Juanjo Saez, L'art, conversations immaginaires avec ma mère

Page 1


4


1


Titre : L’art, conversations imaginaires avec ma mère. Titre original : El Arte, conversaciones imaginarias con mi madre. Textes et Dessins : Juanjo Sáez. Traduction : Alejandra Carrasco. Maquette : Gurvan Friderich. ISBN : 978-2-87827-114-0 Dépôt légal : troisième trimestre 2008. © 2006 Juanjo Sáez. Tous droits réservés. © 2008 Rackham pour l’édition française. info@editions-rackham.com www.editions-rackham.com Achevé d’imprimer en octobre 2008 sur les presses de Grafiche Milani à Segrate (Italie).

2


À ma mère. Tu sais bien que je t’aime, même si je ne te le dis nulle part dans ce livre.

3


4


L’arrivée........................................................................................ 13   1  Les cathédrales de l’art..................................................................... 15   2  Calder, les grands enfants................................................................ 31   3  Ce n’est pas réel............................................................................... 43     Faire de l’art, c’est naviguer............................................................. 53   4  Miró, très loin d’ici........................................................................... 55   5  Conversations imaginaires avec ma mère........................................ 67   6  Chez Tàpies, il y a de l’art................................................................ 77   7  Les études........................................................................................ 91     Marginalisés...................................................................................... 102   8  Picasso, c’est laid.............................................................................. 109   9  Ma mère est une artiste.................................................................... 123 10  L’innocence n’existe pas................................................................... 129     L’art de naviguer 2........................................................................... 139 11  Le grand musée................................................................................ 143 12  De l’art à gogo.................................................................................. 151 13  Warhol, l’in-génie............................................................................. 157     Les artistes sont des gens de mauvaise vie....................................... 166 14  Dalí, les adultes apprécient.............................................................. 169 15  Notes sur la simplicité...................................................................... 177 16  Chillida, la matière et l’antimatière.................................................. 193 17  L’art et la vie..................................................................................... 209 18  La grande action............................................................................... 217 19  Une chaussette est une chaussette................................................... 235 20  La liberté.......................................................................................... 251 21  L’art final.......................................................................................... 252     L’art de naviguer 3............................................................................ 252     Épilogue........................................................................................... 257



Non à la peur

Dans Buenos tiempos para la muerte, un de ses ouvrages les plus beaux et pourtant les plus méconnus, opuscule désormais épuisé (il serait d’ailleurs temps de le rééditer !) publié en l’an 2000 par les éditions Morsa, Juanjo Sáez a réalisé une de ses habituelles illustrations en pleine page pour évoquer quelque chose qu’il avait vu en se promenant dans le quartier barcelonais de Raval. Je l’accompagnais ce jour-là, si bien qu’en un sens l’anecdote m’appartient un peu. Sur un balcon situé à un deuxième étage, quelqu’un avait accroché un calicot qui attira notre attention, un drap blanc où figurait un slogan tout simple tracé en grandes lettres à la main  : « Non à la peur » Hors contexte, sans avoir la moindre idée de la raison pour laquelle quelqu’un l’avait accrochée là, cette modeste banderole se transformait en un véritable manifeste existentiel chargé de signification. Non à la peur. L’air de rien, cette phrase avait de quoi faire gamberger. On a ensuite appris qu’il s’agissait d’une revendication contre la violence qui sévissait dans le quartier, ce devait être en 1999. Cependant, dans un premier temps, le mystérieux calicot eut pour effet de faire naître en nous – et nous n’étions sans doute pas les seuls – une drôle de sensation, un écho esthétique, dirions-nous d’une manière pédante pour citer Duchamp. Exprimé de manière plus banale, cela nous ébranla, nous révéla quelque chose et nous fit réfléchir au sens que cela pouvait revêtir rapporté au monde, à son auteur et à nous-mêmes. Un an plus tard, Juanjo Sáez transforma cette anecdote en récit, tentant de transmettre au lecteur cette expérience qui s’apparentait à une révélation. Car, comme l’explique Juanjo dans ce nouveau livre que vous tenez entre vos mains, en art contemporain, il est à présent admis depuis


