LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé - N°24 - AOÛT 2013 DOSSIERS : MAÎTRISE SANITAIRE DE L’ÉLEVAGE EN LOT - LA VISITE D’ÉLEVAGE CHEZ LE PORC
Volume 6
N°24 AOÛT 2013 revue de formation à comité de lecture agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC (Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)
indexée dans les bases de données : • Index Veterinarius (CAB International)
• Veterinary Bulletin (CAB International)
• CAB Abstracts Database
Actualités en perspective - La nouvelle catégorisation des maladies animales et ses conséquences - Questions et réponses sur le virus de Schmallenberg, sa répartition et sa prévention - Un foyer de maladie congénitale liée au virus de Schmallenberg en troupeau ovin allaitant
Ruminants
DOSSIERS : MAÎTRISE SANITAIRE DE L’ÉLEVAGE EN LOT : jeunes bovins et taurillons LA VISITE D’ÉLEVAGE EN PRODUCTION PORCINE : 5. les contaminants infectieux et parasitaires
FMCvét
formation médicale continue vétérinaire
- Étude de cas - Décubitus postpartum associé à une hyperglycémie provoquée par une intoxication à l’urée - Test clinique - Dilatation abdominale et amaigrissement chronique chez une vache laitière - Revue de presse internationale : notre sélection en Thérapeutique, Bactériologie - Tests de formation continue
- Panorama de la production de jeunes bovins finis (taurillons) en France - Production de viande bovine et engraissement en France - Les affections des bovins en engraissement : tour d’horizon des principales maladies rencontrées - L’acidose ruminale subaiguë dominante en pathologie nutritionnelle des bovins à l’engraissement - Prévalence des infections par le BVD en ateliers d’engraissement - Impact du BVD sur les résultats sanitaires et zootechniques
Porcs - La visite d’élevage en prduction porcine 5. les contaminants infectieux et parasitaires
Comprendre et agir - Enjeux économiques Quel avenir pour la filière apicole française ? - Épidémiologie - Épisode d’agalactie d’une ampleur inhabituelle chez des brebis dans l’est de la France
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L’administration de la dose maximale d’injection recommandée à 10 ml a provoqué des œdèmes au site d’injection pouvant être accompagnés de douleur à la palpation pendant environ une journée chez certains animaux. Les œdèmes sont transitoires et disparaissent habituellement dans les 7 à 16 jours ; chez certains animaux, les œdèmes ont persisté pendant 21 jours. Les réactions pathomorphologiques au site d’injection ont été largement résolues dans les 35 jours. Précautions particulières d’emploi chez les animaux : l’utilisation du médicament doit être basée, autant que possible, sur des tests de sensibilité à prendre en compte les recommandations officielles nationales et régionales concernant l’antibiothérapie. Précautions particulières à prendre par la personne qui administre le produit aux animaux : la tildipirosine peut entraîner une sensibilisation par contact cutané. En cas d’exposition cutanée accidentelle, nettoyer immédiatement avec de l’eau et du savon. En cas d’exposition oculaire accidentelle, rincer immédiatement avec de l’eau propre. Se laver les mains après usage. Des études toxicologiques effectuées chez les animaux de laboratoire ayant montré des effets sur le système cardiovasculaire après administration intramusculaire de tildipirosine, une attention particulière est recommandée afin d’éviter toute auto-injection accidentelle. En cas d’auto-injection accidentelle, demandez immédiatement conseil à un médecin et montrez-lui la notice ou l’étiquetage. Ne pas administrer à l’aide de seringues automatiques assistées dépourvues d’un système de protection complémentaire. Utilisation en cas de gravidité, lactation : l’innocuité du médicament vétérinaire n’a pas été établie en cas de gravité ou de lactation. Toutefois, les études de laboratoire n’ont pas été mis en évidence d’effets sélectifs sur le développement ou la reproduction. L’utilisation ne doit se faire qu’après une évaluation bénéfice/risque par le vétérinaire. Interactions médicamenteuses : une résistance croisée se produit avec d’autres macrolides. Ne pas administrer simultanément avec d’autres antibactériens ayant un mode d’action similaire, tels que les macrolides ou les lincosamides. Posologie, mode et voie d’administration : voie sous-cutanée. 4 mg de tildipirosine par kg de poids vif (soit 1 ml pour 45 kg de poids vif), une seule fois. Pour le traitement de bovins de plus de 450 kg de poids vif, diviser la dose de manière à ne pas injecter plus de 10 ml au même site d’injection. Le bouchon caoutchouc du flacon peut être perforé jusqu’à 20 fois sans risque. Au-delà, l’utilisation d’une seringue multi-doses est recommandée. Pour s’assurer d’un dosage correct, le poids de l’animal doit être déterminé aussi précisément que possible afin d’éviter un sous-dosage. Il est recommandé de traiter les animaux en phase précoce de maladie et d’évaluer la réponse au traitement dans les 2 à 3 jours suivant l’injection. Si les signes cliniques de pathologie respiratoire persistent ou augmentent, le traitement doit être changé en utilisant un autre antibiotique et poursuivi jusqu’à ce que les signes cliniques disparaissent. Surdosage : chez les veaux, l’administration par voie sous-cutanée d’une dose unique 10 fois supérieure à la dose recommandée (40 mg par kg de poids vif) et l’administration répétée par voie sous-cutanée de tildipirosine (à trois reprises avec des intervalles de 7 jours) à 4, 12 et 20 mg/kg (1, 3 et 5 fois la dose clinique recommandée) ont bien été tolérées, hormis des signes cliniques transitoires attribués à l’inconfort du site d’injection et des œdèmes douloureux au site d’injection chez quelques animaux. Mise en garde particulière pour chaque espèce de destination : aucune. Temps d’attente : viande et abats : 47 jours. Ne pas utiliser chez les animaux en lactation producteurs de lait destiné à la consommation humaine. Ne pas utiliser chez les animaux gravides producteurs de lait destiné à la consommation humaine au cours des 2 mois précédant la mise bas. Précautions particulières de conservation : après première ouverture du conditionnement primaire : 28 jours. Ne pas conserver à une température supérieure à 25°C. Présentations : boîte contenant un flacon de 20 ml, 50 ml, 100 ml ou 250 ml. Toutes les présentations peuvent ne pas être commercialisées. AMM n° EU/2/11/124. Fabriqué par Intervet International GmbH - UNTERSCHLEISSHEIM - Allemagne. Pour plus d’informations, consulter la notice. Usage vétérinaire. Liste I. Respecter les doses prescrites. À ne délivrer que sur ordonnance devant être conservée pendant au moins 5 ans. Intervet, B.P. 17144, 49071 BEAUCOUZE CEDEX, France.
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sommaire
Volume 6
N°24 Août 2013
Éditorial Pierre Sans
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Test clinique - Dilatation abdominale et amaigrissement chronique chez une vache laitière Guillaume Lemaire, Florent Perrot, Olivier Salat
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DOSSIER
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MAÎTRISE SANITAIRE DE L’ÉLEVAGE EN LOT : jeunes bovins et taurillons
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La visite d’élevage en production porcine :
ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE - Chronique - La nouvelle catégorisation des maladies animales et ses conséquences Zénon - Questions et réponses sur le virus de Schmallenberg, sa répartition et sa prévention Stéphan Zientara - Actualités en perspective - Un foyer de maladie congénitale liée au virus de Schmallenberg en troupeau ovin allaitant Valérie Wolgust, Hélène Benoit-Valiergue
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5. les contaminants infectieux et parasitaires
RUMINANTS Dossier - Jeunes bovins (taurillons) en France : panorama de la production et stratégies d’exportation Pierre Sans - Production de viande bovine et engraissement en France : être plus compétitif pour mieux répondre aux nouvelles attentes du marché Patrick Sarzeaud - Les affections des bovins en engraissement : tour d’horizon des principales maladies rencontrées Marie-Anne Lefol, Sébastien Assié - L’acidose ruminale subaiguë dominante en pathologie nutritionnelle des bovins à l’engraissement Francis Enjalbert - Prévalence des infections par le BVD en ateliers d’engraissement Didier Raboisson, Simon Chabalgoïty, Grégory Pons, Frédéric Lemarchand François Schelcher - Impact du BVD sur les résultats sanitaires et zootechniques Didier Raboisson, Simon Chabalgoïty, Grégory Pons, François Schelcher
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revue de formation à comité de lecture
PORCS - La visite d’élevage en production porcine 5. les contaminants infectieux et parasitaires Arlette Laval
indexée dans les bases de données :
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• Index Veterinarius
COMPRENDRE ET AGIR
(CAB International)
- Épidémiologie - Un épisode d’agalactie d’une ampleur inhabituelle chez des brebis dans l’est de la france Julien Anderbourg, Antoine Dumont, Pascal Messin, Jean-Denis Bailly, Didier Calavas, Kristel Gache - Enjeux économiques - Quel avenir pour la filière apicole française ? Christophe Roy, Pierre Sans
• Veterinary Bulletin (CAB International)
• CAB Abstracts Database
agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC
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(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)
FMCvét - formation médicale continue vétérinaire - Étude de cas - Décubitus postpartum associé à une hyperglycémie provoquée par une intoxication à l’urée Florent Perrot 71 - Revue de presse internationale - Synthèses rédigées par Nicolas Herman 74 - Thérapeutique - Traitement des diarrhées néonatales : l’utilisation d'un anti-inflammatoire non stéroïdien : quels effets sur les performances du veau - Bactériologie/médecine comparée - Staphylocoques isolés du lait : la prévalence des gènes codant les entérotoxines - Test clinique - Les réponses - Tests de formation continue - Les réponses
Résultats originaux ou observations originales
ACTUALITÉS RUMINANTS PORCS COMPRENDRE ET AGIR
75 78 Souscription d’abonnement en page 78 et sur www.neva.fr
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 AOÛT 2013 - 75
disponible sur www.neva.fr NÉVA Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 E-mail neva@neva.fr
Conseil scientifique Xavier Berthelot (E.N.V.T), Didier Calavas (Anses), Marc Gogny (E.N.V.A.),Arlette Laval (Oniris), Marc Savey (Anses), François Schelcher (E.N.V.T.), Henri Seegers (Oniris), Bernard Toma (E.N.V.A.), Pierre-Louis Toutain (E.N.V.T.)
test clinique
dilatation abdominale et amaigrissement chronique chez une vache laitière
Rédacteurs en chef scientifiques
Guillaume Lemaire Florent Perrot Olivier Salat
Sébastien Assié (Oniris) Nicole Picard-Hagen (E.N.V.T.) Didier Raboisson (E.N.V.T.)
Comité de rédaction Jean-Pierre Alzieu (LVD), Marie-Anne Arcangioli (Pathologie ruminants, VetAgro Sup) Philippe Baralon (Management de l’entreprise, Phylum) François Beaudeau (Gestion de la santé animale, Oniris) Nathalie Bareille (Gestion de la santé animale, Oniris) Catherine Belloc (Médecine des animaux d’élevage, Oniris) Florence Buronfosse (Toxicologie, VetAgro Sup) Alain Chauvin (Parasitologie, Oniris) Alain Douart (Pathologie des ruminants, Oniris) Francis Enjalbert (Nutrition, E.N.V.T.) Gilles Foucras (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Jacques Guillot (Parasitologie - mycologie, E.N.V.A.) Hervé Hoste (Parasitologie, E.N.V.T.) Philippe Jacquiet (Parasitologie, E.N.V.T.) Gilles Meyer (Pathologie des ruminants, E.N.V.T.) Yves Millemann (Pathologie des ruminants, E.N.V.A.) Pierre Philippe Frédéric Rollin (Liège) Jean-Louis Roque (praticien) Christophe Roy (praticien) Olivier Salat (praticien) Pascal Sanders (Anses, Fougères) Pierre Sans (Économie, E.N.V.T.) Stéphan Zientara (E.N.V.A.) Chargée de mission rédaction Charlène Catalifaud Gestion des abonnements et comptabilité Marie Glussot Publicité : Maryvonne Barbaray NÉVA - Europarc - 15, rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX Tél. 01 41 94 51 51 • Fax 01 41 94 51 52 Courriel neva@neva.fr
Directeur de la publication Maryvonne Barbaray Revue trimestrielle éditée par LES NOUVELLES ÉDITIONS VÉTÉRINAIRES ET ALIMENTAIRES - NÉVA Revue membre du SPEPS (syndicat de la presse et de l’édition des professions de santé) Prix du numéro : Praticiens : 58 € T.T.C. UE : 60 € Institutions : 97 € T.T.C. SARL au capital de 7622€
2, avenue du Lioran 15100 Saint-Flour
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Abondant liquide séro-hémorragique dans la cavité abdominale (photo G. Lemaire).
