Présentation de l’ouvrage Mise en contexte
L
e manque de diversité ethnique dans la fonction publique est inacceptable… Subventionner les artistes est une perte d’argent… Les études collégiales et universitaires devraient être gratuites… L’immigration de masse est une menace à notre culture… Il faut augmenter la taxation des plus riches pour réduire les inégalités économiques… Il faut alléger le fardeau fiscal des entrepreneurs pour créer de bons emplois… Ces six énoncés politiques constituent des jugements de valeur communs. Ces jugements portent sur la situation présente de la société ainsi que sur les changements qu’on devrait apporter pour l’améliorer. Dans une société démocratique, comme au Québec et au Canada, vous pouvez entendre débattre de ces idées tous les jours, en privé comme en public. La moitié des énoncés proposent des idées et des croyances associées à la « droite », et l’autre moitié à la « gauche ». Pouvez-vous les reconnaître et les distinguer ?
Au fil des chapitres, un contenu accessible et actualisé est présenté.
La montée des parlements Au cours des années 1500 à 1700, l’idéologie absolutiste donnait lieu à des gouvernements qui avaient tendance à être arbitraires, excessifs et fondés sur la personnalité du monarque. Mais les changements modernes diminuent de plus en plus la capacité des monarques à maintenir l’ordre. Cela incite les élites et la population à exiger des réformes dans l’administration de la justice, de l’économie, etc.
L’une des oppositions les plus durables dans les démocraties est celle entre la gauche et la droite. Les étiquettes « de gauche » et « de droite » se rapportent à des positions idéologiques assez larges et parfois contestées. Comme elles évoluent d’une société à l’autre et, au fil du temps, au sein d’une même société, il est souvent difficile de s’y retrouver. Ce chapitre vous aidera à y voir plus clair avant d’approfondir les grandes idéologies politiques modernes et contemporaines dans les gauche-droite vous aidera à simplifier les positionnements suivants. L’explication de l’axe politiques en vue de mieux comprendre les idéologies des traditions, des acteurs et des formations politiques.
Qu’est-ce que l’axe gauche-droite
Pour ne pas perdre entièrement le contrôle des ressources économiques, la monarchie doit de plus en plus accepter le principe de la représentation politique en transférant une partie de sa souveraineté aux parlements. Ces derniers existent depuis le Moyen Âge, à titre d’organes de consultation de la noblesse, mais leur pouvoir et leur légitimité vont croître sans cesse dans le monde moderne.
Par ExEmPlE
?
Ces revendications vont modifier la définition même de l’État. Avec l’essor du libéralisme, le gouvernement sera graduellement soumis à l’influence des parlements. C’est le principe du parlementarisme. Les parlementaires seront eux-mêmes les principaux acteurs qui feront avancer les idées du libéralisme classique. Ils se donneront pour rôle de représenter non seulement la noblesse, mais aussi les autres citoyens payeurs de taxes (contribuables) pour surveiller le pouvoir monarchique.
La nature même du pouvoir dans une société démocratique explique les besoins de se diviser et de se regrouper. Comme le gouvernement change souvent, puisqu’il est choisi par le peuple, la diversité des idées et le débat public sont importants. La diversité compte puisque choisir un gouvernement suppose d’avoir des options. En présentant des programmes électoraux différents (et souvent opposés), les partis politiques offrent cette diversité d’options aux citoyens. Et puisque les représentants élus d’un courant politique dominant forment le gouvernement, c’est le débat public qui permet de trancher et de prendre la décision : le débat permet de vérifier, parmi les options politiques diverses, lesquelles se démarquent par leur pertinence et leur pouvoir d’adhésion auprès du peuple. En démocratie, la gauche et la droite favorisent aussi l’alternance entre les grandes tendances et familles politiques. Lorsque les électeurs, après avoir élu un gouvernement de droite ou de gauche, désirent du changement, ils optent souvent pour l’orientation opposée.
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Le Débat sur les langues lors de la première Assemblée législative du Bas-Canada le 21 janvier 1793 1793, par Charles Huot (1913).
En Angleterre et en Nouvelle-Angleterre, puis en France et ailleurs, la noblesse terrienne et la bourgeoisie des villes crieront de plus en plus: « Pas de taxation sans représentation !»
La distinction entre la gauche et la droite n’a rien à voir avec le fait d’être gaucher ou droitier. Il s’agit avant tout d’une métaphore : elle illustre la manière dont les gens se positionnent, se divisent et s’organisent politiquement dans une société démocratique. Pour faire très simple, on peut dire que les gens de gauche et de droite ont des idées, des affinités et des projets politiques opposés, et que ces étiquettes servent de pôles où se regroupent les gens qui partagent ces affinités.
La division du pouvoir politique entre l’État et les parlements lui confère ainsi une puissance plus responsable et compétente. À partir de la fin du 18 e siècle, l’État commence à se moderniser : les institutions de gouvernance n’appartiennent plus à personne en particulier, mais bien à tous ; on les qualifie désormais de publiques. Cela signifie que, pour les diverses instances chargées d’imposer les règles de la société, les citoyens payeurs de taxes sont de plus en plus considérés comme des égaux, du moins au sens juridique.
Parlementarisme : Régime qui pratique la division du pouvoir et la représentation politique par des parlementaires. Il permet aux citoyens d’intervenir indirectement dans les politiques du gouvernement par l’élection de représentants parlementaires chargés de représenter leurs intérêts et de défendre des projets politiques.
L’État de droit Le libéralisme classique accompagne la montée en force du parlementarisme qui permettra d’élargir la représentation politique. Les parlementaires forcent les monarques à soumettre leurs projets à des réglementations plus consensuelles par l’entremise d’institutions publiques et légales neutres – du moins en théorie – quant aux intérêts et aux valeurs de tout un chacun. La neutralité et la publicité, c’est-à-dire le caractère public de l’État l’État, deviennent alors des caractéristiques essentielles des sociétés modernes : le gouvernement, les élus et les lois qu’ils votent et imposent à tous doivent se soumettre à des règles constitutionnelles ! On désigne cette évolution comme l’apparition de l’État de droit et du gouvernement constitutionnel. Un État de droit (comme la plupart des démocraties actuelles) fonctionne en se conformant aux règles constitutionnelles. Ces règles sont rassemblées dans la constitution : elles sont souvent écrites, mais peuvent parfois être non écrites (règles coutumières). Les gouvernements qui respectent la constitution sont donc appelés gouvernements constitutionnels ».
Idéologies polItIques
Figure 1.3
Chapitre 2 Le libéralisme
LES IDÉOLOGIES DES QUATRE PRINCIPALES FORMATIONS POLITIQUES AU QUÉBEC QS
PQ
PLQ
L’exemple du Canada
Au tournant des révolutions démocratiques modernes, les conservateurs forment l’alliance politique des forces qui réagissent à ces appels aux changements. Ils souhaitent conserver les institutions et les traditions du passé. Leurs adversaires libéraux et socialistes considèrent pour leur part que l’évolution vers le progrès politique – notamment l’institution de l’égalité civile et des droits et libertés individuels – est un mouvement inéluctable. Les progressistes et les révolutionnaires perçoivent ainsi les conservateurs comme des réactionnaires. Ce terme polémique vise à étiqueter ces opposants au progrès comme des personnes entêtées et irrationnelles. En refusant le mouvement « nécessaire » du progrès, ainsi que les avantages associés au changement, les conservateurs ne font que « réagir ». Mais les conservateurs voient les choses d’un autre œil. S’il est vrai que le conservatisme politique apparaît au lendemain de la Révolution française comme une « réaction », ce n’est pas uniquement une réaction émotive face aux nouvelles idées politiques. Les conservateurs réagissent aussi et, surtout, aux excès et à la violence des changements !
LES IDÉOLOGIES DES TROIS PRINCIPALES FORMATIONS POLITIQUES AU CANADA
Des photos, des figures, des tableaux et des schémas facilitent la compréhension de la matière.
NPD
PLC
Par ExEmPlE
La Révolution française de 1789 a accouché d’un régime de terreur ayant autorisé l’emprisonnement arbitraire d’environ 500 000 personnes et près de 100 000 exécutions sommaires. Au nom des idéaux progressistes et révolutionnaires « universels », les gouvernements révolutionnaires se sont même lancés dans des guerres partout en Europe (et jusqu’en Russie) pour « libérer les peuples d’Europe ». Toute cette violence révolutionnaire a tué, blessé et déplacé des millions de gens…
PC
Jagmeet Singh, chef du NPD
Justin Trudeau, chef du PLC et premier ministre du Canada
Andrew Scheer, chef du PC
Idéologies polItIques
Nationalisme : Mouvement politique qui affirme l’importance de l’appartenance à une nation ou qui réclame le droit de former une nation indépendante.