plusieurs décennies que n’importe qui peut être artiste, dès lors qu’on a quelque chose à exprimer et la volonté de le faire. Il est également possible que le regard du spectateur complète l’œuvre et qu’il lui donne même une valeur, une signification artistique ou tout autre chose qu’elle ne possédait pas à l’origine. Pour des raisons similaires, il n’est pas indispensable aujourd’hui pour être un artiste de maîtriser les techniques artistiques ni d’avoir fait des études académiques, et encore moins d’être un virtuose. Juanjo Sáez et son manque délibéré de virtuosité en est une preuve vivante. Même s’il a fait des études artistiques et sait dessiner bien mieux que certains ne le croient – combien de fois ai-je entendu ce commentaire valant son pesant d’or devant un de ses dessins : «  ma nièce, qui a six ans, dessine mieux que lui » –, Juanjo a renoncé depuis longtemps à se servir de ses talents de dessinateur pour flagorner. À l’époque où il étudiait à l’École Massana pour Jeunes Talents (Barcelone), s’y entraînant dans la « Salle du Danger », il avait déjà opté pour le chemin inverse, celui qui consiste à déconstruire délibérément son dessin et à le rater exprès. Le temps a montré que ce choix était judicieux. Car si l’on réfléchit aux histoires drôles de Juanjo, on découvre qu’un pourcentage non négligeable de leur ressort comique ne repose pas sur l’idée ou sur le texte mais sur le dessin lui-même : un dessin qui fait rire parce qu’il est décalé, parce que d’un point de vue académique, il est raté. Son dessin peut aussi toucher parce que, en l’absence de détails et de traits anatomiques précis, le lecteur peut le compléter par lui-même et l’emplir de significations. C’est un dessin qui vise à exprimer de pures idées et non pas à décrire la réalité. Il faut ajouter à tout cela la volonté délibérée de ne jamais réaliser de brouillons ni d’effacer, comme en témoignent ses ratures et ses fautes d’orthographe. Selon moi, Juanjo cherche à transmettre sa pensée manuelle, celle qui va de son esprit au crayon, de la manière la plus épurée possible, tout en transformant l’erreur en élément expressif. L’erreur comme métaphore de la vie humaine et comme ingrédient consubstantiel de celle-ci, l’existence de l’erreur n’étant possible que par notre faculté de choisir (les animaux ne se trompent jamais).


Il suffit qu’un dessin parvienne à rendre cela pour qu’il soit réussi et ne puisse en aucun cas être considéré comme raté. Cette prouesse expressive découle d’une particularité dont bon nombre d’entre nous sommes dépourvus : Juanjo Sáez n’a pas peur de faire les choses à sa manière. Il y a un autre élément dans son œuvre qui m’a toujours beaucoup étonné. Porté comme l’est Juanjo à raconter sa vie dans ses illustrations et ses bandes dessinées – oui, car il fait principalement de la bande dessinée –, il ne voit aucun inconvénient à se montrer dans des situations ridicules ou agissant d’une manière qui pourrait le faire mal voir du lecteur, chose qui terrifie la plupart d’entre nous. Encore une fois, il n’a pas peur de s’exposer : cela lui est égal d’être imparfait, et donc humain. Dans ce livre, sans chercher plus loin, il peut se montrer tantôt tendre et adorable, tantôt pédant, arrogant et impatient, y compris à l’égard de sa propre mère. C’est là une intention délibérée de Juanjo, un parti pris qui relève de la provocation permanente et d’une recherche particulière de la vérité humaine – à l’intérieur du mensonge que suppose tout récit, bien sûr –, exagérant et déformant souvent ses actes dans le but de faire réagir le spectateur, que ce soit par le biais du rejet, de l’identification ou de la compréhension. Tel est l’un des principaux défis inhérents à son travail, ce qui l’a conduit à aller toujours plus loin dans le registre de la provocation, que ce soit dans les illustrations et bandes dessinées qu’il a d’abord réalisées pour des fanzines tels que Círculo Primigenio ou Nada, puis pour des publications comme Rock De Lux – c’est là qu’il a débuté sa carrière professionnelle –, El Periódico de Cataluña, .H, El Mundo et le magazine Qué leer, ou encore dans ses nombreux travaux publicitaires, réussissant parfois l’exploit (victoire absolue !) de se les voir refuser. Sans avoir peur. Tout cela de la part d’une personne menue, qui souffre de crises d’asthme depuis l’âge de trois ans et qui, aujourd’hui, à l’âge de trente-trois ans, pèse cinquante kilos (tout habillé), mais qui chaque jour prend quelques centimètres de bonheur dans la vie qu’il s’est choisie. « Le bonheur, c’est l’absence de peur », disait l’autre jour à la télévision le grand Eduard Punset. C’est ça, le truc.


