Hors Hors des des sentiers sentiers battus, battus, ilil est est des des lieux, lieux, des des places places et et des des rues rues disdiscrètes, crètes,des dessites sitesaux auxnoms nomsromanesques, romanesques,cocasses, cocasses,évocateurs évocateursou oumystémystérieux rieux::rue ruede del’Avenir, l’Avenir,impasse impassedes desSouhaits, Souhaits,rue rueVide-Gousset, Vide-Gousset,passage passage Vérité, Vérité, rue rue du du Pôle-Nord, Pôle-Nord, rue rue Pirouette, Pirouette, passage passage d’Enfer, d’Enfer, rue rue du du PasPasde-la-Mule, passage du Désir, rue Gît-le-Cœur et tant d’autres, dont de-la-Mule, passage du Désir, rue Gît-le-Cœur et tant d’autres, dontles les origines originesse sesont sontassoupies assoupiessous souslelebruit bruitdu duquotidien. quotidien. ÀÀ côté côté du du Paris Paris des des grands grands monuments, monuments, avenues avenues ou ou palais, palais, ilil faut faut se se souvenir souvenir de de ce ce Paris Paris oublié, oublié, étonnant, étonnant, doucement doucement humoristique humoristique et et poétique, poétique, un un Paris Paris de de tous tous les les jours jours mais mais aussi aussi de de tous tous les les siècles, siècles, où où ilil fait fait bon bon déambuler, déambuler, le le pied pied curieux curieux et et l’esprit l’esprit ouvert, ouvert, àà l’affût l’affût d’une d’une confidence historique que nous fera telle enseigne, attentif à l’anecconfidence historique que nous fera telle enseigne, attentif à l’anecdote doteinsolite insolitenichée nichéedans danstel telautre autrerecoin. recoin. De Deméandre méandreen enescalier, escalier,de devillage villageen enfaubourg, faubourg,on onse selaisse laisseporter porterpar par ces dix-sept flâneries amoureuses et buissonnières. ces dix-sept flâneries amoureuses et buissonnières. Pascal Pascal Ordonneau Ordonneau est est un un enfant enfant de de Paris. Paris. Au Au sortir sortir de de Sciences Sciences Po, Po, après après une une licence licence en en droit droit public public et et un un DES DES de de droit droit privé, privé, ilil fait fait carrière carrière dans dans lele domaine domaine bancaire, bancaire, occupant occupantdes despostes postesde dePDG, PDG,DG, DG,DGA DGAdans dansdes desbanques banques françaises françaises et et étrangères étrangères en en France. France. Banquier Banquier certes, certes, mais mais pas pas seulement seulement:: ««polémiste, polémiste, économiste, économiste, humaniste, humaniste, théothéoriste riste et et volontariste volontariste», », comme comme ilil aime aime àà se se définir définir lui-même, lui-même, ilil décide décide en en 2008 2008 de de se se consacrer consacrer pleinement pleinement àà l’écriture. l’écriture. Depuis, Depuis, ilil aa publié publié une une dizaine dizaine d’ouvrages d’ouvrages (économie, (économie, voyages, voyages, littérature, littérature, essais). essais). Contributeur Contributeur régulier régulier de de pluplusieurs sieurs journaux journaux numériques numériques (Le (Le Figaro, Figaro, les les Échos, Échos, Atlantico), Atlantico), ilil participe participe régurégulièrement lièrement àà des des émissions émissions de de radio radio (RFI, (RFI, Arte, Arte, Sud-Radio) Sud-Radio) et et est est invité invité àà des des conférences conférences et et des des débats. débats. www.pascalordonneau.com. www.pascalordonneau.com.
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Paris méconnu raconté par ses rues P. Ordonneau
Au-delà Au-delà du du Paris Paris connu connu et et célébré célébré dans dans le le monde monde entier, entier, avec avec ses ses icônes icônes de de carte carte postale, postale, la la Tour Tour Eiffel, Eiffel, les les Champs-Élysées, Champs-Élysées, NotreNotreDame, Dame, le le Louvre Louvre ou ou Montmartre, Montmartre, ilil yy aa un un Paris Paris méconnu méconnu et et intime, intime, un un Paris Paris secret secret tout tout habité habité encore encore de de son son riche riche passé, passé, qui qui ne ne se se livre livre pas si facilement, un Paris qu’il faut conquérir en prenant le temps pas si facilement, un Paris qu’il faut conquérir en prenant le temps de des’y s’yperdre. perdre.
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Éditions Favre SA Siège social : 29, rue de Bourg – CH-1002 Lausanne Tél. : (+41) 021 312 17 17 – Fax : (+41) 021 320 50 59 lausanne@editionsfavre.com Bureau de Paris : 7, rue des Canettes – F-75006 Paris www.editionsfavre.com Dépôt légal en Suisse en mai 2018. Tous droits réservés pour tous pays. Sauf autorisation expresse, toute reproduction de ce livre, même partielle, par tous procédés, est interdite. Mise en pages : Dynamic 19 Photo de couverture : rue Crémieux, Paris, © Wikimedia Commons / Mu Images : sauf autres mentions, les photos sont de l’auteur. © Pascal Ordonneau. ISBN : 978-2-8289-1635-0 © 2018, Éditions Favre SA, Lausanne, Suisse. Les Éditions Favre bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2016-2020.
Pascal Ordonneau
Paris méconnu raconté par ses rues 17 promenades pleines d’histoire et de charme
Sommaire
étape 2 La gaîté, la fête, la danse autour du cimetière
Introduction 9 Existe-t-il des Parisiens avec quatre quartiers de parisienneté ?
