Jardins
Brigitte & Philippe Perdereau, Didier Willery
CONTEMPORAINS É PU R É S SCU LP TÉ S N ATU R A LI S TE S
introduction p. 7
JARDINS ÉPURÉS ET GRAPHIQUES Simplicité et transparences p. 12 Le strict minimum p. 20 Réhabilitation minimale et efficace p. 24 L’essence du romantisme p. 30 Le jardin « cocon » par excellence p. 36 Sur la colline p. 42 Pour un entretien minimal p. 52 Comme posé sur l’eau p. 56 Des grilles et des lignes p. 62 Au cœur de la pinède p. 68 Minimaliste et méditatif p. 72 Éco-nomique et éco-logique p. 82 De simples blocs de vivaces p. 88
Leonitis leonurus, une vivace très graphique. Jardin privé, Jakobstuin, Nord des Pays Bas Conception : Jaap de Vries (propriétaire) page précédente
Jardin sculpté et mis en scène. Jardin privé, Saint-Rémy-de-Provence Conception : Dominique Lafourcade (paysagiste)
SOMMAIRE
JARDINS SCULPTÉS ET MODELÉS
JARDINS NATURALISTES ET SAUVAGES
Sculptures fixes et mobiles p. 98
La vie en vert p. 212
Grandiose simplicité p. 104
Fondu dans la nature p. 216
Structuré, orientalisant et spontané p. 110
Au milieu des arbres p. 220
Une structure sculptée p. 118
Sur le rocher p. 224
L’esprit des Flandres p. 124
La nature en poche p. 232
L’art de la mise en scène p. 130
Tout bio p. 238
Rigueur et fantaisies p. 136
D’un naturel passionné p. 246
Une antichambre « néoclassique » p. 142
Retour aux sources p. 256
Une clôture toute modelée p. 148
Wildside p. 262
Fantasque et décalé p. 152
Un pré fleuri p. 270
Un écrin pour un bassin p. 160
Vagues de vivaces p. 278
Comme dans un rêve p. 166
Vivaces ensauvagées p. 286
Classissisme et fantaisie p. 174
Un jardin-prairie p. 296
Une garrigue japonisante p. 182
Nouvelle vague p. 302
Un labyrinthe 3d en couleurs p. 188
Des plantes actives p. 310
Sous les tamaris p. 194 Compressions p. 200 Sculptures nature p. 204
remerciements
& adresses p. 318
INTRODUCTION
L
es jardins d’aujourd’hui ne se rangent pas derrière une seule idée dominante, mais représentent plutôt diverses tendances. Trois principales se distinguent dans la cinquantaine de reportages effectués ces deux dernières années par Brigitte et Philippe Perdereau dans les plus beaux « nouveaux » jardins aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique, en Grande-Bretagne, et bien sûr, en France. Certains jardins incarnent la mouvance minimaliste qui s’illustre aussi dans l’architecture, d’autres répondent à un besoin de maîtrise et de modelage des plantes et de l’espace, et d’autres encore privilégient les plantes avant tout et un style de plantation qui se rapproche de plus en plus du modèle « naturel ». Ces trois grands thèmes articulent donc naturellement les reportages de ce livre.
à gauche
Tapisserie naturaliste mêlant bulbes et fleurs vivaces. Jardin privé, Pépinière Lianne’s Siergrassen à De Wilp, Groningue, Pays Bas Conception : Jan Spruyt, Michael King, Patricia Stols et Lianne Pot (propriétaire)
Jardins de paysagistes et jardins personnels Une fois la classification établie, une remarque intéressante s’est imposée : les jardins minimalistes sont toujours le fait de concepteurs, de professionnels du design qui pensent un jardin en fonction des attentes et des besoins d’un particulier, leur client. Par leur calme, par leur pureté, ces espaces plus ou moins végétalisés savent aussi être des lieux de vie, surtout lorsqu’une piscine les agrémente. Ils sont étroitement liés à
l’architecture et au mode de vie de ses habitants, mais apparaissent généralement statiques ; ils n’évoluent pas. La palette végétale utilisée reste souvent très réduite, mais les plantes bien choisies et précisément positionnées créent des effets à couper le souffle, dont beaucoup de « fous de plantes » feraient bien de s’inspirer. Leur entretien plutôt simple ne demande pas de qualification particulière, mais il se doit d’être très suivi et répété souvent. Pour rester cohérents, les jardins minimalistes ne souffrent pas de négligence, tout comme les intérieurs « design » ne laissent pas de place au désordre. Quand tout est vert, la moindre feuille fanée se voit. Quand la ligne doit rester droite, pas question de laisser dépasser une branche… À l’inverse, la plupart des jardins naturels ont été plantés par leurs propriétaires eux-mêmes. Ils évoluent au fil des années, en fonction des découvertes de nouvelles plantes, des nouvelles idées glanées lors de visites, d’échanges ou de rencontres. Ce sont des jardins vivants et évolutifs. Plus ils se rapprochent de « la nature » – plantes adaptées au site (sol, climat), imbriquées les unes dans les autres – plus l’entretien se simplifie au fil des ans, mais plus il demande de connaissances botaniques et pratiques. Il faut en effet être capable de distinguer les semis spontanés des différentes plantes de celles des « mauvaises
