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C’est sous cette formule évocatrice que la nouvelle édition du catalogue du Musée de Bretagne voit le jour, reprenant le titre de sa nouvelle exposition et prolongeant ainsi sa démarche d’ouverture et de partage des connaissances. Cet outil de référence, qui retrace l’histoire de la Bretagne des origines à nos jours sous le regard scientifique d’une nouvelle génération de chercheurs, propose une approche chronologique et interdisciplinaire qui atteste de la volonté du Musée de Bretagne de promouvoir la culture bretonne dans ses dimensions plurielles. Plus qu’un simple catalogue d’exposition, ce livre se veut le témoin d’une identité bretonne en mouvement. Présentée sous ses multiples facettes à la lueur des collections du Musée de Bretagne, elle se révèle ici à l’intention des curieux et des passionnés.

ISBN : 978-2-84398-257-6 26 €

BRETAGNE EST UNIVERS Catalogue du Musée de Bretagne

APOGÉE • PRESSES UNIVERSITAIRES DE

RENNES

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Les auteurs

Stephan Hinguant – Chargé d’opération et de recherche à l’INRAP – UMR 6566 « Civilisation atlantique et archéosciences », CNRS Rennes Gregor Marchand – Chercheur au CNRS – UMR 6566 « Civilisation atlantique et archéosciences », CNRS Rennes Jean-Yves Tinevez – Ingénieur d’études, DRAC Bretagne, SRA – UMR 6566 « Civilisation atlantique et archéosciences », CNRS Rennes Christine Boujot – Ingénieur de recherche, DRAC Bretagne, SRA – UMR 6566 « Civilisation atlantique et archéosciences », CNRS Rennes Maréva Gabillot – Chargée de recherche au CNRS – UMR 5594 « Archéologie, cultures, sociétés », CNRS Dijon – Chercheur associé à UMR 6566 « Civilisation atlantique et archéosciences », CNRS Rennes Yves Menez – INRAP – UMR 6566 « Civilisation atlantique et archéosciences », CNRS Rennes Olivier David – Maître de conférences en Géographie, Université Rennes 2 Daniel Pichot – Professeur d’Histoire médiévale, Université Rennes 2 Yves Morice – Docteur en Histoire médiévale Michel Brandhonneur – Docteur en Histoire médiévale Gauthier Aubert – Maître de conférences en Histoire moderne, Université Rennes 2 Yann Lagadec – Maître de conférences en Histoire moderne, Université Rennes 2 Jean-Pierre Lethuillier – Maître de conférences en Histoire moderne, Université Rennes 2 Luc Capdevila – Maître de conférences en Histoire contemporaine, Université Rennes 2 Jacqueline Sainclivier – Professeur d’Histoire contemporaine, Université Rennes 2

© Éditions Apogée/Presses Universitaires de Rennes ISBN 978-2-84398-257-6 ISBN 978-2-7535-0408-0


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INTRODUCTION Espace et société en Bretagne « Il n’y a membre en tout l’Occident de si grande importance pour le regard des affaires générales du monde […] que la possession de la Bretagne, pour autant qu’elle est située, comme un centre au milieu de sa circonférence, tant par mer que par terre, entre tous les États de l’Occident, à savoir Espagne, France, Angleterre, Irlande et tous les Pays Bas ». Lettre de Yves Gournil, morlaisien, à Philippe II, roi d’Espagne (1592)

Située entre les 47e et 49e degrés de latitude nord, en position de « finisterre » occidental du continent européen, avec sa configuration péninsulaire, la Bretagne porte tous les caractères d’une région sous forte influence maritime. Cette situation géographique, tant convoitée à l’époque moderne, contraste avec son degré de périphéricité actuel. Son éloignement du centre de gravité démographique et économique européen, sa relative dépendance des pôles d’activités et décisionnels français, la placent au rang des régions dites périphériques alors que paradoxalement elle jouxte l’une des voies maritimes les plus fréquentées du globe. Cette réalité s’explique à la fois par la géographie et l’histoire de cette portion du territoire français, par l’évolution récente de ses composantes démographiques, sociales, culturelles et économiques. La société bretonne, son rapport au milieu naturel et à l’environnement, ses choix de développement, ont participé progressivement à la construction d’une configuration géographique et territoriale propre, dont la lecture est essentielle pour comprendre la région. L’ambiguïté du terme « région » implique toutefois d’en préciser les limites, ce qui constitue un exercice

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difficile. L’histoire de la construction territoriale de la Bretagne, de ses origines à aujourd’hui, a donné lieu à plusieurs découpages frontaliers différents les uns des autres. Les limites administratives contemporaines, nées d’un découpage arbitraire, seront ici largement dépassées pour observer une étendue plus vaste, plus cohérente d’un point de vue naturel et paysager, sur le plan démographique, social et économique, coïncidant approximativement avec le découpage historique des anciennes provinces françaises. TERRES

