
Fabrice Desjours
Aurélie Gueniffey
Préface de Fabrice Hyber
Fabrice Desjours
Aurélie Gueniffey
Préface de Fabrice Hyber
Concevoir son jardin-forêt
20 projets inspirants de 10 m² à 10 ha
Préface - « Manger le paysage » 6
Promenons-nous dans une forêt à manger 9 Conclusion 243
Postface - La forêt-jardin préfiguratrice d’un renouveau agricole 244
En climat tempéré, les jardins boisés sont une forme d’agroforesterie atypique et émergente, et une nouvelle sorte d’utilisation du paysage. Projets portés au départ par la sphère citoyenne, par des associations ou des collectivités, ce sont des boisements à manger, implantables à la campagne comme en pleine ville.
Leur structure spatiale typique est faite de ligneux alimentaires multistrate, relativement denses et diversifiés. Cette canopée* est complétée par des lianes et des vivaces alimentaires. Plan d’eau nourricier et clairières viennent parfaire la conception latérale et intensifier les interactions positives. L’ensemble reproduit une structure forestière complexe avec une diversité de milieux et est intégré dans un système de production vivrier ou de rentabilité.
Les termes suivis d’une * sont répertoriés dans le lexique page 248.
Forêt comestible, jardin-forêt, forêt nourricière, forêt nourrissante, jardin boisé, forêt-jardin, forêt domestique, forêt jardinée, forêt analogue*, forêt paysanne, verger en permaculture, syntropie, verger-maraîcher, forêt gourmande, agroforêt, forêt anthropique* : autant de termes parfois utilisés comme synonymes, parfois galvaudés, et révélateurs du polymorphisme, de la diversité des espaces comestibles pérennes qu’il est possible de créer.
Ce livre, au-delà d’apporter des informations concrètes, techniques, a pour propos de théoriser les agroforesteries complexes tempérées :
- les jardins-forêt, qui sont des boisements nourriciers
- les agroforêts, qui sont des forêts à manger. Ces deux espaces de production, culturellement autres, sont des polycultures pérennes et étagées de plantes à usages multiples. Tandis que le jardin-forêt
est calqué sur le modèle de la fruticée*, l’agroforêt repose sur le modèle de la forêt. Par commodité et pour isoler ces deux typologies d’une agroforesterie plus simplifiée (verger permacole, haie multistrate, verger-maraîcher…), nous regroupons les modalités jardins-forêt et agroforêts sous le vocable de reforestation nourricière.
Le modèle de l’Ager répond à l’imagerie du champ de blé : c’est un espace ouvert, cultivé, labouré, exclusivement dédié à la production agricole ; un écosystème spécialisé, dominé par une seule espèce, voire une seule variété, désormais composée de clones, et toujours d’individus du même âge. L’agriculteur applique un traitement uniforme à l’ensemble de ces plantes avec l’objectif d’une production maximale de grains. Toute autre végétation est indésirable. Ce système très artificialisé, fortement productif, exige dans son maintien des interventions coûteuses, non durables, en énergie et en technologies : engrais, herbicides, pesticides, mécanisation accrue. Cette recherche constante de rendement témoigne d’une relation particulière à la nature, où l’espace cultivé est en rupture totale avec le milieu sauvage qu’il a remplacé, par maîtrise technique et contrôle accéléré des plantes, des habitats et du système de pensée.
L’Hortus quant à lui est le modèle agricole issu d’un foisonnement forestier tropical. S’étalant sur trois dimensions, il se compose d’un grand nombre d’espèces vivaces cultivées, chacune représentée par un petit nombre d’individus. On y trouve un mélange de plantes cultivées, d’espèces encouragées et de végétation spontanée. L’horticulteur organise l’espace avec soin, attribuant une place à chaque plante, dans un traitement pied par pied, et décide de conserver ou non les espèces spontanées, selon leur utilité directe (production), indirecte (ombrage, fertilisation), les tolérant aussi souvent malgré le manque de service associé apparent. Ce modèle reflète une autre relation à la nature,
où l’espace cultivé reste en continuité avec le domaine sauvage et forestier, lui empruntant ses structures et certaines de ses composantes. Sa diversité floristique et la complexité de son architecture sont à la fois gages de productivité et de grande stabilité écologique.
Elles réduisent les besoins d’entretien, élargissant considérablement les fonctions du jardin.
Le schéma ci-dessous permet de situer les grandes entités territoriales évoquées dans la triangulation ager-hortus-sylva.
Jardin-forêt
HORTUS
Verger-maraîcher
Potager-verger
Agroforêt AGER
AGROFORÊT
À NOIX
JARDIN-FORÊT
PARC SAVANE À MOUTONS
JARDIN-FORÊT
AGROFORÊT À COQUE
CLAIRIÈRE POTAGÈRE
↑ Une forêt gourmande est constituée de mosaïque de milieux.
Terme global et générique, la reforestation nourricière répond à la réalisation des jardins boisés présentant quatre grandes caractéristiques sur lesquelles nous reviendrons :
- une structure verticale typique, multi-étagée, faite d’arbres, de lianes, d’herbes et d’arbustes alimentaires et utilitaires (3D nourricière)
- une structure horizontale irrégulière car mosaïque
- une composition végétale diversifiée en espèces et en famille botanique. Au moins 15 à 30 espèces différentes pour un projet commercial et 150 pour les autres types de projets. Aucune essence arborescente n’est véritablement dominante ni majoritaire. La composition, par sa richesse, surtout dans les projets de développement-recherches, n’est pas sans évoquer celle des forêts équatoriales.
C’est une composition inspirée du monde de l’Hortus, par opposition au modèle de l’Ager dont notre civilisation agraire est issue
- un établissement par phases successives de plantations, chacune préparant la bonne reprise de celle à venir.
