2
Éditions Favre SA 29, rue de Bourg CH – 1002 Lausanne Tél. : +41 21 312 17 17 Fax : +41 21 320 50 59 lausanne@editionsfavre.com Adresse à Paris 7, rue des Canettes F – 75006 Paris Dépôt légal en Suisse en septembre 2019. Tous droits réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, par tous procédés, y compris la photocopie, est interdite. Montage et cartes : Jean-Daniel Pellet ISBN : 978-2-8289-1798-2 © 2019, Éditions Favre SA, Lausanne Les Éditions Favre bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2016-2020.
2
3
Jean-Édouard Buchter
Reverdir le Sahara
3
4
Remerciements Nous tenons à remercier toutes les les personnes qui nous ont soutenus dans cette entreprise, notamment : Lindo Grandi, pour l’aimable mise à disposition de son film Deserto Verde Burkinabè.
4
4
5
Le constat Entre dix mille et cinq mille ans avant nous, le Sahara était couvert de végétation. Une faune abondante y vivait. Une société humaine très développée pour l’époque l’habitait, dont témoignent des peintures rupestres étonnantes, foisonnantes et réparties sur toute la surface du Sahara. Cette civilisation disparut vers cinq mille ans avant notre ère, dans un basculement climatique qui amena une désertification totale.
5
5
6
Reverdir le Sahara
6
6
7
© iStock – muha04
Le constat
Peintures rupestres du temps où le Sahara était vert. Tassili n’Ajjer, Algérie.
7
8
© iStock – muha04
Reverdir le Sahara
© iStock – heckepics
Peintures et gravures rupestres du temps où le Sahara était vert. Tassili n’Ajjer, Algérie.
8
8
9
© iStock – muha04
© iStock – muha04
Le constat
© iStock – trevkitt
Peintures et gravures rupestres du temps où le Sahara était vert. Tassili n’Ajjer, Algérie.
9
9
10
© iStock – muha04
Reverdir le Sahara
Peinture rupestre du temps où le Sahara était vert. Tassili n’Ajjer, Algérie.
10
10
11
Le constat Travaille pour la vie de ce monde comme si tu devais vivre mille ans, et pour la vie future comme si tu devais mourir demain.1 Tierno Bokar
Préambule Le concept de refertiliser massivement le Sahara n’est apparu nulle part au grand jour comme planche de salut pour les problèmes lancinants de l’Eurafrique et du monde. Il est de plus en plus évident que les tergiversations démocratiques et les aveuglements dictatoriaux nous font prendre un retard irrémédiable par rapport aux évolutions en cours. Il est aussi clair que la Terre ne sera plus la même dans un siècle, ce qui suppose que certaines opérations radicales sont justifiables. Espérer conserver entièrement tel quel notre milieu n’est pas tenable, même si c’est en général très souhaitable. Les problèmes de climat, de migrations, de consommation, de concentration urbaine, de guerres et de terrorisme n’ont fait qu’augmenter, sans que des solutions fondamentales soient entrevues. La fuite dans la concentration urbaine se poursuit à un rythme exponentiel, sans que des réponses soient proposées aux jeunes quant à une vie en symbiose avec la réalité de la nature, de l’homme et du monde. Les questions climatiques seront de plus en plus les catalyseurs des conflits. Cette évidence est développée par Harald Welzer dans son ouvrage Les Guerres du climat 2. Si cette 1
Amadou Hampaté Bâ, Tierno Bokar, le sage de Bandiagara, Seuil 1980, p. 254.
2
Harald Welzer, Les Guerres du climat, Paris, Gallimard 2009.
