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Avant-propos
Entre les hommes et les plantes à parfum, c’est une vieille histoire d’amour, remontant au moins à plusieurs milliers d’années. À cette lointaine époque, déjà, on a tenté de fixer ces odeurs subtiles pour les stocker en flacons, et les épandre sur soi. La parfumerie a depuis fait des progrès, avec la distillation d’abord, puis avec les mélanges savants dus aux chimistes les plus doués. Jusqu’à une date récente, avec l’apparition des essences de synthèse, seules les plantes, à 99 %, fournissaient ces senteurs subtiles, et elles restent encore insurpassables en la matière. Sans vouloir jouer les parfumeurs, l’amateur de jardin est légitimement fondé à vouloir s’entourer de ces plantes odorantes, du moins quand elles peuvent raisonnablement s’adapter à son climat. Le choix ne manque pas en la matière. Il y en a pour toutes les saisons, et dans toutes les catégories végétales : annuelles, vivaces (étonnamment peu dans cette catégorie, d’ailleurs), bulbes, arbustes, lianes… Étrangement, les qualités olfactives (positives comme négatives, d’ailleurs) des végétaux sont rarement spécifiées dans la plupart des catalogues de pépiniéristes, rosiéristes exceptés (et encore, depuis peu). Cet ouvrage vous aidera, nous l’espérons, à pallier ce manque. Un bon usage de ces aimables végétaux vous permettra donc d’avoir un jardin parfumé toute l’année, et ce, jusque sur une terrasse, voire un simple balcon.
Le mieux est l’ennemi du bien Avant tout, ne surchargez pas le jardin en plantes odorantes : vous n’obtiendriez qu’une cacophonie olfactive. Pensez plutôt à la façon dont travaillent les goûteurs de mets raffinés, ou de vins, qui ne mélangent rien. Au jardin, il faudra un peu d’air frais entre chaque perception. Faute de quoi, surchargé, le cerveau n’enregistre plus rien (il se met en stase) et l’on devient sourd… du nez ! Prévoyez donc de répartir les champions de parfum les plus puissants entre des plantes « neutres ». Dans tous les cas, la distance devra être d’autant plus grande que la plante est odorante et la saison chaude. Naturellement, vous pourrez associer sans dommage diverses plantes très odorantes, pour peu qu’elles s’expriment à des saisons différentes (des camélias et des lavandes, par exemple, un robinier et des amaryllis…).
page de gauche :
Les fleurs du Choisya ‘Aztec Pearl’ embaument l’air et son feuillage libère son arôme à chaque passage sur le petit sentier.
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avant-propos
Mode d’emploi… Nous avons renoncé à fournir une définition complexe des parfums. Certains s’y sont essayés avant nous, mais l’usage a démontré que ces efforts restaient lettre morte pour la plupart des utilisateurs. D’autre part, il s’agit d’un guide pratique, et non d’un ouvrage scientifique destiné à une élite. Nous nous sommes donc contentés de repères aisément compréhensibles par tous, tels que « suave », « puissant », « acidulé » ou « boisé », ainsi que de modèles universellement connus (« réglisse », « framboise », « miel »…). Apparemment, c’est tout à fait suffisant, même pour les nez les plus fins, et vous permettra de faire un choix raisonné. Ces indications sont importantes car, si les parfums, impalpables par nature, sont malaisés à définir, certains possèdent aussi bien des amateurs que des détracteurs acharnés. Ainsi, il existe des gens qui n’aiment guère la senteur du jasmin, fortement animale à leur goût (voir « Jasminum »), alors que d’autres la portent aux nues. Cet ostracisme peut s’étendre à toutes les odeurs, même les plus innocentes en apparence, comme celle de la violette. Cette répulsion peut aller jusqu’aux maux de tête, voire au malaise dans les cas extrêmes. À cela s’ajoutent des parfums extrêmement ambigus, qui « virent » aisément du paradis à l’enfer. Nous y reviendrons. Enfin restent les végétaux qui n’ont pu se décider, ou plutôt, qui doivent remplir deux rôles à la fois : attirer les pollinisateurs, certes, mais repousser les éventuels consommateurs. Ainsi de nombre d’ails, dont bulbes et feuillages dégagent l’odeur musquée qui a fait la célébrité du genre, mais dont les fleurs, pour certains, sentent l’œillet ou le miel. De même pour les daturas, qui ont multiplié les défenses : odeur suave des fleurs, mais senteur âcre du feuillage, toxique de surcroît.