En conclusion
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ien qu’il soit attaché à la tradition et au passé, le conservatisme a su s’adapter aux changements politiques et économiques des deux derniers siècles. Les humains ont des tendances conservatrices naturelles, et il est toujours possible d’y recourir pour les influencer et les mobiliser. Aujourd’hui, les courants conservateurs sont prospères et font des gains politiques dans de nombreuses démocraties. Ce succès tient principalement à deux choses : un discours économique omniprésent et un discours moral polarisant. Les médias, les milieux d’affaires et les politiciens voient en général le conservatisme fiscal, qu’ils jugent responsable, d’un bon œil. À cet égard, les partis conservateurs sont capables de persuader des électeurs centristes et libéraux de voter pour leur formation pour des raisons économiques. Notre époque semble aussi évoluer dans une grande incertitude identitaire. La mondialisation déstabilise ; les migrations de populations, les changements technologiques, la perte des repères traditionnels, le terrorisme… Voilà autant de facteurs qui créent de l’insécurité générale et poussent les citoyens à faire confiance aux
À la fin de chaque chapitre, une conclusion permet de clore le contenu et un résumé reprend les faits essentiels.
38 dirigeants capables de les rassurer. Les conservateurs gagnent en crédibilité lorsqu’ils tiennent un discours fort et rassurant. Ils savent aussi polariser la population à leur avantage, parfois en désignant des ennemis publics (les élites, les minorités…), parfois en misant sur le respect des autorités et des hiérarchies traditionnelles au nom de l’ordre et de l’harmonie. Beaucoup d’intellectuels et de politiciens conservateurs en Amérique du Nord sont hostiles au développement des sciences et se méfient de tout mouvement politique faisant la promotion de changements majeurs dans la société… Les partis politiques conservateurs en Asie, en Europe, en Amérique et au Canada n’hésitent pas à en appeler au sentiment national des citoyens pour les mobiliser contre les politiques de grands changements, en particulier contre les réformes favorables à l’égalité sociale ou à l’environnement. Les populistes conservateurs rallient souvent les citoyens par des discours misant sur la peur des étrangers. Ils opposent aussi les valeurs morales, religieuses ou nationales aux politiques progressistes qui bénéficieraient aux pauvres, à l’émancipation des femmes et des minorités ou à la protection de l’environnement.
L’idéologie politique conservatrice existe à toutes les époques. Elle est associée aux personnes qui se réclament d’un certain traditionalisme et qui jouissent d’un certain statut social, notamment les autorités religieuses, les leaders de castes et les chefs militaires. Les traditionalistes sont aussi ceux qui se méfient des changements et qui affirment leur attachement à l’ordre fondé sur les traditions culturelles dominantes d’une société. Tous ces gens se rassemblent dans une certaine hostilité devant les changements déstabilisateurs. On comprend ainsi pourquoi l’idéologie conservatrice naît d’une réaction hostile (et parfois agressive) au progressisme que partagent les Lumières révolutionnaires, les libéraux et, plus tard, les socialistes. Les forces progressistes qualifient d’ailleurs encore aujourd’hui les traditionalistes de « réactionnaires ». Au tournant du 19 e siècle, les conservateurs sont généralement issus de la noblesse et du clergé ; ce sont d’ardents défenseurs des traditions monarchiques, aristocratiques et chrétiennes. Ils opposent ainsi souvent l’autorité de Dieu et de la tradition à celle de la raison et des droits humains. Malgré son attachement aux traditions, l’idéologie conservatrice évolue et absorbe les nouvelles valeurs et croyances. Dans sa version plus moderne, influencée par le libéralisme classique, le conservatisme est aussi à l’origine du nationalisme.
Idéologies polIt polItIques
Questions de fin de chapitre Questions de révision
1. Quel problème de société justifie souvent l’adoption de politiques de conservatisme fiscal ?
2. Nommez les deux plus grands penseurs du conservatisme fiscal. 3. Quels groupes les politiciens populistes mettent-ils constamment en opposition ? 4. Quelles sont les quatre valeurs fondamentales aux yeux des conservateurs moraux ?
Questions de compréhension 5. Pourquoi les conservateurs moraux s’opposent-ils à « l’ingénierie sociale» mise de l’avant par la gauche progressiste?
Résumé des points importants du chapitre
■ Au moment de son apparition au tournant du 19e siècle, le conservatisme est d’abord une forme de réaction politique au mouvement progressiste et révolutionnaire moderne. ■ Les nationalistes conservateurs souhaitent préserver et promouvoir patriotiquement les valeurs, les croyances et les traditions de la majorité nationale. ■ Les conservateurs adoptent le pragmatisme politique : ils misent sur la prudence et la stabilité, et se méfient de la volonté transformatrice des idéologies modernes.
■ Contre les ingénieurs sociaux, les conservateurs croient que les changements doivent être graduels et nécessaires.
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6. Quel est le principal objectif des mesures d’austérité selon le conservatisme fiscal ? 7. Donald Trump a l’habitude de publier des messages sur les réseaux sociaux. Un de ses messages mentionne ceci (traduction libre) : Les médias des FAUSSES NOUVELLES (les perdants de @nytimes, @NBCNews, @ABC, @CBS, @CNN) ne sont pas mes ennemis, ce sont les ennemis du peuple américain ! Source: https://twitter.com/realDonaldTrump/status/ 832708293516632065 [lien consulté le 27 mars 2019]
Expliquez pourquoi vous pourriez qualifier ce message de Donald Trump de « populiste».
8. a) Pourquoi les conservateurs fiscaux veulent-ils toujours offrir des avantages fiscaux (baisses d’impôts et de taxes, entre autres) aux mieux nantis plutôt qu’à la classe moyenne? moyenne ?
b) En analysant le tableau suivant, portant sur la répartition mondiale de la richesse, croyez-vous que ces mesures sont efficaces ? Pourquoi ?
■ Selon les conservateurs, l’élitisme désigne l’attitude critique, voire méprisante, des élites progressistes quant aux valeurs de la majorité. ■ Le fondamentalisme des valeurs est une politique conservatrice fondée sur l’exaltation des croyances religieuses et morales des citoyens.
Idéologies polItIques
Glossaire
Chapitre 3 Le conservatisme
A
Pour aller plus loin L’absolutisme définit la souveraineté de l’État comme étant le commandement de droit divin du « souverain », le roi, sur ses sujets. Dans le contexte des monarchies européennes des années 1500-1700, l’absolutisme désigne ainsi le pouvoir sans bornes (absolu) du roi sur la population de son royaume au nom de la paix, de Dieu et de la tradition. Malgré ses abus de pouvoir évidents, cette idéologie a permis de réaliser l’unité politique et territoriale de pays comme la France, le Royaume-Uni, l’Espagne et la Russie en associant la sécurité de toutes les parties du royaume à l’autorité d’un pouvoir étatique centralisé, capable de faire taire par la force les conflits religieux et civils.
Des définitions fondamentales avec parfois une rubrique Pour aller plus loin enrichissent l’ouvrage.
Contrat social Association rationnelle ou entente volontaire, mutuellement consentie, entre partenaires égaux et libres de la société.
C Classe sociale
Pour aller plus loin La classe sociale est un concept permettant de décrire les groupes qui composent la société ainsi que leurs relations de pouvoir. Les classes sociales désignent des ensembles d’individus définis en fonction d’un ou de plusieurs critères ou attributs spécifiques en vue de les différencier d’autres ensembles d’individus. Par exemple, la division entre prolétariat et bourgeoisie est fondée sur des critères économiques (revenus, travail, réseaux, etc.). Les classes sociales se traduisent en hiérarchies sociales et politiques, car les critères ou les attributs qui distinguent les individus permettent à une catégorie minoritaire d’entre eux de détenir un certain contrôle sur la majorité de ceux qui ne les possèdent pas. Ce pouvoir permet à son tour à la classe sociale minoritaire d’exploiter économiquement la classe sociale politiquement plus faible. Ainsi la bourgeoisie domine et exploite le prolétariat dans la société industrielle.
Idéologies polItIques
Annexes
D
Le libéralisme classique
Développement durable Modèle qui met en place des politiques publiques incitant à consommer moins et mieux en prévision de l’avenir au moyen de technologies moins polluantes et d’habitudes de vie plus respectueuses de l’environnement.
John Locke (1632-1704)
Pour aller plus loin Selon les partisans du développement durable, la nature est un patrimoine dont les générations futures doivent pouvoir bénéficier. Puisque l’humain exploite bien plus en une génération que ce que la nature produit en ressources, l’obligation lui incombe de se responsabiliser en diminuant le plus possible son empreinte écologique pour assurer les besoins des générations futures. Il s’agit en outre de mettre en place des politiques publiques incitant à consommer moins et mieux en prévision de l’avenir au moyen de technologies moins polluantes et d’habitudes de vie plus respectueuses de l’environnement.
