Guillaume E. Lopez
@zenno.nature
Guillaume E. Lopez
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LES 30 CHAMPIGNONS
INCONTOURNABLES
LEURS BIENFAITS SUR LA SANTÉ & LE BIEN-ÊTRE
Les champignons sont toujours très présents dans notre pharmacopée, et l’industrie n’a jamais cessé d’utiliser les prodiges fongiques pour en extraire de nombreux médicaments et principes actifs. De la nouvelle molécule anticancéreuse (paclitaxel), en passant par les médicaments anti-rejet après une greffe d’organe comme la cyclosporine, de nombreux antibiotiques comme la pénicilline ou les céphalosporines jusqu’à la sélection de souches de levures pour la production de vitamines, d’enzymes ou de pigments, les Fungi sont des acteurs majeurs des biotechnologies médicales.
Zoom sur ces différentes molécules porteuses de nombreux espoirs.
La chitine est une version « animale » de la cellulose, le constituant principal de la paroi cellulaire de nombreux végétaux, et aussi la molécule organique la plus abondante sur terre. Chitine et cellulose partagent une structure similaire à la manière d’un collier de perles en enfilade : soit les perles sont faites d’un sucre simple, le glucose, il s’agit alors de cellulose ; soit les perles sont faites d’un sucre glucose qui contient une base azotée, la glucosamine, auquel cas la molécule qui en résulte s’appelle la chitine. La différence se situe donc dans la base azotée : là où les plantes, immobiles, ont du mal à s’approvisionner en azote et dirigent ce dernier préférentiellement vers la fabrication de chlorophylle essentielle à la photosynthèse, les êtres plus mobiles tel que les Fungi, les arthropodes (crustacés et insectes), les mollusques comme les céphalopodes (calamars ou seiches) n’ont pas ce souci. Ils peuvent allègrement utiliser l’azote pour produire de la chitine leur permettant de former des structures rigides comme une carapace, un exosquelette, de la nacre ou encore un bec dans le cas des céphalopodes. Chaque année, les animaux et les Fungi, zooplancton en tête, produiraient autour d’un milliard de tonnes de chitine, ce qui en fait le second biopolymère le plus abondant, juste derrière sa cousine végétale, la cellulose. Pour nous, humains, la chitine comme la cellulose sont des fibres, autrement dit des molécules que nous sommes incapables de digérer, et qui vont accompagner notre nourriture tout au long de notre digestion pour finir dans les selles. Comme chacun le sait, les fibres en quantité raisonnable sont importantes pour notre santé, avec des propriétés différentes en fonction du type de fibre. Dans le cas de la chitine, sa forme purifiée et commercialisée sous le nom de chitosan se lie à certains acides gras les rendant indigestes pour notre organisme. Concrètement, cela signifie que votre corps absorbera moins de graisses et donc moins de calories. L’effet a pourtant été qualifié de marginal, n’impliquant pas une perte de poids significative.
La chitine a également la capacité de capter les métaux, ce qui laisse le débat ouvert sur de potentiels bénéfices ou
Les champignons médicinaux peuvent être consommés sous plusieurs formes : la forme brute cueillie ou achetée, mais toujours cuisinée, car les champignons crus contiennent souvent des toxines instables à la chaleur qui sont détruites pendant la cuisson. La seconde forme, c’est celle des compléments alimentaires, dont le marché est aujourd’hui en pleine croissance et se diversifie pour s’immiscer dans des produits de notre quotidien, des bonbons gummies aux cafés agrémentés de champignons en passant par certains cosmétiques. Il est aussi possible de revenir à des savoirs plus traditionnels et de concocter des préparations maison à base de champignons. Zoom sur ces différents modes d’utilisation.
Vous les trouverez sur les étals de votre producteur local ou dans votre coin aux champignons pour les plus téméraires, passionnés ou même ceux qui sont la recherche d’une activité du week-end joignant l’utile à l’agréable. L’accès à des champignons bruts de qualité est dans tous les cas la voie royale, car souvent la moins chère, en circuit court, et à la traçabilité irréprochable.
Pour se procurer les champignons, il y a plusieurs méthodes. La première et la moins coûteuse est bien évidemment de partir en cueillette pour récolter, avec un peu de chance et de connaissances, l’espèce qui vous intéresse.
Si vous ne voulez pas ou ne pouvez pas pour diverses raisons procéder à la cueillette (champignon rare, indisponible en Europe, zones aux abords de chez vous trop polluées ou encore manque de connaissances pour la récolte sauvage), vous pouvez vous tourner vers un vendeur de mycélium de champignon sur grain, sur chevilles ou en ballot de culture afin de pouvoir faire vousmême la production contrôlée de l’espèce qui vous intéresse – les méthodes de culture artisanales de champignons dépassent le cadre de ce livre, mais il existe déjà des ouvrages et des ressources sur internet à ce sujet, dont mon compte Instagram zenno.nature.