De sa base d’opérations dans le quartier de La Segrera, abandonnant la satyre de la modernité qu’il nous proposait dans son livre précédent, Viviendo del cuento (Reservoir Books, 2004), Juanjo veut maintenant nous raconter l’art, rapporter celui-ci à la vie de sa mère, de sa grand-mère et du lecteur, à la question de la vie et de la mort. Mais, rassurez-vous, si vous n’y connaissez rien en art, si vous n’avez jamais entendu parler de Duchamp, de Beuys ou de Calder, il ne faut pas vous inquiéter car il est fort probable que vous ne sachiez pas non plus qui sont Rafa Castañer ou Mario Torrecillas, or Juanjo s’est précisément chargé dans ce livre de vous l’expliquer. De même, pas d’affolement si vous ignorez la signification des termes décontextualiser, écho esthétique, performance ou action, Juanjo l’explique ici à sa mère. Sa propre mère ignore à peu près tout de l’art officiel, mais elle s’y connaît en cuisine et autres activités artistiques. De fait, certaines des explications de Juanjo, comme celle de la décontextualisation ou de l’œuvre de Warhol, me semblent parmi les plus simples et convaincantes que j’aie jamais lues. Cela dit, il ne faut pas s’attendre à un livre de théorie de l’art, ce qu’il n’est pas et ne prétend pas être. Dans son style direct, Juanjo Sáez se laisse parfois aller à des divagations, des simplifications ou des contradictions. Ainsi, dans certaines pages, semble-t-il vénérer l’art et ses artistes préférés, tandis que dans d’autres il nous fait douter d’eux en les parodiant à sa manière caustique et éminemment drôle. Son intention n’a pas été, je crois, d’écrire un essai, mais simplement de donner sa vision personnelle de l’art ou, pour être exact, d’une parcelle de l’art moderne et contemporain. Une vision partielle, subjective, fragmentée, sujette à caution – susciter la critique est parmi les choses que Juanjo préfère – et sans la moindre prétention de rigueur. En outre, Juanjo Sáez veut formuler, pour lui et pour nous, quelques vieilles questions universelles. À quoi sert l’art et pourquoi en avons-nous besoin ? Qu’est-ce qui nous pousse à créer et à jouir des œuvres d’art ? Pourquoi cette nécessité de nous doter d’une culture pour comprendre le monde, nous expliquer nous-mêmes, donner du sens à notre vie et ten-


ter (tenter) de maîtriser notre destin ? Pourquoi ce désir de demeurer, de créer quelque chose qui nous dépasse et de nous transcender ? Pourquoi y a-t-il tant de cas d’art marginal, réalisé par des personnes dépourvues d’éducation et de connaissances artistiques, parfois même par des mendiants ou des malades mentaux reclus dans des asiles psychiatriques ? Nek Chand, un de ces artistes marginaux, inspecteur des routes qui pendant des années a construit en secret le Jardin de Pierre de Chandigarh (actuellement le deuxième site touristique le plus visité de l’Inde après le Taj Mahal), a proposé la réponse suivante : « Aujourd’hui, les gens m’appellent “artiste”. Je n’aime pas le mot “artiste”. Dieu seul m’a poussé à entreprendre ce travail. Je ne savais pas que les gens le verraient, je l’ai fait uniquement pour mon plaisir. » Juanjo Sáez Domper, qui ne se considère pas non plus comme un artiste mais comme un simple dessinateur, a son avis personnel sur ce qu’est l’art et sur son utilité, et c’est le principal motif qui l’a poussé à écrire et dessiner ce livre. À lui donc de nous l’exposer dans ces pages, à sa manière si singulière, avec humour et sentiment. Car « la vie en elle-même, affirme-til, n’est qu’une petite parenthèse au milieu du néant ». Et comme tout ce qui provient du néant et surgit dans le néant ne peut pas périr, il est dans notre intérêt d’appliquer la sage maxime que revendiquait cette banderole de Raval. Juanjo Sáez n’a cessé de le faire et je trouve que jusqu’ici cela ne lui a pas trop mal réussi. Pepo Pérez