B
Ensemble d’individus défini en fonction d’un ou de plusieurs critères ou attributs spécifiques en vue de les différencier d’autres ensembles d’individus. Par exemple, la division entre prolétariat et bourgeoisie est fondée sur des critères économiques (revenus, travail, réseaux, possession des moyens de production, etc.).
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Communes Petites fermes collectives autogérées et égalitaires où des groupes de jeunes hippies font la promotion de la paix et de l’amour libre au milieu des années 1960 en Occident (surtout aux États-Unis).
Bourgeois Celui qui possède l’argent et les équipements industriels de production économique. Dans les régimes parlementaires, comme ils sont les principaux payeurs de taxes (contribuables), les bourgeois dominent aussi la vie politique et s’assurent de maintenir cet avantage sur la classe des travailleurs. Cette nouvelle stratification sociale dure jusqu’au milieu du 20e siècle.
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À la fin de chaque chapitre, des exercices de révision, de compréhension et d’analyse sont proposés.
Question d’analyse
■ Le conservatisme fiscal propose des politiques économiques d’austérité, visant la baisse des taxes et des impôts, afin de stimuler la croissance économique. ■ Le populisme conservateur procède souvent en simplifiant les enjeux sociaux et économiques, puis en polarisant la majorité nationale contre des adversaires (les élites, les minorités, etc.).
Absolutisme Pouvoir sans bornes (absolu) du roi sur la population de son royaume au nom de la paix, de Dieu et de la tradition. L’absolutisme définit la souveraineté de l’État comme étant le commandement de droit divin du souverain, le roi, sur ses sujets.
Le philosophe anglais John Locke est considéré comme le grand fondateur du libéralisme classique. Il défend les principes de la liberté individuelle et du gouvernement représentatif en prenant parti pour l’institution du parlementarisme comme contrepoids essentiel à l’autorité des souverains. La pensée politique de Locke est avant tout une critique de l’absolutisme royal. Ses principaux ouvrages, dont le Traité du gouvernement civil (1690), exposent les fondements du libéralisme classique. Locke critique les gouvernements arbitraires ou abusifs à partir de l’idéal de la liberté individuelle. Le gouvernement constitutionnel, c’est-à-dire fondé sur la loi, a pour objet principal le bien public, soit la sécurité des personnes et de leurs biens individuels : « J’entends donc par pouvoir politique le droit de faire des lois, sanctionnées ou par la peine de mort ou, a fortiori, par des peines moins graves, afin de réglementer et de protéger la propriété ; d’employer la force publique afin de les faire exécuter et de défendre l’État contre les attaques venues de l’étranger : tout cela en vue, seulement, du bien public. » (Locke, Traité du gouvernement civil civil, Livre 1, ch. 1, §3, Éditions CEC) Selon la version du contrat social développé par Locke, le fonctionnement réel du pouvoir doit toujours demeurer compatible avec les droits que l’humain hérite de la Nature et de Dieu, dont la liberté de conscience et le droit de poursuivre son propre bonheur. Un gouvernement civil sera ainsi juste et légitime uniquement s’il repose sur le consentement libre de ceux qui vivent soumis à ses lois.
Division du travail Spécialisation des tâches de production.
E Écologie Science qui étudie les milieux naturels, appelés « écosystèmes » (unités écologiques décrivant l’interaction entre des organismes animaux, végétaux et bactériens). Pour aller plus loin L’écologie est la science étudiant les milieux naturels appelés « écosystèmes ». Un écosystème désigne l’unité écologique décrivant l’interaction entre des organismes animaux, végétaux et bactériens. L’écologie scientifique est à l’origine de son pendant politisé et militant. Les écologistes opposent une perspective dite « écocentrique» (centrée sur l’environnement écologique) à l’« anthropocentrisme» anthropocentrisme des conceptions sociales, juridiques, économiques et politiques associées à la modernité industrielle qui sont centrées uniquement sur les besoins de l’humain. L’écologisme affirme en outre que les individus font partie intégrante d’un écosystème planétaire, la « biosphère». ». Les impacts environnementaux des activités humaines, appelés « empreinte écologique», transcendent les frontières politiques en affectant l’ensemble de la vie sur Terre.
C’est là que la représentation politique entre en scène. Car pour gouverner, les hommes politiques ont besoin de la confiance (trust) trust trust) du peuple. Et pour obtenir cette confiance (to be entrusted), les gouvernants doivent être représentatifs (trustee) trustee)) et autorisés ((entrusted trustee entrusted ) par les gouvernés. Si le gouvernement n’a plus la confiance du peuple, alors ce dernier peut recourir à son droit de révolution. Depuis Locke, le libéralisme considère que si le pouvoir et l’État sont des artifices nécessaires à la vie des individus en société, ils n’en sont pas moins dangereux. Le pouvoir corrompt. Et si l’on place trop de pouvoir entre les mains d’un seul individu, celui-ci aura tendance à en abuser. Les libéraux se méfient en outre du pouvoir de taxation confié à l’État. Par le passé, les rois et la noblesse ont souvent abusé de leurs pouvoirs pour s’approprier le bien d’autrui. Locke soutient en conséquence que la propriété privée est un droit aussi fondamental que sa vie et sa liberté. Mais qu’est-ce que la propriété privée ? En quoi un bien matériel – des fruits, une terre ou une somme d’argent – peut-il être l’objet d’un droit individuel ? Locke explique que c’est le travail de l’individu qui lui donne le droit de s’approprier les choses :
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Idéologies POLITIQUES
La rubrique Par EXEMPLE exemplifie certains principes et certaines explications.
L’importance des traditions
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CAQ
Au Canada, les trois principaux partis politiques reflètent assez bien la distribution classique des grandes idéologies de la droite et de la gauche (voir figure 1.4). Le Parti conservateur (PC) est le plus à droite, le Nouveau parti démocratique (NPD) se range plus à gauche et le Parti libéral du Canada (PLC) est au centre de ces formations. Pourtant, à l’élection de 2015, le PLC s’est déplacé sur la gauche pour concurrencer directement le NPD. Cette stratégie s’explique sans doute par la domination politique du PC entre 2006 et 2015 causée par la division du vote au centre-gauche entre le NPD et le PLC. En menant une campagne électorale plus à gauche, le PLC est devenu une option de centre-gauche capable de reprendre des électeurs au NPD pour vaincre le PC !
Figure 1.4
Les définitions des notions fondamentales sont données en marge.
Idéologies polItIques
« Un homme qui se nourrit de glands qu’il ramasse sous un chêne, ou de pommes qu’il cueille sur des arbres, dans un bois, se les approprie certainement par-là. On ne saurait contester que ce dont il se nourrit, en cette occasion, ne lui appartienne légitimement. Je demande donc : Quand est-ce que ces choses qu’il mange commencent à lui appartenir en propre ?
Les annexes présentent du contenu plus étoffé en lien avec des problématiques ou des personnages-clés.