11
11
12
Reverdir le Sahara
corrélation est déjà patente pour les guerres du MoyenOrient, elle est sombre prédictrice pour notre avenir. Ces dernières années cependant, une prise de conscience considérable s’est produite à propos du climat, des déplacements de population, du vide spirituel, du recul de la citoyenneté. Nul ne sait vers quels océans nous mènent ces galères, mais, quelle que soit la météo qui nous y attend, l’essentiel est que l’équipage fasse l’effort maximum pour l’affronter le plus tôt possible. Mais des progrès ont eu lieu : l’agroécologie est de plus en plus considérée comme la solution d’avenir dans l’alimentation. Une tendance au biologique et à la culture potagère se dessine clairement. Dans cet ouvrage, le poids est mis sur l’agriculture familiale et le génie propre de chaque population. L’adduction d’eau n’est pas le principal élément de la reconquête fertile. Et ce volet agricole est particulièrement développé par les Sahéliens. Ceux-ci sont en train de résoudre les problèmes sociétaux de base dans des projets qui atteignent déjà une grande extension. L’inversion de l’exode rural au moyen d’une refertilisation, la reconstitution d’une société vivant sur sa terre, la synergie entre bergers et agriculteurs, tout cela se met à fonctionner. Or c’est la base sociale de la refertilisation. Elle est incontournable et plus délicate que la technique hydraulique. La faillite de démarches technocratiques dans des chantiers récents a causé leur échec presque total. La réussite globale de certains projets grâce au génie local des Sahéliens est donc la bonne nouvelle qui nous permet de garder espoir. C’est la principale nouveauté. Il est crucial de diffuser ce message ! 12
12
13
Le constat Inversez la vapeur ! Le commandant du Titanic
L’inversion du technoscientisme Il faut une action qui fédère les credos, qui apporte une immense bouffée d’espoir. Des sentiments forts ont été, dans le passé, les moteurs de puissants mouvements de société, pour le bien ou pour le mal. Ils ont propulsé des nations, voire des civilisations entières. On arrive aujourd’hui à un point où une telle prise de conscience est inéluctable. Elle devra se faire à l’échelle mondiale, avec un sentiment aigu de l’interdépendance globale. Ce travail intérieur et collectif est ce qui manque le plus à l’heure actuelle. L’action physique concrète n’en est ni le début ni le résultat, elle en est l’incarnation, elle en est partie intégrante. Mais parmi les perspectives de fuite qui sont envisagées du côté de la Silicon Valley, il en est une qui trouve une belle médiatisation jusque chez nous : l’émigration vers Mars. On va y consacrer des milliards de dollars ces prochaines années. On atteint là un sommet de la puérilité technoscientiste, le retour de l’euphorie des années cinquante. Aujourd’hui, tous les gens responsables sont inquiets. Mais mon étonnement vient de ce qu’on n’a pas vu qu’une vraie planche de salut se trouve au cœur de l’Ancien Monde, éblouissante telle qu’on peut la voir d’un satellite – voir la photo de la planète à la page 15. Prenons un peu de hauteur à propos de la désertification, dont on verra que, curieusement, c’est actuellement un phénomène général. Dans la tête, par exemple, le tout-numérique 13
13
14
Reverdir le Sahara
induit une désertification qui se manifeste par l’abandon du mode de pensée analogique et globalisant. Dans le monde des sens aussi, la progression des sensations artificielles tue la richesse des odeurs, des saveurs, des touchers, des harmoniques sonores et colorées. D’une façon générale, la relation entre tous les êtres, du plus proche au plus lointain, du plus humble au plus élevé, est réduite à une quantification. On n’en voit plus que le squelette. C’est le désert des sens. Quant à l’aridification du sol, elle dépasse largement celle que l’on constate dans les régions tropicales. Elle n’est pas due qu’au réchauffement climatique. Le drame paysan que l’on connaît chez nous lui est intimement lié. Lorsque je contemple depuis ma fenêtre l’immense beauté des champs de nos collines, je sais que sous cette exubérance existe une désertification latente. Les agroécologues sont unanimes à estimer qu’environ la moitié de la substance vivante du sol a disparu sous l’effet des pesticides et de la mécanisation lourde1. Cette apparente santé de nos champs est entretenue par l’injection constante d’engrais artificiels. Ce soutien, ainsi que celui de la motorisation, disparaîtront au plus tard lorsque les énergies fossiles feront défaut. Pour que la désertification n’apparaisse pas alors dans toute sa gravité, les cultivateurs devront être convertis aux méthodes agrobiologiques. Certains le sont déjà. Ils méritent d’être soutenus massivement et pris en exemple. On ne pourra plus se contenter de laisser cent hectares aux bons soins d’une seule personne, munie d’un arsenal chimique et mécanique. Les milieux patronaux eux-mêmes sont conscients de l’impasse dans laquelle Pascal Boivin, HEPIA Genève, Il manque 70%de matière organique dans nos sols. https://head.hesge.ch/taag/fr/interview/pascal-boivin/#notre-lien-au-sol
1
14
14
15
© Adobe Stock – jeremyculpdesign
Le constat
Le Sahara, planche de salut éblouissante, telle qu’on peut la voir d’un satellite. La majeure partie de cette immense tache jaune-blanc a été verte il y a cinq ou six mille ans…
se trouve le secteur agroalimentaire actuel, broyé entre les exigences des lois du marché, de la digne rétribution et de la santé publique 1. La nouvelle agriculture ne pourra plus être, comme les paysans actuels, ignorée et poussée au désespoir par sa propre société. Celle-ci participera de près à la Jean-Hugues Busslinger, « Politique agricole : entre ouverture et protection », in Patrons, Lausanne, juil.-août 2018. 1
15
15
16
Reverdir le Sahara
