A N DR EA F E R R A R I S
Traduit de l’italien par Sylvestre Zas
R AC K H A M
À Giorgio,
ISBN 978-2-87827-194-2
Dépôt légal : premier trimestre 2016 | Traduit de l’italien par Sylvestre Zas | Lettrage : Matthieu Rougé | Relecture : Sarah Détré | © 2015 Andrea Ferraris – Coconino Press | Tout droit réservé | © 2016 Rackham pour l’édition française Achevé d’imprimer en janvier 2016 sur les presses de Graficart à Resana (Italie)
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Lilla et Barbara
VIVE CHURUBUSCO ! La ville et les gens de Churubusco ont toujours été chers à mon cœur. Avec ses dessins, Andrea en a fait un paysage mythique, un symbole d’indéfectible courage et de résistance. Pour la plupart des Américains, Churubusco n’est rien d’autre qu’un vague souvenir, au mieux un détail en marge de l’histoire. Mais pour les Mexicains, cela représente l’espoir lui-même, et une raison de ne jamais fléchir. En quelques traits, et dans un style aussi direct que la mort, Andrea livre une histoire cruelle et violente : un coup de poing à l’estomac, qui vous coupe le souffle comme un poème. Quand nous nous sommes rencontrés à Dublin, Andrea m’a raconté qu’il avait eu vent de l’histoire des San Patricios grâce à l’album que j’ai produit avec les Chieftains, en collaboration avec Ry Cooder. D’autres découvriront la même histoire en lisant ce livre. J’ai souvent repensé à notre rencontre. Comme le soldat italien Rizzo et John Riley, le capitaine irlandais des San Patricios, qui se rencontrent au milieu des champs tachés de sang de l’histoire, Andrea et moi – un autre Italien et un autre Irlandais d’un autre temps – se croisent pour discuter de cette ancienne bataille. Le courage d’hommes qui ont fait honneur à leur passé et renoncé à leur futur ne devrait jamais être oublié. Vive Churubusco ! Paddy Moloney,
leader du groupe de musique traditionnelle irlandaise The Chieftains
En 1840 les États-Unis étaient à la recherche d’un accès à l’océan Pacifique qui leur aurait permis d’établir des relations commerciales lucratives avec l’Asie. Ils commencèrent donc à regarder avec intérêt la Californie, qui à l’époque était sous l’autorité du gouvernement mexicain. Nombreuses, mais infructueuses, furent les tentatives de l’acheter. En janvier 1846, prenant prétexte de quelques différends entre le Mexique et la République du Texas, les États-Unis envoyèrent des troupes en territoire mexicain, dans la région entre le Rio Nueces et le Rio Grande. L’invasion fut suivie d’affrontements qui causèrent la mort de quelques soldats américains. Le Congrès des États-Unis saisit l’occasion pour déclarer la guerre et envahir le territoire mexicain. Le Mexique n’était pas préparé à un conflit armé : manquaient les armes, les munitions et la combativité. La population était réduite à la famine. L’armée des États-Unis enrôla de nombreux ressortissants européens : Irlandais, Espagnols, Allemands, Polonais et Italiens. Des migrants en quête de fortune, qui acceptaient d’aller se battre en échange de la citoyenneté et de la promesse d’un lopin de terre. Un groupe d’Irlandais, mieux connu comme le bataillon San Patricio, déserta l’armée des États-Unis et rallia les forces mexicaines. D’autres Européens suivirent leur exemple et les rejoignirent pour se battre à leur côté.
1
Adios San Patricios
Churubusco, Mexique. 20 ao没t 1847
Le Pueblo est Ă nous, mon capitaine.
Avez-vous trouvé Rizzo ?
ET Riley ?
Pas encore, mon capitaine.
On vient de le marquer au fer rouge.
Sous mes yeux.
Il a eu les jambes sectionnées par un boulet de canon.
d’Autres du San Patricio ? Cinq, mon capitaine. Il y a un blessé.
Chargez-le sur la charrette avec les autres.
Fourmis... vous êtes tous des fourmis...
Capitaine John Riley
Edward Mc Herron
... the road to sweet athy...
Ptui
Alex Mc Kee
Peter Neil ... que ton nom soit sanctifié
James Speers
John Little
Adios San Patricios.
Mon capitaine !
Je l’ai trouvé.
Où est-il ?
Là derrière, mon capitaine. Mort.
Rizzo.