Hiver, une saison chez les sorcières T.2

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Les éditions du Lumignon présentent dans cet extrait à feuilleter en ligne les premières pages du livre

Hiver, une saison chez les sorcières, deuxième tome de la série Une saison chez les sorcières, paru en octobre 2015. Texte et illustrations : Anaïs Goldemberg


AnaĂŻs Goldemberg





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Charmes

et biscuits

Il était une fois une forêt gigantesque, courant à travers collines et vallées, sautant par-dessus ruisseaux et rochers. En plein cœur de cette masse verte, bruissante et mouvante, se cachait une clairière dans laquelle s’élevait une maison. A l’ombre de ses nombreux toits s’étalait un vaste jardin rempli de buissons touffus, d’arbres tordus et de potagers ébouriffés. Dans l’un de ces derniers, si l’on suivait un sillon de terre humide où les dernières pommes de terre de l’année étincelaient telles des pépites d’or, on arrivait à une cabane un peu bancale. Rien de plus banal qu’une cabane dans un jardin, vous diriez-vous. Et vous auriez raison, si ce n’est que cette cabane-là avait l’air aussi peu ordinaire que possible. Elle semblait avoir été plantée là depuis la nuit des 7


Hiver

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Une saison chez les sorcières

Il était une fois une forêt gigantesque, courant à travers collines et vallées, sautant par-dessus ruisseaux et rochers. En plein cœur de cette masse verte, bruissante et mouvante, se cachait une clairière dans laquelle s’élevait une maison. A l’ombre de ses nombreux toits s’étalait un vaste jardin rempli de buissons touffus, d’arbres tordus et de potagers ébouriffés. Dans l’un de ces derniers, si l’on suivait un sillon de terre humide où les dernières pommes de terre de l’année étincelaient telles des pépites d’or, on arrivait à une cabane un peu bancale. Rien de plus banal qu’une cabane dans un jardin, vous diriez-vous. Et vous auriez raison, si ce n’est que cette cabane-là avait l’air aussi peu ordinaire que possible. Elle semblait avoir été plantée là depuis la nuit des temps. Ses vieux murs étaient un patchwork de planches de bois, clouées à la va-vite sur une multitude de trous et de fissures. Le côté nord était tapissé de mousse sur laquelle une impressionnante collection d’escargots bavait tranquillement. Seul le toit était neuf, quoiqu’un peu bizarre. Quiconque l’avait conçu n’était clairement pas très sûr de la marche à suivre ou, tout du moins, des matériaux à utiliser et, dans le doute, les avait tous employés. Une première épaisseur de poutres en bois soutenait un monceau de paille, lui-même recouvert d’un entrelacs de tuiles et d’ardoises. Cette lasagne architecturale était coiffée d’une grande bâche, faite de milliers de petits carrés de tissus cousus. Dans la lumière du soir, il se dégageait de ce curieux ensemble une certaine poésie, bien que ce n’ait pas été l’effet voulu. Les occupants de la grande maison d’à-côté étaient davantage intéressés par l’espace de stockage à l’intérieur de la cabane plutôt qu’à son aspect. Un sentier copieusement piétiné courait d’ailleurs de la maison à la porte de la cabane, qui était entr’ouverte. Quelqu’un se trouvait à l’intérieur. Alors qu’un escargot sortait lentement du trou de la serrure, un grand fracas retentit soudain et la cabane trembla violemment. La porte s’ouvrit à la volée, propulsant l’escargot dans les airs, et une sorcière en sortit dans un nuage de poussière. Elle toussa, secoua ses larges jupes, redressa son lourd chapeau et cria à tue-tête : « Katastraboum ! Ta boîte est encore tombée ! » 9


Hiver

Il était une fois une forêt gigantesque, courant à travers collines et vallées, sautant par-dessus ruisseaux et rochers. En plein cœur de cette masse verte, bruissante et mouvante, se cachait une clairière dans laquelle s’élevait une maison. A l’ombre de ses nombreux toits s’étalait un vaste jardin rempli de buissons touffus, d’arbres tordus et de potagers ébouriffés. Dans l’un de ces derniers, si l’on suivait un sillon de terre humide où les dernières pommes de terre de l’année étincelaient telles des pépites d’or, on arrivait à une cabane un peu bancale. Rien de plus banal qu’une cabane dans un jardin, vous diriez-vous. Et vous auriez raison, si ce n’est que cette cabane-là avait l’air aussi peu ordinaire que possible. Elle semblait avoir été plantée là depuis la nuit des temps. Ses vieux murs étaient un patchwork de planches de bois, clouées à la va-vite sur une multitude de trous et de fissures. Le côté nord était tapissé de mousse sur laquelle une impressionnante collection d’escargots bavait tranquillement. Seul le toit était neuf, quoiqu’un peu bizarre. Quiconque l’avait conçu n’était clairement pas très sûr de la marche à suivre ou, tout du moins, des matériaux à utiliser et, dans le doute, les avait tous employés. Une première épaisseur de poutres en bois soutenait un monceau de paille, lui-même recouvert d’un entrelacs de tuiles et d’ardoises. Cette lasagne architecturale était coiffée d’une grande bâche, faite de milliers de petits carrés de tissus cousus. Dans la lumière du soir, il se dégageait de ce curieux ensemble une certaine poésie, bien que ce n’ait pas été l’effet voulu. Les occupants de la grande maison d’à-côté étaient davantage intéressés par l’espace de stockage à l’intérieur de la cabane plutôt qu’à son aspect. Un sentier copieusement piétiné courait d’ailleurs de la maison à la porte de la cabane, qui était entr’ouverte. Quelqu’un se trouvait à l’intérieur. Alors qu’un escargot sortait lentement du trou de la serrure, un grand fracas retentit soudain et la cabane trembla violemment. La porte s’ouvrit à la volée, propulsant l’escargot dans les airs, et une sorcière en sortit dans un nuage de poussière. Elle toussa, secoua ses larges jupes, redressa son lourd chapeau et cria à tue-tête : « Katastraboum ! Ta boîte est encore tombée ! » 10


Une saison chez les sorcières

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