OCÉANIQUES

Au cœur de l’Europe tempérée océanique, l’ambiance climatique est l’un des premiers caractères d’unité de l’espace breton. Baignée par les eaux de l’océan Atlantique et de la Manche, la péninsule bénéficie d’un climat particulièrement doux, sans excès, avec des températures moyennes annuelles comprises entre 11 et 12 degrés. Cela constitue une exception climatique par rapport à sa position latitudinale, équivalente à celle de Saint-Pierre-et-Miquelon, et s’explique par l’existence d’un courant marin transportant des eaux

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tièdes au large des côtes. De ce fait, les hivers sont frais et les étés sont doux. Le climat est également marqué par une humidité constante, due à la fréquence des précipitations. S’il pleut moins à Rennes qu’à Nice, les pluies sont régulières sur l’ensemble de l’année, provoquant des précipitations très fines qui peuvent ennoyer l’horizon en toute saison. Les vents, parfois violents, soufflent fréquemment sur les littoraux, mais portent également l’humidité océanique au plus profond des terres bretonnes au passage de chaque perturbation. La lourdeur des reliefs, issue de l’érosion du Massif armoricain, vieil édifice hercynien, se traduit par une monotonie d’ensemble ou règne la platitude et la régularité des surfaces. Les paysages sont dominés par de larges plateaux, entaillés de cuvettes plus ou moins grandes et de quelques vallées dégagées par les principales rivières de la région. Des lignes de crêtes plus élevées les surplombent, donnant naissance aux « montagnes » intérieures, où l’altitude accentue l’humidité et où le vent contraint les possibilités de mise en valeur. Les littoraux voient alterner des anses

sableuses, des côtes rocheuses, et des vasières. La falaise constitue néanmoins la forme de relief dominante. Les échancrures littorales sont nombreuses, dégageant de larges rias, dont le rôle a été important dans le peuplement et l’organisation de l’espace. Les paysages sont verdoyants et l’arbre est omniprésent. Paradoxalement, les étendues forestières sont réduites (moins de 10 % de la surface), dominées par la chênaie-hêtraie caractéristique du domaine tempéré. Là où les sols sont pauvres, lessivés, acides, la lande atlantique, formée de bruyères et d’ajoncs, se développe largement. Lorsque les conditions topographiques et pédologiques sont plus favorables, l’ancienne mise en valeur agricole a produit des paysages d’enclos. Le bocage, associé à une dispersion de l’habitat, développe ses haies vives et dégage un maillage de parcelles plus ou moins dense, dans lequel serpentent des chemins creux. La modernisation et la mécanisation récente de l’agriculture a chahuté, voire déstructuré dans certains endroits, un patrimoine paysager vieux de plusieurs siècles.

Le bocage breton.

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Port-Bélon – Négatif sur film – Atlantic-Aviation, Port-Bélon (Finistère), 1975-1980.

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Céramiques, éléments architecturaux et objets du quotidien gallo-romains présentés au Musée de Bretagne.

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L’époque gallo-romaine

La recherche archéologique et historique a souffert en Bretagne, jusqu’au dernier tiers du 20e siècle, d’une indifférence pour les Gallo-Romains, éclipsés entre les mégalithes et les Bretons, tous plus ou moins englobés sous l’appellation de Celtes. Comparativement à d’autres régions où les fouilles mettaient au jour des vestiges, le nombre et la diversité des témoignages dans le Finistère, les Côtes-d’Armor, l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan furent faibles, la Loire-Atlantique étant

moins touchée par ce manque de curiosité. En conséquence, a durablement prévalu l’idée d’une faible romanisation : peu de textes épigraphiques (les inscriptions gravées dans la pierre), peu de monuments visibles, des campagnes vides d’hommes et couvertes de forêts, etc. Depuis, prospections aériennes, fouilles de sauvetage, fouilles programmées (plus rares) ont permis d’améliorer notre connaissance de l’antiquité des cinq départements bretons.

Chantier de fouilles archéologiques sur l’emplacement de l’ancien collège de l’Immaculée, rue de la Visitation à Rennes (Ille-et-Vilaine), novembre 2004.

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La navigation de Saint Brendan. L’Image du monde – Parchemin, enluminure – 1304

Composé en France au tout début du 14e siècle, ce manuscrit regroupe les quatre encyclopédies les plus en vogue à l’époque dont L’Image du monde, rédigée en langue française au milieu du 13e siècle. Cette version se caractérise par la grande importance accordée à Saint Brendan. À la tête d’un groupe de quatorze moines il accomplit une navigation de sept ans qui le conduisit en Enfer et au Paradis. Cette navigation, relatée au milieu du 10e siècle par un certain Scottus a profondément marqué l’imaginaire médiéval. MS 593, f.54 – Bibliothèque de Rennes Métropole.

