Lieux mystérieux de Suisse romande VOL-1 Stefan Ansermet 6e éd. (Ed. Favre 2014-19) - EXTRAITS

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œuvres d’art. Elles expriment en effet tout ce que le génie éprouve en face de la Nature. Elles la représentent avec toute la clarté, avec toute la magnificence qu’un cerveau humain sait y découvrir. Mais forcément aussi elles se heurtent à l’immense Inconnaissable qui enveloppe de toutes parts la très petite sphère du connu. Car enfin nous ne sentons et nous ne concevons dans le monde que cette extrémité des choses par laquelle elles se présentent à nous et peuvent impressionner nos sens et notre âme. Mais tout le reste se prolonge dans une obscurité infinie. Et même tout près de nous, mille choses nous sont cachées parce

Une ruine hantée par la Dame Blanche, des dents de requins témoignant d’une antique mer chaude, une tour renfermant peut-être le cœur d’un père, un ermitage troglodyte creusé en aplomb de falaise, un avion de chasse allemand retrouvé sans pilote, un cimetière de pestiférés, une rivière intermittente, un labyrinthe de grottes souterraines, un mur de pierres construit en pleine montagne il y a 2200 ans et gravé d’un alphabet rarissime, un pâturage disparu en une nuit : ce guide vous invite à découvrir 20 lieux énigmatiques en Suisse romande. Avec leurs légendes ou histoires vraies, les itinéraires d’accès et balades, ainsi que toutes les infos pratiques.

que nous ne sommes pas organisés pour les saisir. » Auguste Rodin, L’Art, entretiens recueillis par Paul Gsell, nouv. éd., Paris, Grasset, 1924.

Stefan Ansermet est né en Valais, au pied d’une haute paroi rocheuse. Il mesure 1m88, avec des yeux bruns et une cicatrice sous la mâchoire gauche. Son passeport est rouge à croix blanche, mais son esprit bohème est résolument nomade. Il travaille auprès de musées d’histoire naturelle, tutoie les minéraux, hante les forêts. Il vit à 1400 m d’altitude et se chauffe au bois. Il aime les livres et écrire, la solitude et les rencontres, découvrir et apprendre, le bruit de l’orage et de la neige qui tombe, les pierres ultimes et les voyages lointains. Photographe, minéralogiste, érudit, chercheur d’or, il est, en vérité, explorateur. ISBN 978-2-8289-1326-7

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Stefan Ansermet

l’atmosphère où baignent les très belles

lieux mystérieux de suisse romande

« Le mystère est d’ailleurs comme

Comment définir les lieux mystérieux ? Ce sont des endroits qui vous saisissent d’abord par une force particulière, inexplicable, une vibration subtile de l’atmosphère. Ce n’est qu’ensuite que la légende, l’histoire ou l’archéologie viennent habiller d’un tissu narratif et d’images la première émotion ressentie. À la fois indéfinissables et d’une vivante évidence, les sentiments diffus que certains lieux font naître n’ont souvent plus besoin que de l’aide de quelques mots pour atteindre leur pleine puissance d’évocation. À travers ces vingt descriptions, j’ai tenté de partager la fascination qu’exercent les rares sites où se combinent magiquement la force du réel avec celle du pur récit. Un peu comme si l’on pouvait se promener en personne dans le paysage d’un conte que l’on écoutait, enfant… Stefan Ansermet

Stefan Ansermet

GuIDE des lieux

mystérieux de suisse romande • VOL. 1

« Le plus beau sentiment qu’on puisse éprouver, c’est le sens du mystère. C’est la source de tout art véritable, de toute vraie science. Celui qui n’a pas connu cette émotion, qui ne possède pas le don d’émerveillement ni de ravissement, autant vaudrait qu’il fût mort : ses yeux sont fermés. » Albert Einstein


ÉDITIONS FAVRE SA Siège social et bureaux : 29, rue de Bourg CH-1003 Lausanne Tél. : (+41) 021 312 17 17 Fax : (+41) 021 320 50 59 lausanne@editionsfavre.com Adresse à Paris : 7, rue des Canettes F-75006 Paris www.editionsfavre.com Dépôt légal en Suisse en juin 2014. Sixième édition imprimée en juillet 2019. Tous droits réservés pour tous pays. Sauf autorisation expresse, toute reproduction de ce livre, même partielle, par tous procédés, est interdite. Photo de couverture : le Temple-des-Nymphes et les Gorges Mystérieuses, Trient (VS) (voir p. 128). Photographies et images : Stefan Ansermet (sauf autres mentions). Cartes géographiques : © les contributeurs d’OpenStreetMap, www.openstreetmap.org. Graphisme et mise en pages : atelierZed, Blonay, Suisse. ISBN : 978-2-8289-1326-7 © 2014, Éditions Favre SA, Lausanne, Suisse.


Stefan Ansermet

GuIDE des lieux

mystĂŠrieux de suisse romande


La Nature est un temple où de vivants piliers
 Laissent parfois sortir de confuses paroles ; L’homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l’observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent
 Dans une ténébreuse et profonde unité,
 Vaste comme la nuit et comme la clarté,
 Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Charles Baudelaire Correspondances (extrait), Les Fleurs du Mal.


