En somme, comment vivre son rôle entre autorité et complicité, entre amour et fermeté, entre liberté et contrôle, tel est finalement le questionnement sans doute universel auquel veut répondre cet ouvrage. Il ambitionne également de donner des pistes de réflexion et d’action aux parents confrontés à des situations quotidiennes parfois difficiles. Parce qu’être parent, beau-parent, adoptant, ou mère/ père célibataire ne s’improvise pas, l’auteur propose ici un ouvrage à destination des parents qui savent que la bonne volonté ne suffit pas toujours. On l’a compris, son ambition n’est surtout pas de chercher à devenir un parent parfait (il n’existe pas !), mais simplement plus heureux. Christian Doyhenart est psychologue et thérapeute. Passionné depuis plus de vingt ans par les relations humaines et leur complexité, il intervient auprès d’adultes, de parents ou d’enfants en se basant sur les différents apports de la psychologie. Privilégiant les thérapies brèves et notamment familiales, l’auteur, psychologue et également père et beau-père, a ainsi cherché à mettre à la disposition du plus grand nombre les clés et les méthodes dévoilées à ses patients depuis des années. ISBN 978-2-8289-1675-6
9 782828 916756
Christian Doyhenart
Parents dépassés, il n’y a pas de fatalité
Comme personne ne fonde une famille pour être malheureux ou insatisfait, s’ancrer dans cet état, faute de recul ou d’éclairage pour en sortir, conduit bien souvent à un sentiment d’échec et même de désespoir. L’impression d’y être pour quelque chose, sans trop parvenir à cerner sa part supposée de responsabilité, s’ajoute au malaise. Ce recul et ces éclairages, vous les trouverez dans les pages de ce livre. À partir de petits tests, exercices et témoignages, le lecteur pourra ainsi se situer en tant que parent et découvrir les moyens de dépasser les difficultés auxquelles il se confronte. Avec bienveillance et sans culpabilisation, l’auteur partage les fruits de son expérience de psychologue et thérapeute auprès des familles. Les préoccupations les plus courantes sont abordées, parmi lesquelles : – Mon enfant est irrespectueux et fragilise mon autorité : comment la rétablir ? – Mon enfant manque de confiance en lui : comment l’aider ? – Mon enfant est distant depuis un certain temps : comment renouer le dialogue ? – Mon enfant ment beaucoup, il est manipulateur : comment le déjouer ? – Mon enfant est insolent : comment le canaliser ? – Comment gérer le rapport aux écrans, à la violence de notre société ?
Christian Doyhenart
Parents dépassés, il n’y a pas de fatalité En finir avec les tensions Retrouver le chemin de l’harmonie familiale
Avec tests, témoignages et mises en pratique
Siège social 29, rue de Bourg CH – 1002 Lausanne Tél. : +41 (0)21 312 17 17 – Fax : +41 (0)21 320 50 59 lausanne@editionsfavre.com Adresse à Paris 7, rue des Canettes F – 75006 Paris www.editionsfavre.com Dépôt légal en Suisse en avril 2018. Tous droits réservés pour tous les pays. Toute reproduction, même partielle, par tous procédés, y compris la photocopie, est interdite. Graphisme : Lemuri-Concept ISBN : 978-2-8289-1675-6 © 2018, Éditions Favre SA, Lausanne, Suisse
La maison d’édition Favre bénéficie d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2016-2020.
Christian Doyhenart
Parents dépassés, il n’y a pas de fatalité En finir avec les tensions Retrouver le chemin de l’harmonie familiale
Table des matières
Table des matières Partie 1 Poser les bases de l’harmonie familiale : le cadre et l’étoile Introduction....................................................................................... 9 Préambule : Le cadre ? L’étoile ? Quelques précisions avant de commencer....................................... 13 Chapitre 1 : L’art et la nécessité de poser un cadre rassurant et épanouissant................................................. 15 …
Comment étais-je cadré par mes parents ?.............................
