Curiosités géologiques du Léon

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GUIDE

de manière originale à travers leurs curiosités géologiques : les contacts magmatiques de Porsmilin, les fonds sous-marins de l’archipel de Molène, les granites déformés d’Ouessant, les

diorites de l’île Carn, le granite à grenat de l’île de Sieck, les enclaves de l’île Callot… Ce petit guide richement illustré réunit 22 sites remarquables par les roches et les minéraux, qui racontent une histoire vieille de 600 millions d’années, mais aussi par la morphologie des côtes, des falaises et des dunes, et par l’important patrimoine historique et culturel qui fait appel à la pierre. Sans oublier la biodiversité qui habille ce territoire du bout du monde…

19 € ISBN 978-2-84398-431-0

curiosités géologiques du

L

a façade littorale et les îles du Léon, à découvrir

Léon - de l’île d’Ouessant à l’île de Batz

Échelle des temps géologiques

• Martial Caroff Maître de conférences en pétrologie et géochimie magmatiques à l’université de Brest, il s’est d’abord consacré à l’étude des laves de Polynésie française, puis il s’est spécialisé dans le fonctionnement des chambres magmatiques. Il a aussi publié une série d’articles sur les roches plutoniques et volcaniques du Massif armoricain. Il est également romancier et auteur de livres documentaires pour la jeunesse, dont l’ouvrage de géologie : Les Pierres qui brûlent, qui brillent, qui bavardent (Gulf Stream Éditeur). Contact : caroff@univ-brest.fr

CURIOSITÉS GÉOLOGIQUES du

Léon de l’île d’Ouessant à l’île de Batz Martial Caroff Bernard Le Gall

• Bernard Le Gall Chercheur au CNRS, spécialiste de géologie structurale à l’université de Brest, il a étudié pendant une quinzaine d’années la tectonique compressive associée au front nord de la chaîne hercynienne ouest-européenne, de la Pologne à l’Irlande. Il s’est ensuite intéressé aux processus tectoniques et magmatiques enregistrés le long du rift est-africain, depuis Djibouti jusqu’à la Tanzanie, ainsi que dans la grande province magmatique Karoo, au Botswana et en Afrique du Sud. Contact : blegall@univ-brest.fr

Dans la même collection : Curiosités géologiques du Trégor et du Goëlo Curiosités géologiques de la Presqu’île de Crozon Curiosités géologiques du Pays bigouden Curiosités géologiques de l’Aunis et de la Saintonge Également disponible aux éditions du BRGM : Curiosités géologiques du littoral vendéen Curiosités géologiques de Mayotte Curiosités géologiques de la Guadeloupe Curiosités géologiques de la Polynésie A paraître : Curiosités géologiques des Calanques

22 sites géologiques remarquables


Remerciements : Cet ouvrage a bénéficié de la contribution de Christine Authemayou (UBO), Nicole Chapalain (Maison des dunes de Keremma), Axel Ehrhold (IFREMER), Dominique Gac (UBO), David Graindorge (UBO), Bernard Hallégouët, Marie Hascoët (Parc naturel marin de l’Iroise), le Capitaine Gilles Lagattu, Philippe Le Niliot (Parc naturel marin de l’Iroise), Arnaud Le Floch (Carrières Lagadec), Pierre Nehlig (BRGM), Yves Pastol (SHOM), Christian Rerat, Frédéric Simien (BRGM), Brigitte Van Vliet-Lanoé (UBO). Les auteurs ont largement puisé dans l’abondante littérature de Louis Chauris (voir en bibliographie). Crédits iconographiques : Toutes les photos et schémas sont des auteurs et du BRGM im@gé sauf : Erwan Amice (CNRS), pp. 4-5, 94-98, 107, 111 / Jean-Alix Barrat (UBO), pp. 6, 47b, 71a / Christian Rerat (www.studio-rerat.com), pp. 10-11, 102-103 / Le Toit à vaches, p. 16, 17b / Muriel Vidal (UBO), p. 23c / Axel Ehrhold (©IFREMER/Parc naturel marin d’Iroise), pp. 31b, 54-55 / Yves Pastol (©Litto3D, SHOM/IGN, avec la participation du CG 29), p. 74 / Arnaud Le Floch & Pascal Tinard (Carrières Lagadec), p. 41 / Jean-Pierre Blaise (© Label LN, 2008), p. 43a / Pascal Pluchon (www. uneterredimages.com), p. 72a / Nicole Kevorkian (Phocal, Allauch), p. 79b / Dominique Pierrin & Jean-Luc Colin, p. 89b / Nicole Chapalain, pp. 99b-101. Les sites remarquables décrits dans ce guide ne constituent pas une liste exhaustive. Les auteurs proposent une sélection qui illustre au mieux la diversité géologique du Léon et dont l’expression dans le paysage suscite la curiosité. Les erreurs ou omissions involontaires qui auraient pu subsister dans ce guide malgré les soins et les contrôles de l’équipe de rédaction ne sauraient engager la responsabilité des éditeurs. Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation, sous quelque forme que ce soit, même partielle, réservés pour tous pays. Édition : Anaïs Billaud, André Crenn (responsable Éditions Apogée), Élisabeth Collet (BRGM Éditions), Frédéric Simien (responsable BRGM Éditions) En couverture : Granite et granodiorite de Cadoran, Ouessant.