Intégrable en milieu rural comme urbain, la reforestation nourricière est un système de productions protéiforme et hybride. Mais si sa forme diffère selon le contexte, l’objectif, le budget, la palette végétale et le zonage du jardin, ses deux grandes typologies — jardin-forêt et agroforêt — sont deux espaces bien distincts qu’il convient de décrire dans toutes leurs spécificités.
↑ Secteur du jardin-forêt en mars, avec ruche et AFI de saules et peupliers. À cette époque de l’année, la couche herbacée est très dynamique. La canopée est constituée de pommiers, ragouminiers, arbousiers, figuiers. Des vignes résistantes et des holboellies forment la strate lianescente.
Boisement à manger réalisable sur de petits espaces (de 150 m2 à plus d’1 ha), il prend place à la campagne comme en ville, généralement autour des habitations. Visuellement, c’est une formation végétale pérenne, ouverte, où dominent des arbustes nourriciers, de petits arbres alimentaires, des arbrisseaux, des lianes, des herbacées. La canopée* est de taille modérée : les arbres dans ce système ne dépassent pas 7 à 10 m de haut et les espacements entre eux permettent encore, sur une majeure partie du terrain, d’importantes entrées de lumière au sol pour la culture du sous-étage. Des éléments arborescents de très grande taille (plus de 20 m) peuvent être présents, sans jamais être majoritaires. Quand l’espace créé est de taille modeste, on parle de bosquets nourriciers. La structure verticale d’un jardin-forêt est bien celle d’une savane fruitière dense ou d’une fruticée* nourricière avec une organisation latérale faite d’effets mosaïque. Espace entretenu par un horticulteur, ses objectifs peuvent être vivriers, environnementaux, pédagogiques, commerciaux, thérapeutiques ou scientifiques.
L’ÉTAGEMENT DES JARDINS-FORÊTS
La stratification végétale est conçue pour une production à tous les étages. Des herbes jusqu’aux arbres. quatre strates sont décrites : la canopée alimentaire, plutôt basse et ouverte, composée de petits arbres ; des arbustes nourriciers ; des herbacées comestibles terrestres, voire aquatiques ; des lianes fruitières et autres grimpantes.
Quatre strates sont décrites : la strate arborée formant une canopée alimentaire haute et plutôt refermée, composée d’arbres nourriciers de plus de 20 m ; de grands arbustes de sous-étage ; des herbacées alimentaires sciaphiles* ; des lianes cherchant le soleil de la canopée. Cette structure est complétée en lisière par des lianes fruitières, des fruitiers et des herbes héliophiles.
Forêt à manger, forêt comestible, forêt nourricière, forêt jardinée, forêt-jardin, forêt domestique, forêt aménagée, forêt analogue*, forêt paysanne évoquent :
- soit une forêt façonnée où les aliments ne proviendraient que de la flore indigène. Sous nos latitudes, toutefois, peu d’ingrédients sont véritablement locaux car nos flores ligneuses comptent parmi les plus pauvres de la planète, à cause des effets des glaciations du quaternaire (cf. les forêts du Pliocène p. 61)
- soit une forêt jardinée aux usages multiples, plantée de tout un éventail d’espèces alimentaires et utilitaires provenant de différentes zones du monde tempéré.
Composée notamment d’arbres à coques, de fruitiers forestiers et d’un sous-bois domestiqué, l’agroforêt est un principe généralisable sur grande surface, d’un à quelques centaines d’hectares. Elle prend place en milieu rural, plus rarement en petites unités urbaines mais pourrait aussi constituer à l’avenir des ceintures vertes nourricières en périphérie des villes. Selon les qualités agronomiques de la station, les arbres de grand développement dépassent 20 m (canopée haute) et les surcimants, 40 m de haut. Le faciès est clairement forestier. Le site est refermé. La lumière arrivant au sol est diffuse, hors clairière et lisières bénéficiant toujours d’un ensoleillement copieux. Répondant à toutes les qualifications que l’on est en droit d’attendre d’une sylve, l’agroforêt réinvente pourtant les usages, la structure et la composition des forêts anthropiques*. La phase d’établissement laisse place à une phase de
La conception d’une forêt gourmande est un acte créateur qui engage la parcelle et le jardinier pour des dizaines d’années. Ce chapitre couvre la théorie et la méthodologie de la conception d’un jardin boisé : la démarche, les points de réflexion essentiels, la chronologie. C’est aussi un recueil des étapes pratiques pour appréhender l’espace et le transformer dans le respect de ses particularités car le jardinier de forêt doit s’inscrire en premier lieu, non pas dans une technicité mais bien dans une compréhension écologique du territoire. Une fois le processus de succession écologique* et d’évolution d’un boisement appréhendé, de sa naissance jusqu’à sa régénération, il peut être accéléré, mis à profit et orienté pour créer une forêt comestible.
Le jardin-forêt et l’agroforêt sont des espaces de 3D nourricière dont la conception se fait en 4 dimensions (4D) : à la fois dans les trois niveaux de l’espace et dans le temps. Comme dans une forêt naturelle, une forêt alimentaire subit des évolutions et des changements, les végétaux se développent, grainent, déclinent et se renouvellent sans cesse, imitant les processus de succession végétale observés dans les écosystèmes naturels.
L’œil humain peut penser que les paysages sont immuables, fixes, cloisonnés dans leur usage, mais cette apparente stabilité est un leurre. La succession végétale est le processus par lequel les communautés de plantes évoluent au fil du temps, passant par différentes étapes jusqu’à atteindre en théorie la communauté la plus stable mais toujours très dynamique, appelée communauté climacique*. Dans nos contrées, la formation végétale climacique naturelle potentielle est celle des forêts à feuilles caduques*, dites forêts caducifoliées6. Toutefois, le métaclimax* est toujours théorique, propre à la trajectoire d’un lieu, de son histoire, de son contexte.
