Repenser la rencontre avec les animaux
SOMMAIRE
Lettre aux animaux 15
Prologue 21
1. Trois sésames 31
Je est un perroquet gris du Gabon capable de compter jusqu’à six 32
Je est une fourmi champignonniste capable de jardiner 34
Je est un orang-outan capable de soigner ses plaies 36
Je est un narval adopté par un clan de bélougas 38
2. Intersections politiques 41
Je est un blaireau tétanisé par la peur 42
Je est un héron des villes 45
Je est un martinet épargné 47
3. Je pense, donc je est 51
Je est un manchot empereur sous Alexandre le Grand 52
Je pense, donc je est un gorille 54
Je est un cachalot pris pour un dragon 56
Je est une oie dont la mère est un homme 58
Je est un bourdon repu 60
4. Les juristes au chevet des animaux 63
Je est une dinde exfiltrée d’un élevage 65
Je est un chaton immatriculé auprès du ministère de l’Agriculture 67
Je est un cygne anonyme 70
5. Puissance des médias spécistes 73
Je est un éléphant névrosé 76
Je est un faon endeuillé 77
Je est une panthère des neiges sans pouvoirs mystiques 78
Je est un chimpanzé habitué aux caméras 81
Je est une vache prolétaire 84
6. Histoire de nos mauvais réflexes 87
Je est un saumon revenu dans l’Allier depuis le Groenland 89
Je est un raton laveur pas plus instinctif qu’un humain 91
Je est un ours kodiak restant à distance raisonnable des villes 94
Je est un bélouga qui n’est personne, contrairement à son fleuve 98
Je est un singe laineux pris pour une déesse 99
Je est un âne dans les Cévennes 101
Je est un lapin blanc dans le Diois 102
Je est une couleuvre à collier assoiffée 105
Je est une otarie surprise par une orque 107
Je est un numbat heureux 110
7. Fantasmagories contemporaines 113
Je est un goéland apprivoisé par une chienne 114
Je est une chauve-souris écoutée pour la première fois 117
Je est une fourmi sur une plante carnivore 118
Je est une truie n’ayant signé aucun contrat 122
Je est un veau né les sabots liés 125
Je est un agneau, pas de la viande 127
Je est un escargot endormi au mauvais endroit 129
8. Respecter le passé les yeux ouverts 133
Je est un puma sacrifié au sommet des pyramides 135
Je est un cerf élaphe abattu par une flèche 138
Interlude 143
9. Sentience sans conscience
n’est que ruine de l’âme 147
Je est un albatros amoureux 149
Je est un scarabée plus proche des humains que des méduses 150
Je est une libellule consciente 154
Je est une baleine à bosse compréhensible 156
Je n’est pas une étoile de mer 159
Je est un tapir surpris par le flash 160
Je est un humain pétri de préjugés 162
Je est un lapin bélier conscient de ses bêtises 164
Je est un puffin cendré exaspéré 168
Je est un animal considéré pour ce qu’il a toujours été 170
10. Humanités animales 173
Je est un chien traité mieux qu’un chien 174
Je est un dromadaire abruti par la solitude 176
Je est un pigeon blessé dont le sauvetage fait débat 180
Je est une chatte ne connaissant que le confort humain 182
Je est un cheval et un petit frère aussi 183
11. Gradualité de la conscience 189
Je est un bonobo vu comme un animal 192
Je est un lézard plus simplement qu’un gorille 195
Épilogue 199
Lettre aux animaux 202
Sources 207
Remerciements 213
1. TROIS SÉSAMES
On parle beaucoup de l’intelligence des corvidés, mais les canards n’ont rien à leur envier : les manifestations de la leur sont juste moins spectaculaires. À Cambridge, les pies sautillantes se posent par couples dans l’herbe des collèges et regardent passer les portées de canetons sprintant derrière leur mère. Celle-ci les compte. Ils occupent son esprit en permanence, de même que leurs piaillements à nuls autres pareils, qu’elle saurait reconnaître au milieu de n’importe quel boucan. Les pies ne sont pas forcément admiratives de cela ; nous pouvons l’être à leur place. Ce soir, Stephen Hawking, sur son fauteuil, passe devant les oisillons éberlués, surveillés par leur mère. Nous sommes le 7 juillet 2012, et le célèbre astrophysicien quitte un cycle de conférences sur la conscience animale. À son terme, trois neuroscientifiques ont promulgué la « Déclaration de Cambridge sur la conscience ». Après avoir rejoint son hôtel, Stephen Hawking, qui n’est pas du genre à mettre son nom en bas de n’importe quelle pétition, y apposera sa signature également.