© Éditions Apogée, 2013 11 rue du Noyer 35000 Rennes www.editions-apogee.com ISBN 978-2-84398-431-0

© BRGM Éditions, 2013 3 avenue Claude-Guillemin BP 36009 45060 Orléans cedex 2 www.brgm.fr/editions.jsp ISSN : 2110-0381 ISBN 978-2-7159-2552-6


CURIOSITÉS GÉOLOGIQUES du

Léon de l’île d’Ouessant à l’île de Batz Martial Caroff Bernard Le Gall

BRGM Éditions Éditions Apogée


Sommaire • Avant-propos • Sommaire

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• Les Grandes familles de roches et leur genèse 12 • L’histoire géologique du massif armoricain 20 • Des pierres et des hommes 34 • Les sites géologiques remarquables N° 1 • Les contacts magmatiques de Porsmilin

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N° 2 • Le Cisaillement des Pierres Noires à la pointe Saint-Mathieu

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N° 3 • Le complexe gabbroïque et les micaschistes de Porz Liogan N° 4 • Le complexe filonien de la presqu’île de Kermorvan N° 5 • Les fonds sous-marins de l’archipel de Molène N° 6 • L’île de Molène N° 7 • Déformation et magmatisme à Ouessant sud N° 8 • Magmatisme et déformation à Ouessant nord N° 9 • Les filons doléritiques de Brenterc’h N° 10 • Les deux granites de Porz Tévigné N° 11 • Le granite de l’Aber-Ildut à Melon

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N° 12 • Le granite de l’Aber-Ildut dans le Cisaillement Porspoder-Guissény N° 13 • Les diorites migmatitiques de l’île Carn

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N° 14 • L’embouchure de l’Aber-Benoît 72 N° 15 • La morphologie sous-marine de l’Aber-Wrac’h N° 16 • Le complexe migmatitique de Plouguerneau N° 17 • Le granite de Brignogan N° 18 • Les enclaves de la baie de Goulven 8

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N° 19 • Les pegmatites du secteur de Plougoulm-Santec

82 N° 20 • Le granite à grenat de l’île de Sieck 84 N° 21 • Les diorites et les pegmatites de l’île de Batz 86 N° 22 • Le granite de Carantec et son encaissant à l’île Callot 88 • THÉÂTRES DE PIERRE • Un aperçu de la biodiversité DU LÉON • Annexes • Lexique • Quelques mots de toponymie bretonne • Pour en savoir plus

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Algues à Quéménès, archipel de Molène.


• Les allées couvertes

Allée couverte de Guilliguy (Ploudalmézeau).