À chaque plante sa manière Les parfums des plantes, si aimables nous semblent-ils, ne nous sont aucunement destinés, pas plus que la beauté éventuelle de leurs fleurs. Il ne s’agit, pour les végétaux, que d’une technique supplémentaire d’aide à la reproduction. Le truc, c’est donc d’attirer les auxiliaires utiles. Comme la concurrence est rude, il faut prendre ces derniers soit dans une catégorie peu sollicitée par les autres plantes (on trouve dans le monde des pollinisateurs aussi divers que les mouches, les oiseaux, les rongeurs, les chauves-souris, et même les limaces !), soit à une saison ou à une heure où les voisines sont hors circuit. Les plantes à floraison d’arrière-automne ou d’hiver, telles les daphnés, camélias, sarcococcas, sont généralement dotées d’une senteur extrêmement puissante, pour assurer la venue des rares insectes assez intrépides pour braver les intempéries.
Vous aurez tout intérêt, pour en profiter au mieux sans attraper froid, à les placer près des passages, à côté de la porte d’entrée, ou sous les fenêtres de la cuisine, par exemple, plutôt qu’à l’autre bout du jardin. Une autre ruse est développée par des plantes estivales : elles sentent la nuit. La clientèle visée, cette fois, est celle de certains papillons nocturnes (sphyngides). On notera que les plantes concernées, bien qu’appartenant à des familles très différentes (tabac, acidanthera, daturas…), dégagent presque toujours le même parfum sucré et lourd. On pense, en l’état actuel des connaissances, qu’il tend à imiter l’odeur spécifique que dégagent les femelles de ces papillons, à vie éphémère, pour attirer les mâles de loin, et à coup sûr. Les plantes ont affiné le tir en fournissant à leurs papillons préférés des masses de nectar. Mais celui-ci est toujours placé au fond de tubes très longs, que seuls peuvent explorer les pièces buccales spécialisées de ces sphyngides. La nature est un inventeur jamais à court d’idées. Côté pratique, vous installerez ces plantes, suivant leur taille et leur végétation, sur l’appui des fenêtres, sur une tonnelle où vous aimez dîner, dans un patio… Évitez de les placer sous les fenêtres de chambre, car leur odeur entêtante peut devenir incommodante pour les dormeurs. Par ailleurs, à quelques curiosités près, nous n’avons retenu que des végétaux qui sentent vraiment, en écartant ceux qui possèdent une odeur trop vague, perceptible seulement de très, très près, ou dans des conditions très particulières. Ainsi, un auteur qui a pourtant fait florès, il y a des années, recommandait de tremper les fleurs de crocosmias dans l’eau bouillante, pour les voir dégager une odeur de safran. Pauvres fleurs ! Et surtout, il aurait suffi à ce malheureux de se pencher sur les fleurs fraîches pour noter leur odeur de mûre. On nous a suggéré le charme dans cette liste. Mais cette fois, il faut le torturer pour qu’il sente, puisqu’on doit chauffer les feuilles fraîches dans une casserole ou sur une tôle pour qu’elles exhalent un étonnant (et puissant) parfum de… framboise ! Essayez si vous voulez, c’est très appétissant, mais ce traitement à la Jeanne d’Arc n’est d’aucune utilité au jardin. Enfin, ne figurent ici que des plantes raisonnablement rustiques, parfois moyennant quelques précautions. Nous n’avons fait d’exception pour quelques rares frileuses, tel le mimosa, que lorsqu’il s’agissait de vedettes incontournables. Les tropicales, de culture difficile pour la plupart d’entre nous, ont été volontairement écartées. Ce sera pour une autre fois…
pages suivantes : Un vieux lilas (Syringa vulgaris) qui embaume à des mètres à la ronde.
ci-dessous : Daphne x burkwoodii ‘Somerset’
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Acer platanoides Érable faux platane
Acacia dealbata
Acacia spp. Mimosas D’accord, d’accord, aucun d’entre eux n’est un champion de rusticité. Une fois installés, cependant, les meilleurs d’entre eux (Acacia dealbata) peuvent résister à - 10 °C. Et leur parfum frais, légèrement anisé, offert au plus dur de l’hiver (février) par des nuages de fleurs en pompon, vaut qu’on s’y arrête. Le mimosa des quatre saisons (A. retinodes) fleurit certes plus longuement, mais en quantités plus discrètes et il s’avère plus sensible au froid. Le plus sage est quand même de les confiner aux climats océaniques. Une espèce (trop) peu connue est A. iteaphylla. Court (1,5-2 m), il possède de longs rameaux retombants couverts de fleurs sur une grande longueur et sa relative petite taille permet de l’abriter aisément en climat peu aimable, avec une protection mobile. Tous les acacias apprécient le soleil et un sol drainé. Aucun n’aime le calcaire, même si A. retinodes est réputé plus tolérant.