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Sarcophage – Schiste – 6e-7e siècle – Retiers (Ille-et-Vilaine)

Le nom d’origine germanique Welita gravé sur l’une des dalles du sarcophage était placé à l’extérieur de cette dernière, face contre terre, signe sans doute d’une réutilisation postérieure de tout le panneau. La croix de Saint André qui lui est associée, tout comme l’orientation est-ouest du sarcophage, indique une sépulture chrétienne. La forme des lettres et l’étude globale de l’écriture permettent de dater ce sarcophage de l’époque mérovingienne. Dépôt de l’État, SRA Bretagne.

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Jeton des États de la Ligue (1594) – Argent, cuivre, métallurgie, frappé – 1594

Ce jeton émis par les membres ligueurs des États de Bretagne met en scène le symbole de l’hermine. Apparue dans les blasons bretons au cours du Moyen Âge, elle prend ici une forme animale et l’on parle alors d’hermine passante.

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La Bretagne province française (1532-1789)

De 1532, année de l’édit unissant le duché de Bretagne au royaume de France, jusqu’à la Révolution, les Bretons ont été sujets des rois de France. De cette époque dite « moderne », des traces matérielles sont parvenues jusqu’à nous, du prestigieux palais du Parlement aux outils de tisserands anonymes, des fines porcelaines débarquées à Lorient aux robustes armoires paysannes, autant de témoins de deux siècles et demi durant lesquels cette vaste province vécut entre l’appel du large et les impératifs politiques de la puissante dynastie française. L’ «

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Intégration et compromis Après l’Édit d’union de 1532, le processus d’intégration au royaume qui s’amorce est très progressif. Il en va ainsi de la pénétration de la langue française dans la zone bretonnante qui se fait, au-delà d’une frontière linguistique alors relativement stable, par les villes et les élites, par capillarité, le français étant la langue de l’administration, du pouvoir, celle qu’il faut maîtriser pour commercer et s’élever dans la société.

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Sur le plan politique, l’intégration semble pourtant remise en cause en 1589 quand, dans le contexte français de la guerre de la Ligue, le très catholique duc de Mercœur, gouverneur de la province, fait de Nantes la capitale d’une Bretagne qui refuse pour roi le protestant Henri IV. L’entrée de ce dernier en 1598 à Nantes – d’où le fameux édit – marque la fin de l’aventure et des éventuels mais peu probables rêves de retour à l’indépendance. En effet, même les représentants des ligueurs bretons ont tenu à manifester leur attachement au royaume de France. Un demi-siècle plus tard, la Fronde ne connaît, de plus, aucun développement significatif en Bretagne. Il faut dire que les élites, et particulièrement les nobles, ont été les grands bénéficiaires en même temps que les premiers artisans de l’intégration politique du duché au royaume. Au milieu du 16e siècle, la refonte par Henri II du système judiciaire, avec notamment la création de présidiaux à Nantes, Quimper, Rennes et Vannes, coiffés par un parlement à Rennes, offre de nombreuses possibilités de carrières. Devenir magistrat, c’est en effet devenir officier du roi par l’achat d’une charge vénale et héréditaire qui,

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du fait d’une forte demande, constitue un investissement très rentable. Les riches bourgeois y trouvent aussi des privilèges, l’anoblissement que confèrent certains offices très prestigieux comme ceux du Parlement n’étant pas le moindre. La gentilhommerie bretonne ne dédaigne pas non plus, loin s’en faut, ces rentables offices. Ces derniers ont même été, avec la terre, pour nombre de familles de la moyenne et la petite noblesse, les clefs de la fortune. À Rennes, capitale administrative, le Parlement de Bretagne a ainsi généré un milieu nobiliaire globalement loyaliste, à l’image de ces Bourgneuf de Cucé qui le président presque sans discontinuer de 1570 à 1660 et dont les racines familiales sont à chercher dans la bourgeoisie rennaise du temps des ducs. Ce loyalisme n’est pas sans importance car, dans cette province sans intendant, c’est le Parlement qui constitue le premier pouvoir civil : ses compétences sont non seulement judiciaires, mais aussi administratives et il peut, de plus, à l’instar de tous les parlements du royaume, s’opposer à une loi du roi en vertu de son droit de remontrance. Achevé en 1655, le palais du Parlement, œuvre de l’architecte parisien Salomon de Brosse, est ainsi symbolique tant de la grandeur de l’institution que de son rôle de relais d’un pouvoir royal encore assez peu exigeant. L’image d’une intégration politique en forme de compromis entre le roi et les élites bretonnes apparaît de manière plus nette encore aux États de Bretagne. Cette assemblée qui se réunit tous les ans, puis tous les deux ans, et où ne sont présents que des notables des trois ordres (clergé, noblesse, tiers état), occupe en effet un rôle essentiel dans le processus d’intégration. C’est là en effet que se joue, en 1532, la partie qui conduit François Ier à promouvoir l’Édit d’union en échange du maintien des privilèges propres à la Bretagne, notamment en matière fiscale. Les États apparaissent ainsi comme le lieu où se déroule un jeu subtil qui permet de