che exploratrice est prévue associée si besoin à une ruminotomie. ● Il n’y a toujours pas d'amélioration 4 jours plus tard et la vache continue de maigrir, avec un appétit qui continue de décroître. Elle présente maintenant une distension abdominale (profil abdominal en pomme) sans bruit de flot détectable à la succussion des flancs. 1 La laparotomie peut-elle permettre d’orienter le diagnostic ? 2 Comment peut-on préciser le diagnostic après laparotomie ? Réponses à ce test page 75
comité de lecture
Associés : M. Barbaray-Savey, H., M., A. Savey
Siège social :Europarc - 15, Rue Le Corbusier 94035 CRÉTEIL CEDEX C.P.P.A.P 0715 T 88300 I.S.S.N. 1777-7232 Impression : IMB -Imprimerie moderne de Bayeux Z.I - 7, rue de la Résistance 14400 Bayeux
Reproduction interdite Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, de la présente publication sans autorisation est illicite et constitue une contrefaçon. L’autorisation de reproduire un article dans une autre publication doit être obtenue auprès de l’éditeur, NÉVA. L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de la copie (C.F.C.). LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 76 - AOÛT 2013
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ne vache Montbéliarde, bonne laitière, a vêlé de son troisième veau il y a 4 mois. L'éleveur, qui remarque une baisse marquée et subite de sa production laitière, l’attribue à un corps étranger. Il lui fait donc avaler un aimant et lui injecte du ceftiofur longue action. ● Cinq jours plus tard, la vache n’a pas récupéré sa production laitière habituelle et commence à maigrir. En parallèle, une baisse d’appétit est notée. ● Lors de la consultation, l’examen clinique ne permet de détecter aucune anomalie, si ce n’est un rumen assez dilaté, quasi atone et de consistance assez pâteuse. ● La vache est normotherme (38,6°C), les auscultations cardiaque et pulmonaire ne présentent pas d’anomalie, le transit est conservé et les bouses sont de consistance normale, bien qu’en faible quantité. Un syndrome d’Hoflund est suspecté, mais sans que son origine ne puisse être déterminée : conséquence d’une réticulo-péritonite traumatique, ou autre corps étranger non vulnérant dans le rumen, ... Le dosage du fibrinogène, qui aurait pu orienter le diagnostic différentiel, n’est pas réalisé par le laboratoire d’analyses référent. ● Un traitement à base d’amoxicilline est mis en place et si le traitement antibiotique reste sans effet, une laparotomie rétrocostale gau-
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Laurent Alves de Oliveira Thierry Baron Jean-Jacques Bénet Maud Belliard Dominique Bergonier Henri-Jean Boulouis Alain Bousquet-Melou Régis Braque Christophe Chartier Sylvie Chastant-Maillard Jean-Luc Chatré René Chermette Eric Collin Fabien Corbière Stéphane Daval
Luc Descoteaux Jean-Claude Desfontis André Desmecht (Liège) Alain Ducos Barbara Dufou, Pascal Dubreuil (Québec) Gilles Fecteau (Québec) Christine Fourichon Bruno Garin-Bastuji Norbert Gauthier Norbert Giraud Denis Grancher Jean-Marie Gourreau Raphaël Guatteo Jean-Luc Guérin
Nadia Haddad Nicolas Herman Christophe Hugnet Jean-François Jamet Alain Joly Martine Kammerer Caroline Lacroux Dominique Legrand Catherine Magras Xavier Malher Jacques Manière Guy-Pierre Martineau Hervé Morvan Hervé Navetat Jean-Marie Nicol
disponible sur www.neva.fr Xavier Nouvel Philippe Le Page Bertrand Losson (Liège) Renaud Maillard Florent Perrot Hervé Pouliquen Xavier Pineau Jean-Dominique Puyt Nadine Ravinet Nicolas Roch Adrian Steiner (Suisse) Edouard Timsit, Étienne Thiry (Liège) Brigitte Siliart Damien Vitour.
éditorial Développer l’engraissement en France ! Un défi toujours d’actualité ...
I
l faut développer l’engraissement en France ! Tel est en substance le leitmotiv martelé par les responsables de la filière viande bovine depuis de nombreuses années. Ce souhait est plus que jamais d’actualité. Des incertitudes pèsent en effet sur le devenir des exportations d’animaux maigres par la France : les barrières sanitaires liées à l’apparition de nouvelles maladies (FCO, virus Schmallenberg, …), la concurrence accrue sur les marchés et la volatilité des prix, ainsi que la réglementation plus contraignante sur les transports d’animaux vivants sur de longues distances sont autant de signaux qui poussent les professionnels à chercher d’autres voies de valorisation des animaux maigres. Capter la valeur ajoutée liée à l’engraissement est dès lors fort tentant. Le développement pérenne de cette activité suppose cependant que l’ensemble des acteurs de la filière, au premier rang desquels les éleveurs, y trouvent leur intérêt d’un point de vue économique. Or, comme le montre l’article de Patrick Sarzeaud, le coût de production du jeune bovin a été fortement impacté par la flambée des prix de matières premières depuis 2008, sans répercussion immédiate sur les prix des jeunes bovins payés aux éleveurs. Dans ce contexte, la maîtrise des charges et une productivité accrue des animaux et de la main d’œuvre s’avèrent indispensables. Un des leviers mobilisables pour atteindre ce double objectif est l’amélioration de la maîtrise technique et sanitaire de l’engraissement. C’est l’objet du dossier spécial de ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire élevages et santé consacré à la maîtrise sanitaire de l’élevage en lot, dont le contenu a pour but de fournir au praticien des données récentes sur les dominantes pathologiques de cette production. L’article de Francis. Enjalbert traitant de l’acidose ruminale subaiguë et de ses maladies associées (nécrose du cortex cérébral, abcès hépatiques, …) précise les moyens de maîtrise de cette dominante en pathologie nutritionnelle, dans un contexte de recherche de performances de croissance pondérale élevées. La gestion des risques infectieux liés, entre autres, à la mise en lots d’animaux d’origines souvent diverses, est un enjeu majeur qu’abordent Marie-Anne Lefol et Sébastien Assié dans leur tour d’horizon des principales maladies. Les troubles respiratoires, de par leur fréquence élevée et leur impact économique, y tiennent une place de choix. Leur abord est complexe en raison de la diversité des agents pathogènes et des facteurs de risque impliqués. Les articles de Didier Raboisson et coll. consacrés à la dynamique de contamination par le virus de la Diarrhée Virale Bovine (BVD) et à son impact sur les résultats sanitaires et zootechniques en sont une illustration.
Pierre Sans Université de ToulouseINP-ENV Toulouse INRA - UR 1303 23, Chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse Cedex 3
L
a lecture des différents articles de ce dossier souligne l’importance d’une approche plurielle des moyens de maîtrise des principaux troubles : il est nécessaire de combiner des mesures zootechniques visant à limiter les risques (densité, limitation du nombre d’origines différentes dans un lot, transition alimentaire, …) et des interventions sanitaires à visée préventive ou curative, en s’efforçant d’évaluer le rapport coût/bénéfice des actions mises en place (rentabilité). Ce faisant, le vétérinaire contribuera à la réussite du challenge “Développer l’engraissement en France”.
Bonne lecture !
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 AOÛT 2013 - 77
actualités en perspective disponible sur www.neva.fr
la nouvelle catégorisation des maladies animales et ses conséquences
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’été reste décidément la meilleure saison pour la mise en œuvre de la nouvelle gouvernance en santé publique vétérinaire. Celui de 2013 n’a pas échappé à la règle puisque c’est fin juillet qu’un arrêté est venu mettre un point final, au moins en terme de principes, à la construction de la nouvelle gouvernance en santé animale. En effet, dans le cadre général défini par le décret du 30 juin 2012* une nouvelle organisation de maîtrise des principales maladies animales est en train de se mettre en place où l’échelon régional va probablement et progressivement prendre une importance de plus en plus grande. ● Il n’en reste pas moins essentiel de coordonner au plan national un certain nombre de dispositifs de surveillance et de contrôle (lutte et prévention) concernant des maladies animales qui étaient, dans la précédente gouvernance, regroupées sous l’appellation “Maladie animale Réputée Contagieuse (MaRC)”. C’est en rassemblant ces deux préoccupations que l’on peut plus facilement comprendre la logique de l’Arrêté du 29 juillet dernier (J.O. du 13 août 2013) qui liste les dangers sanitaires de première et deuxième catégorie pour les espèces animales.
NOTE * cf. la chronique “La nouvelle gouvernance en santé animale, une révolution dans la surveillance et le contrôle des maladies animales”, du même auteur, dans LE NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire élevages et santé 2013;23(6):6-7.
Sigles - ESB : Encéphalopathie spongiforme bovine - SRAS : Syndrome respiratoire aigu sévère - CROPSAV : Conseil régional d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale - CNOPSAV : Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale
LES DANGERS DE 1ère CATÉGORIE
- ASR : Association sanitaire régionale
Cet arrêté du 29 juillet rassemble en première catégorie, d’une part des dangers sanitaires (ex MaRC) n’ayant pas encore fait l’objet d’un avis de l’Anses, notamment les poissons d’élevage, les huitres et les abeilles ; d’autre part, ceux qui ont déjà fait l’objet d’un avis de l’Anses pour l’ensemble des filières d’élevage terrestres les plus communes (ruminants, équidés, porcs, volailles et lapins). La liste de ces derniers regroupe essentiellement des anciennes MaRC, à quelques exceptions notables près, comme les trypanosomoses équines (Surra et Dourine). Une nouvelle maladie a été ajoutée , l’encéphalite à virus Nipah (chez les porcs, les chats et les chiens), sans que, curieusement, le virus Hendra de la même famille n’y soit associé. ●
- ACERSA : Association pour la certification de la santé animale
ACTUALITÉS
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 78 - AOÛT 2013
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On retrouve ainsi pour les ruminants les “grands classiques” dont les capripoxviroses (Clavelée, Dermatose nodulaire, Variole caprine), les maladies vésiculo-aphteuse (Fièvre aphteuse, Maladie vésiculeuse du porc, Stomatite vésiculeuse), et les zoonoses multi-espèces (Brucellose, Tuberculose, Botulisme, ESB, Fièvre charbonneuse, Fièvre de la vallée du Rift, Rage) ainsi que des maladies exotiques très contagieuses comme la Péripneumonie contagieuse bovine (mais pas la Pleuropneumonie contagieuse caprine), la Peste des petits ruminants et la Peste bovine (pourtant théoriquement éradiquée au plan mondial). ● Il est prévu d’inclure dans cette première catégorie des “dangers sanitaires émergents” fort bien caractérisés comme résultant “soit de l’évolution ou de la modification d’un agent pathogène existant ; soit d’une infection connue se propageant à une nouvelle aire géographique ou à une nouvelle population : soit de la présence d’un agent pathogène non identifié antérieurement”. Il est même prévu de pouvoir y inclure des maladies dont l’agent responsable n’a pas encore été précisément identifié, saine précaution compte-tenu de l’histoire récente des maladies infectieuses aussi bien chez les ruminants (ESB) que chez l’homme (SRAS). ●
LES DANGERS DE 2e CATÉGORIE La liste des dangers sanitaires de première catégorie est globalement plus courte que celle des anciennes MaRC. Certaines de ces dernières ont en effet été transférées au sein de la liste des dangers sanitaires de deuxième catégorie. Celle-ci regroupe en effet une partie des anciennes maladies animales à déclaration obligatoire, comme l’Artérite virale équine ou la Chlamydophilose aviaire ainsi que d’anciennes MaRC comme la Morve, l’Hypodermose ou la Leucose bovine enzootique ; chacune d’entre elles doit faire l’objet d’une déclaration au préfet. ● En ce qui concerne les ruminants, l’introduction dans cette liste de trois maladies ●
actualités en perspective - la nouvelle catégorisation des maladies animales et ses conséquences (l’Arthrite encéphalite caprine, le Visnamaedi et la Rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR)) est l’évolution la plus remarquable car elles n’avaient aucun statut officiel (MaRC ou MaDO) mais faisaient, à des titres divers, l’objet d’un contrôle avec l’appui de l’Etat. S’y ajoute la Maladie des muqueuses / diarrhée virale bovine (BVD-MD). ● Ces quatre dernières maladies n’ont pas à être déclarées au préfet comme les précédentes. On peut donc penser que leur inscription parmi les dangers sanitaires de deuxième catégorie préfigure un nouveau mode de gestion dont le modèle pourrait être fourni par la gestion du statut des troupeaux bovins en matière d’IBR, sous l’égide de l’ACERSA. u total, ces deux listes de maladies semblent amorcer une évolution du paysage sanitaire de l’élevage qui devraient peu à peu révéler des effets qui ne laisseront indifférents ni les vétérinaires,
A
ni les éleveurs, ni leurs organisations professionnelles. ● Ces nouvelles listes de dangers sanitaires ont permis un premier toilettage de l’ancien système de gouvernance lié aux MaRc et MaDO ; on peut regretter que n’y ait pas été incorporées des maladies, comme la Fièvre Q et la Paratuberculose, entre autres. ● La mise en place des nouvelles structures régionales de gouvernance (CROPSAV, ASR) et leur intéraction avec les structures nationales (CNOPSAV et DGAl) devrait permettre une gestion plus souple de listes qui évolueront donc probablement de façon régulière dans le futur. ● Cette évolution permettra de mesurer la réactivité de la nouvelle gouvernance et l’implication de chacun dans la mise en œuvre de programmes sanitaires dont le coût sera très probablement de plus en plus supporté directement ou indirectement par les filières de production. ❒
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 AOÛT 2013 - 79
questions et réponses sur le virus
Schmallenberg (SBV) sa répartition et sa prévention
Stéphan Zientara UMR1161 Virologie Anses-Inra-ENVA 23 avenue du Général de Gaulle 94704 Maisons-Alfort
Face à l’infection du virus de Schmallenberg qui continue de toucher les élevages français et qui gagne du terrain à l’étranger, la mise à disposition de vaccins va être une avancée majeure.
