Sin City® volume 7 : L’enfer en retour Copyright© 2015 Rackham, pour la traduction française Traduction : Lorraine Darrow Lettrage : Gurvan Friderich ISBN : 978-2-87827-174-4 Dépôt légal : premier trimestre 2015 contact@editions-rackham.com www.editions-rackham.com Achevé d’imprimer en décembre 2014 sur les presses de Graficart Arti Grafiche à Resana (Italie) Sin City® volume 7: Hell and back Copyright© 1999, 2000, 2005, 2015, Frank Miller, Inc. All Rights Reserved. Sin City and the Sin City logo are registered trademarks of Frank Miller, Inc. «Dwight,» «Ava,» and «Marv» and all other characters featured herein and the distinctive likenesses thereof are trademarks of Frank Miller, Inc. No portion of this book may be reproduced, in any form or by any means, without the express written permission of Frank Miller, Inc. Names, characters, places, and incidents featured in this publication either are the product of the author’s imagination or are used fictitiously. Any resemblance to actual persons (living or dead), events, institutions, or locales without satiric intent, is coincidental. Dark Horse Comics® and the Dark Horse logo are trademarks of Dark Horse Comics, Inc., registered in various categories and countries. All rights reserved.
L’enfer en retour Frank Miller
C’est une de ces nuits claires et fraîches qui surgissent au milieu de l’été comme un don du ciel. L’atmosphère électrique fait frissonner le duvet sur les bras comme un avant-goût d’orage.
Le vent souffle en rafales, faisant vibrer les fenêtres, forçant les vendeurs de hot-dogs à lutter avec les parasols abritant leur chariot, arrachant les branches, les dispersant telles de vieilles carcasses.
Ce n’est pas une nuit à rester en ville.
Ce n’est pas une nuit à rester où que ce soit.
Quelques miles plus loin ma nuque se dénoue, mes épaules se relâchent. Le bourdonnement dans ma tête s’est calmé.
S’il n’y avait pas mon loyer, je n’aurais aucun souci au monde.
C’est de ma faute. Je savais bien à quel genre de client j’avais affaire.
Pendant une bonne minute Purvis a secoué sa tête et secoué sa tête...
... Et il a émis un ridicule petit geignement...
Tu lui as mis un drap.
Ça m’ennuie d’avoir à te dire ça, petit... C’est terrible à dire... mais tu ne sais pas jouer en équipe.
Je t’envoie Bibi... Une dynamiteuse de braguette comme Bibi... et tu la couvres avec un drap. T’aurais aussi pu lui coller un sac sur la tête !
J’aurais dû m’en douter quand elle m’a dit que tu n’avais pas cherché à lui faire du plat.
Comprends-moi bien. C’est un joli drap. Mais mon magazine ne cherche pas à vendre des draps. Ni à en acheter. Si ça me fait pas triquer, j’achète pas !
Je sais ce que vous voulez. Je veux ce que je veux !
Ouais.
Oh chéri ! Là je trique direct ! Tu es un génie, petit !
«Génie » est-ce que ce mot a eu un sens un jour ?
Le plus drôle c’est que celui-là a été beaucoup plus facile à peindre que celui avec le drap.
C’était facile.
Finalement, j’ai réussi.
Finalement j’ai prouvé que je sais jouer en équipe.
Je ne sais pas si je dois rire ou me maudire. Un peu des deux je suppose. Le chèque était presque entre mes mains. Mon loyer était payé.
Dieu seul sait ce qui m’a pris.
Je n’avais pas prévu de faire une bêtise. Mes mains ont bougé d’elles-mêmes.
Flûte. Ça n’est pas la fin du monde. J’aurai d’autres occasions.
Espèce de fils de pute ! Pas avec Purvis...
... Mais j’aurai d’autres occasions.
En attendant, Langer’s me reprendra sûrement. Je suis un cuisinier plutôt correct.
Après tout, ça n’est pas la fin du monde.
Excusez-moi. Vous avez fait tomber votre veste.
Il y a votre portefeuille à l’intérieur.
Non !
Elle est un peu plus lourde qu’elle en a l’air.
Un corps musclé.
Pas de respiration.
Un corps musclé. Elle est en forme. Elle peut s’en sortir.
Allez, un effort.
Respire.
Hein ... ?
Du calme. Ne faites pas d’effort. Je vais vous porter.
Elle dort.
Sa respiration est calme maintenant.
Elle est hors de danger.
Elle est vivante. Mais pas seule.
Et elle est suicidaire. Quel saut. Ça ne figurait pas dans son dossier. Aucun indice. Bon sang. On a failli la perdre. Bon sang. Aucun indice.
Cessez de geindre.
Faites ce qu’on vous demande, docteur Fredric. Je veillerai à ce qu’elle soit seule... d’une manière ou d’une autre. On s’en occupe ce soir.
On doit prendre l’initiative... aller vers elle avant qu’elle ne se jette d’une autre hauteur... ou dans une liaison romantique avec son bon samaritain.
Elle doit être seule. C’est la règle.
On doit attendre le plus possible.
On ne va pas se mettre le colonel à dos.
... Elle est tombée d’une falaise dans la mer.
Elle tremble comme une feuille. Hypothermie, d’après ce que je vois. Rentre mon petit !
Mme Mendoza est ma propriétaire. C’est une infirmière à la retraite. Et un amour. Elle ne parle jamais de loyer. Tenez, chérie. Vous allez ôter ces vêtements mouillés et prendre un bon bain chaud.
C’est une vraie beauté, Wallace. Et je te fiche mon ticket qu’elle va t’être sacrément reconnaissante.
Juste pour dire qu’elle ne te tuera pas si tu lui demandes son téléphone.
Je grimpe dans mon atelier. J’essaie de travailler un peu. Pas la peine...
Trop énervé.
J’ai fait ce que n’importe qui... où allezvous ? Merci.
Je pense avoir causé assez d’ennuis.
Vous ne pouvez pas sortir comme ça.
C’est tout ce que votre propriétaire a pu trouver à ma taille.
Regardez dans mes affaires. Vous trouverez sûrement quelque chose à vous mettre. Et puis je vous ramènerai.
Merci encore. J’en ai pour une seconde.
J’en ai pour une minute !
Elle se fout de rester en vie...
Juste une seconde !
... mais elle tient beaucoup à son look.
Voyons voir ce qu’il a d’autre...
Non. Non. Ça ne va pas non plus. Pas du tout.