Introduction Certains lieux sont mystérieux par leur essence même, il en émane une énergie primordiale perceptible par chacun de nous depuis la nuit des temps. C’est pourquoi les légendes s’y accrochent et y prolifèrent, tentant d’apporter une explication à l’inexplicable : le monstrueux entonnoir de l’Illgraben ne peut être que l’œuvre du diable, et cette énorme pierre en forme de coffre doit forcément contenir un trésor… Bien sûr, la science a résolu beaucoup de ces mystères anciens, qui ne pouvaient alors être expliqués que par le mythe ou la légende. Mais l’écho de ces énigmes est parfois si puissant qu’on l’entend encore avec force dans certains lieux : mugissements terrifiants du Creugenat, disparition, en une nuit, du vert pâturage de La Pierreuse, cités autrefois bien vivantes et maintenant à peine discernables, grottes labyrinthiques emplies d’eau cristalline, ou apparitions fantomatiques dans des châteaux en ruines… Quelques mystères le resteront pour toujours : antérieurs à l’écriture ou trop pauvres en vestiges interprétables par les archéologues, ils résistent à toute analyse, laissant les ailes de l’imagination s’y déployer presque librement. Ils deviennent support de rêveries, ou le territoire de suppositions farfelues. Une puissante séduction qui agit comme un mode incantatoire de la pensée… Personne ne saura jamais véritablement pourquoi des humains sont venus habiter les hauts-lieux inhospitaliers que sont le Mur d’Hannibal ou le Châtel d’Arrufens, ni ce que les Sarrasins ont véritablement accompli lors de leur passage dans les Alpes. À quoi servaient vraiment les menhirs de Clendy ? En ces domaines, il n’y a que des hypothèses, parmi lesquelles il est possible de choisir celles qui nous correspondent le mieux. D’autres mystères, enfin, sont des questions ouvertes auxquelles il sera peut-être possible de répondre un jour, grâce à des documents ou des témoignages retrouvés. Ainsi en est-il de l’avion perdu des Gastlosen ou de l’énigmatique tour Jürgensen…

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SOMMAIRE

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BERNE

1 La Dame Blanche du château d’Erguël

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FRIBOURG

2 La tour de La Molière, l’Œil de l’Helvétie

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3 L’étrange Grotte-aux-Graffitis d’Allières

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4 L’ermitage troglodyte de la Madeleine

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5 Le mystère de l’avion perdu des Gastlosen

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6 L’île-château d’Ogoz et son bourg englouti

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JURA

7 Le cimetière des Pestiférés, paradoxale sérénité

70

8 Le Creugenat, ou Creux-des-Sorcières

78

9 La tour de Milandre et la fée Arie

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NEUCHâtel

10 La tour Jürgensen, testament oublié ?

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VALAIS

11 Le Mur d’Hannibal et sa mystérieuse démesure

106

12 L’Illgraben, ou le Trou de l’Enfer et son alpe disparue

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13 Le Temple-des-Nymphes et les Gorges Mystérieuses

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14 L’énigme du Bisse-des-Sarrasins

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VAUD

15 La Pierre-à-Mille-Trous et autres blocs légendaires de Burtigny

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16 Scex-que-Pliau, un rocher qui pleure

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17 Les menhirs de Clendy, un message de pierre indéchiffrable 170 18 La Pierre-au-Trésor et les douze coups de minuit

178

19 Le Gour-de-la-Plâne et le pâturage maudit de la Pierreuse

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20 Le Châtel d’Arrufens, refuge ultime ou signe de puissance ?

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4/ L’ermitage troglodyte de la Madeleine Au-dessus de la Sarine, devenue le paresseux lac de Schiffenen, des fenêtres trouent irrégulièrement la falaise verticale de molasse. Dans la pierre tendre ont été excavées une chapelle et plus de treize salles et pièces diverses qui s’égrènent les unes après les autres depuis l’entrée. On y trouve une source, un clocher de 20 mètres de hauteur, une cheminée de 30, une cave et une immense salle de 25 mètres de longueur, éclairée par de grandes baies donnant sur l’extérieur. L’étrangeté de ces espaces intérieurs et leur simplicité minérale évoquent un temps maintenant lointain de l’Europe, quand des êtres hantés d’une ferveur mystique indéfectible consacraient leur existence à des entreprises surhumaines, tentant d’atteindre par cette voie la béatitude. Devant le portique qui y donne accès, on est d’abord un peu perturbé par le bruit du pont de l’autoroute toute proche, mais il s’efface bientôt et devient inaudible lorsqu’on pénètre dans l’enfilade de cavités tour à tour sombres ou lumineuses. Les parois sont couvertes par endroits de graffitis laissés par les visiteurs, ou par les habitants, il y a parfois plus de deux siècles. La lumière rasante venue des ouvertures fait ressortir toutes les aspérités de la roche, soulignant son grain sableux, son aspect lisse ou au contraire tourmenté, creusant les contrastes et créant tout un jeu de clair-obscur propice à une mélancolique rêverie.


Des hommes habités d’ardeur religieuse, mais aussi sans doute pleins du désir de fuir la compagnie de leurs semblables, ont vécu ici pendant des décennies. Ils ont peiné pour construire cette architecture en négatif, peut-être métaphore de la domination de leurs démons intérieurs ? Face à l’immensité de ces travaux, on ne peut qu’être frappé par leur démesure, par leur inutilité en regard des besoins frugaux de quelques ermites. La dureté du travail en

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/ L’ermitage troglodyte de la Madeleine


lui-même était peut-être leur unique motivation, comme une sorte de châtiment qu’ils s’infligeaient à eux-mêmes. On y décèle une volonté paradoxale, celle de s’anéantir humblement à la tâche comme punition de ses péchés, et celle de prouver orgueilleusement au monde la force de cette pénitence par l’ampleur du résultat. L’ermitage de la Madeleine est peut-être né de cette tension mystique et paroxystique.