Les nombreux menhirs et dolmens qui fleurissent en Bretagne datent du Néolithique, une période préhistorique de sédentarisation où se sont développés l’agriculture et l’élevage. Nous ne traiterons ici que les allées couvertes du Léon. Une sélection de beaux menhirs isolés sera présentée en annexe des sites géologiques remarquables, de même que l’enceinte mégalithique d’Ouessant [voir site n° 7] et le cairn de l’île Carn [voir site n° 13]. Les dolmens, édifiés dès 5 000 ans av. J.-C., étaient à l’origine des sépultures. Les monuments les plus anciens ont un plan simple. Il 34

Schéma explicatif de Guilliguy (d’après le panneau sur site).

s’agit des grands cairns avec dolmens à couloir menant à une chambre funéraire en pierres sèches, à sommet systématiquement plus élevé que le conduit d’accès (Carn, Ploudalmézeau). À partir d’environ 3 000 ans av. J.-C., apparaissent des modèles à niches

latérales ou en transept. Les monuments suivants — les allées couvertes stricto sensu — étaient inclus dans des tertres bas. Ils sont caractérisés par un allongement de la chambre, souvent compartimentée (Le Ribl à Lampaul-Ploudalmézeau, Kernic à


Des pierres et des hommes Plouescat). Les dalles de recouvrement sont toutes de la même hauteur. Les sépultures coudées (dolmen disparu de Keravel, SaintPol-de-Léon) ou à entrée latérale (Guilliguy, Ploudalmézeau) en sont des variantes classiques. Les allées couvertes les plus récentes ont été bâties vers 2 500 ans av. J.-C. L’allée couverte de Guilliguy, en Ploudalmézeau, surplombe le port de Portsall. Un couloir

de 4 m, partiellement détruit par la mise en place d’un caveau à l’âge du bronze, donne accès par une chatière à une chambre longue de 7 m, placée perpendiculairement et prolongée par un compartiment fermé. Ce monument était inclus dans un vaste tertre ceinturé de pierres fichées verticalement en terre. Outre le matériel lithique classique, on y a découvert des fragments de bols et de vases.

L’allée couverte du Ribl en Lampaul-Ploudalmézeau a perdu ses tables. Elle est constituée d’une chambre principale séparée d’une cellule par une dalle de chevet. L’ensablement d’une grande partie de cette structure témoigne de la remontée du niveau de la mer. L’allée couverte de Kernic, à Plouescat, est longue de 9 m. Là encore, il s’agit d’un témoin de l’élévation de la ligne de rivage, puisqu’elle est noyée à chaque marée haute. Les pierres de couverture ont également disparu. On peut y observer les vestiges de l’entourage de dalles verticales. Des fouilles ont mis à jour des tessons de poterie et du matériel lithique.

Allée couverte du Ribl (Lampaul-Ploudalmézeau).

Allée couverte de Kernic (Plouescat).

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• Sculptures, de la mer à la mort Invitations aux voyages, les navires sculptés sur les façades des chapelles et autres édifices religieux du littoral du Léon datent pour la plupart du xvie siècle, âge d’or des sculptures et du commerce maritime dans l’évêché. À Roscoff, sur le mur de la sacristie à l’est de l’église NotreDame de Kroaz-Batz — bâtie en granite gris à grain fin de l’île de Batz —, on peut observer un

navire de pierre remarquable par ses espars. Ils comprennent un mât de misaine avec voile carrée, un grand mât et un mât d’artimon portant une vergue, tous trois surmontés d’une hune. Ces bas-reliefs ont parfois une dimension onirique, telle la caravelle qui orne l’arcade du porche ouest de cette même église. Son grand mât est surmonté d’un personnage

Bas-relief (église Notre-Dame de Kroaz-Batz à Roscoff, mur de la sacristie).

Bas-relief (arcade du porche ouest de l’église Notre-Dame de Kroaz-Batz).