15
Quel est mon rapport aux règles et à l’autorité ?....................
16
Pourquoi je n’arrive pas à tenir et faire tenir les règles posées ?...............................................
20
Apprendre à poser une structure épanouissante pour l’enfant............................................................................
23
Exemples de cadrage réussi....................................................
29
Chapitre 2 : Améliorer la qualité de la relation avec ses enfants en suivant l’étoile guide......................................... 37 Description de l’étoile guide...................................................
37
La première branche de l’étoile guide : soutenir.....................
38
La deuxième branche de l’étoile guide : « se pencher »..........
40
La troisième branche de l’étoile guide : transmettre...............
42
La quatrième branche de l’étoile guide : les moments partagés.............................................................
43
La cinquième branche de l’étoile guide : l’expression des sentiments.....................................................
46
Quand mon étoile apparaît…..................................................
47
Quand l’étoile se voile ou les obstacles à une parentalité épanouie......................................................
49 5
Parents dépassés, il n’y a pas de fatalité
Partie 2 Positionnements parentaux conflictuels et contextes délicats : mieux les connaître pour mieux les dépasser Chapitre 3 : Les positionnements parentaux sources de tensions ou de conflits.................................................... 55 Le parent trop sévère envers lui-même...................................
56
Le parent trop solo ou l’hyper parent......................................
61
Le parent « trop copain »..........................................................
67
Le parent trop autoritaire.........................................................
70
Le parent trop gentil................................................................
72
Le parent jamais satisfait..........................................................
76
Le parent trop lointain.............................................................
83
Le parent trop protecteur........................................................
88
Le parent défaillant..................................................................
95
Le parent qui crie trop.............................................................
99
Le parent un peu trop dirigiste................................................ 111 Et un parent bien positionné, ça ressemble à quoi ?............... 115 Chapitre 4 : Contextes délicats pour les parents : quelques repères pour mieux les appréhender................................ 117 Être un beau-père ou une belle-mère..................................... 117 Le parent seul avec ses enfants............................................... 130 Les parents adoptifs................................................................ 132 Le burn-out parental................................................................ 146 Partie 3 Enfants « difficiles » et situations potentiellement conflictuelles : comment mieux les gérer Chapitre 5 : Quelques profils d’enfants « difficiles » : les connaître pour mieux les gérer.................................................... 151 Quelques repères généraux pour mieux appréhender une période délicate avec son enfant..................................... 151 Mon enfant est distant avec moi............................................. 154 6
Table des matières
Mon enfant (ou adolescent) est « insolent et agressif » envers moi............................................................................... 157 Mon enfant manque de confiance en lui................................. 161 Mon enfant est « jaloux ».......................................................... 164 Mon enfant est angoissé à l’idée de se séparer de nous.................................................................................... 167 Mon enfant fait souvent des cauchemars................................ 169 Mon (grand) enfant est passif, il ne se prend pas en charge................................................................................. 171 Mon enfant ment beaucoup, il a un côté manipulateur.......... 177 Mon enfant est très contestataire............................................ 185 Chapitre 6 : Gérer les situations délicates du quotidien................... 189 Comment bien réagir lors d’un caprice dans un lieu public ou à la maison ?........................................ 189 Comment gérer le moment du repas avec un enfant « pénible »........................................................ 192 Le moment du coucher........................................................... 194 Gérer les matins....................................................................... 195 Gérer le moment des devoirs.................................................. 197 Comment mieux gérer les écrans............................................ 199 Conclusion : Faire grandir et laisser vivre.......................................... 205