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D’ermite à termite… Probablement suscitée au départ par l’existence de cavités naturelles dans la molasse des hautes falaises qui surplombent alors la Sarine, la présence régulière d’ermites est attestée depuis longtemps, avec une première mention à Räsch datant de 1448. Une source d’eau potable, qui coule encore aujourd’hui, rendait le séjour de ces anachorètes moins difficile. En 1609, le frère de la forêt de Sainte Marie Madeleine est évoqué dans un écrit ancien. Personne ne sait quel est le premier de ces moines solitaires qui a commencé à creuser la roche tendre, mais on sait que l’essentiel de ce monument colossal, accompli au moyen de la seule force musculaire est l’œuvre de deux ermites. Jean Dupré était un paysan de Gumefens, en Gruyère, comme il se doit pour un amateur de trous… alors que son aide Johan Liecht était un Allemand originaire de Friedberg en Souabe. Pour des motifs religieux et per-

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/ L’ermitage troglodyte de la Madeleine


sonnels, ils décidèrent de venir s’établir dans ce lieu, se nourrissant exclusivement de pain et d’eau durant leur labeur souterrain. De 1680 à 1708, ils ont inlassablement travaillé pour excaver ce dédale de salles et de couloirs dans la roche vive, sans que l’on comprenne pourquoi un tel volume intérieur leur était nécessaire. Une vie de termites plutôt que d’ermites… Les deux compagnons ont trouvé la mort le 18 janvier 1708, noyés dans la Sarine en la traversant en compagnie d’un groupe de sept étudiants. La barque où ils se trouvaient a chaviré, les faisant tous périr dans l’eau glacée de l’hiver. Le site fut ensuite habité par l’ermite A. Bellanger, entré en 1802 et mort après dix semaines seulement. Pour des raisons pratiques et profanes, la famille Zollet squatta les lieux dès 1816, profitant de la célébrité de l’ermitage pour le faire visiter aux touristes de passage. L’impératrice Marie-Louise l’aurait parcouru en 1813, mais le graffiti qu’elle a laissé sur une paroi n’est probablement pas de sa

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Plan de l’ermitage de la Madeleine

noble et délicate main. En 1851, Alexandre Dumas a fait une description détaillée et assez drolatique de sa visite à l’ermitage dans ses fameuses Impressions de voyage en Suisse. Leur guide était un sacristain germanophone qui lui inspira de nombreux commentaires moqueurs et caustiques. Il y décrivit aussi une vieille femme et son fils simple d’esprit qui vivaient alors dans les pièces abandonnées de l’habitat troglodyte, servant de guides aux visiteurs contre quelques pièces de monnaie. Le fils Zollet a vécu septante ans à la Madeleine, c’est peut-être lui, l’idiot décrit par l’auteur des Trois Mousquetaires. L’ermite Johan-Josef Neuhaus prit la suite, mais il fut victime d’un meurtre crapuleux en 1906, perdant la vie pour la somme ridicule de 3.75 francs et quelques habits. Le dernier homme à vouloir se retirer du monde ici, un Allemand du nom d’Ernst Stengele, partit finalement en 1927. Propriétaire actuelle, la paroisse de Düdingen-Guin utilise les services d’un gardien pour l’entretien et afin d’empêcher des déprédations ou des occupations intempestives. Ce monument unique en Suisse est sous protection, et des témoins de mouvement ont été placés à l’intérieur pour vérifier une éventuelle fissuration et un risque d’éboulement de la falaise.

La molasse Cette roche sédimentaire marque tout le Plateau suisse de son omniprésence. Elle a constitué pendant des millénaires le matériau de

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/ L’ermitage troglodyte de la Madeleine


Le viaduc ferroviaire de Grandfey, construit entre 1858 et 1862, est l’un des plus grands de Suisse (334 m. de long, 82 m. de haut).

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i n f o rm at i o n s

base de construction de la plupart des édifices importants, comme les cathédrales de Lausanne, Fribourg et Berne, ou le Palais fédéral. C’est un grès à ciment calcaire, de couleur gris-vert, et dont la formation date de 40 à 10 millions d’années, durant l’ère Tertiaire. Comme tous les grès, c’est à l’origine un sable fin qui s’est déposé au fond d’une mer peu profonde, ou bien sur ses plages. L’ermi-

Düdingen

ermitage de la Madeleine

Räsch

viaduc de Grandfey

Fribourg

[ Situation ] Dominant le lac artificiel de Schiffenen au nord de la ville de Fribourg, l’ermitage de la Madeleine est sur le territoire de la commune de Düdingen. Il est possible de l’apercevoir depuis le viaduc de l’autoroute Fribourg-Berne lorsqu’elle franchit la Sarine. Coordonnées topographiques suisses : 578.270/186.920 Latitude-Longitude : 46° 49’ 59’’ N; 7° 9’ 14’’ E

[ Accès ] Sur l’autoroute Fribourg-Berne, prendre la sortie Düdingen et la direction Tafers-Schwarzsee. En traversant Düdingen, suivre la route conduisant


à Ottisberg, Räsch ou le panneau brun avec la mention Einsiedelei (ermitage en allemand). Arrivé dans le hameau de Räsch après quelques minutes de conduite, continuer vers le pont qui franchit l’autoroute. Une petite place de parc avec la buvette d’un stand de tir se trouve juste après. Garer son véhicule et continuer à pied vers la Sarine. L’entrée de l’ermitage est à une centaine de mètres seulement. Arrivé en train à Fribourg, prendre la ligne de bus No 1, direction Portesde-Fribourg, jusqu’à l’arrêt Poya. Suivre ensuite la ligne CFF vers le nordest, en suivant les indications Grandfey. Arrivé au magnifique viaduc du chemin de fer, il est possible de le franchir par en dessous, avec une vue extraordinaire sur le lac et la vallée. Après le pont, continuer à suivre le train jusqu’à une ferme sur la gauche. À cet endroit, prendre la route qui mène à Räsch, pour atteindre l’ermitage comme expliqué ci-dessus. Attention, le site n’est pas ouvert en hiver. Heures d’ouverture : 1er mai au 30 septembre : 9 h 00-20 h 00, avril et octobre : 9 h 00-18 h 00.