12
Mode d’emploi de cet ouvrage 15 Premier périple De la cour à la fête étape 1 Les contraires s’attirent
4
19 20
Rue Madame Rue Monsieur Rue Monsieur-le-Prince Rue Mademoiselle Rue Princesse Rue Palatine Rue Dauphine Rue Christine Rue Gît-le-Cœur Rue de l’Hirondelle Rue de Montfaucon
Deuxième périple Guerres et révolutions
Cariatide ou caryatide ? 26 Café « brunchy » bread&roses Luxembourg 27 28 Le Café Fleurus Comment utiliser les vieilles 30 murailles ? Servitude d’alignement et de reculement Restaurant La Bastide d’Opio Le ravage du Palatinat
31 32 33
Les réverbères à Paris
34
Après une bonne soirée au Tabou
34
Gésir 35 Baudelaire : La chevelure (dernière strophe) 36
40
Boulevard du Montparnasse Rue de la Gaîté Impasse de la Gaîté Rue Campagne-Première Rue Huyghens Rue Delambre Square Delambre Rue Victor-Schoelcher Passage d’Enfer 45 La Rotonde Le Restaurant La Coupole 46 La Closerie des Lilas 47 L’octroi 49 52 Restaurant Le Cette
55
Étape 3 De la gaîté à la guerre, il n’y aurait qu’un pas
56
Avenue et place DenfertRochereau Passage d’Enfer Le lion de Belfort et la diplomatie
62
Les barrières de Paris
63
Visiter carrières et catacombes 65
étape 4 D’une butte à l’autre Rue de la Butte-aux-Cailles Rue des Cinq-Diamants Rue de l’Espérance Rue de la Providence Jardin de la Montgolfière Rue du Moulinet Rue du Moulin Quartier de la rue des Peupliers
68
Restaurant Le Temps des Cerises Le premier vol en montgolfière s’achève sur la butte aux Cailles
75
Les biffins à Paris
80
La pierre meulière
84
Troisième périple De l’art et du vin étape 5 De l’Art, s’il vous plaît, et des artistes !
80
87
88
Square Louise-et-Tony Rue des Artistes La villa Seurat Passage Rimbaut Rue Georges-Braque Rue Alphonse-Daudet Rue Paul-Fort Rue du Douanier-Rousseau Passage des Arts 93
Les façades : des constructions très réglementées à Paris
98
Les « prénoms » de rue à Paris
99
Rue des Pirogues-de-Bercy Cour Saint-Émilion Parc de Bercy Rue de l’Ambroisie Rue Paul-Belmondo Passerelle de Bercy Rue de Bercy Gare de Lyon Le Musée des Arts forains Le Train Bleu
étape 7 Passages et viaducs
102
107 116
119 120
Rue et cité des Trois-Bornes Rue des Trois-Couronnes Rue des Trois-Frères Cour des Trois-Frères Impasse des Trois-Visages Rue des Trois-Portes Le viaduc des Arts Restaurant 125 Les Petites Indécises Le dîner des trois empereurs 127 Le Viaduc Café 131 L’Arrosoir 131
étape 8 Regarder les choses de haut
Le réservoir Montsouris
étape 6 Boire un petit coup… est encore doux à Bercy
Quatrième périple Partir vers les hauteurs
132
Parc des Buttes-Chaumont La butte du Chapeau-Rouge Hameau du Danube Rue des Lilas Rue des Pyrénées Rue Levert Rue des Envierges Passage Plantin et villa Faucheur Rue de la Mare Rue des Rigoles Rue des Cascades Rue de la Ferme-de-Savy Passage de Pékin Rue de Pali-Kao
5
Les fabriques en architecture
137
La vigne à Paris Restaurant Musette : le Vieux Belleville Café-restaurant Mon Cœur Belleville
143 145 146
étape 9 Retrouver les grands principes de l’humanité
148
Rue de Mouzaïa Rue de l’Égalité Rue de la Fraternité Rue de la Liberté Rue de la Prévoyance Rue du Progrès Rue de la Solidarité Rue de l’Avenir Passage de la Justice Rue de la Justice Rue du Repos
Cinquième périple Liberté, travail, espoir étape 10 Quand Paris était « industriel »
6
158
160
Rue de la Pierre-Levée Passage de la Fonderie Cour de l’Industrie Cité de l’Industrie Cité industrielle Rue de l’Industrie Rue de l’Essai Passage du Génie Cité de l’Avenir
étape 11 Satan conduit le bal ?