Figure 2 - Le SBV en Europe
SBV détecté
1 Quelle est la répartition actuelle du virus en France ? ➜ L’infection est toujours largement présente : 77 départements touchés en août 2013, notamment dans l’ouest (Bretagne et Pays de Loire), les régions centres, Massif central, Jura, Alpes, et au sud, dans les départements des Pyrénées (figure 1). ➜ Depuis le 1er septembre 2012, ce sont au total 2 274 suspicions qui ont été enregistrées (380 élevages ovins, 50 élevages caprins, et 1 844 élevages bovins).
SBV non détecté
2 Et quelle est la répartition actuelle en Europe ? ➜ Le virus de Schmallenberg se répartit actuellement (au 6 septembre 2013) pour l’axe sud-nord : de la Suède, de la Norvège, de la Finlande au sud de l’Espagne, et pour l’axe est-ouest, de l’Estonie, à la Hongrie, la Slovénie, la Croatie à la Bretagne (figure 2). Le 29 août 2013, l’Azerbaijan a déclaré être infectée.
Septembre 2011 - Avril 2012 Mai 2012 - Août 2012
Figure 1 - Répartition géographique
Septembre 2012 - Octobre 2012
des élevages confirmés atteints
Novembre 2012 - Avril 2013
en France métropolitaine et en Corse au 19 août 2013 : 1 785 élevages
Régions où au moins un troupeau a été confirmé atteint de SBV, par mois de 1ere confirmation.
Au 19 août 2013, 1 785 élevages ont été confirmés atteints par des formes congénitales de SBV, répartis dans 77 départements : - 1 487 élevages bovins ; - 266 élevages ovins ; - 32 élevages caprins.
❚ Crédit Formation Continue :
Bovins
0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 80 - AOÛT 2013
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Ovins
Caprins
3 Des vaccins sont-ils commercialisés ? ➜ En France, des dossiers de vaccins inactivés (MSD Santé Animale et Merial) ont obtenu une autorisation cet été, ces vaccins vont donc être très prochainement disponibles. ➜ Au Royaume Uni, le vaccin Bovilis SBV ® (MSD Santé Animale) est commercialisé depuis mai dernier (1ere mondiale). 4 La surveillance de SBV en France est-elle réalisée sur les formes aiguës chez les adultes ? ➜ Non, cette surveillance du SBV n’est pas réalisée sur les formes aiguës, mais uniquement sur les formes congénitales. 5 Est-il prouvé que le virus SBV puisse être transmis par la semence ? ➜ Non, il n’est pas prouvé que le virus SBV puisse être transmis par la semence. Le génome viral est, en revanche détecté par RT-PCR dans la semence de taureaux infectés. Une étude allemande a montré que cette semence contient du virus infectieux par inoculation de ce sperme à des veaux par voie sous-cutanée. Les veaux ont séroconverti (étude en cours de publication). Cependant, il est nécessaire d’inséminer des femelles pour conclure sur la possibilité de transmission par voie sexuelle. Cette expérience est en cours. 6 Une vache ayant donné naissance à un veau anormal et infecté par le SBV peut-elle à nouveau donner naissance à ce type de produit l’année suivante ? ➜ Non, une vache qui a donné naissance à un veau anormal et infecté par le SBV ne peut pas donner naissance un veau anormal l’année suivante. Aucun cas de ce type n’a été observé en Europe. L’immunité postinfectieuse, notamment humorale, a une durée supérieure à un an. 7 Des infections ont-elles été rapportées pendant l’hiver ? ➜ En effet, des infections ont été rapportées l’hiver dernier 2012-2013 car les Culicoïdes peuvent parfois se maintenir dans les étables, même quand il fait très froid (cf cas rapportés l’hiver en Allemagne ou en France). ❒
actualités en perspective
observation originale
un foyer de maladie congénitale liée au virus de Schmallenberg en troupeau ovin allaitant
Valérie Wolgust Hélène Benoit-Valiergue
À partir d’une analyse clinique et nécropsique, cette étude a pour but, d’estimer l’impact d’une infection par le virus de Schmallenberg sur un troupeau ovin pendant l’agnelage de l’automne 2012, et d’adapter les investigations et les conseils aux manifestations observées.
F
in novembre 2012, au Centre d’Application de l’ENVA* où, un suivi sanitaire et technico-économique régulier est réalisé sur l’atelier ovin viande, après seulement 6 semaines d’agnelage contre les 9 prévues dans le planning de reproduction, force est de constater qu’un nombre conséquent de brebis sont “vides“. De plus, la présence du virus de Schmallenberg (SBV) au sein du troupeau s’exprime par la naissance de 13 agneaux présentant des malformations et/ou un syndrome AHS (syndrome arthrogrypose hydranencéphalie). ● Après avoir rappelé les principales manifestations cliniques du virus de Schmallenberg. Le déroulement de cet épisode de l’infection de SBV est présenté ainsi que sa gestion et ses conséquences sur le troupeau. DESCRIPTION DE L’ÉPISODE Contexte
L’atelier ovin du Centre est composé de 184 brebis (71 romanes et 113 vendéennes) et 9 de béliers. Le désaisonnement des brebis est réalisé par la pose d’implants de mélatonine. ● À l’automne 2011, lors du dernier agnelage, aucun cas de Schmallenberg n’a été suspecté. Cependant, compte tenu des informations disponibles sur le sujet [2], une désinsectisation préventive à base de deltaméthrine [10] est mise en place par rapport aux Culicoïdes, sur les brebis et les béliers, pendant la lutte et le début de gestation (été 2012). Cette désinsectisation se fait par pulvérisation de Butox 50‰® (100 ml de produit dilués dans 100 litres d’eau), renouvelée toutes les 3 semaines. ●
Centre d'Application de l'ENVA Domaine de Croisil 89350 Champignelles
Tableau 1 - La mortalité des agneaux par âge ●
0 jour
52 agneaux
●
2j
2
●
4j
7
●
5j
3
6j
2
7 - 20 j
5
21 - 27 j
2
● ● ●
Objectifs pédagogiques ❚ Mesurer l’impact clinique et zootechnique d’un épisode de S.B.V dans un élevage ovin, bénéficiant d’un suivi technico-économique. ❚ Adapter le conseil à la gestion du risque S.B.V.
Les échographies réalisées sur le troupeau le 4 septembre donnent un taux de gestation de 93 p. cent (172 brebis gestantes sur 184 mises à la reproduction) concordant avec les performances habituelles du troupeau. ● La figure 1 décrit l’organisation de l’agnelage et indique les événements qui ont retenu notre attention en relation avec l’épisode de SBV du troupeau. La classification de ceux-ci nous a permis d’identifier plusieurs groupes d’animaux utilisés dans les recherches ultérieures (brebis avec agnelage normal, agneaux malformés, mortinatalité et brebis non gestantes). ●
1er Prix éditorial 2012
Observations d’ensemble et par groupe d’animaux
Pour en savoir plus sur www.neva.fr Un rappel sur le virus de Schmallenberg, les principales malformations observées dans les élevages ovins, ...
Le 16 octobre 2012 marque le début de l’agnelage sur la semaine dite de “sécurité”. ● Le 19 octobre : naissance du premier agneau présentant un syndrome arthrogrypose hydranencéphalie (AHS) (photo 1). ● Du 24 octobre au 2 novembre : naissances successives de huit agneaux AHS. Parallèlement, on observe une mortalité importante d’agneaux dans les premières heures de vie (agneaux “à problèmes” : mous, sans réflexe de succion) ou avec une pathologie néonatale (tableau 1, encadré). ● Le 15 novembre, les agnelages se raréfient, de nombreuses brebis ne présentent aucun signe de préparation à la mise bas (isolement, gonflement de la vulve, prise de mamelle). ● Le 24 novembre, une échographie de contrôle est pratiquée sur les 47 brebis ●
Essentiel ❚ Identifier les signes d’appel d’une infection par le S.B.V. ❚ Utiliser les outils de la G.T.E pour apprécier et limiter l’impact économique d’un tel épisode.
ACTUALITÉS
NOTE
* Le Centre d’Application de l’ENVA à Champignelles comprend une plateforme de formation associée à un internat, un laboratoire d’analyses, une salle d’autopsie et un atelier agroalimentaire lié à l’exploitation. Cette plateforme est composée de trois ateliers de production viande : ovins (cheptel de race 62 p. cent vendéen et 38 p. cent romane), bovins et cervidés.
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
9
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 AOÛT 2013 - 81
jeunes bovins finis
(taurillons) en France Pierre Sans
panorama de la production et stratégies d’exportation
Université de Toulouse-INP-ENV Toulouse INRA-UR 1303 23, Chemin des Capelles BP87614 31076 Toulouse Cedex 3
L’essor de la production de taurillons est le résultat d’une volonté politique à partir des années 1970 : afin de pallier le déficit national de viande bovine, cette production au cycle relativement court a progressivement remplacé celles des bœufs, dans un contexte d’intensification des systèmes de production, le maïs ensilage se substituant aux prairies.
Objectif pédagogique ❚ Comprendre les facteurs de variation de la production de taurillons en France.
1er Prix éditorial 2012
L
Essentiel ❚ La production autochtone de taurillons est dépendante des exportations de broutards et du coût des céréales. ❚ Les animaux de race à viande (et croisés) concourrent aux 3/4 de la production autochtone.
RUMINANTS
a production de bovins mâles en France peut être structurée d’un point de vue commercial en cinq catégories : - les veaux, animaux âgés de moins de 8 mois ; - les bovins jeunes, animaux entre 8 et 12 mois ; - les jeunes bovins, entre 12 et 24 mois ; - les taureaux, animaux de plus de 24 mois non castrés ; - les bœufs, mâles castrés. La catégorie des jeunes bovins comprend des animaux semi-finis commercialisés entre 12 et 16 mois (broutards repoussés) et des animaux finis, plus âgés (16-24 mois), dénommés taurillons. ● Cet article s’intéresse à ce dernier groupe : une première partie dresse un panorama synthétique de la production française de taurillons. Puis, en 2e partie, les stratégies d’exportation développées récemment par la filière française sont présentées. UNE PRODUCTION SENSIBLE AUX FACTEURS TECHNIQUES ET ÉCONOMIQUES Sous l’effet d’un ensemble de mesures, les abattages de taurillons ont fortement progressé durant les décennies 1970-1990 : ils sont ainsi passés de 110 000 tonnes équivalent carcasses (TEC) en 1975, à près de 500 000 TEC en 1996 (soit près de 1,3 millions de têtes) [1]. ●
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 86 - AOÛT 2013
14
Figure 1 - Abattages contrôlés de gros bovins en France (d’après données FranceAgriMer) Milliers Tec 1400 1200 1000 800
30 %
30 %
600 400 200 0 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Vaches
Taurillons
Génisses
Bœufs
Au cours des années 1995-2005, ces abattages ont fortement reculé (perdant 300 000 têtes sur la période). Depuis cette date, les abattages sont repartis à la hausse (figure 1) : d’après les données du Service de la statistique et de la prospective (SSP), traitées par FranceAgriMer, 975 000 têtes de jeunes bovins ont été abattus en 2012 (soit 389 000 TEC), ce qui représente environ 30 p. cent des tonnages de viande de gros bovins abattus en France. ● Ces variations traduisent la sensibilité de cette production aux facteurs techniques et économiques. Ainsi, les fluctuations observées sur les volumes et les caractéristiques des taurillons produits depuis 2005 s’expliquent par : - la survenue d’événements sanitaires (Fièvre catharrale ovine) qui ont bloqué les exportations de broutards vers l’Italie : aussi, les éleveurs naisseurs et naisseurs-engraisseurs ont dû engraisser davantage d’animaux nés sur leur exploitation ; - le coût de production à la hausse de ces animaux en raison de la flambée du cours des céréales* : l’augmentation des charges s’est traduite par une baisse des poids de carcasse et une dégradation de la conformation des carcasses [4]. CHEPTEL À VIANDE ET CHEPTEL LAITIER ● Les deux cheptels (viande y compris croisés, et laitier) contribuent à la production
production de viande bovine et engraissement en France être plus compétitif pour mieux répondre aux nouvelles attentes du marché Le calcul des coûts de production renouvelle l’analyse technico-économique en viande bovine et offre de nouveaux repères pour piloter l’atelier et le rendre plus compétitif. En engraissement comme en production allaitante, la rentabilité est affaire d’équilibre produits/charges.