[ Difficulté ] Le site est atteignable en quelques minutes de marche à plat depuis la place de stationnement. Depuis Fribourg, la balade est facile et agréable, sans dénivellation, et vous demandera un peu moins d’une heure. Ne manquez pas ce parcours très original et spectaculaire par le viaduc ferroviaire de Grandfey, l’un des plus beaux de Suisse.

[ adresse utile ] Possibilité de visites guidées, sur demande à la paroisse catholique de Düdingen/Guin : du lundi au vendredi : 8 h 00 - 11 h 30 / 13 h 30 - 16 h 30.

[ Infrastructures ] De nombreuses places de parc sont disponibles et la buvette du stand procure boissons et nourriture en saison.

p r a t i q u e s

tage montre d’ailleurs les traces bien visibles de dunes fossilisées, reconnaissables à leur stratification entrecroisée. La molasse est une pierre compacte et massive mais relativement tendre et facile à façonner sans devoir utiliser d’explosifs. On connaît de nombreuses cavités artificielles excavées dans ce matériau, mais aucune de la taille et de l’extension de la Madeleine.



13 / Le Templedes-Nymphes

et les Gorges Mystérieuses Vus de Tête-Noire, les arbres et la végétation masquent complètement le fond du vallon du Trient, qui ressemble ici à d’innombrables autres paysages alpins. Pour prendre la mesure de son originalité, il faut descendre de 200 mètres en suivant ce qui est plus un escalier qu’un chemin. En s’enfonçant dans la profondeur, on quitte graduellement les bruits rassurants de la circulation sur la route, alors que le mugissement de la rivière s’intensifie. La lumière elle aussi se modifie et acquiert cette fraîche couleur d’ombre bleutée qui règne dans les creux où le soleil ne pénètre que rarement. Arrivé dans la partie la plus étroite du passage que s’est frayé le torrent issu du proche glacier, on s’aperçoit que les parois dessinent une sorte de faille verticale, dont la hauteur est soulignée par la petitesse relative des arbres qui s’accrochent à la moindre anfractuosité. C’est là que trois énormes rochers ne se touchant que par quelques points infimes ont été déposés tout doucement par la fonte d’un glacier disparu depuis des milliers d’années. Le plus aplati relie les deux rives, formant un pont d’un seul tenant et dissimulant les autres. Traversant une falaise lisse comme un mur, une passerelle de 120 mètres de long suspendue dans les airs permet d’y parvenir.


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/ Le temple-des-nymphes


Un escalier s’enroulant sur lui-même s’enfonce entre les blocs et vient littéralement se suspendre au plafond du plus haut d’entre eux. Les yeux doivent d’abord s’accoutumer à la lueur diffuse qui tombe de quelques ouvertures. Une cascade y remplit l’atmosphère d’embruns et d’un fracas démesuré, amplifié par l’enceinte minérale où elle est enfermée. En amont, l’eau est aspirée dans un puits, pour réapparaître un peu plus bas et continuer sa course à travers de petits lacs creusés dans la pierre. Ne s’appuyant que par d’étroites arêtes, ces trois monolithes semblent flotter au-dessus du vide, dans des positions invraisemblables. En restant un moment sous cette pierre cyclopéenne, la tête effleurant sa surface froide et humide, il est presque possible de ressentir sa masse colossale au creux de son estomac. Ce lieu hors du commun distille une énergie étrange et presque inquiétante, née peut-être du croisement des forces telluriques et neptuniques, et l’on comprend qu’il puisse être un temple pour les nymphes.

Les sublimes horreurs du passage de Tête-Noire À partir de 1836, une route et surtout un tunnel permettaient d’atteindre Chamonix par la Forclaz sur une route carrossable, sans avoir à escalader péniblement le col de Balme. Les descriptions À droite, l’hôtel de Tête Noire, et au premier plan à gauche le belvédère juché sur un gros rocher. Carte postale du début du XXe siècle.

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/ Le temple-des-nymphes


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de voyage dans la région n’omettent jamais d’évoquer ce lieu impressionnant, perché au-dessus d’un abîme insondable. « Sublimes horreurs » étant l’expression récurrente et presque obligée de ces récits. Cet oxymore traduit bien le mélange de fascination admirative et d’effroi qui saisissait les citadins, peu habitués aux réalités de la montagne. Au milieu de ce passage, un replat opportun avait permis dès 1851 la construction d’un grand hôtel réputé et d’un relais pour les chevaux des diligences. Cet axe était en ce temps le seul à relier la région du Mont-Blanc avec la vallée du Rhône, et sa fréquentation était si intense que plus de cinquante fiacres ou voitures à chevaux pouvaient s’y croiser à l’heure de midi. Signe de son importance, la taxe d’État prélevée à Tête-Noire produisait une recette égale à toutes les autres routes du Valais ! Il était d’usage d’y faire une halte, de s’y restaurer, parfois d’y dormir, et surtout d’admirer les beautés du panorama sur un belvédère, sorte de terrasse en bois perchée sur un rocher près de la route. On y trouvait un bazar à souvenirs, une boulangerie, une

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/ Le temple-des-nymphes


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La passerelle en bois et l’entrée des gorges en 1884.

boucherie, un office de poste et des guides disponibles pour toutes les excursions à faire dans la région. Il ne reste plus rien de ce haut-lieu de l’hôtellerie de montagne, qui a vu défiler tant d’illustres voyageurs, de Turner à Toepffer, et d’Alexandre Dumas aux plus grandes têtes couronnées d’Europe. Acheté par un promoteur véreux qui lui mit le feu en 1974 pour escroquer l’assurance, il ne fut jamais reconstruit.