À l’échelle de la Terre, deux types de successions végétales sont décrits.
Elle se produit sur des surfaces minérales, sans sol ni écosystème préexistant, comme après une éruption volcanique, un retrait de glacier, la construction d’un mur ou sur des dunes mouvantes. Les premières espèces à coloniser ces surfaces sont des lichens et des mousses, capables de survivre dans
des conditions extrêmes et de contribuer à la formation d’un début de sol en décomposant la roche et en accumulant les particules organiques. Millénaire après millénaire, les prémices d’un sol se constituent. Dans les projets nourriciers, cette réalité prendra place au niveau des affleurements rocheux, des dalles maçonnées, des vieux murs oubliés, autant de surfaces où des végétaux alimentaires, adaptés au substratum* pauvres ou manquants de ces milieux pionniers, pourront être cultivés, comme des saxifrages, certains sédums et fougères saxicoles, formant la végétation climacique de ces habitats si particuliers pendant sans doute les quelques prochaines centaines de millions d’années.
Elle nous concerne davantage, car elle signe la recolonisation d’un sol dégradé : un écosystème antérieur était présent mais un événement, tels une inondation, un incendie, le surpâturage ou une activité humaine dévastatrice, a meurtri le sol et décapé la végétation initiale, ou du moins l’a considérablement appauvri. Mais si cette parcelle est libérée de la pression animale et humaine, elle cicatrisera et de nouveau, sous nos climats, se végétalisera par étapes : des herbes jusqu’aux arbres, elle va s’enforester.
FRISE D’UNE SUCCESSION VÉGÉTALE
Le processus de création forestière est nommé sylvigenèse. Les phases décrites sont théoriques, schématiques, et ne suffisent pas à rendre compte d’une réalité forestière complexe, telle les métaclimax ou essaims climaciques. Toutefois c’est une approche commode pour comprendre la dynamique de la forêt et s’imprégner des notions utiles à tout jardinier forestier.
Phase 1
La recolonisation
Prenons le cas du sol nu d’une zone urbaine délaissée ou celui d’une déprise agricole après labour. La phase de colonisation commence par la dispersion-mobilisation des graines qui sont présentes, dormantes et se réveillent (banque de graines du sol) et de celles qui arrivent régulièrement par le vent, l’eau, les animaux. La germination dépend des conditions environnementales favorables, température, lumière et humidité. Les plantules d’herbes et d’arbres adaptées aux sites ouverts émergent et commencent à croître. À ce stade, les jeunes arbres sont vulnérables aux herbivores et, devant ces plantes moins hautes que les herbes, difficile pour le profane de voir là une forêt en devenir.
Phase 2
La croissance initiale des plantes pionnières*
De croissance rapide, les plantes pionnières commencent déjà à donner au site volume et verticalité.
Productrices de très nombreuses graines, souvent fixatrices d’azote, elles prospèrent même dans des conditions difficiles telles que des sols pauvres, des températures fluctuantes et du plein soleil. On trouve selon le contexte des argousiers, saules, aulnes, érables négundo, buddleias, ailantes, peupliers, genêts, cytises, bouleaux.
La transition-diversification et l’arrivée des plantes post-pionnières*
Le cortège des plantes pionnières se renforce avec de nouvelles essences qui vivent plus longtemps et nécessitent un moindre ensoleillement, mais croissent plus lentement. En zone tempérée, ce sont par exemple le frêne, l’orme, le tilleul, le chêne sessile, les sorbiers, le merisier, les érables. Leur implantation s’accompagne de la germination de lianes qui s’élèvent au rythme de la forêt naissante. Une compétition s’installe et les jeunes plants commencent à se concurrencer pour la lumière, l’eau et les nutriments. Seuls les plus vigoureux survivent et continuent à croître en hauteur et diamètre. Les plantes qui meurent deviennent fertilisantes pour l’écosystème. Sans intervention ni cataclysme, la canopée* commence à se fermer, réduisant la quantité de lumière au sol. À ce stade, la forêt présente une structure complexe avec des étages bien distincts : canopée, sous-bois, couvert de mi-ombre ou sciaphile*, strate lianescente. Une certaine couche de litière se forme.
L’arrivée des dryades*
La forêt entre dans une transition discrète, où les plantes pionnières* encore en vie et où les post-pionnières* forment le berceau d’espèces nouvelles germant en sous-étage, à l’ombre de la forêt. Toutes nécessitent l’ombrage à leur stade juvénile. Ces espèces, appelées dryades, vont potentiellement vivre très longtemps (ifs, houx, hêtres en plaines et épicéas en altitude), et dominer, un jour lointain, la canopée*. Cette évolution progressive entraîne des changements dans la composition et la structure de la forêt.
La maturité
À son apogée théorique, un concept jamais figé mais sans cesse dynamique, la forêt atteint sa phase mature, caractérisée par une certaine stabilité dans la composition botanique des espèces végétales.
Phase 6
Le déclin-sénescence et le renouvellement
Avec le temps, sous la force des agents de changements, la forêt naturelle présente une mosaïque de parcelles différentes, chacune présentant sa propre histoire, son schéma de peuplement particulier et sa propre trajectoire. Petit à petit ou brusquement, des
pans de forêt vont décliner, à cause du vieillissement des arbres, d’un choc climatique ou des bioagresseurs provoquant des chandelles*, des trouées, des percées, des chablis*. Selon la magnitude de la perturbation, le degré d’herbivores en présence et la quantité de lumière revenue, ce déclin peut être concomitant à une nouvelle phase de régénération, où des plantes pionnières ou post-pionnières vont émerger pour coloniser l’espace ouvert laissé par la mort et la chute des plus anciens sujets. Les gros herbivores ont aussi un rôle clé dans la dynamique de réouverture ou de maintien de grandes clairières au sein des forêts.
