C
e livre est dédié à tous ceux qui s’attardent en chemin et s’intéressent à ce qui est caché.
Dans le ventre des glaciers Jean-François Delhom
Éditions Favre SA Siège social et bureau : 29, rue de Bourg CH - 1003 Lausanne Tél. : (+41) 021 312 17 17 lausanne@editionsfavre.com www.editionsfavre.com Groupe Libella Dépôt légal en Suisse en novembre 2023. Tous droits réservés pour tous pays. Sauf autorisation expresse, toute reproduction de ce livre, même partielle, par tous procédés, est interdite. ISBN : 978-2-8289-2123-1 © 2023, Éditions Favre S.A., Lausanne, Suisse.
Les Éditions Favre bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021-2024.
Glacier de la Plaine Morte, moulin du bout du lac.
Explorer la face cachée de l’iceberg
L
e moindre centimètre carré à la surface de notre planète est aujourd’hui photographié chaque semaine, chaque jour, chaque minute, scruté et analysé par les dizaines de satellites en rotation autour de notre globe. Est-ce à dire qu’il n’y a plus rien à explorer sur Terre ? En fait, tout ce qui est invisible depuis le ciel, tout ce qui est sous la surface continentale, océane ou glaciaire est inconnu. On ne connaît pas 1 % du sous-sol, du fond des océans ou des entrailles glaciaires. C’est comme la face cachée d’un iceberg. Et s’il est un domaine crucial a mieux appréhender, à révéler et à préserver, c’est bien celui des glaces pour leur rôle essentiel dans le cycle de l’eau et l’équilibre climatique. Ces milieux glaciaires, intraglaciaires et sous-glaciaires sont très mystérieux, périlleux le plus souvent pour l’explorateur, mais justement très attirants, surtout pour la beauté des formes. On ressent ici grâce aux photos et aux textes de l’auteur, le plaisir pris à la découverte de ces glaces en mouvement, « vivantes » par leur configurations uniques, changeantes et éphémères, surréalistes souvent, intrigantes et esthétiques toujours. Les images de cet ouvrage révèlent un des joyaux de notre monde, l’état solide de l’eau, élément miraculeux pour la vie. C’est la seule planète connue qui possède les trois états de l’eau : gazeux, liquide, solide. En haute montagne, la glace des glaciers, générée à partir de l’accumulation de la neige, permet le stockage de l’eau en hiver sous forme solide. Les températures estivales restituent ensuite cette eau sous forme liquide dans nos rivières et fleuves en aval, si importants pour la biodiversité et pour nos sociétés humaines. Donc oui, notre vie dépend à chaque seconde de tous les éléments naturels que le « système Terre » a créé depuis la nuit des temps : l’air que l’on respire, l’eau que l’on boit et tout ce que l’on mange. Ces glaciers jouent également un rôle essentiel au maintien de l’équilibre climatique en refroidissant l’atmosphère qui les entoure, et, surtout en réfléchissant l’énergie solaire par leur surface blanche. Mais leur déclin, aujourd’hui quasi exponentiel sous les assauts des fortes températures estivales résultant de l’amplification de l’effet de serre naturel par nos activités économiques, met en péril ce patrimoine glaciaire et notre climat. Tous les glaciers diminuent sur Terre, y compris les calottes dont la fonte entraîne à brève échéance le dérèglement de notre climat et la montée du niveau des mers. Tout se réchauffe ; les neiges et les glaces sont particulièrement réactives et rendent visible cet « invisible » : Gaz à effet de serre, températures, énergie – face cachée de l’iceberg… Mais reprenons notre souffle avec ces belles images qui nous laissent facilement rêver dans ce monde bleuté bien réel, et qui nous motivent à préserver ces glaces. L’exploration continue… Luc Moreau, Hydro-glaciologue, membre associé du Laboratoire Edytem CNRS.
Descente vers l’inconnu.
8
9 Glacier de la Plaine Morte, moulin de la colline
Exsurgence.
Perte en rive droite du glacier, sous un ciel annonçant l’orage.
22 Langgletscher
23 Glacier de Zinal
Grande salle circulaire dans le collecteur, vue vers l’amont. Au sol, la boue sèche et joliment ridée par le gel craque à peine sous nos pas.
44 Glacier de Corbassière
Vue vers l’aval de cette même salle, où il faut escalader une barrière de blocs pour rejoindre l’exsurgence partiellement inondée, gardée par un laminoir difficilement franchissable.
45 Glacier de Corbassière
Exsurgence.
Perte en rive droite du glacier, sous un ciel annonçant l’orage.
22 Langgletscher
23 Glacier de Zinal
Cascade débouchant d’un petit moulin dans une grande salle dont la hauteur pouvait approcher les huit mètres. Ce plafond parfaitement plat est-il le témoin d’un ancien régime noyé ?
