tony millionaire
SOCK MONKEY
écrit et dessiné par
TONY MILLIONAIRE couleurs de
jim campbell
RACKHAM
traduction • Professeur A. lettrage • Gurvan Friderich maquette • Lia Ribacchi
Remerciements à John et Onil de Pasadena et aussi à Celia Bullwinkel et Thomas Herpich
Tony Millionaire, Sock Monkey : Oncle Gabby texte et illustrations © 2004 tony millionaire. tony millionaire’s sock monkey and all other prominently featured characters are trademarks of tony millionaire. all other material, unless otherwise specified, © 2004 dark horse comics, inc. all rights reserved. no portion of this publication may be reproduced or transmitted, in any form or by any means, without the express written permission of the copyright holder(s). names, characters, places, and incidents featured in this publication either are the product of the author’s imagination or are used fictitiously. any resemblance to actual persons (living or dead), events, institutions, or locales, without satiric intent, is coincidental. all rights reserved. © 2008 rackham pour l’édition française.
RACKHAM info@editions-rackham.com www.editions-rackham.com dépôt légal: premier trimestre 2008 isbn:978-2-87827-108-9 achevé d’imprimer en décembre 2007 sur les presses de grafiche milani à segrate (italie)
la tombée de la nuit, à Garfied Heights, Monsieur Corbeau et Pouce attendent leur passager...
”l’A-nommeur?” C’est quoi ça?
A-nommer?
“a-nommer!?” eh bien,
je n’ai jamais entendu parler de cette pratique, ça marche comment?
”Ça” c’est notre vieil ami, Oncle Gabby, un poète reconnu, tu n’en as jamais entendu parler? Son brillant talent pour a-nommer lui a valu d’être récemment distingué dans les cercles poétiques.
C’est simple, Pouce, en ôtant les noms des objets les plus communs il les renvoie à leur originel, et ô combien magnifique, état! Il est plus que tout impliqué dans la restauration de la beauté du monde, vois-tu?
Chut, le voilà...
Mr Corbeau! Pouce!
Je suis si heureux que vous soyez là! J’ai hâte de rentrer!
Mes respects, Mr A-nommeur! Pouce , s’il te plaît! Son titre est “l’A-nommeur” pas “Mr A-nommeur!”
Chez Ann-louise, monsieur corbeau! Il y a un mystère à éclaircir!
Pouce, mon petit,
cela fait-il si longtemps?
Appelle-moi Oncle je t’en prie!
Très bien, oncle! ha, ha! c’est un plaisir de vous revoir!
Où allons nous, Oncle Gabby?
un mystère! Que c’est bizarre! Est-ce un meurtre? Une intrigue diabolique?
non Pas un meurtre, mais une intrigue, c’est sûr,
diabolique ou pas!
Figurez-vous, que dans mon travail de poète (qui implique comme vous savez un zeste d’introspection, examen du moi, etc, etc) je suis confronté à un problème
fort troublant que voici : parcourant les lignes de ma propre expérience personnelle dans l’acte même d’être poétique,
j’en viens à être pris par le souvenir d’expériences qui à l’évidence ne peuvent pas être les miennes!
yahaaa!!
par exemple, il me semble
me rappeler des choses à
propos de serpents des mers, de chevaux ailés, de cyclopes, etc, des choses avec les-
quelles, c’est sûr, je n’ai jamais été en contact du tout! Je me souviens d’îles lointaines, de pyramides, de sphinxs, de derviches, de turcs et de farfadets!
Monsieur Corbeau, je vous connais depuis que
je suis venu au monde, vous rappelez-vous de telles choses?
eh bien, heu... je ne sais pas...
A-nommez quelque chose, voulez-vous?
mais, Certainement, Pouce! Alors, voyez-vous la Lune par là-bas?
et Bien que ”lune” soit un nom charmant, je
te le retire à présent!
maintenant, il nous reste un fin disque brillant qui embrasse les nuages nocturnes (que j’a-nomme également, les changeant en paradisiaques volutes de tulle)
Oncle gabby, pourrais-tu juste garder le mot “lune”? même sans se raPporter à son objet, il reste tout de même fort pratique pour composer des vers romantiques, etc.
Vous avez raison, Mr Corbeau, mais alors il me faudrait a-nommer le mot lui-même et où cela nous mène-t-il? Non, c’est impossible, loin
de moi, mot étroit!
Mais, comment
Eh bien, par exemple, cette
ôter un nom peut-il route s’appelle “route du Vieux transformer une chose? Rimperton”. Quand on l’emprunte, on ne peut que se rappeler les jours sombres où Rimperton sévissait
si j’enlève le nom “Vieux Rimperton”, il ne reste que “route” ce qui, tu en conviendras, est bien mieux, et cela devient cette route sur laquelle nous voyageons et qui, à point nommé, nous conduira à
un autre endroit...
mais si je retire jusqu’au mot “route” de notre équation, ce qu’il reste est une longue et ondoyante bande de terre, une fraction de collines, une abstraction pleine de grâce et de beauté...
... Et dans ton cas, Pouce, si nous t’a-nommons, la marque de tes dimensions modestes disparaît! Tu deviens un géant parmi les créatures sur la terre ou _
Je suis l’enfant chéri de la
catastrophe!
Pouce!
s’il te plaît, Assied-toi! je vous en prie,
oncle gabby, ne
l’énervez pas!
ça effraie les chiens...
”Dimensions modestes?” Qu’entendez-vous par là, monsieur?
whoooo là! Eh bien, nous y voilà enfin...
Mais ce n’est pas la maison d’AnnLouise? je ne la reconnais pas du ...
je vous assure que c’est bien la
bonne adresse...