ISBN 978-2-8289-1690-9
9 782828 916909
Carole Alkabes
Martyrs Les reliques oubliées
Martyrs Les reliques oubliées
Traités comme des saints, couverts de pierreries et d’étoffes, les martyrs des catacombes romaines sont exhumés du labyrinthe funéraire au moment de la Contre-Réforme et portés vers une gloire triomphante. Alors qu’elles étaient tombées dans l’oubli pendant plus de 1200 ans, ces dépouilles exercent soudain une fascination nouvelle dans l’Europe chrétienne du xvie au xixe siècle. Ces squelettes sont souvent anonymes, mais la volonté de faire revivre le culte catholique dans les régions proches des contrées protestantes opère un étrange « miracle ». Nombre de ces corps se retrouvent alors canonisés sans que l’on puisse vraiment attester de leur identité. On leur attribue également des noms et des places de choix dans les couvents et les monastères. La Suisse est tout particulièrement concernée par ce commerce de reliques. Aujourd’hui encore, elle regorge de trésors inestimables. Certains sont cachés, oubliés voire dénigrés. D’autres sont vénérés et exhibés comme témoignages de foi et œuvres baroques. Entre le macabre et le sublime, ces ossements ornés d’or et d’argent qui semblent prêts à reprendre vie au retour du Messie sont avant tout des reliques historiques et artistiques. Un patrimoine méconnu enfin redécouvert grâce à ce travail inédit. La photographe Carole Alkabes a sillonné la Suisse afin de redonner vie aux Katakombenheilige, dont elle a tiré des clichés qui exaltent l’apparat de ces martyrs inconnus. Les plus grands sites religieux lui ont ouvert leurs portes pour que revive cet étrange culte. Et si la plupart des reliques sont pour ainsi dire factices, elles n’en sont pas moins porteuses de sens et relatent, dans leur faste, l’attachement des couvents qui les ont décorés pour les saints qu’ils étaient censés personnifier. Un hommage haut en couleurs, qui contraste avec notre conception actuelle de la mort, tout en retenue et en sobriété.
Carole Alkabes
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Martyrs
Les reliques oubliĂŠes Carole Alkabes
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Sommaire Préface L’extraordinaire culte des catacombes Le voyage L’illation La translation Invités et participants Les représentations théâtrales L’ornementation La vénération Les miracles La procession de triomphe Le déclin du culte Les ossuaires
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Les différents sites par canton Notes Bibliographie
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Les noms des saints correspondent à l’usage actuel, qui a parfois conservé le nom latin.
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Préface Pages précédentes : À Soleure, la reconstitution du squelette de saint Candidus témoigne de la parfaite connaissance anatomique des sœurs au xviiie siècle (p. 4). Sainte Martina est exhumée le 15 juin 1756 des catacombes Priscillae. Elle sera installée trois ans plus tard dans l’église paroissiale de Root (p. 6).
Les Ars moriendi sont des textes latins accompagnés de gravures sur l’art de bien mourir. Ici, « La Tentation du Désespoir ».
otre dialogue avec la mort n’a cessé de varier à travers les âges. Il s’est déplacé, a évolué, parfois imperceptiblement pendant un millénaire, parfois très rapidement durant le même siècle, les comportements et les rites changeant sensiblement. Au regard des siècles passés, la mort semble, de nos jours, plus insurmontable que jamais. Transcendée par la foi, perçue telle un passage, elle a été, autrefois, la cérémonie d’un temps nouveau et non la fin abrupte et amère qu’elle représente aujourd’hui. Si l’on remonte au début du Moyen Âge, en Occident, la mort ne frappe pas sans crier gare. Au temps des chevaliers, la mort s’insinue lentement, comme un poison, et semble montrer son visage avant d’emporter le futur défunt.1 Une conviction intime naît dans le cœur du mourant qui peut aussi la voir apparaître par des signes naturels.2,3,4 Sachant sa fin prochaine, on prend alors ses dispositions, dans la plus grande simplicité. On adopte l’attitude rituelle du « gisant au lit malade ». On se couche paisiblement sur son lit et on attend.5 À cette époque, la mort donne lieu à une cérémonie publique organisée par le mourant lui-même et dont il connaît le protocole. Sa chambre est ouverte aux dernières visites.6 On y passe, on y circule pour faire ses adieux. Dans l’art pictural, jusqu’au xviiie siècle, on ne représente d’ailleurs pas une chambre de mourant sans que des enfants n’y apparaissent.7 La mort ne leur est pas cachée. Elle fait partie de la vie. Au moment de partir, il convient de renoncer à son appartenance au monde, comme il faut accepter l’entrée prochaine dans la mort. On se tourne alors vers Dieu et vers ce voyage à venir. Le seul acte religieux pratiqué est celui de l’absolution. On encense le corps puis on l’asperge d’eau bénite. Malgré l’évidente solennité qui entoure ce moment et ses rituels, pas de drame