172
Passage Dieu Passage Satan Passage Saint-Pierre et passage Saint-Paul Impasse de la Confiance Impasse des Souhaits Passage de la Providence
étape 12 Bonheur et vertus Cité de l’Avenir Impasse Bon-Secours
184
Cité du Couvent Rue de Charonne Allée du Philosophe Impasse des Trois-Sœurs Place Olympe-de-Gouges Rue de Paradis Rue et Passage du Désir Rue de la Fidélité « Hors les murs » Restaurant Sheger Les passages dans le vieux Paris
188 191
Les immeubles de rapport Restaurant Mamagoto
195 196
Sixième périple De la « zone » aux parcs dorés
203
étape 13 Aux pieds de la « Butte »
193
204
Boulevard Ney Le quartier de la Moskova Rue Championnet Rue Damrémont Rue Ordener Rue du Pôle-Nord Impasse Milord Rue Leibniz Passage Charles-Albert La cité Falaise Rue Angélique-Compoint Impasse du Talus Impasse de la Grosse-Bouteille Rue du Ruisseau Villa des Tulipes ou impasse des Tulipes Rue du Poteau Les apaches de Paris
210
Les squares parisiens
216
Cloué au pilori Restaurant La Jolie Bohème
220 222
étape 14 À la gloire de l’art et des artistes
224
Rue de la Tour-des-Dames Rue Saint-Lazare Rue de La-Rochefoucauld Rue d’Aumale Square d’Orléans Rue Saint-Georges Place Saint-Georges Rue La Bruyère Rue Chaptal Rue Ballu Square Moncey
Quelques hommes et femmes célèbres de la « nouvelle Athènes »
232
Le Musée de la vie romantique
236
240
Place Malesherbes devenue Général-Catroux Villa des Ternes Rue de Prony Rue de Phalsbourg Rue Cernuschi Rue Alphonse-de-Neuville Rue Eugène-Flachat Boulevard Berthier Porte Champerret Rue de Monceau Rue Fortuny Rue Henri-de-Rochefort Rue Rembrandt Rue Margueritte Rue de Chazelles Avenue de Villiers Rue de Tocqueville Maisons de ville et autres hôtels particuliers 247 La statue de la Liberté et la rue de Chazelles
256 258
Septième périple L’or et l’argent
261
étape 16 L’argent, l’or vont bien avec la banque évidemment 262
La dernière grande épidémie à Paris : 228 la peur bleue (ou choléra)
étape 15 Le triomphe de la bourgeoisie
Fratelli : restaurant italien Restaurant Jacques Faussat
252
Rue de la Banque Rue Vide-Gousset Rue et place des Petits-Pères Rue de la Grande-Truanderie Passage de l’Ancre Rue des Vertus Rue du Roi-Doré Rue du Trésor Rue Cloche-Perce Rue du Foin Rue du Pas-de-la-Mule Passage de l’Étoile-d’Or Rue et passage de la Main-d’Or Chou En-lai, le Parisien Restaurant « LE III » Une addition « salée »
272 273 276
Avoir du foin dans les bottes
278
étape 17 Des bons enfants aux mauvais garçons, il n’y a qu’un pas
280
Passage de la Vérité Rue des Bons-Enfants Rue du Pélican Rue de l’Arbre-Sec Rue des Bons-Vivants Place des Lingères Rue de la Lingerie Place des Innocents Rue des Innocents Rue des Lavandières-SainteOpportune Rue Pirouette Biens nationaux ou biens nationalisés
287
7
8
Maison du lac du parc de Bercy (photo Tangopaso, Wikimedia Commons)
Introduction
P
aris est une petite ville. On la traverse d’est en ouest à pied en une matinée et du nord au sud en un après-midi, pas plus. C’est donc la ville du monde où la densité de chefs-d’œuvre de toutes sortes est la plus élevée. En une surface trois fois inférieure à celle de Londres, elle concentre bien plus de monuments et d’histoire. Reconnaissons que Londres n’a pas eu de chance puisqu’un incendie la ravagea intégralement en 1666 ; ne parlons pas de Berlin qui fut détruite pendant les combats de la Seconde Guerre mondiale ; seule Rome peut tenir la comparaison quant à l’incroyable quantité de musées, bâtiments historiques, chefs-d’œuvre de l’architecture et voies magnifiques et impressionnantes.
Petite ville par la superficie, ville considérable par son patrimoine, Paris telle qu’elle est définie administrativement depuis 150 ans, depuis Napoléon III, détient aussi un record inattendu : la capitale française est sixième dans le classement mondial des dix agglomérations les plus densément peuplées, derrière Dacca, Le Caire, Bombay, Manille et Shanghai. Ni Londres, ni Berlin, ni New York ne se trouvent dans le classement ! Dans un des arrondissements de Paris, le 17e, la densité de population est supérieure à celle de Shanghai. Ne parlons pas des visiteurs à Paris : promenez-vous sur les Champs-Élysées, du côté du Trocadéro, sous la tour Eiffel, devant le tombeau de Napoléon, ils sont plus nombreux que les Parisiens. Paris compte les monuments les plus visités du monde. Il n’y a que l’embarras du choix, si ce n’est que même quand il y a tant de choses à visiter et qu’il y a tant de monde pour le faire, les queues ne cessent de s’allonger… Mais pourquoi s’adonner à des visites faciles ?
9
Il est vrai que c’est tentant ! Il est si facile en quelques centaines de mètres de se plonger dans un Paris intense, occupé, riche en patrimoine accumulé sur des siècles. L’Étoile est à une demi-heure de marche du Louvre. Durant cette marche, on suit l’avenue la plus célèbre et la plus fréquentée du monde, les Champs-Élysées, on croise à cent mètres près les Grand et Petit Palais, on traverse un peu plus loin la place de la Concorde, une des plus célèbres places du monde, puis on laisse sur sa gauche le Jeu de Paume, musée emblématique de la photo, et à droite, le musée de l’Orangerie qui contient l’œuvre la plus considérable de l’impressionnisme : les Nymphéas de Claude Monet ; le chemin se continue dans le jardin des Tuileries, dessiné par Le Nôtre ; après avoir passé un des arcs de triomphe les plus charmants, celui du Carrousel, après avoir longé l’aile que Marie de Médicis fit bâtir pour pouvoir se rendre du Palais du Louvre au Palais des Tuileries sans se mêler à la populace, on parvient enfin à la Pyramide du Louvre. Comptez ! 10
Pour vous amuser, faites un trajet nord-sud de même longueur… le résultat sera aussi riche. C’est ainsi qu’on peut s’approprier Paris, en devenir un familier, un habitué sans grands efforts : pas de dizaines de kilomètres à parcourir, pas de gigantesques espaces à franchir, tout est à portée de main et de marche. Malheureusement, cet avantage n’est pas utilisé au mieux par les visiteurs de Paris. Quel est le meilleur moyen de se prétendre fin connaisseur de Paris ? Énoncer quelques banalités sur les Champs-Élysées, « la plus belle avenue du monde », s’enthousiasmer devant l’énorme gâteau à la crème et à l’or fin qu’est le théâtre de l’Opéra ou raconter avec des larmes dans la voix qu’on a dépensé des sommes folles chez les joailliers et les grands couturiers en remontant la rue du Faubourg-Saint-Honoré après avoir fait le tour de la place Vendôme ? Bien sûr que non. C’est à la portée de n’importe quel richissime aventurier de la finance ou d’un quelconque potentat marxiste ou islamiste !