préservation et à la culture de son sol, qui demandera plus de soins. L’horreur de se salir les mains et la peur de retourner à la dureté des travaux agricole fera place à un sentiment de respect et de gratitude dans l’action cultivatrice. La mécanisation moderne, utilisée avec mesure, facilitera les choses. Ce retour, que l’on constate déjà, deviendra un phénomène de société. Ce sera à l’évidence un aspect majeur de la vie dans les siècles prochains. Mais revenons à l’aridification des zones tropicales et méditerranéennes. La Convention de l’ONU contre la désertification (CLD) témoigne que la lutte contre la désertification est déjà engagée dans les instances internationales. Cela laisse augurer qu’un jour soit fondée une Convention de l’ONU pour la fertilisation de nouveaux territoires, et non seulement contre la désertification 1. Comme on le verra, le Sahara se prête, plus que tout autre désert, à une telle fertilisation. Dans ce cas, on assisterait même à une re-fertilisation. Certains se sont déjà mis à la tâche. Braquons les projecteurs sur ces pionniers. Ce sont eux, les véritables acteurs lucides de l’avenir planétaire. Faisons connaître leurs chantiers, afin que la nécessité apparaisse de multiplier leur action jusqu’à un effort mondial. « La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CLD, ou CNULCD) est la dernière des trois conventions de Rio à avoir été adoptée. Elle a été adoptée à Paris, deux ans après le Sommet de Rio, le 17 juin 1994. 193 pays font partie de la CLD. Elle traite de la désertification définie comme “la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches par suite de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines” et des moyens de lutte adaptée : “mise en valeur intégrée des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches, en vue d’un développement durable et qui visent à : prévenir et/ou réduire la dégradation des terres, remettre en état les terres partiellement dégradées, et restaurer les terres désertifiées”. » https :// fr.wikipedia.org/wiki/Convention_des_Nations_unies_sur_la_lutte_contre_ la_d %C3 %A9sertification
1
16
16
17
Le constat
Le Sahara est un territoire désert, mais qui peut se transformer en une surface verte, permettant à ses populations actuelles d’y vivre dans de bonnes conditions. Il pourra accueillir les populations déplacées et migrantes. Il sera capable de contribuer à la stabilisation du climat régional et mondial. Contrairement à Mars, le Sahara ne nécessite pas de voyage interplanétaire, il est pourvu d’une atmosphère normale, d’une gravité normale, il est entouré d’eau. Nous allons voir comment l’humidification, la régulation des températures, la végétalisation y sont possibles au prix de grands efforts, mais d’efforts faisables, nécessaires. L’activité qui le portera sera l’agroécologie. Les sciences qui sous-tendront ce projet sont l’agronomie, l’hydraulique, la climatologie, la géologie, la sociologie. Comme l’énonce entre autres Pierre Rabhi, un tel bouleversement serait vain sans un nouveau paradigme humaniste. Répéter la conquête de l’Amérique ne nous avancerait pas. La sortie du modèle intello-matérialiste, paradigme du modernisme est une condition de la réussite. En cela, l’Afrique peut montrer le chemin et construire le modèle du futur. Nous verrons qu’elle a déjà produit les germes de ce renouveau.
Vivre Parquer est devenu une problématique majeure de notre époque. Nombre d’urbanistes, gendarmes et techniciens sont aguerris dans les disciplines qui sous-tendent cette technologie. C’est probablement pour cela que ce concept a pénétré les sphères de la diplomatie européenne. 17
17
18
Reverdir le Sahara
Le 29 juin 2018, les vingt-huit États européens se sont entendus sur le développement de « centres contrôlés » pour réfugiés, situés en dehors du territoire européen. Seuls les réfugiés non économiques seront admis dans ces centres. Les réfugiés économiques sont invités à s’entasser dans les banlieues, comme « normalement ». L’avenir semble se dessiner dans le parcage déjà expérimenté en Turquie et en Libye, le problème étant dès lors de nourrir les personnes, et non de leur donner des conditions pour vivre. De même chez nous, la problématique d’avenir semble être de gérer les pendulaires et l’alimentation des mégapoles. Le problème culturel, lui, est en passe d’être résolu par les jeux vidéo, les polars et les halles de sport. L’Europe sait que ces banlieues sont à terme des bombes à retardement, mais ne veut pas les désactiver et les dissoudre. Pas seulement par paresse, mais par absence de solution. Si l’Europe semble être à bout d’imagination dans ce domaine, il semble que l’Afrique, elle, ait des idées. Nous verrons comment la marche vers la reconquête d’une vie équilibrée entre nature et société s’y développe dans de multiples foyers. Dans un grand développement de ces modèles, la place sera créée pour que des individus très volontaires et honnêtes puissent sortir des banlieues. Une telle vision est évidemment schématique. Nombre d’Européens progressent aussi vers plus de nature ou collaborent à des projets verts. Mais le basculement politique vers une autre vision des problèmes migratoires et environnementaux n’est de loin pas atteint. Peut-être sous peu ? Ne jetons pas systématiquement la pierre à ceux qui constatent que le niveau de saturation est atteint dans 18
18
19
Le constat
nombre de banlieues européennes. La lucidité est préférable à l’angélisme. Mais la recherche de vraies solutions est indispensable, et non les propositions de parcage. Plus grave que tout est la fermeture aux institutions mondiales, seules habilitées à garantir les pactes internationaux qui rendront ces chantiers effectifs. Ces solutions nécessiteront un investissement total, tel l’effort qu’on a fait pour les guerres mondiales. Et cela, les politiques ne pourront le décider que si la base en est convaincue. Il faut que chacun le sache : une planche de salut existe, le Sahara.