7
Partie 1 Poser les bases de l’harmonie familiale : le cadre et l’étoile
Préambule Le cadre ? L’étoile ? Quelques précisions avant de commencer L’harmonie familiale repose essentiellement sur deux piliers : la relation affective et la présence d’un cadre structurant. Réfléchir à chacun de ces domaines, c’est se donner davantage la possibilité de les enrichir et de se dégager d’un sentiment d’impuissance face à un enfant devenu difficile à gérer. La relation affective revêt une réalité complexe faite d’au moins cinq dimensions comme les branches d’une étoile. Voilà pourquoi j’ai choisi cet astre pour symboliser le lien entre les parents et l’enfant. Quant au cadre, le terme est suffisamment flou pour donner lieu à des associations très variées selon les individus. Certains y verront un terme péjoratif car lié à un corset rigide et oppressant quand d’autres le percevront positivement comme une nécessité structurante. Beaucoup enfin, pas toujours à l’aise avec les règles et les sanctions, demanderont à y voir plus clair. Le premier chapitre répondra à cette attente. Plus largement, le cadre sera considéré dans cet ouvrage comme devant toujours être associé à l’étoile, c’est-à-dire au lien affectif. Je vous propose justement de découvrir la force de ces deux piliers éducatifs au travers du petit tableau ci-dessous : Affectif oui
Affectif non
Règles oui
Enfant épanoui
Enfant dressé
Règles non
Enfant roi
Enfant délaissé
Si l’une de ses deux dimensions vient à manquer, l’enfant grandit avec un manque qui peut dégénérer en conflits ou en tensions. Même si ce tableau reste schématique (il y a entre le « oui » et le « non » de nombreuses nuances, bien entendu), essayez de situer le style d’éducation que vous avez reçue. Dans quelle case retrouvez-vous l’enfant que vous étiez ?
13
Parents dépassés, il n’y a pas de fatalité
Quand un adulte n’a pas eu la chance de baigner dès son plus jeune âge dans un milieu règles oui/affectif oui, il est plus compliqué, quand il devient parent, de trouver le chemin conduisant son fils, sa fille à l’enfant épanoui. Voilà pourquoi ce livre existe, pour vous aider, peu à peu, à vous saisir de nouveaux repères, à installer de nouvelles habitudes pour être plus heureux au sein de votre famille. J’ai choisi de commencer ce guide par un travail sur le cadre car, pour beaucoup, l’urgence se situe d’abord là.
14
Chapitre 1 L’art et la nécessité de poser un cadre rassurant et épanouissant …
Pour entamer ce premier chapitre, je vous propose de vous plonger d’abord dans vos souvenirs d’enfant et d’adolescent afin d’évaluer la faculté de vos parents à poser un cadre clair, juste et rassurant. Ce détour vous apportera des éclairages sans doute utiles pour la suite. En effet, nous avons tendance à reproduire le style éducatif de nos parents ou à prendre son contre-pied quand il nous a marqués négativement. Par cadre, je veux parler d’un ensemble fait de règles, de sanctions mais également d’interventions plus spontanées, qui dans le respect et la fermeté, aident un enfant à grandir et s’épanouir. nn
Comment étais-je cadré par mes parents ?
Vos parents étaient-ils capables de mettre en place des règles claires et de s’y tenir ? Quel était leur rapport à l’autorité ? Y avait-il beaucoup de cris, de tensions ou au contraire l’ambiance était-elle plutôt sereine ? À nouveau, vous allez pouvoir vous situer grâce au tableau ci-dessous en cochant la case qui correspond le mieux à l’ambiance régnant dans votre famille d’origine. Ils criaient, nous grondaient souvent.
Ils criaient peu.
Les règles étaient explicites et comprises (structure claire et stable). Les règles étaient peu explicites (structure manquant de clarté). Il y avait des règles mais assez changeantes ou peu suivies (structure instable). Il n’y avait pas vraiment de règles (structure faible). Les règles étaient strictes et très contraignantes (structure rigide).