Ne pensez pas que vous améliorerez votre sort en faisant l’intellectuel. Commenter Saint-Germain-des-Prés d’un air épuisé, essayer l’absinthe dans les bistrots préférés de Toulouse-Lautrec, porter une croix pesant une tonne tout au long des venelles et des escaliers qui conduisent à la basilique Montmartre ne feraient pas l’affaire ? Ce serait faire trop tard ce que de nombreux Américains ont essayé de faire plus tôt. Maintenant, c’est fini. Alors que faire ? Comment se démarquer et se poser en admirateur sincère de la plus belle ville du monde ? Il faut et il suffit d’aller se balader là où personne ne va ! Dans les petites rues que personne ne connaît ! Apprendre à se diriger dans des quartiers à l’écart des grandes avenues et à éviter ces voies où se croisent et se recroisent des touristes de toutes les nations de la terre que fuient maintenant les Parisiens ! En d’autres termes, il faut et il suffit d’apprendre à arpenter Paris dans ses recoins et de ne pas craindre d’y rencontrer ses habitants. C’est l’objet de ce livre que de conduire ses lecteurs-marcheurs vers « les Paris » qu’on ne va pas voir, ceux qui sont à l’écart des avenues bling-bling et des places à bijoux. « Les Paris » parce que Paris est multiple. À l’inverse des grandes capitales du monde, les Londres, les New York, les Berlin, mais à l’instar de Rome, Paris plonge ses racines dans plus de deux millénaires. Un cinéaste célèbre déclara un jour que Paris était un endroit rêvé pour tourner un film d’histoire en décor naturel : on peut commencer à l’époque romaine et remonter dans le temps jusqu’à nous ! Les Paris, parce qu’à côté des quartiers du centre qui sont marqués par les constructions anciennes depuis que Paris est capitale du royaume de France, il faut penser aux quartiers de la périphérie qui ont peu ou prou gardé les traces des anciens villages, des plaines, des vergers et des vignobles des temps anciens. Ces Paris-là, même les Parisiens de souche ancienne ne les connaissent pas bien, quand ils n’ont pas de préventions,voire d’hostilité, à leur égard.
11
Existe-t-il
des
Parisiens
av e c q u at r e
q u a r t i e r s d e pa r i s i e n n e t é ?
Comment définir un Parisien de vieille souche ? Si on appliquait au « Parisien » les règles que l’Ancien Régime imposait pour qu’on puisse postuler au grade d’officier dans l’armée royale, soit les fameux « quatre quartiers » de noblesse, il faudrait que notre « Parisien » puisse remonter dans son arbre généalogique sur trois générations… Il faudrait avoir été Parisien depuis ses arrière-grands-parents, sans mélange avec des étrangers ou pire des provinciaux ? Je me demande même si cela existe !
12
L’auteur, Parisien de naissance et qui, de toute son existence malgré cinq déménagements, n’a jamais quitté l’arrondissement où il est né, se souvient de la piètre opinion dans laquelle on tenait le 9e arrondissement dont l’habitat était vieux et dépassé. Mais aussi, le 17e arrondissement était l’objet de risées avec ses immeubles prétentieux et surchargés. Évidemment, rien à voir avec les modernismes des Le Corbusier et Freycinet et autres architectes d’avant-garde. Il se souvient qu’en 1960, on ne jurait que par des immeubles sans fioritures et des appartements bas de plafond. Il ne fallait pas se déplacer vers certains extrêmes : ils n’étaient pas sûrs. Certains quartiers étaient envahis de commerçants quand ça n’était pas des artisans bruyants et malodorants. En 1960, le Paris moderne n’avait pas cent ans. Le Paris du futur se cherchait encore. On en avait simplement assez des constructions à l’allure trop habituelle. Peut-être les Parisiens se lassentils facilement ? Aujourd’hui, ces quartiers qu’on regardait avec commisération sont redécouverts. Les Parisiens découvrent aussi qu’on peut visiter Paris. Que certains immeubles pompeux et pompiers méritent d’être regardés comme on admire les gratteciels de New York ou de Chicago pourtant moins anciens. Que certains quartiers ont su mettre en valeur des atouts qu’on avait oubliés ou négligés.