La création d’un jardin-forêt, et plus encore d’une agroforêt, imite la sylvigenèse* et les processus par lesquels une forêt naît et se façonne. Cela comprend la germination des graines, la plantation et la croissance des arbres, l’évolution du couvert herbacé, la formation de la litière et de la structure forestière, les interactions entre les différentes espèces végétales et animales — l’ensemble étant toujours changeant, à la faveur de perturbations contrôlables ou non. Les perturbations contrôlables et souhaitées sont la coupe d’AFI* ou essences Architecturales, Fertilisantes et Ingénieures, l’éviction d’un arbre, le maintien de clairière, l’entretien de sentiers, de trouées lumineuses, la sculpture de la canopée par des tailles de transparence.
Les perturbations non contrôlées et généralement non souhaitées comprennent des dégâts de tempête, des incendies, des mortalités dues à des phénomènes d’origines naturelles ou humaines, comme le stress climatique, la survenue de nouveaux pathogènes, le déversement d’une pollution…
La succession végétale et la sylvigenèse sont à la base même de la compréhension du type de jardin boisé qui va être installé, allant du jardin-forêt à l’agroforêt (cf. p. 14). Cette compréhension permet de concevoir son projet, d’affiner le plan de gestion de la parcelle et de réaliser des actions de terrain appropriées.
La mise en place d’un jardin-forêt est à voir comme un blocage de la succession écologique* à mi-temps, dans une structure de type savane fruitière ou de fruticées*, dominée globalement par des petits arbres fruitiers héliophiles* et des arbustes pionniers ne dépassant guère 10 m de haut. Le site peut contenir quelques éléments arborés de grande taille (plus de 20 m) mais non dominants. Les sentiers tondus et les clairières représentent des zones ouvertes, rases, caractéristiques du début de la succession végétale. La germination spontanée des essences de forêts, espèces qui deviendraient surcimantes et modifieraient profondément la nature et la structure même de la fruticée, est gérée et contrée, à moins que le jardin-forêt n’ait en fait été qu’une étape à la réalisation d’une forêt ou d’une agroforêt.
C’est une forêt paysanne, une agriculture déguisée en forêt, une forêt alimentaire dans le plein sens du terme ou, plus scientifiquement, un nouveau type de métaclimax* géré par le jardinier. Cet assemblage de grands arbres nourriciers à noix, à coques et fruitiers de forêts surplombant les arbustes condimentaires d’ombre et les légumes de sous-bois, est une version alimentaire du biome* des forêts caducifoliées*. Au-delà de sa structure caractéristique, l’agroforêt peut être aussi agrémentée de clairières productives et de lisières fruitières ensoleillées, soit autant de zones s’additionnant, provenant d’éléments du système jardins-forêts et appartenant à des stades antérieurs de la succession végétale, plus lumineux et plus ouverts.
Une fois l’analyse et la conception du projet achevées, vous voici avec le plan d’aménagement. C’est alors le moment tant attendu : la mise en œuvre organisée de votre forêt gourmande.
Pour garnir son jardin, les plants peuvent être achetés, échangés ou produits sur place. Ces options s’envisagent de manière complémentaire, en fonction des compétences de chacun, du temps disponible, des envies, du budget et de l’itinéraire technique propre à chaque espèce.
La plantation de végétaux achetés, élevés en pépinières, est une solution rapide, permettant d’acquérir des espèces ou variétés rares dans des circuits adaptés. Les sources d’approvisionnement sont les suivantes :
- En pépinières locales, pour trouver des plantes généralement élevées dans un climat et des terres similaires — souvent avec un choix réduit d’espèces ou de variétés. Toujours formuler précisément la recherche : nom de l’espèce, de la variété, choix de l’éventuel porte-greffe, caractère substituable ou non du taxon demandé.
- En pépinières spécialisées. Il en existe des dizaines en France proposant des espèces et des variétés uniques, difficilement trouvables ailleurs. L’envoi postal est généralement possible.
- Sur des sites de commerce en ligne et enchères. Rechercher des plants ou semences avec leur nom scientifique en latin et en anglais permet de faire des trouvailles à l’international.
- Dans des festivals et foires aux plantes, qui rassemblent des collectionneurs et des producteurs de plantes rares au printemps et à l’automne. Ce sont des moments précieux pour découvrir de nouveaux taxons, pour obtenir aussi le conseil de professionnels sérieux produisant leurs végétaux et connaissant parfaitement leur gamme.
- Via des réseaux d’échanges, un bon moyen de rencontrer d’autres jardiniers de forêt et d’échanger des informations et des plants.
- Dans des jardins botaniques, dont certains disposent d’une pépinière et vendent des plants rares issus de leur collection.
UNE EXPLORATION BOTANIQUE EN TERRES ÉTRANGÈRES
En voyageant, il est facile de découvrir des plantes en graines dans leur environnement naturel, de rencontrer des fruitiers dans leurs aires d’origine, des plants dans une pépinière spécialisée proposant des spécimens ou variétés inconnues ici mais étant un socle alimentaire en pays lointain : cornouiller mâle amélioré en Europe centrale, pépins de pommiers sauvages au Kazakhstan, châtaignier producteur ultra-nordique dans une pépinière canadienne, torreya greffé au Japon, noyaux de pêches trouvés sur un marché local au Pérou ou en Bolivie. Mais en cas d’achat ou de prélèvement raisonné, assurez-vous de respecter les réglementations locales et internationales en matière de protection des espèces sauvages, du respect des réglementations sanitaires en matière d’import de matériel végétal (graines, propagules*, boutures, plants).
