Extrait Auto-construire en réemploi - Éditions Ulmer

Autoconstruire en réemploi Donner une seconde vie aux matériaux

Audrey Bigot Martin Barraud

Atelier moins mais mieux

La laine de verre est l’isolant le plus répandu et le plus utilisé, car peu coûteux.

Il est fabriqué à partir de sable, deuxième ressource naturelle la plus prélevée au monde. On imagine cette ressource infinie, mais elle pourrait bien se tarir1. Sans parler du dragage du sable en pleine mer qui détruit les écosystèmes. Remplacer en partie le sable par du verre recyclé est possible, mais cela reste une transformation à 1 000 °C, très vorace en énergie.

Et le recyclage de la laine de verre elle-même ? C’est possible, à l’infini disent même les fabricants ! En dehors du fait que le recyclage infini est impossible2, reste que la réalité est autre : c’est recyclable, mais très peu recyclé, parce que trop cher.

L’approvisionnement par exemple est limité puisque le tri de ces isolants lors des démolitions demeure compliqué : la laine de verre posée avant 1998 est cancérigène.

En 2030, c’est 120 000 tonnes de vieilles laines de verre qu’il faudra gérer3. Ces isolants continuent ainsi de gonfler le volume des déchets ultimes qui finissent à l’enfouissement.

Iso latio n

Une bonne isolation est une des clés pour réduire au quotidien la consommation énergétique d’une maison. C’est dans cette optique qu’a été lancé le programme gouvernemental d’isolation à 1 euro. Ce qui n’y entre pas en compte, c’est le type d’isolant utilisé, et l’impact de celui-ci. Encore une fois, ce qui est très peu cher est désastreux pour l’environnement.

Quel coût pour le traitement de ces polystyrènes et laines de verre en fin de vie ?

Les isolants polyuréthanes et polystyrènes viennent alimenter notre dépendance au pétrole.

Quant aux isolants multicouches, que peut-on bien faire en fin de vie avec un sandwich de matériaux divers, collés les uns aux autres ? Allez, à la benne !

Bien sûr, les isolants en fibres naturelles ont eux aussi un impact lors de leur transformation. Mais la matière première, quant à elle, apporte un bénéfice. Elle peut stocker du carbone quand elle pousse (chanvre, bois), provenir du recyclage (cellulose, coton), ou retourner à la terre en fin de vie (paille).

1 - Le Sable, enquête sur une disparition, Denis Delestrac, France-Canada, 2013.

2 -Ce mythe du recyclage infini est développé dans : Recyclage : le grand enfumage, Flore Berlingen, Rue de l’Échiquier, 2020.

3 - Étude de préfiguration d’une filière REP, Ademe, 2020.

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Réemploi & isolation Les isolants minéraux et issus de la pétrochimie détaillés précédemment, dont l’impact carbone est fort, n’ont pas été utilisés dans les expérimentations qui vont suivre.

En effet, les isolants biosourcés (laines de chanvre, bois, mouton, coton) sont aussi victimes de gaspillage. Notre positionnement est de réemployer et valoriser de « bons » matériaux : qui sont les moins néfastes pour les êtres vivants et les plus efficients thermiquement.

Les plus vieilles maisons isolées en paille ou en ouate de cellulose ont respectivement 100 et 200 ans et sont toujours efficaces1. Ces isolants ont donc, selon nos critères, plus de valeur, et plus d’intérêt à être valorisés2.

La plupart des isolants sont très complexes à réutiliser lorsqu’ils ont été posés dans un bâtiment. Ils ont de grandes chances d’être dégradés car ils peuvent se déchirer, avoir pris l’humidité et avoir cohabité avec des rongeurs, ce qui altère leurs caractéristiques techniques. Posés il y a plusieurs décennies, certains ne répondent plus à nos exigences : la laine de verre posée avant 1998 est par exemple cancérigène.

Les isolants biosourcés sont moins répandus, mais les premières observations montrent qu’après 20 ans, la ouate de cellulose est en parfait état, apte à être réutilisée dans un nouveau bâtiment3.

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Les chutes d’isolant sont nombreuses sur les chantiers. Il peut s’agir d’un surplus d’une commande, ou de chutes découpées lors de la pose. Si le poids est relativement faible, ces déchets représentent un volume important dans les bennes.

Le réemploi de ces chutes n’en est pas vraiment un puisqu’elles sont jetées avant même d’être posées.

Il évite tout de même à de l’isolant neuf de terminer en combustible.

Utiliser ces rebuts est très simple.

Cela demande un peu plus de temps à la pose mais reste très avantageux financièrement.

1 - La maison Feuillette dans le Loiret et la maison Monticello, de Thomas Jefferson, en Virginie, USA. www.build-green.fr/tout-savoir-sur-la-ouate-decellulose/ 2 - On peut avoir la rflexion inverse : prolonger en priorité la vie des matériaux qui ont le plus pollué lors de leur fabrication. Notre avis est qu’il ne faut pas pour autant en faire la promotion.

3 - www.construire-tendance.com/2016/07/06/ ouate-de-cellulose-20-ans-apres-elle-resteaussi-efficace/#

Isolation

Chutes de laine de bois produites par un chantier de maison individuelle et destinées à la benne.