Dédale.
124 Gornergletscher (Theodul*)
125 Aletschgletscher, au lieu-dit Chazulecher
Strate effondrée barrant le passage au fond d’une grande salle.
Trou d’eau en forme de raie, de papillon ou de cerf-volant.
68 Aletschgletscher, au lieu-dit Chazulecher
69 Glacier du Mont Miné
Résurgence partiellement effondrée. Autant préciser que nous ne sommes pas passés par là mais par une ramification parallèle.
Décollement en rive gauche du glacier dans la lumière du soir.
24 Bas glacier d’Arolla
25 Bas glacier d’Arolla
Du bleu jusqu’à l’ivresse
L
orsque l’épaisseur de glace est suffisamment fine pour laisser passer une partie de la lumière du jour, les grandes longueurs d’ondes du spectre lumineux sont filtrées (les rouges) tandis que les ondes courtes traversent. Suivant la qualité de la glace, on passe d’un léger vert bouteille au turquoise le plus vif, et jusqu’au bleu profond d’une intensité d’autant plus irréelle qu’on s’enfonce vers l’obscurité. Nous avons alors l’impression d’être plongés dans un aquarium, nous baignons dans une ambiance presque phosphorescente que l’on pourrait vaguement rapprocher de la « lumière noire » diffusée par les ampoules ultraviolettes dans les discothèques. Le témoignage photographique a beau nous mettre devant cette couleur, il ne nous met pas dedans. L’expérience de ce bleu ressemble sans doute un peu à celle que peut procurer une substance hallucinogène ; elle nous plonge dans un état second qu’il n’est plus possible de raviver ensuite correctement par la mémoire. Il m’est arrivé plusieurs fois, en retournant dans une grotte bleue que je venais pourtant d’explorer, d’être saisi de surprise, comme s’il avait suffi d’en sortir pour que l’incrédulité recouvre le souvenir récent de mes sensations. Trop bleu pour y croire ? Soyez-en certains, ni mes photographies ni votre imagination ne pourront restituer cette expérience viscérale. ________________________________________________________________
Perte de Märjelen.
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89 Aletschgletscher
Du bleu jusqu’à l’ivresse
L
orsque l’épaisseur de glace est suffisamment fine pour laisser passer une partie de la lumière du jour, les grandes longueurs d’ondes du spectre lumineux sont filtrées (les rouges) tandis que les ondes courtes traversent. Suivant la qualité de la glace, on passe d’un léger vert bouteille au turquoise le plus vif, et jusqu’au bleu profond d’une intensité d’autant plus irréelle qu’on s’enfonce vers l’obscurité. Nous avons alors l’impression d’être plongés dans un aquarium, nous baignons dans une ambiance presque phosphorescente que l’on pourrait vaguement rapprocher de la « lumière noire » diffusée par les ampoules ultraviolettes dans les discothèques. Le témoignage photographique a beau nous mettre devant cette couleur, il ne nous met pas dedans. L’expérience de ce bleu ressemble sans doute un peu à celle que peut procurer une substance hallucinogène ; elle nous plonge dans un état second qu’il n’est plus possible de raviver ensuite correctement par la mémoire. Il m’est arrivé plusieurs fois, en retournant dans une grotte bleue que je venais pourtant d’explorer, d’être saisi de surprise, comme s’il avait suffi d’en sortir pour que l’incrédulité recouvre le souvenir récent de mes sensations. Trop bleu pour y croire ? Soyez-en certains, ni mes photographies ni votre imagination ne pourront restituer cette expérience viscérale. ________________________________________________________________
Perte de Märjelen.
88
89 Aletschgletscher
Petite faille bordée de draperies dégoulinantes sur un sol encore mou.
134 Feegletscher
Passage sous-glaciaire en aval du méandre du lac.
135 Gornergletscher, grande bédière
Vous êtes fous d’aller là-dessous !