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satisfaire bon an mal an les deux parties. Les États de Bretagne sont en effet dominés par une haute noblesse bretonne militaire sur laquelle le roi s’appuie pour contrôler la province. Or c’est aux États que se décident non seulement le montant de l’impôt pour le roi mais également ses modalités de perception. Dès lors les États s’opposent à l’introduction de l’impôt sur le sel (la gabelle) et contiennent l’impôt direct (le fouage), d’où une sous-fiscalisation qui permet aux seigneurs et propriétaires fonciers d’avoir une plus grande latitude pour augmenter leurs propres prélèvements. La charge fiscale est essentiellement reportée sur les taxes sur le vin, impôt indirect plus indolore. Ainsi se dessinent les contours du compromis qui caractérise la vie politique bretonne, satisfaisant le roi – qui obtient de l’argent et la paix dans la province – tout en profitant aux élites, noblesse en tête. Or tout cela n’est tenable que parce que la conjoncture économique est alors très favorable. De manière révélatrice, la Bretagne ne connaît guère les violentes révoltes antifiscales qui caractérisent les années du ministériat de Richelieu, d’où l’impression d’un certain « âge d’or » politique, inséparable, néanmoins, de l’ « âge d’or » économique. « Petit Pérou » ! Cette expression qu’emploie à la fin du 16e siècle le gouverneur de Vitré pour caractériser la Bretagne est certes excessive, mais elle permet de souligner combien cet « âge d’or » de la Bretagne est d’abord lié à la prospérité économique de la province aux 16e et 17e siècles. De manière révélatrice, cette période est ainsi marquée par un sensible essor démographique : la Bretagne, avec 1,2 million d’habitants vers 1500 et près de 2 millions à la fin du 17e siècle, représente environ 10 % de la population du royaume. Ceci place la province au niveau de densité de l’Italie du Nord ou des Pays-Bas, parties alors les plus développées d’Europe.

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Coffre à grains – Chêne mouluré et sculpté – Cornouaille, 1631.

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à la nouvelle donne économique, et notamment à la concurrence belge ou silésienne, la proto-industrie toilière bretonne entre alors dans une crise qui lui sera fatale à terme. Au total, la Bretagne d’avant 1789 n’est plus, en nombre de domaines, qu’un souvenir lointain en 1815. La Province aux neuf évêchés a cédé la place à cinq départements. Le clergé et la noblesse, les deux premiers ordres du royaume de Louis XVI, ont perdu leurs privilèges quand bien même leur engagement

contre-révolutionnaire leur a sans doute permis d’asseoir plus profondément encore leur domination sur les campagnes. Certes, dans ces campagnes, les structures sociales et économiques n’ont guère été modifiées. Partout cependant, la mémoire des événements de la guerre civile reste très forte. Régulièrement désormais, l’opposition entre « bleus » et « blancs » sera amenée à rejouer, en de pâles répliques de 1793 : ainsi lors de la « petite chouannerie » de 1815, lors de l’insurrection en 1832, pour une part aussi lors de la crise des inventaires en 1906.

Carte de Bretagne divisée en cinq départements – Gravure au burin, lavis – Éditions Jean, Paris,1799-1800 (an VIII).

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Plage de Penthièvre en SaintPierre-Quiberon – Affiche publicitaire, L. Charbonnier, Paris, vers 1905.

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Calendrier publicitaire Lefèvre-Utile – Chromolithographie – Nantes, 1904

Cette illustration évoque le pavillon LU Lefèvre-Utile à l’Exposition Universelle de 1900 : il reprend la façade principale du bâtiment nantais flanqué des deux tours, qui dominèrent le paysage urbain et participèrent à la renommée de la marque pendant près d’un siècle. À la qualité et la diversité des biscuits proposés par LU, la marque associe très tôt des créations publicitaires confiées aux grands noms de l’affiche : Mucha, Firmin Bouisset, Cappiello. Lors de l’Exposition Universelle de 1900, la maison LU obtient l’unique grand prix attribué à la biscuiterie française.

