Extrait Le ménage au naturel - Éditions Ulmer

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Aurélie VALTAT

Le ménage au naturel Ingrédients biodégradables, locaux ou zéro déchet

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Sommaire 1 Pourquoi faire son ménage au naturel . . . . . . . . . . . . 11 C’est du propre !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 La face obscure du ménage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Changer de regard sur la propreté. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Les bonnes raisons de se lancer. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

2 Comment faire son ménage au naturel.. . . . . . . . . . . 31 Les secrets d’une paresseuse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Les ingrédients indispensables.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43 Les ingrédients bonus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 Les plantes phares du ménage au naturel.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60 Le matériel : naturel & recyclé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63 Le kit de départ. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72

3 Mes recettes & astuces de ménage au naturel. . . . . 77 Les sols & les plans de travail.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 Les vitres & les meubles en bois. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85 Le linge & les textiles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 La vaisselle & l’électroménager.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 Les canalisations & les joints. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115

Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120 Index A à Z des recettes & astuces naturelles. . . . . . . . . . . . . . . . . 122 Bibliographie & notes.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

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1 Pourquoi faire son ménage au naturel

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C’est du propre ! Cette maison est assez propre pour y être en bonne santé et assez sale pour y être heureux. Auteur anonyme

Quand j’habitais au Malawi, un petit pays d’Afrique australe, je n’avais pas de fenêtres. Ou plutôt j’avais des fenêtres à jalousie en verre qui ne se fermaient jamais complètement et étaient assorties de moustiquaires pour empêcher les petites bêtes de pénétrer dans la maison. Ma maison était donc loin d’être bien isolée. Et pourtant, mon intérieur n’a jamais été aussi sain que dans cette maison qui, tous les jours, était aérée naturellement et sans effort. Bien sûr, une maison ouverte aux quatre vents n’est pas adaptée à tous les climats. Mais on oublie souvent que l’important, pour avoir un intérieur sain, n’est pas seulement lié à ce qu’on n’y fait pas entrer, mais aussi à ce qu’on en laisse sortir.

le bush africain, on se lave parcimonieusement à l’eau et parfois avec des plantes qui contiennent des saponines, des molécules détergentes dont le nom dérive de la mousse semblable à celle du savon qu’elles produisent. La poussière et la terre ne sont pas considérées comme sales, et on fera un effort particulier pour être beau et propre pour aller à l’église ou à la mosquée une fois par semaine. Les maisons sont en torchis, les toits en chaume, et le tout respire. Le balai et la brosse à récurer sont les meilleurs amis de la ménagère, qui ne connaît guère d’autres outils pour nettoyer son modeste intérieur. Mais dès que ces villageois déménagent en ville, dans un environnement pourtant moins poussiéreux, plus « propre » selon nos critères modernes, ils s’équipent en produits ménagers de toutes sortes et utilisent des produits différents pour laver le linge, faire la vaisselle, nettoyer le sol et les W.-C, là où un seul produit suffisait à la campagne.

LA « DÉCOUVERTE » DE LA PROPRETÉ C’est aussi en Afrique que je me suis réellement rendue compte du lavage de cerveau qu’opère sur nous la société moderne à travers la notion de propreté. Au village, dans

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Par quel phénomène étrange notre rapport à la propreté évolue-t-il autant avec l’exode rural ? Comprendre ce phénomène va nous permettre de déconstruire notre rapport à la propreté et à l’hygiène pour porter un autre regard, libéré de certaines contraintes sociales et morales, sur notre environnement immédiat.

En Inde et à Bali (comme sur la photo ci-contre), on se purifie dans la mer, les rivières (comme le Gange) ou toute source d’eau sacrée. Dans l’islam et le judaïsme, les pratiquants font régulièrement des ablutions, qui sont des rites de purification par l’eau. Chez les peuples autochtones, la notion de propreté est également reliée au sacré, mais plus encore à la disponibilité de l’eau. Ainsi, il nous paraît aujourd’hui convenable, pour être considéré comme propre en Europe, de nous laver tous les jours. Or, nous apparaîtrons comme très propres aux yeux d’un Birman des contreforts de l’Himalaya, qui se lave une fois par mois peut-être, mais nous serons considérés comme sales par un Micronésien des îles du Pacifique, qui se baigne plusieurs fois par jour.