Le jardin-forêt étant un ensemble pérenne, dense et diversifié, planté une fois et pour longtemps, le choix des végétaux de qualité doit être particulièrement soigné. Il porte autant sur l’apparente santé du plan que sur son gabarit, dont les critères idéaux varient considérablement en fonction de la catégorie de végétaux, qu’il s’agisse d’un arbre forestier, d’un frutier, d’un arbuste, d’une liane ou d’une plante herbacée.
- Les arbres forestiers, comme les châtaigniers, marronniers, chênes, sont idéalement implantés sous forme de jeunes plants en pot profond, sans tuteurage, pour une meilleure reprise et croissance, une résilience et une économie d’eau. Pour l’établissement réussi des grands arbres, le semis direct est aussi une option d’avenir (technique développée en p. 166). Si des plants de jeunes arbres achetés ne
Avec des milliers de projets en cours sur le territoire français, l’offre végétale ne suit pas toujours et les prix s’envolent. Beaucoup de porteurs de projets développent donc des micro-pépinières privées ou collectives dans le but de produire en quantité. À partir de plantes mères ou de graines achetées ou collectées, on peut rapidement mettre en culture par semis, boutures, marcottes ou greffes de jeunes plantes pour reforester en nourricier un petit terrain comme un projet de plusieurs hectares. Cette activité devient parfois une source de revenus annexes pour l’exploitation.
peuvent être plantés au bon moment, veillez à les conserver un an de plus dans un pot bien plus large et plus profond. Les arbres ne doivent pas séjourner longtemps dans le même contenant, au risque de voir leurs racines chignonner* et fibroser*.
- Les arbres fruitiers seront idéalement implantés sous forme de scions* (de 1 à 2 ans) ou en jeunes baliveaux car les sujets forts peinent à s’installer, davantage encore dans un climat déréglé. Un bon paillage augmente les chances de reprise et limite les besoins en eau. Les arbres sont choisis sans blessure ni trace de pathogène, avec un système racinaire bien développé.
- Les arbustes peuvent être implantés en petits sujets, en motte, ou racines nues, gare alors aux limaces et aux gelées de printemps capables de décimer les plantules fragiles. Cependant la meilleure reprise, à l’inverse des arbres forestiers, est assurée par la mise en place de spécimens vigoureux. Certaines espèces peuvent même être introduites en très gros conteneur, sous forme de plantes de 2 à 3 mètres de haut. Cette option, nécessitant eau et budget mais productive dès la première année, concerne les olivier, cabrillet de Dickson, figuier, cédrèle de Chine, grenadier, poivrier de Sichuan, citronnier épineux… Le suivi de ces gros spécimens reste toutefois délicat le temps qu’ils s’adaptent à leur nouvel environnement, souvent très différent de celui de la pépinière d’origine. Un certain tuteurage ou haubanage peut être alors nécessaire, mais plus souple et subtil que généralement préconisé. Ce soutien doit à la fois limiter les mouvements de l’arbuste dans le vent tout en lui permettant de s’y confronter pour lui permettre d’adapter au mieux son ancrage et sa ramure.
↑ Arrivée postale des hostas en racines nues, tout juste déballés. Ils seront plantés ou rempotés.
Tout au long de leur longue vie fixée, les plantes sont soumises à des contraintes, notamment à des forces mécaniques comme celles du vent. Elles réagissent, modifient leur croissance, renforcent leurs tiges, leurs racines d’ancrage et leurs branches, orientant leur développement en réponse au vent. Ces phénomènes d’adaptation se nomment la thigmomorphogenèse, un phénomène qui influence aussi d’autres aspects du développement végétal, comme la ramification et la floraison. Ces découvertes récentes ont une action pratique sur le terrain : les jeunes arbres, pour s’adapter au mieux à leur nouvel environnement, doivent pouvoir continuer à subir les vents, c’est pourquoi ils ne doivent jamais être tuteurés.
- Les lianes gagnent aussi à être introduites sous forme de sujets forts. Pour les espèces frileuses ou fragiles dans leur jeunesse, comme les kiwis, kiwaïs, schisandras, la plantation sera différée à la fin des gelées de printemps avec paillage et suivi hydrique ajusté en conséquence.
- Les vivaces seront implantées en petit godet serré et fort, lorsque leurs racines puissantes commencent à repousser les contreforts du pot.
Le travail préparatoire de la parcelle favorise la santé du sol, la croissance des cultures et donc de meilleurs rendements.
Afin de préparer les actions sur site, notamment dans le cas d’intervention d’entreprises de paysage ou de terrassement, piqueter les aménagements et signaler les éléments à protéger comme :
- la végétation existante à conserver, les habitats naturels de la faune comme les abris à insectes, à oiseaux et à petits mammifères
- les réseaux souterrains tels que les canalisations d’eau, conduites de gaz, câbles électriques et systèmes de drainage pour éviter tout dommage accidentel
- les structures existantes comme les murs, clôtures, abris de jardin et autres éléments architecturaux.
Utiliser des barrières ou des matériaux de protection pour éviter les dommages.
Pour conserver des arbres en place, éviter toute perturbation ou chocs sur leurs racines, tronc ou couronne. Les racines d’un arbre sont sensibles aux dommages causés par le compactage du sol et les travaux de terrassement. Conserver un périmètre d’exclusion des engins à proximité de l’arbre, au moins jusqu’à l’aplomb de son houppier. Placer des barrières physiques et mandatez sur le chantier un responsable de la protection des arbres.