Acacia retinodes
Connu pour sa belle silhouette et son élégant feuillage pouvant revêtir des tons pourpres, cuivre ou or chez certains cultivars, cet arbre l’est moins pour son parfum. Et pourtant ! Quand il se couvre de fleurs au printemps (avril), il dégage une bonne senteur de pain d’épice tout à fait appétissante. Les abeilles, d’ailleurs, ne s’y trompent pas, qui se précipitent sur cette manne gorgée de nectar, comme elles le font sur le tilleul. Comme ce dernier, notre érable répand généreusement son parfum dans l’air, bien que rares soient ceux qui en décèlent l’origine, dans ce cas. Prenez garde, car le nectar sucré goutte en abondance et peut tacher durablement meubles et voitures. La floraison, toutefois, est assez fugace (une dizaine de jours), et le danger — comme, hélas ! la bonne odeur — est vite passé. Presque tous les érables possèdent une floraison parfumée, mais qui n’atteint pas la puissance de cette espèce.
En pratique Le faux platane est des plus accommodants.
En pratique
Parfaitement rustique, il pousse partout, avec une
Pour une fois, il est souhaitable, excepté en climat
prédilection pour les climats froids ou tempérés,
très doux, de choisir des plants bien développés,
et dans une grande variété de sols. Évitez toutefois
dont les bois seront plus résistants au froid quand
les terres très sèches ou trempées. Grand (10-12 m),
la bise sera venue.
il demande de la place et ne supporte que des
Au printemps (avril), installez votre arbre (un
élagages légers, à pratiquer au plus fort de l’hiver,
acacia peut atteindre 7 m de haut et de large)
pour éviter que les coupes ne « pleurent ».
dans un coin abrité du vent, non seulement pour le
Cette espèce se ressème très, très abondamment.
mettre à l’abri du froid, mais également parce que
Le plus sage est de griffer le sol au printemps, sous
son bois est très cassant.
sa couronne, pour éliminer les jeunes plants avant
Le sol, nous l’avons dit, doit être raisonnablement
qu’ils n’aient pris de la force.
filtrant et neutre ou acide. Les acacias poussent fort bien en terre sableuse, même pauvre. Les plants greffés sur A. retinodes sont non seulement moins sensibles au calcaire, mais ils ne rejettent pas. Les amateurs privilégiés des climats les plus doux de notre pays pourront étendre la collection (il en existe des centaines d’espèces), avec une saison de floraison allant d’octobre à juin. Mais certains ont un parfum plus que discret.
Acer platanoides
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Akebia quinata Akébia
Alcea rosea Rose trémière
Comment se fait-il que cette liane soit encore si peu populaire ? Son feuillage frais, digité, semipersistant, ses tiges volubiles minces, qui n’abîment pas les supports, sa bonne végétation et son grand pouvoir couvrant suffiraient pourtant au bonheur de bien des jardiniers. Mais elle offre en prime, en avril, des grappes de fleurs étranges, charnues, à la nette senteur d’écorce d’orange. Leur couleur liede-vin ne plaît pas à tous, mais il existe une forme crème à étamines rosées, plus lumineuse et du plus charmant effet. Les gros fruits violets, mûrs en octobre, sont aussi étranges que les fleurs, voire un peu extra-terrestres d’aspect. Réputés comestibles et très consommés au Japon, ils se caractérisent par une totale absence de saveur, mais donnent une pointe pittoresque.
On ne sait si les roses trémières doivent leur nom (altération de roses d’Outre-Mer) à la forme en rosace de leurs inflorescences ou au parfum de vieille rose de leurs fleurs. Peu de gens, et c’est dommage, prennent la peine de se pencher sur leurs corolles, qui ne sentent, il est vrai, que chez certains de ces hybrides complexes, et suivant leur parenté. Si ce parfum n’est guère violent, il se rattrape par sa finesse. Comme les roses trémières, par ailleurs, sont épanouies de juillet à septembre, c’est une valeur sûre à installer dans un patio.