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herbes », de freiner les plantes les plus expansives, tout en favorisant les plus délicates ou les nouvelles, etc. Les jardins modelés appartiennent à deux types de jardiniers intermédiaires : des concepteurs un peu plus sensibles aux plantes qu’aux lignes et des amateurs de plantes peu déterminés à se laisser diriger par les plantes… Les premiers sortent peu des espèces classiques, le buis, l’if le charme, le hêtre, mais cette simplicité est « payante », puisqu’elle génère souvent une grande beauté. Les seconds taillent tout ce qu’ils trouvent et obtiennent parfois des effets surprenants avec des plantes que personne n’avait jusque-là essayé de tailler : des azalées japonaises, des conifères, des bambous… Les extrêmes se rejoignent Bien évidemment, la classification choisie pour ordonner ces reportages peut être contestée et même chamboulée. Ainsi, la limite entre minimalisme et naturalisme peut sembler floue… Pour quelques paysagistes, aujourd’hui, le summum de leur art consiste en effet à faire oublier toute intervention et à « re-naturer » un espace naturel bouleversé par la construction de la maison. Les plus chanceux interviennent déjà en amont, avant que la construction ne commence, pour la situer au mieux, sans dommage
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à la végétation existante, ou baliser et limiter les dégâts irréversibles, comme la coupe de racines d’arbres matures pour passer un câble (ce qui est toujours dommageable à plus ou moins long terme) ou le remblai de terre ou de gravats sur les racines des arbres existants. La plantation du site comporte une proportion variable de plantes locales, mais les paysagistes les plus doués parviennent à intégrer totalement la maison dans son paysage, en la fondant dans une végétation d’apparence locale, mais totalement exotique (au sens premier du terme, « qui vient d’ailleurs »). Outre l’intégration visuelle, cette démarche offre l’avantage d’un entretien plus limité et plus simple, différent des pratiques conventionnelles. De même, la plupart des jardins « modelés » compris dans le second chapitre auraient pu trouver leur place dans l’un des deux autres. Certains sont plutôt minimalistes et d’autres veillent à insérer les plantes sculptées dans un contexte plus libre et naturel : de l’opposition des formes naît toujours un effet intéressant. Un choix subjectif La majorité des reportages est inédite et montre réellement des jardins nouveaux dénichés par les infatigables Brigitte et Philippe Perdereau, toujours en quête de nouveaux horizons, de nouvelles idées à travers une grande partie de l’Europe.
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1. Jardin privé, région d’Anvers, Belgique Conception : P. Verbruggen 2. Villa Beekbergen, jardin privé, Apeldoorn, Gelderland, Pays Bas Concepteur : J. Poortvliet & M. Vorenholt/ Pootvliet & Partner 3. Jardin privé, Le Grand Launay, Lanrivain, Côtes d’Armor Conception : J. Schalit (propriétaire), G. Boëdec (jardinier)
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4. Jardin privé, Gravetye
Manor, East Grinstead, West Sussex, Angleterre Conception : W. Robinson, T. Coward (chef jardinier)
5. Jardin privé, Hummelo, Est des Pays Bas Conception : P. & A. Oudolf (paysagistes et propriétaires)
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Nous avons retenu en priorité ceux qui apportaient une idée originale, différente des autres. Bien sûr, le choix de ces reportages reste subjectif et critiquable. Comment un jardin comme celui de Gravetye Manor, dessiné il y a plus de 100 ans, peut-il être « contemporain » ? Simplement parce que son nouveau jardinier a entièrement repensé les plantations en tenant compte des dernières avancées en matière de mélange des végétaux. Cadre ancien, plantes traditionnelles, mais plantations très novatrices : cela nous a semblé très intéressant. Comment le jardin de Piet Oudolf vu maintes et maintes fois dans les magazines et dans de nombreux livres peut-il encore être présent dans cet ouvrage ? Parce que son créateur ne se repose pas sur ses lauriers et qu’il évolue lui aussi dans ses techniques. Ses nouvelles plantations n’ont plus rien à voir avec les « vagues de vivaces et de graminées » qui ont fait sa réputation. Pourquoi n’y a-t-il aucun jardin présentant un mur végétal tellement « tendance » ? Parce que nous nous sommes efforcés de montrer des idées adaptables et facilement réalisables par chaque jardinier. Pourquoi rencontre-t-on souvent les mêmes plantes ? Parce que là aussi, certaines correspondent vraiment aux attentes des jardiniers d’aujourd’hui et trouvent donc leur place dans chaque
jardin. Cela dit, les contextes étant à chaque fois différents, cela focalise sur les nouvelles valeurs sûres et donne de multiples idées pour les utiliser. Mais chacun trouvera de quoi satisfaire sa curiosité, car les légendes regorgent de nouvelles variétés dont certaines encore très peu répandues chez nous… Voilà donc une mine d’idées à votre disposition. Certaines toutes simples, d’autres grandioses. Certaines vous influenceront peut-être et vous inciteront à modifier votre jardin, à contacter un paysagiste ou à tailler d’une manière plus originale votre haie de buis. Servez-vous en comme autant de petites graines qui dans votre esprit et votre propre jardin généreront d’autres trouvailles, d’autres réalisations dignes d’intérêt (pour un prochain livre ?). Mais gardez toujours une pensée pour les créateurs, les concepteurs ou les propriétaires de ces jardins qui ont accepté de partager leurs idées avec nous. Qu’ils en soient sincèrement remerciés.
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Jardins
ÉPURÉS & GRAPHIQUES