Figure 1 - Équilibre offre/demande
UN VRAI POTENTIEL DE PRODUCTION FRANÇAIS ET DES OPPORTUNITÉS DE MARCHÉ La baisse de la production bovine est liée principalement à la diminution des effectifs du troupeau laitier et du nombre de vaches laitières. Il manque aujourd’hui un certain nombre de bovins de type laitier, qui étaient produits dans les années 1990, suite à la mise en place des quotas. Le cheptel viande s’est, de son côté, renforcé jusqu’en 2006, mais il régresse depuis 2010 en raison des cessations d’activités. Ce troupeau allaitant est principalement naisseur et envoie la moitié de ses mâles se faire engraisser dans les ateliers de la plaine du Pô et de Catalogne. ● Au final, depuis 5 ans, la production française de viande bovine est en déficit structurel face à une consommation assez stable ou en léger recul. Le marché actuel est donc en équilibre précaire avec une inadéquation quantitative et qualitative corrigée par les ●
1,4 M° téc Bœufs
7%
32%
Jeunes bovins (+ taureaux)
15%
32%
Femelles
78%
(48% vaches 13% génisses)
1er Prix éditorial
A
vec le 1er troupeau de vaches, la France détient un vivier important de veaux et reste logiquement le premier producteur européen en matière de production de viande bovine. Mais les changements en cours, tant en ce qui concerne la production laitière dans un contexte préalable à la suppression des quotas, que la restructuration en viande bovine, tend à réduire ces disponibilités alors que par ailleurs, les marchés de la viande bovine s’ouvrent sur de nouvelles opportunités.
❚ Comprendre les facteurs déterminants l’évolution des marchés autochtones et internationaux de la viande bovine. ❚ Savoir identifier les déterminants de la variabilité des laits de production et de leur amélioration.
(Source Idele - 2012)
7%
Institut de l’élevage Monvoisin - BP 85225 35652 Le Rheu Cedex
Objectifs pédagogiques
en viande bovine en France 1,3 M° téc
Patrick Sarzeaud
2012
Production
Consommation
imports de viande de femelles et les exports de jeunes bovins (figure 1). ● Les jeunes bovins finis en France représentent 28 p. cent de cette production, dont les 2/3 sont des animaux de type viande. Ils restent destinés aux débouchés du sud de l’Europe (Grèce et Italie). Mais depuis 2011, on assiste à des évolutions sur ces marchés : 1. les filières grecques et italiennes semblent s’essouffler un peu en raison de la crise économique ; 2. on observe une certaine restructuration en cours des engraisseurs italiens ; 3. de nouveaux marchés vers les pays tiers, et plus particulièrement vers la Turquie, se sont ouverts dans un contexte post “printemps arabe” offrant de nouveaux débouchés pour des taurillons vendus en vif*.
NOTE * cf. L’article “Panorama
de la production de jeunes bovins finis (taurillons) en France” de Pierre Sans, dans ce numéro.
Essentiel ❚ Les jeunes bovins finis en France représentent 28 p. cent de cette production, dont les 2/3 sont des animaux de type viande. ❚ Concernant la production, l’engraissement conserve une position particulière dans les exploitations d’élevage.
Le marché : divergence entre offre et demande nationale Concernant le marché, on observe toujours des évolutions assez divergentes entre offre et demande nationale qui posent des questions à la filière sur le maintien des volumes et les besoins d’ajustements qualitatifs (animaux trop lourds par exemple). On craint par ailleurs, et de plus en plus, la dépendance vis-à-vis de l’engraissement italien. Enfin, la filière apparaît
●
RUMINANTS
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
19
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 AOÛT 2013 - 91
les affections des bovins en engraissement
Marie-Anne Lefol1 Sébastien Assié2
tour d’horizon des principales maladies rencontrées
1 Terrena Boulevard des Alliés, 44150 Ancenis 2
Oniris La chantrerie Route de GachetBP 40706 44307 Nantes Cedex 03
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les principales maladies des bovins en engraissement. ❚ Savoir mettre en place les principales mesures préventives et curatives. ❚ Évaluer le rapport coût / bénéfice des stratégies sanitaires mises en œuvre.
1er Prix éditorial 2012
Essentiel ❚ Les risques sanitaires sont concentrés en période d’engraissement et reprennent de façon moindre à partir de la finition. ❚ L’allotement est une période de stress intense, accompagnée de multiples manipulations. Elles exposent les animaux souvent d’origine diverse aux maladies et aux traumatismes de toutes sortes. ❚ Les maladies respiratoires sont les affections les plus fréquentes chez les jeunes bovins, suivies par les troubles locomoteurs, et digestifs. La hiérarchisation est variable suivant le type de production.
L
’engraissement des bovins est une étape de l’élevage durant laquelle l’objectif est de réaliser la meilleure croissance possible en un minimum de temps, afin de rentabiliser la production. Souvent, en plus des animaux nés sur l’exploitation, des animaux sont achetés pour assurer une activité suffisante de l’atelier. Ceci expose l’ensemble des animaux à l’introduction de maladies. Celles-ci ainsi que le niveau de risque diffèrent en fonction du type de production (jeunes bovins, veaux sevrés, génisses d’embouche, c’est-à-dire jeunes femelles gardées pour l’engraissement, ... ● Cet article décrit les principales maladies rencontrées à la suite de la mise en engraissement des bovins, notamment les broutards pour la production de jeunes bovins, par ordre décroissant de fréquence. Il montre l’importance de l’impact sanitaire et économique des différentes maladies, en particulier chez les jeunes bovins. LES MALADIES RESPIRATOIRES SONT LES PLUS FRÉQUENTES
RUMINANTS
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 96 - AOÛT 2013
L’intérêt des éleveurs pour les productions de bovins en engraissement dépend des cours de la viande bovine. L’augmentation des prix au cours de ces derniers mois suscite un nouveau regain d’intérêt des producteurs pour ce type d’élevage. L’équilibre économique des ateliers d’engraissement reste cependant fragile. Prévenir et traiter les affections (troubles respiratoires, locomoteurs et digestifs notamment) est donc un enjeu majeur.
● Les maladies respiratoires représentent 78 p. cent des troubles en engraissement de jeunes bovins. Les ateliers qui achètent les broutards d’origine variée sont particulièrement atteints (photo 1). ● Le pic d’expression clinique s’observe au
24
1
Animal en retard de croissance, suite à une atteinte respiratoire dans la semaine suivant la mise en lot (photo M.-A. Lefol).
Figure 1 - Dans les ateliers d’engraissement : un schéma étiologique complexe Bactéries : Pasteurellaceae, mycoplasmes
Virus : VRSB, Pi3, BHV-1, BVDV, ...
Agents pathogènes
Infecté Animal sain
Les facteurs de risque
Liés à l’animal : immunité, race, ...
Animal malade
Liés aux techniques d’élevage : transport, regroupement de bovins d’origine différente, ...
Ce schéma étiologique complexe rend la lutte contre l’apparition de ces maladies difficile et explique pour partie la récurrence des cas cliniques.
cours des 10 premiers jours, suivant la mise en lot (7,9 j en moyenne) [1, 21]. ● La diversité des agents pathogènes impliqués et la multiplicité des facteurs de risques font que ces maladies à étiologie complexe sont récurrentes dans les ateliers (figure 1) [17, 20]. Les principaux agents pathogènes peuvent être viraux (Virus respiratoire syncitial bovin (VRSB), ParaInfluenza 3 (Pi3), Bovine herpesvirus 1 (BHV-1), Bovine viral diarrhea virus (BVDV), ...) ou bactéries (Pasteurelles, Mycoplasmes) (photo 2).
l’acidose ruminale subaiguë
dominante en pathologie nutritionnelle
Francis Enjalbert
des bovins à l’engraissement L’acidose ruminale subaiguë est une dominante pathologique chez les bovins à l’engraissement, recevant le plus souvent des rations très riches en glucides fermentescibles. Il en résulte la nécessité d’une gestion systématique des risques.
Département Élevage, Produits et Santé publique Université de Toulouse INP- Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse cedex 03
Objectif pédagogique ❚ Connaître les principales conséquences de l’acidose subaiguë et les principales mesures de gestion du risque.
E
n raison d’une capacité d’ingestion limitée (environ 2 p. cent du poids vif) et du coût énergétique du dépôt de tissu adipeux, l’engraissement des bovins (taurillons, vaches de réforme) nécessite des rations très riches en énergie, si bien que les systèmes dominants d’alimentation sont très souvent basés sur de l’ensilage de maïs, et/ou font appel à des quantités importantes de concentrés, qui peuvent représenter jusqu’à 90 p. cent de la ration des animaux [8]. Dans ces conditions, la pathologie nutritionnelle est largement dominée par l’acidose ruminale subaiguë [13]. ACIDOSE DES BOVINS À L’ENGRAISSEMENT ET MALADIES ASSOCIÉES
● Un abaissement anormal du pH ruminal intervient lorsque la concentration en acides gras volatils (AGV) est élevée en raison d’une production importante par rapport à la vitesse d’absorption, et lorsque l’apport de tampons salivaires est insuffisant. Lorsque le pH ruminal est inférieur à 5,5, les protozoaires du rumen disparaissent, les bactéries fibrolytiques sont affectées négativement et des bactéries meurent, libérant leurs lipopolysaccharides qui peuvent alors être absorbés et entraîner une réaction inflammatoire. Enfin, certaines bactéries ruminales peuvent modifier leur métabolisme, conduisant à une production d’acide lactique. ● Comme chez les vaches laitières, l’acidose ruminale subaiguë chez les bovins à l’engraissement se traduit par des signes cliniques comme une baisse d’appétit, de la diarrhée ou des boiteries (photo 1). Cependant, quelques entités cliniques associées sont beaucoup plus fréquentes et
1er Prix éditorial
1
2012
L’acidose ruminale subaiguë chez les bovins à l’engraissement se traduit par des signes cliniques comme une baisse d’appétit, de la diarrhée ou des boiteries (photo D. Raboisson, Département Élevage, Produits ENVT).
graves chez les taurillons que chez les vaches. La météorisation La météorisation est souvent associée à de l’acidose chez les taurillons, et une corrélation positive entre vitesse de dégradation de l’amidon et fréquence des météorisations a été démontrée [17]. ● Celle-ci survient souvent dans les semaines qui suivent la mise en place d’une ration riche en concentrés [18], elle est rarement aiguë. Elle est liée à l’accumulation de mousse, due à l’abondance de mucopolysaccharides capsulaires chez certaines bactéries amylolytiques dont Streptococcus bovis. Cette mousse enferme les gaz produits par les fermentations ruminales, et la faible motilité ruminale classiquement observée lors d’acidose gêne l’évacuation de la mousse [3]. ●
Essentiel ❚ L’acidose ruminale subaiguë est fréquente chez les bovins à l’engraissement et est souvent associée à de la météorisation, à des abcès hépatiques ou à une nécrose du cortex cérébral. ❚ La maîtrise du risque prend une importance particulière dans les semaines qui suivent l’entrée en atelier d’engraissement.
Les abcès hépatiques ● Les abcès hépatiques sont plus fréquents chez les taurillons que chez les vaches laitières, et sont, comme la météorisation, associés à des rations rapidement dégradables dans le rumen [4, 17]. Lors d’acidose ruminale subaiguë, des ulcérations de la muqueuse ruminale permettent le passage de bactéries ruminales dans la veine porte. Parmi ces bactéries, Fusobacterium
RUMINANTS
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 AOÛT 2013 - 105
résultats originaux
prévalence des infections par le BVD Didier Raboisson1 Simon Chabalgoïty1 Grégory Pons1 Frédéric Lemarchand2 François Schelcher 1
en ateliers d’engraissement Reconnu comme un agent infectieux à impact sanitaire et économique très important, le virus de la Diarrhée Virale Bovine (BVD) a une répartition ubiquiste mondiale [2]. Quelle est donc l’importance du BVD en atelier d’engraissement ?