En pratique Ces plantes, comme toutes les Malvacées, apprécient les arrosages, qui limitent fortement la rouille qui les attaque souvent. De même, elles réussissent mieux au Nord qu’au Sud de la Loire,
En pratique
quoi qu’on pense souvent. À part cela, elles se
L’akébia garnit aisément une tonnelle, un mur ou
ressèment aisément, souvent dans des lieux
un petit arbre, à condition d’offrir un support à ses
ingrats, et se contentent de sols maigres. Il est
tiges volubiles. Il peut atteindre 5 à 6 m de haut.
sage, une fois fanées, de rabattre court leurs hautes
Réputé modestement rustique, il fait pourtant face
tiges, pour en éliminer les parasites qui les minent.
à des températures de - 10 °C sans souffrir, et repart aisément de la base en cas de froid plus sévère.
Akebia quinata
Alcea rosea
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Amaryllis belladonna Amaryllis des jardins Cette merveille a conservé son rythme d’origine, qui la fait fleurir en automne, dénuée de feuillage. Celui-ci pousse ensuite et persiste jusqu’en maijuin, ce qui l’expose aux gelées et fait réserver cette espèce à des climats pas trop froids (- 2 à - 5 °C°). Les tiges rosées, charnues, portent jusqu’à 5060 cm de haut des ombelles d’une dizaine de grandes fleurs en trompette, rose à bord blanc, ou blanc crème chez certains cultivars. Leur parfum extrêmement puissant serait simplement lourd s’il ne se garnissait d’une pointe de réglisse, qui vient le rafraîchir. Chaque ombelle, apparue en septembreoctobre, dure de 15 jours à 3 semaines. Il faut éviter d’en laisser des bouquets dans une chambre, où l’odeur devient entêtante.
En pratique Plantez les amaryllis dans une terre légère, en plein soleil, au pied d’un mur au sud, par exemple. Les gros bulbes garnis de tuniques soyeuses doivent tout juste disparaître sous terre. Il est possible, en climat froid, d’abriter la colonie sous un châssis mobile. Les plantes se ressentent de la plantation et demandent parfois 2 ou 3 ans avant de refleurir.
Amaryllis belladonna
Araujia sericifera Araujia Cette liane à tiges minces parfume abondamment les soirées d’été. Ses larges feuilles vert grisé disparaissent, de juin à octobre, sous des masses de fleurs en clochette, charnues, blanc rosé ou rose soutenu. Elles dégagent fortement une odeur capiteuse, qui attire nombre de pollinisateurs, en particulier divers papillons nocturnes, dont les pièces buccales restent souvent coincées dans les nectaires. On a même cru un temps que ces fleurs étaient carnivores (!). En fait, en s’agitant pour se libérer, les papillons assurent la pollinisation. Les fruits verts très gros, en forme de cabosses de cacao, contiennent
p
Araujia sericifera, une grimpante très odorante pour les endroits protégés.
des graines garnies de soie, à la façon du kapok. Toute la plante exsude un latex collant quand on la blesse.
En pratique Pas trop rustique (- 10 °C, environ), cette jolie liane gagne à être plantée contre un mur bien exposé, et à voir son pied fortement paillé, par prudence, pour l’hiver. En revanche, elle se contente de sols assez maigres et supporte bien des arrosages erratiques. Donnez un treillage à ses tiges volubiles, pour qu’elles s’accrochent aisément.
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Arum creticum Arum de Crète Certes, certes, il ne s’agit pas là d’une plante des plus communes. Mais, côté parfum, elle ne craint personne, ni pour la puissance, ni pour l’ambiguïté. Si vous pouvez vous procurer cette espèce pas trop répandue, vous serez assuré de l’effet produit auprès des amis jardiniers. Son tubercule, comparable à celui de notre arum des haies, émet en mars un feuillage vert banal et des tiges florales de 20 à 30 cm de haut, surmontées d’un grand cornet crème ou jaune pâle. À 10 mètres, les fleurs sentent le jasmin ; à 5 mètres, elles sentent encore le jasmin, mais tourné ; et de près,
Argyrocytisus battandieri, deux beaux specimens qui parfument à l’ananas cette entrée de jardin.