Q
uand les alpinistes traversent une langue glaciaire sur l’itinéraire d’un sommet, ils se méfient des anfractuosités qu’ils considèrent, à raison, comme dangereuses. Nous, les « glacionautes », nous nous y engouffrons. De nombreuses photos de ce livre affichent des strates décollées ou des blocs jonchant le sol, témoins d’effondrements plus ou moins récents. Ce que ces photos ne montrent pas, ce sont tous les détours que nous avons pris pour approcher ces passages. Elles ne montrent pas non plus nos innombrables renoncements. Néanmoins, les risques mesurés sont encore des risques. Célibataires et sans enfants, mon coéquipier de la première heure et moi-même avons accepté ces risques. Et si, après plusieurs années de pratique, nous sommes devenus des spécialistes, nous ne l’étions point dans nos premiers pas, malgré notre formation de spéléologues. Apprivoiser la glace après avoir connu le calcaire réclamait de nouvelles connaissances ; nous partions vers l’inconnu. Difficile d’échapper à l’inconscience ou à la témérité quand on débute dans un nouveau milieu. Aujourd’hui encore, il m’arrive de prendre peur, d’être surpris, de ne pas tout maîtriser, et je ne voudrais pas que mes lecteurs suivent ma trace avec désinvolture. Vous trouverez ci-dessous quelques conseils de prudence, ils ne suffiront pas à vous rendre invincibles. L’absence de risque n’existe que dans les interdits qui nous ligotent, pour notre sécurité paraît-il. Je me laisse volontiers intimider par les lois de la nature mais moins par la pression des hommes lorsque celle-ci légifère en se basant sur les dérives potentielles des plus maladroits : un crétin tombe dans un trou ; comme on ne peut pas interdire les crétins, on interdit les trous (bon, n’écartons pas l’éventualité qu’un jour, le crétin en question soit moi-même). La sensibilisation et la prévention demandent des efforts que les pouvoirs en place ne sont pas toujours disposés à fournir. La tâche est énorme, j’en conviens. Alors, à contrecœur, on interdit, c’est plus facile. Est-ce efficace ? Certainement. Le prix à payer est moins celui de la liberté – on peut braver l’interdit – que celui du paternalisme qui régit les interdits. Plus on charge en responsabilité les guides, les organisateurs, les institutions, les propriétaires des routes et des forêts, à qui on impute les erreurs d’autrui (comme on le voit aux États-Unis), plus on décharge les « touristes » ainsi clientélisés, qui se déresponsabilisent et s’infantilisent. On favorise alors l’esprit de troupeau. Ce n’est pas très libéral. S’il y a bien une audace à laquelle j’invite, c’est celle de sortir du troupeau – non par effronterie mais pas responsabilisation. Chaque fois que l’un d’entre nous refuse de faire le mouton, il contribue à rendre leur liberté aux chiens de garde. Bien que je me sente différent de ces aventuriers qui ont besoin de risquer leur vie pour se sentir vivant, je respecte leur choix tant qu’ils ne menacent pas la vie des autres. Pour ma part, je n’ai guère besoin de me sentir vivant, j’ai besoin de me sentir touché. Or, ce n’est pas tant le paysage qui m’enthousiasme que le tableau qu’on peut en tirer. Il y a ici deux désirs, un désir de partage et un désir de création. La beauté de ce que je vois, la nouveauté de ce que je
Puits d’entrée d’un moulin avec sa forme en « cacahouète » témoignant d’une division classique entre une section active et une section fossile.
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171 Gornergletscher, moulin G5
Explorer la face cachée de l’iceberg
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e moindre centimètre carré à la surface de notre planète est aujourd’hui photographié chaque semaine, chaque jour, chaque minute, scruté et analysé par les dizaines de satellites en rotation autour de notre globe. Est-ce à dire qu’il n’y a plus rien à explorer sur Terre ? En fait, tout ce qui est invisible depuis le ciel, tout ce qui est sous la surface continentale, océane ou glaciaire est inconnu. On ne connaît pas 1 % du sous-sol, du fond des océans ou des entrailles glaciaires. C’est comme la face cachée d’un iceberg. Et s’il est un domaine crucial a mieux appréhender, à révéler et à préserver, c’est bien celui des glaces pour leur rôle essentiel dans le cycle de l’eau et l’équilibre climatique. Ces milieux glaciaires, intraglaciaires et sous-glaciaires sont très mystérieux, périlleux le plus souvent pour l’explorateur, mais justement très attirants, surtout pour la beauté des formes. On ressent ici grâce aux photos et aux textes de l’auteur, le plaisir pris à la découverte de ces glaces en mouvement, « vivantes » par leur configurations uniques, changeantes et éphémères, surréalistes souvent, intrigantes et esthétiques toujours. Les images de cet ouvrage révèlent un des joyaux de notre monde, l’état solide de l’eau, élément miraculeux pour la vie. C’est la seule planète connue qui possède les trois états de l’eau : gazeux, liquide, solide. En haute montagne, la glace des glaciers, générée à partir de l’accumulation de la neige, permet le stockage de l’eau en hiver sous forme solide. Les températures estivales restituent ensuite cette eau sous forme liquide dans nos rivières et fleuves en aval, si importants pour la biodiversité et pour nos sociétés humaines. Donc oui, notre vie dépend à chaque seconde de tous les éléments naturels que le « système Terre » a créé depuis la nuit des temps : l’air que l’on respire, l’eau que l’on boit et tout ce que l’on mange. Ces glaciers jouent également un rôle essentiel au maintien de l’équilibre climatique en refroidissant l’atmosphère qui les entoure, et, surtout en réfléchissant l’énergie solaire par leur surface blanche. Mais leur déclin, aujourd’hui quasi exponentiel sous les assauts des fortes températures estivales résultant de l’amplification de l’effet de serre naturel par nos activités économiques, met en péril ce patrimoine glaciaire et notre climat. Tous les glaciers diminuent sur Terre, y compris les calottes dont la fonte entraîne à brève échéance le dérèglement de notre climat et la montée du niveau des mers. Tout se réchauffe ; les neiges et les glaces sont particulièrement réactives et rendent visible cet « invisible » : Gaz à effet de serre, températures, énergie – face cachée de l’iceberg… Mais reprenons notre souffle avec ces belles images qui nous laissent facilement rêver dans ce monde bleuté bien réel, et qui nous motivent à préserver ces glaces. L’exploration continue… Luc Moreau, Hydro-glaciologue, membre associé du Laboratoire Edytem CNRS.