En dernier recours, il est possible d’acheter des champignons en magasin bio, ou sur internet, auprès d’un producteur sérieux – les variétés revendues sont généralement plutôt restreintes.
Certains champignons présents dans ce guide ne sont pas commercialisés pour différentes raisons : la réglementation européenne Novel food (voir encadré ci-après), un marché encore immature ne proposant pas le champignon en question, ou simplement l’écologie dudit champignon qui ne permet pas sa culture et donc en limite la commercialisation. Il arrive aussi que la qualité
que vous serez capable de récolter en sauvage soit bien meilleure que celle proposée par un vendeur de compléments alimentaires. Pour cette raison, il est intéressant de ramasser certaines espèces pour confectionner vos propres préparations.
Lors de la cueillette, soyez vigilant quant au lieu de récolte qui ne doit pas être contaminé. Évitez à tout prix les anciennes friches industrielles, les abords de cours d’eau pollués et les zones connues pour leur contamination importante.
Certaines espèces présentes dans ce livre sont également rares et protégées. Si vous les trouvez en milieu sauvage, veillez à ne pas récolter l’intégralité du carpophore, le fruit fongique d’où partent les spores.
SUR BÛCHE OU SUR BALLOT
On sélectionne un fragment de champignon que l’on veut cultiver et le mettant dans des conditions stériles de laboratoire.
Là, on va amplifier la souche en la cultivant sur un substrat digeste comme du grain dont on pourra ensuite se servir soit dans des ballots de culture, soit pour ensemencer des chevilles qui serviront elles-mêmes à inoculer des rondins de bois.
Aujourd’hui, la réglementation européenne freine grandement le nombre de champignons médicinaux que peuvent proposer les commerces en Europe. En cause : une directive appelée « Novel food » (« Nouvelle nourriture »). Cette directive stipule que toute denrée alimentaire non consommée de manière significative par les humains avant 1997, date de la première régulation Novel food, est considérée comme une « nouvelle nourriture » qui doit faire ses preuves pour être commercialisée sur le marché européen. Le souci est que cette procédure coûte cher, et représente une barrière d’entrée sur le marché pour de nombreuses petites initiatives innovantes qui cherchent à proposer des produits sains sur le marché, a contrario des gros acteurs déjà bien installés qui ont eux pignon sur rue pour rafler la mise. En d’autres termes, cela favorise les Goliath et pénalise les David.
Bien sûr, tout n’est pas négatif dans cette directive, car il est vrai qu’elle peut aussi servir à protéger le consommateur européen de la consommation d’additifs nouveaux, des OGM et autres sorcelleries d’industriels peu scrupuleux… mais encore une fois, ce qui peut être une formalité pour un industriel sans scrupule est souvent un parcours du combattant sans issue pour une petite entreprise vertueuse et morale.
Toujours est-il que de nombreux champignons médicinaux sont considérés comme des novels food, et à ce titre ne peuvent pas être commercialisés sur le marché européen, bien qu’ils soient parfois importés et proposés à la vente par certains sites de parapharmacie.
De plus, les formes de compléments à base de mycélium sont généralement plus susceptibles d’être classés « Novel food » alors que le Carpophore est lui approuvé pour la consommation. C’est le cas par exemple de l’Hydne hérisson (Hericium erinceus), dont le mycélium est classé Novel food, mais pas le carpophore.
Pour vérifier le statut d’un champignon, voici l’URL du catalogue Novel food dans lequel vous devrez entrer le nom latin du champignon que vous cherchez. Certains champignons de ce livre sont encore inconnus dans cette base de données européenne. Pionniers, avançons !
principaux principes actifs : triterpènes et terpénoïdes, polysaccharides
autre nom vernaculaire : Ganoderma
autres noms latin : Ganoderma lingzhi Ganoderma sichuanense
principaux usages
• allergie
• anxiété
• cancérologie
• détoxication du foie
• diabète
• hypertension
• insomnie
Riche de près de 400 principes actifs1, le Reishi est sans aucun doute le champignon médicinal le plus populaire au monde. Ses propriétés sont innombrables.
C’est le représentant emblématique de la famille des Ganoderma, le plus étudié du fait de son ancrage culturel dans la pharmacopée de nombreux pays d’Asie.
Au Japon, le Reishi porte deux noms : reishi, qui serait une déformation du chinois, et man nen také, qui signifie littéralement champignon de 10 000 ans, en célébration de ces bénéfices santé. Ce nom s’applique à tous les Ganoderma, réputés favoriser la longévité, ce qui n’est pas sans faire écho aux nombreuses vertus du Reishi dont la description par les herboristes chinois remonte à plus de 2 400 ans.
