE ET COMMÉMORATIFS ●
L’examen clinique met en évidence un ictère modéré à marqué, sans hyperthermie (38,3°C), des urines colorées noires à marrons. La centrifugation d’un prélèvement sanguin révèle une hémolyse intravasculaire (couleur rouge du plasma) ; celle du prélèvement urinaire met en évidence une hémoglobinurie sévère ainsi qu’une protéinurie marquée (test à l’acide nitrique positif). ● Un second cas apparaît un mois plus tard chez une génisse de 5 mois, sevrée (génisse n°1741). Des symptômes identiques sont observés. Un examen urinaire est réalisé et révèle une hémoglobinurie. ● Huit jours plus tard, une troisième génisse de 5 mois (n°1748) est examinée pour une baisse d’appétit. Les muqueuses sont pâles et l’urine normale. ● La figure 1 présente la séquence événementielle.
Essentiel
❚ L’autopsie est essentielle pour prélever le foie, afin de déterminer la teneur hépatique en cuivre.
EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
RUBRIQUE ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 208 - AVRIL 2017
Pour la génisse n°1748, la bilirubinémie totale est de 15,2 mg/L (hyperbilirubinémie marquée). Deux jours après cet examen, une coloration jaune apparaît au niveau des muqueuses (photos 1, 2), l’urine devient rouge (hémoglobinurie).
64
2
et des muqueuses vulvaires de cette même génisse n°1748 (photos K. Guelou).
DIAGNOSTIC L’examen du sang met en évidence une méthémoglobinémie. ➜ Les troubles sanitaires sont donc caractérisés par un ictère d’origine hémolytique avec une morbidité modérée de 3/20 (15 p. cent) et une létalité de 100 p. cent car les trois animaux sont morts. ● Les différents examens orientent vers une atteinte préhépatique, hémolytique, d’origine toxique, infectieuse (leptospires), dysimmunitaire. ● Les causes hémolytiques d’origine parasitaire (Babesia) et fongique (Pithomyces chartarum) sont peu probables compte tenu de l’absence de pâturage.
71 Revue internationale ELSA 36 BAT.qxp_Revue internationale elsa 29 15/06/2017 21:13 Page1
revue internationale sy
CHOLANGIOHÉPATITES DES VACHES LAITIÈRES : étude de 13 cas ● Les maladies des voies biliaires comme les cholécystites, les cholangites et les cholangiohépatites sont rares chez les bovins, mais peuvent être la conséquence de dommages intrahépatiques ou extrahépatiques. ● Par définition, la cholécystite est une inflammation de la vésicule biliaire, et la cholangite est une inflammation des canaux biliaires. Presque inévitablement, l’inflammation des canaux biliaires diffuse dans le parenchyme par la circulation péri-portale entraînant des lésions de cholangiohépatites.
Matériels et méthodes ●
Treize bovins de plus de 3 mois, admis au Centre Hospitalier Universitaire de Montréal ou Prince Edward Island (Canada), entre 1992 et 2012, atteints de cholangiohépatite (histologie après biopsie ou autopsie), sont inclus dans cette étude.