↓ Exemple d’un plan quadrillé pour le report sur site du dessin.
Le quadrillage est la technique efficace pour matérialiser les aménagements dans un jardin-forêt à partir d’un plan lorsque vous avez peu de repères existants sur le site. On quadrille le plan papier avec une règle selon une échelle adaptée au projet tous les 1, 5 ou 10 m par exemple en fonction de la surface de la parcelle et de ses aménagements, mais surtout du degré de précision souhaité. Dans une agroforêt composée surtout d’arbres de gros gabarits et espacés en moyenne tous les 8 à 40 m, un quadrillage réalisé tous les 10 m suffit. Dans une partie jardinforêt, un maillage beaucoup plus fin, d’1 m de côté, sera plus opportun. La précision de maillage peut aussi varier selon les zones — par exemple 10 m pour une agroripisylve, 1 m pour un jardin-forêt savane et tous les 0,5 m pour la zone de massifs d’herbacées. L’idée est de trouver les repères clés pour placer efficacement les aménagements puis les plantations sur le site, en y passant le moins de temps possible. Ensuite, rendez-vous sur votre parcelle avec un décamètre et des piquets et quadrillez votre terrain sur le même principe que sur votre plan.
Vous pouvez utiliser les piquets pour marquer les intersections du quadrillage comme repères clés ou une corde tendue avec de la chaux éteinte par temps sec pour reporter l’ensemble des lignes et matérialiser les emplacements des aménagements puis des végétaux.
↑ Pour les projets vivriers, l’extrême précision d’un quadrillage n’est pas forcément nécessaire et on peut placer les allées, les aménagements et plants directement in situ en prenant des repères sur le terrain.
Elle consiste à rétablir au besoin la porosité du sol et toujours à affaiblir le couvert graminéen*.
Modeler le site
Le modelage du terrain par terrassement des baissières, talus, mare et autres aménagements se fera avant la préparation du sol et dans le respect de la répartition des couches de ce dernier. Mieux vaut l’effectuer en période sèche pour éviter tout compactage. Si vous avez recours à une machine, la mini-pelle à chenilles semble la plus adaptée.
Décompacter le sol
Sur terrain agricole, compacté, la préparation du sol est une étape cruciale pour favoriser la reprise et la croissance des plantes. Mal préparé, un projet peut perdre plusieurs années de développement et plonger son créateur dans un profond désarroi. Il est simple de tasser un sol, bien plus difficile de le restaurer. La compaction des sols est un enjeu majeur, souvent sous-estimé, qui limite parfois considérablement la pénétration de l’eau, de l’air et des racines, avec un impact insidieux sur la santé et les rendements.
Le besoin de décompaction du terrain est à estimer dès le début du projet, ainsi que l’itinéraire
technique à emprunter : la méthode rapide, mécanobiologique dirigée (sous-solage et semis d’engrais verts) ou la méthode purement biologique, plus lente, mais plus durable, avec le travail des flores spontanées, la technique des AFI* et du levain de forêt*.
Un diagnostic de l’état du sol, en surface et en profondeur, est nécessaire pour voir si le tassement est avéré et à quelle profondeur siège la semelle compactée. Cet examen de profil se fera à plusieurs endroits de la parcelle, complété par une analyse des plantes bio-indicatrices*. Le risque de tassement est en lien direct avec l’histoire de la parcelle : en cas de pâturage et de passé agricole, des décennies de piétinement et d’utilisation d’engins ont inévitablement entraîné la compaction du sol. Idem pour les parcelles où ont été effectués des travaux.
Si le terrain est végétalisé par un cortège floristique banal, c’est-à-dire fait de plantes ubiquistes*, avec un objectif de jardin-forêt à haute productivité, vivrier intensif, agricole ou exploratoire à angle agronomique, une décompaction mécanicobiologique sera la meilleure option, car la visée rapide est compatible avec le calendrier de production. L’objectif et l’itinéraire de réalisation seront anthropocentrés.
Pour une reforestation nourricière environnementale, pédagogique ou scientifique, où la
La reforestation nourricière est une matière première souple et plastique, modelable et plurielle comme l'illustre ces 20 initiatives pouvant débuter à partir d'un pré, d'un pied d'immeuble, d'un verger, d'une forêt, sur site allant d'inondable à aride. Certains de ces projets, non visitables, se déroulent chez des privés. D'autres sont en accès libre comme les jardins-forêts communaux et ceux, œnotouristiques, du Château de Meursault. Les jardinsforêts agricoles et scientifiques décrits sont uniquement ouverts au public lors de visites commentées. Mais que vous alliez à la rencontre de ces lieux par la lecture ou en vrai, chaque cas concret est présenté sous un angle précis. Et si ce livre vous accompagne lors d'une visite de site, il devrait aussitôt se transformer en compagnon de voyage, révélant des clés de lecture in situ, donnant des repères concrets, renforçant l'expérience immersive.
Les variétés listées dans chaque projet sont contextuelles, mais ne correspondent pas à une information exhaustive. D’autres cultivars non mentionnés mais similaires peuvent également convenir.