Et progressivement, c’est une fantastique ressource en artisanat d’art qu’on redécouvre : la quantité de sculptures, de caryatides, de têtes de titans, de silènes ou d’anges n’a d’égale que la richesse des thèmes décoratifs sculptés dans la fameuse pierre de Paris. Il faut penser à ce nombre incroyable de tailleurs de pierre et de sculpteurs décoratifs. Il faut penser aux plâtriers et aux poseurs de stuc qui enchantaient appartements et escaliers. Il faut enfin regarder les balcons et leurs ferronneries d’art dont les motifs ont varié dans le temps : après tout, les modes féminine et masculine évoluaient elles aussi ! Pour retrouver Paris et apprendre à mieux la connaître, on va suivre des nouveaux thèmes de visites parisiennes. Souvent, cela consistera à se promener le nez en l’air et à regarder les gens, les façades et aussi quelques monuments. Ah oui ! Les monuments ! C’est important les monuments ? Les musées aussi ? Justement, ces périples ne seront pas des moments d’enfermement avec audiophones dans les oreilles et des visiteurs par centaines qui empêchent de voir toutes les Mona-Lisa qui traînent dans les musées parisiens. Ce seront des moments de liberté d’aller et de venir, de penser et de rêver, de rire et d’apprendre. On ne sera donc pas surpris de découvrir que ne soient pas inclus dans ce tour de Paris les quartiers où on trouve ce qu’il « faut voir » pour une visite de Paris en trois jours. Pas de 6e arrondissement et ses magnifiques hôtels particuliers du faubourg Saint-Germain, ni 7e et son église Saint-Louis-des Invalides. Pas de 16e arrondissement, son Trocadéro et sa maison de Balzac. Pas d’île de la Cité, pas de Musée du Louvre ou de Notre-Dame. On ira à Paris « ailleurs » et à prendre dans n’importe quel sens. On a regroupé les visites de ces Paris en sept périples ; s’agissait-il inconsciemment de se caler sur une période d’une semaine ? Peu importe, la division est là et à l’intérieur de chaque périple on a ménagé des étapes. Esprit es-tu là ? On a cherché pour chaque étape, pour chaque périple le sous-jacent du quartier concerné, on a cherché l’unité spirituelle ou l’identité historique. Ce que vous lirez porte sur cet esprit-là et des commentaires, bien sûr, sur les rues, les places, les impasses, les voies et les villas. Quand les mots pour le dire
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seront insuffisants, on disposera de photos et quand il faudra être didactique on n’hésitera pas à disposer des encarts. Certains ne seront pas trop sérieux. Une dernière remarque : vous ne trouverez que fort peu de références du type « au numéro 23 de la rue, Machin a vécu deux ans, entre 1735 et 1737 », pas davantage n’aurez-vous droit à « au numéro 4, se trouvait l’emplacement de l’Hôtel particulier du Duc truc, qui le fit bâtir, par l’architecte XXX, en 1680, en lieu et place d’une maison, elle-même propriété du grand veneur qui l’avait érigée peu après la Saint-Barthélemy ».
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Si des indications précises sont apportées c’est que, exceptionnellement, dans une rue riche en sujets d’étonnement ou d’admiration, un élément tranche encore davantage sur l’ensemble qu’il ne faudrait pas laisser de côté. En général, vous serez invité à faire vos découvertes par vous-mêmes et à choisir dans un ensemble tel ou tel détail qui vous parle et vous émeut. Un exemple : la rue Margueritte présentée dans l’étape 15 : cette rue est tout simplement magnifique de bout en bout (heureusement, elle n’est pas trop longue). Les immeubles qui s’y succèdent sont des merveilles de l’art architectural de la fin du XIXe siècle. Évidemment, impossible de dire : au numéro x, on voit ceci… car, le numéro d’après est encore plus beau, quant à l’immeuble d’en face, il est sublime… Ce petit livre n’a pas pour objectif de recenser les divas puis de vous recommander de les encenser. Il vise à une plus grande simplicité : aller à la rencontre de surprises, d’ambiances et d’allures, à la rencontre de quartiers entiers, qu’on présentera parfois comme des personnes, en chair et en os !!! La place Denfert-Rochereau est un monument, le Viaduc des Arts et Bercy aussi ! Pour finir, ne pas oublier que « Paris, c’est une fête » et que « Reine du monde, Paris est aussi une ronde ».
Premier périple De la cour à la fête
Paris, la bourgeoise, la prolétaire ou l’aristocratique. On a choisi de commencer par le télescopage entre le vieux centre de Paris tout empli du souvenir des princes et des princesses et les fameux lieux de plaisir de la rive gauche. Les contrastes sont nombreux et même à l’intérieur des étapes on sera étonné de relever que les contraires sont multiples. XVIIIe
XVIIe
IXe
VIIIe
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XVIe
VIIe
VIe XVe XIVe
XIXe Xe
IIe
IIIe IVe Ve
XIe
XXe
XIIe XIIIe
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étape 1 Les contraires s’attirent
A
llons nous jeter dans le labyrinthe des passions et des rivalités mortifères ! Sous des dénominations aussi peu marquantes que Madame, Monsieur, Mademoiselle… certaines rues de Paris livrent des histoires troubles et louches, des douleurs insondables aussi. Décidément, Dante a dû passer ici quelque temps et s’inspirer de Paris pour écrire son enfer.
Rue Madame Rue Monsieur Rue Monsieur-le-Prince Rue Mademoiselle Rue Princesse Rue Palatine Rue Dauphine Rue Christine Rue Gît-le-Cœur Rue de l’Hirondelle Rue de Montfaucon
Les débordements de la Commune de Paris, dernières manifestations de la violence révolutionnaire, n’avaient-ils pas eu pour conséquence la destruction de quelques symboles insupportables aux yeux des ennemis de tous les « Anciens Régimes » qu’ils soient royaux ou impériaux. Après la Bastille et quelques églises vandalisées ou détruites, ce fut le tour de quelques autres bâtiments :
23
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Porche rue Madame
le château des Tuileries ? Brûlé. L’Hôtel de ville de Paris ? Brûlé. La colonne Vendôme, effondrée et la statue du grand empereur mutilée. Et pourtant, ce Paris, violent, révolutionnaire, insurgé, carmagnolesque, le voilà qui consacre des rues où voisinent d’anciens aristocrates, des princes et des reines. En l’espace de moins d’un kilomètre carré, ils sont revenus et sont bien installés. On ne se risquera pas, de nos jours, à les expulser, à les condamner à l’exil et encore moins à les transporter place de la Concorde pour y perdre la tête. Ils se sont installés dans des rues qu’ils honorent de leurs noms. Celui qui voudrait les affubler de noms incongrus dans le genre JFK ou Nelson Mandela ou encore Jacques Chirac serait regardé avec un air étrange. Ces rues, ces passages ont leurs noms et c’est pour l’éternité, tant il est vrai que Paris, tout autant que Rome, est une ville éternelle ! Sont-elles grandes et belles ces rues ? Font-elles honneur à leurs noms ?
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Le boucher est devenu libraire !
