L’ ÉM O U VA N T E B E AU T É D E S F EU I L L E S Gér ard Jean
Gros plan d’une feuille de Quercus palustris à l’automne.
L’ ÉM O U VA N T E B E AU T É D E S F EU I L L E S
Tex tes et photos Gér ard Jean
RosĂŠe du matin sur Melianthus major.
LES FEUILLES SONT DES PRODIGES DE LA NATURE Parmi tous ces chefs-d’œuvre que nous offre la nature, les feuilles sont remarquables pour leur diversité et leur créativité. De nombreuses civilisations les ont largement utilisées comme ornements architecturaux, par exemple les Grecs avec les feuilles d’acanthe sur les colonnes corinthiennes. Les feuilles existent dans tous les graphismes, dans toutes les couleurs, et dans toutes les tailles. On en trouve à texture rêche, à texture douce, à texture piquante, à texture lisse, à texture brillante, à texture mate. Leurs tailles aussi sont incroyablement différentes de 1 mm à plusieurs mètres. Depuis quelques dizaines d’années, je recherche les plus belles d’entre elles pour composer mon jardin. Celles qui m’intéressent sont les plus décoratives, les plus originales, souvent très colorées, avec des liserés, avec des taches, avec une matière, boursouflées, frisées ou dans un dessin finement découpé. Certaines d’entre elles sont caduques et nous offrent chaque automne, pour leurs adieux, un nouveau spectacle multicolore enivrant. Leur renaissance au printemps est émouvante, on les attend chaque fois avec impatience.
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De haut en bas, Oreopanax epremesnilianus, Brassaiopsis mitis, Syneilesis subglabrata, Tetrapanax, Schefflera delavayi, Brassaiopsis hispida, Schefflera rododendrifolia, Brassaiopsis hainla et Podophyllum ‘Spotty Dotty’.
Elles sont souvent un peu fripées avant de se déployer dans des nuances subtiles, si fragiles à ce moment-là, que l’on craint pour elles le moindre gel ou le moindre coup de vent. Elles sont parfois recouvertes d’un tomentum, comme du duvet, de couleur gris pâle ou cannelle, pour se protéger du soleil et nous offrir encore plus de beauté. À ce moment de l’année, elles sont d’une douceur, d’une transparence, d’une fraîcheur qui nous les fait aimer davantage encore. Les feuilles sont l’atout majeur d’un beau jardin, elles sont présentes 6 mois par an ou plus. Au travers de toutes leurs différences, elles vont embellir le jardin au fil des saisons. Je vais essayer de vous transmettre la joie de les aimer dans leur infinie diversité.
De gauche à droite, Cyathea dealbata, Brassaiopsis mitis, Rubus calophyllus, Mahonia gracilipes et Pyrrosia sheareri.
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Dans l’allée himalayenne du jardin du Pellinec, un joli Rhododendron sidereum entouré de plusieurs yakushimanum aux nouvelles feuilles argentées décoratives, contraste avec l’Acer palmatum dissectum atropurpureum.
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Des Phormium tricolor et des Carex comans ‘Bronze Form’ assouplissent l’ensemble. En toile de fond, des bambous ‘Castillonis’ et une Dicksonia antartica renforcent l’ambiance exotique. Les rhododendrons sans fleurs exaltent une autre beauté.
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Brassaiopsis mitis
Encore une très belle Araliaceae issue de l’Himalaya. Le dessin de ses immenses feuilles est incroyable. Tellement symétrique, tellement parfait, tellement créatif, on se demande comment cette merveille peut être naturelle. Dans sa terre d’origine, elle peut monter jusqu’à 6 m. On connaît mal sa rusticité, mais jusqu’à -5 °C, pas de souci. Une fois bien installée, la souche devrait pouvoir résister jusqu’à -10 °C. Il y a encore peu de pieds de plantés et peu d’hivers très rigoureux pour bien connaître ses limites d’acclimatation. Elle aime les terres riches et humides comme beaucoup de Brassaiopsis et de Schefflera. L’abri du vent évitera que ses belles feuilles soient abîmées. Elle est caduque, ce qui est assez rare dans cette catégorie de plantes.
Une des feuilles les plus dessinées du monde végétal : sur fond de ciel, on apprécie sa belle silhouette.
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Une jeune feuille qui vient juste de s’ouvrir.
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