15
Parents dépassés, il n’y a pas de fatalité
Vous venez de remonter le temps, des scènes de votre enfance ou adolescence ont peut-être défilé, comme un film, devant vos yeux. Peutêtre même avez-vous déjà fait des comparaisons entre l’éducation reçue et celle que vous donnez (du point de vue de l’autorité tout au moins). Votre rapport aux règles a sans doute été influencé par votre expérience. Nous aurons l’occasion de préciser ce point ultérieurement. Mais quelle que soit votre position sur le tableau, vous aspirez à gagner en sérénité, à moins crier, à mieux vous faire respecter. Vous y parviendrez en cheminant depuis la case que vous avez cochée jusqu’à celle où se croisent la première ligne et la seconde colonne (« règles justes et comprises »/« ils criaient peu »). Atteindre l’autorité calme et posée, loin de l’autoritarisme ou du laisser-aller, sera l’ambition de ce premier chapitre. *
*
*
Vous disposez désormais d’un premier recul sur la façon dont vos parents ont posé l’une des bases de l’harmonie familiale. Ce recul sur votre propre enfance va vous permettre de vous interroger maintenant sur le présent, sur le parent qu’à votre tour vous êtes devenu. nn
Quel est mon rapport aux règles et à l’autorité ?
Pour vous permettre d’y voir plus clair, je vous invite à utiliser le cadre vierge ci-dessous pour répondre par écrit aux quatre questions suivantes : – À quoi associez-vous le mot « autorité » ? – À quoi associez-vous le mot « règles » ? – À quoi associez-vous le mot « sanction » ? – Parvenez-vous à tenir facilement les règles édictées si toutefois vous en avez posé ?
16
Chapitre 5 Quelques profils d’enfants « difficiles » : les connaître pour mieux les gérer Quelques précisions s’imposent tout d’abord. Le terme « difficile » est écrit avec les pincettes des guillemets car il ne s’agit pas d’enfermer votre enfant dans une case. Cela induirait en effet l’idée d’une personnalité figée et cataloguée. Or il n’en est rien. De même que vous, parent, pouvez évoluer, il en est également capable. On évitera donc un étiquetage intempestif et sans recul. C’est la raison pour laquelle les différents exemples qui suivront seront titrés parfois avec des guillemets. Nous conserverons par là la lisibilité de la problématique tout en indiquant que nous prenons une certaine distance avec le premier degré. Autre précision, quand j’écrirai le mot « enfant », il sera interchangeable avec le mot « adolescent ». Mais il me faut commencer par répondre à des questions plus générales que chacun peut se poser : comment déceler que son enfant ne va pas bien s’il essaie de le cacher ? Comment réagir s’il glisse vers des comportements inquiétants (drogue, actes délinquants mineurs dans un premier temps) ou une certaine déprime voire dépression ? Enfin, comment faire face à des crises où la violence s’en mêle ? nn
uelques repères généraux pour mieux appréhender Q une période délicate avec son enfant
Par souci de clarté et de cohérence, suivons l’ordre des questions telles que présentées ci-dessus. La première porte sur les signes de mal-être chez un jeune cherchant à tout prix à les dissimuler.
151
Parents dépassés, il n’y a pas de fatalité
• Comment déceler que son enfant ne va pas bien s’il essaie de le cacher ?