1. Le balcon jungle (75) p. 110
2. Le mini-jardin-forêt vivrier (21) p. 114
3. La transformation d’un verger en jardin-forêt (89) p. 124
4. Une agroforêt dans un bois dépérissant (69) p. 130
5. La mare alimentaire (49) p. 136
6. Le jardin-forêt océanique (14) p. 142
7. Le jardin-forêt provençal (84) p. 150
8. Le jardin-forêt littoral (83) p. 156
9. Le jardin-forêt montagnard (88) p. 160
10. Le jardin-forêt en semis dirigé (66) p. 166
11. Le jardin-forêt fourrager (71) p. 176
12. Les jardins-forêts du Château de Meursault (21) p. 182
13. Le verger circulaire multistrate de Grâce au jardin (28) p. 198
14. Les forestibles d’Audrey Brouxel (39) p. 204
15. La reforestation nourricière dans les entreprises (69) p. 208
16. Le jardin-forêt urbain des Ulis (91) p. 216
17. Le jardin-forêt communal de Sainte-Eulalie (33) p. 220
18. L’agora d’agriculture urbaine à Cahors (46) p. 224
19. Le jardin-forêt de dépollution (57) p. 228
20. Le jardin-forêt scientifique (71) p. 236
Lieu : Paris (75)
Surface : 40 m2
Porteurs de projet : une famille de cinq personnes
Climat : océanique avec îlot de chaleur urbain
Exposition du jardin : sud
Ressource en eau : réseau
Aménagements existants : bacs à légumes et aromatiques
Strate existante : plantes arbustives en pot
Prédateurs : oiseaux dont les perruches, nouvellement arrivées
Objectifs : apports vivriers et esthétisme
Particularités ou servitudes, pollution, contrainte de PLU : règlement de copropriété
Budget : 2 000 €
Le balcon-jungle, véritable pièce d’extérieur, verte et rafraîchissante, est la plus petite unité d’espace pouvant se construire artificiellement sur le concept de jardin étagé. C’est un univers à lui tout seul, capable d’offrir luxuriance et rendements sur quelques mètres carrés.
Olivia, une mère de famille qui télétravaille, veut transformer son balcon en pièce à vivre et à produire. L’exposition est sud et le balcon est une enfilade faisant le tour de l’appartement, créant une
libre cueillette à portée de main depuis les fenêtres. Pour l’instant seuls quelques bacs à fleurs, légumes et aromatiques sont dispersés. Ses jeunes enfants sont déjà partie prenante de l’idée et veulent participer.
• Choisir des plantes adaptées à la culture en pots. Miser sur un panaché de comestibles incluant des arbustes à baies, des lianes grêles ou taillées, des fruitiers nains fournissant malgré tout de gros fruits.
• Créer des coins d’intimité et structurer le micro-jardin, malgré sa petitesse, avec de grands bacs garnis, des jardinières en bois, des murs végétalisés (cf. encadré p. 113), des palissades, des canisses…
• Placer les végétaux avec soin. Leur exposition est réfléchie au cas par cas, selon leur besoin en lumière et l'orientation du balcon.
Au soleil
- Abricotier nain - Prunus armeniaca garden aprigold® (fruit)
- Agrumes nains (fruit) comme le Calamondin citrus x microcarpa, gélif, à hiverner dans l’appartement nécessairement
- Amandier - Prunus dulcis garden prince®, Nut Me fruit me® ‘Avijor’ (fruit)
- Cerisier nain - Prunus avium Griotella®, Garden bing® (fruit)
- Figuier nain - Ficus carica- ficcolino TM ‘Gustis’, ‘Majoam’ figalityTM (fruit)
- Goji nain - Lycium barbarum instant success® (fruit)
- Grenadier compact - Punica granatum ‘Agat’ (fruit)
- Mûrier nain - Morus rotundifolia mojo berry® (fruit, feuille cuite)
- Olivier nain - Olea europaea olive me® ‘Oliana’ (fruit)
- Pommier - Malus domestica mini cox®, croquella® ‘Delgrina’ (fruit)
- Prunier compact - Prunus dulcis ‘Reinegold’, goldust® ‘Courod’ (fruit).
Lianes pouvant grimper sur la rambarde
- Glycine tubéreuse - Apios americana ‘Nutty’, ‘Triploide’ (tubercules crus ou cuits)
- Haricot orteil de prêcheur - Phaseolus coccineus (graines cuites)
- Igname de Chine - Dioscorea polystachya (seule igname pouvant se manger cru ou cuit)
- Passiflore - Passiflora incarnata et ses hybrides cooltropic® ‘Eia Popeia’, ‘Fatta Confetto’ (pulpe du fruit)
- Vigne - Vitis spp. ‘Concord blanc’, ‘Kleopatra’, ‘Supernova’, ‘Burman’, ‘Rannyj’ (fruit, pousse, huile des graines).
↑ Feuillage de l’Houttuynia cordata ‘Chameleon’, un délicieux légume feuille fondant une fois cuit.
↑ Récolte de petits fruits
- Basilic perpétuel - Ocimum kilimandscharicum (gélif à -5 °C)
- Patate douce - Ipomea batatas en variétés (tubercule, pousse cuite)
- Poivron - Capsicum annuum, un légume vivace à hiverner au chaud ou à traiter en annuel
- Tomate cerise - Solanum lycopersicon.
Dans une bassine d’eau en zinc
- Lotus nain - Nelumbo nucifera var. ‘Little Pink Hibiscus’, ‘Fen Zhu’, ‘Baby Peony’ à acclimater* avec une population de guppys (minuscules poissons) pour réguler les moustiques.
- Fraisier - Fragaria x ananassa var. ‘Mara des Bois’, ‘Magnum’, ‘Maestro’, ‘Gariguette’ (fruit)
- Framboisier nain - Rubus idaeus var. ‘Ruby Beauty’, lowberry® ‘Little Sweet Sister’ (fruit)
- Laurier-sauce compact - Laurus nobilis var. ‘Little Ragu’ (feuille condimentaire)
- Menthe - Mentha spp. (feuille, pousse, fleur aromatique)
- Myrtillier nain - Vaccinium corymbosum var. ‘Top Hat’ (fruit)
- Thé de l’immortalité - Gynostemma pentaphyllum (feuille en infusion).
