Nos villes, d'un cœur brûlant. Les Exercices spirituels dans la rue, de Christian Herwartz N° 568

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Nos villes, d’un cœur brûlant Les Exercices spirituels dans la rue Les Exercices spirituels, initiés par saint Ignace de Loyola, sont généralement pratiqués lors d’une retraite, à l’écart du cadre de vie habituel. Le jésuite allemand Christian Herwartz a eu l’intuition originale qu’ils pouvaient également se vivre au cœur du monde, et en particulier, dans les rues de nos villes, pour peu que l’on tienne son regard et son esprit disponibles pour recevoir les signes de la présence de Dieu. Il arrive alors que, tel Moïse au Buisson ardent, le retraitant découvre dans ces artères urbaines une Terre Sainte inattendue. C’est cette expérience que retrace cet ouvrage polyphonique. Christian Herwartz et Yves Stoesel exposent les fondements, la méthode et donnent des indications pratiques pour que le lecteur, sans participer à une session, puisse s’entraîner à vivre quelque chose de la démarche. Leur voix est rejointe par celles de pèlerins de la rue, en France, en Allemagne, au Brésil…, qui témoignent de la fécondité des Exercices spirituels dans la rue. Christian Herwartz, s.j., Sophie Fauroux-Bommelaer, Marc Larchet, Sabine Laurent, MarieOdile Lampert, Marita Lersner, Laurence Monroe, Pierrette, Marie-Laure Richarme, Monika Sander, Véronique Selme, Blandine Somot, Yves Stoesel, s.j., et la Communauté de la Trinité, à Salvador de Bahia (Brésil).

Chr. Herwartz, s.j. et compagnons

Chr. Herwartz, s.j. et compagnons

Nos villes, d’un cœur brûlant

Vie spirituelle et discernement

Chr. Herwartz, s.j. et compagnons

Nos villes, d’un cœur brûlant Les Exercices spirituels dans la rue

viechretienne.fr

fidelite.be

ISBN 978-2-918975-41-0

ISBN 978-2-87356-676-0

© Éditions Vie chrétienne, 2015 47 rue de la Roquette 75011 Paris, France

Code article 568

9 782918 975410

9 782873 566760

Illustration de couverture : Stock photo © benjaminec

Vie chrétienne 568

Ils sont jésuites, religieux membres de communautés de spiritualité ignatienne ou trinitaire, ou laïcs de la Communauté de Vie chrétienne.

12,50 €

MATIÈRE À EXERCICES

Éditions Vie chrétienne



Nos villes, d’un cœur brûlant


Matière à exercices

matière à exercices

Un parcours spirituel, non seulement à lire, mais aussi à vivre, seul ou en petits groupes.

ISBN 978-2-918975-41-0 Code article 568 © Éditions Vie chrétienne, 2015 47 rue de la Roquette 75011 Paris, France www.viechretienne.fr Illustration de couverture : Stock photo © benjaminec.

ISBN 978-2-87356-676-0 Dépôt légal belge : D.2015, 4323-21 © Éditions jésuites, 2015 7 rue Blondeau 5000 Namur, Belgique www.editionsjesuites.com


Christian Herwartz, s.j., et compagnons : Sophie Fauroux-Bommelaer, Marc Larchet, Sabine Laurent, Marie-Odile Lampert, Marita Lersner, Laurence Monroe, Pierrette, Marie-Laure Richarme, Monika Sander, Véronique Selme, Blandine Somot, Yves Stoesel, s.j., et la Communauté de la Trinité, à Salvador de Bahia