L’ARRIVÉE

enfin la maison

ouf… j’avais hâte de rentrer

oui, moi aUSSI Je vais appeler ma mère pour la RASSURER

puis j’appellerai la mienne je suis

CASSÉE

maman, ça y est, on est rentrés… oui, oui, tout va très bien. F A T I G U É S , oui, oui, on se parle demain, oui, je viens D É J E U N E R , comme ça je te raconterai. Vanessa ? Bien, fatiguée de C O N D U I R E , oui, maman, tout est en ordre… on se parle demain

Bibi, demain je vais manger chez mes PARENTS CC D’A

13


je prends mes clés

Le lendemain

c’est l’heure de déjeuner

les

je remonte la rue Portugal, celle que j’ai le plus souvent parcourue dans ma vie La température est agréable

PLATANES

filtrent la LUMIÈRE du SOLEIL

En moins d’une minute je suis chez mes PARENTS Salut, maman

14

je descends l’escalier

ici

Saluut


GU LA

GGENHEIM VAC

BILBAO

HE  !

15


Depuis quelques années, to us les ans, pour Pâques, Vanessa et m oi allons à B I L B A O dans l’unique but de visiter le musée G U G G E N H E I M . Vanessa travaille dans une agence spécialisée dans le design de « M E R C H A N D I S I N G  » po ur les musées, de sorte qu’on voulait aussi voir la b o utique et les produits qu’elle avait dessinés. La r o ute de Barcelone à Bilba o , n on adore la faire en v oiture

Un vert incroyable préd o mine pratiquement tout le long, les gens de la ville comme nous peuvent même penser que c’est A R T I F I C I E L . Le trajet est un petit Rituel, a quelques jours auparavant je prépare la musique que n o us écouterons,

16


même si dans n otre voiture, o n entend très mal la musique.

T C’est Vanessa qui conduit, m o i, je n’ai pas conduire mon permis, mais je fais le copilote et je réponds à toutes les demandes que formule Vanessa durant le trajet un petit bonbon, ils sont dans mon sac

À BOIRE

Une clope Je trouve pas

Tiens

On essaie toujo urs de se loger dans une petite pension « très romantique », comme aime dire Vanessa, située en plein c oeur de B I L B A O . La pension s’appelle Iturrienea et elle est décorée dans le style rustique basque, ça gro uille de bibelots, de fanfreluches, de fleurs séchées et ce genre de babi oles , au petit-déjeuner ils servent des croissants D É L I C I E U X

17


L’ENTRÉE DE

LA

PENSION

reconstituée selon mon souvenir

Outil le o agric

MOUTON en CARTON

18


C’est ici que commence notre semaine de P Â Q U E S , quelques jours À PART

consacrés à l’art, ou plutôt à la

contemplation de l’art. Mes études terminées (ça fait maintenant des années), j’ai cessé de m’intéresser à l’art. Notre premier voyage pour visiter le GUGGENHEIM

fut pour moi une révélation, la

grandiloquence et le caractère spectaculaire du Bâtiment ont réveillé chez moi ce sens MYSTIQUE

que revêt l’art à mon sens.