Je est un perroquet gris du Gabon capable de compter jusqu’à six
Entre autres cosignataires se trouve Irene Pepperberg. En juillet 2012, Alex, un perroquet gris à qui elle avait enseigné une centaine de mots anglais, ainsi qu’à compter jusqu’à six, était mort depuis cinq ans, tout juste trentenaire. Il appartenait à une espèce qu’il est encore légal, aujourd’hui, d’enfermer dans des cages et d’exhiber en animalerie. Face aux murs d’aquariums et aux parterres de hamsters et de lapins nains, on trouve encore en France, derrière les barreaux, des perruches inséparables à quinze euros, des canaris à vingt-cinq et des perroquets gris du Gabon autour de mille euros. Près du prix, un écriteau indique « Ne pas glisser les
doigts dans la cage ». Risque de morsure. Rien d’autre. Alors, oui, Irene Pepperberg signe la Déclaration de Cambridge sur la conscience, ayant été témoin de celle d’un oiseau pendant trois décennies. Voici le texte complet :
L’absence de néocortex ne semble pas empêcher un organisme d’éprouver des états affectifs. Des données convergentes indiquent que les animaux non humains possèdent les substrats neuroanatomiques, neurochimiques et neurophysiologiques des états conscients, ainsi que la capacité de se livrer à des comportements intentionnels. Par conséquent, la force des preuves nous amène à conclure que les humains ne sont pas seuls à posséder les substrats neurologiques de la conscience. Des animaux non humains, notamment l’ensemble des mammifères et des oiseaux, ainsi que de nombreuses autres espèces, telles que les pieuvres, possèdent également ces substrats neurologiques.
Le néocortex est la couche externe du cerveau où, chez les mammifères et les oiseaux, se joue le gros de la conscience. En 2012, sa mention laissait ouverte la possibilité que les poissons, les amphibiens, les reptiles et les insectes soient conscients aussi, même dénués dudit néocortex… C’est ce que la Déclaration de New York viendra confirmer douze ans plus tard, nous épargnant d’avoir encore à feindre de douter pour nous donner l’air humble. Le 19 avril 2024, Irene Pepperberg figurait ainsi parmi les signataires de la Déclaration de New York, qui étendait la reconnaissance d’« au minimum une possibilité réaliste » de conscience à l’ensemble des vertébrés (reptiles et poissons compris) et aux insectes, tout en réaffirmant le recours à la conscience pour désigner les états mentaux des animaux. Les céphalopodes (pieuvres, calmars, seiches), déjà mentionnés en 2012, étaient toujours concernés, cela va sans dire.
Si la Déclaration de New York a le mérite de reconnaître qu’une part gigantesque du règne animal partage avec nous le royaume de la conscience (l’intégralité des poissons et des insectes, quand même !), c’est celle de Cambridge qui marqua le moment crucial du changement de paradigme. Elle autorisait, voire encourageait, à parler de conscience pour désigner les états mentaux des animaux, et non plus seulement de « sentience », sorte de conscience a minima, mot employé jusqu’alors pour désigner la capacité de se percevoir comme sujet de sa propre vie. De telles déclarations sont des sésames. Elles nous ouvrent la porte d’un chemin que nous n’osions pas emprunter. Elles nous autorisent à nous dire : les animaux sont comme nous. Elles nous autorisent à les approcher, sinon physiquement, du moins en esprit. Tous. Même les plus improbables.