Le Pont Mystérieux, ses gorges, et sa grotte Découvert par hasard en 1883 par des flotteurs de bois sur le torrent du Trient, les gorges qui s’enfoncent au pied de Tête-Noire sont extrêmement étroites, taillées comme par un fil dans la masse rocheuse. Dans la partie la plus secrète et la plus resserrée, de ce défilé, une gigantesque dalle de pierre s’est coincée à l’horizontale

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/ Le temple-des-nymphes


John William Waterhouse (6 April 1849 — 10 February 1917). Nymphs finding the Head of Orpheus. Oil on canvas, 1900, 149 x 99 cm, Private collection.

entre les deux parois, formant une arche naturelle. Cet endroit fut bientôt connu sous le nom de Pont Mystérieux, alimentant la curiosité du public. Il était bien entendu presque inaccessible, sauf escalade, mais les propriétaires de l’hôtel voulurent en faire profiter les touristes et un chemin d’accès, avec passerelle suspendue dans le vide fut aménagé pour y parvenir. C’est durant une reconnaissance du site pendant les travaux qu’un intrépide guide réussit à se glisser sous la voûte, au prix de grandes difficultés. Il y découvrit avec surprise une vaste salle au fond de laquelle tombait une cascade dans un petit lac. Deux petits puits amenaient de la lumière dans cette sorte de grotte, qui fut nommée le Temple-des-Nymphes par son courageux explorateur. L’inauguration eut lieu le 28 juillet 1884 et fut annoncée comme un événement dans les journaux de l’époque. Dans une sécurité relative, les visiteurs pouvaient y admirer les chutes d’eau successives disparaître sous le pont dans un brouillard d’eau vaporisée et un fracas assourdissant. Un petit pavillon à l’entrée des gorges

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délivrait un billet d’accès et proposait l’accompagnement d’un guide, avec lequel les plus braves s’aventuraient dans le Temple-des-Nymphes pour un frisson garanti.

i n f o rm at i o n s

Le 18 juillet 1906, la passerelle s’effondra soudainement, entraînant la mort d’un couple parisien en voyage de noces et de leur guide. Illustration parue dans un supplément littéraire illustré du Petit Parisien.

Martigny Finhaut Temple-des-Nymphes Tête-Noire Châtelard

Trient

col de la Forclaz

FRANCE

[ Situation ] Le Temple-des-Nymphes est situé sur le territoire de la commune de Trient. Il se cache au fond d’un étroit ravin, à 1020 mètres d’altitude, sous le passage de Tête-Noire et la route Martigny-Châtelard. Coordonnées topographiques suisses : 564.130/102.650 Latitude-Longitude : 46° 4’ 28’’ N; 6° 58’ 30’’ E


[ Accès ] Sur l’autoroute Vevey-Sion, prendre la direction du Grand-Saint-Bernard et le tunnel du Mont-Chemin. Arrivé à la fin de l’autoroute, tourner à droite sur le giratoire et emprunter le chemin du col de la Forclaz et du Châtelard. Environ deux kilomètres après le village de Trient, la route fait un virage marqué avant de pénétrer dans le tunnel de Tête-Noire. A cet endroit, au niveau de la bifurcation pour le hameau des Jeurs, des places de parcs spacieuses permettent de garer le véhicule. Le sentier balisé qui permet d’atteindre les Gorges Mystérieuses et le Temple-des-Nymphes part de là. Des panneaux explicatifs et historiques sont disponibles. En transports publics, le car postal vous amènera en 40 minutes de la gare de Martigny au virage de Tête-Noire.

[ Difficulté ] Le chemin d’accès pédestre est balisé et très bien entretenu jusqu’au Temple-des-Nymphes, mais il est relativement raide, comprenant des parties en escaliers. Cependant, toute personne en bonne santé physique peut le parcourir sans difficultés. Compter une vingtaine de minutes de descente depuis l’arrêt de Tête-Noire. En cas de pluie, il peut être glissant sur certains tronçons. Attention à ne pas s’approcher des bords des gorges, qui présentent des verticales de plusieurs dizaines de mètres. De manière générale, respecter les règles de prudence appropriées à un sentier de montagne escarpé. La visite est déconseillée en cas de mauvais temps.

[ Infrastructures ] Le site dispose d’une place de pique-nique un peu au-dessous du départ du sentier, dans un pavillon au milieu d’une agréable clairière.

p r at i q u e s

Malheureusement, les installations n’étaient pas bien entretenues et un effondrement de la passerelle en 1906 provoqua la mort de trois personnes. Cet événement tragique fut relaté et commenté jusqu’à Paris. De cet accident, on ne retrouva qu’un seul cadavre, affreusement mutilé par son trajet dans le torrent furieux, qui ne rendit jamais ses autres victimes. Graduellement abandonné, le site fut presque oublié dès la Seconde Guerre mondiale, jusqu’à leur restauration complète entre 1997 et 1999. Solidement arrimées au rocher et construites avec des matériaux modernes, les Gorges Mystérieuses et le Templedes-Nymphes sont maintenant à nouveau visitables, comme au temps des diligences.


On a oublié les cruels chasseurs d’anabaptistes, les faux-monnayeurs ébouillantés vifs pour leur crime et le culte ancestral de l’ours chez les Helvètes. Et qui se souvient encore de ces mines d’argent de Bagnes ayant fait la richesse des évêques de Sion, ou des légendaires mines d’or de la Dent-de-Vaulion, qui ont conduit à la ruine et à la folie tant de rêveurs crédules ? Le temps qui s’écoule a le pouvoir presque magique d’effacer les traces du passé ; ce livre tente de le faire revivre pour vous à travers 20 sites chargés de légendes ou d’énigmes encore irrésolues.