Sous la coordination de Laurence Monroe

Nos villes, d’un cœur brûlant Les Exercices spirituels dans la rue

Vie chrétienne | Fidélité 47 rue de la Roquette 75011 Paris | 7 rue Blondeau 5000 Namur


sOmmaire Préface de Mgr Albert Rouet ................................................................7 Introduction ........................................................................................13 Première Partie I. L’enjeu des Exercices dans la rue ............................................23 L’origine des Exercices spirituels dans la rue....................................23 Pèlerins dans la rue ............................................................................25 II. La proposition : étapes, modalités, symbolique........................31 Les grandes étapes du parcours ........................................................31 Un exemple de déroulement sur trois jours ......................................33 Laissons parler les symboles..............................................................36 III. Allons dans la ville....................................................................41 Partir en pèlerin comme on part en mission ......................................41 Rechercher mon contact vital personnel............................................43 Regarder la vie ardente ......................................................................47 Parcourir nos propres ardeurs ..........................................................64 DeUxième Partie IV. Echos ........................................................................................77 Août 2013, dans la rue – M.-O. Lampert ..............................................77 L’église hors les murs – M.-L. Richarme ............................................80 « Femme, voici ton Fils » - B. Somot ....................................................84 Caminando – S. Fauroux-Bommelaer ..................................................88 Gratuité – M. Sander ............................................................................89 Centre de rétention de Vincennes – S. Laurent ..................................91 A Québec – Pierrette ............................................................................94 Ma lutte avec l’ange – S. Laurent ........................................................98 Au bord du monde – V. Selme ............................................................100 Je suis là – M. Larchet ........................................................................105


Je ne veux pas me séparer de Dieu – M. Lersner ..............................113 La retraite en tant qu’animatrice – B. Somot ....................................115 Accompagner – Y. Stoesel, s.j. ............................................................117

V. Au Brésil, pèlerins dans la ville – Communauté de la Trinité ..121 Ignace pèlerin ....................................................................................121 Les trois lieux de vie du pèlerin ........................................................122 Pèlerinage dans la rue ......................................................................124 Témoignages......................................................................................126 Postface ............................................................................................129

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PrÉFace Albert Rouet, archevêque émérite de Poitiers « Elle chaussa ses sandales » (Judith 10, 4)

Ne craignez rien : la ville n’est pas assiégée et nul Holopherne ivre ne ronfle sous sa tente. L’hymne à la louange de Judith chante à propos du général vainqueur : « Sa sandale ravit son regard » (Jdt 16, 9) et le Cantique des Cantiques d’approuver (7, 2). Ne faut-il pas mettre ses sandales et partir vers la Terre promise (Ex 12, 11) ? C’en est fini des brodequins de l’armée (Is 9, 4). Donc on prend des chaussures légères et on part ! D’ailleurs, saint Marc, à l’encontre des citadins que sont Matthieu et Luc, recommande de se chausser (6, 9). Bien sûr ! Moïse enlève ses sandales devant le Buisson ardent (Ex 3, 5) et Josué également dans la plaine de Jéricho face au chef des célestes cohortes (Jos 5, 15). Est-ce bien sérieux de préfacer un livre de spiritualité en commençant par une question de chaussures ? A cause des paires de souliers qui gisent au fond des armoires, selon les modes et les circonstances, nous avons perdu une bonne part de la symbolique à laquelle les anciens attachaient grand prix. On se déchausse pour rester dans un temple ou une demeure, on met des sandales pour marcher pacifiquement. Les pauvres allaient pieds nus ; devant un grand personnage, il était poli de retirer ses sandales. La foi passe par les pieds, parce qu’il faut y aller. Saint Paul est bien d’accord (Rm 10, 15). Donc, partons… Faire retraite : quitter ses activités ordinaires, se rendre dans une maison spécialisée, avec cellules individuelles et grand parc où s’aérer. Silence partout, parfois avec une très belle vue (montagnes ou océan). L’accueil y est toujours affable, la nourriture sobre, les couloirs feutrés. 7