Avant de répondre directement, il peut être utile de faire la liste, sans doute incomplète, des raisons poussant un enfant à maquiller ses tourments. Ne pas inquiéter ses parents et/ou ne pas leur faire de la peine constitue une première catégorie de motivation. Elle est davantage fréquente chez les plus jeunes que les ados. La peur de les décevoir compose une deuxième catégorie d’explications. L’enjeu est de maintenir intacte son image auprès de ses parents et par là leur confiance et leur amour. La peur de la punition représente une variante moins affective de la précédente raison mais peut bien entendu suffire à conserver un secret trop lourd. Une trop grande distance affective entre les parents et les enfants explique dans certaines familles l’impossibilité d’exprimer son désarroi. Dans ces milieux, la pudeur des sentiments réduit la part du sensible et de l’affectif à sa portion congrue. Entrer dans le domaine de l’intime reviendrait à transgresser un tabou. Impensable pour chaque membre du foyer ! Dans cette troisième catégorie d’explication, on retrouve les familles dans lesquelles l’injonction d’être fort est présente. La confidence est associée à « trop s’écouter » et donc à des jérémiades. Cette association péjorative bien intériorisée conduit à garder pour soi ses états d’âme derrière un masque de sérénité factice. Vous, qui lisez ces lignes, êtes sans nul doute soucieux de comprendre les signaux faibles de votre « petit » afin de l’apaiser et le soutenir. Mais comment les percevoir ? Un certain nombre de changements chez lui doivent attirer votre attention. A-t-il tendance, depuis quelque temps, à davantage s’isoler dans sa chambre tout en restant plus silencieux à table notamment ? Avez-vous remarqué, depuis quelque temps, une certaine irritabilité chez lui voire une insolence inhabituelle ? A-t-il tendance à moins rire et sourire et parler ? Comme une gravité en lui inhabituelle ? Ses résultats scolaires sont-ils en baisse généralisée ? Voit-il ses amis aussi souvent ou avez-vous remarqué un certain isolement ?
152
Enfants « difficiles » et situations potentiellement conflictuelles
Son équilibre physiologique est-il manifestement perturbé : perte d’appétit et/ou de sommeil ? Un seul de ces six changements peut suffire à révéler la présence d’un mal-être chez votre enfant. Vous devez donc être attentif sans dramatiser par avance. En lui indiquant votre inquiétude, vous montrerez votre sensibilité et votre désir de l’aider. S’il se montre réticent à ouvrir son cœur, inutile d’insister lourdement. Indiquez-lui votre disponibilité et éventuellement la possibilité d’aller se confier à une personne neutre. Parfois l’enfant devenu adolescent exprime ses difficultés intérieures en adoptant des comportements préoccupants. Des signaux faibles, nous passons là à des signaux forts.
• Comment réagir s’il glisse vers des comportements
inquiétants (drogue, actes délinquants mineurs dans un premier temps) ou une certaine déprime voire dépression ?
Je resterai très général sur ces points en rappelant simplement quelques principes de base. S’agissant des comportements inquiétants et punis par la loi, le plus grand service à rendre à votre adolescent est d’adopter une position intransigeante. Ainsi, fumer de la drogue douce en plus d’être évidemment banni doit donner lieu à des contrôles inopinés rendus possibles grâce à des tests que l’on trouve en pharmacie. La moindre transgression doit être par avance associée à une sanction ferme. Toutefois, concernant les actes répréhensibles, ce volet répressif ne suffit pas. Engager une discussion pour détecter un éventuel malaise s’impose. L’occasion de vider son sac se présentera peut-être… S’agissant de la dépression qui, rappelons-le ici, peut frapper à tout âge, la bonne attitude doit consister à faire suivre votre enfant bien entendu. Seul ou avec votre médecin généraliste, vous pourrez lui faire passer un message clair et dédramatisant : la dépression est une maladie de l’humeur et elle se soigne. Nous arrivons à la question de la gestion de crises qui, en plus d’être violentes, sont répétitives.
• Comment faire face à des crises récurrentes où la violence s’en mêle ?