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dans l’industrie ou dans les infrastructures qui lui étaient indispensables, fait aussi des choix qui dépassent les intérêts locaux, à l’instar du tracé des lignes de chemins de fer, dicté par des considérations stratégiques. Et le patronat lui-même prend parfois des options aberrantes du point de vue breton : celui de la conserverie décide à la fin du 19e siècle d’investir et de créer une concurrence… en Espagne ! Au total, la région est sous-industrialisée, malgré les exceptions que sont la Basse-Loire et quelques centres urbains. Démographie et misère Ce développement n’a jamais permis d’absorber la croissance démographique de la province. Plus lente

que la croissance française au 18e siècle, elle est devenue plus forte, assurée par des taux de natalité et de fécondité élevés, et qui le resteront jusque dans la deuxième moitié du 20e siècle. D’environ 2,2 millions d’habitants en 1801, la Bretagne passe à 3,3 millions en 1911, sans compter ceux qui sont allés s’installer ailleurs. La densité de population est très supérieure à la moyenne française. Une part des ruraux a gagné le littoral, l’Armor, répondant au besoin de main-d’œuvre des ports, des conserveries, etc. Cela ne suffit pas. Partout la vie est faite de labeur et d’économie pour le plus grand nombre. Une élite rurale parvient à une réelle aisance, à l’instar des Juloded du Léon, paysans et marchands de toile devenus des notables ; mais

Cheminots au travail – Négatif sur verre – Raphaël Binet, Rennes (Ille-et-Vilaine), deuxième quart du 20 e siècle – Vue de l’atelier d’ajustage de la gare de Rennes, rue Pierre-Martin.

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beaucoup de destins individuels et familiaux sont guettés par la misère, la « Chienne du Monde ». Habitat médiocre, hygiène et encadrement médical très insuffisants avec, en cortège, rachitisme, idiotisme, tuberculose, sans parler d’une consommation d’alcool multipliée par sept ou huit au cours du 19e siècle et qui, à la veille de la Première Guerre mondiale, est supérieure des deux tiers à la moyenne française. En 1950, les conditions matérielles se sont améliorées mais la majorité des campagnes ignore encore l’eau courante et l’électricité. C’est par milliers que la statistique administrative du 19e siècle compte indigents et mendiants. L’homme en haillons deviendra un sujet de choix pour la carte postale naissante, rencontrant les faveurs d’un public acquis d’avance à l’idée de la pauvreté bretonne. On comprend que l’arrivée du chemin de fer ait offert un exutoire tentant. Après 1850, les départs sont nombreux : migrants qui partent vers d’autres ports (Le Havre, Toulon), les mines lorraines, la Dordogne dans les années 1920, mais surtout Paris, comme ces filles qui vont trouver une place comme domestique dans la capitale : une bonne sur quatre, au début du 20e siècle, est bretonne ! À l’image du mendiant s’ajoute celle de Bécassine, née dans La Semaine de Suzette en 1905. Elle fait sourire mais, sur place, ces départs sont vécus comme des traumatismes, sources de déchirements et d’inquiétudes entretenues sur le sort de ceux et, surtout, de celles qui sont partis. Une Bretagne passéiste ? Depuis longtemps, la littérature a tracé un portrait qui ne s’effacera que difficilement. Des Mémoires d’Outre-Tombe (1841) de Chateaubriand aux Souvenirs d’enfance et de jeunesse (1883) de Renan, la Bretagne est à la fois triste et pieuse. Dans ses romans bretons, Balzac crée des types significatifs : l’aristocrate qui déplore la ruine de l’Ancien Régime ; le

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paysan brutal, illettré, borné, mais attaché à la foi catholique (le formidable et cruel Marche-à-Terre des Chouans, 1833). Ce qui naît sur ce terreau du souvenir chouan, de la pauvreté et de l’archaïsme économique, est connu : le commun amour supposé pour le roi et la religion, qui réunit les classes au lieu de les séparer. Le poncif peut servir à beaucoup, dans et hors de la province, adversaires ou partisans de la monarchie et de l’Église. Ceux qui servent la culture bretonne ne le démentent pas. Ainsi pour la collecte des complaintes en breton, les gwerzioù, dont Hersart de la Villemarqué publie un échantillon dès 1839 avec le Barzaz Breiz. L’objectif de cet effort, mené notamment par l’aristocratie, est de valoriser une société que les idées des Lumières, la démocratie et l’instruction n’ont pas « gangrenée ». Elle renverse les jugements de valeur d’un Balzac, non les termes du constat. À la fin du siècle Théodore Botrel donnera une forme populaire à ces images d’une Bretagne pieuse et résignée (La Paimpolaise, 1895). Bien plus valorisant, rétrospectivement, est le passage de peintres en Bretagne, à Pont-Aven notamment : groupant des artistes français ou étrangers, dont plusieurs Américains, dès les années 1870, le village voit Paul Gauguin, Paul Sérusier ou Émile Bernard, pour ne citer que les plus connus, s’y installer vers 1886 ; mais lorsque Gauguin vient à Pont-Aven, il s’en explique ainsi : « J’aime la Bretagne. J’y trouve le sauvage, le primitif. Quand mes sabots résonnent sur ce sol de granit, j’entends le son sourd, mat et puissant que je cherche en peinture ». Caricaturales dès le début du 19e siècle, ces images vont de moins en moins correspondre à la réalité. En témoigne par exemple le spectaculaire progrès de la scolarisation et de l’alphabétisation bretonnes. Indiscutablement en retard au 18e et encore dans la première moitié du 19e siècle, les départements bretons vont se hisser au meilleur niveau français.

