Demain 17 heures Copacabana

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Voici contée l’histoire d’un coup de foudre irrépressible entre Yvanne, Bretonne très déterminée aux origines modestes, et Luís Antônio, intellectuel brésilien descendant d’une grande famille de propriétaires terriens. L’héroïne s’envole à destination du Brésil — pays contrasté entre volupté et misère, douceurs et cruautés — où elle nous embarque dans un décor somptueux : luxuriance tropicale de l’Amazonie, déserts écorchés du Nordeste, urbanisme démesuré de Brasília et Rio… L’amour est ici un concerto pour deux solistes qui ne met pas seulement en scène ces deux êtres à la sensualité vive et dévorante mais de nombreux personnages aux caractères bien trempés. Pour Yvanne, c’est une quête effrénée avec en filigrane, malgré le traumatisme de l’absence du père qu’elle n’a pas connu, la volonté de ressentir constamment les vibrations du monde. Guénane nous livre un quatrième roman très intense dont le souvenir ne nous quitte plus.

Guénane

Demain 17 heures Copacabana

D

« emain 17 heures […] Tachycardie violente, ma poitrine résonnait, mes tempes tressautaient mais je n’hésitai pas. »

Guénane

Demain 17 heures Copacabana

Éditions Apogée 18 € TTC

ISBN 978-2-84398-451-8

Éditions Apogée

Éditions Apogée

Née à Pontivy, Guénane a vécu douze ans en Amérique du Sud. Elle a publié quatorze recueils de poèmes aux Éditions Rougerie. Après Le Mot de la fin (2010) , La Guerre secrète (2011) , Dans la gorge du diable (2012) , Demain 17 heures Copacabana (2014) est son quatrième roman publié aux Éditions Apogée.


Collection « Piqué d’étoiles » créée par François Rannou, dirigée par Jacques Josse

Du même auteur : Le Mot de la fin, 2010 La Guerre secrète, 2011 Dans la gorge du diable, 2012

© Éditions Apogée, 2014 ISBN 978-2-84398-451-8


Guénane

Demain 17 heures Copacabana

Éditions Apogée


Même si ton enfance trébuche sache garder en poche une étoile de secours Guénane


Allegro presto



C’est toujours rempli d’étés chauds, l’enfance. Mi sol si sol la si sol la si mi si si la sol fa mi la si do la sol la si sol fa… Émue, je solfiais un concerto, la musique a toujours apaisé mon rythme cardiaque. Nous longions sans un mot les vestiges des marais salants et je revoyais le vaste quadrillé des œillets, ce joli nom des bassins où cristallise la fleur de sel. Gil devinait et respecta le silence complice. Derrière des buissons de tamaris se camoufle Ty Forn. La chaleur d’une cheminée et d’un saxo New Orleans nous accueillit. Nos hôtes habitaient Rennes, une maison cossue du beau quartier Sévigné, mais Pierre, lassé des canapés à franges et des tables juponnées, avait acheté cette longue chaumière où il avait tout orchestré : écru, coquille, ivoire, sable, mastic, beige, bistre, brun, ocre, terre de Sienne, élégance d’une seule note dans toutes ses nuances. Voisine de la cheminée, une piscine d’eau salée, liée au rythme des marées, que le maître faisait chauffer en même temps que son orgueil. C’était hélas marée basse. « Une raison de plus pour n’autoriser l’entrée en Bretagne qu’à la pleine mer ! » ironisa Pierre. 7