- Épinard grimpant du Caucase - Hablitzia tamnoides (feuille, pousse cuite)
- Begonia rustique - Begonia grandis (feuille, pousse)
- Gingembre rustique - Zingiber mioga (racine tubérisée, fleur)
- Houttuynie - Houttuynia cordata (racine, pousse et feuille cuite).
Pour les balcons orientés nord, il est possible d’utiliser des miroirs ou autres surfaces réfléchissantes pour augmenter la lumière.
• Les contenants. Pour les fruitiers compacts, choisir des contenants larges mesurant 4 à 5 fois la taille du plant avec un fond drainé par des billes d’argile expansée. Composer un substrat en mélangeant 40 % de terreau et 60 % de terre végétale. Saupoudrer de levain de forêt*. Le myrtillier, lui, pousse dans de la terre de bruyère pure. Associer dans les pots les légumes compatibles comme les tomates cerises avec le basilic perpétuel pour optimiser l’espace et favoriser une croissance saine.
• L’arrosage. L’eau est le point crucial des jardins hors-sol. Des coupelles doivent assortir chaque pot mais l’eau ne doit jamais y stagner bien longtemps pour ne pas asphyxier les racines ni former un habitat à moustiques. L’utilisation de poteries poreuses pour irrigation par jarre est une aide précieuse pour permettre aux jardiniers de devenir vacanciers sans risque pour les plantations.
• Les engrais organiques. La gamme proposée est à haut rendement. Conduite en pot, hors-sol, elle doit être fertilisée pour produire et s’épanouir durablement. Un lombricomposteur dissimulé dans la verdure est une solution parfaite pour nourrir les plantes tout en digérant les résidus domestiques.
• Le paillage. Mulcher généreusement les bacs en attendant le développement des couvre-sol.
• La protection hivernale. Agrumes, poivron et basilic perpétuel devront être protégés lors des épisodes froids. L’eau du lotus ne devra pas geler en profondeur.
Aidés par leurs amis, Olivia et ses enfants sont ravis : quelques mois ont suffi à verdir la façade. Les récoltes commencent dans cet écosystème miniature. Entre la visite de butineurs, de passereaux, beaucoup de petits spectacles vivants peuvent être observés.
En transformant son balcon en microjungle, il est possible de produire de la nourriture, de repenser les vides et délaissés en améliorant la qualité de vie des habitants, au service de la cité.
L’IRRIGATION PAR OYAS OU JARRE POREUSE
Cette technique ancestrale mise au point en zone aride repose sur l’utilisation de poteries d’argile cuite à basse température, enterrée dans le pot jusqu’au col et emplies d’eau. Le liquide diffuse lentement à travers la paroi et irrigue les racines des plantes. Fragiles et coûteux, les oyas sont à protéger du gel et ne sont une technique véritablement réaliste que pour soutenir une culture en pots ou les projets sur petites surfaces.
Le concept est inspiré des créations de Patrick Blanc, botaniste chercheur connu pour avoir popularisé le concept des murs végétaux ou de jardins verticaux. Sa méthode permet de végétaliser des surfaces droites à l’aide d’une structure portante, d’un support de culture, d’un système d’irrigation, souvent automatisé, intégré pour fournir de l’eau et des nutriments aux plantes, dans le cas de végétaux non crassulescents*. L’eau excédentaire est récupérée et recyclée. Il est possible de mettre en place une surface verticale sans irrigation pour des succulentes comestibles :
- Orpin des infidèles - Sedum anacampseros (pousse cuite)
- Orpin japonais- Sedum japonicum (pousse cuite)
- Orpin des rochers - Sedum rupestre (pousse cuite)
- Orpin blanc - Sedum album (pousse cuite)
- Sedum sarmentosum (pousse cuite)
- Saxifrage stolonifère - Saxifraga stolonifera (feuille, pousse crue ou cuite)
- Nombril de Vénus - Umbilicus rupestris (feuille crue ou cuite).
Qu’on les appelle forêt comestible, jardin-forêt ou forêt-jardin, ces systèmes agroforestiers sont tous des espaces de vie nourriciers et durables. Aujourd’hui en plein essor, ils sont portés par une diversité d’acteurs (particuliers, jardiniers, agriculteurs, entrepreneurs, collectivités, universitaires, artistes) en quête d’outils pédagogiques précis, ambitieux et documentés. C’est ce que propose dans ce guide La Forêt gourmande, association incontournable de la reforestation nourricière en France, en ouvrant en grand les portes de son bureau d’études et en partageant son savoir-faire et son expertise. Une invitation à se lancer dans la réalisation de boisements à manger où pousse, sans fertilisation et sans arrosage, une vertigineuse variété alimentaire.
• Une promenade historique et théorique dans le concept. Introduisant de nouvelles notions paysagères et philosophiques comme la reforestation nourricière, les agro-ripisylves, les mares alimentaires ou encore les forestibles, ce guide vous permet de comprendre la structure d’un boisement comestible et ses productions.
• Une description de 20 cas concrets inspirants, allant du balcon jungle aux grandes propriétés reboisées en nourricier, en passant par des jardinsforêts vivriers, communaux, exploratoires ou commerciaux… un tour de France des projets de 10 m² à 10 ha, avec des listes d’espèces associées.
• Une méthodologie affinée et détaillée pour concevoir en huit étapes sa forêt comestible. Des itinéraires techniques pour préparer la parcelle, des astuces et conseils pratiques pour choisir des plants de qualité… tout ce qu’il faut savoir pour entretenir et récolter sa forêt comestible à tous ses stades de maturité.
éditeur du vivant