Montreux (Ed Favre 2019) - EXTRAITS

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MONTREUX

Splendeurs et secrets Photographies de Stephan Engler Textes de Jacques Pilet et Christophe Passer


MONTREUX Splendeurs et secrets Montreux fascine. Pourquoi un petit village, essentiellement paysan et viticole, est-il devenu « the place to be » dès le milieu du XIXe siècle ? Qu’estce qui a permis aux hameaux de ce territoire éclaté entre lac et alpages de former une commune à l’identité marquée internationalement ? Quels sont celles et ceux qui ont forgé son histoire, sa réputation, l’ont fait rayonner pardelà les océans ? De l’avènement du tourisme d’hiver à la construction des hôtels Belle Époque, des pistes de ski aux promenades des quais du Léman, des Dufour à Hemingway, de Lord Byron à Claude Nobs, de la brutale chute économique due à la Première Guerre mondiale à la renaissance des années 60, cet ouvrage vous dira tout, en images d’aujourd’hui et d’hier. Les photographies actuelles sont de Stephan Engler, habitant de la Riviera, dont la notoriété a largement dépassé les frontières. Quant aux textes de la première partie, ils sont de la fine plume de Jacques Pilet, Boéland de naissance, Montreusien de cœur, journaliste, écrivain, chroniqueur et baroudeur des mots. Je vous invite au travers de cet ouvrage à découvrir une partie de la formule magique qui rend Montreux si envoûtante. Une partie seulement. Car ce ne sont pas qu’un lac, des montagnes, une belle architecture, des hôtels luxueux et des manifestations culturelles mondialement connues qui composent cette recette. Ce sont aussi des hommes et des femmes, célèbres ou inconnus du grand public, qui ont « fait » Montreux, ont eu des idées et les ont réalisées : transporter des voyageurs sur le lac sous couleurs vaudoises avec « Le Léman », construire des funiculaires, créer des pistes de luge et de bob, dessiner un domaine skiable, assurer le plus raffiné des conforts aux touristes, aménager les quais, créer des sociétés villageoises pour animer les villages, et tant d’autres. 2


Les villages participent dans une très large mesure à l’âme de Montreux par leur authenticité et le sentiment que rien – ou si peu – a changé durant ces dernières décennies. Les vieilles légendes s’y content encore : une fée prénommée Marie hanterait les gorges et les bois du Chauderon et sauverait les randonneurs égarés; un rocher aurait pleuré pour qu’une humble paysanne puisse épouser son bienaimé, fils du Baron de Chaulin; la neige tombée sept jours et sept nuits sur les coteaux de Sonloup après la mort de la louve Romella se serait transformée en narcisses. Et demain ? Montreux restera un lieu où il fera toujours bon vivre, avec des infrastructures adaptées à son évolution, une vie culturelle et sociétale riche et diversifiée et une urbanisation maîtrisée. Une commune toujours aussi présente sur la scène internationale en écho à son tourisme et aussi à sa population, qui aujourd’hui compte avec bonheur plus de 150 nationalités. La bienveillance, le bienvivre ensemble, la protection des plus vulnérables et l’ouverture au monde demeureront des valeurs cardinales à préserver, tout comme la valorisation des esprits novateurs, des acteurs économiques et de celles et ceux qui ambitionnent pour Montreux un avenir radieux. L’immuable beauté de son lac et des montagnes qui s’y reflètent est peinte, racontée, versifiée et photographiée depuis des siècles. D’autres regards que les nôtres s’y poseront encore avec émerveillement, mélancolie ou nostalgie et, dans cent ans, dans mille ans qui sait, un autre auteur, un autre preneur d’images rendra à nouveau hommage à Montreux, ce pour autant cependant que chacune et chacun de nous veille à préserver cette inestimable richesse.

LAURENT WEHRLI, syndic de Montreux

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MAIS QUEL EST DONC LE SECRET DE CE LIEU ? Sa beauté, cent fois louée par de grands auteurs et artistes, certes. Mais les lieux grandioses ne manquent pas en Suisse et ses alentours, ils n’ont pas tous connu un destin aussi prestigieux. Quelques grâces se sont réunies ici. La montagne domine le rivage sans l’écraser. Les chemins qui gravissent la pente révèlent à chaque étape une perspective différente, une couleur nouvelle du lac, la couleur changeante des fleurs dans les prés, des splendeurs des quais aux précieux narcisses des hauts. Et puis aussi, les promesses du paysage. À l’ouest, les coteaux du Lavaux. Au sud-ouest, la montagne savoyarde échancrée, avec Genève que l’on devine si l’on monte assez haut, la barrière douce du Jura. En face, la masse du Grammont, annonce des rudes Alpes françaises. À l’est, l’ouverture du Chablais, de la vallée du Rhône qui permet de s’enfoncer dans le Valais, mais également pas bien loin de s’échapper vers l’Italie. Il y a des spectacles alpestres qui enferment, ceux de Montreux portent le regard vers les ailleurs.