La rue Madame a beaucoup de mérite. Elle va tout droit tout du long du jardin du Luxembourg et si la spéculation immobilière n’avait pas mordu sur celui-ci, inventant de toutes pièces une rue Guynemer, la rue Madame serait encore une allée du jardin. Cette rue est une curiosité en termes de voirie parisienne. Les vieilles rues de Paris ont en général subi les assauts du Préfet Haussmann et de ses successeurs. On verra comment le passage de la Fidélité a été coupé en deux et a failli disparaître, écrasé par les boulevards de Sébastopol et de Strasbourg. La rue Madame, c’est exactement l’inverse, n’aura de cesse de croître,
elle se verra rajouter un bout de rue ici, un autre là, et à la fin, cela fera une assez grande rue.
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Pourquoi « Madame » ? Vous demanderez-vous. La réponse est simple comme la rosée du matin : parce que « Monsieur » ! La réponse vous paraît un peu courte. Pourtant c’est la vérité ! Marie-Joséphine de Savoie, princesse de Sardaigne, était appelée « Madame » parce qu’elle était l’épouse de « Monsieur, frère du Roi ». En la circonstance, « Monsieur » était le comte de Provence, frère de Louis XVI et futur Louis XVIII. Avec pareille ascendance, on aurait pu penser qu’à la première occasion révolutionnaire, Madame aurait dû être délogée de sa rue ! Le côté amusant de cette affaire est que la rue prit son nom de « Madame » en 1790, en plein milieu de la tourmente révolutionnaire. Puis, en 1793, sous la Terreur, à défaut de couper la tête de Madame qui avait judicieusement choisi l’exil, les « patriotes » tentèrent de lui arracher sa rue en la confiant aux « Citoyennes ». Cela dura jusqu’en 1806 : la Révolution ayant vu son sort réglé par l’Empire, la rue reprit ses habitudes et son nom et elle continua à s’allonger jusqu’à la fin du XIXe siècle. Partant de la rue Notre-Dame des Champs, la rue Madame offre une série de façades élégantes, joliment agrémentées de sculptures, de cariatides, de têtes de faunes et de bustes de Cérès. Puis, en descendant vers la rue de Fleurus, des façades néoclassiques. Vous vous êtes levé un peu tard ou une envie de brunch vous a saisi : un charmant endroit vous tend les bras : Bread and Roses. Il n’est pas mal noté ici et là. Ambiance charmante et pleine de roses.
C a r i at i d e
o u c a r ya t i d e
(les
deux
orthographes sont possibles)
Les cariatides sont des sculptures et des thèmes très fréquents dans l’architecture de la Grèce antique. Le sujet en est une femme, vêtue de la tunique grecque longue et drapée, qui porte sur sa tête un entablement. On les qualifie parfois de statues colonnes car leur rôle est identique à celui d’une colonne dans un monument. Lorsque le sujet est un homme, la statue colonne est nommée « Atlante ».
Ce thème architectural a traversé les siècles. Parmi les cariatides les plus célèbres, celles de l’Érechthéion sur l’acropole d’Athènes. Mais on en trouve de magnifiques expressions dans la sculpture de la Renaissance, au Louvre, par exemple et plus tardivement au XIXe siècle. Les cariatides ne seront pas simplement un motif architectural mais aussi un motif décoratif : les célèbres fontaines de Paris, dites « fontaines Wallace » l’ont utilisé. Elles sont ornées de quatre cariatides, toutes différentes les unes des autres, qui représentent la bonté, la simplicité, la charité et la sobriété.
C a f é « b r u n c h y »
bread&roses
Luxembourg
L’autodescription de cette petite chaîne sur son site livre un joli story-telling. Un extrait : « En 2004 naît le premier restaurant bread & roses à Paris. Son créateur, Philippe Tailleur, était déjà un amoureux du produit, un passionné de la qualité. Et depuis le début, il est le premier client de la maison bread&roses ! » 62, rue Madame – 75006 Paris Tél. : 01 42 22 06 06 – http://www.breadandroses.fr/
Atlante
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Sixième périple De la « zone » aux parcs dorés
En l’espace de moins d’un kilomètre, les étapes vont se succéder et nous faire « descendre » depuis les limites nord de Paris jusqu’à la plaine de Monceau. On va passer de la « zone » à l’univers des grilles d’or, du monde des fortifs et des habitations modestes à celui des hôtels particuliers et des immeubles de la bourgeoisie fortunée. XVIIIe
XVIIe
IXe
VIIIe XVIe
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VII
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VIe XVe XIVe
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XIIe XIIIe
étape 13 18e arrondissement
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Boulevard Ney
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étape 13 Aux pieds de la « Butte »
L
e quartier que nous allons visiter est à deux pas du Boulevard Ney. Une des dénominations des boulevards des Maréchaux qui font le tour de Paris. Commençons donc par nous interroger sur une expression très parisienne : les « boulevards des Maréchaux ». Cette expression tend à être remplacée par celle de « boulevards extérieurs » et, comme les Parisiens ont un goût prononcé pour les complications, les nomenclatures déraisonnables, les doublons et les triplets, ces boulevards extérieurs sont de plus en plus fréquemment nommés « périphérique intérieur » par opposition bien entendu au « périphérique extérieur ». Il faut donc faire ici une pause et régler nos comptes avec cette surabondance de terminologie.