L’enfant, plus souvent l’ado, est hors de contrôle et montre une fois de plus son incapacité à gérer ses émotions. Il vous en veut mais la 153
Parents dépassés, il n’y a pas de fatalité
raison n’est pas vraiment formulée. D’ailleurs vous êtes entrés tous les deux dans une communication le plus souvent agressive et saturée de reproches. Votre quotidien est devenu un enfer. Si vous vivez cela, l’urgence est de reconnaître votre besoin de vous faire aider au plus vite. Le professionnel le plus indiqué est le thérapeute familial. Vous devriez en trouver parmi les psychologues de votre secteur géographique. Le travail consistera à permettre à chacun d’exprimer ses reproches. Vider son sac permettra à chacun d’une part d’évacuer son ressentiment et dans le meilleur des cas d’ouvrir un dialogue, de se parler vraiment. Dans un second temps, lors d’entretiens cette fois individuels, le thérapeute apportera un éclairage pour amener le membre de la famille à prendre sa part de responsabilité. Si cette étape s’avère constructive, il organisera une rencontre entre le(s) parent(s) et l’enfant au cours de laquelle chacun fera un pas vers l’autre. C’est là que parfois les regrets s’expriment et que le pardon s’invite. La réflexion commune sur la mise en place d’une nouvelle base prolonge ce travail de reconstruction. Des prises d’engagement sont encouragées afin de sceller les nouvelles dispositions. *
*
*
Ce préambule m’a permis de poser des repères sur des problématiques assez générales. Je voudrais maintenant préciser tout cela en vous présentant neuf profils d’enfants « difficiles ». Ces problématiques peuvent être passagères, car provoquées par des événements extérieurs et ponctuels, ou plus installées. Dans chaque cas, la description sera suivie d’une proposition de clés d’amélioration. Mon plus grand vœu sera que ce travail puisse vous aider à retrouver le chemin de la sérénité dans votre foyer. Le premier profil désigne l’enfant distant et froid avec ses parents. nn
Mon enfant est distant avec moi
En tant que parent, vous sentez que le contact avec lui est difficile voire provisoirement perdu. Il n’est pas spécialement agressif ou autoritaire, mais partager des discussions, des idées, des moments voire des confidences s’avère peine perdue. Et cela n’est pas dû à un souci passager qui l’aurait amené momentanément à se replier sur lui-même ; non, il s’agit d’une réalité durable comme installée. Bien sûr vous en souffrez. 154
Enfants « difficiles » et situations potentiellement conflictuelles
Pourtant, à l’extérieur, avec les autres, il n’est pas le même. Il se montre ouvert, communicatif, joyeux même. Vous aimeriez retrouver la complicité qui fut la vôtre mais vos tentatives d’échanges, de rapprochements ont échoué comme autant de perches tendues mais ignorées. Pour espérer construire un pont entre vous, il est indispensable de connaître l’origine de ce fossé. Bien sûr l’approche naïve consisterait à la lui demander directement. La probabilité d’être éclairé de cette façon-là est bien mince. Vous risquez plutôt de vous faire repousser et d’aggraver la situation. Face à cette pénombre, je voudrais vous présenter les grandes causes habituelles rencontrées pour expliquer un tel froid. Si l’une d’entre elles vous parle plus que les autres, alors il sera possible de faire un pas et, je vous le souhaite, de vous rapprocher.
• Les quatre raisons les plus fréquentes à l’origine du comportement distant
Qu’il soit un enfant ou un ado, cela peut provenir d’une déception vis-à-vis de vous à propos d’un soutien attendu et non reçu. Vous auriez alors minimisé une épreuve pour lui douloureuse et n’avez pu être à ses côtés. Il n’en a rien dit à l’époque mais en a conclu secrètement que vous n’étiez pas disponible ou suffisamment réceptif en tant que mère ou en tant que père. Pour savoir si cette piste est la bonne, deux questions méritent d’être posées : son changement de comportement a-t-il été progressif ou est-il survenu brutalement ? S’il vous semble qu’a été fut soudain et durable, alors demandez-vous s’il a traversé un épisode délicat mais que vous auriez banalisé ? Si quelque chose vous revient, vous pouvez aller le voir avec des mots qui ressembleraient à « J’ai l’impression que lorsqu’il t’est arrivé (telle chose), ma réaction t’a déçu. Je me trompe ? » Si vous obtenez une réponse positive, la meilleure des choses est de lui exprimer vos regrets sincères et lui dire que vous comprenez sa déception. En cas de réponse négative, de mauvaise piste ou d’un rejet, essayez tout de même d’exprimer votre peine face à la situation actuelle et votre désir de le retrouver. Ouvrez en disant que vous êtes prêt à entendre que vous avez commis une erreur. Outre un possible soutien défaillant, la distance de votre enfant peut provenir d’une blessure que vous lui auriez infligée. Par des mots, par un oubli pour lui « impardonnable », par un acte perçu comme un rejet, vous lui avez inspiré une déception incompatible avec une relation étroite.