Table des matières INTRODUCTION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Qu’est-ce que la science politique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Qu’est-ce qu’une idéologie politique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 • D’où viennent les idéologies politiques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 • Comment étudier les idéologies politiques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 • Pourquoi connaître les idéologies politiques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 • Organisation des chapitres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 CHAPITRE 1 LA GAUCHE ET LA DROITE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Qu’est-ce que l’axe gauche-droite ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Quelle est l’origine de ce symbole ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 L’axe gauche-droite et les grandes idéologies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 La montée aux extrêmes du 20e siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 Prendre parti, c’est choisir une direction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 Les distinctions morales et économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 En conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Résumé des points importants du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Questions de fin de chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 CHAPITRE 2 LE LIBÉRALISME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Qu’est-ce que le libéralisme ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des conceptions de la liberté politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le libéralisme classique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le libéralisme économique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le néolibéralisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Résumé des points importants du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Questions de fin de chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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CHAPITRE 3 LE CONSERVATISME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’origine du conservatisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le pragmatisme conservateur : l’anti-utopie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le conservatisme : une idéologie anti-idéologique ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le conservatisme fiscal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le conservatisme moral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Résumé des points importants du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Questions de fin de chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
36 37 39 40 41 43 46 46 47
Table des matières
V
Table des matières CHAPITRE 4 LE SOCIALISME . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’origine du socialisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le socialisme utopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le marxisme et le communisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le communisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Socialisme réformiste et social-démocratie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Résumé des points importants du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Questions de fin de chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
48 49 51 53 57 59 60 61 61
CHAPITRE 5 DES IDÉOLOGIES CONTEMPORAINES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le féminisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’écologisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le populisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’islamisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le cosmopolitisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . En conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Résumé des points importants du chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Questions de fin de chapitre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
62 63 66 69 71 72 73 74 74
ANNEXES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75 Le libéralisme classique – John Locke (1632-1704) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le libéralisme économique – Adam Smith (1723-1790) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le conservatisme – Edmund Burke (1729-1797) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le conservatisme – Milton Friedman (1912-2006) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le conservatisme – Johann Gottfried Herder (1744-1803) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le conservatisme – Le fondamentalisme des valeurs : le cas américain . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le socialisme – Karl Marx (1818-1883) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le socialisme – Eduard Bernstein (1850-1932) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le socialisme – Particularisme et universalisme : un débat méthodologique et politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des idéologies contemporaines – Le droit de vote des femmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des idéologies contemporaines – Simone de Beauvoir (1908-1986) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
76 77 78 79 79 80 81 81 82 83 83
GLOSSAIRE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84 BIBLIOGRAPHIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87
VI
Idéologies POLITIQUES
Introduction Qu’est-ce que la science politique ? La science politique est une branche des sciences sociales qui étudie les phénomènes politiques de manière transdisciplinaire. Ces phénomènes ont en commun l’enjeu du pouvoir politique, que la science politique aborde à partir d’une grande variété d’angles : • Qu’est-ce qui influence les comportements politiques ? • Comment sont organisées les structures et les institutions du pouvoir politique ? • Qu’est-ce qu’un pouvoir juste ou légitime ? En science politique, différentes méthodes et approches théoriques peuvent être utilisées pour étudier ces grands enjeux de société. En outre, la science politique est véritablement transdisciplinaire, puisqu’elle intègre des approches sociologiques, juridiques, économiques, historiques, psychologiques, anthropologiques et philosophiques. Elle développe et déploie ces différentes méthodes scientifiques pour comprendre et expliquer les phénomènes du pouvoir politique. L’ouvrage que vous avez entre les mains aborde le pouvoir politique sous l’angle principal des idées. Son objectif est donc de vous initier aux fondements des grandes idées politiques à l’origine des conceptions et des institutions politiques modernes et contemporaines.
Étudier les idées et leur influence Pourquoi vivons-nous dans des régimes démocratiques ? Pourquoi a-t-on attribué aux parlements le rôle de débattre et d’adopter les lois ? Pourquoi les questions économiques occupentelles une place aussi grande dans nos débats de société ?... Les réponses à ces questions sont nombreuses et complexes. Elles demandent de comprendre le pouvoir des idées politiques qui sont à l’origine des croyances et des institutions qui dominent la vie politique de nos sociétés. Nous comprenons le monde dans lequel nous vivons par l’entremise de quantité d’idées à son sujet. Nous héritons, en effet, d’idées sur l’organisation de la vie sociale que d’autres ont inventées avant nous. Ces croyances et ces représentations agissent de manière subtile, puisqu’elles parlent à travers nos opinions et nos analyses politiques quotidiennes. Elles constituent en quelque sorte un code permettant de donner du sens aux relations de pouvoir étudiées par la science politique. Elles servent tantôt à justifier, tantôt à critiquer ou à transformer les relations sociales. Les idées politiques possèdent donc un très grand pouvoir : elles font évoluer la société et évoluent elles-mêmes grâce aux impulsions sociales qu’elles ont générées. Mais s’il est aisé de percevoir l’importance des idées dans la vie politique, il est beaucoup moins facile de les décoder scientifiquement !
Qu’est-ce qu’une idéologie politique ? La science politique utilise depuis longtemps le concept d’idéologie politique pour étudier les discours, l’action et l’organisation politiques. Ce concept renvoie, de manière générale, à un ensemble relativement cohérent d’idées et de croyances qui organise la pensée et le comportement des individus en société.
Idéologie politique : Au sens large, un ensemble d’idées qui sont propres à une époque ou à un contexte social, politique et historique donné, ou qui en sont caractéristiques. De manière plus spécifique, les idéologies politiques représentent des ensembles de principes qui servent à organiser des croyances, des doctrines, des valeurs ou des intérêts en un système de pensée cohérent sur la société, son passé et son avenir.
Introduction
1
Chapitre
1
La gauche et la droite
Sommaire Qu’est-ce que l’axe gauche-droite ? Quelle est l’origine de ce symbole ? L’axe gauche-droite et les grandes idéologies La montée aux extrêmes du 20e siècle Prendre parti, c’est choisir une direction Les distinctions morales et économiques
Objectifs d’apprentissage Après la lecture de ce chapitre, vous serez en mesure : • de comprendre les fondements du clivage gauche-droite ; • de relever les grandes idées politiques des familles idéologiques ; • d’expliquer le phénomène de la polarisation politique.
Chapitre 1 La gauche et la droite
5
Mise en contexte L
e manque de diversité ethnique dans la fonction publique est inacceptable… Subventionner les artistes est une perte d’argent… Les études collégiales et universitaires devraient être gratuites… L’immigration de masse est une menace à notre culture… Il faut augmenter la taxation des plus riches pour réduire les inégalités économiques… Il faut alléger le fardeau fiscal des entrepreneurs pour créer de bons emplois… Ces six énoncés politiques constituent des jugements de valeur communs. Ces jugements portent sur la situation présente de la société ainsi que sur les changements qu’on devrait apporter pour l’améliorer. Dans une société démocratique, comme au Québec et au Canada, vous pouvez entendre débattre de ces idées tous les jours, en privé comme en public. La moitié des énoncés proposent des idées et des croyances associées à la « droite », et l’autre moitié à la « gauche ». Pouvez-vous les reconnaître et les distinguer ? L’une des oppositions les plus durables dans les démocraties est celle entre la gauche et la droite. Les étiquettes « de gauche » et « de droite » se rapportent à des positions idéologiques assez larges et parfois contestées. Comme elles évoluent d’une société à l’autre et, au fil du temps, au sein d’une même société, il est souvent difficile de s’y retrouver. Ce chapitre vous aidera à y voir plus clair avant d’approfondir les grandes idéologies politiques modernes et contemporaines dans les suivants. L’explication de l’axe gauche-droite vous aidera à simplifier les positionnements politiques en vue de mieux comprendre les idéologies des traditions, des acteurs et des formations politiques.
Qu’est-ce que l’axe gauche-droite ? La distinction entre la gauche et la droite n’a rien à voir avec le fait d’être gaucher ou droitier. Il s’agit avant tout d’une métaphore : elle illustre la manière dont les gens se positionnent, se divisent et s’organisent politiquement dans une société démocratique. Pour faire très simple, on peut dire que les gens de gauche et de droite ont des idées, des affinités et des projets politiques opposés, et que ces étiquettes servent de pôles où se regroupent les gens qui partagent ces affinités. La nature même du pouvoir dans une société démocratique explique les besoins de se diviser et de se regrouper. Comme le gouvernement change souvent, puisqu’il est choisi par le peuple, la diversité des idées et le débat public sont importants. La diversité compte puisque choisir un gouvernement suppose d’avoir des options. En présentant des programmes électoraux différents (et souvent opposés), les partis politiques offrent cette diversité d’options aux citoyens. Et puisque les représentants élus d’un courant politique dominant forment le gouvernement, c’est le débat public qui permet de trancher et de prendre la décision : le débat permet de vérifier, parmi les options politiques diverses, lesquelles se démarquent par leur pertinence et leur pouvoir d’adhésion auprès du peuple. En démocratie, la gauche et la droite favorisent aussi l’alternance entre les grandes tendances et familles politiques. Lorsque les électeurs, après avoir élu un gouvernement de droite ou de gauche, désirent du changement, ils optent souvent pour l’orientation opposée.
6
Idéologies POLITIQUES
Par EXEMPLE Deux exemples récents illustrent cette tendance à l’alternance gauche-droite : • Après avoir été gouvernés à droite par le Parti conservateur de Stephen Harper depuis 2006, les Canadiens élisent en 2015 un gouvernement plus à gauche, le Parti libéral de Justin Trudeau. • Après avoir été gouvernés à gauche par le Parti démocrate de Barack Obama depuis 2009, les Étatsuniens élisent en novembre 2016 un gouvernement plus à droite, le Parti républicain de Donald Trump.