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ni d’effusion. On vit la mort en acceptant la grande loi naturelle de l’espèce. On ne songe ni à se dérober ni à en obtenir une exaltation. Tout au plus y recherche-t-on un certain apaisement. Cette acceptation est alors à mi-chemin entre la résignation passive et la confiance mystique dans l’au-delà.8 Durant les siècles qui suivent l’apparition du christianisme, il n’y a ni jugement ni condamnation de l’être en partance. Les défunts qui ont remis leur corps à l’Église sont considérés comme endormis. Ils attendent le second avènement pour sortir de leur sommeil. Au xiie siècle, une seconde attitude est adoptée face à la mort. Intervient alors la notion du jugement, nouvel élément d’iconographie qui fait représenter le Christ assis sur un trône, entouré de sa cour. Celui qui vient de mourir verra donc sa vie passée en revue, aussi convient-il à présent de se préparer à ce bilan final. Avec la symbolique du jugement dernier, la mort est devenue l’événement où l’homme prend le mieux conscience de lui-même et de ses actions. Dès le xve siècle, on produit des gravures sur bois que l’on diffuse par l’imprimerie, les artes moriendi, qui sont autant d’illustrations de la bonne manière de mourir. Ces iconographies ramènent au modèle traditionnel de la mort au lit, du grabataire.9 Il y est représenté entouré de toute sa famille, mais également de la Sainte Trinité, de la Vierge et de toute la cour céleste. Satan est aussi présent, suivi par son cortège de démons. Le bilan de la vie du mourant se fait à son chevet, à la différence que Dieu n’est plus le juge, mais endosse l’image d’un témoin ou d’un arbitre. Les artes moriendi réunissent donc dans la même scène la sécurité du rite collectif et l’inquiétude d’une interrogation personnelle. À partir du xive siècle, la conception occidentale de la mort veut que celui qui s’en va voie toute sa vie défiler devant ses yeux. On croit aussi que l’attitude des derniers instants donnera une couleur définitive à sa biographie. Sous l’action de la réforme catholique, les auteurs spirituels vont lutter contre la croyance populaire selon laquelle il n’est pas nécessaire de se donner du mal à encercler sa vie de vertu, puisqu’une « bonne mort » peut racheter les fautes. Aujourd’hui, l’adulte face à la mort éprouve souvent le sentiment d’avoir échoué, d’avoir failli à contenter ses rêves d’alors, les promesses de l’adolescence. Au Moyen Âge, l’homme ne matérialise pas encore cette peur car il possède la conscience aiguë de sa mortalité, de son sursis face à la mort.10
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On peut aussi noter qu’entre les xvie et xviiie siècles, le thème mortuaire se met à revêtir une dimension érotique. Ceci est dû à l’attrait de l’inconnu, du mystère. À l’image de l’interdit sexuel, la mort est désormais de plus en plus considérée comme un événement scandaleux qui arrache l’homme à sa vie quotidienne, à l’amour des siens, à son travail monotone qui s’écoule jour après jour ainsi qu’à une société perpétuellement raisonnable. D’innombrables scènes ou œuvres littéraires associent l’amour à la mort, réunissant à nouveau Éros et Thanatos. Le théâtre baroque met en scène ses amoureux dans des tombeaux, comme chez Shakespeare, dans Roméo et Juliette.11 À partir du xviiie siècle, la mort change à nouveau de visage dans les sociétés modernes. Un nouveau sens lui est donné qui la dramatise, l’exalte. On la veut impressionnante, accaparante et elle se met à revêtir une aura passionnelle. Moins préoccupé par sa propre finitude, l’homme occidental, pétri de romantisme, tremble à l’idée de la mort de l’autre. Elle est une douleur, la déchirure ultime de la perte d’un être cher dont le départ ampute le réel d’une façon inacceptable. Un changement fort est à remarquer, articulé autour de la relation du défunt avec sa famille, car jusqu’au xviiie siècle, la mort est une expérience qui, sinon solitaire, ne concerne que celui qui a à la vivre.12 Il appartient à chacun d’exprimer ses dernières volontés. On conçoit alors le testament, qui, du xiiie au xviiie siècle, représente un témoignage très personnel dans lequel le mourant exprime ses pensées profondes, sa foi, son attachement aux choses et aux êtres et les décisions prises afin d’assurer le repos de son âme et de son corps. Les clauses pieuses, qui constituent l’essentiel de ce document, tendent à engager publiquement les exécuteurs testamentaires, le curé de la paroisse ou les moines. Ils s’engagent à respecter les dernières volontés du défunt. Sous cette forme, le testament démontre une grande méfiance et une indifférence à l’égard de la famille. L’acte est déposé chez un notaire, souvent signé par des témoins. Le testateur force la volonté de son entourage dans la crainte de n’être ni écouté ni obéi post mortem. L’emplacement exact de la dépouille est secondaire tant qu’elle est enterrée dans l’enceinte de la paroisse et qu’elle reçoit une bénédiction. Dans le même souci de voir ses volontés respectées, le défunt fait graver, dans l’église, un extrait de son testament concernant les services religieux à respecter en son nom. Par ces prescriptions, il se défend contre l’oubli et l’indifférence.13