Résultats ●
Lors du diagnostic de cholangiohépatite, 6 vaches étaient anorexiques, et 7 avaient un appétit diminué. Un ictère était présent sur 5 des 13 vaches. Parmi les anomalies biochimiques et hématologiques, 6 vaches présentaient une leucocytose (> 12 x 109 cellules /mL), 9 une neutrophilie (> 4 x 109 cellules /mL), 8 une hyperfibrinogénémie (> 5 g/L) et une hyperglobulinémie (> 45 g/L), 10 une hypoalbuminémie (< 30 g/L), et pour 12 vaches, une augmentation des GGT (> 40 UI/L) et pour 8 d’entre elles, une augmentation des ASAT (>127 UI/L). Une hyperbilirubinémie (>14 µmol/L) également notée sur 10 des 13 vaches. ● D’autres maladies, concomitantes à la cholangiohépatite, ont été diagnostiquées : une péritonite (n=3), une photosensibilisation (n=2), une salmonellose (n=2), un déplacement de la caillette (n=2), une glomérulonéphrite (n=1), une pyélonéphrite (n=1), une entérite d’origine indéterminée (n=1) et une bronchopneumonie (n=1). Une antibiothérapie à large spectre et une fluidothérapie orale et/ou intraveineuse ont été mises en œuvre sur ces vaches. ● Six vaches sont reparties vivantes et 7 ont été euthanasiées. ● A l’autopsie, une augmentation de l’épaisseur de la paroi de la vésicule biliaire, modérée à sévère, a été observée dans 6 cas sur 7. Dans 5 cas, les canaux biliaires étaient obstrués par des adhérences consécutives à une péritonite (réticulo-péritonite traumatique, chirurgie de la caillette, ou d’origine inconnue).
Une pyélonéphrite a été observée sur vache, et sur une autre, une glomérulonéphrite. Discussion ●
La cholangiohépatite peut être une maladie primaire ou secondaire. Chez les bovins sains, la relative stérilité du contenu biliaire est préservée par le flux continu de la bile de la vésicule au parenchyme hépatique, puis le duodénum. - La cholangiohépatite primaire est le résultat d’une altération du flux biliaire entraînant une colonisation bactérienne ascendante des tissus biliaires et hépatiques. - La cholangiohépatite secondaire est le résultat d’une obstruction du flux biliaire par une pression mécanique externe (abcès hépatique, adhérences, tumeur). ● Une cholangiohépatite primaire a été suspectée sur 4 vaches : 2 vaches hospitalisées pour photosensibilisation et 2 vaches avec une péritonite septique aiguë, suspectée d’être secondaire à une altération primaire du flux biliaire à l’origine d’une prolifération bactérienne, et une cholangiohépatite secondaire consécutive aux maladies concomitantes retrouvées sur les 9 autres vaches. ● Bien que non spécifiques, les marqueurs biochimiques d’inflammation et de dommages biliaires ou hépatiques, et hématologiques, sont des éléments essentiels pour le diagnostic de cholangiohépatite. Lorsqu’une cholangiohépatite est suspectée, l’approche diagnostique, bien que très difficile à mettre en œuvre en pratique, devrait inclure une biopsie et une bactériologie hépatiques. ● Le traitement préconisé en médecine humaine consiste à administrer des antibiotique à large spectre avec une excrétion adéquate dans la bile comme l’ampicilline, les TMP-sulfamides, les céphalosporines et les fluorquinolones. Les tétracyclines peuvent aussi être utilisées. ● La durée du traitement devrait au minimum être de 10 à 14 jours. Conclusion ● Les cholangiohépatites sont des maladies rares chez les bovins. Le diagnostic antemortem est un vrai défi en raison de la non spécificité des signes cliniques et des examens de laboratoire. ● Le traitement initial est un traitement de soutien : antibiothérapie et fluidothérapie. r
Gastroentérologie / Biologie clinique Objectif de l’étude
❚ Décrire l’historique, les examens cliniques et paracliniques, les résultats post-mortem et les traitements mis en œuvre sur des bovins diagnostiqués avec une cholangiohépatite.
u J Vet Intern Med 2017;31:922-27 Cholangiohepatitis in dairy cattle : 13 cases Gomez DE, Doré E, Francoz D, Desrochers A, Pierre H, Fecteau G.