Trois fonctions de la distinction gauche-droite Nous avons dit que la distinction gauche-droite est une métaphore politique. Comme toute métaphore, elle est une représentation imparfaite de la réalité. Malgré ses imperfections et son imprécision, la distinction gauche-droite possède trois grandes fonctions : 1- Fonction pédagogique : Elle permet aux médias et au peuple de comprendre les accords et les désaccords entre les différents groupes politiques et leurs idées. Autrement dit, cette distinction nous aide à simplifier la réalité politique complexe en vulgarisant les enjeux où il y a désaccord entre les groupes politiques. 2- Fonction politique : Elle facilite l’expression des idées politiques, le positionnement et l’organisation des groupes politiques. Autrement dit, ceux-ci peuvent élaborer des messages politiques plus cohérents dans le but d’atteindre et de mobiliser efficacement les individus sur la base d’affinités communes. 3- Fonction scientifique : Elle permet à la science politique d’étudier et de classer les idées, les groupes et les organisations politiques qui rivalisent d’influence dans la société. Autrement dit, la distinction nous aide à analyser et à synthétiser les idéologies des acteurs politiques, notamment les partis, les gouvernements et les organisations politiques.
Quelle est l’origine de ce symbole ? D’où vient la distinction entre la droite et la gauche ? L’opposition s’est forgée au lendemain de la Révolution française, dans les années 1790, alors que le roi de France était toujours officiellement le chef de l’État français. La nouvelle Assemblée nationale, créée pour représenter le peuple français, rassemblait les députés du royaume. Elle était alors divisée sur la question du « veto » royal, c’est-à-dire sur le droit du roi de bloquer les projets de loi ou leur entrée en vigueur – ce qu’on appelle le « droit de veto ». Or, les députés qui voulaient maintenir cette prérogative royale se trouvaient à siéger à droite du président de l’Assemblée, et ceux qui y faisaient obstacle, à sa gauche. Cette division, qui n’avait à l’origine aucune signification politique, devint, au 19e siècle, le symbole du positionnement politique en France : • La gauche regroupait les députés républicains qui souhaitaient transformer la société française de fond en comble selon le principe de la Révolution, c’est-à-dire les représentants de la bourgeoisie ainsi que les membres de la noblesse libérale. La gauche était ainsi engagée à réaliser les idéaux de la Révolution, soit la liberté, l’égalité et la fraternité ; • La droite regroupait les députés royalistes favorables à l’Ancien Régime, soit le clergé et une partie de la noblesse. La droite souhaitait ainsi le maintien de la société de l’Ancien Régime : une société très inégalitaire, fondée sur l’autorité du roi, de l’Église et de la tradition.
Chapitre 1 La gauche et la droite
7
Figure 1.3
LES IDÉOLOGIES DES QUATRE PRINCIPALES FORMATIONS POLITIQUES AU QUÉBEC
QS
PQ
PLQ
CAQ
L’exemple du Canada Au Canada, les trois principaux partis politiques reflètent assez bien la distribution classique des grandes idéologies de la droite et de la gauche (voir figure 1.4). Le Parti conservateur (PC) est le plus à droite, le Nouveau parti démocratique (NPD) se range plus à gauche et le Parti libéral du Canada (PLC) est au centre de ces formations. Pourtant, à l’élection de 2015, le PLC s’est déplacé sur la gauche pour concurrencer directement le NPD. Cette stratégie s’explique sans doute par la domination politique du PC entre 2006 et 2015 causée par la division du vote au centre-gauche entre le NPD et le PLC. En menant une campagne électorale plus à gauche, le PLC est devenu une option de centre-gauche capable de reprendre des électeurs au NPD pour vaincre le PC !
Figure 1.4
LES IDÉOLOGIES DES TROIS PRINCIPALES FORMATIONS POLITIQUES AU CANADA
NPD
Jagmeet Singh, chef du NPD
12
Idéologies POLITIQUES
PLC
Justin Trudeau, chef du PLC et premier ministre du Canada
PC
Andrew Scheer, chef du PC
Les distinctions morales et économiques Nous avons vu que les courants de pensée ont historiquement tendance à se subdiviser sur l’axe gauche-droite. Comme l’aborderont les prochains chapitres, le clivage gauche-droite crée aussi des formations hybrides.
Par EXEMPLE Des courants sympathiques aux réformes sociales sont apparus très tôt au sein du libéralisme et ont pris la forme d’un libéralisme tantôt de gauche, tantôt de droite. Afin de s’y retrouver parmi ces mouvements, ces sous-mouvements et ces contremouvements idéologiques, les politologues qui tentent de discerner la droite de la gauche font souvent appel à une autre distinction dans leur grille d’analyse : celle entre les domaines de la morale et de l’économie. Dans le domaine moral : • La droite est influencée par un certain conservatisme, plus ou moins prononcé d’un pays à l’autre. Elle aura davantage tendance à défendre les normes et les valeurs traditionnelles de la majorité (comme la famille, la religion ou la patrie) et à valoriser l’ordre, l’effort et la discipline. • De son côté, la gauche prendra position pour la remise en question des normes et des valeurs traditionnelles ainsi que la défense des personnes et des groupes plus vulnérables. • L’opposition entre la gauche et la droite se canalisera alors sur des questions comme la justice (Que faire avec les criminels ? Doit-on criminaliser la drogue ? Doit-on permettre l’aide médicale à mourir ? etc.), les mœurs (l’avortement, le divorce, le mariage homosexuel, la légalisation des drogues, etc.) et l’identité nationale (l’utilisation des signes religieux dans l’espace public, l’intégration des immigrants, la défense nationale, etc.). La droite aura tendance à défendre des positions plus fermes, alors que la gauche cherchera plutôt des accommodements favorables aux personnes les plus vulnérables dans la perspective d’une plus grande égalité sociale. Dans le domaine économique, l’opposition portera d’abord sur la place de l’État dans l’économie : • La gauche sera en général favorable à une place accrue de l’État. On la dira plus interventionniste. Pour elle, il est nécessaire que l’État intervienne dans l’économie et crée des programmes sociaux (éducation, santé, aide sociale) pour assurer la justice sociale, l’égalité entre les citoyens ainsi qu’une efficacité d’ensemble accrue grâce à une meilleure coopération sociale. • La droite sera encline à laisser plus de place au libre marché ; elle favorise le laisser-faire. Elle aura tendance à dire que l’intervention de l’État est, dans les faits, peu efficace et qu’on peut produire davantage de richesse en réduisant les impôts et en laissant faire les individus et les entreprises. • En réalité, l’opposition gauche-droite dans le domaine économique prendra souvent la forme d’un débat entre l’égalité et l’efficacité. Mais, ici encore, méfions-nous du caractère parfois superficiel de l’opposition gauche-droite : rares sont les personnes de gauche qui souhaitent détruire complètement le libre marché, et rares sont celles de droite qui souhaitent éliminer toutes les interventions de l’État. Ainsi, la majorité des individus sont d’avis que l’État et le marché doivent jouer un rôle complémentaire pour assurer l’efficacité et l’égalité… même si les choses se durcissent lorsqu’on discute de politiques et de programmes sociaux particuliers !
Chapitre 1 La gauche et la droite
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En conclusion L
éclairer les électeurs et à diminuer l’abstentionnisme électoral, en croissance depuis 30 ans (voir Par exemple p. 17).
a gauche et la droite ont une histoire riche et complexe. La distinction entre les pôles (et les centres) idéologiques est utile, mais ne suffit pas pour bien représenter la complexité de la dynamique politique. De plus, avec la montée de l’individualisme de notre époque, les gens se cherchent davantage et se sentent de plus en plus politiquement déboussolés…
Deux perspectives engagées pour finir !
Selon diverses études effectuées auprès des électeurs, la tendance actuelle des individus est de croire qu’ils ne sont pas vraiment influencés par les discours politiques. La loyauté aux idéologies et aux formations politiques ayant aussi tendance à décliner, les électeurs changent plus aisément d’allégeance que par le passé. Nombre de partis politiques abandonnent euxmêmes les étiquettes de gauche, de droite et de centre (mais aussi de libéralisme, de conservatisme et de socialisme). Ces tendances peuvent augmenter la confusion des électeurs…
Nous avons ainsi demandé à deux personnages politiques connus du Québec contemporain, Mathieu Bock-Côté et Catherine Dorion, de partager leurs perspectives. Figures intellectuelles, médiatiques et politiques représentatives du débat d’idées au Québec, elles polarisent vers la gauche et la droite.
En réponse à cette perte de repères, les politologues et les médias ont développé de nouveaux outils pour aider les électeurs apolitiques de mieux s’y retrouver durant les élections : sondages, sites Internet et boussoles électorales. Ces instruments conçus à partir des enjeux et de la position politique des partis visent à
Pour conclure cette présentation de la gauche et de la droite, nous présentons deux figures emblématiques qui illustrent des points de vue engagés. Elles permettent de mieux comprendre non pas ce qui les divise, mais ce qui les anime.
