Sergio Aquindo, Harry & the helpless children

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harry & the helpless children


harry & the helpless children ISBN 978-2-87827-151-5 Dépôt légal : troisième trimestre 2012 © 2012 Sergio Aquindo & Rackham © Getty Images pour la photo de Harry Powers Maquette : Paul Streto et Alma Berlage contact@editions-rackham.com www.editions-rackham.com Achevé d’imprimer en septembre 2012 sur les presses de Grafiche Milani à Segrate (Italie).

Ce livre a reçu le soutien de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image dans le cadre d’une résidence de l’auteur à La Maison des Auteurs (Angoulême). Publié avec le concours du Centre national du livre.


Sergio Aquindo

harry

& the helpless children Tr a d u i t e t a d a p t é d e l ’e s p a g n o l p a r A i n o h a B o r d o n a b a

Rackham


The Daily News, 1er septembre 1931

« His pig-like eyes, bruised, blackened by his captors, are the only spots of color in the pasty, cruel face of Harry F. Powers, the heartless Butcher of Clarksburg, as he recites to a detective in his cell the grisly details of how he strangled two women and the pitifully helpless children in his charnel house garage near Clarksburg, W. Va. » « Les ecchymoses autour de ses yeux porcins, pochés par ceux qui l’ont capturé, sont les seules taches colorées sur le visage terreux et cruel de Harry F. Powers, l’impitoyable Boucher de Clarksburg, tandis que, dans sa cellule, il livre à un détective les détails macabres de ses crimes et explique comment il a étranglé deux femmes et de malheureux enfants sans défense dans le charnier de son garage près de Clarksburg, Virginie-Occidentale. » 6




chapitre 1

Roaring Twenties



Villes

d’une seule rue Dans une vie antérieure, Harry Powers changeait de nom comme d’État, il sillonnait les routes, mangeait dans des diners et des stations-service, dormait dans une multitude de petits hôtels, arpentait des villes d’une seule rue, rencontrait des femmes, se mariait et vivait un temps avec elles, et puis il se lassait, ou simplement il n’y avait plus un dollar à leur soutirer. Ou bien il se souvenait d’une autre vie qu’il avait laissée en suspens, celle d’un Pierson et Madame dans l’Illinois, celle d’un Gildaw et sa fiancée, dans un petit village appelé Larkspur, ou celle d’un Harry Powers, qui aidait sa chère Lulu Powers au magasin qu’ils tenaient à Clarksburg, Virginie-Occidentale.

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Un voyageur de commerce

Uniontown, Fairmont, Grafton, Lost Creek, Clarksburg… Harry Powers parcourait tout le nord de l’État de Virginie-Occidentale pour vendre les aspirateurs Eureka. Vers 1928, il se trouva mêlé à une histoire confuse quand son collègue, Dudley Wade (ou White) disparut mystérieusement du jour au lendemain. Un stock d’aspirateurs s’était évanoui avec lui. La compagnie Eureka lança un détective privé à ses trousses et publia une offre de récompense dans le Clarksburg Exponent. La police retrouva les aspirateurs, intacts, chez Harry Powers. Il allégua qu’il venait de les récupérer et qu’il était sur le point de les restituer. Cela lui évita la prison. Quelques jours plus tard, un Monsieur Weaver, qui l’avait dénoncé par téléphone, toucha la récompense. On n’eut plus jamais de nouvelles de Dudley Wade.

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Powers

aka Bjorgo

On l’appelait « le Suédois ». Il se distinguait par son silence, qui l’enveloppait d’un halo de noblesse mystérieuse. Les gens du coin disaient qu’il descendait d’une grande famille, peut-être même éminente. La solide réputation de Harold Bjorgo s’effondra en décembre 1924 dans une quincaillerie de Mansfield, Ohio, où la police l’arrêta alors qu’il entreprenait de vendre des outils volés. 14

Il repoussa énergiquement les accusations, invoqua un malentendu, dont sa « compréhension imparfaite de la langue anglaise » était probablement la cause. On ne retint finalement aucune charge contre lui, et il sortit de la prison du comté en soupirant toute son indignation. Un an plus tard, il fut de nouveau arrêté, cette fois par la police de Chicago Heights, Illinois, qui l’accusait d’avoir dépouillé une petite veuve