Nos villes, d’un cœur brûlant

Un prédicateur dirige les journées et reçoit les participants. On lui parle de soi, on vide son sac, mais on garde le sac. Car il n’est pas rare de dire la vérité sur soi de manière à se protéger soi-même. On ne dit jamais tout, et le plus dur à avouer n’est pas toujours le plus lourd à porter. Un petit caillou dans la chaussure, et vous ne courez plus… Il arrive de se battre avec soi pour ne pas blesser de vieilles cicatrices. Il est plus simple de se retirer au fond des bois que de rentrer en soi-même. Les Pères du désert le savaient bien, pour qui le désert se peuplait de foules. La question est simple, mais difficile. « Mon nom est légion », dit le possédé (Mc 5, 9). La première délivrance effectuée par Jésus concerne un homme qui, lui aussi, dit « nous » : tant de voix parlent en lui et dictent ses discours. Jésus lui rend son unité avec la capacité de dire « je », dont d’ailleurs Marc ne précise pas ce qu’en fera cet homme guéri (1, 21-28). La multiplicité est une malédiction, estime Paul (Ga 3, 10). Il y a unité de lieu, de temps, mais plusieurs acteurs. Le prédicateur connaît son métier : il n’imposera pas une direction dont l’uniformité décuplerait des difficultés. Il arrive qu’au milieu du désert on ne sorte pas de soi. En ce cas, la retraite mérite son nom : une cessation d’activités pour recueillir les dividendes ! Quelle conception matérialiste ! N’y parle-t-on pas d’acquérir des valeurs ? Je le confesse : j’enlève l’humour. Il n’en reste pas moins que la question demeure, de sortir de soi et de s’oublier (Mt 16, 25). L’introspection entre gens du même monde ne crée pas de « choc de civilisations ». Que cela fasse du bien, relance la spiritualité, détende des crispations, réconforte la prière, apaise le cœur, c’est mille fois exact, juste et bon. Reste quand même — j’insiste — cette question simple mais difficile, que pour sortir de soi il faut de l’autre, beaucoup d’autre, et un autre vraiment différent. Donc prenez vos sandales et sortez, mais n’allez pas très loin. En ville, votre ville : je sais des habitants de villes moyennes et petites qui ne vont jamais dans certains quartiers. Ils y passent parfois mais ne les connaissent pas. « Ils n’ont rien à y faire. » Tiens ! Il faut donc « avoir quelque chose à faire » pour y aller ? C’est vrai, il y a, sur la rumeur de la ville, des bruits plus forts, des odeurs, des habitants différents. Ils sont autres que nous ; à leurs yeux, c’est nous qui sommes différents d’eux. « Barbarus hic ego sum, quia non intelligor illis », écrit le poète latin Ovide, exilé chez les « barbares » : « C’est moi ici qui suis un barbare, parce qu’ils ne me comprennent pas » (Tristes, livre V, élégie X, v. 37. 8