Le carbone Le carbone rejeté dans l’atmosphère par la combustion de carburants fossiles, la déforestation et bien d’autres activités contribue à réchauffer l’atmosphère. Ce que l’on sait moins, c’est que l’arrêt de ces activités perturbatrices ne signifiera pas la fin de l’effet de serre. Le carbone atmosphérique excédentaire va continuer à capter les rayons solaires. Il faudra donc le résorber ! Des « solutions » ont été proposées : – Répandre de la poudre de cuivre dans l’atmosphère afin d’atténuer le rayonnement solaire ; – Répandre de la poudre de fer dans les océans afin de fixer le carbone dans des algues ; – Capturer chimiquement le carbone et l’enfouir dans le sol. Sans aller dans le détail de ces processus, chacun peut imaginer à quel point ce sont des idées d’apprentis sorciers ou d’utopistes. 19
19
20
Reverdir le Sahara
Capturer le carbone par le développement des plantes vertes et leur transformation subséquente en humus : voilà une solution majeure. Verdir les océans en développant les algues provoquerait de grands déséquilibres biologiques, en raison de l’impossibilité de maîtriser leur propagation. Verdir et humifier 1 le sol, c’est le seul puits de carbone naturel et localement stabilisé à la taille de la planète. Lutter contre la déforestation, l’appauvrissement des sols et le bétonnage sont d’autres fronts de la même guerre. Les agroécologues estiment que depuis les années cinquante, le sol suisse a perdu la moitié de la substance carbonée de son humus, par l’effet de l’agrochimie lourdement mécanisée. La désertification avance donc à grands pas chez nous, sans que nous le voyions. La progression vers une agriculture biologique est une thérapie non seulement pour les consommateurs, mais aussi pour le sol et le climat. Elle emploiera plus de personnel que l’agrochimie et sera à terme une véritable issue sociétale. Reforester, recarboner les terres agricoles, reverdir les terres du bassin méditerranéen, reverdir les déserts, tous ces combats sont primordiaux. Mais notre propos est de nous concentrer sur l’un d’eux, qui revêt une dimension géopolitique majeure : refertiliser le Sahara.
L’inversion de la désertification Il est des choses qui sont trop grosses pour qu’on les voie. Tel un humain vu par la fourmi : elle ne voit que les brindilles 1
Humifier : rendre le sol vivant, carboné, azoté.
20
20
21
Le constat
qui l’intéressent, mais pas cette montagne qui risque de lui marcher dessus. Regardons une photo satellitaire qui montre la Terre prise à la verticale de l’Afrique du Nord : une immense tache jauneblanc éblouissante, bordée de mers partout, sauf tout au sud, où domine le vert. C’est si gros qu’on ne l’avait pas vu ! Sait-on que, si cette photo avait pu être faite il y a seulement six mille ans, toute cette étendue, grande comme seize fois la France, serait apparue verte ? Y a-t-il quelque chose à en tirer, concernant le climat, les migrations, les choses qu’on pourrait entreprendre pour sortir de notre spirale s uicidaire ? L’assèchement de la zone saharienne a débuté il y a environ dix mille ans, sous l’effet d’un refroidissement climatique bien plus lent que le réchauffement actuel, mais qui, au cours des millénaires, a diminué les vents de la mousson africaine1. Ceux-ci transportaient l’eau évaporée du golfe de Guinée par-dessus les montagnes de la côte sud de l’Afrique occidentale, jusque dans toute l’Afrique du Nord. Simultanément éclosait la civilisation néolithique, avec le développement progressif de l’agriculture et de l’élevage. Des vestiges de cette époque ont été mis au jour dans tout le Sahara, notamment les fameuses peintures rupestres représentant hommes, troupeaux et animaux sauvages2. À la sortie de la dure période du paléolithique où les humains étaient chasseurs-cueilleurs survint une formidable éclosion de la population, qui se mit à l’agriculture et à l’élevage. Celle-ci se mit à systématiquement déforester par le 1