DE SUISSE ROMANDE • VOL. 2

Ce guide vous emmènera suivre ces eaux pures et tranquilles qui se transforment soudain en torrents bouillonnants d’écume. Au fil des balades, vous passerez du murmure discret d’une rivière au fracas assourdissant des cascades, franchirez des ponts pittoresques et des passerelles vertigineuses suspendues témérairement au-dessus des abîmes, ou plongerez dans la pénombre secrète des entrailles des montagnes. De grottes en galeries et de chutes en bassins, vous serez conquis par le charme ensorceleur de cette nature sauvage et grandiose durement apprivoisée au long des siècles.

Dix-huit des plus belles gorges romandes vous sont présentées, avec cartes des itinéraires, explications historiques et géographiques, anecdotes et infos pratiques. Toutes les randonnées, qu’elles soient faciles ou plus exigeantes, sont balisées.

quoi nos yeux se ferment-ils spontanément au moment de se concenur un son, goûter une saveur ou sentir un parfum ? Parce que sans la n, le plus important de tous nos sens, nos autres capacités sensitives décuplées.

ue l’on se déplace dans le noir, notre cerveau, privé de ses repères uels, doit faire appel à des sensations qu’il a presque oubliées. Se bala nuit, c’est faire revivre les anciens instincts, ceux que la modernité a fait négliger. C’est faire confiance à son corps et s’y abandonner, vivre plus intensément la marche et le miracle de notre équilibre sur jambes. C’est éprouver à nouveau le sol, avec toutes ses particularit s’y ancrer fermement.

ce n’est pas tout : comme si des antennes inconnues étaient soudain ées en nous, les plus infimes variations de notre environnement nous ndront perceptibles. Qui a déjà physiquement senti le contraste entre haud parfumé d’une prairie et le froid humide qui monte d’un ruis? Ou entendu le trottinement menu d’un rongeur, voire le froissement rceptible des ailes d’une chauve-souris ?

doxalement, c’est l’obscurité elle-même qui remet en lumière nos sens s dans l’ombre. Nous nous sentons alors tout simplement plus vivants, une nouvelle dimension qui s’ouvre à nos perceptions, comme si nombre bienveillante nous aidait à retrouver un continent sensoriel u et, avec lui, notre pleine présence au monde.

uide magnifiquement illustré vous invite à une nouvelle expérience : préparation de l’équipement aux types de paysages qui se prêtent le x à la marche nocturne, une initiation magique avec conseils pratiques. L’auteur : Il aime les montagnes lointaines, la forêt silencieuse et les vastes déserts.

Stefan Ansermet

Les gorges de Suisse romande sont aussi belles et variées que les paysages qui les abritent. Il en est de vastes et majestueuses aux allures de canyon, de bucoliques enfouies sous la verdure, et de si profondes et étroites qu’on les devine à peine. Taillant inlassablement leur passage dans les roches depuis la nuit des temps, les cours d’eau y ont sculpté d’étonnants parcours, empreints d’une beauté brute qui a toujours fasciné les hommes.

Stefan Ansermet vit en altitude

dans les Préalpes vaudoises, au

comme minéralogiste, chercheur et photographe, notamment auprès

des musées de géologie et d’histoire naturelle de Lausanne et de Sion. Son esprit curieux et résolument

nomade le porte vers l’exploration : il aime les livres, les voyages,

les montagnes et les déserts.

Découvreur de plusieurs espèces

minérales nouvelles, il est l’auteur

de divers articles et ouvrages dans

ce domaine mais aussi de deux ou trois ovnis littéraires témoignant de son goût pour les jeux de l’esprit.

Ce guide est son troisième : après nous avoir dévoilé 20 premiers

Lieux mystérieux de Suisse romande (2014), puis emmenés en Balades

dans les gorges de Suisse romande (2016), il arpente et raconte ici

20 autres sites chargés de secrets et

Stefan Ansermet

Balades dans les

gorges de Suisse romande

Balades dans les gorges de Suisse romande Elles sont aussi spectaculaires et variées que les paysages qui les abritent : il en est de vastes et majestueuses aux allures de canyon, de bucoliques enfouies sous la verdure, et de si profondes et étroites qu’on ne les devine qu’à peine. Dix-neuf randonnées au cœur des plus belles gorges de Suisse romande vous sont proposées dans ce guide amoureux réalisé par le photographe Stefan Ansermet. Avec cartes des itinéraires, explications historiques et géographiques, anecdotes et toutes les infos pratiques. (13.5 x 21 cm - 200 p.)

Stefan Ansermet est né à

Saint-Maurice et vit dans la région de

Vevey. Il travaille comme minéralogiste, chercheur et photographe, notam-

ment auprès des musées de géologie et d’histoire naturelle de Lausanne et de Sion. Son esprit curieux et

résolument nomade le porte vers l’exploration : il aime les livres, les

voyages, les montagnes, les déserts. Découvreur de plusieurs espèces

minérales nouvelles, il est l’auteur

de divers articles et ouvrages dans ce domaine mais aussi de deux

ou trois ovnis littéraires témoignant de son goût pour les jeux de mots et le second degré. Après nous

avoir dévoilé les Lieux mystérieux

de Suisse romande (2014), il continue ici à arpenter nos forêts et contrées

pour partager sa passion de la nature.

