Carlos Nine, Keko le magicien

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KEKO LE MAGICIEN



CARLOS NINE

KEKO LE MAGICIEN



C

ette histoire est dédiée à mon quartier, aux gens de mon quartier. Keko est une métaphore, fatale et nécessaire, pour s’aventurer dans les ruelles équivoques du souvenir. Pour entreprendre cette traversée du temps perdu, Keko voyage dans sa voiturette jouet et, sans cesse, comme dans un rêve, il doit s’arrêter au passage à niveau d’une gare et attendre que le train soit passé. Keko prend beaucoup de décisions fatales pour lui dans cette petite portion de temps mort dans laquelle les pensées s’accumulent. C’est son antichambre de l’enfer, car une fois que la barrière sera levée, tout peut lui arriver. Nous parlons, naturellement, de la gare de Haedo, la seule qui possède le don magique de stimuler l’introspection. Enfin, se rendre compte qu’un type aussi doué que Keko échoue à cause d’un détail insignifiant comme d’avoir des ongles sales, illumine comme un éclair dans une nuit de tempête l’énormité de son désastre existentiel. Ou, peut-être, le nôtre. Merci pour votre gentillesse, bonne nuit. Carlos Nine



Tu es merveilleux, Keko.

Je t’adore, Magda

Je sais Tu es merveilleux, Keko

C’est vrai, avec mon Oh, Je sais que tu métier de magicien mens ! Tu ne t’intéreserrant, beaucoup ses qu’à mon argent. d’opportunités Je suppose que beaus’offrent à moi, coup de filles te mais je crois courent après, t’aimer n’est ce pas, sincèrement, Keko ? Magda

Oh ! Regarde ce que tu m’as fait ! Tu es un incorrigible coquin ... Cochon !

Je t’adore, Magda

Ha, ha, ha ! Admire mes derniers tours, très chère !


d’abord, les classiques petites bestioles ...

Regarde, Magda

Mais ensuite...

Qu’en pensestu ?

Snort

sapristi ! Tu es sacrément bien doté, toi !

Humm

Snort ?

Non, Magda, non ! Mon Dieu, que fontils ! C’est juste un illusion d’optique !


Une illusion d’optique ! Mon Œil !

Oui, mon amour ! Tout ce que tu veux...Viens, mon trésor, fuyons dans ma voiture de sport ! snort ?

Snort ?

Tût Tût ?

Nous irons dans ma cabane sur la côte pour vivre notre amour...

Oh ! Ce coup de feu est le fruit du dépit de ce pauvre Keko.

Ouf !

Quelles crapules !

Halte !

Halte !

Bang


Ha, ha, ha. Là, je vous envoie mon terrible rayon infernal ! Pas mal, hein ?

Halte-là, maudits brigands ! Vous ne passerez pas à l’acte, j’ai les moyens de vous en empêcher !

Oh, non !

Merde ! C’est son terrible rayon infernal !

Misérables ! Bâtards ! Ils n’ont même pas respecté le pauvre lapin de la chance !

Je meurs ! Toute une vie de travail au service des frères Warner et une ligne de conduite écourtée de façon aussi cruelle qu’absurde. Venge-moi, Keko, venge-moi ! Résiste, cher lapin, résiste !


Thats all folks !

Assassins cruels ! Oh mon Dieu comme je les hais !

Je te vengerai, Lapin

Roar

Beurp !

Oh, lâche-moi ! Ne t’affole pas, imbécile, de toute façon Keko n’est pas près de nous le pardonner ! Snort !

Magda ! Sale et lascive limace, je ne suis pas près de vous le pardonner !

Oh non ! Encore !

Crash Scruiiiiich


Ils ont reçu leur châtiment, Clarabelle C’est vrai

Tu es une belle poulette, tu sais ? ... une vache C’est vrai

Tu es merveilleux, Keko

Je sais Je t’adore, Clarabelle

Oh, Je sais que tu mens ! Tu ne t’intéresses qu’à mon argent. Je suppose que beaucoup de filles te courent après, n’est ce pas, Keko ?

C’est vrai, avec mon métier de magicien errant, de nombreuses opportunités s’offrent à moi, mais je crois t’aimer sincèrement.


Bon, suffit les conneries pour aujourd’hui. M m ...

Les femmes !


BOUOU, BOUOUOU

BOUH

BOUH

Qui que ce soit, le coquin qui a osé me réveiller va s’en prendre une !

Il est donc dit que je ne pourrai me reposer en paix ?

Bououou, bouou, bou

Bououou, bououou

Sainte vierge, un beau bébé abandonné, oh !


comment des êtres peuvent-ils ainsi abandonner le fruit de leurs entrailles ? quel est ton nom, mon cœur ?

Je ne peux le croire !

Gélatine, Monsieur. ayant honte de mon aspect, Ma mère m’a mis à la porte de son cœur, me plongeant ainsi dans la fange de l’abandon, de la désolation, etc., enfin, toutes ces choses, quoi !

Et que dites-vous de ça ?

Elle répétait toujours que j’étais gros et répugnant.

eh bien, si ! Ah, femme maladroite et sans âme. Moi je te trouve adorable et mignonnet.