E
n ateliers d’engraissement où les troubles respiratoires représentent de loin l’entité pathologique la plus importante [12, 19], le BVD pourrait agir comme agent infectieux respiratoire principal, et surtout à travers l’immunosuppression qu’il engendre [10]. ● Dans un contexte de réduction des intrants antibiotiques, la réduction des troubles de santé doit s’intéresser à l’ensemble de cofacteurs en favorisant l’apparition. ● L’objectif de ce premier article est de synthétiser l’ensemble des données disponibles à ce jour sur la prévalence des IPI et des circulations virales en atelier d’engraissement. LA PRÉVALENCE DES IPI EN ATELIER D’ENGRAISSEMENT La prévalence des animaux infectés permanents immunotolérants (IPI) sevrés en élevages naisseurs, qui entrent en centres de rassemblement ou en ateliers d’engraissement semble du même ordre de grandeur (photo 1) : elle varie entre 0,1 et 1 p. cent, selon les études, avec une majorité de résultats entre 0,1 et 0,7 p. cent (tableau 1). Ces études portent sur des effectifs relativement importants, bien qu’hétérogènes, et semblent bien représenter la situation des animaux au carrefour de la filière (le sortir de l’élevage naisseur ou l’entrée en centre de rassemblement ou en atelier d’engraissement). ● La prévalence d’IPI chez des animaux plus jeunes, de la naissance au sevrage, paraît beaucoup plus variable et plus élevée que sur les animaux sevrés (tableau 2), que ce soit en système laitier ou en allaitant. Le risque plus élevé de mortalité des animaux IPI comparé aux animaux non IPI contribue beaucoup à la différence de prévalence des animaux IPI selon l’âge. Par exem●
1 Département Elevage, Produits et Santé publique Université de Toulouse INP- Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse cedex 03 2 Zoetis France 23-25, avenue du Dr Lannelongue 75668 Paris Cedex 14
Objectif pédagogique
1
La prévalence des animaux infectés permanents immunotolérants (IPI) sevrés en élevages naisseurs est du même ordre de grandeur, qu'ils entrent entrent en centres de rassemblement ou en ateliers d’engraissement (photo D. Raboisson, Département Élevage, Produits ENVT).
ple, dans une étude portant sur un seul élevage d’environ 500 vaches, la prévalence des animaux IPI est estimée autour de 10 p. cent sur des veaux à la naissance et à la moitié (5,3 p. cent) sur des animaux au sevrage. Cette différence est expliquée par la plus forte mortalité chez les IPI et par une vente anticipée chez les IPI avec faible croissance [21]. ● De même, dans les populations à risque, le pourcentage d’IPI détecté est plus élevé : - 2,6 p. cent* d’IPI (n = 36) sont rapportés lorsque qu’ils sont recherchés sur 1383 jeunes bovins malades chroniques - et 2,5 p. cent** d’IPI (n = 39), lorsqu’ils sont recherchés sur 1585 jeunes bovins morts [11]. ● Les prévalences d’IPI parmi les animaux en entrée d’atelier d’engraissement sont du même ordre de grandeur, avec des variations importantes selon les essais (tableau 1). Les intervalles de confiance des prévalences calculées sont relativement importantes. Ceci suggère de retenir une prévalence d’IPI des animaux en entrée d’atelier d’engraissement entre 0,1 et 1 p. cent et de ne pas analyser l’évolution des prévalences dans le temps, même si celles des années 1990 semblent plus élevées que celles des années 2000. ● Les outils diagnostiques utilisés et les méthodes d’interprétation retenues varient aussi entre les essais et les prévalences sont rarement corrigées par les performances des tests utilisés. De plus, le diagnostic d'IPI reste parfois indirect [1, 11, 18, 22, 24] : un animal viropositif en PCR sanguine mais négatif en immuno-
NOTE
* [IC 95 p. cent = 1,9-3,6 p. cent] ** [IC 95 p. cent = 1,8-3,5 p. cent]
❚ Connaître les prévalences moyennes d’IPI et de séroprévalences à l’entrée en ateliers d’engraissement.
1er Prix éditorial 2012
Essentiel ❚ La prévalence des animaux IPI sevrés en élevages naisseurs, qui entrent en centres de rassemblement ou en ateliers d’engraissement varie entre 0,1 p. cent et 1 p. cent. ❚ La séroprévalence des jeunes bovins à l’entrée en atelier vis-à-vis du BVD varie de 10 à 40 p. cent. ❚ La dynamique de contamination du BVD à partir d’IPI ou d’IT (infecté transitoire) en centre d’allotement et la distribution des individus dans les ateliers d’allotement reste mal renseignée.
RUMINANTS
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 AOÛT 2013 - 109
ap Rispoval A4_Rispoval 31/07/13 17:25 Page1
M A L A D I E S R E S P I R ATO I R E S
Avalone
Ne vous TROMPEZ pas de vaccin !
GAMME RISPOVAL , ®
DANS LA VOUS DISPOSEZ DE VACCINS ADAPTÉS À VOTRE ÉLEVAGE. Rendez-vous sur www.mrb-zoetis.fr RISPOVAL 3 - BRSV - Pi3 - BVD, lyophilisat et suspension pour suspension injectable. Composition : Lyophilisat : Virus parainfluenza 3 (PI3), vivant modifié, souche RLB 103, entre 105,0 et 108,6 DICC50*, Virus syncytial respiratoire bovin (BRSV), vivant modifié, souche 375, entre 105,0 et 107,2 DICC50*. *DICC50 : dose infectieuse sur culture cellulaire. Suspension : Virus de la diarrhée bovine (BVD) inactivé type 1, souches 5960 (cytopathique) et 6309 (non cytopathique), ≥ 3.0 log2 **. **Moyenne géométrique du titre en anticorps séroneutralisants après vaccination des cobayes. Adjuvant : Alhydrogel 2% : 0,8 ml (équivalent à 24,36 mg d’hydroxyde d’aluminium). Excipient : q.s.p. 1 dose de 4 ml. Indications : Chez les bovins à partir de 12 semaines d’âge : immunisation active des veaux, afin de : réduire l’excrétion virale et les signes cliniques dus au virus Pi3, réduire l’excrétion virale provoquée par le virus BRSV, réduire l’excrétion virale et la sévérité de la leucopénie consécutives à une infection par le virus BVD type 1. L’efficacité sur les souches de virus BVD de type 2 n’a pas été démontrée. La mise en place de l’immunité a été démontrée 3 semaines après la vaccination contre les virus BRSV, Pi3 et BVD type 1. La durée de l’immunité a été démontrée par épreuve virulente 6 mois après la vaccination pour les virus BRS et BVD type 1. La durée d’immunité n’est pas documentée pour le virus Pi3. Contre-indications : Aucune. Effets indésirables : Très occasionnellement, l’administration du vaccin peut être suivie d’une hyperthermie légère et transitoire qui peut durer 2 jours et d’une inflammation locale transitoire minime d’environ 0,5 cm qui disparaît dans les 15 jours. Gravidité et lactation : Ne pas vacciner les femelles gestantes et/ou allaitantes. Posologie et mode d’administration : 1 dose (4 ml) de vaccin reconstitué par voie IM selon le schéma vaccinal suivant : 1ère injection : à partir de 12 semaines d’âge, 2de injection 3 à 4 semaines plus tard. Les animaux doivent de préférence être vaccinés au moins 3 semaines avant les périodes de stress ou de fortes pressions d’infections, telles les rassemblements d’animaux, les transports ou le début de la saison automnale. Si une protection contre les virus RS et BVD type 1 est recherchée, les animaux doivent être re-vaccinés 6 mois plus tard. Temps d’attente : Zéro jour. Incompatibilités : Rispoval 3 ne doit pas être mélangé avec d’autres médicaments ou vaccins. Précautions particulières d’emploi chez les animaux : Ne vacciner que les animaux en bonne santé. Précautions particulières à prendre par la personne qui administre le médicament vétérinaire aux animaux : En cas d’auto-injection accidentelle, demander immédiatement conseil à un médecin et lui montrer la notice ou l’étiquetage. Conservation : Après reconstitution : 2 heures. Conserver au réfrigérateur entre +2 et +8°C. Ne pas congeler. Présentation : Boîte de 1 flacon de lyophilisat de 5 doses et 1 flacon de suspension de 5 doses. A.M.M. n° FR/V/1611855 9/2003. Titulaire de l’AMM : ZOETIS, 23-25 avenue du Docteur Lannelongue, 75014 Paris. Catégorie : Usage Vétérinaire. Vaccin : délivrance soumise à ordonnance. Pour une information complète, consulter la notice. Zoetis assistance 0810 734 937.
Demandez conseil à votre vétérinaire.
résultats originaux
impact du BVD sur les résultats sanitaires et zootechniques en ateliers d’engraissement Selon les systèmes de production, la prévalence rapportée des animaux IPI sevrés entrant en atelier d’engraissement varie entre 0,1 p. cent et 1 p. cent. La séroprévalence des jeunes bovins à l’entrée en atelier vis-à-vis du BVD varie de 10 à 40 p. cent. Quels sont ses effets sanitaires et zootechniques ?
L
’impact négatif de la circulation du virus du BVD sur les performances sanitaires et zootechniques des jeunes bovins à l’engrais a été démontré dans de nombreuses publications. Ces effets ne sont cependant pas toujours retrouvés, et des associations contradictoires sont même décrites. ● La variabilité des protocoles expérimentaux et des statuts des animaux retenus dans les différentes études pourrait contribuer à expliquer une part importante de la discordance entre ces résultats. Par ailleurs, en raison de la différence dans l’intensité et la durée d’excrétion virale, la présence d’un animal infecté transitoire (IT) ou infecté permanent immunotolérant (IPI) dans un lot de jeunes bovins à l’engrais pourrait avoir des impacts zootechniques et sanitaires d’intensité variable (photo 1). ● L’objectif de cet article est de synthétiser l’ensemble des données disponibles à ce jour sur les effets sanitaires et zootechniques d’une circulation de BVD chez des jeunes bovins. CIRCULATION VIRALE DE BVD ET TROUBLES RESPIRATOIRES Le nombre élevé d’études qui associent une contamination par le virus du BVD et un risque plus élevé de troubles respiratoires suggère de considérer cet effet comme consensuel. Cependant, la présence de circulation virale ou de contamination par le virus est souvent évaluée de manière indirecte, et pourrait ne pas être vérifiée dans certains essais. ● Selon les essais, l’association entre BVD et troubles respiratoires est en effet analysée : - chez les animaux IPI ; ●
Didier Raboisson Simon Chabalgoïty Grégory Pons François Schelcher Département Élevage, Produits et Santé publique Université de Toulouse INP- Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse 23, chemin des Capelles BP 87614 31076 Toulouse cedex 03
Objectif pédagogique ❚ Connaître les liens entre circulation virale et morbidité respiratoire, mortalité, GMQ et qualité de carcasse.
1
La présence d’un animal infecté transitoire (IT) ou infecté permanent immunotolérant (IPI) dans un lot de jeunes bovins à l’engrais pourrait avoir des impacts zootechniques et sanitaires d’intensité variable (photo D. Raboisson, Département Élevage, Produits ENVT).
1er Prix éditorial
- chez les animaux exposés au virus, définis par la présence avérée d’une séroconversion et/ou séronégatifs initialement ; - ou chez les animaux exposés au virus, définis par la présence d’IPI dans le lot, sans vérification du statut sérologique de départ (exposition antérieure ou vaccination) et/ou de l’existence d’une séroconversion avérée. Risque élevé de maladies respiratoires chez les animaux IPI
2012
Essentiel
Les animaux IPI sont plus à risque de développer des affections respiratoires que les non IPI. - Dans une étude sur deux troupeaux laitiers, le risque relatif d’un épisode morbide (dont troubles respiratoires) lors d’infection congénitale est de 2,3 (IC 95 p. cent = 1,1-5) [14]. - Dans un autre essai sur 2000 jeunes bovins, les animaux IPI reçoivent plus de traitements que les non IPI (3,17 vs 1,46 traitements sur 31 jours, P < 0,01), indépendamment des lots d’animaux [9]. Ainsi, 4,6 p. cent des animaux traités sont IPI. ●
❚ Le lien contamination par le virus du BVD et risque plus élevé de troubles respiratoires semble consensuel, même s’il n’est pas retrouvé dans tous les essais. ❚ L’association entre circulation virale et taux de mortalité du lot reste mal renseignée.
Risque élevé de maladies respiratoires chez les animaux non IPI mais exposés Dans la grande majorité des essais, les animaux exposés au virus du BVD et avec une séroconversion sont plus à risque de développer des troubles respiratoires qu’en l’absence de séroconversion. En revanche, les animaux déjà exposés au virus du BVD et séropositifs initialement sont
RUMINANTS
●
❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 AOÛT 2013 - 115
la visite d’élevage Arlette Laval Département Santé des Animaux d’Élevage et Santé Publique Unité de Médecine des Animaux d’Élevage Oniris Atlanpole La Chantrerie BP 40706 44307 Nantes Cedex 3
Objectifs pédagogiques
en production porcine 5. les contaminants infectieux et parasitaires
❚ Connaître les principaux agents infectieux et parasitaires rencontrés en élevage porcin, les méthodes de diagnostic, leur importance respective pour les choix préventifs et curatifs.
Cette 5e et dernière partie, la plus spécifiquement vétérinaire, de cette série d’articles consacrée à la visite d’élevage ne fait pas un inventaire exhaustif des contaminants, mais donne des lignes de conduite applicables aux différents types d’élevage.
❚ Comprendre les impératifs du dépistage et du diagnostic aux différents étages de la filière de production.