Une expérience difficile à exprimer, qui tient probablement de la sensation de se trouver devant quelque chose de sublime ou d’extraordinaire qui ne peut pas avoir été fait t par la main de l’homme, quelque chose d’ E X T R A T E R R E S T R E ou de surhumain, qui n’est pas de ce monde. en somme En résumé, fait par la main de D I E U . 19


20

Très bon, ton repas, maman. Tant mieux. C’étaient des restes d’hier. Tu sais que ton père aime beaucoup ça. Oui, et puis c’est encore meilleur le lendemain. Oui, oui, ça a plus de goût. Comment va Vanessa ? Bien, elle travaille, je suppose qu’elle est crevée, c’est quand même un bout de chemin. Oui, ben oui, vous avez mis combien de temps ? 6 heures, tu sais qu’on roule pépère.


Vous n’avez aucune raison de vous presser, aussi. Ben NON, bien sûr. Et votre séjour s’est bien passé ? Vous êtes allés au G U G G E N H E I M  ? Oui, puisqu’on y est allés pour ça ! Ah. Dis, maman, faudrait que vous y alliez avec papa, c’est hallucinant. Ouh là là ! tu sais bien qu’on ne peut pas, avec mamie. Ça recommence ! D’accord, maman, je disais ça comme ça. Ben oui, quoi !! Tu devrais y aller, t’adorerais. Oui, enfin, tu sais que je n’y comprends rien…

21


Mais il n’y a rien à comprendre. mmm… Tu vas toujours visiter les églises dans les villages. Eh bien c’est la même chose ! C’est UN MONUMENT. mmm… moi, les trucs bizarres… Parce que les saints, c’est pas des trucs BIZARRES … Voyons, maman ! C’est la même chose. Il s’agit d’impressionner.

(j’ai la manie de finir les conversations avec ma mère dans ma tête, c’est un peu étrange, mais tout ce qui suit est imaginaire) : 22


… Il s’ag it d’i mp res sion ner

Le C’est exactement ce que visaient les architectes gothiques ou romans, ils cherchaient à impressionner au moyen de la grandiloquence et de l’excès. Devant une cathédrale gothique, on a l’impression de n’être rien, une petite f ourmi, ça devait être saisissant pour un h omme q de l’époque, ça l’est encore pour nous. C’est comme si les hommes voulaient imiter les dieux en créant des œuvres que seul un G É A N T S U R N A T U R E L AURAIT PU BÂTIR.

23


c

ontempler des œuvres aussi colossales

prédispose inconsciemment au surnaturel. C’est ce sentiment mystique que

nous

avons tous, parfois à notre insu, et c’est selon moi

ce qui est à l’origine des

religions. Les cathédrales sont une incroyable enseigne au NÉON où l’on peut lire

CROIRE EN DIEU De nos jours, avec la construction

de musées tels que le G U G G E N H E I M ,

on poursuit le même objectif, à cette

différence près que l’enseigne au néon du G U G G E N H E I M dit :

C RO I R E E N L ’ A RT 24


version libre de la

CATHÉDRALE DE BURGOS

Dieu existe 25


Note explicative à l’attention de ma mère et du lecteur Sentiment mystique : selon moi, c’est un petit mécanisme mental certaines choses touchent une corde étrange chez nous, elles nous font vibrer. Une drôle de sensation

très courante mais inexplicable. Nous l’avons tous éprouvée à un moment ou à un autre ; en contemplant un paysage, un coucher de soleil, la mer…

26


voir au loin un ĂŞtre cher

27


… voir un film.

ou une passe de Marado na

Voilà l ’art

28


même regarder un tableau !!

nous avon s tous nos peti ts mom ents my stiqu es… Tu me comprends, mam an

29


Dans la chambre de ma grand-mère

quand on voit ce qu’elle est devenue

oui, ç’es t à pein e croyabl e, elle qui s’est tou jours battue

C’est fou. De la voir comme ça, plus rien n’a de sens, on se demande à quoi bon avoir tant lutté 30


C’EST MON A R T I S T E P R É F É R É

31


tentative de portrait de calder. Il n’était pas CHINOIS , c’est juste que je l’ai loupé