Discrets, des projecteurs satinaient les couleurs. Fanny revenait du marché les paniers prometteurs, s’étonna de l’absence de Luís Antônio et Tania, un couple venu du Nouveau Monde pour Saint-Pol-Roux. Je n’arrivais pas à y croire : alors que la plupart des Français ignorent tout du poète et le rangent plus près des Évangiles que de Camaret, des Brésiliens venaient pour saluer, comprendre, traduire celui qu’on appela le Magnifique et qui s’offrit le magnifique plaisir de se faire oublier. Je découvris, perdu sur un planisphère, São Luís do Maranhão, un point au bout du Nordeste brésilien, un peu avant les bouches de l’Amazone, environ deux degrés sous l’équateur. Gil, passionné par l’histoire des grands conquérants, m’expliquait les différentes phases de la colonisation, quand j’aperçus Luís Antônio, sa peau cannelle et ses yeux d’aigue-marine, suivi de Tania au regard anthracite. La samba, aidée par un vin des nonnes de Beaune, délia les corps. Quand on peut étirer ses pieds nus dans une laine moelleuse, qu’une flamme mauve danse dans votre verre, que des fesses brésiliennes mettent en transes les ombres du mur, que l’homme de votre vie vous serre contre lui, le vin infuse la durée, la certitude que tout continuera, braise, Brésil, bois rouge, vin rouge, la joue sur le pull rouge de Gil je respirais l’amour. Le dîner eut sa part d’exotisme. Je me disais qu’il manquait à Gil un regard marin et je rougis de l’entendre articuler cet aveu intime : – Yvanne est sûrement fascinée par la couleur de vos yeux !

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– Je comprends en regardant votre femme la signification du mot charme ! Trouble ; trouble dans la seconde où il faut rencontrer ces yeux-là ; trouble pour ce « votre femme » dont l’étrange nasalisation soulignait l’impossibilité de l’être. « Tu es mon épouse favorite » me répète souvent Gil pour m’apaiser, me rappelant aussi souvent les autres sens du verbe épouser, celui de s’adapter, de s’attacher en acceptant les contraintes. Entortillée à lui je ne doute jamais, je souris dans mon verre et m’entortillai à la samba. Je frôlai Luís Antônio ravi de me voir onduler ainsi, rebolar, disait-il. J’aimais lui plaire, plaire pour une femme c’est rassurant et la séduction n’est jamais à sens unique, elle commence souvent par une conversation silencieuse des regards. Je dominai mon trouble : – Pourquoi le mot samba se féminise-t-il en traversant l’Atlantique ? – Ne le demandez surtout pas à Freud, il a beaucoup observé les femmes mais a-t-il su les aimer ? Parlez-moi plutôt de Saint-Pol-Roux, j’ai appris que vous l’aimiez beaucoup. – Je lui rends parfois visite dans son petit cimetière de Camaret ; j’ai compris pourquoi il était venu du sud pour s’incruster là comme un menhir : la pointe de Pen Hir semble encore à certaines heures jaillir tout droit du jour de la création, ce lieu et cet homme ne pouvaient que coïncider, il fut un créateur ébloui, il avait l’envergure du paysage, il… Je m’arrêtai net, m’excusant, incriminant le vin et le rythme.

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Voici contée l’histoire d’un coup de foudre irrépressible entre Yvanne, Bretonne très déterminée aux origines modestes, et Luís Antônio, intellectuel brésilien descendant d’une grande famille de propriétaires terriens. L’héroïne s’envole à destination du Brésil — pays contrasté entre volupté et misère, douceurs et cruautés — où elle nous embarque dans un décor somptueux : luxuriance tropicale de l’Amazonie, déserts écorchés du Nordeste, urbanisme démesuré de Brasília et Rio… L’amour est ici un concerto pour deux solistes qui ne met pas seulement en scène ces deux êtres à la sensualité vive et dévorante mais de nombreux personnages aux caractères bien trempés. Pour Yvanne, c’est une quête effrénée avec en filigrane, malgré le traumatisme de l’absence du père qu’elle n’a pas connu, la volonté de ressentir constamment les vibrations du monde. Guénane nous livre un quatrième roman très intense dont le souvenir ne nous quitte plus.

Guénane

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« emain 17 heures […] Tachycardie violente, ma poitrine résonnait, mes tempes tressautaient mais je n’hésitai pas. »

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ISBN 978-2-84398-451-8

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Née à Pontivy, Guénane a vécu douze ans en Amérique du Sud. Elle a publié quatorze recueils de poèmes aux Éditions Rougerie. Après Le Mot de la fin (2010) , La Guerre secrète (2011) , Dans la gorge du diable (2012) , Demain 17 heures Copacabana (2014) est son quatrième roman publié aux Éditions Apogée.


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