Je est une fourmi champignonniste capable de jardiner
Dans les pelouses et les parcs de Cambridge, d’autres consciences que celles des doctorants, des pies et des canards profitent du soleil. Des animaux vieux comme les dinosaures vaquent à leurs occupations : les fourmis. Du point de vue des oiseaux en vol, elles sont comme des humains en miniature. Agitées en permanence, allant et venant trop vite pour que puisse émaner la moindre cohérence. Toutes semblables, et pourtant capables de se reconnaître, s’arrêtant brièvement pour se saluer d’un échange de phéromones ou d’un contact d’antennes, comme les doctorants s’échangent quelques sons ou une poignée de main.
Nous avons longtemps cru devoir temporiser notre perception de l’intelligence des insectes, parler de ganglions cérébroïdes plutôt que de cerveau. C’est juste qu’il nous
manquait les outils pour zoomer. Bienvenue dans la jungle du réel : le cerveau des fourmis est constitué d’un hémisphère droit et d’un hémisphère gauche, chacun composé d’aires cérébrales distinctes. Ce ne sont pas les neurones indépendants d’un super-organisme que serait la fourmilière, non : lorsqu’elle perçoit son environnement, chaque fourmi en pense quelque chose. Elle n’en pense peut-être pas grandchose, elle n’en pense peut-être pas autant que Stephen Hawking, mais ses pensées lui appartiennent à elle, petit être de chitine et d’oxygène. Non, toutes les consciences ne sont pas les mêmes, ni toutes aussi complexes. La Déclaration de Cambridge et celle de New York sont claires sur ce point. Nous ne nous mettrons pas à laisser proliférer les drosophiles dans notre cuisine ou à nourrir les moustiques en leur tendant les bras, comme l’ont préconisé certains humoristes satiriques, mais si nous nous retrouvons sur une île déserte avec un cochon, un singe ou un iguane, nous ne pourrons plus résoudre le problème du cannibalisme aussi expéditivement qu’avant. Ce qui compte, c’est de nous habituer à ces pas en avant, de les garder en mémoire et de nous demander comment nous pourrions, raisonnablement, faire en sorte que ces nouveaux horizons neuroscientifiques enrichissent notre expérience du monde et de la fréquentation des bêtes.
Au fil des décennies qui s’annoncent, je vous en donne ma parole, toutes les études concernant la cognition des insectes nous conforteront dans ce choix de parler de conscience chez eux aussi. Les abeilles ne nous le diront jamais, mais elles apprécieront de nous voir admettre que ce n’est pas par l’action du Saint-Esprit qu’elles retrouvent le chemin de leur ruche et indiquent à leurs semblables où se situent les fleurs, mais bien parce qu’elles y réfléchissent. De l’autre côté de l’océan Atlantique, les fourmis du genre Atta ne se contentent pas de découper des feuilles et de les transporter, elles sont capables de cultiver des bactéries comme nous cultivons des
2. INTERSECTIONS POLITIQUES
Si les 550 signataires de la Déclaration de Montréal avaient été rois et reines de 550 pays, nul doute que l’industrie de la viande, redoutable complexe animalo-industriel, aurait pris du plomb dans l’aile à l’automne 2022. Tel est le lot de ces déclarations, précieux sésames dont le rôle n’est que de nous guider, hors des foules et des peuples, nous qui cherchons à connaître l’esprit des bêtes par l’intérieur : elles émanent de bulles universitaires, aussi éloignées de la vie quotidienne des humains que de celles des animaux. Rien n’est jamais acquis à l’homme, son humanité moins encore que le reste. Nos progrès scientifiques, comme nos avancées morales, sont mortels. Ce sont des chênes millénaires qu’un coup de tronçonneuse pourra toujours abattre. Si nous n’entretenons pas le savoir, n’attisons pas la bonté, nous retomberons dans la tourmente en une fraction d’existence, emportant avec nous l’ensemble de la faune. Ce rôle de sauvegarde civilisationnelle appartient au domaine politique, et il est temps que d’autres espèces rejoignent notre jardin à leur tour. Tandis que les cétacés, les gnous et les oiseaux migrent, que les louveteaux et les grenouilles se chamaillent, que les chèvres, comme des chats, escaladent tout ce qu’elles peuvent, à quoi s’occupent les humains, maîtres et possesseurs de leurs destins à tous ?