V. fig. p. 30.
2 V. pp. 6 à 10.
21
21
22
Reverdir le Sahara
brûlis et multiplier les troupeaux jusqu’au surpâturage. Il est très probable que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, l’homme ait ainsi contribué massivement à la destruction de son propre milieu vital. Selon des études récentes 1, le basculement vers la désertification fut extrêmement brutal entre cinq et six mille ans avant notre ère. En seulement quelques siècles, le territoire du Sahara s’est complètement asséché. Il s’ensuivit des exodes et des guerres dont on retrouve les vestiges. Le début de la grande civilisation égyptienne est certainement en rapport avec ces phénomènes migratoires. L’homme peut-il s’engager dans l’action inverse ? Le réchauffement climatique ne va-t-il pas peu à peu ramener la mousson africaine ? Il semble en effet qu’une augmentation des pluies et un début de verdissement soient observables dans le Sahel. L’Institut de météorologie Max Planck à Hambourg a modélisé le phénomène climatique saharien et en tire des conclusions qui vont dans le sens d’une augmentation de la couverture végétale pour les prochaines décennies, en soulignant l’influence que peut avoir l’action de l’homme dans ce processus 2. L’homme entreprendra-t-il cette action ?
David K. Wright, “Humans as Agents in the Termination of the African Humid Period”, Frontiers in Earth Sciences, 26 jan 2017.
1
M. Claussen, S. Bathiany, V. Brovkin, T. Kleinen, “Simulated Climate-Vegetation Interaction In Semi-Arid Regions Affected By Plant Diversity,” Nat. Geosci. 6 2013.
2
22
22
23
Le constat
Pourquoi reverdir ? La création de nouvelles surfaces vertes a pour conséquences : – La capture de gaz carbonique atmosphérique, qui diminuera l’effet de serre. Cette opération aura une incidence mondiale ; – La régularisation du climat local qui provoquera une diminution des écarts extrêmes de température ; – La revitalisation des sols, les rendant aptes à l’habitation et à l’autarcie agricole.
Pourquoi le Sahara ? Pourquoi ne pas s’intéresser tout autant au désert d’Australie ou à celui de Mongolie-Intérieure, par exemple ? Le Sahara, de loin le plus grand désert du monde, est bordé de possibilités d’adduction d’eau douce, ce que n’ont pas les autres déserts de la planète. Ce vaste thème sera détaillé plus loin. Sujet brûlant, car il s’agit là de l’or du xxie siècle. Certaines de ces eaux douces, déjà surexploitées, doivent être strictement interdites. Par ailleurs, le Sahara est constitué de plateaux peu élevés, situés à des altitudes de cent à trois cents mètres. Le pompage d’une eau d’irrigation nécessitera donc peu d’énergie. Par-dessus tout, le Sahara est entouré de populations souffrant de plus en plus du manque d’eau. Ce désastre écologique entraîne une détresse, une mortalité, des violences et un exode dont le spectacle quotidien nous plonge dans la stupeur. 23
23
24
Reverdir le Sahara
Enfin, d’immenses territoires sont inhabités et seraient aptes à accueillir des populations déplacées, moyennant des contrats de partenariat entre l’ONU et les pays propriétaires de ces territoires.
Autres déserts La refertilisation des terres de tout le pourtour méditerranéen et celle d’autres terres arides, stérilisées parfois depuis des millénaires, fait partie du même combat. Nous verrons plus loin comment la Chine a entrepris depuis des décennies la stabilisation de l’avance du désert de Gobi, qui arrive à quatre-vingts kilomètres de Pékin et menace la ville par ses tempêtes de sable.
La nouvelle Amérique Beaucoup de déplacés climatiques seront dans la situation des Irlandais du xixe siècle. Partir sera la seule issue, vers une terre nouvelle, un climat totalement différent. Mais ce sera une issue possible au prix d’une adaptation extrême et d’un travail intense. Ce sera l’Amérique sans le génocide des indigènes.
