Aapo Rapi, Meti

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Salut! Pff ! Pff ! J’suis à la bourre. T’as qu’à commencer , j’t’écoute…

Alors ?

Je m’appelle M... Mais non ! Pas d’chichis ! Cause normalement !

Ben, de quoi qu’j’vas te causer ? De c’que tu veux, raconte-moi un de tes boulots, par exemple.


Mais l’chauffeur.. .quel sacré caractère  il avait ! Y m’terrorisai t ! c’était Ma première embauche, j’étais receveuse d’autocar.

J’avais intérêt à pas l’rater.

T’attends le déluge ?!

Mais v’là qu’un jour, j’rate mon coup et l’car se met à dévaler la pente !

Chaqu’fois que le car s’arrêtait dans une montée, j’devais courir poser une cale derrière les pneus, c’tait ça, mon boulot.

Ce sagouin me flanquait une telle frousse que j’ai tenté d’arrêter le car toute seule.

Ah ! Ah !

Pas mal , ton histoire, quoi que, bon, c’était pas vraim ent comm e ça. Si j’trouve qu elqu’ un pour publi er c’t ’histoire, t’en aurais d’autres  ?

Écoute mon p’tit coco, quand une octogénaire se lance, tu vas voir que ça...

Les portières battaient, je prenais des coups, mais je poussais comm e une dingue !

Bien sûr, au final, c’était bien d’la peine perdue !

Le soir, j’suis allée au sauna toute seule. J’voulais pas qu’les aut’ voient qu’j’étais couverte de bleus.

... c’était juste l’intro !


Mmh...

J’te ressers de la tarte ? Naan, on m’attend... allez,lance-toi et raconte !

T’arrives à en tirer quèq’chose ?

Mais quoi ?

Une histoire encor’plus ancienne, si ça te revient.

Ben oui, tiens ! Raconte m’en une autre.

Plus ancienne ...

Accouche , allez!

Alors, on va remonter si loin dans l’temps, qu’y’a plus grand monde qu’est au courant, tiens.


Et la v’là qui tombe enceinte ! Et la famille de son chéri qui la r’jette ! Y voulaient pas d’pauvres dans la famille ! Pardi !

d-m ère À c’t’é poq ue, ma gran mi, Anna vivait à Sorvalam d un ham eau paum é au fon de la forê t.

Alors, quand qu’c’est que tu nous présentes ton fiancé ? C’est qu’il... il est tellement occupé...

À l’époque, tu sais, y avait pas pire que d’avoir un enfant sans père. C’était un vrai déshonneur, un malheur terrible.

Anna, viens signer. Comme ça, ce sera une attestation officielle.

Et ta bague ? T’en a une au moins ? Euh... elle est tombée entre les lattes du pont...

Mais...! Pourquoi t’as écrit Anna Petti ? Ton nom, c’est bien Pettinen ? Y’a pas assez d’place, vous voyez bien.

Mais Anna était une femme progressiste. Elle savait même lire. Elle s’est occupée de son gosse toute seule ! L’a mis à l’école et tout. Une vraie Mère Courage !

Anna raconte :

À l’epoque, en toute logique, j’aurais dû aller sur le pont des rapides d’Imatra et me jeter dans les remous. Ça s’faisait couramment, jusqu’au jour où ils ont construit l’barrage.

Pourquoi tu l’as pas fait  ?

Ben, j’l’aurais bien fait, mais personne n’a voulu m’accompagner jusqu’à Imatra. Avec ce Petti, on est bon pour tout r’commencer.


C’est vrai qu’Anna a mis son fils Antti à l’école. elle Voulait pas qu’il devienne un simple manœuvre.

Elle en a bavé comme cent Russes à l’élever toute seule, la pauvre...

Mais Antti travaillait bien à l’école, et Anna en était fière comme un pou. Pendant des années, elle a mis dans son bas d’laine de quoi acheter du vrai café pour fêter son diplôme.

Lyyti aussi, elle a paumé sa bague, non ?

Elle, au moins, en avait une pour de vrai puisqu’ils étaient mariés, mais elle l’a perdue, c’est vrai.

Tu veux vraiment une deuxième histoire de bague ? Tu vas pas nous r’faire le Seigneur des anneaux, dis ? Vas-y, envoie. J’t’écoute.

Puis Antti a épousé Lyyti. Ils manquaient de tout, eux aussi, à leurs débuts... C’est l’pasteur qui leur a prêté les casseroles, figure-toi !

Il serait temps que Lyyti nous rende nos ustensiles de cuisine.

Aujourd’hui, le repas, c’est ça !

Bon... y gardaient leur vaches dans l’étable du presbytère. Un jour, Lyyti y fait tomber sa bague, la vache l’avale et la bague se perd dans l’fumier, qui est répandu sur les champs.

B... bien sûr, prenez-les donc... Et c’est l’épouse du bedeau qui la r’trouve le jour du cinquantième anniversaire de Lyyti ! Joli cadeau !


Donc Lyyti, c’était ta mère ?

C’est ça...

Quand qu’c’est qu’tu repasses la proch...

On était une fratrie de... Attends !

On vient m’chercher, faut qu’j’y aille.

Toujours un vrai courant d’air... C’est vrai !



Lati !

Pate !

Jaska !

Meti !

ati !

Allez, hop !

Ipu !

Veka !


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