Vous voilà prévenu : ce livre propose un grand nettoyage de votre intérieur, non seulement celui que vous habitez, mais celui, plus intime, qui construit votre rapport au monde.

LA PURETÉ AVANT TOUT Ce jeu de mots entre la propreté de votre intérieur et la propreté spirituelle vous paraît facile, mais il reflète une réalité très ancienne. Pour mieux comprendre notre rapport à la propreté aujourd’hui, il nous faut tout d’abord faire un court voyage dans le temps. Depuis des temps immémoriaux, on associe en effet à la propreté la pureté religieuse. L’eau, que l’on retrouve dans les toilettes publiques (invention grecque) et dans les bains (romains, puis arabes), est une source majeure de purification religieuse tout autant qu’un plaisir voluptueux et une hygiène de vie. De nombreuses religions utilisent encore l’eau aujourd’hui pour se nettoyer le corps mais aussi se purifier intérieurement.

Ces exemples nous montrent que la notion de propreté se construit d’abord en fonction d’un contexte religieux, mais aussi environnemental.

L’ÂGE SOMBRE DE LA PROPRETÉ Quand on étudie l’histoire européenne, on parle souvent du Moyen-Âge comme d’un « âge sombre ». On l’associe à un déclin de la propreté. Or, si les gens continuent à se laver et à fréquenter les bains publics, surtout en ville,

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Bains purificateurs à la source sacrée de Tirta Empul à Bali. associée à la pureté, devient dangereuse. En effet, les médecins de l’époque, et plus encore à la Renaissance, pensent que c’est par l’eau et par les odeurs que les maladies arrivent.

jusqu’au xiiie siècle au moins, la propreté des espaces publics laisse fortement à désirer. Les rues et les rivières des villes (d’où l’on tire l’eau à boire) sont remplies de déchets que les gens jettent par la porte ou la fenêtre. Il faut attendre la Renaissance pour voir apparaître des « trottoirs », sortes de pistes pour chevaux et charrettes qui permettent d’éviter les tas d’ordures dans les rues.

On voit donc se développer la toilette sèche, mais aussi l’apparition de la mode, puisque l’on préfère changer de vêtements et cacher ses cheveux sous des perruques plutôt que de se laver à l’eau. Les parfums prennent également un nouvel essor. C’est aussi l’époque où l’on pense qu’une bonne couche de crasse protège le corps des maladies, ce qui en réalité n’a aucune influence sur notre état de santé.

C’est avec les épidémies de peste, et notamment celle de la peste noire de 1347, que la notion de propreté évolue de manière importante et que l’eau, auparavant

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L’hygiénisme n’est pas un concept nouveau, mais il connaît un renouveau à partir des années 1850. La notion d’hygiène avait émergé en effet dès la Grèce antique. Mais qu’est-ce que l’hygiène ? C’est tout simplement l’ensemble des mesures de prévention pour préserver sa santé. Le mot « hygiène » est dérivé du nom de la déesse grecque Hygie, qui est la déesse de la Santé et de la Propreté, mais aussi la fille d’Asclépios, le dieu de la Médecine. Son autre sœur, Panacée, est la déesse guérisseuse. On comprend donc que la santé dans l’Antiquité a deux pendants : le préventif, avec l’hygiène et la propreté, et le curatif, avec les traitements et les soins médicaux.

RENAISSANCE DE L’HYGIÈNE Il faut attendre le xixe siècle pour voir apparaître les notions de propreté et de ménage telles que nous les entendons aujourd’hui. La découverte fortuite du chlore en 1774, par le chimiste suédois Carl Wilhelm Scheele, ouvre la voie à l’invention de l’eau de Javel. Quant aux travaux de Louis Pasteur, inventeur du procédé de la pasteurisation et du vaccin contre la rage, entre autres, ils permettent de faire enfin connaissance avec les « microbes » et d’expliquer leur rôle dans la transmission des maladies infectieuses comme le choléra, le paludisme ou encore la tuberculose. Ses travaux ont une grande influence sur l’hygiénisme, un courant de pensée qui part du principe qu’une amélioration du milieu de vie des humains entraîne par ailleurs une amélioration de leur santé, quelle que soit leur catégorie sociale.