Synthèse par Nicolas Herman, résident ECBHM (European College of Bovine Health Management) Pathologie des ruminants, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse
71
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 AVRIL 2017 - 215
72-73 Test clinique rép NP elsa36 quasi BAT.qxp_gabarit NPE âne 16/06/2017 11:19 Page72
test clinique
observation originale
les réponses
toxicité au coumestrol à l’origine d’infertilité dans un élevage ovin laitier
Xavier Nouvel1, Frédéric Rousseau2, Denis Ticoulet2, Odile Sallato3, Corinne Novella3 1. Pathologie de la reproduction, Département Élevage et Produits, Santé Publique Vétérinaire École Nationale Vétérinaire de Toulouse, 23 chemin des Capelles, BP 87614, 31 076 Toulouse cedex 2 Clinique Vétérinaire d'Amikuze ZA Zubi-Beltza, 64120 Behasque Lapiste 3Centre départemental de l’élevage ovin des Pyrénées-Atlantiques Route Musculdy, 64130 Ordiarp
1 Compte tenu des analyses réalisées lors de la 1ere année, quelles conclusions étiologiques sont possibles ? ● La première année, les recherches étiologiques sont uniquement fondées sur du diagnostic indirect (sérologies). Elles sont ciblées sur les maladies recherchées en première intention : Chlamydiose, Toxoplasmose, Fièvre Q, et deux maladies en deuxième intention, selon le protocole harmonisé pour le diagnostic différentiel des avortements chez les petits ruminants [1]. ● Ce panel de recherches étiologiques est cohérent avec le contexte épidémiologique de la zone d’élevage. ● Une deuxième analyse sérologique 15 jours plus tard aurait permis de déceler une éventuelle séroconversion postérieure au premier prélèvement. Si les analyses sérologiques réalisées ne permettent pas de conclure avec certitude en terme d’imputabilité des agents recherchés sur les troubles observés, l’absence de positif fort indique tout de même une probabilité faible.
disponible sur www.neva.fr
Lot d'agnelles Manech tête rousse au pâturage. (Photo X. Nouvel).
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 9 / n°36 216 - AVRIL 2017
2 Quelles sont vos hypothèses diagnostiques sur le 2e épisode et quelles analyses de laboratoire proposez-vous ? ● Pour la plupart des agents abortifs infectieux chez la brebis, rares à l’échelle individuelle, les avortements successifs pour la même cause sont possibles à l’échelle du troupeau. Toutefois, la survenue d’avortements sur deux campagnes successives ne veut pas dire qu’il s’agisse les deux fois de la même cause. ● Les analyses réalisées la première année ne permettent pas d’exclure complètement les agents recherchés. Il convient donc de conserver ces causes comme probables au diagnostic différentiel de la seconde année. ● Des analyses de détection par PCR sur avortons ou écouvillons vaginaux sont, cette fois, réalisées. ● Les analyses de détection directe sont à privilégier selon les préconisations d’OSCAR* [1].
72
Tableau 2 - Ration des brebis en fin de gestation ●
Pâture prairie permanente
2,5 Kg MB (matière brute)
●
Foin / Regain
0,4 Kg MB
●
Luzerne déshydratée brins longs en balles
●
Concentré complet 18-19% poids brut
0,375 Kg MB - 0,2 à 0,4 Kg (selon proximité agnelage) MB
L’idéal aurait été de réaliser deux essais PCR par agent. Pour des raisons de coût, il a été préféré de se limiter à un essai sur mélange et d’associer ces recherches d’emblée à une analyse sérologique (photo). ● Les résultats des analyses directes sont tous négatifs. Les résultats d’analyses sérologiques sont les mêmes que ceux observés lors de la première annéeet aucune augmentation du taux d’anticorps n’est constatée pour les animaux prélevés 2 fois à 1 mois d’intervalle. En l'absence de cause infectieuse classique probable, des recherches sur d’autres agents peuvent être envisagées (Listeria, Neospora, mycoses, leptospires, …). Toutefois, le calcul de ration indique un léger déficit énergétique et un excès d’apports azotés à cette période critique de fin de gestation (couverture UFL de 97 p. cent à 98 p. cent et PDIN de 128 p. cent à 139 p. cent, selon la quantité de concentré distribuée). ● Cet excès d’azote est en lien avec la part importante de trèfle et de luzerne dans la ration distribuée. Une implication du coumestrol, phyto-œstrogène pouvant être NOTE * Cette année, ce confère est ravi de pouvoir appuyer sa démarche diagnostique sur le travail collaboratif réalisé au sein de l'UMT Santé des Petits Ruminants intégré dans le dispositif OSCAR (Observatoire et Suivi des Causes d'Avortements chez les Ruminants) http://www.observatoire-oscar.fr (http://idele.fr/services/outils/ publication/idelesolr/recommends/un-protocoleharmonise-pour-le-diagnostic-differentiel-des-avortements-chez-les-petits-ruminants.html).