Boulevard Ney Le quartier de la Moskova Rue Championnet Rue Damrémont Rue Ordener Rue du Pôle-Nord Impasse Milord Rue Leibniz Passage Charles-Albert La cité Falaise Rue Angélique-Compoint
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Impasse du Talus Impasse de la Grosse-Bouteille Rue du Ruisseau Villa des Tulipes ou impasse des Tulipes Rue du Poteau
Avant le temps des autoroutes, la muraille de Thiers qui défendait Paris sur toute sa périphérie et qu’on surnommait à la parisienne « Les fortifs » avait été déclassée et remplacée par un boulevard qui ceinturait Paris, dénommé « extérieur ». Puis vint le « périphérique extérieur », rocade autoroutière qui entoure Paris, comme autrefois les murs d’enceinte !!! Le « boulevard extérieur » ayant été doublonné par le « périphérique », la tendance moderne est d’oublier son nom et de le qualifier de « périphérique intérieur ». Le tout est de ne pas se tromper ! 208
Donc : boulevards extérieurs, périphérique intérieur et boulevards des Maréchaux… sont une même et seule voie qui fait le tour de Paris. On en arrive à une dernière question : pourquoi « des Maréchaux » ? Il faut alors revenir à : la muraille de Thiers derrière cette muraille, pour faciliter les mouvements des troupes de défense de la capitale, à l’intérieur, un circuit de routes avait été dessiné, doublé plus tard d’un circuit de chemin de fer. Paris moderne
Comme tout ceci était très militaire, le boulevard des Maréchaux avait été divisé en plusieurs sections portant chacune le nom d’un des héros de l’épopée napoléonienne. Le Maréchal Ney était un de ces héros. On donna son nom à l’une des sections. Bien que les murailles fussent depuis longtemps déclassées et détruites, des contraintes militaires existaient encore qui se traduisaient par des « servitudes non aedificandi » : il était interdit de construire en dur sur la « zone des fortifs » (raccourci en « zone ») une bande de terrain allant jusqu’à 300 m de largeur. Sur ces terrains, non viabilisés, traversés par des chemins non dénommés, étaient installés ceux qu’on nommait les « zonards », tout un peuple de biffins, fripiers, chiffonniers, rétameurs, rémouleurs, installés là pour entasser ce qu’ils ramassaient dans un Paris qui n’était pas encore très équipé en ramassage d’ordures et de débris en tous genres et qu’ils revendaient dans les marchés « aux puces » pour quelques sous. Certains de ces résidents constituaient l’armée des petits métiers qui très tôt le matin allait déambuler dans les quartiers de Paris, poussant des carrioles où étaient installés leurs instruments de
Rue Leibniz
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travail, appelant le chaland pour étamer les casseroles, réparer les vitres cassées, vider les combles des maisons ou les caves, de frusques, hardes diverses et de meubles cassés. Jusqu’à la fin des années 1950, on entendait encore les appels de ces soutiers de la grande ville. « Vitriers !!! », « chiffonniers !!! », « rémouleurs !!! » agrémentés des talents divers qu’ils voulaient mettre en valeur. Ils se succédaient dans la matinée ou bien avaient leurs « jours ». Dans la zone, il y avait des ferrailleurs, des charbonniers, toute une série de petits métiers, mais aussi, toute une série de spécialistes du cambriolage, du vol à la tire et de la bagarre. Il y avait des bistroquets… Il y avait de tout pour un petit peuple misérable. Progressivement, la « zone » s’est civilisée : avant que le boulevard périphérique ne fût construit, elle fut l’objet d’opérations d’urbanisme qui pendant l’entre-deux-guerres ont donné des constructions modernes, destinées à loger les plus démunis, des écoles aussi, des églises, des hôpitaux et des résidences pour étudiants, comme la fameuse « Cité universitaire ». 210
La zone, sans disparaître, et sans que ses zonards ou ses « apaches » (voir l’encart) l’aient quittée, a donc évolué pour accueillir une population ouvrière qui travaillait dans un Paris encore industriel.
Les
a pa c h e s d e
Paris
Il faut se reporter sur un article de très grande qualité mis en ligne selon ce lien, dont on reprend ci-dessous le début : « Ce sont des garnements qui, bien souvent, ont échappé à l’école et qui vivotent en traînant leurs savates sur les pavés de Paris. Pour survivre à la misère et pour s’assurer un semblant de sécurité, ils vivent en bande, vagabondent, commettent des larcins et autres vols à l’étalage, et crient leur colère et leur soif de liberté en couvrant les murs avec des « Mort aux vaches. À bas les flics ». Avant même la vingtaine d’années, ces jeunes impénitents refusant d’aller à l’usine et troublant l’ordre public deviennent le fléau des bourgeois et de la renifle [la police]. Considérés comme des sauvages, on a tôt fait de qualifier ces bandes violentes d’« apaches ». Ce terme, qui apparaît au début du XXe siècle pour désigner les jeunes Parisiens marginaux, fait
référence — vous l’aurez compris — aux Indiens d’Amérique du Nord, la terreur des pionniers blancs de la conquête de l’Ouest. » https://savoirsdhistoire.wordpress.com/2016/01/17/quand-lesapaches-faisaient-trembler-le-paris-de-la-belle-epoque/
Notre promenade nous mènera donc au nord-ouest de Paris à deux pas du fameux boulevard extérieur dans la partie attribuée au maréchal Ney, prince de la Moskova. Le quartier qu’on découvrira porte ce nom russe. C’est une des dernières grandes batailles victorieuses de Napoléon, les Russes la nomment Bataille de Borodino. Leur défaite ouvrit la voie à la prise de Moscou. Durant cette bataille, Ney, un des grands capitaines de Napoléon, s’illustra et fut fait prince de la Moskova par l’empereur. Le quartier de la Moskova devrait résonner de ces prodigieux faits d’armes… de fait, pour des raisons dans lesquelles il est difficile d’entrer, est-ce la présence du boulevard des Maréchaux ou une tradition locale, de nombreuses rues de ce quartier à l’écart de l’histoire de France, portent des noms de militaires ! Ainsi en est-il de la rue Championnet qui illustre un des grands généraux de la Révolution française, ou la rue Damrémont qui porte le nom d’un des généraux de la conquête de l’Algérie. Ajoutons à ce florilège la rue Ordener qui porte le nom d’un général d’Empire… La rue Belliard porte le nom du comte Augustin Daniel Belliard, général de cavalerie, défenseur du quartier en 1814. Les quelques noms rassemblés plus haut pourraient donner le sentiment que ce quartier comme celui qui le jouxte, celui des Grandes Carrières, étaient en compétition directe avec le quartier de l’Étoile où les noms des grands hommes de la geste napoléonienne et de ses batailles ont été attribués en nombre à des rues et des avenues. Ce serait aller un peu trop vite en besogne. C’était un quartier ouvrier. Il l’est demeuré, quoique, comme dans de nombreux quartiers « ouvriers » de Paris, la « gentrification » contribue à en changer l’esprit. Les noms de rues n’ont que des rapports très lointains avec l’histoire de France, avec ses grands hommes, l’art ou la littérature ; ils ont été le plus souvent attribués par les propriétaires des terrains sur lesquels furent créés des lotissements ou par les habi-
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tants eux-mêmes qui préférèrent changer les noms de leurs rues ou passages pour d’autres dénominations plus jolies ou élégantes. Au risque du rigolo ou du ridicule. C’est ainsi que cette étape commencera par l’impasse Milord. Cette voie n’est pas très ancienne, elle date de 1885. Elle est courte et bordée de petites maisons qui ont été joliment retapées. Qui
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Architecture en brique des « Maréchaux »
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EXTRAIT d'un livre paru aux Éditions Favre.