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Associer différents isolants Il est parfois complexe de trouver une grande quantité d’un seul et même isolant. Des isolants différents mais similaires peuvent être utilisés dans un même espace lorsque leurs caractéristiques sont similaires : - même épaisseur - lambda similaire - mise en œuvre similaire.

Pour caractériser un isolant, on se base principalement sur la conductivité thermique, appelée lambda ( y ).

C’est le temps nécessaire à la chaleur pour traverser le matériau. Plus elle est basse, moins les matériaux transmettent la chaleur, donc plus ils isolent. C’est le lambda qui permet de calculer les autres coefficients comme la résistance thermique (R).

Certains isolants existent sous différentes formes : en vrac, en panneaux flexibles, en panneaux rigides ou semi-rigides…

Ouate cellulose y = 0,039 vrac

Fibre de bois y = 0,041 panneau rigide 30 mm

Laine de bois y = 0,036 panneau semi-rigide 60 à 200 mm

Laine de chanvre y = 0,040 panneau flexible

Laine de mouton y = 0,035 vrac

Laine de verre y = 0,040 panneau flexible

Liège compressé y = 0,040 panneau rigide 20 à 150 mm

Coton recyclé y = 0,039 panneau flexible 50 à 200 mm

Multicouche y = inconnu feuille souple 5 à 30 mm

Paille y = 0,052 sous forme de bottes

Dans notre exemple, nous avons utilisé deux laines végétales qui se mettent en œuvre pareillement : y y laine de chanvre = 0,040 et laine de bois = 0,036.

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Stocker l’isolant Avant le chantier Les travaux d’isolation se passent le plus souvent à la belle saison.

Il est donc généralement plus simple d’acheter ou de récupérer des chutes à cette période. Cela demande parfois de stocker l’isolant longtemps, jusqu’aux prochains beaux jours.

Il est primordial de bien le stocker à l’abri de l’humidité et d’éviter de le tasser.

Reconditionner l’isolant permet de le protéger, mais aussi de le trier par épaisseurs et dimensions, ce qui facilitera le chantier.

Un surplus de fibre de chanvre remballé hermétiquement de façon à le préserver des animaux qui pourraient s’y installer.

Chutes de laine de bois sur un chantier de maison individuelle, représentant environ 9 m3. Avec l’accord de l’entreprise posant l’isolant, nous avons récupéré celles de l’épaisseur adéquate à notre chantier, soit 3 m3.

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Organiser les chutes Pendant le chantier Gar

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Ces petites chutes de laine de bois ont été triées et rangées par des autoconstructeur.rices pendant leur chantier. Six sacs de 50 litres nous ont été donnés pour 1 euro symbolique.

Isolation

Noter sur les grandes longueurs leurs dimensions afin de les utiliser au plus juste. Pendant le chantier, on pose d’abord les lés les plus grands, avec les chutes les plus adéquates, puis on avance en décroissant.

On utilise les morceaux les plus ajustés à l’espace qu’il faut combler, quitte à ne pas avancer dans l’ordre de la pièce.

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Poser des chutes en vrac Les chutes de moins de 10 cm sont vues comme des déchets, elles sont pourtant parmi les plus simples et les plus rapides à poser.

Elles peuvent être utilisées en vrac, comme la laine de mouton.

Cela est adapté au plancher ou bien à l’isolation de combles puisqu’il y a moins de risque de tassage.

Ces chutes permettent aussi de boucher des espaces biscornus.

1 Verser et répartir uniformément

> 10 cm

avec les mains, sans tasser. Combler toutes interstices pour limiter les ponts thermiques. Veiller à ne pas dépasser l’épaisseur des montants bois. Déchirer au besoin les morceaux trop gros.

Le port du masque FFP3 est indispensable pour la pose d’isolant à base de fibre végétale.

2 C’est fini.

Dans notre cas, ces sacs, cédés par un particulier pour 1 € ont permis d’isoler une quinzaine de m2 (au lieu de +/-120 €).

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Poser des chutes côte à côte

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On assemble côte à côte différents morceaux d’épaisseurs identiques.

Les isolants produits en panneaux ont des largeurs normées de 60 cm.

Leurs chutes peuvent donc être assemblées très facilement. Il faut les sélectionner un peu grandes afin de les rentrer en force et éviter ainsi les ponts thermiques. Cela fonctionne bien en toiture, ou en mur avec des isolants denses (laine de bois).

Cette technique nécessite un peu plus de temps qu’une pose classique mais est très avantageuse financièrement.

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Quand préserver les ressources et réduire les déchets devient économique, beau et stimulant Le livre prodigue des conseils concrets pour construire soi-même en réemployant des matériaux déjà existants.

De la compréhension des matières à la transformation de fenêtres et la fabrication de peinture, en passant par l’utilisation de chutes d’isolants, toutes les étapes de la construction sont passées en revue. L’auteur et l’autrice donnent leurs conseils pour dégoter les matériaux, les stocker et organiser le chantier.

Pour toutes celles et ceux qui veulent gagner en autonomie, même les débutants en bricolage et en écoconstruction !

ISBN : 978-2-37922-161-3

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PRIX TTC FRANCE : 22

€