L’hygiénisme va, à son tour, influencer deux mouvements qui auront une vision très différente de la santé au xxe siècle, et qui vont également jouer sur la notion de propreté dans nos sociétés aujourd’hui : – les campagnes de santé publique, notamment celles pour éradiquer les maladies contagieuses et qui se concentrent sur la stérilisation du matériel, le lavage des mains et la vaccination comme outils de lutte contre les microbes – et la naturopathie, qui tire également ses origines de l’Antiquité grecque, et pour laquelle l’hygiénisme est l’un des principaux piliers.

On savait déjà à l’Antiquité qu’hygiène et propreté étaient des manières de prévenir l’apparition de certaines maladies.

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L’INVENTION DU MÉNAGE Avant l’hygiénisme, on n’imaginait pas bien comment notre environnement immédiat (l’eau que l’on consommait, l’air que l’on respirait, les personnes que l’on côtoyait) pouvait avoir un impact sur notre santé. Cela explique pourquoi je ne vous ai pas encore parlé de ménage, et pourquoi la propreté a d’abord et surtout concerné la propreté des corps et non celle des intérieurs. La seule notion de ménage qui pourrait s’apparenter à celle que nous connaissons aujourd’hui est la purification des lieux, que ce soit des lieux sacrés ou des foyers. Le nettoyage « spirituel » de ces lieux s’opérait par l’usage de plantes aromatiques, le thym, la sauge, le romarin autour de la Méditerranée, le santal, l’encens et la myrrhe en Inde, ou encore la sauge blanche, le tabac sacré et le cèdre chez les Amérindiens. La science a depuis démontré que ces plantes et oléorésines (encens, myrrhe, nard) contiennent des molécules anti-infectieuses qui permettent d’assainir l’atmosphère des lieux. Les Anciens pratiquaient donc bien un ménage qui allait au-delà de la dimension spirituelle ! Les bâtonnets de purification (« smudge stick » en anglais) faits de certaines de ces plantes connaissent d’ailleurs un regain de popularité aujourd’hui.

Les fumigations étaient traditionnellement utilisées pour purifier des espaces, aussi bien contre les miasmes que contre les esprits maléfiques. Pour conclure, la propreté est une notion éminemment culturelle et sociale, tandis que l’hygiène est une notion plus universelle, puisque basée sur une réalité scientifique. Mais ce n’est pas pour cela qu’il est facile de faire accepter des changements dans nos habitudes de tous les jours. Je parie d’ailleurs que les personnes qui se lavaient les mains après un passage aux toilettes étaient bien moins nombreuses avant la pandémie de Covid-19, alors que cela fait au moins cent ans que les campagnes de santé publique le recommandent.

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Ce guide va bouleverser votre vision du ménage au naturel et vous convaincre que moins, c’est mieux ! En effet, il ne s’agit pas seulement de dire non aux produits chimiques et au plastique dans nos intérieurs, mais aussi de questionner notre rapport à la propreté, avec son lot de clichés et d’idées fausses. Purifier l’atmosphère avec un bâtonnet de fumigation, utiliser du vinaigre blanc et du savon noir pour fabriquer un spray désinfectant de plan de travail, faire sa cire à er m l bois et apprendre à fabriquer un balai… Adoptez ns U o i t i les gestes et les recettes d simples qui respectent es é L votre santé et©celle de la planète. Diplomate, Aurélie Valtat a suivi une formation d’aromathérapie. Passionnée de plantes, elle explore depuis plusieurs années un mode de vie plus autonome et respectueux de la nature. Elle est l’autrice aux éditions Ulmer de La cuisine des arbres, de Fabriquer huiles, savons, dentifrices… et de La pharmacie naturelle (dans la même collection).

ISBN : 978-237922-317-4

Vivre avec une seule planète

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