Le Reishi est l’un des champignons les plus communs sous forme de compléments alimentaires, mais aussi l’un des plus falsifiés. 93 % des produits commercialisés à base de Reishi ne sont pas issus du Ganoderma lucidum, mais plutôt du G. lingzhi, un proche cousin asiatique aux propriétés médicinales tout aussi efficaces2, associé avec d’autres espèces de Ganoderma bien moins étudiées. Plus problématique encore, il semble que seuls 26 % des compléments alimentaires de Reishi disponibles sur le marché américain contiennent la quantité de principes actifs annoncée sur leur étiquette (à défaut de disposer d’analyses pour le marché européen)3. Dans un cadre aussi flou, la meilleure solution est de limiter les intermédiaires et de revenir à la confiance. Vous pouvez
➋ Reishi de Dordogne. La cuticule brillante est bien visible, elle est caractéristique du genre Ganoderma (ganos signifie "briller" en grec, et derma rappelle "le derme", autrement dit, "la peau".)
➌ Les spores sont expulsés de manière anarchique et forment une poussière brune autour et sur le chapeau du champignon.
➍ L’amertume de l’extrait aqueux de Ganoderma ne dénature que très peu le goût du café.
principaux principes actifs : héricénones, érinacines (terpénoïdes), bêta-glucanes
autres noms vernaculaires : Hydne hérisson, Lion’s mane (crinière de lion), Yambushitaké (champignon des moines des montagnes)
principaux usages
• Anxiété
• Dépression
• Dommages nerveux
• Neurologie
• Ulcères gastriques
Ce champignon à la forme caractéristique de crinière de lion (d’où son nom vernaculaire anglais) ou de fesse de chevreuil pour les Coréens possède des propriétés médicinales reconnues. Pour moi, l’Héricium est le gardien de nos deux cerveaux, l’encéphale et nos intestins.
QUI NOURRIT L’ESPRIT
Le terme nootrope vient du grec ancien nóos qui signifie « psyché, esprit » et du suffixe -trope, de tropos « direction, orientation ». Les substances nootropes ont le vent en poupe dans l’environnement marketing actuel en quête de performance et d’alternatives naturelles aux amphétamines qui traitent notamment les troubles de l’attention. Les nootropes regroupent une série de substances qui activent et optimisent le fonctionnement
de notre esprit en améliorant la concentration, aident à la mémorisation, régulent nos humeurs, etc., le tout sans effet secondaire. Parmi les nootropes, il y a des substances et des aliments déjà bien connus de tous comme la caféine, le cacao, le ginkgo biloba (extraits des feuilles de l’arbre) et plus étonnant encore, la nicotine, un neuroprotecteur reconnu1. L’Héricium s’ajoute donc à la liste de ces substances permettant de protéger et d’améliorer notre esprit.
L’Héricium gagne en popularité d’année en année pour ses propriétés neurostimulantes. Différents extraits du carpophore et du mycélium sont étudiés pour faire face aux maladies neurodégénératives et à la dépression2. Il mène la charge de la nouvelle révolution des champignons
J’ai eu la chance de trouver, à deux reprises, ce magnifique spécimen sauvage d’Héricium en Dordogne. On voit nettement les aiguillons qui font penser au hérisson ou à une crinière de lion.
Prisés depuis des millénaires par les médecines orientales, les champignons sont, grâce à leurs nombreuses propriétés thérapeutiques, de précieux alliés pour une vie en pleine forme.
Guillaume E. Lopez, alias @zenno.nature, mycologue et naturopathe, a interrogé des chercheurs taïwanais et japonais, sillonné les étals des marchés nippons et parcouru les forêts françaises : études scientifiques à l’appui, il présente dans ce guide tous les bienfaits des champignons sur notre santé et notre bien-être.
• Les nombreux pouvoirs cachés des champignons. Apprendre à cueillir et à utiliser les champignons médicinaux, découvrir leurs principales molécules actives, bien choisir ses compléments alimentaires à base de champignons, concocter ses préparations maison. Tout ce qu’il faut connaître pour maîtriser la mycothérapie.
• De A à Z, une fiche détaillée par champignon. Retrouver les informations essentielles et les clés d’identification (nom vernaculaire, nom latin, propriétés médicinales, principaux usages, précautions d’utilisation et conseils de cueillette) pour bénéficier de tous les bienfaits des champignons au quotidien.
• Les 30 champignons médicinaux incontournables. De l’Héricium, le booster de nos neurones, au Champignon noir, le tonique fluidifiant, en passant par le Reishi, la fontaine de jouvence, ou au Polypore soufré, le gardien du microbiome, l’auteur présente les champignons essentiels à notre santé et à notre bien-être que l’on peut pour la plupart facilement cueillir dans nos régions.
ISBN : 978-2-37922-350-1
PRIX TTC FRANCE : 22,90 €
éditeur du vivant