L
1er Prix éditorial 2012
En pratique ❚ Pour les dangers sanitaires de catégorie 1 (ex. maladies réputées contagieuses), toute manifestation clinique suspecte doit immédiatement déclencher un diagnostic de laboratoire. ❚ Les mesures de police sanitaire doivent être appliquées le plus rapidement possible pour éviter la diffusion de l’infection. ❚ Crédit Formation Continue : 0,05 CFC par article
PORCS
e savoir-faire du vétérinaire ne se limite pas au diagnostic et au contrôle des infections. Dans le contexte d’une production pyramidale, il doit prendre en compte les risques spécifiques à chaque type d’élevage : sélection-multiplication, qui doit faire l’objet de toutes les attentions, naisseur-engraisseur de production, ou engraisseur, où l’on gère au mieux les contaminants présents. Le coût des interventions et la maîtrise de l’utilisation des antibiotiques constituent deux impératifs supplémentaires, quel que soit le type d’élevage. Deux points nous semblent essentiels et font l’objet des deux parties de cet article : d’abord classer les agents que l’on peut rencontrer, en fonction de leurs conséquences médicales et économiques, ensuite, les situer dans le contexte de la filière, très spécifique, de la production porcine. LES CONTAMINANTS ET LEUR IMPACT SUR LA PRODUCTION Les agents de maladies réglementées
● Autrefois dénommées Maladies réputées contagieuses (MRC) dans le Code rural (article D223-21), les maladies réglementées donnent lieu à une déclaration au préfet (directeur départemental des services vétérinaires) lorsque le diagnostic est confirmé par le laboratoire, et à l’application des mesures de police sanitaire. La liste de ces maladies est en cours d’actualisation : on parle maintenant de dangers sanitaires de catégorie 1. ● Chez le porc, cette liste comporte essentiellement la Fièvre aphteuse, les Pestes
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 124 - AOÛT 2013
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les signes d’alerte ● Les
signes d’alerte des principales maladies réglementées du porc sont : ➜ Pour la fièvre aphteuse : des boiteries contagieuses Contrairement aux lésions buccales qui dominent chez les ruminants, ce sont les lésions podales qui sont les plus fréquentes chez le porc, qui “marche sur des œufs”. ➜ Pour les Pestes, de la mortalité associée à des troubles respiratoires, nerveux et/ou digestifs dont le diagnostic est fortement orienté par les lésions hémorragiques visibles à l’autopsie. ➜ Pour la Brucellose, des avortements. ➜ Pour la maladie d’Aujeszky, des troubles respiratoires aigus d’allure grippale, des avortements, des signes nerveux, de la mortalité. ➜ Dans la maladie de Teschen, des paralysies du train postérieur et de la mortalité en engraissement. ➜ Pour la Salmonellose, des avortements et de la diarrhée.
porcines, classique et africaine, la Brucellose, la maladie d’Aujeszky, auxquelles ont peut rajouter la maladie de Teschen et la Salmonellose à Salmonella choleraesuis. Toute manifestation clinique suspecte doit immédiatement déclencher un diagnostic de laboratoire. La démarche en cas de suspicion ● En France, ces maladies sont éradiquées chez les suidés domestiques. En revanche, elles peuvent être enzootiques dans la faune sauvage ou rentrer sur le territoire à l’occasion d‘échanges de reproducteurs ou de produits carnés. Des épizooties sévères sont régulièrement constatées en Europe. La plus grande vigilance est donc impérative, en particulier en élevage plein air (encadré signes d’alertes). ● La suspicion de diagnostic doit être portée le plus rapidement possible. Le vétérinaire doit donc envoyer des prélèvements adaptés à la maladie et au stade évolutif, de préférence en contactant préalablement le laboratoire de diagnostic.
épidémiologie
résultats originaux
un épisode d’agalactie d’une ampleur inhabituelle chez des brebis
Julien Anderbourg1 Antoine Dumont2 Pascal Messin3 Jean-Denis Bailly4 Didier Calavas 5 Kristel Gache6
dans l’est de la France
1 GDS de Meurthe et Moselle 9, rue de la Vologne 54520 Laxon 2 GDS de Moselle 64, avenue André Malraux 57045 Metz Cedex 1 3 GTV de Moselle 1, rue Poincarré 57170 Chateau-Salins 4 Immuno-mycotoxicologie UMR INRA-INP 1331 Toxalim, Hygiène des aliments, ENVT, Toulouse 5 Coordonnateur Plateforme ESA, Anses Laboratoire de Lyon 31, avenue Tony Garnier 69364 Lyon Cedex 07 6 GDS France Maison nationale des éleveurs 149, rue de Bercy 75595 Paris Cedex 12
Durant l’hiver 2012-2013, de nombreux cheptels ovins des régions Alsace et Lorraine ont été confrontés à un épisode sévère de baisse importante, voire d’une absence totale de montée de lait après agnelage. Au total, 39 éleveurs de cinq départements ont déclaré des cas d’agalactie sévère. Les départements de Meurtheet-Moselle et Moselle semblent avoir été plus particulièrement touchés.
1er Prix éditorial
Objectifs pédagogiques ❚ Savoir mettre en œuvre une démarche diagnostique vis-à-vis d’un problème d’agalactie chez les ovins. ❚ Savoir comment investiguer une suspicion d’intoxication par des mycotoxines.
Essentiel ❚ Observé chez les brebis et les agnelles, l’épisode d’agalactie était très localisé. ❚ Le phénomène s’est traduit par une absence de colostrum et de lait pendant 2 à 8 jours après la mise bas.
ÉPIDÉMIOLOGIE ❚ Crédit Formation Continue :
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 130 - AOÛT 2013
des 39 élevages ovins ayant rapporté des cas d’agalactie à la mise bas au cours de l’hiver 2012-2013
Moselle
Meuse
es premiers cas de brebis mettant bas sans production de colostrum sont apparus en Meurthe et Moselle, mi-septembre 2012. Le phénomène s’est rapidement intensifié à partir du mois de novembre, correspondant au début de la saison d’agnelage d’automne pour la production d’agneaux de bergerie. ● Début novembre, alors que le phénomène prend de l’ampleur et que les causes restent inexpliquées, les groupements de défense sanitaires (GDS) de Meurthe et de Moselle et Moselle ont été alertés de cette situation préoccupante. Ils sollicitent GDS France pour la mise en place d’un groupe de travail réunissant l’École vétérinaire de Toulouse, la Plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale (Plateforme ESA), des vétérinaires ruraux des groupements techniques vétérinaires (GTV) 54 et 57, GDS France et les GDS des régions Alsace et Lorraine. ● Ce groupe de travail met rapidement en place un cadre d'investigations : enquête en élevage et conduite d'une série d'analyses. Les enquêtes menées dans 17 élevages ont permis de mieux décrire les troubles cliniques et de comparer les différentes pratiques d’élevage. DESCRIPTION CLINIQUE ET ÉPIDÉMIOLOGIQUE ● Cliniquement, le phénomène se traduit par une absence de colostrum et de lait pen-
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Bas-Rhin Meurthe-et-Moselle Vosges
Élevages ovins touchés (par commune)
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2012
0,05 CFC par article
Figure 1 - Distribution géographique
1
2
dant 2 à 8 jours après la mise bas. La lactation peut s’établir (avec ou sans traitement) quand les mamelles sont stimulées, soit par la traite, soit par la tétée. En revanche, la lactation apparaît très compromise pour les brebis insuffisamment stimulées par la tétée. Les brebis, y compris en bon état corporel (seuls trois cheptels sur 17 ont des notes d’état corporel (NEC) en dessous de 2,5 avant agnelage), déparasitées, correctement alimentées, ... présentent au moment de la mise bas ces troubles d'agalactie sans présenter d'autre symptôme (encadré 1). ENQUÊTES ÉPIDÉMIOLOGIQUES EN ÉLEVAGE Les enquêtes épidémiologiques en élevage ont eu pour objectifs de rechercher des facteurs de risque communs aux élevages touchés et d’explorer un certain nombre d’hypothèses étiologiques.
●
Des cheptels atteints (très) performants ● Les cheptels enquêtés (neuf en Meurthe et Moselle et huit en Moselle) sont de taille supérieure à la moyenne des cheptels de ces départements (avec un nombre de brebis reproductrices : au minimum de 150, en moyenne de 475, et au maximum de 1200) (figure 1).
enjeux économiques quel avenir
pour la filière apicole française ?
Christophe Roy Pierre Sans
1 2
1 Membre
de la commission apicole de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) Clinique Vétérinaire des Mazets 15400 Riom es Montagnes 2 INP-ENVT
Département Élevage et Produits 23, Chemin des Capelles BP87614 31076 Toulouse Cedex 3
Confrontée aux plus fortes pertes de colonies jamais mesurées, la filière apicole fait régulièrement l’actualité des médias et le monde entier se préoccupe de la disparition des colonies d’abeilles. En France, les acteurs de la filière sont parvenus à hisser ce sujet au cœur des préoccupations des pouvoirs publics.
U
n plan de développement pour une apiculture durable a été proposé en octobre dernier [10]. Fort de 16 propositions, ce plan trace les grandes lignes de ce que pourrait être la future politique apicole pour que la filière, confrontée à des pertes massives de colonies depuis plusieurs années, ne disparaisse pas en France. Cet article propose un éclairage économique sur cette filière, quasi méconnue de nombreux praticiens, puis présente et discute les principales propositions de ce plan de développement. LE CONTEXTE : ÉTAT DES LIEUX DE LA FILIÈRE APICOLE FRANÇAISE
Objectifs pédagogiques ❚ Connaître les chiffres clés de l’économie et de la démographie apicole. ❚ Comprendre les solutions proposées par les pouvoirs publics pour l’avenir de cette filière.
1er Prix éditorial 1
La visite sanitaire de printemps est l’occasion de mesurer les pertes hivernales (mortalité et non valeurs) “Il ne doit pas y avoir en France de territoire où les abeilles n’auraient pas le droit d’exister. Le service de pollinisation qu’elles assurent est un bien commun entre les apiculteurs, les agriculteurs et la société tout entière” (extrait du préambule du rapport Gerster 2012 [10] (photo E. Degryse).
- Pour les apiculteurs qui exploitent de 31 à 150 ruches, l’apiculture constitue un complément de revenu non négligeable (apiculteurs pluri-actifs). Ils sont minoritaires (5 p. Encadré 1 - Des chiffres variables selon le périmètre retenu
Le cheptel apicole En 2010, le cheptel apicole français comprend 1,1 million de colonies d’abeilles pour un nombre d’apiculteurs estimé à 42 000 [6] (encadré 1). ● La taille des cheptels est assez hétérogène, d’une seule ruche à plusieurs milliers de colonies par apiculteur. ● L’apiculture peut en effet être pratiquée comme un loisir, comme source d’un complément de revenu ou comme une activité professionnelle à part entière (photo 1). - En général, la pratique de l’apiculture est considérée comme “familiale”, lorsque l’apiculteur possède une à 30 ruches. Ces apiculteurs sont de loin les plus nombreux (91 p. cent de la population totale des apiculteurs), mais ils détiennent seulement 27 p. cent des ruches. ●
Essentiel
Selon, les chiffres du dernier recensement de l’agriculture (RA2010), la France métropolitaine comptait, en 2010, 12 000 exploitations apicoles, soit 800 000 ruches et 14 800 tonnes de miel produites [2]. ● Ces chiffres, inférieurs à ceux issus de l’étude financée par FranceAgriMer pour la même année, s’expliquent par le fait que le périmètre retenu par le RA est plus restreint. ● Sont en effet enquêtés dans le cadre du RA : - les exploitations qui ont une activité agricole et qui dépassent une certaine dimension économique, soumise à une gestion courante indépendante ; - les apiculteurs qui détiennent au moins 10 ruches. ● La différence entre les deux sources révèle l’importance (en nombre) des apiculteurs - non professionnels - détenant moins de 10 ruches. ●
2012
❚ 91 p. cent des apiculteurs français ont moins de 30 ruches, ils pratiquent une apiculture de loisir. ❚ Les 18 000 tonnes de miel produites par an en France, ne couvrent que 46 p. cent de l’approvisionnement national. ❚ L’abeille, espèce ”accumulatrice”, est considérée comme une sentinelle de l’environnement. ❚ Le volet “verdissement” de la politque agricole commune (PAC) 2014-2020 devrait être favorable aux abeilles grâce à l’amélioration du “bien-être apicole”.
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COMPRENDRE ET AGIR
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 AOÛT 2013 - 137
étude de cas
décubitus postpartum associé à une hyperglycémie Florent Perrot
provoquée par une intoxication à l’urée
2, avenue du Lioran 15100 Saint-Flour
L’intoxication par l’azote non protéique (ANP), en particulier à l’urée, est à l’origine de troubles nerveux variés, et d’évolution aiguë. La compréhension du mécanisme physiopathologique de l’intoxication par l’ANP est essentielle car, de celle-ci, dépend le traitement à mettre en œuvre.