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Dans la seconde moitié du xixe siècle, la coutume testamentaire opère un virage qui intervient dans tout l’Occident chrétien, qu’il soit protestant ou catholique. Les clauses pieuses, les fondations de messes et de services religieux disparaissent. Le testament est réduit à ce qu’il est aujourd’hui, à savoir un acte légal de distribution des biens. Désormais, le « gisant au lit malade » fait confiance à ses proches. Au xixe siècle, une nouvelle passion s’empare des personnes assistant aux derniers instants d’un mourant. Une émotion forte les agite. Ils pleurent, prient et gesticulent. Ils ne refusent pas d’accomplir les règles d’usage mais le caractère banal et coutumier qui entoure la mort a disparu. Si le mourant conserve le rôle principal, les assistants ne sont plus des figurants condamnés à la passivité. À partir de là, la seule idée de la mort émeut. Le regret et le souvenir inspirent, dès le xixe siècle, le culte nouveau des tombeaux et des cimetières. Précisons que ce nouveau culte n’a rien à voir avec les cultes antiques préchrétiens, où les dépouilles étaient enterrées hors des villes. Il diffère également des coutumes mortuaires moyenâgeuses, où les corps sont enterrées dans l’enceinte de la paroisse, puis abandonnés au soin du clergé. Leur identité n’est pas nécessairement mentionnée car seule la proximité du lieu saint est primordiale. Certes, à partir du xviiie siècle on observe un souci plus vif et fréquent de localiser la sépulture. Dès lors, on voit apparaître la célèbre épitaphe « ci-gît ». Et avec elle l’envie d’une visite pieuse ou mélancolique au tombeau d’un être cher. On s’y recueille en cultivant le souvenir du défunt. Ce culte privé devient également un rite public qui engage la société. Les auteurs de projets de cimetières du xviiie siècle souhaitent en faire des parcs organisés pour la visite des morts par leur famille autant que des musées mortuaires d’hommes illustres. Ainsi, le cimetière retrouve-t- il une place à la fois physique et morale dans les villes, place qu’il avait occupée dans l’Antiquité avant de disparaître au Moyen Âge.14 De nos jours, la mort a un caractère si pesant que nous avons préféré en remettre la responsabilité à autrui. L’entourage du mourant a tendance à l’épargner, à cacher sa souffrance et à ne pas s’entretenir avec lui sur la gravité de son état. La vérité commence à poser question car la mort est refoulée. Seul le corps médical contrôle et entretient un dialogue avec la mort. La famille se relaye autour du mourant en prenant le soin de n’apparaître que dans un second plan.
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La mort représente aujourd’hui un arrêt technique. Une cessation du fonctionnement du corps au moment de renoncer aux soins. Davantage que d’épargner le moribond, c’est son entourage et plus largement la société que l’on souhaite préserver. La laideur de la mort et de l’agonie sont des manifestations terribles qu’il convient de cacher, ce qui confère à la fin de vie son caractère inacceptable.15 Si l’on célèbre encore une cérémonie, elle ne doit rien avoir de pompeux. Une inhumation est une fête discrète. Les manifestations apparentes de deuil sont d’ailleurs peu recommandées et tendent à disparaître. Dans la cellule familiale, on ne se laisse pas aller à montrer son chagrin, de peur d’impressionner les enfants. L’affliction n’est plus qu’une expérience à réaliser dans la solitude. À l’écart. On en vient même à croire, depuis les observations de Geoffrey Gorer (Ni pleurs ni couronnes, précédé de Pornographie de la mort), que le refoulement de la peine, l’interdiction de sa manifestation publique, l’obligation de souffrir seul et en cachette aggravent le traumatisme dû à la perte de l’être cher. Gorer avance même que le deuil solitaire et honteux se pratique comme la masturbation. Seul et en silence.16 La mort est devenue taboue. Et c’est dans l’optique de rétablir le dialogue avec elle que ce livre veut faire redécouvrir certains rites et coutumes mortuaires, en soulevant un pan méconnu de notre histoire nationale.
Page suivante : Dans l’église villageoise de St. Gallenkappel, saint Celestinus est confortablement allongé sur le côté, sa main soutenant sa tête. Cette position est la plus couramment utilisée.