Nous avons choisi deux personnalités publiques très médiatisées qui représentent la nouvelle génération d’influenceurs politiques. M. Bock-Côté et Mme Dorion s’entendent sur un seul enjeu : ce sont des souverainistes engagés. Pourtant, ils ne vous parleront pas du statut politique du Québec. Leurs paroles éclaireront plutôt la différence d’esprit entre la gauche et la droite.
Mathieu Bock-Côté est sociologue, essayiste et chroniqueur. Né en 1980, il détient un doctorat en sociologie de l’Université du Québec à Montréal. Auteur de six livres, il occupe également une position d’influence dans les médias québécois (Journal de Montréal, TVA, Action nationale) et français (Le Figaro). Intellectuel articulé et médiatisé, Mathieu Bock-Côté incarne plusieurs des grandes idées de la droite politique contemporaine. Il a gracieusement accepté de vous expliquer directement, de manière synthétique et accessible, ce que signifie pour lui « être de droite ».
Être de droite, par Mathieu Bock-Côté « Comme la plupart des gens marqués à droite, je me méfie de cette étiquette. Car on se réclame moins de la droite qu’on se fait accuser d’y appartenir. Mais jouons le jeu : être de droite, pour moi, consiste d’abord à ne pas être de gauche. C’est-à-dire que je refuse de définir notre existence politique exclusivement dans les catégories de la modernité. Je critique la dynamique trop souvent faussée de « l’émancipation » qui, concrètement, arrache l’homme à ses appartenances. […] L’homme a pourtant besoin d’enracinement. Traduisons concrètement : la gauche, aujourd’hui, célèbre le multiculturalisme, qui permettrait d’extraire la civilisation
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Idéologies POLITIQUES
occidentale d’une histoire funeste qu’elle croit marquée au fer rouge du racisme en lui donnant l’occasion de renaître dans le culte de la diversité. La droite refuse ce portrait accusateur. Elle défend le droit des peuples occidentaux à assumer une identité historique dont ils n’ont pas à avoir honte. Elle sait que l’histoire est tragique et qu’il faut savoir conjuguer des idéaux contradictoires en sachant que le paradis n’est pas de ce monde. De là l’importance du politique. La droite se méfie de la toute-puissance du droit et s’inquiète des effets dissolvants du marché. Les maîtres mots de la droite ? Liberté, identité, héritage, culture, nation et transmission. Naturellement, la droite considère que le conservatisme est un humanisme. »
Catherine Dorion est une femme politique élue députée à l’Assemblée nationale du Québec en 2018 sous la bannière du parti politique de gauche Québec solidaire. Née en 1982, elle est détentrice d’un baccalauréat en relations internationales (Université du Québec à Montréal) et d’une maîtrise en sciences politiques (King’s College de Londres). Intellectuelle articulée et médiatisée, Catherine Dorion fut aussi actrice, animatrice et autrice d’œuvres littéraires, d’essais et de nombreux articles. Elle a gracieusement accepté de vous livrer des extraits d’un discours prononcé à l’Assemblée nationale à la fin de 2018. Ils expriment bien la perspective de la gauche sur le rôle et les responsabilités d’une politicienne, notamment en comparant ce rôle à celui de l’artiste.
Discours de la 1re session de la 42e législature de l’Assemblée nationale (extrait), par Catherine Dorion « [L]e rôle d’un politicien, ce n’est pas si éloigné que ça de celui de l’artiste, au fond. Le politicien, c’est celui qui prend acte des désirs d’une société et qui cherche comment travailler à les concrétiser. C’est celui qui dit à son monde : “Est-ce que vous vous reconnaissez dans le récit que je suis en train d’essayer de raconter pour nous et que je propose qu’on traduise en actions ?” Et là, quand je parle d’actions, je ne parle pas de petites mesures incohérentes entre elles et pensées en fonction d’accumuler les clientèles électorales pour être porté au pouvoir le plus facilement possible. Je parle d’actions qui s’articulent autour d’une vision du monde claire et profonde, qui plonge dans notre passé et qui se déploie dans l’imagination de ce
que pourrait être une suite du monde qui nous donne envie et qui ne nous fasse pas honte face à nos enfants. Le politicien, c’est celui qui est en conversation constante avec les gens qui vivent autour de lui, qui travaille à sortir sa société des petites divisions, des petites batailles d’intérêt particulier et de l’acharnement insensé sur les boucs émissaires désignés par l’époque pour refondre le désir populaire dans un large mouvement, qui peut être coloré, qui peut être bariolé, mais qui est toujours cohérent, dans un large mouvement de libération et d’émancipation. Libération de quoi ? Libération des vieilles idées, des dogmes dépassés qui empêchent l’avenir de percer. Bref, si les artistes sont en quelque sorte les lecteurs du désir, les politiciens, eux, imaginent des modes d’action concrète pour le réaliser. Ils sont les ouvriers créatifs du comment. »
Par EXEMPLE
Le logiciel la Boussole électorale a été inventé au Canada en 2011. Il sert depuis dans de nombreux pays. Accessible en temps d’élections sur un portail Internet connu, la Boussole permet aux électeurs de connaître leurs préférences politiques à partir d’un questionnaire élaboré. Le répondant indique quelle importance il accorde à certains enjeux ainsi que son accord ou son désaccord avec certaines affirmations. Le logiciel calcule ensuite son positionnement relatif par rapport aux enjeux électoraux et aux positions des différents partis politiques. La Boussole électorale fournit une évaluation personnalisée qui ne demande ni connaissances ni engagement politiques.
Chapitre 1 La gauche et la droite
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En conclusion
B
ien qu’il soit attaché à la tradition et au passé, le conservatisme a su s’adapter aux changements politiques et économiques des deux derniers siècles. Les humains ont des tendances conservatrices naturelles, et il est toujours possible d’y recourir pour les influencer et les mobiliser. Aujourd’hui, les courants conservateurs sont prospères et font des gains politiques dans de nombreuses démocraties. Ce succès tient principalement à deux choses : un discours économique omniprésent et un discours moral polarisant. Les médias, les milieux d’affaires et les politiciens voient en général le conservatisme fiscal, qu’ils jugent responsable, d’un bon œil. À cet égard, les partis conservateurs sont capables de persuader des électeurs centristes et libéraux de voter pour leur formation pour des raisons économiques. Notre époque semble aussi évoluer dans une grande incertitude identitaire. La mondialisation déstabilise ; les migrations de populations, les changements technologiques, la perte des repères traditionnels, le terrorisme… Voilà autant de facteurs qui créent de l’insécurité générale et poussent les citoyens à faire confiance aux
dirigeants capables de les rassurer. Les conservateurs gagnent en crédibilité lorsqu’ils tiennent un discours fort et rassurant. Ils savent aussi polariser la population à leur avantage, parfois en désignant des ennemis publics (les élites, les minorités…), parfois en misant sur le respect des autorités et des hiérarchies traditionnelles au nom de l’ordre et de l’harmonie. Beaucoup d’intellectuels et de politiciens conservateurs en Amérique du Nord sont hostiles au développement des sciences et se méfient de tout mouvement politique faisant la promotion de changements majeurs dans la société… Les partis politiques conservateurs en Asie, en Europe, en Amérique et au Canada n’hésitent pas à en appeler au sentiment national des citoyens pour les mobiliser contre les politiques de grands changements, en particulier contre les réformes favorables à l’égalité sociale ou à l’environnement. Les populistes conservateurs rallient souvent les citoyens par des discours misant sur la peur des étrangers. Ils opposent aussi les valeurs morales, religieuses ou nationales aux politiques progressistes qui bénéficieraient aux pauvres, à l’émancipation des femmes et des minorités ou à la protection de l’environnement.
Résumé des points importants du chapitre ■ Au moment de son apparition au tournant du 19e siècle, le conservatisme est d’abord une forme de réaction politique au mouvement progressiste et révolutionnaire moderne.
■ Le conservatisme fiscal propose des politiques économiques d’austérité, visant la baisse des taxes et des impôts, afin de stimuler la croissance économique.
■ Les nationalistes conservateurs souhaitent préserver et promouvoir patriotiquement les valeurs, les croyances et les traditions de la majorité nationale.
■ Le populisme conservateur procède souvent en simplifiant les enjeux sociaux et économiques, puis en polarisant la majorité nationale contre des adversaires (les élites, les minorités, etc.).
■ Les conservateurs adoptent le pragmatisme politique : ils misent sur la prudence et la stabilité, et se méfient de la volonté transformatrice des idéologies modernes. ■ Contre les ingénieurs sociaux, les conservateurs croient que les changements doivent être graduels et nécessaires.