Argyrocytisus battandieri Cytise de Battandier Ce parent des genêts est un buisson étroit, atteignant 2, 5 m de haut. Il porte, entre mai et juillet suivant le climat, de courts épis de fleurs de lupin, jaune vif, se détachant bien sur le feuillage persistant gris bleuté. Elles dégagent une odeur d’ananas, suivant les uns, de pomme suivant les autres. Cette senteur est particulièrement perceptible si la plante est abritée du vent. Comme le buisson est assez maigre, vous aurez tout intérêt à l’associer à d’autres espèces, pour lui donner du corps.
En pratique Bien plus rustique qu’on ne le prétend (- 12 °C au moins), cet arbuste craint surtout les sols humides. Il lui faut un coin ensoleillé dans un terrain raisonnablement drainé, principalement en hiver. Il vit peu de temps (une dizaine d’années, au plus), mais vous prolongerez son existence tout en lui donnant un peu de corps en le rabattant de moitié chaque printemps.
Arum creticum
elles sentent franchement la charogne. Le principe odorant n’a pas changé, mais la dose dangereuse est simplement dépassée. Rien d’étonnant à ce que cette curiosité soit fécondée par les mouches, comme nombre de plantes de la même famille.
En pratique Installez les tubercules dans un sol bien drainé, et dans un coin ensoleillé, loin des habitations, pour ne profiter que de la face aimable du parfum. Protégez les plantes des limaces. Elles sont correctement rustiques, malgré leur origine.
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Azara dentata Azara Les azaras sont un petit groupe d’arbustes sudaméricains, dont l’espèce mentionnée reste la plus répandue (relativement, du moins). Le buisson moyen, doté de petites feuilles dentelées semipersistantes, se couvre entre mars et avril d’une masse de fleurs pelucheuses jaune ocré. Elles dégagent une senteur fraîche, appétissante, ce qui est assez rare chez les arbustes à fleurs de cette saison encore froide, et durent une quinzaine de jours.
En pratique Ces arbustes sont raisonnablement rustiques (- 15 °C), quoi qu’on lise encore à ce sujet. Placezles à l’abri du vent, tant pour profiter de leur délicat parfum que pour protéger les fleurs des intempéries. Ils se contentent d’une bonne terre de jardin profonde et supportent une taille légère.
Azara dentata
Balsamita major
Asclepias syriaca Herbe aux perruches
(Tanacetum balsamita)
Menthe-coq
Typique des jardins de grand-mère, cette vivace robuste et traçante l’est plus pour ses fruits amusants, évoquant les perruches, que pour ses grosses boules de fleurs étoilées portées par des tiges de 60-80 cm de haut. Apparues en juin-juillet, beige rosé, elles dégagent une délicieuse senteur sucrée très soutenue et exsudent une grosse quantité de nectar qui attire tous les insectes gourmands, des abeilles aux guêpes et aux mouches. La plante ne fait guère le tri des invités, du moment que les fleurs sont fécondées. Les fruits typiques apparaissent en fin d’été (septembre).
Cette composée (Astéracée) venue d’Asie est en fait un parent proche de la tanaisie, et non des vraies menthes. Elle produit au printemps de tiges de 50-60 cm de haut, garnies de larges feuilles duveteuses, qui dégagent, superficiellement, une senteur mentholée. À l’examen, et en particulier si on froisse les feuilles, la tanaisie et son âcre odeur refont surface très puissamment. La parenté est encore plus évidente avec les inflorescences jaunes, en « bouton de culotte », apparues en été. C’est un succédané de menthe bienvenu en terrain sec, là où cette dernière ne peut prospérer.
En pratique
En pratique
Rustique, peu exigeante, cette plante s’adapte
Propagez la menthe-coq par éclats, à placer au
partout, en terre pas trop lourde et au soleil.
soleil et en terrain drainé, acide ou calcaire. On peut
Comme elle est traçante, prévoyez de la place
en faire des potées, à placer sur le passage pour
pour qu’elle puisse courir sans gêner personne.
qu’elles s’expriment quand on les frotte. Les pieds
Asclepias syriaca
doivent être divisés tous les 4 ans environ.
Balsamita major
AB
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Bignonia capreolata Liane café
Buddleja spp. Buddléias
Le fait qu’on trouve cette liane dans de nombreux jardins méditerranéens, ainsi que son aspect exotique, laisse croire qu’elle n’est pas rustique. Elle résiste en fait parfaitement au froid moyen de notre pays, même au Nord de la Loire. Ses nombreux rameaux fins, très expansifs, s’accrochent seuls par des crampons sur toutes les surfaces. Les fleurs bicolores, acajou à gorge jaune, apparaissent de juin à septembre et dégagent une senteur marquée de café du meilleur cru. Effet garanti !