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disproportionné et cagoulé qui semble lever le bras gauche vers le couchant. Une longue flamme flotte au mât de misaine et des vagues chahutent la coque. Cette étonnante sculpture a inspiré l’artiste plouguernéen JeanPierre Blaise, auteur avec le poète Olivier Cousin de l’album Rêves de pierre. En ce pays à forte empreinte religieuse, la statuaire du Léon est plus généralement dédiée au thème de la mort. D’innombrables livres ont mis en valeur les chefs-d’œuvre de la sculpture mortuaire associée aux calvaires et aux enclos paroissiaux de la région. Nous avons choisi d’illustrer cette thématique par une œuvre plus récente et moins connue qui présente de grandes qualités artistiques : le monument aux morts de Saint-Pol-de-Léon. Cet ouvrage en kersantite est le premier monument aux morts de la guerre 14-18 du Finistère. Il a été conçu par l’architecte Charles Chaussepied et réalisé en 1919 par le sculpteur René Quillivic.


Des pierres et des hommes

Estampe de Jean-Pierre Blaise, dans Rêves de pierre.

Associée à un calvaire, la sculpture est située dans le prolongement de l’allée principale du cimetière, à l’abri d’un mur semi-circulaire orné des stations

du chemin de croix. La composition s’inspire du schéma médiéval traditionnel du gisant soutenu par des pleurants. Un soldat repose sur une dalle portée par des colonnes, contre lesquelles sont adossées quatre femmes en costume traditionnel du Léon, d’âge et de condition sociale différents. Elles représentent l’aïeule, la mère en cape de deuil et capuchon, la veuve et la fiancée, images sobres et poignantes de la douleur éprouvée par la famille du soldat mort au champ d’honneur.

Monument aux morts du cimetière de Saint-Pol-de-Léon et plus haut, un détail.

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Vue de l’île Keller depuis la côte nord d’Ouessant.


Les sites gĂŠologiques remarquables


sites géologiques remarquables

L’île de Molène

Débit en dalles horizontales du leucogranite le long de la façade orientale de l’île.

M

Pour s’y rendre La compagnie maritime Penn ar Bed propose des traversées quotidiennes au départ de Brest et du Conquet. Réserver à l’avance.

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olène, « Moal Enez, l’île chauve », est constituée de matériel granitique et migmatitique qui prolonge vers l’ouest le complexe magmatique de SaintRenan, daté vers 330  Ma. La morphologie générale de l’île, en carapace de tortue, est due au débit généralisé des roches en dalles horizontales.

Vue 3D du leucogranite lité recoupé par une faille verticale tapissée de tourmaline, même secteur.


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site n° Granite, migmatites et fracturation

Migmatites plissées (près de l’embarcadère).

L’estran de la partie orientale de Molène expose un faciès clair à grain fin du leucogranite de Saint-Renan. Le litage magmatique vertical (N70°E) est souligné par des traînées noirâtres à biotite. Parallèlement à ces structures, s’observent d’étroits couloirs de cisaillement dextre le long desquels le granite est intensément déformé. Un réseau de fractures verticales

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À voir également

transverses découpe l’ensemble de la roche. Ces surfaces sont tapissées de tourmaline noire, parfois fortement orientée. Le degré de fracturation du granite a été autrefois mis à profit pour son exploitation, comme en témoigne le tracé rectiligne du front de taille d’anciennes carrières littorales. Dans la moitié occidentale de Molène, le

Les champs d’algue du NordFinistère ont été intensément exploités à partir du xviiie siècle pour l’extraction de l’iode. Cette activité a nécessité la construction de fours à goémon, sortes d’étroites « gouttières », de 5 à 10 m de long, orientées nord-sud et tapissées de pierres plates. Ces fours sont divisés en plusieurs compartiments dans lesquels on brûlait le goémon sec pour récupérer la soude. Le dernier four en activité date de 1955.

Enclaves migmatitiques dans le granite de la façade ouest.

leucogranite renferme des enclaves de matériel sombre et hétérogène, aux contours francs et rectilignes. Ces panneaux de migmatites, équivalents à ceux de Porz Tévigné [voir site n° 10], montrent un litage vertical également orienté N70°E et localement impliqué dans des plis. Ceux-ci sont visibles à l’ouest de l’embarcadère.

Four à goémon à l’est de l’île.

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sites géologiques remarquables

Les filons doléritiques de Brenterc’h

Filon doléritique nord.

