Alain Le Beuze
Brasure
Éditions ApogÊe
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« C’est peut-être l’attente qui fait le lieu. Tout ce que le corps et le regard y mettent de vie pressentie et promise. » Jacques Ancet
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Impatience du sable
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Ici la nuit tarde à se dire les nuages tâtonnent dans les gris la mer a cessé de tisser le linceul des vents elle a fui ravie par des rêves hauturiers des ganivelles cavalent dans les dunes refusant les mauvais conseils du sable échappée vers cette nuit qui tarde à frapper les trois coups
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C’étaient ciels bousculés plages insomnieuses et dunes inquiètes sous le ressac des oyats piétinant leur fuite c’était un temps besogneux à taquiner les vieilles croyances à dégriser la mer et à lui arracher des aveux c’était un hiver cambré où les sentiers s’envolaient sous les rafales de pluies la lumière mise à distance par ce gris questionnant la nuit et l’ombre percluse des palissades radotant à chaque ration de vent ses douleurs sa mémoire menue c’était 12
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Les veneuses marées éventrent sans vergogne les dunes de sable vergeturées de valaises et dézipent les palissades zébrées qui encombrent la vue et brisent le revif de l’effarouché chemin La mer maraude meurtrit ses aveines roucoulantes dans le caillé de la vase où crève le calfat et la pluie rapineuse qui rapplique en oblique pique ses idéogrammes dans les vasières et se prend pour une bateleuse d’une rapsode moraine
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Palissades à l’affût de la fugue des dunes ayant lâché bride l’empreinte de leurs ombres renaude l’exil du sable l’inclinaison du ciel à briser toute résistance
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Dans l’hiver archivant ses tempêtes les chemins tiennent à peine sur ces landes où les guenilles du jour ne nous protègent pas de la nuit tout ici se mutine et se mutile au-dessus des eaux impatientes le ressac des jours remis en jeu remue en nous
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Là-bas des vestiges de palis s’exondent de l’impatiente transhumance des dunes points de suspension d’une frontière en exil ultimes sentinelles d’ombre encore soudoyées par des vents bonimenteurs
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