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Chanson sur feuille volante, Yann-la-goutte – Zincographie coloriée au pochoir – Théodore Botrel, imprimerie Pellerin, Epinal, vers 1895-1900

Théodore Botrel met son talent au service de la lutte contre l’alcoolisme, en créant le personnage du marin Yann-la-goutte, pour l’Almanach du marin breton. Dès la seconde moitié du 19 e siècle, l’abus d’alcool est dénoncé conjointement par les pouvoirs publics, l’Eglise, les sociétés de bienfaisance. Tous les moyens sont bons pour toucher le buveur, dont le comportement inspire le mépris : affiches, images populaires, chansons et pièces de théâtre édifiantes cherchent à lutter contre ce fléau qui mine le quotidien. Théodore Botrel fustige, au travers de chaque vignette, les méfaits de l’alcoolisme, qui font tour à tour de Yann-la-goutte, un mauvais citoyen, un mauvais chrétien, un mauvais mari et un mauvais père.

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est faite au bord du ruisseau ou au lavoir le plus proche. Dans les fermes les plus isolées cette situation dure parfois au-delà de 1970. L’habitat est souvent ancien et vétuste ; vers 1960, plus de la moitié des fermes datent d’avant 1871. Enfin, plus de la moitié des agriculteurs indépendants ou salariés vivent en 1962 dans des logements surpeuplés. Il est donc indispensable de moder-

niser l’ensemble des bâtiments de la ferme ; c’est dans ce contexte que EDF lance en 1957 l’expérience des fermes-pilotes. Il s’agit d’aménager l’habitat rural, de créer un cadre fonctionnel. Pour inciter à ces transformations, EDF s’adresse aux hommes pour les bâtiments de ferme et aux femmes pour l’aménagement intérieur de la maison d’habitation et en particulier pour la cuisine. Les prospectus montrent une cuisine modèle « tout-électrique » : éclairage, réfrigérateur, plaques électriques, eau courante, machine à laver le linge, chauffe-eau électrique, cafetière électrique, etc. En 1961, 3 % des ménages agricoles bretons ont effectivement un réfrigérateur, 8,5 % une machine à laver mais pour l’ensemble de la France les chiffres sont respectivement de 14 et 20 %. La ferme-modèle introduit le confort, la propreté avec la fin des sols en terre battue, qui subsistent cependant jusqu’au milieu des années 1970, en particulier dans le centre de la Bretagne. Ce confort nouveau qui se généralise progressivement sur plus d’une décennie allège la tâche domestique des femmes et leur permet de se tourner vers les autres activités de la ferme dont la gestion de l’exploitation. PRODUCTIONS

Dépliant L’électricité ménagère à la ferme – Éditions Sodel, Imprimerie Chaix, Paris, années 1950

Alors que bon nombre de fermes ne disposent dans les années 1950 que d’un équipement ménager sommaire, voire très ancien, l’iconographie de ce document présente une fermière très urbanisée, suréquipée d’articles fonctionnant à l’électricité. Seules les poutres évoquent une construction ancienne.

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E T I N D U S T R I E S AG R O - A L I M E N TA I R E S

À partir des années 1960, la production agricole bretonne se tourne de plus en plus vers la production animale : vaches laitières, porcs et volailles, tandis que se développe une production de fruits et légumes hors sol. La croissance des rendements et de la qualité témoigne de l’ampleur de la révolution agricole que la Bretagne a connue. Ces productions ont généré un secteur industriel profondément enraciné dans l’économie régionale dont la transformation, la modernisation étaient les plus porteurs d’avenir. Ces industries agro-alimentaires sont un véritable prolongement naturel de l’activité agricole bretonne et une source d’emplois. La plupart d’entre elles sont anciennes et remontent soit à l’avant-guerre,

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Petits pois Codec – Lithographie – Butin, vers 1960 – Société Codec, Audierne (Finistère)

Cette affiche évoque avec humour deux domaines économiques importants : les cultures maraîchères d’une part, puis dans un second temps la transformation de ces produits par le biais de la conserve. L’illustrateur a joué de l’anthropomorphisme à peine esquissé des petits pois, pour leur attribuer un territoire et une identité. Le slogan « Il sont nés en Bretagne ! » est illustré par des petits pois portant dès leur naissance un chapeau supposé breton ! Ce double signe marquant la provenance géographique, induit du même coup la qualité ; qui aurait cru que l’identité pouvait se cacher dans une gousse de petits pois !