L

Pour s’y rendre Prendre la dernière route à gauche avant d’arriver à Ploumoguer. Tourner à droite au bout de 2,5 km, puis tout de suite à gauche. Au village, poursuivre par le chemin pierreux jusqu’à l’emplacement permettant de se garer à gauche. Continuer à pied sur la route, puis descendre dans l’anse.

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es filons doléritiques de Brenterc’h (Ploumoguer) présentent un caractère exceptionnel. Ils font partie d’un vaste ensemble magmatique qui s’étend depuis le Brésil jusqu’au Canada et du Libéria jusqu’au Massif armoricain. Tous ces filons, âgés d’environ 200 Ma (limite Trias-Jurassique) et donc postérieurs à l’histoire hercynienne, préfigurent l’ouverture de l’océan Atlantique par leur direction (celle de la future marge) et leur composition (proche de celle des basaltes du plancher océanique).

Reconstitution paléogéographique périatlantique il y a 200 Ma, montrant en noir les filons doléritiques de cet âge. En rouge : filons ouestarmoricains.


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site n°

L’événement magmatique le plus récent du Massif armoricain

Filon doléritique sud : prismes perpendiculaires et lames parallèles à la bordure gneissique verticale, visible à droite.

Les dolérites ouestarmoricaines se sont injectées dans la croûte continentale à la faveur d’un champ de failles orienté nordouest — sud-est, depuis Quimper jusqu’à Brenterc’h en passant par Douarnenez, Camaret et Porsmilin [voir site n° 1]. Tous les filons ont une épaisseur maximale comprise entre 5 et 10 m, sauf ceux de Porsmilin et de Brenterc’h nord, qui atteignent environ 30 m. Ces deux dernières intrusions sont en fait des filons emboîtés, issus de cinq venues magmatiques successives. Ces roches sont riches en pyroxène et en plagioclase.

Le filon sud, épais d’une dizaine de mètres sur l’estran, se biseaute vers la mer. Le grain est grossier au centre et très fin en bordure. Il est découpé en prismes horizontaux à section pentagonale et en lames verticales, lesquelles sont moins nombreuses dans la partie centrale que près des contacts. Le puissant filon nord est débité en lames parallèles verticales et présente une texture très variable. On peut observer des sections

Contact nord du filon septentrional.

de prismes tombés sur l’estran près de la falaise. Une grande enclave de gneiss est incluse dans le filon près de sa bordure nord.

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À voir également

Textures variées de galets de dolérite provenant du filon nord.

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Les dolérites se sont injectées dans des gneiss dits « de Kerhornou », à rattacher au complexe gneissique de Lesneven. Le hameau de Kerhornou — situé au nord de Brenterc’h — expose des gneiss partiellement fondus à sillimanite, un alumino-silicate blanc fibreux indicateur d’un métamorphisme de haute température. 63


sites géologiques remarquables

Le granite de Brignogan

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Phare de Pontusval.

Pour s’y rendre À Kerlouan, prendre la rue de l’Arvor, traverser Le Croazou, puis poursuivre jusqu’à Crémiou. Se garer sur le parking. Le phare de Pontusval est visible à droite, côté Brignogan-Plages. Longer le GR 34 dans l’autre sens jusqu’à Meneham, tout en admirant le chaos granitique.

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e massif granitique de Brignogan-Plouescat est l’un des nombreux plutons tardifs — dont l’âge s’établit autour de 292 Ma — qui jalonnent la côte septentrionale du Massif armoricain. Une balade le long du littoral nord de Kerlouan s’impose pour étudier le remarquable faciès nord-ouest du massif, celui dit « de Brignogan ».

Granite porphyroïde, avec accumulation de feldspaths potassiques.