Je est un blaireau tétanisé de peur
Au Portugal, en Allemagne, aux Pays-Bas, en France, des partis politiques dédiés aux animaux ont vu le jour. De la même manière qu’au début du xxie siècle, les partis écologistes furent la force de traction qui contraignit les autres partis à se positionner sur la question de la protection de l’environnement. Les nouveaux partis animalistes jouent la même carte, à cela près que, cette fois, l’objectif est concret : faire des animaux des citoyens aussi. Des citoyens
mineurs, des gens qui ne votent pas, et pourtant une foule qui mérite des droits. Opposés au spécisme, ces partis sont antispécistes – même si, s’adressant au plus grand nombre, la plupart d’entre eux s’épargnent le recours à ce terme. Peu importe. Les animaux se fichent des étiquettes. En France, il y a urgence : il est encore permis d’arracher à leur logis les blaireaux, paisibles animaux, au moyen de pinces métalliques. Les hommes profitant de cette béance dans les lois, censées juguler le sadisme, civiliser les peuples, comptent parmi les plus cruels que notre droit tolère. L’on ne peut rien, légalement, contre l’auteur de sévices commis sur l’un de ces animaux.
Je est un blaireau, l’un des rares mammifères monogames. Je partage mon terrier avec le partenaire que je me suis choisi, ainsi que les petits que nous élevons ensemble. Actif la nuit, assoupi le jour, je suis réveillé par les aboiements d’une meute de chiens, une meute de chiens légale, et je ne sais plus rien d’autre que ma terreur. Ces chiens saisissent mes petits devant moi, qui ne peux rien pour eux, et j’écoute leurs cris tandis qu’ils finissent déchirés par des coups de mâchoire, des coups de mâchoire légaux. Je reste au fond de ma tanière, j’espère que c’est fini, mais les chasseurs creusent et des pinces m’étranglent. Je reçois des coups de couteau, et ces coups de couteau sont légaux.
Dans les hémicycles où s’écrivent les lois, rares sont les humains qui acceptent de telles tortures, mais la plupart se taisent, ou attendent. Il y a plus grave, toujours plus grave, que ce que l’on inflige aux habitants des bois. Des humains souffrent, femmes, enfants, réfugiés. À la fin du xxe siècle, les partis écologistes ont amené le souci de la planète au centre du tableau, réclamant une autre protection pour les espèces sauvages, suggérant une nouvelle forme de priorité.
Aujourd’hui, les partis animalistes musclent ces revendications, réclamant une autre protection pour les individus sauvages. À leur tour d’être force de traction et d’amener les autres, tous bords confondus, à se positionner sur la question animale, et pas seulement environnementale. Les blaireaux ne le savent pas, mais ils n’attendent que ça. Depuis 2016 et la naissance du Parti animaliste, une loi contre la maltraitance animale est passée, portée par un député de centre-droit, et un colloque sur la corrélation entre violences sur les personnes vulnérables et violences sur les animaux a été organisé par un député de droite. En un mot, il ne reste guère que l’extrême droite pour se vanter encore de pratiquer la chasse ou la corrida, sans toucher à un poil de l’agrobusiness. Parti des écosystèmes, le souci politique s’est resserré sur les êtres conscients. Comme s’il avait suffi de vingt ans pour admettre qu’au lieu d’éviter la chute il ne nous reste plus qu’à préserver les miettes : les êtres vivotant dans notre empire en ruine. Animalistes, écologistes, de plus en plus de militantes et de militants renoncent ainsi à manger des animaux, même s’il ne s’agit pas d’espèces en danger. Leurs raisons sont environnementales aussi bien que morales : les abattoirs polluent et ce sont des lieux injustes. Il y a fort à parier qu’à la mi-temps du siècle les écologistes seront majoritairement végétariens, ou véganes. Espérons qu’ils seront aussi