155
Conclusion : Faire grandir et laisser vivre Ce guide touche à sa fin. Ensemble nous avons exploré le difficile mais passionnant métier de parent. Un métier, une mission, un rôle, peu importent les mots. L’essentiel est d’être un parent. Car avoir des enfants et être père, mère ne signifie pas la même chose. Toute la différence entre « avoir » et « être » se retrouve ici. Car « être » renvoie à une identité, une implication, une responsabilité quand « avoir » tient de la simple possession. Vous qui m’avez suivi au cours de ce guide, faites assurément partie de ceux qui comprennent cette distinction. Vous savez aussi que faire de son mieux pour élever la chair de sa chair donne un sens profond à son existence. « Faire de son mieux » pour ressembler davantage à l’arc propulsant la flèche vers la vie. Cette métaphore tirée du poème de Khalil Gibran nous ramène à l’essentiel de notre rôle : faire grandir et laisser vivre. Si ce guide vous a été utile d’une façon ou d’une autre, alors j’aurai atteint mon but. Nous aurons donc fait équipe en quelque sorte car pour le rendre vivant, j’ai eu besoin de vous. Si certaines « astuces » s’appliquent assez facilement, d’autres approches ont, en effet, nécessité votre implication. Consentir à une introspection, à des changements d’habitude n’est pas à la portée de tous. Bien sûr, parfois, vous vous sentirez découragé, démuni. Ce simple sentiment prouve, si besoin était, que vous êtes un bon parent. En effet, prendre sa mission tant à cœur témoigne de là où vous placez vos priorités. Mais souvenez-vous toujours de votre droit à l’imperfection, ne pensez pas qu’autour de vous les autres familles n’éprouvent aucune difficulté. Ne croyez pas non plus que celui qui écrit ces lignes ne commet pas d’erreurs. Je vous dois ici un aveu. En me relisant, j’ai réalisé qu’il m’était facile de glisser sur la pente de la suractivité en négligeant ces temps essentiels de partage et de complicité avec ma fille et ma belle-fille. De même, la profondeur du respect que « l’arc doit à la flèche » me donne parfois le vertige. Serai-je capable de laisser pleinement Anna devenir 205
Parents dépassés, il n’y a pas de fatalité
ce qu’elle est ? Les lignes que j’ai écrites en tant que psychologue ont donc amené l’homme, le père à une prise de conscience et c’est tant mieux. Suis-je alors un mauvais parent à mes propres yeux ? Nullement ; cela me rappelle que je suis imparfait et commets des erreurs. Ce droit à l’imperfection, je le revendique. Le refuser serait méconnaître notre nature faillible mais aussi perfectible. L’erreur sous un regard dédramatisée contient en effet une leçon utile. Reste à l’entendre. Enfin, il se pourrait que cette lecture ait modifié quelque peu votre regard sur votre mère ou/et votre père. Si vous en retirez un supplément de gratitude pour ce qu’ils vous ont donné et transmis, j’en serai heureux. Mais si vous les jugez plus sévèrement désormais, je vous invite à méditer cette phrase d’Oscar Wilde : « Les enfants commencent par aimer leurs parents ; devenus grands, ils les jugent ; quelquefois, ils leur pardonnent. » Pour vous aider, questionnez-vous : la qualité du cadre dans lequel ils ont grandi, l’étoile d’amour qui devait éclairer leurs jeunes années vous semblent-elles enviables ? N’ont-ils pas fait de leur mieux avec ce qu’ils ont reçu ? Un jour, peut-être, ces questions si simples en apparence deviendront les vôtres. Alors la réponse, quelle qu’elle soit, remontera, scellant votre rancœur pour longtemps encore ou la libérant pour toujours. Un dernier conseil : n’hésitez pas à relire régulièrement ce guide ; il vous parlera différemment dans six mois, dans un an. Il me reste à vous souhaiter bonne chance pour la suite de cette aventure que représente la relation parent-enfant. Persévérez sur ce nouveau chemin, en couple, seul ou en vous faisant aider au besoin. L’harmonie de votre famille et le retour de relations plus apaisées en seront votre plus belle récompense.