Bloody Clothing Believed Clue to Murder of Four. Garments Found in Garage at Clarksburg, May Belong to Missing Widow and Family. Hold Marriage Agent. The Clearfield Progress, Clearfield, Pennsylvania, August 28, 1931. Buried Bodies of Mrs. Eicher and Children Found. Once Suave Correspondent of Matrimonial Agencies Confesses Murder of Well-To-Do Chicago Widow and Her Young Son and Daughters, Unearthed from Beneath His Garage Near Clarksburg, W. Va. The Lincoln Star, Lincoln, Nebraska, August 29, 1931.

de Hammond, dans les alentours d’Indianapolis. Du « Suédois », il ne restait à la malheureuse Madame Flemming qu’une photographie à vingt cents. Les jeunes mariés posaient presque surpris devant un rideau, vaguement peint, que le vent faisait onduler. On devinait derrière eux une place, un dimanche, quelques invités de fortune dans l’ombre de la petite église du village.

Le 14 avril 1924, un Harry Powers franchit la frontière canadienne à Detroit. Il conduit une Buick verte. Il parle anglais, il est accompagné d’une amie qui s’appelle Dunlop. Il vient du domicile de sa mère, Lucy Powers.

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Harry Powers

aka Arn Weaver Arn Weaver était le bureaucrate, l’homme aux mains propres, inoffensif, qui touchait les chèques ou les récompenses, revendait les biens des veuves, passait des petites annonces, recevait les réponses, administrait la boîte postale. Une plaque collée sur une porte indiquait qu’Arn Weaver était le responsable de l’agence, l’homme gris et indistinct qui, derrière un bureau, recommandait aux veuves un autre homme, un monsieur bien sous tous rapports, stable, bel homme, avec une excellente situation, ingénieur respecté ou grand propriétaire, un homme du monde et de voyages, un veuf comme elles, fin, délicat et protestant : Cornelius Orvin Pierson.

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American

Friendship Society L’American Friendship Society œuvrait dans une Amérique de ventres vides et de cœurs brisés. L’affaire Harry Powers attira sur elle une lumière aussi dure que celle d’un interrogatoire. Les époux Platter défendaient l’honneur de leur « société de correspondance pour personnes seules », Monsieur Pierson / Powers avait signé, comme tous les autres membres, une déclaration assurant que ses intentions étaient « absolument honorables et sincères ». L’AFS lui avait adressé une liste de trois cents noms : veuves, célibataires, divorcées, des femmes seules de l’Amérique entière. Les photographies des Platter apparaissaient dans les journaux accolées à celles du Boucher de Clarksburg, comme autant d’éléments d’une même et infâme histoire. On les accusait de tout et de rien, de gagner de l’argent et d’accepter les assassins. Leurs visages, souriants et charitables, leur bonheur conjugal, les palmiers de leur somptueuse villa, tout chez eux semblait narguer un pays désespéré.


La propriétaire d’un beauty shop était retrouvée décapitée à Cincinnati. L’assassin correspondait avec elle grâce à l’American Friendship Society. Un homme se jetait du dixième étage d’un hôtel de Miami. L’AFS lui avait fait rencontrer sa flamboyante épouse, que la police découvrait inerte sur le lit de leur chambre. Les Platter administraient dans l’ombre un repaire d’escrocs, le procureur voulait des peines exemplaires. Il révéla leurs multiples impostures. Le docteur Albert Platter n’avait jamais eu aucun diplôme, il avait été arrêté dans une clinique du Kansas en 1923 et s’était enfui en Europe. En 1929, il se présentait toujours comme « un illustre chirurgien, récemment arrivé du Vieux Continent ». Sa femme, habituée des suppléments dominicaux des journaux, était en réalité Olga Vakaleinikoff, immigrée russe, arrêtée au début des années vingt pour prostitution dans les rues de Detroit. Personne n’était réellement personne en Amérique et chacun semblait pouvoir être un autre.