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À Sursee, l’église St. Georg recèle de nombreux reliquaires. Même si l’on ne possède qu’un fragment de squelette, comme la mâchoire montrée ci-dessus, les mêmes égards sont apportés à son ornement.
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Avec sa cage thoracique à l’allure bien repue, saint Adrianus est acheminé de Rome au couvent de Münsterlingen. Il est étendu sur sa couche brodée d’or depuis le 19 juin 1667.
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L’extraordinaire culte des catacombes Le 20 juillet 1761, le village de Goldach reçoit un surprenant trésor : les reliques d’un martyr romain. À Mörschwil, une bourgade voisine, les cloches accompagnent la procession. On se rassemble, l’infanterie brandit des drapeaux et des musiciens jouent. L’ambiance est vive, festive. Dans l’église, orgue et cor français finissent d’accompagner la dépouille jusqu’à l’autel. Après un court culte du corps sacré dans la sacristie, il est mis en lieu sûr. Les réjouissances ne font que commencer. À 3 heures du matin, le 14 septembre 1761, les cloches carillonnent pour annoncer le début de la célébration : la fête de translation. À 4 heures et demie, une première messe est lue en présence du prince-abbé Célestin II. À 8 heures, une procession se forme du presbytère au cimetière. La cavalerie et l’infanterie défilent. Deux chorales accompagnées de trompettes et de tambours accueillent les princes spirituels qui écoutent le sermon du Père Iso Walser : « Ô bienheureuse Goldach ! Le Dieu vertueux de l’éternité vous a choisi pour prescrire un lieu de repos glorieux à son saint martyr Valentin. » (Hymne au Saint). Avec le transfert de Valentinus, Goldach s’affirme dans la Contre-Réforme.1 Le saint dans son sanctuaire de verre repose dans l’église paroissiale de Goldach depuis plus de 250 ans. Sa cérémonie de translation est le point culminant du renouveau catholique. Avec ferveur, les fidèles se réfugient dans le culte du martyr romain. Son anniversaire est célébré jusqu’à la fin du xixe siècle par les paroissiens. Saint Valentin, allongé sur le côté, une main posée sous son crâne, lui-même recouvert d’un voile d’une grande finesse, est richement décoré de pierreries, velours, dentelles. Une couronne orne sa tête. Ces reliques sont considérées comme étant l’authentique dépouille d’un martyr. Il fait partie d’un étonnant commerce orchestré par l’Église romaine catholique contre le pouvoir grandissant de la Réforme. Valentin, ainsi que des centaines de squelettes, seront acheminés de Rome à travers les Alpes en territoire helvétique. Ainsi débute l’extraordinaire culte des catacombes.
Dans son sanctuaire de verre, à Goldach, saint Valentinus se laisse admirer depuis plus de deux siècles.
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15.05.19 15:34
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9 782828 916909
Carole Alkabes
Martyrs Les reliques oubliées
Martyrs Les reliques oubliées
Traités comme des saints, couverts de pierreries et d’étoffes, les martyrs des catacombes romaines sont exhumés du labyrinthe funéraire au moment de la Contre-Réforme et portés vers une gloire triomphante. Alors qu’elles étaient tombées dans l’oubli pendant plus de 1200 ans, ces dépouilles exercent soudain une fascination nouvelle dans l’Europe chrétienne du xvie au xixe siècle. Ces squelettes sont souvent anonymes, mais la volonté de faire revivre le culte catholique dans les régions proches des contrées protestantes opère un étrange « miracle ». Nombre de ces corps se retrouvent alors canonisés sans que l’on puisse vraiment attester de leur identité. On leur attribue également des noms et des places de choix dans les couvents et les monastères. La Suisse est tout particulièrement concernée par ce commerce de reliques. Aujourd’hui encore, elle regorge de trésors inestimables. Certains sont cachés, oubliés voire dénigrés. D’autres sont vénérés et exhibés comme témoignages de foi et œuvres baroques. Entre le macabre et le sublime, ces ossements ornés d’or et d’argent qui semblent prêts à reprendre vie au retour du Messie sont avant tout des reliques historiques et artistiques. Un patrimoine méconnu enfin redécouvert grâce à ce travail inédit. La photographe Carole Alkabes a sillonné la Suisse afin de redonner vie aux Katakombenheilige, dont elle a tiré des clichés qui exaltent l’apparat de ces martyrs inconnus. Les plus grands sites religieux lui ont ouvert leurs portes pour que revive cet étrange culte. Et si la plupart des reliques sont pour ainsi dire factices, elles n’en sont pas moins porteuses de sens et relatent, dans leur faste, l’attachement des couvents qui les ont décorés pour les saints qu’ils étaient censés personnifier. Un hommage haut en couleurs, qui contraste avec notre conception actuelle de la mort, tout en retenue et en sobriété.
Carole Alkabes