24
24
25
Le constat Ils ont 15, 16 ou 17 ans. Ils rêvent d’un monde où ils seraient en sécurité, où ils pourraient exprimer leur créativité,
explorer leurs rêves personnels et professionnels. Un monde dans lequel ils se sentiraient bien, et dont ils prendraient soin à leur tour. Vous l’êtes encore ou vous l’avez été, ce jeune plein d’énergie et d’envies, prêt à renverser les montagnes… Souad von Allmen
L’inversion des pôles d’attraction Ces réfugiés, ces déplacés, nous les côtoyons déjà tous les jours. Nous assistons à leurs espoirs déçus, à leurs noyades. Nous payons d’autres pays pour les enfermer dans des camps où ils dépérissent. Des terres actuellement désertiques pourraient les accueillir et bénéficier de leur travail. L’exode se ferait alors en sens inverse, du nord vers le sud, avec tous ceux qui voudraient se lancer vers une société agroécologique. Des peuples entiers devront être déplacés. Déjà des archipels de Polynésie sont en voie d’évacuation. Prévoir des terres d’accueil pour le futur est d’une extrême urgence. Les steppes actuelles, terres qui étaient habitables il y a quelques dizaines d’années, contiennent encore de la matière organique. La reconquête de ces sols doit permettre aux populations qui les habitaient de les réintégrer. On assistera alors à l’inversion de l’exode rural. Le pacte entre bergers et agriculteurs sera central dans cette démarche. 25
25
26
Reverdir le Sahara
Les déserts stériles, qui furent verts il y a plus de cinq mille ans et presque totalement inhabités depuis cette époque, pourront accueillir des déplacés, victimes de catastrophes. Ces opérations nécessiteront une très forte aide initiale. Les actuels nomades et commerçants du désert verront leurs conditions de vie s’améliorer peu à peu, leurs points d’eau se régénérer et leurs champs d’activité se revitaliser. Beaucoup de ceux qui entrent dans la révolte, à force de frustration, d’inaction, de désespoir sont ceux-là même qui auraient eu le courage et la volonté des pionniers. L’engagement dans un travail valorisant aurait pu être l’antidote à la rupture et à la fanatisation. Une métamorphose pourrait transformer des terroristes et des casseurs en fertilisateurs du désert.
L’inversion de l’agriculture Il ne s’agit pas de nourrir les humains en les maintenant dans des camps et en leur fournissant des émissions sportives, des jeux vidéo, des polars. Il s’agit de leur donner la possibilité de vivre dignement, dans un milieu sain, avec une activité sociale et culturelle qui nourrisse leurs vies matérielle et intérieure. L’activité agricole artisanale peut être la base matérielle de tout cela. On sait que l’agrochimie lourdement mécanisée n’est pas l’avenir. La perspective qu’un seul conducteur d’engins cultive cent hectares par des engrais et des pesticides chimiques, en écrasant et en appauvrissant le sol, n’est pas envisageable à terme. Au contraire, une agriculture artisanale employant dix personnes à l’hectare permet de faire 26
26
27
Le constat
vivre cinq cents fois plus de personnes sur le terrain. Elle crée de l’humus au lieu de le détruire, ce qui est une des conditions de l’extension de la surface cultivable et de la résorption du carbone. Elle donne des produits biologiques de haute qualité. Elle permet, avec un personnel qualifié, de mettre en pratique des méthodes telles que la culture biologique, la permaculture, la biodynamie, l’agroforesterie qui préservent et génèrent le sol cultivable. Il est donc évident que ces méthodes agroécologiques sont les seules envisageables. Au début du processus de fertilisation, ces agriculteurs seront occupés à créer des rigoles de rétention de l’eau, des plantations d’arbres coupe-vent et captateurs d’azote. Ils maintiendront un paillage sur le sol et planteront la première végétation, génératrice d’humus. Ce travail stabilisateur du climat a un impact sur l’équilibre et la santé du monde entier. Il mérite donc d’être rétribué, comme on paie les paysans de montagne qui protègent le territoire contre les avalanches. À l’heure actuelle, un travail de végétalisation est partiellement rémunéré par la communauté internationale, proportionnellement à la masse de carbone absorbée par les plantes et l’humus. Une riche activité d’artisans, mécaniciens, techniciens agricoles, enseignants professionnels, enseignants généralistes et de toutes les professions utiles gravitera autour de ce noyau agricole. Elle deviendra largement autarcique, mais aussi exportatrice. Les produits biologiques de haute qualité seront avant tout destinés à l’autoconsommation, mais secondairement aussi à l’exportation. On viendra de loin pour se ressourcer, se soigner ou simplement pour assister 27
27
28
Reverdir le Sahara
à cette vie nouvelle en symbiose avec une nature recréée. Une sorte de tourisme vert et thérapeutique pourra se développer, entraînant des échanges humains bénéfiques et un revenu pour les autochtones. Le modèle s’exportera grâce aux contacts ainsi noués.
28
28
29
La reconquête végétale
Le basculement du néolithique Le Sahara fut vert, couvert d’une végétation foisonnante et habité d’une faune exubérante ou abondaient les bovins, les caprins, les cervidés, les éléphants. Les messages que nous ont laissés les humains de l’époque abondent, peints et gravés aux quatre coins du désert actuel (v. pp. 6 à 10). Ils témoignent d’un développement important de l’agriculture et de l’élevage. Un lac grand comme la mer Caspienne s’étendait là où ne subsiste plus que le lac Tchad, en voie de disparition. La mousson africaine entretenait l’humidification de cet immense biotope. Ce phénomène consistait en un régime de vents qui, venant de l’Atlantique, passait en été les montagnes du golfe de Guinée pour porter son humidité jusqu’au cœur du Sahara actuel. Maintenant ces vents déversent leur eau sur cette chaîne bordant l’océan et guère plus loin, ce qui donne naissance aux fleuves que sont le Sénégal et le Niger. La cause exacte de l’arrêt de la mousson africaine est encore peu claire. Elle a probablement été liée à une faible variation dans l’orbite terrestre engendrant un refroidissement climatique léger et persistant. Il est cependant très probable que l’activité humaine en a été le catalyseur. En effet, les débuts de l’agriculture et de l’élevage coïncident avec le 29
29
30
Reverdir le Sahara
Tombouctou
• St-Louis
• Dakar
se et s ud ha c zés Ali
cs
! ! ! Orage Vents à 3-12 km Bamako !Orage ! ! ! d’altitude ! ! Orage ! Orage ! ! ! Conakry ! !
