Voici un extrait de
La Maison Okola et autres contes délicats à paraître le 27 mars 2019 aux éditions du Lumignon.
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Sommaire la véritable histoire du Lapin de Pâques ou les Œufs de Mr Brownie page 6
La mémorable tablette de Ganache page 14
Le dessert d’anniversaire de Monsieur Pépites page 22
Les confiseries de Pralinée page 30
La truffe de Dragé page 38
Le carnet de la maison Okola page 46
Les gourmandes décorations de Noisette page 56
Les cacaoyers de cabosse page 64
Les chocolats chauds de cacao page 72
La fabrique sucrée Amandine page 80
Les produits cacaotés de pistache page 88 5
Les cacaoyers de
Cabosse
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La Maison Okola
C
abosse le moineau était un jardinier qui prenait son travail
très à cœur. Il s’occupait de la plantation de cacaoyers de la chocolaterie, mais aussi du magnifique jardin de la propriété. Un poil trop maniaque, il s’inquiétait pour un rien. Cabosse dormait mal, car il passait son temps à s’assurer que ses cacaoyers étaient en bon état. On raconte qu’une maladie peut affecter les cacaoyers ; une maladie rare et difficile à soigner… Heureusement, Cabosse n’a jamais eu à s’en préoccuper, mais quand le danger frappe il faut savoir s’adapter. A moins bien sûr que les apparences soient trompeuses ; dans ce cas rien ne sert de stresser, il faut rester serein. Quand on est passionné et plein de bonne volonté, on trouve toujours la meilleure solution… 65
La Maison Okola Pour Cabosse, le pire moment de l’année était l’arrivée du Printemps, car il fallait s’occuper de tout un tas de choses. La priorité du jardinier était de faire attention aux premiers bourgeons sur ses cacaoyers. C’était également à cette saison que le Chef Ganache sélectionnait les fèves de l’année à venir et réfléchissait à ses prochaines préparations.
Un Printemps plus ensoleillé que les précédents, aux aurores, Dragé vint en panique voir Cabosse : certains de ses arbres étaient victimes du… Du… « balai de sorcière ». On poussa des cris d’effroi, de désarroi et de terreur : la maladie rare et difficile à soigner qui touchait les cacaoyers avait pris racine à Okola ! La hantise de Cabosse ! La chocolaterie alarmée pensa qu’il n’y aurait pas de cacao cette année. Pourtant, personne n’avait jamais entendu parler de sorcières aux alentours, en tout cas aucune n’avait été aperçue dans le bourg. Les habitants d’Okola, en procession bien serrée, rendirent visite aux cacaoyers de Cabosse. En effet, tous virent les balais abandonnés dans les arbres ; des balais fourchus, noirs comme l’ébène. Non seulement il fallait les déloger, mais éviter que cela ne recommence.
On décida de placer une patrouille près des arbres pour les surveiller pendant la nuit. Mais les habitants d’Okola n’étaient 66
pas de bons gardiens et même Dragé s’endormait bercé par la brise dans les cacaoyers. Dans le même temps, Ganache découvrit que les fèves sélectionnées disparaissaient. Chaque matin, il en manquait encore un peu plus. Il s’en inquiéta auprès de Cabosse qui décidément ne savait plus quoi faire. Pourtant, le jardinier prit son courage à deux pattes et essaya de déloger les balais : ces sorcières qui venaient abîmer ses cacaoyers n’avaient qu’à aller ailleurs ! 67
La Maison Okola Lui Cabosse ne permettrait pas que sa plantation soit ruinée. Tirant avec son bec, poussant avec ses pattes, gigotant dans tous les sens, le moineau tenta en vain de faire tomber les balais, mais il était bien trop petit pour y arriver et personne d’autre que lui ne pouvait grimper en haut des arbres. S’appuyant de tout son poids sur l’un des balais, Cabosse finit par tomber la tête la première… Dans un trou !
Ouvrant les yeux, le jardinier découvrit un nid ! Un nid de chouette effraie, caché au cœur du balai. Ainsi donc il y avait bien des sorcières à Okola ! Mais pourquoi avoir construit leur nid ici ? Et pourquoi cette année précisément ? Les petits le regardèrent, intrigués. Cabosse appela à l’aide, mais personne ne l’entendit. Pendant ce temps à la chocolaterie, on cherchait le moineau dans tous les recoins du jardin. Lorsque la nuit vint, chacun regagna sa maison, effrayé à l’idée qu’il soit arrivé quelque chose à leur précieux jardinier…
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La procession de chouettes effraies revint cette nuit-là. En apportant une fève volée à un petit pour le nourrir, la reine des sorcières trouva Cabosse en train de marmonner, les oisillons piaillant gaiement à ses côtés. Devant ce grand oiseau, le pauvre moineau pensa être dévoré et eut une attaque : il s’évanouit et glissa du bord du balai. Avant qu’il ne tombe par terre, les quatre pattes en l’air, la reine effraie vola à son secours et le rattrapa de justesse sur le bout de son chapeau pointu. 69
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Cabosse reprit ses esprits alors que les habitants de la chocolaterie sortaient en panique. Tout le monde se retrouva nez à nez avec les chouettes effraies ! Les volatiles se confondirent en excuse devant les habitants médusés qui avaient sorti leurs cuillères pour défendre leurs arrières. Devant le vacarme assourdissant, chacun criant au-dessus des autres, la reine des sorcières prit la parole : « Mes amis, je suis désolée. Ne sachant où nicher à cause de la déforestation, nous avons dû nous déplacer, mais certaines de mes camarades attendaient des petits et nous nous sommes rabattus sur vos cacaoyers pour protéger la prochaine génération de sorcières.»
Les habitants s’étaient approchés et observaient avec 70
La Maison Okola beaucoup d’attention la colonie de sorcières, car jamais jusqu’alors ils n’en avaient vu de si près. Majestueuses et les yeux rieurs, elles étaient loin de faire peur. « Aussi… Vos fèves sont un régal et nos petits ont vite grandi, glissa la reine des chouettes, un brin gênée. » Bien que toujours sur ses gardes, Cabosse bomba son petit torse de moineau ravi qu’on reconnaisse ici son minutieux travail.
Sans un mot, la tête basse, les chouettes récupérèrent leur balai et leurs petits. Mais finalement à la chocolaterie on se sentit bien mal de les laisser partir ainsi sans savoir où elles pourraient nicher le soir prochain. En fin jardinier, Cabosse eut une idée : il planta du sureau dans le jardin ; parfait arbre de sorcière, pour protéger les petits et donner ainsi un toit à la colonie de chouettes effraie. Depuis ce jour dans la Maison Okola, Cabosse ne s’inquiète plus pour ses cacaoyers, jours et nuits surveillés par des gardiennes aux chapeaux pointus !
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ISBN 978-2-490022-04-5 ~ Dépot légal : avril 2019 ~ Première édition Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction réservés pour tous pays. ©Les Éditions du Lumignon 2019 Loi n°49.956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n°2011-525 du 17 mai 2011. Imprimé dans le Finistère par Cloître Imprimeurs.