Pierre Lefèvre
Pierre Lefèvre
L’Habitat participatif
Pierre Lefèvre retrace ici l’histoire de l’habitat participatif depuis ses prémisses en 1973 jusqu’à la loi ALUR de 2014. Cet ancien architecte et enseignant chercheur à l’ENSA de Paris La Villette a été en effet un acteur majeur de ce type mal connu d’habitat : il a assisté à la naissance du mouvement de l’habitat groupé autogéré puis a participé à de nombreux projets participatifs dans des domaines aussi divers que le logement social ou l’habitat du grand âge. Dernièrement, Pierre Lefèvre a participé au Grand Portail à Nanterre. Le livre s’achève sur l’énoncé de la problématique qui caractérise la face cachée de la loi ALUR, celle qui concerne l’habitat participatif et dont aucun média ne parle.
Éditions Apogée - 20 € TTC ISBN 978-2-84398-450-1 www.editions-apogee.com
L’Habitat participatif
40 ans d’habitat participatif en France Éditions Apogée
Du même auteur Voyages dans l’Europe des villes durables, Éditions PUCA/CERTU, 2007 Les Écoquartiers, Éditions Apogée, 2009 Ressources de l’architecture pour une ville durable, Éditions Apogée, 2012
© Éditions Apogée, 2014 ISBN 978-2-84398-450-1
Pierre Lefèvre
L’Habitat participatif 40 ans d’habitat participatif en France
Éditions Apogée
Préambule Ce livre consacré à l’histoire de l’habitat participatif de 1973 à 2013 rassemble plusieurs séquences de l’histoire de quarante années d’expériences participatives auxquelles l’auteur a été étroitement mêlé. L’ouvrage est organisé en 6 périodes partant de 1973 pour finir le 20 février 2014, date de promulgation de la loi ALUR. Il devait rester lisible et accessible. L’auteur a donc placé en annexe numérique disponible sur Internet tous les documents qui permettront aux universitaires et aux praticiens d’approfondir leurs connaissances sur tel ou tel aspect des expériences présentées dans le livre (http:// habitatparticipatifapogee.wordpress.com/). Les annexes enrichissent le propos par un ensemble de réalisations et de documents que l’auteur a puisé dans ses archives personnelles. Ces documents complémentaires portent sur les études de cas présentées dans le livre mais également sur d’autres études de cas à la fois semblables et différentes. L’auteur ― architecte, animateur et enseignant à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris La Villette ― a tenu durant quarante années le journal des projets qu’il a initiés ou auxquels il a participé : les ateliers communautaires de Cergy-Pontoise, les deux groupes d’habitat autogéré de La Hayette, les projets de Conflans-Sainte-Honorine et de Vauréal, ainsi que des projets de logements sociaux avec le MHGA à Chambéry et à Orsay, puis dans le cadre du programme interministériel SEPIA à Cusset, à Saint-Claude et enfin au Grand Portail à Nanterre. La période la plus récente de l’habitat participatif allant de 2005 à 2013, couronne la période pionnière. L’auteur ne pouvait pas se désintéresser de l’actuelle renaissance de l’habitat participatif ni de la consécration institutionnelle qui s’en suivit. Invité à rejoindre l’équipe qui a accompagné le projet du Grand Portail, il a eu l’opportunité de comprendre de l’intérieur les mutations en cours. La dernière période du livre est tout naturellement consacrée à l’actuelle perspective de développement et de démocratisation de l’habitat participatif. Ce livre est dédié à Yves Delagausie pour ce qui concerne le chemin parcouru et à Hervé Saillet concernant le chemin qui reste à parcourir. Au lecteur impatient de se repérer dans la géographie et la problématique de l’habitat participatif d’aujourd’hui, l’auteur conseille de commencer le livre par la fin, c’est-à-dire par la période P6. Dans un deuxième temps, l’analyse des périodes antérieures lui permettra d’y voir plus clair face aux difficultés qui surgiront sur son chemin, soit de candidat à l’habitat participatif, soit de professionnel concerné.
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Contenu des six périodes Période n° 1 : L’innovation sociale post-68 Une première vague d’expérimentations faisant suite à mai 68 a consisté à faire participer des habitants à l’aménagement de leur quartier. L’auteur présente le journal de bord des ateliers communautaires de Cergy-Pontoise (1973-1976) en ville nouvelle. Contrairement à ce que certains jeunes observateurs d’aujourd’hui pensent, cette expérimentation à la fois sociale et culturelle n’avait rien à voir avec les hippies californiens. Cette première période pose la question de l’accueil des habitants dans un quartier ou une ville entièrement neufs comme le sont en ce moment les écoquartiers.