Écrire au journal qui transmettra « Acteur de cinéma. Gentleman blond dans le style de Hollywood. Très séduisant. Grands yeux bleus et cheveux châtain clair. Vraiment masculin. Personnalité électrisante. Voiture de sport. A fait le tour du monde de nombreuses fois et sait profiter des bonnes choses de la vie. Diplômé d’Oxford, Angleterre. Joue du piano. A un joli sens de l’humour. Si vous êtes attirée par Hollywood, écrivez-lui. » « Ingénieur civil, formation universitaire. Pèse 150.000 $, ou plus. Revenus mensuels de 400 à 3000 $. Mes affaires me tiennent éloigné de la vie sociale, il m’est donc impossible de rencontrer la femme dont j’ai besoin. Je possède deux voitures, une belle maison de dix chambres, complètement équipée, avec l’électricité et l’eau courante. Ma femme aurait sa propre voiture et beaucoup d’argent à dépenser. »

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Harry Powers

aka C.O. Pierson Cornelius O. Pierson était une personne raffinée. Son grand cœur solitaire « désespérait » de trouver la femme qui deviendrait son épouse. Humble et passionné, il se faisait fort d’offrir à la bienheureuse élue de son cœur tout ce que l’argent pouvait acheter, « dans les limites du raisonnable ». Pierson s’assurait le succès grâce à de tels admirables détails. Il écrivait ses lettres d’amour d’une écriture ronde et suave, sans ratures. Ses demandes en mariage voyageaient dans tout le pays, Pine Grove, Northboro, Bluefield, Detroit, Sisterville, Park Ridge, Charleston… De riches veuves ou de vieilles filles économes les lisaient à la fenêtre, prises d’une mélancolie passionnée, en remerciant le ciel et l’American Friendship Society.

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C. Pierson à *** ,

le 11 juillet 1931 « Les femmes sont la plus douce, la plus pure et la plus précieuse moitié du genre humain. Elles chantent la mélodie de nos vies. Tout homme qui a goûté l’affection d’une mère, l’abnégation aimante d’une épouse, la douceur d’une fiancée, sait bien que je ne me trompe pas. Je suis donc à la recherche de celle qui saura faire de mon foyer un paradis, un lieu de paix, le ciel de félicité où l’on retrouve ceux que l’on aime. Je l’attends avec toute la joie de l’espérance. Qui sait ? C’est peut-être vous. Voudriez-vous m’écrire ? Je mettrai toute mon habileté à répondre aux questions que vous jugerez utile de me poser, et considérerai comme strictement confidentiel tout ce que vous aurez la gentillesse de me dire. J’ai une petite photographie de moi : voulez-vous que je vous l’envoie ? La vôtre serait vivement appréciée. »

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Le code de la mort

Un bon escroc est un escroc organisé, qui découpe des articles, souligne des phrases intelligentes, collectionne les maximes des grands poètes et les bons mots des humoristes populaires, annote les marges des traités de sexualité féminine. Il navigue dans ses archives comme un bibliothécaire et tient ses registres en comptable avisé. Une colonne pour les lettres reçues, date et nom, une autre pour les lettres 26

envoyées, avec le code correspondant indiqué au crayon : P-0-1-2 signifiaient le commencement d’une histoire d’amour, « il était une fois un homme seul… », un portrait éphémère, un décor, quelques touches pour asseoir le récit, un ranch dans l’Oregon, un diplôme d’ingénierie civile. P-3-4-5, c’était la marée montante, une accélération discrète, le second acte, plus dramatique ou plus intime, la figure d’une première femme ou de


Powers To Confess He Murdered Four. Rich Widow and Three Children Agent’s Victims. Clarksburg Matrimonial Magazine Publisher Agree to Tell All if Lawyer Approves. Bodies Were Found in Shallow Grave Friday. Agreement To Confess Came Early This Morning After 12 Hours of Severe Examination By The Police. Dunkirk Evening Observer, Dunkirk, New York, August 29, 1931.