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Idéologies POLITIQUES
■ Selon les conservateurs, l’élitisme désigne l’attitude critique, voire méprisante, des élites progressistes quant aux valeurs de la majorité. ■ Le fondamentalisme des valeurs est une politique conservatrice fondée sur l’exaltation des croyances religieuses et morales des citoyens.
Questions de fin de chapitre Questions de révision 1. Quel problème de société justifie souvent l’adoption de politiques de conservatisme fiscal ? 2. Nommez les deux plus grands penseurs du conservatisme fiscal. 3. Quels groupes les politiciens populistes mettent-ils constamment en opposition ? 4. Quelles sont les quatre valeurs fondamentales aux yeux des conservateurs moraux ?
Questions de compréhension 5. Pourquoi les conservateurs moraux s’opposent-ils à « l’ingénierie sociale » mise de l’avant par la gauche progressiste ?
6. Quel est le principal objectif des mesures d’austérité selon le conservatisme fiscal ? 7. Donald Trump a l’habitude de publier des messages sur les réseaux sociaux. Un de ses messages mentionne ceci (traduction libre) : Les médias des FAUSSES NOUVELLES (les perdants de @nytimes, @NBCNews, @ABC, @CBS, @CNN) ne sont pas mes ennemis, ce sont les ennemis du peuple américain ! Source : https://twitter.com/realDonaldTrump/status/ 832708293516632065 [lien consulté le 27 mars 2019]
Expliquez pourquoi vous pourriez qualifier ce message de Donald Trump de « populiste ».
Question d’analyse 8. a) Pourquoi les conservateurs fiscaux veulent-ils toujours offrir des avantages fiscaux (baisses d’impôts et de taxes, entre autres) aux mieux nantis plutôt qu’à la classe moyenne ?
b) En analysant le tableau suivant, portant sur la répartition mondiale de la richesse, croyez-vous que ces mesures sont efficaces ? Pourquoi ?
Chapitre 3 Le conservatisme
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Résumé des points importants du chapitre ■ Le féminisme désigne une tradition diversifiée cherchant à réaliser l’égalité entre hommes et femmes dans la société. Au départ, les revendications féministes se concentraient sur les enjeux de l’égalité politique et économique. De nos jours, les idées féministes critiquent et remettent aussi en question la culture des identités genrées. ■ L’écologisme politique désigne les partis et les mouvements idéologiques verts qui souhaitent politiser les enjeux environnementaux. En outre, ils militent pour trouver des solutions mondiales à la crise environnementale de notre époque.
■ L’islamisme politique soutient la nécessité de réaliser une grande renaissance islamique mondiale afin d’étendre la religion et la culture de l’islam. Toutefois, le mouvement est divisé entre une branche violente et une branche pacifique. ■ Le cosmopolitisme affirme la nécessité de former des institutions politiques mondiales pour résoudre les grands enjeux transnationaux à l’ère de la mondialisation. Il soutient le dépassement des États et des nations afin de permettre à l’humanité de se gouverner démocratiquement à l’échelle mondiale.
■ Le populisme couvre un vaste ensemble de nouveaux mouvements idéologiques de droite comme de gauche. Il décrit surtout une transformation de la politique à notre époque. Les populistes utilisent notamment des discours démagogiques pour influencer le débat public et accéder au pouvoir, augmentant ainsi le phénomène de la polarisation gauche-droite.
Questions de fin de chapitre Questions de révision
Question d’analyse
1. Que réclament les suffragettes ? 2. Nommez la figure de proue du féminisme durant les années 1960. 3. Contre quoi l’idéologie « cosmopolitique » se dresse-t-elle principalement ? 4. Dans quels pays a-t-on vu des dirigeants populistes de droite être élus ?
7. Les idéologies présentées dans ce chapitre – féminisme, écologisme, populisme, islamisme et cosmopolitisme – sont transfrontalières. Expliquez pourquoi en donnant un exemple pour chaque idéologie.
Questions de compréhension 5. En quoi les objectifs du féminisme ont-ils évolué au fil du temps ? 6. Quelle est la principale différence entre l’écologisme libéral et l’écologisme radical ?
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Idéologies POLITIQUES
Annexes Sommaire Le libéralisme classique – John Locke (1632-1704) Le libéralisme économique – Adam Smith (1723-1790) Le conservatisme – Edmund Burke (1729-1797) Le conservatisme – Milton Friedman (1912-2006) Le conservatisme – Johann Gottfried Herder (1744-1803) Le conservatisme – Le fondamentalisme des valeurs : le cas américain Le socialisme – Karl Marx (1818-1883) Le socialisme – Eduard Bernstein (1850-1932) Le socialisme – Particularisme et universalisme : un débat méthodologique et politique Des idéologies contemporaines – Le droit de vote des femmes Des idéologies contemporaines – Simone de Beauvoir (1908-1986)
Annexes
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Annexes Le libéralisme classique John Locke (1632-1704) Le philosophe anglais John Locke est considéré comme le grand fondateur du libéralisme classique. Il défend les principes de la liberté individuelle et du gouvernement représentatif en prenant parti pour l’institution du parlementarisme comme contrepoids essentiel à l’autorité des souverains. La pensée politique de Locke est avant tout une critique de l’absolutisme royal. Ses principaux ouvrages, dont le Traité du gouvernement civil (1690), exposent les fondements du libéralisme classique. Locke critique les gouvernements arbitraires ou abusifs à partir de l’idéal de la liberté individuelle. Le gouvernement constitutionnel, c’est-à-dire fondé sur la loi, a pour objet principal le bien public, soit la sécurité des personnes et de leurs biens individuels : « J’entends donc par pouvoir politique le droit de faire des lois, sanctionnées ou par la peine de mort ou, a fortiori, par des peines moins graves, afin de réglementer et de protéger la propriété ; d’employer la force publique afin de les faire exécuter et de défendre l’État contre les attaques venues de l’étranger : tout cela en vue, seulement, du bien public. » (Locke, Traité du gouvernement civil, Livre 1, ch. 1, §3, Éditions CEC) Selon la version du contrat social développé par Locke, le fonctionnement réel du pouvoir doit toujours demeurer compatible avec les droits que l’humain hérite de la Nature et de Dieu, dont la liberté de conscience et le droit de poursuivre son propre bonheur. Un gouvernement civil sera ainsi juste et légitime uniquement s’il repose sur le consentement libre de ceux qui vivent soumis à ses lois. C’est là que la représentation politique entre en scène. Car pour gouverner, les hommes politiques ont besoin de la confiance (trust) du peuple. Et pour obtenir cette confiance (to be entrusted), les gouvernants doivent être représentatifs (trustee) et autorisés (entrusted) par les gouvernés. Si le gouvernement n’a plus la confiance du peuple, alors ce dernier peut recourir à son droit de révolution. Depuis Locke, le libéralisme considère que si le pouvoir et l’État sont des artifices nécessaires à la vie des individus en société, ils n’en sont pas moins dangereux. Le pouvoir corrompt. Et si l’on place trop de pouvoir entre les mains d’un seul individu, celui-ci aura tendance à en abuser. Les libéraux se méfient en outre du pouvoir de taxation confié à l’État. Par le passé, les rois et la noblesse ont souvent abusé de leurs pouvoirs pour s’approprier le bien d’autrui. Locke soutient en conséquence que la propriété privée est un droit aussi fondamental que sa vie et sa liberté. Mais qu’est-ce que la propriété privée ? En quoi un bien matériel – des fruits, une terre ou une somme d’argent – peut-il être l’objet d’un droit individuel ? Locke explique que c’est le travail de l’individu qui lui donne le droit de s’approprier les choses : « Un homme qui se nourrit de glands qu’il ramasse sous un chêne, ou de pommes qu’il cueille sur des arbres, dans un bois, se les approprie certainement par-là. On ne saurait contester que ce dont il se nourrit, en cette occasion, ne lui appartienne légitimement. Je demande donc : Quand est-ce que ces choses qu’il mange commencent à lui appartenir en propre ?
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Idéologies POLITIQUES
Lorsqu’il les digère, ou lorsqu’il les mange, ou lorsqu’il les cuit, ou lorsqu’il les porte chez lui, ou lorsqu’il les cueille ? Il est évident qu’il n’y a rien qui puisse les rendre siennes, que le soin et la peine qu’il prend de les cueillir et de les amasser. Son travail distingue et sépare alors ces fruits des autres biens qui sont communs ; il y ajoute quelque chose de plus que la nature, la mère commune de tous, n’y a mis ; et, par ce moyen, ils deviennent son bien particulier. » (Locke, Traité du gouvernement civil, Livre 1, ch. 1, §3, Éditions CEC) Cette idée de la propriété privée sera au cœur de l’évolution ultérieure de l’idéologie libérale. En effet, comme nous l’avons vu au chapitre 1, le débat sur le partage et la distribution des ressources économiques est l’épicentre de la polarisation politique entre la gauche et la droite. Elle sera aussi importante dans la polarisation du libéralisme avec les idéologies conservatrice et socialiste.