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individuelles où, certes, les fraises sont toujours produites mais aussi, de plus en plus, des légumes comme les laitues et les tomates. Pour mieux commercialiser leur production, les coopérateurs prennent contact en 1975 avec les maraîchers de Brest et fondent avec eux la Société maraîchère de l’Ouest (label Saveol). Ils produisent aussi des concombres, des haricots, de l’ail, des fleurs, mais désormais la principale production est la tomate. Les industries agro-alimentaires en Bretagne ont contribué à dynamiser l’agriculture et elles jouent toujours un rôle-clé pour l’emploi. En 1982, elles employaient dans l’ensemble de la Bretagne plus de 66 000 personnes soit 15,8 % du secteur secondaire ; en 2003 avec plus de 70 000 emplois, elles pèsent le tiers des emplois industriels de la région.

Le radôme à Pleumeur-Bodou – Négatif sur film – Charles Barmay, Pleumeur-Bodou (Côtes-du-Nord), 17 août 1962 Le 10 juillet 1962 est lancé depuis Cap Canaveral (Floride, U.S.A.) le satellite Telstar. Le jour suivant, l’antenne de Pleumeur-Bodou capte lors du second passage de Telstar, les premières images émises depuis le nord des États-Unis. La première retransmission télévisée inter-continentale en direct vient de voir le jour.

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R E T A G N E

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INDUSTRIE

DE

MAIN-D’ŒUVRE

ET

DE

HAUTE

TECHNOLOGIE

Le développement de l’industrie bretonne de la seconde moitié du 20e siècle est issu de choix anciens mais aussi d’une volonté politique de l’État. Pendant longtemps, l’ensemble portuaire et industriel constitué par l’estuaire de la Basse-Loire a concentré l’essentiel de l’industrie régionale (sidérurgie, chantiers navals, etc.) et cela, malgré l’existence d’industries de transformation tout aussi anciennes telle l’industrie de la chaussure à Fougères. La politique d’aménagement du territoire a des répercussions importantes avec l’implantation de nouvelles spécialisations : les constructions électriques, l’électronique, l’industrie automobile. Il est révélateur que sur les 26 000 nouveaux emplois créés, plus de 19 000 le sont grâce à des primes accordées par l’État. Michelin à Vannes et Citroën à Rennes reflètent la volonté politique de déconcentration ; l’usine Citroën est largement créatrice d’emplois et les ateliers implantés en 1953 avaient montré l’impact de ce type d’établissement industriel sur la croissance de l’agglomération. La nouvelle usine implantée en 1961 emploie peu après dix mille personnes. D’autres entreprises comme CSF à Brest ou Le Joint français à Saint-Brieuc bénéficièrent également de ces primes mais elles n’eurent pas la même durée de vie. Relève de cette même politique l’implantation du CNET (Centre national d’études des télécommunications) à Lannion. C’est en 1960 que le directeur du CNET, Pierre Marzin, oriente l’implantation de celui-ci vers sa ville natale. Lannion a l’avantage de n’avoir aucun obstacle pouvant perturber la propagation des ondes tout en ayant un aérodrome à proximité facilitant les liaisons avec Paris. La réussite de cette transplantation dans une région où l’absence de matières premières rentables interdit toute industrie lourde,

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contribue à diffuser l’idée d’une « vocation électronique » de la Bretagne. Au début des années 1960, hauts fonctionnaires et hommes politiques nationaux et régionaux évoquent cette « vocation électronique » de la Bretagne. Le schéma projeté est séduisant ; il est prévu l’installation de centres de recherche fondamentale et appliquée qui doivent vivre en symbiose et permettre des applications industrielles concrètes. Pendant cette décennie, il s’agit moins en fait d’un mouvement de décentralisation que d’une suite d’opérations de déconcentration tendant à

s’appuyer plutôt sur le faible coût de la main-d’œuvre. Après cette première implantation de centres de recherche et d’entreprises dans les années 1960 et la crise des années 1970, s’effectue une reconversion des entreprises avec une transformation des produits offerts (fibre optique, numérisation) et des emplois proposés ; on recherche désormais des techniciens, des ingénieurs au détriment de la main-d’œuvre non qualifiée. De nouveaux produits ont vu le jour en Bretagne comme la télévision câblée ; Rennes a été la première ville câblée en mars 1987. C’est aussi à Rennes qu’est né le minitel. LE