CALDER

(1898-1976)

il est mort Calder est un sculpteur nord-américain. Il est né à Philadelphie et il s’est surtout rendu célèbre grâce à ses sculptures mobiles. Les mobiles sont comme de Calder sont comme les tableaux de Miró, mais en mouvement. 32


Les mobiles sont des jouets, Calder aimait beaucoup les jouets et il s’en fabriquait, il aimait aussi le cirque, il a beaucoup dessiné sur ce sujet. Les mobiles de Calder sont l’équivalent de disciplines comme la poésie ou la musique, mais en version visuelle Pour apprécier Calder, il n’est pas necessaire de savoir quoi que ce soit, il suffit de regarder les couleurs en équilibre.

33


comme quand on s’amuse à contempler la lune, à regarder voler les oiseaux ou les

formes que dessinent les nuages, Notre esprit a une prédisposition à ça.

Calder est une sensation.

Calder est une réminiscence de l’enfance

34


Un jour imaginaire quelconque

maman, tu te souviens des mobiles que tu me fabriquais quand j’étais petit ?

bien-sûr

E MAGAZIN PLE PEO

Il y avait des poissons suspendus… on les faisait avec du carton et du tissu encollé.

j’ai le vague souvenir d’avoir découpé des écailles en tissu

J’étais tout petit, je m’en souviens comme d’un rêve

Moi, je m’en souviens comme si c’était hier… ma moi mère

MAMIE

AA AA Aah

35


Un autre jo ur à la maison… nt Suppléme I D du V E N D R E O du P E R IÓ D IC A de C A T A L U Ñ

36

Alors, Vanessa s’est remise du voyage ? Oui, ça y est, faut pas exagérer non plus … Là-bas, on a vu l’exposition d’un artiste qui faisait des mobiles. Il s’appelle Calder. Aaaah On n’a pas acheté le catalogue parce qu’il était trop cher, mais j’ai un livre sur lui à la maison, je crois que tu aimerais; Calder était un grand enfant, un enfant qui au fil des années a appris à fabriquer ses propres jouets.


En fait… les hommes restent des enfants toute leur vie

Certains, oui…

En tout cas ceux qui se consacrent à ce genre de choses, comme toi et tes amis, vous êtes tous un peu enfants. Mario, il a l’air très rêveur, il est plein de fantaisie, non ?

Oui, il vit dans son monde imaginaire.

J’aime beaucoup son style, on dirait toujours qu’il écrit un conte.

Mario a quelque chose de particulier

J’aime beaucoup les articles qu’il écrit dans le P E R I Ó D I C O , je les lis toujours, comme ça parle de cinéma et que je n’y vais jamais, je ne comprends pas toujours, mais ce n’est pas grave.

Oui, là, ce n’est pas grave.

37


un MOMENT de silence...

Il faut dire que tu as de quoi, moi je suis très fière de toi.

Oui, je sais, mais je me dis parfois que ça s’est retourné contre moi

38

Eh oui… devenir grand… je ne peux pas dire que j’aime ça, non… je n’y arrive pas très bien, j’ai tout organisé pour ne pas grandir, surtout grâce à mon travail. Si j’ai décidé de faire ça, c’est pour ne pas sortir de l’œuf et bon… j’en étais très FIER


La confrontation avec la réalité

Bien oui… Tu croyais quoi ?

Je sais pas, c’est génial d’être petit, au moins on se sent moins seul, mais quand on grandit, on se rend compte qu’au fond, on est tout seul, là-dedans.

… …

Le pire, c’est quand j’ai compris que je ne pouvais plus compter sur vous.

Quoi ?

Ben ouais !

Je t’interdis de dire ça, même pour rire.

39


40

Non, Non… je veux dire que je ne me sens plus le droit de vous demander des choses. J’aimerais bien savoir que je peux compter sur vous, même si je me débrouille très bien tout seul Qu’est-ce que tu vas chercher là, mon fils ! BON.


Plus tard, dans le mĂŠtro, bizarrement un papillon volette dans le wagon.

o

T m ute ili seule dans eu un h de o s fi stile, elle trace li g r anes

41


42


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.