Le libéralisme économique Adam Smith (1723-1790) Adam Smith voit le jour en 1723, en Écosse. Philosophe et économiste, il s’inscrit dans le courant dit des Lumières écossaises, qui se développe au cours du 18e siècle autour de figures intellectuelles comme les philosophes Francis Hutcheson et David Hume. Son œuvre nous aide à comprendre le passage de la philosophie morale à ce qui deviendra la science économique moderne. Son ouvrage Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776) est souvent décrit comme le premier ouvrage de science économique, mais aussi comme la « bible » du libéralisme économique dans sa première mouture. D’une manière détaillée, l’auteur y compare différents modèles économiques et avance des thèses importantes sur la division du travail, le rôle de l’État, le fonctionnement de la monnaie, la concurrence et le fonctionnement général du marché.
UNE CONCEPTION ÉCONOMIQUE DE LA SOCIÉTÉ Adam Smith, penseur écossais considéré comme le père de l’économie moderne, a forgé l’expression « main invisible » pour décrire l’effet du laisser-faire de l’État sur l’économie. Selon Smith, une société où chacun recherche son intérêt personnel peut néanmoins, sous certaines conditions, favoriser le bien de tous. L’exemple classique est celui du boulanger : ce n’est pas pour faire plaisir au client qu’il cherche à faire le meilleur pain possible, mais pour augmenter ses propres ventes. Or, quelle est la meilleure manière de vendre davantage ? C’est de produire un pain que les gens vont aimer et vouloir acheter. Par conséquent, la meilleure manière d’obtenir que tous mangent du bon pain, c’est de laisser au boulanger la liberté de maximiser son profit. Inutile de lui ordonner de faire du bon pain par une loi ; son intérêt personnel lui fera forcément prendre en compte l’intérêt de tous ! Le raisonnement de Smith joua un rôle essentiel tant dans le développement de l’idéologie du libéralisme économique que dans celui de la science économique. Sa philosophie prépare le principe économique de la loi de l’offre et de la demande, qui suppose que les producteurs Annexes Le libéralisme
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Glossaire A Absolutisme Pouvoir sans bornes (absolu) du roi sur la population de son royaume au nom de la paix, de Dieu et de la tradition. L’absolutisme définit la souveraineté de l’État comme étant le commandement de droit divin du souverain, le roi, sur ses sujets. Pour aller plus loin L’absolutisme définit la souveraineté de l’État comme étant le commandement de droit divin du « souverain », le roi, sur ses sujets. Dans le contexte des monarchies européennes des années 1500-1700, l’absolutisme désigne ainsi le pouvoir sans bornes (absolu) du roi sur la population de son royaume au nom de la paix, de Dieu et de la tradition. Malgré ses abus de pouvoir évidents, cette idéologie a permis de réaliser l’unité politique et territoriale de pays comme la France, le Royaume-Uni, l’Espagne et la Russie en associant la sécurité de toutes les parties du royaume à l’autorité d’un pouvoir étatique centralisé, capable de faire taire par la force les conflits religieux et civils.
Communes Petites fermes collectives autogérées et égalitaires où des groupes de jeunes hippies font la promotion de la paix et de l’amour libre au milieu des années 1960 en Occident (surtout aux États-Unis). Contrat social Association rationnelle ou entente volontaire, mutuellement consentie, entre partenaires égaux et libres de la société.
D Développement durable Modèle qui met en place des politiques publiques incitant à consommer moins et mieux en prévision de l’avenir au moyen de technologies moins polluantes et d’habitudes de vie plus respectueuses de l’environnement. Pour aller plus loin Selon les partisans du développement durable, la nature est un patrimoine dont les générations futures doivent pouvoir bénéficier. Puisque l’humain exploite bien plus en une génération que ce que la nature produit en ressources, l’obligation lui incombe de se responsabiliser en diminuant le plus possible son empreinte écologique pour assurer les besoins des générations futures. Il s’agit en outre de mettre en place des politiques publiques incitant à consommer moins et mieux en prévision de l’avenir au moyen de technologies moins polluantes et d’habitudes de vie plus respectueuses de l’environnement.
B Bourgeois Celui qui possède l’argent et les équipements industriels de production économique. Dans les régimes parlementaires, comme ils sont les principaux payeurs de taxes (contribuables), les bourgeois dominent aussi la vie politique et s’assurent de maintenir cet avantage sur la classe des travailleurs. Cette nouvelle stratification sociale dure jusqu’au milieu du 20e siècle.
C Classe sociale Ensemble d’individus défini en fonction d’un ou de plusieurs critères ou attributs spécifiques en vue de les différencier d’autres ensembles d’individus. Par exemple, la division entre prolétariat et bourgeoisie est fondée sur des critères économiques (revenus, travail, réseaux, possession des moyens de production, etc.). Pour aller plus loin La classe sociale est un concept permettant de décrire les groupes qui composent la société ainsi que leurs relations de pouvoir. Les classes sociales désignent des ensembles d’individus définis en fonction d’un ou de plusieurs critères ou attributs spécifiques en vue de les différencier d’autres ensembles d’individus. Par exemple, la division entre prolétariat et bourgeoisie est fondée sur des critères économiques (revenus, travail, réseaux, etc.). Les classes sociales se traduisent en hiérarchies sociales et politiques, car les critères ou les attributs qui distinguent les individus permettent à une catégorie minoritaire d’entre eux de détenir un certain contrôle sur la majorité de ceux qui ne les possèdent pas. Ce pouvoir permet à son tour à la classe sociale minoritaire d’exploiter économiquement la classe sociale politiquement plus faible. Ainsi la bourgeoisie domine et exploite le prolétariat dans la société industrielle.
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Idéologies POLITIQUES
Division du travail Spécialisation des tâches de production.
E Écologie Science qui étudie les milieux naturels, appelés « écosystèmes » (unités écologiques décrivant l’interaction entre des organismes animaux, végétaux et bactériens). Pour aller plus loin L’écologie est la science étudiant les milieux naturels appelés « écosystèmes ». Un écosystème désigne l’unité écologique décrivant l’interaction entre des organismes animaux, végétaux et bactériens. L’écologie scientifique est à l’origine de son pendant politisé et militant. Les écologistes opposent une perspective dite « écocentrique » (centrée sur l’environnement écologique) à l’« anthropocentrisme » des conceptions sociales, juridiques, économiques et politiques associées à la modernité industrielle qui sont centrées uniquement sur les besoins de l’humain. L’écologisme affirme en outre que les individus font partie intégrante d’un écosystème planétaire, la « biosphère ». Les impacts environnementaux des activités humaines, appelés « empreinte écologique », transcendent les frontières politiques en affectant l’ensemble de la vie sur Terre.
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tudier la politique, c’est d’abord comprendre le langage dans lequel s’expriment les acteurs du pouvoir. Que signifie être progressiste ? Qui est réactionnaire et pourquoi ? Comment distinguer, dans les discours politiques, si les propositions sont de droite, de centre ou de gauche ? Comment savoir se situer à travers ces différentes orientations politiques ? Comment les partis politiques interprètent-ils les grands principes de liberté, d’égalité et de justice ? Cet ouvrage, entièrement mis à jour, introduit les lecteurs aux grandes idéologies politiques analysées par la science politique. Il développe en profondeur les traditions modernes du libéralisme, du conservatisme et du socialisme. Les principaux concepts et contextes historiques de ces familles idéologiques y sont exposés de manière structurée, claire et approfondie. Sont également développés les outils indispensables permettant d’analyser l’influence politique des idéologies dans une perspective comparatiste, en particulier les orientations des partis politiques sur l’axe gauche-droite. L’ouvrage présente également les tendances idéologiques mondiales et actuelles : néolibéralisme, nationalisme, populisme, social-démocratisme, féminisme, écologisme, islamisme, cosmopolitisme… Il contient enfin des exercices qui permettront aux étudiants d’approfondir leurs connaissances des grandes idées qui gouvernent nos sociétés. Dave Anctil est professeur au Collège Jean-de-Brébeuf et chercheur associé à l’Observatoire international sur les impacts sociétaux de l’IA et du numérique (OIISIAN). Il détient un doctorat de la Sorbonne (Paris-1) et de l’Université de Montréal. Il a œuvré à titre de chargé de cours, de chercheur postdoctoral et a publié de nombreux livres et articles sur la politique dont Introduction à la science politique. Idées, concepts et régimes (avec Benoît Dubreuil aux Éditions CEC, 2007).
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