Ces « arbres aux papillons » ont plus d’un tour dans leur sac. Répandus très étrangement dans le monde, et jusque sous les Tropiques, ils comportent peu de représentants rustiques, et assez peu sont parfumés. Deux espèces au moins possèdent le double avantage de convenir à nos climats et de sentir délicieusement. Buddleja alternifolia est un buisson assez court (22,50 m), aux branches arquées et au feuillage réduit, gris-vert ou argenté. En mai-juin, les rameaux arqués, élégants, se couvrent tout du long de masses de fleurs lilas à puissante odeur sucrée, perceptible de loin. Buddleja davidii, avec ses très nombreux cultivars, est le plus connu de tous. C’est lui, le véritable « arbre aux papillons ». Tout le monde connaît ses longs épis estivaux mauves, roses, blancs ou pourpres, à odeur de miel. Cette aimable senteur est toutefois moins puissante et moins raffinée que chez son cousin. Mais papillons et abeilles s’en contentent fort bien.
En pratique Si vous voulez profiter des fleurs, ne laissez pas votre liane grimper comme elle veut : elle ne fleurirait qu’au bout des branches, loin de vos yeux et… de votre nez ! Donnez-lui au contraire un support court (2 m), dont elle ne puisse s’échapper et elle adaptera sa puissante végétation à vos désirs. Une taille de nettoyage, en mars, est bienvenue.
Buddleja alternifolia qui fleurit (et parfume) au printemps.
En pratique
Bignonia capreolata
Buddleja davidii
Ces deux buddléias, rustiques, se contentent de
Taillez ces deux arbustes. Nettoyez B. alternifolia,
tout sol à exposition ensoleillée. B. davidii est si peu
en juin-juillet, pour discipliner sa silhouette
exigeant et si prolifique qu’il est devenu indésirable
désordonnée. B. davidii est rabattu court en
dans certaines régions. Veillez bien, pour limiter
mars. Ne commettez pas l’erreur de recéper
son extension, à supprimer les fleurs fanées d’un
B alternifolia : vous supprimeriez les bois de l’année
coup de cisailles.
précédente, sur lesquels il fleurit.
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Buxus sempervirens Buis « Comment ? Comment ? Vous mettez le buis dans les plantes parfumées ? Mais ça sent mauvais, le buis ! » Pour beaucoup, il est vrai que l’odeur de pipi de chat du feuillage est un repoussoir. Mais, outre le fait que certains apprécient cette senteur (on prend son plaisir où on le trouve), elle est totalement dépassée en mai-juin par le parfum raffiné et puissant des fleurs dorées en pompon. C’est un mélange de vanille et de miel du plus aimable effet. Il est vrai que les sujets taillés au cordeau des jardins rigoureux ne permettent guère à cette floraison de
s’exprimer. Mais allez sur un causse, là où les buis sont libres, et vous comprendrez.
En pratique La culture du buis n’a guère de mystères. Les arbustes tolèrent quantité de sols et de situations. Si vous voulez qu’ils fleurissent, toutefois, donnez-leur une terre drainée et le plein soleil. Et, naturellement, bannissez la taille. Si vous n’aimez pas le parfum du feuillage, ne les placez pas près de la maison : vous irez leur rendre visite au moment opportun.
Buxus sempervirens
Calluna vulgaris Brande, bruyère d’été Cette espèce indigène a fourni nombre de sélections et variantes issues de tout l’hémisphère Nord. C’est elle qui illumine les sous-bois maigres et les landes durant une longue saison, entre juin et novembre souvent. Le type sauvage est une plante de 40 à 60 cm de haut, portant des épis de clochettes papyracées et dégageant une forte senteur de miel qui attire les abeilles par millions. Les cultivars, aux fleurs allant du blanc au pourpre, possèdent les mêmes qualités. C’est la providence des terrains pauvres et acides, qu’elle fleurit et parfume abondamment sans rien demander en retour.
En pratique Le secret de la réussite de cette bruyère tient en peu de mots : un bon drainage et un sol acide ou neutre. Les terres lourdes ou trop riches favorisent chez elle les pourritures diverses. À la fin de la floraison, ou au plus tard au printemps, rabattez les plants de moitié, au taille-haie ou à la cisaille, pour qu’ils s’étoffent et ne prennent pas une allure de balai.
Calluna vulgaris odorante en masses.
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C