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Hors Hors des des sentiers sentiers battus, battus, ilil est est des des lieux, lieux, des des places places et et des des rues rues disdiscrètes, crètes,des dessites sitesaux auxnoms nomsromanesques, romanesques,cocasses, cocasses,évocateurs évocateursou oumystémystérieux rieux::rue ruede del’Avenir, l’Avenir,impasse impassedes desSouhaits, Souhaits,rue rueVide-Gousset, Vide-Gousset,passage passage Vérité, Vérité, rue rue du du Pôle-Nord, Pôle-Nord, rue rue Pirouette, Pirouette, passage passage d’Enfer, d’Enfer, rue rue du du PasPasde-la-Mule, passage du Désir, rue Gît-le-Cœur et tant d’autres, dont de-la-Mule, passage du Désir, rue Gît-le-Cœur et tant d’autres, dontles les origines originesse sesont sontassoupies assoupiessous souslelebruit bruitdu duquotidien. quotidien. ÀÀ côté côté du du Paris Paris des des grands grands monuments, monuments, avenues avenues ou ou palais, palais, ilil faut faut se se souvenir souvenir de de ce ce Paris Paris oublié, oublié, étonnant, étonnant, doucement doucement humoristique humoristique et et poétique, poétique, un un Paris Paris de de tous tous les les jours jours mais mais aussi aussi de de tous tous les les siècles, siècles, où où ilil fait fait bon bon déambuler, déambuler, le le pied pied curieux curieux et et l’esprit l’esprit ouvert, ouvert, àà l’affût l’affût d’une d’une confidence historique que nous fera telle enseigne, attentif à l’anecconfidence historique que nous fera telle enseigne, attentif à l’anecdote doteinsolite insolitenichée nichéedans danstel telautre autrerecoin. recoin. De Deméandre méandreen enescalier, escalier,de devillage villageen enfaubourg, faubourg,on onse selaisse laisseporter porterpar par ces dix-sept flâneries amoureuses et buissonnières. ces dix-sept flâneries amoureuses et buissonnières. Pascal Pascal Ordonneau Ordonneau est est un un enfant enfant de de Paris. Paris. Au Au sortir sortir de de Sciences Sciences Po, Po, après après une une licence licence en en droit droit public public et et un un DES DES de de droit droit privé, privé, ilil fait fait carrière carrière dans dans lele domaine domaine bancaire, bancaire, occupant occupantdes despostes postesde dePDG, PDG,DG, DG,DGA DGAdans dansdes desbanques banques françaises françaises et et étrangères étrangères en en France. France. Banquier Banquier certes, certes, mais mais pas pas seulement seulement:: ««polémiste, polémiste, économiste, économiste, humaniste, humaniste, théothéoriste riste et et volontariste volontariste», », comme comme ilil aime aime àà se se définir définir lui-même, lui-même, ilil décide décide en en 2008 2008 de de se se consacrer consacrer pleinement pleinement àà l’écriture. l’écriture. Depuis, Depuis, ilil aa publié publié une une dizaine dizaine d’ouvrages d’ouvrages (économie, (économie, voyages, voyages, littérature, littérature, essais). essais). Contributeur Contributeur régulier régulier de de pluplusieurs sieurs journaux journaux numériques numériques (Le (Le Figaro, Figaro, les les Échos, Échos, Atlantico), Atlantico), ilil participe participe régurégulièrement lièrement àà des des émissions émissions de de radio radio (RFI, (RFI, Arte, Arte, Sud-Radio) Sud-Radio) et et est est invité invité àà des des conférences conférences et et des des débats. débats. www.pascalordonneau.com. www.pascalordonneau.com.
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Paris méconnu raconté par ses rues P. Ordonneau
Au-delà Au-delà du du Paris Paris connu connu et et célébré célébré dans dans le le monde monde entier, entier, avec avec ses ses icônes icônes de de carte carte postale, postale, la la Tour Tour Eiffel, Eiffel, les les Champs-Élysées, Champs-Élysées, NotreNotreDame, Dame, le le Louvre Louvre ou ou Montmartre, Montmartre, ilil yy aa un un Paris Paris méconnu méconnu et et intime, intime, un un Paris Paris secret secret tout tout habité habité encore encore de de son son riche riche passé, passé, qui qui ne ne se se livre livre pas si facilement, un Paris qu’il faut conquérir en prenant le temps pas si facilement, un Paris qu’il faut conquérir en prenant le temps de des’y s’yperdre. perdre.
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