Objectif pédagogique
1
❚ Comprendre les bases physiopathologiques des troubles biochimiques survenant lors d’intoxication par l’azote non protéique (ANP). Décubitus latéral et météorisation (photo F. Perrot).
D
ébut juin, une vache laitière Prim’Holstein de 6 ans, vêlée mi-mai est examinée car elle est en décubitus latéral depuis le début de la matinée. Aucun traitement n’a été administré auparavant. La veille, aucune anomalie n’a été observée. ● Les vaches du troupeau (60 vaches) ont accès à une pâture et à une stabulation (logettes) ; l’alimentation est donc composée d’herbe et d’un mélange à base d’ensilage de maïs et de tourteau de soja/colza. ● À l’examen à distance, l’animal est en décubitus latéral droit, le creux du flanc gauche bombé, le cou tendu et les signes laissées sur le sol tendent à montrer que l’animal s’est débattu. Ceci laisse présager des tremblements et/ou des convulsions cloniques (photo 1). ● À l’examen rapproché, l’animal est normotherme, légèrement tachycarde (fréquence cardiaque = 80) et tachypnéique (fréquence respiratoire = 40). ● La vache a un regard inquiet (photo 2), et elle est hypovigilante (réflexe de clignement à la menace quasi absent). Ses naseaux sont dilatés. L’air expiré ne présente pas d’odeur particulière détectable. ● Aucune contraction ruminale n’est audible et le sac dorsal du rumen est distendu par des gaz de façon marquée. Par ailleurs, la queue est tonique, aucun craquement n’est perceptible à la manipulation du membre postérieur gauche. ● Le lait est normal dans les quatre quartiers. Les écoulements utérins obtenus par exploration vaginale sont blanchâtres, sans odeur
1er Prix éditorial 2012
Signes cliniques 2
Naseaux dilatés et regard inquiet (photo F. Perrot).
et peu abondants. Des bouses verdâtres, collantes sont ramenées par palpation transrectale. ● La bandelette urinaire réalisée à partir d’une urine translucide jaunâtre (sondage) révèle une glycosurie marquée (tableau 1). HYPOTHÈSES DIAGNOSTIQUES ● Il s’agit donc d’un animal en décubitus d’apparition brutale, en période postpartum, avec atteinte de la vigilance et la survenue probable de crises “convulsives”. ● Les hypothèses diagnostiques sont : - une intoxication (azote non protéique, éthylène glycol, …) ; - une méningo-encéphalite ; - une défaillance hépatique (encéphalose hépatique) ; - une hypomagnésiémie. ● La mise en évidence d’une glycosurie suggère l’existence très probable d’une hyperglycémie, observée notamment lors d’intoxication par l’azote non protéique, et en particulier par l’urée.
❚ Décubitus latéral droit ❚ Creux du flanc gauche bombé ❚ Cou tendu ❚ L’animal s’est débattu ❚ Légère tachycardie ❚ Regard inquiet ❚ Hypovigilance ❚ Naseaux dilatés ❚ Aucune contraction ruminale audible ❚ Glycosurie marquée
Hypothèses diagnostiques ❚ Intoxication ❚ Méningo-encéphalite ❚ Défaillance hépatique ❚ Hypomagnésiémie
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FMC Vét LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 AOÛT 2013 - 143
Revue internationale V°.qxd
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revue internationale les articles parus dans ces revues internationales classés par thème - J Dairy Sci - J Anim Sci
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Bactériologie/médecine comparée - Staphylocoques isolés du lait : la prévalence des gènes codant les entérotoxines
2012;96:2866-72 2010;88:2019-28
l’utilisation d'un anti-inflammatoire non stéroïdien : quels effets sur les performances du veau
Thérapeutique
Synthèses rédigées par
- Traitement des diarrhées néonatales
Nicolas Herman
les synthèses des meilleurs articles Thérapeutique
TRAITEMENT DES DIARRHÉES NÉONATALES L’UTILISATION D'UN ANTI-INFLAMMATOIRE NON STÉROÏDIEN : quels effets sur les performances du veau ?
●
Un total de 65 veaux Holstein a été inclus dans cette étude menée en double aveugle : injection sous-cutanée de meloxicam (0,5 mg/kg) vs placebo (plasma). Un score fécal est attribué à chaque veau : 1. Selles normales ; 2. selles molles ; 3. selles semi-liquides ; 4. selles liquides. ● Un traitement standardisé de la diarrhée comprenant l’utilisation d’une solution réhydratante d’électrolytes, une fluidothérapie par voie veineuse et une antibiothérapie si nécessaire, est mis en place jusqu’à un retour à un score fécal de 1 ou 2. Le principal agent étiologique mis en évidence dans cette étude est Cryptosporidium parvum, bien que du Rotavirus et du Coronavirus aient été retrouvés dans les fèces de certains veaux. Résultats ● Cette étude indique que l’utilisation d’un antiinflammatoire dans le traitement des diarrhées
Discussion et conclusion ● L’hypothèse avancée par les auteurs pour expliquer ces meilleures performances zootechniques est une atténuation de la production de cytokines pro inflammatoires. Celles-ci augmenteraient le catabolisme protéique et lipidique au niveau des muscles squelettiques, et réduiraient l’assimilation des acides aminés. ● En revanche, l’utilisation d’anti-inflammatoire ne réduit pas la durée de l’épisode clinique, c’est-à-dire un retour à des fèces normales. ● Les résultats de cette étude viennent conforter les conclusions de précédentes études rapportant un effet bénéfique de l’utilisation d’un anti-inflammatoire dans le traitement des diarrhées néonatales. Cependant, si l’utilisation d’un anti-inflammatoire n’améliore pas la clinique du veau en diarrhée, il favoriserait la reprise de l’alimentation et améliorerait donc les performances zootechniques futures (GMQ, sevrage, etc.). ❒ Couv ELSA 22
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LE PORC
Volume 5
N°21
D’ÉLEVAGE CHEZ
SEPTEMBRE 2012
Volume 5
N°22 DÉCEMBRE 2012 revue de formation à comité de lecture
RITES - LA CONDUITE ET ENDOMÉT
agréée pour délivrer des crédits de formation continue par le CNVFCC
(Conseil national et complémentaire) formation continue
(Conseil national vétérinaire de la formation continue et complémentaire)
indexée dans données : les bases de • Index Veterinarius (CAB International)
Bulletin • Veterinary (CAB International)
indexée dans les bases de données :
• Index Veterinarius (CAB International)
• Veterinary Bulletin
Database • CAB Abstracts
(CAB International)
Actualités tive en perspec
• CAB Abstracts Database
Actualités en perspective
DOSSIERS : MÉTRITES
- L’évolution - Chronique maladies du statut des s en France contagieuse avec S. Assié, - Un entretien de la SFB 5e Président
- Chronique - Enseignement vétérinaire en Europe : Huit écoles en Grande-Bretagne , en France, quatre - L’épizootie du virus Schmallenberg en Europe : quel avenir ?
de défenses - Les mécanismes s de l’utérus immunitaire chez la vache postpartum de risque - Les facteurs des principales individuels postpartum affections utérines chez la vache logie - Physiopatho des infections et diagnostic la vache utérines chez - Quelles stratégies ues choisir thérapeutiq métrites vis-à-vis des s? et des endométrite - Le traitement s: des endométriteines F2 alpha les prostagland ? es sont-elles efficaces es zootechniqu - Conséquenc et impact économique des métrites s et des endométritelaitier bovin en élevage
et santé - N°22 -
2012 - SEPTEMBRE
DÉCEMBRE 2012
Ruminants
et santé - N°21
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agréée pour formation des crédits de CNVFCC le continue parvétérinaire de la
IRE élevages PRATICIEN VÉTÉRINA
LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE vol 6 / n°24 élevages et santé 146 - AOÛT 2013
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revue de formation lecture à comité de délivrer
LE NOUVEAU
REVUE INTERNATIONALE
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CHEZ LE PORC
Synthèse par Nicolas Herman, Clinique vétérinaire des Mazets 15400 Riom es Montagnes
Matériel et méthode
- LE TRAITEMENT ANTIBIOTIQUE
❚ Tester l’efficacité d’un anti-inflammatoire non stéroidien de type COX-2 (meloxicam), en complément du traitement contre la diarrhée (fluidotherapie, antibiothérapie, etc.) sur les performances zootechniques du veau.
DOSSIERS : INFLAMMATION
Objectifs de l’étude
néonatales est associée à une reprise de l’alimentation lactée plus précoce, et à un meilleur appétit. Cet effet est toutefois démontré uniquement sur les veaux de plus de 10 j. ● De plus, les veaux diarrhéiques traités avec un anti-inflammatoire ont : - tendance à commencer plus précocement une alimentation “starter” (12 j vs 17 j) ; - un meilleur GMQ (+ 4,3 kg en moyenne sur 8 semaines) ; - un sevrage légèrement plus précoce.
: DOSSIERSENDOMÉTRITES ET MÉTRITES e chez la vach
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FMCvét médicale continue
vétérinaire
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VÉTÉRINAIRE élevages
Nonsteroidal anti-inflammatory drug therapy for neonatal calf diarrhea complex : effects on calf performance. Todd CG, Millman ST, McKnight DR, Duffield TF, Leslie KE.
● Les diarrhées néonatales, qu’elles soient sécrétoires ou de malabsorption, sont associées à une inflammation de l’épithélium intestinal. Si l’utilisation d’un anti-inflammatoire semble évidente de par la physiopathologie même des diarrhées néonatales, en pratique, leur utilisation fait toujours débat. ● L’objectif de cette étude est de tester l’efficacité de l’utilisation d’un anti-inflammatoire non stéroidien de type COX-2 (Meloxicam), en complément du traitement contre la diarrhée (fluidothérapie, antibiothérapie, etc) sur les performances zootechniques du veau.
Porcs
Ruminants
DOSSIERS :
INFLAMMATIO N ET MALADIES INFLAM MATOIRES chez les rumin ants
LE TRAITEMENT ANTIBIOTIQUE DES AFFECTIONS DIGESTIVES ET RESPIRATOIRES chez le porc
- La visite d’élevage porcine : en production d’élevage 4. La conduite
LE NOUVEAU PRATICIEN
uJ Anim Sci 2010;88:2019-28
Comprendre et agir
FMCvét formation
médicale continue vétérinaire ent et environnem - Étude de cas - Logement ie Intérêt et méthodolog La scrotite nodulaire des courants tuberculoïde du de recherche taureau - Test clinique - Un salle de traite bruit tintinnabulant parasites en sà l’auscultation-percu ssion chez une vache - Enjeux économique - Revue porcsde presse internationale de de 5 ans ... La production -comprendre : notre sélection en : Tests de formation continue Infectiologie, Virologie aux Pays-Bas la croissance le retour à
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Porcs
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Comprendre et agir
- Enjeux économiques L’agriculture biologique
en France : l’essor récent d’un mode de production original
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Bactériologie /médecine comparée
STAPHYLOCOQUES ISOLÉS DU LAIT : la prévalence des gènes codant les entérotoxines chez les staphylocoques coagulase négative et positive ● Les bactéries sont responsables des deux tiers des intoxications alimentaires humaines (toxine ou bactérie elle-même). ● L’entérotoxicose staphylococcique est une intoxination (toxine extrêmement thermostable) très fréquente, due à Staphylococcus aureus ; celle-ci provoque de violents vomissements, parfois suivis d’une diarrhée indolore. Cependant, les quatre différents gènes (sea, seb, sec et sed) qui codent ces entérotoxines peuvent également se retrouver chez de nombreux autres staphylocoques (coagulase positive ou négative). ● L’objectif de cette étude était d’isoler et d’identifier (par microbiologie conventionnelle) les principaux staphylocoques responsables de mammites bovines dans 10 troupeaux brésiliens (n = 1 203 vaches) ainsi que d’étudier leur potentiel de production d’entérotoxines (identification des gênes par PCR).
Matériel et méthode ● Parmi les 1 203 vaches de l’étude, 1 318 quartiers se sont révélés positifs au CMT (California Mastitis Test), et Staphylococcus spp a été isolé dans 19,9 p. cent des échantillons. ● Parmi les staphylocoques isolés, 51 p. cent sont des staphylocoques coagulase positive (CPS), et 49 p. cent sont des coagulase négative (CNS). ● La majorité des CPS isolés sont des Staphylo-
coccus aureus (68 p. cent), 15 p. cent était S. intermedius, 13 p. cent S. hyicius et 4 p. cent S. schleiferi spp. Dix-huit différents CNS ont été isolés parmi lesquels S. epidermidis (dans huit troupeaux), S. warneri (dans sept troupeaux), S. hyicius (dans six troupeaux). Discussion et conclusion ● Contrairement aux précédentes données bibliographiques, la prévalence des gènes codant les entérotoxines dans cette étude était plus importante chez les coagulases négatives (CNS) (66 p. cent) que chez les coagulases positives (CPS) (35 p. cent). Aucune différence significative de prévalence des gènes entre les différents CNS n’a été mise en évidence. Le gêne sea est le plus fréquemment retrouvé aussi bien chez les CNS que les CPS. ● Les CNS et notamment chez S. epidermidis font partie des pathogènes majeurs pour la santé humaine (infections nosocomiales et augmentation de l’antibiorésistance). ● Bien que la production d’entérotoxine ne puisse être confirmée, la très forte prévalence de CNS porteurs des gènes codant ces entérotoxines retrouvée dans cette étude suggère qu’à l‘avenir, une attention particulière soit portée dans l’industrie laitière sur ces espèces de ❒ staphylocoques.