•
•
•
Abidjan
Océan Atlantique
• •
Accra
Cotonou
Port Harcourt
•
Golfe d e Guiné
Air frais et humide
e
• Douala
La mousson africaine
c ommencement de l’assèchement. L’explosion de la population entraînée par le développement de l’agriculture et de l’élevage provoqua ce qui a dû être le premier impact humain sur la biosphère et le climat. La conquête de nouvelles terres cultivables entraîna la destruction de forêts par abattage et par brûlis. Puis les troupeaux de plus en plus nombreux se mirent à piétiner exagérément les terres, diminuant de plus belle la couverture végétale. Le basculement vers la désertification se fit alors de façon abrupte, environ cinq mille ans avant notre époque. Certains scénarios indiquent une période de transition de seulement deux siècles. Il en résulta des migrations et des guerres qui ont laissé des traces que les archéologues sont en train de mettre au jour. La naissance de l’antique civilisation égyptienne est probablement étroitement liée à ces événements. Le rayonnement solaire extrême, l’aridité et les vents ont alors 30
30
31
© iStock – Adrian Wojcik
La reconquête végétale
Désert blanc, Égypte.
dépossédé le sol de tout élément vivant, le poussant vers une minéralisation totale.
Désertifications antique et actuelle La désertification du bassin méditerranéen et du Sahel s’est poursuivie au cours des siècles. Elle atteint aujourd’hui un degré particulièrement dramatique au Sahel, du fait de la pression démographique. Elle est latente dans nos pays, entretenue et masquée par les méthodes de l’agriculture intensive.
Opérations en cours De multiples chantiers de reconquête du sol perdu sont en cours. Certains sont judicieux, d’autres discutables, voire 31
31
196
Table des matières Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Le constat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Préambule. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 L’inversion du technoscientisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 Vivre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Le carbone. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 L’inversion de la désertification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Pourquoi reverdir ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Pourquoi le Sahara ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Autres déserts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 La nouvelle Amérique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 L’inversion des pôles d’attraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 L’inversion de l’agriculture. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 La reconquête végétale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Le basculement du néolithique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29 Désertifications antique et actuelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Opérations en cours. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Le basculement inversé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 L’humus, nerf de la guerre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36 Le sol et l’eau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 Adduction d’eau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38 Avance du front d’humus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Développement exponentiel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39 Formation à l’agroécologie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40 Choix des espèces végétales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41 Agropastoralisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42 Agroforesterie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44 Modernisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
196
196
197
Table des matières Pionniers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 Yacouba Sawadogo et le zaï . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47 Lindo Grandi et Deserto Verde Burkinabè. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49 Wangari Maathai et les arbres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58 Pierre Rabhi, reverdir le Sahel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Geoff Lawton, verdir le désert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61 Ibrahim Abouleish et le concept Sekem. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Willy Randin et Nouvelle Planète. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 Mariam Maïga, le pouvoir de la femme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 ALCESDAM, la revitalisation des oasis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66 newTree, la protection des pousses d’arbres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67 Fédération nationale des groupements Naam 6S (Burkina Faso). . . . . 67 Programme Noor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 Projet ACCBAT : l’eau saumâtre pour cultiver des légumes. . . . . . . . . . . 69 Terre Verte et les périmètres bocagers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Chantiers précurseurs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 La Grande muraille verte (GMV). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72 État actuel du chantier de la GMV. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74 Le Barrage vert algérien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 La Grande muraille verte chinoise. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Dirigisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 La barrière Shelterbelt. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 L’eau !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 Faux déserts et vrais déserts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 Adduction initiale de l’eau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Zones territoriales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86 Politique territoriale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Eau d’arrosage et eau potable. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Irrigation et/ou électricité ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88 Quelques données. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89 Collecte et adduction d’eau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 1. Eaux de ruissellement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92 Injection d‘eau dans les nappes souterraines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
197
197
198