sa maladie, la solitude du veuf fortuné dans une belle maison de dix chambres, la banalité décrite avec un luxe de détails, ou les promesses, puis les déclarations, quelques plaisanteries osées, un désir latent, une attente angoissante, et une tension savamment entretenue ; et, dans les derniers mots, une image puissante, un monde nouveau qui sortait de la brume, la vague brisait. P-6-7-8 dévoilaient la vie future, l’union éternelle et la

richesse, la terre fertile de contrées florissantes, les voyages en bateau sous des nuits étoilées, et probablement plus, un petit matin dans un autre port, une avenue européenne ou la modernité, le confort d’un mobilier américain, une voiture neuve et reluisante, garée devant la porte, tous les jours. Il n’y avait ni P-9, ni P-10, l’épilogue se résumait à un petit cercle tracé à la hâte, dans lequel figurait un énigmatique P-15. 27


Harry Powers

aka Joe Gildaw Joe Gildaw est le personnage le plus américain qu’ait créé Harry Powers, un homme seul et libre, qui aimait la route, un de ces types qui montent dans leur voiture et roulent jusqu’à la prochaine ville si la précédente ne leur offre plus d’horizons prometteurs, le genre d’homme qui arrive à Scranton ou Bridgeport et marche dans la rue principale le sourire conquérant et la chemise ouverte, qui fume une cigarette dans un diner, et entre d’un pas sûr dans le premier restaurant offrant du travail, où certainement il finira par être apprécié, et même admiré, par le plongeur noir ou le cuisinier venu du Sud.

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Tel était le Joe Gildaw que s’imaginaient ses nombreuses maîtresses épistolaires, qui jamais ne se demandaient comment cet aventurier avait bien pu amasser la petite fortune qu’il se proposait de partager avec elles. Mais c’était l’Amérique, les années vingt, et qui n’avait pas faim s’enrichissait, et Joe les attendrissait, elles rêvaient de l’apprivoiser, de lui donner un foyer, elles voulaient aimer Joe Gildaw et écouter ses histoires devant une cheminée en hiver. Joe Gildaw, Joe Gildeau, les sonorités françaises de son nom ouvraient des profondeurs sensuelles dans le paysage de cet homme rude aux mains calleuses.



L’évadé

de Madison

Un portrait réalisé par un photographe permet de localiser Joe Gildaw dans le village de Miller, Dakota du Sud, en 1924. Les registres de la Poste centrale certifient qu’il loue la boîte postale no 131. Il apparaît la même année comme employé d’une station-service à Mansfield, Ohio. Plusieurs cartes postales, signées « Joe Gildau », et envoyées entre 1924 et 1927, indiquent qu’il est également passé par Cincinnati, Ohio, Vandalia, Illinois, où 30

il dit être pompier volontaire, Richmond, Virginie, et Connellsville, Pennsylvanie. Dans la ville minière d’Orelano, Minnesota, il travaille quelques mois pour une entreprise de construction. Cette expérience se transformera avec le temps en « études d’ingénierie ». Le périple semble prendre fin vers 1927 : ses cartes postales portent le cachet de la poste de Cambridge, Ohio. Il vit dans une pension de famille, on ne lui connaît pas de travail.


Fifth “Bluebeard” Victim Found. Powers Signs Confession He Slew Four. May Be Married Many. Second Decomposed Body of Women Dug Up at West Virginia Village Thot Massachusetts Woman. The Coshocton Tribune, Coshocton, Ohio, August 30, 1931. Others Sought Aid of Matrimonial Bureau. Mail-Order Romeo Confesses Murders. Post Office Box Opened: Wife Was Herself Client of Slayer. The Olean Evening Times, Olean, New York, August 31, 1931. Insanity Defense On Powers Won’t Stand The Tests: He Knew Right From Wrong. The Amarillo Globe, Amarillo, Texas, August 31, 1931.