Objectifs de l’étude
❚ Isoler et identifier les principaux staphylocoques responsables de mammites bovines dans 10 troupeaux brésiliens. ❚ Étudier leur potentiel de prodution d’entérotoxines.
uJ Dairy Sci 2012;96:2866-72. Enterotoxin genes in coagulase-negative and coagulase-positive staphylococci isolated from bovine milk. de Freitas Guimaraes F, Borin Nobrega D, Bodelao Richini-Pereira V, coll.
Synthèse par Nicolas Herman, Clinique vétérinaire des Mazets 15400 Riom es Montagnes
test clinique
observation originale
les réponses Guillaume Lemaire Florent Perrot Olivier Salat
un cas de mésothéliome chez une montbéliarde
2, avenue du Lioran 15100 Saint-Flour
1 La laparotomie peut-elle permettre d’orienter le diagnostic ? ● Une laparotomie est donc effectuée. Dès l'ouverture, de nombreux nodules de taille variable, isolés de quelques millimètres ou coalescents en masse de quelques centimètres, sont visibles sur le péritoine pariétal épaissi (photo 2) et sur la séreuse du rumen. La cavité abdominale est remplie d’un liquide séro-hémorragique en grande quantité (photo 1). Suite p. 76
2
Nodules sur le péritoine viscéral du rumen (photo G. Lemaire).
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LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE vol 6 / n°24 élevages et santé AOÛT 2013 - 147
test clinique - un cas de mésothéliome chez une montbéliarde
3
Nodules sur la séreuse du caecum.
2 Comment peut-on préciser le diagnostic après laparotomie ? Un processus tumoral est alors supposé, et en particulier un mésothéliome. Une exploration rapide de la cavité abdominale indique que tous les organes abdominaux (vessie, rate, organes digestifs) sont recouverts de nodules (photos 3, 4). Compte tenu du pronostic sombre, l'animal est euthanasié. ● L’examen nécropsique montre que presque tous les organes internes de la cavité abdominale et de la cavité thoracique sont atteints : plèvre pariétale et péricarde (photo 5). La cavité abdominale est remplie d’environ 50 l de liquide rougeâtre, clair et non odorant. ● L’examen histologique de deux prélèvements hépatiques confirme la nature tumorale des lésions. Les lésions microscopiques observées sont de deux nature : un mésothéliome en surface et un adénocarcinome dans le parenchyme (encadré compte rendu d’histologie) (photo 6). DISCUSSION Données épidémiologiques Les affections tumorales sont rares chez les bovins ; elles ont une prévalence d’environ 0,6 p. cent chez les adultes et 0,06 p. cent chez les veaux [8]. ● Les mésothéliomes ne représentent qu’un peu plus de 1 p. cent des tumeurs observées chez les bovins [2, 5]. Elles atteignent plus fréquemment les veaux que les adultes [4]. En outre, les mésothéliomes constituent la deuxième affection tumorale chez les veaux, après les lymphomes [10]. ● Ces tumeurs sont décrites dans de nombreuses espèces : chiens, chats, chevaux, porcs, rats, chèvres et porcs. ● Chez les bovins, elles concernent plus souvent la cavité abdominale que le thorax [1, 9, 13]. ● C’est l’inverse chez les humains, où les mésothéliomes pleuraux sont de loin les plus fréquents. Dans 83,2 p. cent des mésothéliomes chez l’homme, leur développement est consécutif à une exposition préalable à l’amiante (amiante et mésothéliome pleural malin). Chez les bovins, la cavité péricardique peut être atteinte [12]. Des formes scrotales ont également été décrites avec un meilleur pronostic que pour les autres formes, l’exérèse chirurgicale étant alors possible [11]. ●
6
Nodules isolés et coalescents sur la rate (photos G. Lemaire).
NOTE de l’éditeur Ce cas, publié dans Vetofocus, a été détaillé et approfondi par les auteurs, suite aux avis des lecteurs référés.
disponible sur www.neva.fr LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 149 - AOÛT 2013
76
4
Nodules isolés et coalescents sur la rate.
Cœur
Plèvre Épanchement
Rate
5
Rumen Nodules sur les organes internes
Données diagnostiques et cliniques ● Les mésothéliomes sont d’apparition sporadique chez les bovins. Leur origine demeure inconnue. L’amiante comme étiologie possible est très improbable car : - la cavité abdominale est la plus régulièrement touchée ; - l’intervalle de temps entre l’exposition à l’amiante et le développement tumoral, observé chez les humains est d’une quarantaine d’années. Dans ce cas, bien que le toit de la stabulation soit en éverite (donc contenant de l’amiante) et que certaines de ces plaques sont en voie d’effondrement, on ne peut retenir raisonnablement cette cause. ● Le diagnostic clinique d’un processus tumoral interne est souvent difficile. Lors de mésothéliome à localisation abdominale, un des signes d’appel est la distension abdominale, associée ou pas à un œdème sous-cutané. - La présence de liquide jaune clair, ou rougeâtre selon les cas, en quantité abondante explique cette distension abdominale. - Une échographie abdominale permet de visualiser le liquide péritonéal, ainsi que les nodules. - Avec la paracentèse, dont l’interprétation est parfois délicate (il s’agit ici d’un transsudat modifié), l’examen échographique est l’examen complémentaire de choix pour préciser le diagnostic.
test clinique - un cas de mésothéliome chez une montbéliarde Encadré - Analyse histologique des lésions hépatiques (Service anatomo-pathologique de l’ENVT)
Nature de l’échantillon : foie Technique/lot : histologie conventionnelle ● ●
Résultats Deux fragments hépatiques examinés : 1. En surface de l’un des deux fragments hépatiques, présence d’un tissu néoformé de nature tumorale développé à partir de la séreuse sous forme d’une plage de cellules polygonales, épithélioïdes, soutenues par une trame fibrillaire grêle, siège de remaniements fibrino-nécrotiques. Les cellules tumorales sont dotées d’un noyau central rond et régulier, euchomatique, et d’un cytoplasme clair étendu (négatif au PAS). Les atypies cytonucléaires sont marquées (anisoca-
●
ryose, binucléation), les figures de mitose sont occasionnelles. 2. Le second prélèvement hépatique est le siège d’une infiltration tumorale des capillaires sinusoïdes avec nombreuses emboles lymphatiques et veineuses, accompagnées d’une nécrose hépatocytaire multifocale extensive et avec fibrose interstitielle, atrophie hépatocytaire sévère et infiltration lympho-plasmocytaire modérée. Les cellules tumorales sont cohésives, sous forme d’amas de cellules polygonales très atypiques (anisocytose et anisocaryose marquées), dont la plupart comportent une volumineuse vacuole de mucines dans leur cytoplasme repoussant le noyau
● Parfois, les nodules présents sur les organes sont perceptibles à la palpation transrectale [3]. Les examens complémentaires, hématologiques ou biochimiques, permettent de hierarchiser parmi les hypothèses diagnostiques : si la numération formule sanguine (NFS) et/ou le taux de fibrinogène et/ou les protéines totales et l’albumine sont fortement modifiés, les hypothèses infectieuses et/ou inflammatoires, type RPT sont privilégiées. Lors de mésothéliome, les paramètres mesurés (formule-numération, urée, ASAT, protéines totales, albumine) sont peu ou pas modifiés [2, 6]. En dernier ressort, la laparotomie permet également de préciser le diagnostic. N.B. : Dans ce cas clinique, l’atteinte pleurale ne s’accompagnait pas de symptômes respiratoires. ● L’origine du liquide dans les grandes cavités ne peut être déterminée : celui-ci pourrait être lié à une production abondante par les cellules néoplasiques. Une insuffisance de drainage lymphatique ou une inflammation exsudative des séreuses du fait de la présence des cellules tumorales sont également les explications classiquement proposées [2]. ● La confusion est fréquente, devant le tableau clinique considéré, avec une réticulite traumatique plus ou moins chronique ainsi toutes les causes responsables d’un syndrome d’Hoflund. Le dosage du fibrinogène sanguin et une analyse bactériologique du contenu abdominal peuvent alors être utiles pour réaliser le diagnostic différentiel. Celui-ci doit également prendre en compte toute cause d’ascite, qu’elle soit d’origine cardiaque (péricar-
en périphérie (aspect de cellules en “bague à chaton”, contenu cytoplasmique positif au PAS). Quelques emboles capillaires sont également observés sur le premier fragment hépatique. 3. Les deux fragments hépatiques révèlent également une cholangiohépatite chronique modérée avec fibrose portale, prolifération biliaire et infiltration lymphoplasmocytaire. Conclusion 1. Aspect microscopique compatible avec un mésothéliome. 2. Métastases hépatiques d’un adénocarcinome mucipare (d’origine digestive ?).
dite, endocardite, cardiomyopathie, surtout chez les veaux) ou pulmonaire (pneumonie suppurée thrombosante suite à une thrombose de la veine cave postérieure, pneumonie chronique) [7]. La suspicion de mésothéliome peut être forte lors d’épanchement dans plusieurs cavités sans hyperthermie associée. ● Dans ce cas, le diagnostic histologique (réalisé par le service d’anatomie pathologique de l’ENV Toulouse) a mis en évidence deux types de tumeur : un mésothéliome et un adénocarcinome. La présence concomitante de ces deux cancers est exceptionnelle. En outre, la différenciation histologique entre ces deux processus tumoraux est délicate [11]. En effet, les cellules mésothéliales peuvent se développer en deux types cellulaires : cellules mésenchymateuses et cellules épithéliales. Lorsque les cellules néoplasiques se développent en cellules épithéliales, la confusion est alors possible avec un adénocarcinome. ● Dans ce cas, l’observation de métastases vasculaires et lymphatiques est surprenante car l’extension d’un mésothéliome se fait le plus souvent par contiguïté ; de plus c’est une tumeur très rarement métastatique. La lésion analysée était située dans le parenchyme hépatique alors que les nodules, lors de mésothéliome, sont le plus souvent superficiels. CONCLUSION
Références 1. Beytut E. Metastatic sclerosing mesothelioma in a cow. Aust Vet J 2002;80:409-11. 2. Francoz D. Un cas de mésothéliome chez une vache Holstein. Point Vet 2002;222:64-7. 3. Girard CA, Cécyre A. Diffuse abdominal epithelioid mesothelioma in a cow. Can Vet J 1995;36:440-1. 4. Head KH. Tumours of the alimentary tract. In: Moulton JE; ed. Tumours in domestic animals, 3rd ed. Los Angeles: University of California Pr 1990:347-435. 5. Lamblin B. Les tumeurs des bovins : revue bibliographique et étude rétrospective de 78 cas diagnostiqués à l’ENVT entre 2001 et 2008. Thèse médecine vét, Toulouse 3, 2010:133. 6. Magnusson RA, Veit HP. Mesothelioma in a calf. J Am Vet Med Assoc 1987;191:233-4. 7. Milne DH, Mellor DJ, Barrett DC, Fitzpatrick JL. Observations on ascites in nine cattle. Vet Rec 2001;148:341-4. 8. Misdorp W. Tumours in calves: comparative aspects. J Comp Pathol 2002;127:96-105. 9. Pizzaro M, Brandau C, Sanchez MA, Flores JM. Immunocytochemical identification of a bovine peritoneal mesothelioma. Zentralbl. Veterinarmed A. 199239: 476-80. 10. Schamber GJ, Olson C, Witt LE. Neoplasms in calves (Bos Taurus). Vet Pathol 1982;19:629-37. 11. Sutton RH. Mesothelioma in the tunica vaginalis of a bull. J Comp Pathol. 1988;99:78-82. 12. Takasu M, Shirota K, Uchida N, coll. J Vet Med Sci 2006;68:519-21. 13. Wolfe DF, Carson RL, Hudson RS, coll. Mesothelioma in cattle: eight cases (1970-1988) J Am Vet Med Assoc 1991;199:486-91.
Remerciements aux Services de Pathologie du Bétail et d’Anatomo-pathologie de l’ENVT.
Ces constatations, associées à la compétence et à l’expérience du service responsable de l’examen histologique, sont plutôt en faveur de la réalité de la présence de deux processus tumoraux. ❒
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disponible sur www.neva.fr LE NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé vol 6 / n°24 AOÛT 2013 - 149