Autocollant Je roule en Citroën j'aide ma région – Vers 1980

En 1951, l’entreprise Citroën acquiert des terrains destinés à la construction de la première usine rennaise du groupe. La production débute en 1953, les effectifs sont alors de 1 500 ouvriers. Dix ans plus tard, une seconde usine s’implante à Chartres-deBretagne (Ille-et-Vilaine), destinée à la production de la nouvelle Ami 6. L’usine ne va cesser de se développer, pour occuper, en 2005, 240 hectares et employer 10 000 personnes ; 1 800 véhicules sortent chaque jour des chaînes. L’impact économique de l’implantation de Citroën à Rennes a été considérable ; son rayonnement s’étend d’ailleurs bien au-delà du pays rennais.

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TOURISME

Le tourisme tient une place à part mais essentielle dans le secteur tertiaire breton. Dans le domaine touristique, la Bretagne dispose d’atouts importants : la mer (plage et plaisance), les paysages naturels, les monuments historiques (villes, églises, etc.). Le tourisme en Bretagne remonte à la fin du 19e siècle et attirait une clientèle aisée de Britanniques et d’Américains lors de deux saisons : une saison d’été et une saison d’hiver. Après la Seconde Guerre mondiale, le développement des congés payés, des moyens de communication et l’élévation du niveau de vie se conjuguent pour favoriser un tourisme de masse, surtout l’été. La croissance est telle que l’équilibre socio-économique traditionnel du littoral breton est rapidement menacé par l’explosion du phénomène touristique. La Baule en est l’archétype le plus net, qui voit son bord de mer se garnir d’immeubles modernes et être longé par un grand boulevard installant les nuisances de la ville sur un paysage naturel de dunes et de pins, qui n’est plus que béton. Les autres stations balnéaires sont également gagnées par cette soif de construction, seules les grandes stations anciennes (Dinard, Saint-Malo) résistent mieux car elles ont su, parfois tardivement, se protéger par des plans d’urbanisme. Le tourisme est certes saisonnier mais la

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06- Bibliographie

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TABLE DES MATIÈRES L ES

AUTEURS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2

P RÉFACE

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5

AVANT- PROPOS

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .7

I NTRODUCTION

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I. L A P RÉHISTOIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21 Du Paléolithique au Néolithique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Il y a très longtemps… 23 – Le Mésolithique 30 – Les premières sociétés paysannes 34

Les âges du Bronze et du Fer

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

L’âge du Bronze : un âge d’or armoricain 41 – L’âge du Fer 44

II. D E L’A RMORIQUE GALLO - ROMAINE À LA B RETAGNE DES C APÉTIENS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53 L’époque gallo-romaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Peuples et histoire 56 – Religion et culture : des dieux et des hommes 60 – Identités culturelles et culture matérielle 66

Le Moyen Âge

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

De l’Armorique à la Bretagne 73 – L’époque féodale 80 – Le temps des Monfort :« l’État breton » 86

La Bretagne province française (1532-1789)

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

L’ « âge d’or » de la Bretagne (1532-1661) 95 – Un paysage : la Bretagne de manoirs en chapelles 102 – Entre le roi et la mer (1661-1789) 108

III. L’ ÈRE CONTEMPORAINE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 La Révolution et l’Empire (1789-1815) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119 L’alliance entre bourgeois, recteurs et paysans : la Bretagne, à l’avant-garde de la Révolution 119 – Mars 1793 : la rupture entre la bourgeoisie patriote et les masses paysannes 121 – 10 années de guerre civile : l’alliance de la contre-révolution nobiliaire et de l’anti-révolution paysanne 124 – 20 années de guerre extérieure : tous perdants ? 126

L’entrée dans la modernité (1800-1950)

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133

En marge de la révolution industrielle ? 133 – Fondements et diversité de la Bretagne contemporaine 142 – Au jour le jour 149

L’entaille des deux guerres mondiales

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157

1914-1918, une région de l’arrière 157 – 1939-1945, une région atlantique, un finistère d’Europe 162

Après la Seconde Guerre mondiale

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173

La population 173 – Pêche et agriculture 174 – Productions et industries agro-alimentaires 176 – Industrie de main d’œuvre et de haute technologie 180 – Le tourisme 181 – Une culture catholique 183 – Une identité culturelle revendiquée 186

B IBLIOGRAPHIE TABLE

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189

DES MATIÈRES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191

R EMERCIEMENTS

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