Période n° 2 : L’innovation architecturale Ce nouveau type d’animation urbaine fondé sur l’amélioration du cadre de vie a abouti, avec l’intervention d’un groupe militant d’architectes baptisé Mars 1976, à la réalisation d’un habitat groupé, autogéré et prémédité à Jouyle-Moutier (périodes 1 et 2). Est décrite la façon dont un premier groupe de 9 familles s’est implanté sur le terrain attribué par l’établissement public d’aménagement (EPA) à la suite du concours des maisons de ville.
Période n° 3 : L’engagement autogestionnaire L’auteur, membre actif du MHGA (Mouvement de l’habitat groupé autogéré) depuis sa création en novembre 1977 fait partie de l’équipe réunie par Yves Delagausie, en 1980, pour expérimenter au nom du MHGA, à Chambéry puis à Orsay, une alternative participative dans le secteur du logement social : une troisième voie.
Période n° 4 : La recherche appliquée Au milieu des années quatre-vingts l’auteur obtient, avec trois collègues architectes chercheurs, un programme de recherche-développement sur la maîtrise d’œuvre collective. Ce travail méthodologique est suivi, en 1984, d’un chantier libre sur le même thème, avec la construction de 39 maisons de ville en ossature bois, à Vauréal. L’équipe des sciences humaines du Centre scientifique et technique du bâtiment analyse les principaux types de comportement des habitants.
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Période n° 5 : Méthodologie Les références théoriques des projets menés par l’auteur sont triples : – la théorie du support-apport élaborée par Nicolaas John Habraken et son équipe la SAR (Stichting Architecten Research) ; – la programmation générative expérimentée dans l’habitat des personnes âgées sous l’impulsion de Michel Conan, animateur de l’équipe des sciences humaines du CSTB ; – l’approche de l’auteur intitulée le portrait-paysage. Elle a été mise en œuvre avec des étudiants en architecture, puis dans les ateliers d’habitants afin de commencer à explorer les rapports de chaque individu, chaque famille, chaque groupe à l’espace.
Période° 6 : La troisième voie De 2005 à 2013, dans le contexte d’un essor concomitant des réseaux sociaux, de la démocratie participative et de nouvelles formes de maîtrise d’ouvrage, l’habitat participatif connaît une renaissance, grâce notamment à trois réalisations : celle du groupe strasbourgeois (K’Hutte), celle de Nanterre (Grand Portail) et celle de Villeurbanne (Le Village vertical). En 2013, la ministre du logement, Cécile Duflot, légifère. La loi ALUR donne un statut à l’habitat participatif considéré désormais comme étant la troisième voie, à mi-chemin de l’habitat collectif et de l’habitat individuel.
La participation dans l’habitat La participation des habitants à l’aménagement de leur cadre de vie se pratique très naturellement depuis des millénaires dans les sociétés traditionnelles qui peuplent les 2/3 du globe. Elle a été peu à peu abandonnée par la civilisation occidentale au fur et à mesure que se développait la société industrielle avec un nouveau mode de travail : la spécialisation et un nouveau mode de production : le prêt à consommer. Depuis quelques années le monde occidental prend conscience que le progrès économique n’amène pas nécessairement le progrès social et humain attendu, tant s’en faut. De plus, l’accélération de la crise des énergies et des matières premières en vient à ébranler les bases mêmes d’une économie fragilisée par une financiarisation abusive qui plonge les états « souverains » dans une véritable crise de civilisation. La relation de l’homme à son habitat s’est appauvrie. Elle pourrait être revitalisée grâce à l’habitat participatif.