STEFAN ANSERMET

Osez

la nuit marcher dans l’obscurité pour réveiller nos sens oubliés

Les jeux de lumière entre soleil et brouillard, le lever du jour et les ombres du soir. Le bruit de l’orage et de la neige qui tombe, les voyages solitaires et les bouts du monde.

erres rares, les livres et les champignons succulents, bres et tout le monde vivant. ISBN 978-2-8289-1699-2

Un tumulus géant abritant un prince ou une princesse de l’Âge du Fer, une grotte atelier clandestin de faux-monnayeurs ; une ancienne carte menant à de légendaires mines d’or, une caverne secrète creusée à la main et remplie de milliers d’objets, les amants tragiques des tours d’Illens et d’Arconciel, les vestiges de la première tentative de percer les Alpes, le Moulin de la Mort ou le terrible gibet des suppliciés de Valentin : on croit connaître la Suisse romande et on découvre ici de fascinants lieux méconnus. Historiquement documenté, ce 2e tome raconte les mystères, légendes et histoires insolites qui se cachent derrière 20 nouveaux lieux au charme singulier, en pleine nature romande. 20 balades, avec cartes et infos pratiques. (13.5 x 21 cm - 232 p.)

plus près de la nature. Il travaille

aussi les poèmes mélancoliques, noir velouté de la nuit piquée d’étoiles.

9 782828 916992

© photo Christian Coigny

GUIDE DES

lieux mystérieux

de légendes.

Balades dans les gorges de Suisse romande

Quand l’eau se conjugue avec la verticalité

Guide des lieux mystérieux de Suisse romande - Vol. 2

STEFAN ANSERMET

9 782828 916220

STEFAN ANSERMET

ien connaître la Suisse romande couvre néanmoins ici autant de inants dont on ignorait même e. Qui aurait en effet l’idée de er à suivre le ruisseau boueux au Creux-de-la-Chetta, d’eses pentes nues du vallon haut e Menouve ou de se prome-

ner dans une sombre plantation de sapins près d’un stand de tir communal ? On y trouve pourtant un nid de sorcières païennes, un tunnel absurde et une caverne secrète remplie de milliers d’objets.

Osez la nuit

parente et familière tranquillité ysages se cachent des mystères nnés. Qui pourrait se douter par qu’aux portes de Fribourg, une e colline sillonnée par les jogen réalité une tombe parmi les ndes d’Europe, dans laquelle depuis plus de 2500 ans un une princesse de l’Âge du Fer ? deviner, en faisant halte sur un dessus de Valangin, qu’à cet ême ont péri des centaines de és dans d’atroces souffrances ? uan un magnifique cercle de lèzes forme la couronne morun creux en plein champ où été jetés des mercenaires masr des villageois il y a plus d’un énaire ?

lieux mystérieux DE SUISSE ROMANDE • VOL. 2

STEFAN ANSERMET

Du même auteur :

DÉVELOPPEMENT PERSONNEL

Osez la nuit Marcher dans l’obscurité pour réveiller nos sens oubliés Marcher la nuit, c’est faire revivre les anciens instincts, ceux que la modernité nous a fait oublier. C’est faire confiance à son corps et s’y abandonner, c’est vivre plus intensément la marche et le miracle de notre équilibre sur deux jambes. C’est éprouver à nouveau le sol, avec toutes ses particularités, et s’y ancrer fermement. C’est être ici et maintenant, entièrement connectés à nous-mêmes. Une pratique qui nous recentre et nous fait du bien. 7 chapitres magnifiquement illustrés : la nuit (rythme physiologique, mythes, symbolisme), les dangers, la beauté, la peur, l’équipement, la préparation, la marche. Bonus : le livre nous apprendra aussi à réaliser de très belles photos de nuit, afin de garder avec soi un peu de cette magie que recèle l’autre côté de nos jours. (13.5 x 21 cm - 160 p.)


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EXTRAIT

d'un livre paru aux Éditions Favre. Tous droits réservés pour tous les pays. Toute reproduction, même partielle, par tous procédés, y compris la photocopie, est interdite. Éditions Favre SA Siège social 29, rue de Bourg CH – 1002 Lausanne Tél. : +41 (0)21 312 17 17 lausanne@editionsfavre.com www.editionsfavre.com


œuvres œuvresd’art. d’art.Elles Ellesexpriment exprimenten eneffet effet tout toutceceque quelelegénie génieéprouve éprouveen enface facede de lalaNature. Nature.Elles Elleslalareprésentent représententavec avec toute toutelalaclarté, clarté,avec avectoute toutelalamagnificence magnificence qu’un qu’uncerveau cerveauhumain humainsait saityydécouvrir. découvrir. Mais Maisforcément forcémentaussi aussielles ellesse seheurtent heurtentàà l’immense l’immenseInconnaissable Inconnaissablequi quienveloppe enveloppe de detoutes toutesparts partslalatrès trèspetite petitesphère sphèredu du connu. connu.Car Carenfin enfinnous nousne nesentons sentonsetet nous nousne neconcevons concevonsdans danslelemonde mondeque que cette cetteextrémité extrémitédes deschoses chosespar parlaquelle laquelle elles ellesse seprésentent présententàànous nousetetpeuvent peuvent impressionner impressionnernos nossens sensetetnotre notreâme. âme. Mais Maistout toutlelereste restese seprolonge prolongedans dansune une obscurité obscuritéinfinie. infinie.EtEtmême mêmetout toutprès prèsde de nous, nous,mille millechoses chosesnous noussont sontcachées cachéesparce parce