Préface

Épigraphe du Discours sur les sciences et les arts et des Dialogues de Rousseau). Ces contacts relativisent grandement nos prétentions à être un modèle généralisable. Il y a de l’autre devant moi, irréductible à moi et qui impose une présence si forte, si complètement étrangère que je détourne les yeux, et parfois les ferme. Commencez donc par contempler le fourmillement et prendre votre temps : l’effervescence devant une gare, la bousculade à la porte des écoles, la ronde des ambulances, le flot des voitures… Précipitation, bruits, éclatements. Dans cet apparent chaos où chacun suit cependant sa propre ligne logique, ce n’est pas la rationalité qui manque. Au contraire, les raisons pullulent, se croisent, s’additionnent. Le Petit Prince pouvait railler l’aiguilleur, il n’avait pas charge de famille ni de loyer. C’est le monde, notre monde que Dieu aime (Jn 3, 16). Prenez le temps de vous laisser désarçonner. Surtout, ne jugez pas la ville inhumaine, les activités matérialistes, le rythme infernal. Il s’agit d’abord d’humanité et d’humains respectables et fragiles. Apprenez à voir : la petite vieille qui, avec son cabas, hésite à traverser, le clochard qui traîne (quand vous doutez, regardez les souliers), les amoureux sur un banc, les regards éteints devant une clinique… Car nul ne sait voir s’il n’apprend. A force de regarder, on devient aveugle. Jésus sait voir. Suivez saint Luc : les barques et les pêcheurs (5, 2 — alors que la foule « se serrait contre lui ») ; la veuve de Naïm (7, 13), le Samaritain (10, 33), une infirme (13, 12), Zachée (19, 5)… Quelle que soit la bousculade, il discerne les personnes. Il n’est donc pas sûr du tout que, pour avancer, la bonne méthode consiste à fermer les yeux. Oui, je sais, saint Jean proclame : « Bienheureux ceux qui ont cru sans avoir vu » (20, 29). Êtes-vous sûr d’aller au fond de la signification ? Après tout, c’est notre situation. N’y a-t-il vraiment rien à voir ? Au milieu du grand discours sur le Pain de vie, Jésus prononce cette phrase : « Quiconque voit le Fils et croit en lui… » (6, 40). Il y a donc un regard dont on peut se passer depuis l’Ascension, mais il y a une vue indispensable pour croire. Mais que voir ? Le œuvres de Jésus (Jn 10, 38) et celles pour ses frères auxquels il s’identifie (Mt 25). Voir cette humanité. Matthieu (qui n’est pas un sentimental) note cette remarque de Jésus : « J’ai pitié de cette foule, car voilà déjà trois jours qu’ils restent auprès de moi et ils n’ont pas de quoi manger ; je ne veux pas les renvoyer à jeun, ils pourraient 9


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défaillir en chemin » (15, 32). Devant un fait de la rue, vous est-il arrivé, comme dit la Bible, d’être « remué aux entrailles » ? Non pas émotivité, mais le choc de reconnaître un frère humain. Donc on apprend à voir. Nous découvrons alors — et voilà le point capital — que c’est toujours l’autre qui nous donne la vision, c’est lui qui nous enseigne à voir. Aimez-vous la nature ? Oui, certainement. Avezvous déjà vu dans un champ un lièvre « en forme », c’est-à-dire tapi sous deux ou trois herbes ? Non. Jusqu’au jour où quelqu’un vous apprend à le voir : votre œil est éduqué, il est déclaré (quel beau mot !). Quand vous avez appris à voir, vous ne pensez plus à vous, vous êtes conduit par ceux et celles qui s’offrent (oui !) à votre vue. Ils ne s’exposent pas, ils donnent à voir. En cela se tient la pureté de l’œil (Mt 6, 22). Sinon l’œil voit double, en rétroviseur hypocrite de soi. Car cet autre, quel qu’il soit, c’est le Christ qu’il symbolise, ce Christ qui le place devant nous. N’est-ce pas finalement un peu trop spirituel ? Nous y voilà ! C’est une question matérialiste dans la mesure où elle assigne le spirituel à résidence en des lieux privilégiés (des retraites ?). Une chose n’est pas matérielle ou spirituelle en soi, mais le devient selon la relation entretenue avec elle, par le regard porté sur elle. La séparation en deux domaines concurrents s’appuie sur la vieille opposition du sacré et du profane qu’elle rajeunit sans le dire. La Bible parle de sainteté : l’alliance dans le respect, sans confusion. Quand Judith met ses sandales pour séduire Holopherne et lui trancher la tête, son aventure est spirituelle parce qu’elle entre dans l’histoire de l’Alliance. Avoir contemplé la ville, voir ses habitants, découvrir ceux à qui personne ne prête attention, n’est-ce pas envisager les humains avec les yeux du Christ se livrant pour eux ? C’est ainsi que l’on apprend à sortir de soi, attiré par ceux-là mêmes que le Christ attire à lui (Jn 12, 32). Newman distinguait entre la fascination qui éblouit de ses idoles scintillantes, et la séduction qui attire. Il comprenait ainsi cette réflexion de Jérémie : « Tu m’as séduit, Seigneur, et je me suis laissé séduire » (20, 7). A travers les grandes difficultés de son époque, les oppositions et les cabales, le prophète a trouvé en lui le rôle discriminant du silence : attiré par Dieu, il ne se laissait pas fasciner par les idoles. Le silence est nécessaire pour bien voir, afin de concentrer son attention dans l’autre. Partir dans les cris et les klaxons de la ville conduit à se retirer en soi, pour être 10