Fidèle à lui-même, amoureux de la liberté, coiffé par l’aventure, Joe Gildau n’hésita pas une seconde : il scia les sommaires barreaux de la prison du comté et s’échappa en bondissant à travers champs. On était en 1919, il avait vingtsix ans, il avait volé une voiture, il vivait près d’un lac, il vivait avec une femme sans être marié, et il n’était pas prêt à payer ses péchés comme ça, dans le bureau de n’importe quel shérif. Madison n’avait jamais eu affaire qu’à de petits malfrats,

des Noirs, ou des maris saouls : personne ne s’évadait de cette prison. Le shérif Smith n’oublia jamais ce Joe Gildau de vingt-six ans, sans emploi, à l’accent étranger. Il se souvint de lui pendant une décennie, son évasion spectaculaire était le récit favori des clients de tous les bars de la ville, tous les vendredis. Et finalement il le reconnut dans un journal, plus vieux, plus gros, plus trivial que dans ses souvenirs : un Joe Gildau transformé en Harry Powers, le 30 août 1931. 31


L’architecte À peine sept cents dollars, durement mis de côté grâce au magasin, à peine sept cents dollars pour construire cette remise, à l’écart de la route, à six miles de Clarksburg. Il n’y avait pas de quoi payer des ouvriers ou des fantaisies, tout juste des voisins qui donnaient un coup de main contre quelques bières, du bois acheté à quelqu’un de la famille, un toit rudimentaire, un sous-sol ; il ne lui fallait rien de plus, un endroit à lui, son bureau, ses archives, son atelier d’architecture, où il pourrait dessiner les plans de la maison qui lui ôtait le sommeil, développer lui-même ses copies héliographiques, baigner dans les vapeurs de ferrocyanure d’oxalate, qui sentent si mauvais, et afficher ses plans face à son bureau, à côté d’une photographie arrachée dans un magazine, une de ces villas cinématographiques que vous pouvez construire vous-même moyennant quelques dollars, si vous vous abonnez à la revue ou à un cours par correspondance. Mais Harry n’avait pas besoin de ça, il avait fait des études d’architecture, ou quelque chose du genre. 32



Deux

lettres

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Powers’ Wife Builds Wall Around Garage, Charges Admission to Curious Visitors. The Charleroi Mail, Charleroi, Pennsylvania, September 1, 1931. The Face Of a 1931 “Bluebeard”. Photographic Studies of Harry Powers Reveal Strange Characteristics. Quick Justice for “Bluebeard” Planned. The News Palladium, Benton Harbor, Michigan, September 3, 1931.

« Ma fiancée, domiciliée à South Bend, Indiana, m’a dit qu’elle avait reçu des lettres de Pierson il y a des années. Sa première lettre date de décembre 1917, et il se présente comme Cornelius Pierson, âge, 40 ans, poids, 195 livres. Il appartenait peut-être à différents clubs ou agences matrimoniales, ma fiancée était inscrite dans une agence de Cincinnati. Ma fiancée a des photographies de Powers. Si j’étais vous, je lui écrirais. » L’auteur préférait garder l’anonymat, mais la police recevait des dizaines de lettres à cette époque, et plus encore de coups de téléphone, qui désignaient Powers comme responsable de la disparition d’une centaine de personnes, rien que dans l’État de Virginie. Elle donnait rarement suite.

« Un intrépide don Juan, à l’esprit torturé et curieusement consumé par des rêves d’amour et de richesse soudaine : voilà qui était Powers », écrivait Monsieur Abraham Leventhal à la police. Il avait connu Powers en 1923. Il était presque sûr qu’il s’agissait de cet Arn Weaver, qui avait été employé dans son magasin de fournitures dentaires à Scranton, Pennsylvanie. « Il passait son temps à imaginer des combines et à parler de mariage. S’il s’absentait un mardi, immanquablement, le mercredi, nous recevions au magasin la visite d’un prêteur sur gages ou d’un bookmaker, à la recherche d’un certain Powers, ou parfois, mais moins souvent, d’un Cornelius Pierson. Aucun des deux ne travaillait chez nous, de toute façon. Certains employés m’ont affirmé qu’il nous volait. Nous avons dû le mettre dehors. Je sais qu’il avait jeté son dévolu sur une fille de Wilkes-Barre, et qu’il finit par l’épouser, en Virginie. Il dépensa tout son argent et la laissa plantée là. » 35


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