206
Vous venez de consulter un
EXTRAIT d'un livre paru aux Éditions Favre.
Tous droits réservés pour tous les pays. Toute reproduction, même partielle, par tous procédés, y compris la photocopie, est interdite. Éditions Favre SA Siège social 29, rue de Bourg CH – 1002 Lausanne Tél. : +41 (0)21 312 17 17 lausanne@editionsfavre.com www.editionsfavre.com
En somme, comment vivre son rôle entre autorité et complicité, entre amour et fermeté, entre liberté et contrôle, tel est finalement le questionnement sans doute universel auquel veut répondre cet ouvrage. Il ambitionne également de donner des pistes de réflexion et d’action aux parents confrontés à des situations quotidiennes parfois difficiles. Parce qu’être parent, beau-parent, adoptant, ou mère/ père célibataire ne s’improvise pas, l’auteur propose ici un ouvrage à destination des parents qui savent que la bonne volonté ne suffit pas toujours. On l’a compris, son ambition n’est surtout pas de chercher à devenir un parent parfait (il n’existe pas !), mais simplement plus heureux. Christian Doyhenart est psychologue et thérapeute. Passionné depuis plus de vingt ans par les relations humaines et leur complexité, il intervient auprès d’adultes, de parents ou d’enfants en se basant sur les différents apports de la psychologie. Privilégiant les thérapies brèves et notamment familiales, l’auteur, psychologue et également père et beau-père, a ainsi cherché à mettre à la disposition du plus grand nombre les clés et les méthodes dévoilées à ses patients depuis des années. ISBN 978-2-8289-1675-6
9 782828 916756
Christian Doyhenart
Parents dépassés, il n’y a pas de fatalité
Comme personne ne fonde une famille pour être malheureux ou insatisfait, s’ancrer dans cet état, faute de recul ou d’éclairage pour en sortir, conduit bien souvent à un sentiment d’échec et même de désespoir. L’impression d’y être pour quelque chose, sans trop parvenir à cerner sa part supposée de responsabilité, s’ajoute au malaise. Ce recul et ces éclairages, vous les trouverez dans les pages de ce livre. À partir de petits tests, exercices et témoignages, le lecteur pourra ainsi se situer en tant que parent et découvrir les moyens de dépasser les difficultés auxquelles il se confronte. Avec bienveillance et sans culpabilisation, l’auteur partage les fruits de son expérience de psychologue et thérapeute auprès des familles. Les préoccupations les plus courantes sont abordées, parmi lesquelles : – Mon enfant est irrespectueux et fragilise mon autorité : comment la rétablir ? – Mon enfant manque de confiance en lui : comment l’aider ? – Mon enfant est distant depuis un certain temps : comment renouer le dialogue ? – Mon enfant ment beaucoup, il est manipulateur : comment le déjouer ? – Mon enfant est insolent : comment le canaliser ? – Comment gérer le rapport aux écrans, à la violence de notre société ?
Christian Doyhenart
Parents dépassés, il n’y a pas de fatalité En finir avec les tensions Retrouver le chemin de l’harmonie familiale
Avec tests, témoignages et mises en pratique