1. Jardins de l’Agdal À GAUCHE L’étendue de ce vaste jardin d’agrément est difficilement concevable. Les vergers clos de murs plantés d'agrumes gourmands en eau, tels que l’orangeraie présentée sur cette photographie, ont été placés à proximité du bassin d’irrigation. Les oliviers, moins gourmands, forment une bande argentée au loin, et une rangée de cyprès borde l’horizon.
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Jardins de Marrakech
Les jardins de l’Agdal sont les plus grands de Marrakech. Très étendus et âgés de plus de 800 ans, on les qualifie parfois de « Versailles marocain ». Une petite partie est ouverte au public deux fois par semaine, le vendredi et le dimanche. Les visiteurs viennent alors nourrir les énormes carpes qui s’ébattent dans l’ancien bassin, pique-niquer sous les oliviers, et l’hiver, par temps clair, admirer la vue spectaculaire sur les sommets enneigés du massif de l’Atlas se détachant sur le ciel d’azur. Les Marrakchis semblent naturellement épris de ce site emblématique, propriété de leur roi, mais le visiteur étranger peu familier de ce type de jardin doit faire un peu plus d’efforts. L’Agdal était un vaste jardin d’agrément productif conçu par le calife Abd al-Mumin (r. 1130-63) en même temps que la Ménara, vers 1156/7. Al-Mumin avait arraché la cité à ses fondateurs, les Almoravides, en 1147, et était le premier représentant d’une dynastie entreprenante, les Almohades, qui ont fait de Marrakech leur capitale, et ont laissé en héritage leur superbe architecture et leur goût prononcé pour les arts. Il était également important pour le nouveau roi de faire la démonstration de son pouvoir en assurant un approvisionnement abondant en eau et en nourriture fraîche. Son impressionnant projet d’aménagement paysagé, couvrant quelque 500 hectares au sud de la médina et du palais royal, combinait ces deux impératifs d’une manière inédite, servant de modèle à un nouveau type de jardin fondamental : l’agdal. L’eau, les fruits, les fleurs parfumées et le confort y revêtent une importance capitale. Toutefois, contrairement au jardin d’Islam typique, tourné vers l’intérieur, les jardins de l’Agdal sont ouverts sur l’extérieur, s’appropriant des caractéristiques naturelles et créant des perspectives des siècles avant que les jardins européens n’en fassent de même. Cette esthétique est née des conditions arides de la région, des pratiques agricoles visant à lutter contre ces conditions et de l’oasis fraîche, bien arrosée et féconde rêvée par les nomades. À l’origine, le jardin était nommé El Buhayra, littéralement « petite mer » en arabe, avant de prendre le nom d’Agdal au xviie siècle, d’après un mot berbère désignant un pré situé au bord d’une rivière et ceint d’un mur de pierre. Le site est entouré de neuf kilomètres de murs en pisé, ponctués de borj, des tours fortifiées, et contigus à la ville elle-même. À l’intérieur de cette enceinte, le terrain est divisé en vastes parcelles par de larges allées bordées d’une rangée d’oliviers. Ces parcelles sont elles-mêmes divisées en parcelles plus petites, à la manière d’un damier, chaque case étant plantée d’une seule espèce d’arbres productifs, tels que des orangers, des citronniers et autres agrumes, des noyers, des oliviers, des amandiers, des figuiers et des grenadiers. De vastes zones sont réservées à la Jardins de l’Agdal
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