antispécistes. En effet, quelle écologie peut exister dans un monde où l’on ne voit plus les étoiles la nuit ? Quand nous nous étonnons de croiser des animaux sauvages là où ceux-ci représentaient la norme il y a deux siècles à peine ? Certainement pas une écologie handicapée par le carnivorisme, qui hésite à retirer aux humains le pouvoir qu’ils ont usurpé sur la vache et sur le cheval. Défendre l’élevage – et donc les abattoirs –, même au nom de considérations liées à la qualité de vie des travailleurs et des travailleuses, est impensable chez quiconque garde en tête que les animaux
sont des êtres conscients. Ce n’est pas une question de pureté, mais de sincérité. L’antispécisme peut s’armer de patience, il peut prendre en compte le principe de réalité et prôner la disparition des élevages intensifs d’abord, mais défendre activement l’exploitation animale, même au nom de considérations humanistes, est une impossibilité. Ce blaireau martyrisé pourrait être un renard, une martre ou un sanglier, autant d’animaux qui se moquent éperdument du bord politique de leurs défenseurs. Cette fédération animaliste, transcendant les catégories sociales, avait été annoncée, mais on pensa longtemps qu’elle serait une classe écologiste, soucieuse de la survie de l’humain sur la planète Terre, cette dernière ne se préoccupant guère non plus du positionnement de ses habitants sur l’échiquier politique. Que dit ce glissement de l’écologie à l’animalisme ? Qu’il y a vingt ans nous espérions sauver la planète. Aujourd’hui, les blaireaux. L’objectif est plus humble. Nous avions besoin d’optimisme ; nous l’avons retrouvé en replaçant le combat à hauteur d’animal.
Je est un héron des villes
L’immense mafia spéciste, des promoteurs de l’élevage intensif aux chasseurs à l’arc, des toréadors aux marchands de foie gras, ne distingue pas la couleur de ses ennemis. Elle charge. Je est une oie gavée. Un ragondin mutilé. Un taureau perforé, qui pensait venir jouer. Ses adversaires se fédèrent : si, il y a vingt-cinq ans, les écologistes réclamaient moins de jours de chasse, ils militent désormais pour que ceux-ci deviennent l’exception, rejoignant par là les militants animalistes, pour qui la chasse doit être interdite, tout comme les combats de gladiateurs ou les sacrifices humains : on ne s’amuse pas du martyre des plus faibles. Comment tergiverser là-dessus ? On
Je vous survole, je file entre vos pieds, je respire sous l’eau, je vous coupe le souffle. En moi, vous reconnaissez la merveille. Vous respectez aussi le mystère, comme s’il existait, de votre « je » au mien, une frontière que vous n’osez franchir. Par prudence, par réflexe, par philosophie, vous restez à distance de moi. À quoi bon ? Vous pouvez m’approcher.
Que je sois moineau, fourmi, requin, orque, primate, je partage avec vous l’éclat vital, improbable et vertigineux, de la conscience. Quiconque a vécu auprès d’un animal connaît ce grand secret, que la science permet aujourd’hui de clamer haut et fort : nous, animaux, sommes des gens aussi. Conscients, pensants, précieux. Concevons alors un monde où, après des siècles d’hésitations, l’humanité des animaux est enfin reconnue.
D’empire humain, la planète peut devenir ce territoire immense où se croisent et se rencontrent des myriades d’intelligences, de personnes, de familles, de peuples. Dans des milliards de têtes multiformes, au fil d’existences d’un jour, de dix ans ou de deux siècles, quelque chose dit « je » : je est un animal.
CAMILLE BRUNEL se consacre à la cause animale depuis 2014, en littérature comme en politique. Ses romans (la Guérilla des animaux, 2018) ou ses essais (Éloge de la baleine, 2022) constituent autant de bestiaires où une faune toujours reconsidérée prend le devant de la scène, cherchant une réponse à la question cruciale : comment rendre justice aux animaux ?