72-73 Test clinique rép NP elsa36 quasi BAT.qxp_gabarit NPE âne 16/06/2017 11:19 Page73
test clinique - toxicité du coumestrol en élevage ovin laitier à l’origine d’infertilité surproduit par ces légumineuses fourragères, est alors suspectée. ● Un dosage du coumestrol est réalisé sur des prélèvements de granulés de luzerne et de luzerne déshydratée par le laboratoire de mycologie de l’ENV Toulouse. Il est détecté respectivement 34 et 99 ppm de coumestrol. ● La quantité ingérée par les brebis peut donc être estimée à 0,375 x 99 + [0,2-0,4] x 34 soit 44 à 51 ppm par jour (auxquels peuvent s’ajouter d’éventuels apports non mesurés dans la pâture). Des troubles de la reproduction peuvent être observés à partir de 20 ppm dans la ration journalière pour des brebis primipares et 50 ppm chez la brebis adulte [2, 3]. ● Au changement de lot de luzernes, tout est rentré dans l’ordre. DISCUSSION ● La toxicité du coumestrol peut être considérée comme une cause des troubles survenus cette année-là dans l’élevage. Les troubles associés à cette toxicité sont de l’infertilité généralement temporaire, et la période la plus sensible chez la brebis se situe entre 21 jours avant, et 50 jours après fécondation. L’implication du coumestrol lors d’avortements tardifs est également décrite mais dans des cas plus rares d’exposition longue pouvant être associés à de l’infertilité définitive [4].
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●
Dans cet élevage où ont été observés de l’infertilité et de la mortalité embryonnaire mais aussi des avortements tardifs, la situation s’est régularisée au changement de lot de luzernes. La durée de l’exposition des animaux n’a pu être définie. L’imputabilité d’autres facteurs comme d’autres agents infectieux que ceux recherchés ne peut être exclue et la survenue d’avortements tardifs exclusivement dus au coumestrol ne peut être une certitude. Le déficit énergétique et l’excès azoté à cette période critique de fin de gestation ont pu également agir comme un facteur aggravant.
Références 1. Diagnostic différentiel des avortements (Protocole petits Ruminants) http://www.observatoire-oscar.fr http://idele.fr/services/outils /publication/idelesolr/recommends/un-protocole-harmonise-pour-le-diagnostic-differentieldes-avortements-chez-les-petitsruminants.html 2. Bailly JD, Bailly S Troubles de la reproduction chez les ruminants : rôle possible des moisissures et des mycotoxines Bull GTV 2008;44:103-12. 3. Guerre P. Principales mycotoxicoses observées chez les ruminants. Le Point Vét 1998; 29:51-8 4. Le Bars J, Le Bars P, Brice G. Présence, accumulation et devenir du coumestrol dans la luzerne et ses dérivés Revue de Médecine Vétérinaire 1990; 166(5):383-94.
CONCLUSION • Ce cas illustre la difficulté du diagnostic de toxicité des phyto-œstrogènes reposant sur un dosage dans les composants de la ration. A celà, s’ajoute la difficulté supplémentaire de l’échantillonnage des prélèvements, surtout si l’on veut considérer les pâtures chargées en trèfle, autre source possible de coumestrol. ●
Les observations et les résultats orientent vers un cas de toxicité du coumestrol en élevage ovin laitier à l’origine d’infertilité et sans doute d’avortements (a minima la deuxième année). r :
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Les auteurs déclarent ne pas être en situation de lien d’intérêt en relation avec cet article. ::
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