Hein, que c’est vrai, Monsieur ? Je vous trouve tellement bien, que ça me donne envie de vous chanter un tango en m’accompagnant de mon bandonéon .

Allez, petit ! allons chercher ta chère mère.

Youpi !

Il y a des mères qui abandonnent leurs enfants aveuglément, elles leur refusent leur tendresse, elles détruisent leur illusion ! Il y en a qui abandonnent leur foyer lâchement, laissant leurs enfants les pleurer amèrement, ce sont les mères, les mères sans cœur !

Cette femelle va m’entendre

Mon dieu ! et il chante assis dans son berceau. Tais-toi, petit, tu as réussi à m’émouvoir, ce qui n’est pas fréquent.


Je connais la solitude, mon petit, tout comme toi. Où vis-tu ? Corrientes 348

Eh bien...

c’est là, M’sieur. Eh bien, joli foyer pour un enfant !

Maintenant, je m’explique mieux ta tristesse ! Je vais lui dire ses quatre vérités, tu vas voir.

Elle est là. C’est elle, ma maman.


Me voilà revenu, Rosita

Pourquoi m’as-tu laissée, mon beau Julien…

J’avais un amour qui m’a abandonnée...

maman, C’est moi, Gélatine. je suis revenu.


Tu crois que c’est joli de me jeter comme un chien, « maman » ? Si Monsieur Keko n’avait pas été là….

Je vais t’en faire passer l’envie, garce !


C’est comme ça, M. Keko, les choses ne sont pas toujours comme on voudrait, ni comme elles ont l’air d’être. cette ville est très étrange, les questions s’y perdent. Enfin, vous me comprenez, n’est ce pas ? Alors, je vous remercie bien, mais maintenant vous allez prendre votre petite auto et filer fissa chez vous, vous allez vous coucher, vous endormir comme un ange et oublier tout ça, Hein ?…. Car Corrientes 348 n’a jamais existé. J’espère m’être bien fait comprendre, M. Keko.

Au revoir, M. Keko


normal... avec l’exemple que leur donnent les adultes, ces pauvres mômes sont complètement paumés, non ?

Bon, bon, au travail, Rosita, le public attend

Et maintenant, cher public, j’interpréterai pour vous tous le Tango de Donato et Lenzi :

Oui, Gélatine

Bien, Rosita, très bien


Dans la penombre Musique : Carlos Lenzi Paroles : Edgardo Donato Corrientes 3-4-8 Second étage, ascenseur Il n’y a ni gardiens, ni voisins, Dedans, cocktail et amour, Une piaule meublée par Maple Piano, tapis et veilleuse, Un téléphone qui répond Un gramophone qui pleure De vieux tangos de ma jeunesse, Et un chat en porcelaine pour qu’il miaule pas à l’amour


Il y a de tout dans la maison, Des coussins et des divans De la coco à gogo ! Des tapis qui ne font pas de bruit Et la table dressée pour l’amour Juncal 12-24 Téléphone, n’aies pas peur L’après-midi, thé et petits-fours La nuit, tango et amour Le dimanche, thé dansant, Le lundi, désolation


Et le tout dans la pénombre Car l’amour est sorcier Dans la pénombre les baisers Dans la pénombre, tous les deux. Et le tout dans la pénombre Crépuscule intérieur, Quel doux velours La pénombre d’amour Souvenez-vous, Corrientes 348


Je suis une bête

Je n’utilise jamais la magie à mon profit.

ma libido me titille

Mais là, j’éprouve une sensation très rude de solitude

M’en fous, je vais laisser aller ma folle fantaisie et me procurer un peu de bonheur…

Sainte Vierge… J’explose !

Zénitram !

Oh non ! Encore mes vieilles et répugnantes obsessions, scoubidous, meringues, tétines, etc.…

Ça vient, ça vient


Arrgg ! un proboscidien affectueux !

Doudous, zigounes, canouilles, assez, bon dieu !

Oh, il ne manquait plus que ça !

Le sein maternel

Mon fils

Va-t-en, mère, ce n’est point de toi dont j’ai besoin

Quelle brute ! faire ça à sa propre maman ? !

tu me répudies, Fils !

Va-t-en, va-t-en, va-t-en, je t’ordonne de t’en-vater, grosse dondon !

Ça, ça me plaît.

Ah, ah, oui voilà qui est mieux

Tu refuses le lait qui t’a donné la vie !

Qu’en ditesvous, Gélatine ? Ça me fait tellement mal au cœur !

Ne le prenez pas comme ça, Dame Téton, Keko a un tel pouvoir que ça le rend fou. Vous l’avez mal élevé, n’est ce pas ?


Je vois, je vois, ça me dit quelquechose, c’est…

Clarabelle

Aha ! Alors comme ça nous avons une psychotechnie sur les bras. Tu es une génisse divine, Clarabelle

Coucou

rassurezvous, ce n’est qu’un pauvre fantasme de votre fils

Gélatine, Je vous remercie de votre gentillesse... ce n’est pas la première fois qu’il me fait ça.

Ton cas est simple. Une affection névrotique caractérisée par des sentiments d’imperfection, des préoccupations objectives, scrupules, timidité, dédoublement général de la volonté…

Héhé, coquine.

non, Dame Téton, non, ne regardez pas

Quelle horreur, mon dieu !


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