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LONGTEMPS, RIEN NE SEMBLAIT DISTINGUER LES MODESTES VILLAGES ÉPARPILLÉS où l’on vivait de la terre, du lac, loin des routes – qui existaient à peine – et des villes alors lointaines. Cela jusqu’à l’arrivée de Jean-Jacques Rousseau, le Genevois annonciateur du romantisme. Pour sa « Nouvelle Héloïse », terminée en 1758, il trouva le lieu idéal : Clarens. « Pour placer mes personnages dans un séjour qui leur convînt, je passais successivement en revue les plus beaux lieux que j’eusse vus dans mes voyages […] Il me fallait cependant un lac, et je finis par choisir celui autour duquel mon cœur n’a jamais cessé d’errer. Je me fixai sur la partie des bords de ce lac à laquelle depuis longtemps mes vœux ont placé ma résidence dans le bonheur imaginaire auquel le sort m’a borné. » Le succès fut immense dans toute l’Europe.

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À sa suite débarquèrent peintres et écrivains. Dont Lord Byron qui fit connaître le château de Chillon avec, en 1816, son ode au fameux prisonnier François Bonivard, enfermé là pour ses positions anti-savoyardes et libéré à l’arrivée des nouveaux occupants du Pays de Vaud, les Bernois. 12

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DEPUIS LORS, ON NE COMPTE PLUS LES GENS DE LETTRES, COMPOSITEURS ET ARTISTES qui passèrent et séjournèrent sur ce pan du Léman. Quelques-uns en vrac. Tchaïkovski qui compose ses opéras « Eugène Onéguine » et « La Pucelle d’Orléans » dans la Villa Richelieu, à Clarens. Stravinsky qui y passe plusieurs années et y termine son « Sacre du Printemps ». La star du théâtre de la fin du XIXe siècle, Sarah Bernhardt, plusieurs fois à l’affiche à Montreux. La poétesse Anna de Noailles, familière des lieux, qui écrit de la clinique de Valmont : « […] les plus beaux couchers de soleil du monde. Je les vois de mon balcon et de ma véranda vitrée suspendue sur le lac. C’est chaque soir l’incendie, le sublime, la gloire, les fastes de quelque souverain du Suprême Orient. » Alphonse Daudet, installé lui dans la vieille ville, aux Planches : « Montreux : En bas, le marché sous les peupliers. Balcon : le lac, ses couleurs de chromo. Le pays étagé, traversé par le torrent du Chauderon, ponts de bois, chutes d’eau. 18

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Le petit cimetière, roses blanches, jaunes, pétunias; rien que des étrangers. Terrasses de vignes, de fleurs grimpantes variées. Monaco du Nord, voilé. Hôtels perdus dans la verdure, avec leurs téléphones (sic), va-et-vient des hottes, des bourriches; tout au fond le lac. Le prisonnier de Chillon, le vrai, celui qui fait toutes ces petites peintures de quarante sous. Clarens plus lumineux, collines basses […]. » Le grand Léon Tolstoï écrit dans une lettre : « Chose étonnante, j’ai vécu deux mois à Clarens, mais chaque fois que le matin, ou plutôt le soir, avant le dîner, j’ai ouvert les vitres de la fenêtre sur laquelle tombait l’ombre et regardé le lac où se reflétaient les lointaines montagnes bleues, la beauté de ce paysage m’aveuglait et me saisissait d’une force inattendue. » L’écrivain russe était aussi un marcheur. Il gagna un jour le col de Jaman, décrivant le parcours avec minutie, pour arriver jusqu’au Pays-d’Enhaut et pousser jusqu’à Interlaken. Et tant d’autres dirent leur attachement à ce lieu, jusqu’à l’écrivain et entomologiste Nabokov (« Lolita ») qui mourut au Montreux-Palace en 1977.

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Vous venez de consulter un EXTRAIT d'un livre paru aux Éditions Favre. Tous droits réservés pour tous les pays. Toute reproduction, même partielle, par tous procédés, y compris la photocopie, est interdite. Éditions Favre SA Siège social 29, rue de Bourg CH – 1002 Lausanne Tél. : +41 (0)21 312 17 17 lausanne@editionsfavre.com www.editionsfavre.com


Splendeurs et secrets Une invitation à découvrir, au travers de cet ouvrage, une partie de la formule magique qui rend Montreux si envoûtante. Une partie seulement. Car ce ne sont pas qu’un lac, des montagnes, une belle architecture, des hôtels luxueux et des manifestations culturelles mondialement connues qui composent cette recette. Ce sont aussi des hommes et des femmes, célèbres ou inconnus du grand public, qui ont « fait » Montreux, ont eu des idées et les ont réalisées.

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