Sommaire
Préambule
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Période 1 : L’innovation sociale post-68
11
De l’architecture à l’animation Les ateliers communautaires de Cergy-Pontoise La guerre des champignons et ses suites Le Rocher, local collectif résidentiel La guerre des portes et ses suites Des analyseurs institutionnels
11 14 18 26 32 36
Période 2 : L’innovation architecturale
41
Le concours des maisons de ville La Hayette n° 1 La maîtrise collective du plan-masse La maîtrise collective du paysage Une conception interactive de l’architecture La finalisation de La Hayette n° 1
41 50 54 57 61 67
Période 3 : L’engagement autogestionnaire
71
Le mouvement de l’habitat groupé autogéré Un groupe, un architecte, un projet Une autre politique du logement social La participation à la une
71 86 96 103
Période 4 : La recherche appliquée
109
La maîtrise d’œuvre collective Une autre esthétique Vauréal : du programme au projet Le suivi psychosociologique
109 133 139 146
Période 5 : Méthodologie
153
La théorie du support-apport Le portrait-paysage La programmation générative
154 158 165
Période 6 : La troisième voie
187
La géographie de l’habitat participatif Le Grand Portail La K’Hutte Les rencontres 2012 à Grenoble Une maîtrise d’ouvrage partagée La participation à la carte La Loi ALUR : l’accès au logement et un urbanisme rénové
188 195 204 210 214 222 224
dire que la majeure partie de l’exposition était très légitimement consacrée à la ville réalisée par ses opérateurs : architectes, promoteurs, artistes, maquettes et publicités à l’appui. Il aura fallu ce recul de trente années pour constater que l’action des ateliers communautaires faisait dorénavant partie intégrante de l’histoire la ville nouvelle. Qu’importe donc que le kiosque en bois peint et son bac à sable adjoint, que la tonnelle dotée de bancs où prendre l’apéritif, que le labyrinthe en bois, réalisés les uns après les autres aux quatre coins du quartier des Plants aient disparu, que le projet d’un local collectif résidentiel en forme de rocaille n’ait pas pu être construit, que le chameau et les champignons ou que les fresques peintes aux Touleuses se soient effritées ou effacées. Les ateliers communautaires ont été, depuis la fin des années quatre-vingt-dix, remplacés par le festival des arts de la rue qui a lieu chaque année dans le parc de la préfecture.
De chez soi au quartier.
Période 2 : L’innovation architecturale La saga des ateliers communautaires qui rejoint celle de l’habitat groupé autogéré, puis celle des architectes de Mars 1976, débouche sur l’expérimentation en grandeur réelle d’un habitat participatif, à La Hayette 1 et 2, à Jouy-le-Moutier. Ces premières réalisations suscitent alors autant de questions nouvelles que de réponses aux intentions d’origine.
Le concours des maisons de ville Le mouvement Mars 1976 Au moment où l’ordre des architectes, ébranlé par les événements de mai 1968, est quasiment absent du débat sur l’architecture, le mouvement Mars 1976 regroupe de jeunes architectes pour la plupart lauréats des premiers concours initiés par l’État et plaide en faveur d’une décentralisation de la commande publique comme en témoignent quelques courts extraits de son manifeste : « L’architecture doit s’affirmer comme la réponse à un dialogue établi entre les demandeurs, usagers ou représentants des usagers concernés et les concepteurs qui apportent leurs connaissances spécifiques… » Depuis la fin des années soixante, les lotissements inspirés du modèle américain se multiplient en Île-de-France au grand dam des urbanistes qui n’apprécient guère ce nouveau type de pavillonnaire consistant à disperser des boîtes plus ou moins standardisées sur une pelouse plus ou moins paysagée. Pour rompre avec cette négation de la trame urbaine, Bertrand Warnier, urbaniste à l’EPA de Cergy-Pontoise, invente le concept de maison de ville que lui inspirent les villages du Vexin : les maisons mitoyennes délimitent la grandrue, la place de la mairie, celle de l’église et contribuent ainsi à construire l’urbanité villageoise. L’objectif est de créer des espaces publics avec des maisons individuelles. C’est la première fois, en France, qu’est utilisé le terme de maison de ville. Je vois dans le concours du Hautil une occasion rêvée de mobiliser, dans des délais limités, des habitants et des architectes désirant travailler ensemble à la définition d’un morceau de quartier. Une trentaine d’architectes que je savais favorables à une démarche participative répondent à l’appel de l’association
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Pierre Lefèvre
Pierre Lefèvre
L’Habitat participatif
Pierre Lefèvre retrace ici l’histoire de l’habitat participatif depuis ses prémisses en 1973 jusqu’à la loi ALUR de 2014. Cet ancien architecte et enseignant chercheur à l’ENSA de Paris La Villette a été en effet un acteur majeur de ce type mal connu d’habitat : il a assisté à la naissance du mouvement de l’habitat groupé autogéré puis a participé à de nombreux projets participatifs dans des domaines aussi divers que le logement social ou l’habitat du grand âge. Dernièrement, Pierre Lefèvre a participé au Grand Portail à Nanterre. Le livre s’achève sur l’énoncé de la problématique qui caractérise la face cachée de la loi ALUR, celle qui concerne l’habitat participatif et dont aucun média ne parle.
Éditions Apogée - 20 € TTC ISBN 978-2-84398-450-1 www.editions-apogee.com
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40 ans d’habitat participatif en France Éditions Apogée