Descente vers l’inconnu.
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9 Glacier de la Plaine Morte, moulin de la colline
Voûte en vitrail. Il faisait nuit en aval, nuit en amont, alors qu’ici la glace est assez fine pour laisser passer la lumière.
122 Gornergletscher (Theodul*)
Détail du plafond d’une galerie voisine.
123 Gornergletscher (Theodul*)
découvre, la richesse de ce que je rencontre me laissent frustrés si je ne peux en faire profiter d’autres. Mais la simple transmission ne me satisfait pas. Je ressens le besoin de transfigurer ce que je transmets, non pour me l’approprier mais pour le magnifier. L’aventure spéléologique n’est alors pour moi qu’un détour, un peu comme celui de prendre la mer pour avoir quelque chose à raconter à son retour. « Il faut vivre dangereusement » préconisait Nietzsche qui n’aimait pas la morale ascétique, cette morale qui tient la privation pour de la vertu. Ce n’est pas le renoncement qui nous fait grandir, ce n’est pas non plus inversement la conquête, c’est le don. Il faut parfois endurer le présent pour féconder l’avenir, risquer l’avenir pour engager le présent. Le livre que vous tenez entre vos mains me permet de vous partager mes émerveillements en vous épargnant les inconforts qui ont jalonnés leur quête. J’ai pris des risques pour vous les épargner. Qu’on ne me tienne par rigueur si vous décidez d’en prendre à votre tour. Comme pour l’alpinisme, certaines courses peuvent être dites familiales tandis que d’autres sont réservées aux experts. Dans les moulins, quand le fond des galeries n’est pas encore gelé et qu’il faut équiper en hauteur pour éviter l’eau, quand il faut de surcroît escalader des parois lisses et glissantes pour contourner les étranglements, quand ces parois sont si rapprochées que l’on manque de recul pour frapper avec son piolet, quand la glace est à ce point sous pression que les broches patinent plutôt que de pénétrer…, la progression est technique et particulièrement épuisante pour celui qui pose la corde. Je tiens néanmoins à préciser que certaines cavités peuvent être très accessibles, surtout les grottes de contact, et que la spéléologie sous-glaciaire n’est pas réservée aux « aventuriers de l’extrême », pour employer une formulation qui me fait sourire. Un sport extrême est un sport qui réclame une concentration de tous les instants et une virtuosité technique où la moindre petite erreur peut être fatale. C’est le cas de l’escalade en solo intégral, du base jump, du speed flying ou du ski sur des faces raides entrecoupées de falaises. Nous sommes loin de la promenade du dimanche que fût pour nombre de badauds le tunnel du bas glacier d’Arolla dans les hivers 2020 et 2021. Risqué ne veut pas dire extrême, tout comme accessible ne veut pas dire sans risque. Avertissements et conseils : Les grottes de contact sont à la fois plus accessibles et plus dangereuses que les moulins. Elles sont bien souvent creusées sous des dépôts morainiques dont les pierres en équilibre au bord du portail glaciaire tombent au fur et à mesure que la glace fond. Le porche d’exsurgence d’une grotte de contact est presque toujours surmonté d’un pan incliné, véritable toboggan à cailloux au-dessus de l’entrée. La saison chaude est trop dangereuse. Idéalement, il faut attendre les températures négatives pour s’aventurer sous la glace. Néanmoins, même lorsque la température à l’ombre est de zéro degré, le glacier peut dégouliner abondamment sur ses versants ensoleillés. Quand il fait vraiment froid, les entrées de cavités deviennent silencieuses.
Installation d’une main-courante au-dessus de l’eau.
172 Gornergletscher, moulin G5
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