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site n° Accumulation de feldspaths « en dents de cheval » Pour découvrir dans de bonnes conditions le faciès de Brignogan, l’idéal est de longer la côte entre Crémiou et Meneham (Kerlouan). Se diriger à l’opposé du petit phare de Pontusval visible au nord-est, l’un des monuments les plus photographiés du secteur. Le massif de Brignogan-Plouescat se décline en plusieurs faciès texturaux. Le plus spectaculaire, celui de Brignogan, consiste en un granite gris porphyroïde, composé de grands cristaux de feldspath potassique ( jusqu’à 8  cm), de plagioclase, de biotite, de muscovite et d’un

Granite porphyroïde.

minéral symptomatique des granites riches en aluminium, la cordiérite (minéral gris souvent altéré). Les grands cristaux de feldspath potassique, dits « en dents de cheval », sont

généralement orientés. On peut observer localement d’impressionnantes accumulations résultant de déplacement gravitaire au sein du magma, avant sa solidification.

Corps de garde de Meneham.

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À voir également

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À Meneham, un énorme chaos isolé situé un peu à l’écart du rivage dissimule un corps de garde du xviie siècle au toit en pierre. Le long de la plage, des bancs noirâtres d’argile tourbeuse émergent des sables à marée basse. Ces niveaux résultent de la compaction de débris végétaux, déposés dans des marais littoraux à une époque de bas niveau marin, environ 1 000 ans av. J.-C. (Bronze moyen). Des empreintes d’échassiers et de plantigrades sont conservées dans les tourbes. Ainsi, il y a 3 000 ans, des ours déambulaient le long des grèves de Kerlouan !

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• Dans l’archipel de Molène Aux confins de la mer d’Iroise, l’archipel de Molène et l’île d’Ouessant montrent l’un des paysages les plus emblématiques de la Bretagne. Grâce à ses spécificités géographiques et océanographiques, ce territoire maritime offre une très grande diversité d’habitats marins et terrestres abritant une biodiversité exceptionnelle, à la fois végétale, avec ses grands champs d’algues, et animale, du plancton aux mammifères marins. La connaissance, la gestion et la protection de ce patrimoine naturel, en parallèle avec le développement durable des activités maritimes, ont justifié la création, en septembre 2007, du premier parc naturel marin en France, celui de l’Iroise, qui couvre une aire marine protégée de 3 500 km2. Plus vaste champ d’algues d’Europe, riche de plus de 300 espèces, l’archipel molénais présente un enjeu à la fois économique et 96

écologique. Il assure 40 % de la production nationale d’algue et se caractérise par une grande diversité des écosystèmes, à l’origine d’une importante production primaire de matière végétale, premier maillon de la chaîne alimentaire. Exploité depuis plus de 150 ans, le champ d’algue molénais est réputé pour ses forêts de Laminaria digitata (jusqu’à 2 m de profondeur) et de Laminaria hyperborea ( jusqu’à 25 m). Animal emblématique de la mer d’Iroise, le grand dauphin (au nombre d’une trentaine d’individus) côtoie d’autres cétacés comme l’orque ou le dauphin de Risso, ainsi que des espèces passagères : le rorqual et le cachalot. L’Iroise correspond également à la limite sud de l’aire de répartition des phoques gris, espèce protégée comptant une centaine d’individus. Parmi les 130 espèces de poissons recensées

en Iroise, les requins et les raies reçoivent une attention particulière car, situés au sommet de la chaîne alimentaire, ils sont particulièrement sensibles aux perturbations du milieu marin. Mais la richesse biologique de l’archipel de Molène se situe aussi à terre et dans les airs. Zone de halte migratoire et d’hivernage, l’Iroise est réputée pour ses nombreuses espèces d’échassiers adaptés aux milieux intertidaux, dont certains bénéficient de mesures de protection, comme le tournepierre à collier ou le bécasseau violet. D’autres oiseaux, nicheurs, sont d’intérêt patrimonial. C’est le cas par exemple du fulmar boréal, du cormoran huppé, du guillemot de Troël et du macareux moine. L’archipel de Molène s’enorgueillit aussi d’héberger les plus fortes populations nicheuses terrestres d’huitrier pie et de grand gravelot de France.


Un aperçu de la biodiversité du Léon

De haut en bas : Ormeau (Haliotis tuberculata) Crevette (Periclimenes amethysteus) Homard européen (Homarus gammarus) Étoile de mer (Luidia ciliaris) Méduse (Rhizostoma pulmo) Araignée de mer (Maja brachydactyla)

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