Reverdir le Sahara 2. Eaux des fleuves tropicaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98 Le Sénégal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99 Le Niger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102 Le Nil. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 3. Adduction à partir des cours d’eau équatoriaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . 107 Le Chari. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108 4. Eau des embouchures. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110 Premier exemple : le fleuve Gambie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112 Deuxième exemple : le Rhône. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 Troisième et quatrième exemples : l’Amazone et le Nil. . . . . . . . . . . 114 5. Eaux fossiles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 1. Le Continental intercalaire (CI). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 2. Le Complexe Terminal (CT). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 6. Dessalement de l’eau de mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116 7. Remorquage d’icebergs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117 8. Condensation de rosée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118 Inondation par eau salée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118 Les chotts. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119 La mer de Kattara. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120 De l’utopie à la réalité : chantiers et projets actuels. . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 La Nouvelle Vallée d’Égypte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122 Soudan : le canal Jonglei. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130 Canal al Salam. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131 Transfert de l’Oubangui au Chari : Les projets Transaqua. . . . . . . . . . . . 131 Libye : la grande rivière artificielle (GRA). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136 Dynamique de la Grande muraille verte (GMV). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139 Le concept Reverdir le Sahara . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141 Financement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142 Partenariats. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144 Rôle de l’ONU. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144 Rôle du nord de l’Afrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 145 Rôle de l’Europe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 Rôle de la francophonie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
198
198
199
Table des matières Les deux faces de l’utopie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 L’impensable et l’impossible. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148 1. Le syndrome de l’Île de Pâques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 2. Le syndrome du Titanic. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 3. La saga d’Apollo 13 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149 L’Afrique peut sauver l’Europe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151 Un projet purement technique et sociétal ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 155 Vision. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156 Déclenchement. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157 Médiatisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159 Que puis-je faire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161 Annexe 1 Dessalement de l’eau de mer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164 Annexe 2 Eau des embouchures : estimations. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171 Annexe 3 Réalisations, chantiers et projets hors d’Afrique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175 France. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175 Australie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177 Chine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179 Inde. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182 Brésil. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 184 Amérique du Nord.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186 Russie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187 Israël. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189 Indications bibliographiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
199
199
Vous venez de consulter un
EXTRAIT d'un livre paru aux Éditions Favre.
Tous droits réservés pour tous les pays. Toute reproduction, même partielle, par tous procédés, y compris la photocopie, est interdite. Éditions Favre SA Siège social 29, rue de Bourg CH – 1002 Lausanne Tél. : +41 (0)21 312 17 17 lausanne@editionsfavre.com www.editionsfavre.com
Reverdir le Sahara Refertiliser massivement le Sahara est une planche de salut pour les problèmes lancinants de l’Eurafrique et du monde. Cette plateforme de résolution des questions de climat, de chômage et de migrations surgit dans son ampleur et sa faisabilité. C’est bien là que se jouera un tournant majeur de ce siècle, sur les terrains sociétaux, techniques, agricoles et culturels. Les institutions internationales y tiendront un rôle. Il est crucial d’en prendre conscience le plus tôt possible. Cet ouvrage présente des opérations de reverdissement effectuées, en cours d’exécution, en projet, ou à l’état d’idées. Leur réussite et leur pertinence sont prises en considération. Le Sahara fut vert il y a seulement 5500 ans. L’homme contribua à sa désertification. Ce rôle peut s’inverser si nous le voulons. L’eau douce est à proximité. La formation de l’humus, puis graduellement la mise en action de l’agroécologie seront les bases de la refertilisation. Les moyens de ces actions, actuels ou en projet, sont décrits dans ce livre. Cela paraît une gageure au vu de la situation d’insécurité dans certaines zones. Pourtant, des chantiers sont en cours, portés par des populations qui y croient et qui y travaillent. Ce sont eux qui induisent la pacification, plus durablement que les armées. Le projet est de multiplier ces chantiers par milliers, ce n’est pas irréaliste ! Les moyens financiers d’une action de fertilisation seront réunis. La réorientation se fera. Cela devrait Peinture rupestre du tassili n’Ajjer, massif montagneux algérien situé au centre ressembler à un effort de guerre. Ces retournements sont du Sahara, montrant une scène de chasse en gestation. Cet ouvrage doit contribuer à les accélérer.
à l’époque où ce grand désert était herbeux.
Site de la fondation http://www.reverdirlesahara.org
Jean-Édouard Buchter est ingénieur, issu de l’École polytechnique fédérale de Zurich et en dialogue avec les acteurs du terrain et les spécialistes.
Pour voir une vidéo de revégétalisation du désert au Burkina Faso, ouvrez l’appareil photo de votre smartphone et visez ce code QR pour le lire.
ISBN 978-2-8289-1798-2
9 782828 917982
Jean-Édouard Buchter
17,3
157 mm
Jean-Édouard Buchter
Reverdir le Sahara Reverdir le Sahara
157 mm
Des solutions pour un retour à la végétation
140 mm