Une Uneruine ruinehantée hantéepar parlalaDame DameBlanche, Blanche,des desdents dentsde derequins requins témoignant témoignantd’une d’uneantique antiquemer merchaude, chaude,une unetour tourrenfermant renfermant peut-être peut-êtrelelecœur cœurd’un d’unpère, père,un unermitage ermitagetroglodyte troglodytecreucreusé sé en en aplomb aplomb de de falaise, falaise, un un avion avion de de chasse chasse allemand allemand retrouvé retrouvésans sanspilote, pilote,un uncimetière cimetièrede depestiférés, pestiférés,une unerivière rivière intermittente, intermittente,un unlabyrinthe labyrinthede degrottes grottessouterraines, souterraines,un unmur mur de depierres pierresconstruit construiten enpleine pleinemontagne montagneililyyaa2200 2200ans ans etetgravé gravéd’un d’unalphabet alphabetrarissime, rarissime,un unpâturage pâturagedisparu disparuen en une unenuit nuit: :ce ceguide guidevous vousinvite inviteààdécouvrir découvrir20 20lieux lieuxénigénigmatiques matiquesen enSuisse Suisseromande. romande.Avec Avecleurs leurslégendes légendesou ouhishistoires toiresvraies, vraies,les lesitinéraires itinérairesd’accès d’accèsetetbalades, balades,ainsi ainsique que toutes toutesles lesinfos infospratiques. pratiques.

que quenous nousne nesommes sommespas pasorganisés organiséspour pour les lessaisir. saisir.»» Auguste AugusteRodin, Rodin,L’Art, L’Art,entretiens entretiensrecueillis recueillis par parPaul PaulGsell, Gsell,nouv. nouv.éd., éd.,Paris, Paris,Grasset, Grasset,1924. 1924.

Stefan StefanAnsermet Ansermetest estné néen enValais, Valais, au aupied piedd’une d’unehaute hauteparoi paroirocheuse. rocheuse. IlIl mesure mesure 1m88, 1m88, avec avec des des yeux yeux bruns brunsetetune unecicatrice cicatricesous souslalamâmâchoire choire gauche. gauche. Son Son passeport passeport est est rouge rouge àà croix croix blanche, blanche, mais mais son son esprit espritbohème bohèmeest estrésolument résolumentnonomade. made.IlIltravaille travailleauprès auprèsde demusées musées d’histoire d’histoirenaturelle, naturelle,tutoie tutoieles lesminéraux, minéraux,hante hanteles lesforêts. forêts.IlIlvit vitàà 1400 1400mmd’altitude d’altitudeetetse sechauffe chauffeau aubois. bois.IlIlaime aimeles leslivres livresetetécrire, écrire, lalasolitude solitudeetetles lesrencontres, rencontres,découvrir découvriretetapprendre, apprendre,lelebruit bruitde de l’orage l’orageetetde delalaneige neigequi quitombe, tombe,les lespierres pierresultimes ultimesetetles lesvoyages voyages lointains. lointains.Photographe, Photographe,minéralogiste, minéralogiste,érudit, érudit,chercheur chercheurd’or, d’or,ilil est, est,en envérité, vérité,explorateur. explorateur.

Stefan Stefan Ansermet Ansermet

l’atmosphère l’atmosphèreoù oùbaignent baignentles lestrès trèsbelles belles

lieux mystérieux de de suisse suisse romande romande

««Le Lemystère mystèreest estd’ailleurs d’ailleurscomme comme

Comment Commentdéfinir définirles leslieux lieuxmystérieux mystérieux??Ce Cesont sontdes desendroits endroitsqui qui vous voussaisissent saisissentd’abord d’abordpar parune uneforce forceparticulière, particulière,inexplicable, inexplicable, une unevibration vibrationsubtile subtilede del’atmosphère. l’atmosphère.Ce Cen’est n’estqu’ensuite qu’ensuiteque quelala légende, légende,l’histoire l’histoireou oul’archéologie l’archéologieviennent viennenthabiller habillerd’un d’untissu tissu narratif narratifetetd’images d’imageslalapremière premièreémotion émotionressentie. ressentie.ÀÀlalafois foisinindéfinissables définissablesetetd’une d’unevivante vivanteévidence, évidence,les lessentiments sentimentsdiffus diffusque que certains certainslieux lieuxfont fontnaître naîtren’ont n’ontsouvent souventplus plusbesoin besoinque quede del’aide l’aide de dequelques quelquesmots motspour pouratteindre atteindreleur leurpleine pleinepuissance puissanced’évod’évocation. cation.ÀÀtravers traversces cesvingt vingtdescriptions, descriptions,j’ai j’aitenté tentéde departager partagerlala fascination fascinationqu’exercent qu’exercentles lesrares raressites sitesoù oùsesecombinent combinentmagimagiquement quementlalaforce forcedu duréel réelavec aveccelle celledu dupur purrécit. récit.Un Unpeu peucomme comme sisil’on l’onpouvait pouvaitsesepromener promeneren enpersonne personnedans danslelepaysage paysaged’un d’un conte conteque quel’on l’onécoutait, écoutait,enfant… enfant… Stefan StefanAnsermet Ansermet

Stefan Stefan Ansermet Ansermet

GuIDE des lieux

mystérieux de de suisse suisse romande romande •• VOL. VOL. 11

««Le Leplus plusbeau beausentiment sentimentqu’on qu’onpuisse puisse éprouver, éprouver,c’est c’estlelesens sensdu dumystère. mystère. C’est C’estlalasource sourcede detout toutart artvéritable, véritable, de detoute toutevraie vraiescience. science. Celui Celuiqui quin’a n’apas pasconnu connucette cetteémotion, émotion, qui quine nepossède possèdepas pasleledon don d’émerveillement d’émerveillementninide deravissement, ravissement, autant autantvaudrait vaudraitqu’il qu’ilfût fûtmort mort: : ses sesyeux yeuxsont sontfermés. fermés.»» Albert AlbertEinstein Einstein

ISBN ISBN978-2-8289-1326-7 978-2-8289-1326-7

99782828 782828 913267 913267

COv_LIEUX MYST 6e ED_12.5mm.indd 1-5

7/10/19 17:12


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