Préface

mieux saisi par ce qui se présente. Mieux encore : quand saint Paul aux Éphésiens écrit ce mot étonnant : « Soyez soumis les uns aux autres » (5, 21), il entend que le plus court chemin de soi à soi passe par l’autre. Pour paraphraser Maurice Zundel : « il y a de l’autre en je ». C’est une méthode — et le mot aussi se trouve dans les écrits pauliniens (2 Tm 3, 10). Il est donc utile de pouvoir relire les découvertes et les chocs quotidiens avec quelqu’un qui écoute, hiérarchise et détecte le point singulier d’avancée. La ville se montre alors comme une école de vie, de sagesse et de foi. Ni cité du mal, ni confusion totale, elle se fait voir en tant que lieu d’humanité, avec tout ce qu’elle comporte de beauté et de malheur, d’espérance et d’écroulement. En un lieu, elle condense ce que l’homme fait à l’homme — expression que le Christ s’applique (Mc 9, 12-13). Elle évoque donc ce que Dieu promet à cet humain. Alors, prends tes sandales et sors. La mission n’est pas guerrière mais fraternelle. L’espace urbain te fera découvrir ton propre espace intérieur. Il le dépouillera, il l’élargira et, même les soirs de grande fatigue, tes pieds danseront (Ps 67 [68], 5).

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iNtrODUctiON Laurence Monroe Je pense à ce sketch des Inconnus : — Tu viens Max ? Tu descends ? Max, depuis sa fenêtre, hésite… — Pour quoi faire ? Son copain désœuvré, n’a pas de programme à lui proposer, il a juste envie de sa présence. — J’sais pas, moi ! Descends ! Et si je descendais, moi aussi de mon immeuble… non pour, comme d’habitude, m’engouffrer aussi vite dans une bouche de métro mais pour rester là, demeurer un peu dans ce lieu de passage qu’est la rue ? Parfois, on entre en retraite comme on s’engouffre dans le métro. Pour aller d’un point à un autre, le plus efficacement possible. On connaît la méthodologie, on a ses petites habitudes. Besoin d’un banc, du silence, préférence pour telle icône, tel horaire. J’ai bien en mémoire les consignes : fixer à l’avance la durée de mon oraison, et m’y tenir. J’ai bien relu le texte proposé. Je commence par ma demande de grâce… je sais d’avance que je vais en tirer quelque fruit. Pour qui suis-je entré en retraite ? Une anti-retraite

Eh bien cette fois, ce sont des modalités inverses qui sont proposées. Non pas monter à l’oratoire, mais descendre dans la banalité de la rue. Descendre de son piédestal, de ses bonnes habitudes, de ses protections pour être là, avec ces personnes à qui je n’ai jamais le temps d’accorder un peu de mon attention… Moi si pressé d’agir, d’être efficace, de servir.

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Nos villes, d’un cœur brûlant

Condescendre jusqu’à cet espace-temps de la rue où rien d’explicite ne m’attend. Offrir gratuitement la disponibilité même que je voudrais offrir dans une retraite. Et alors, découvrir sous quels traits, aujourd’hui, Dieu m’attend. On aime trouver Dieu dans l’éblouissement d’un sommet. Mais descendre faire retraite… dans un lieu trivial… exposé à tous les passants ! C’est donc une sorte d’anti-retraite que proposent les Exercices dans la rue. Non pas un retrait du monde, mais une immersion. Non pour y agir à la manière des prêtres ouvriers, mais pour y voir, y sentir Dieu, avec tous nos sens en éveil. Nous exercer à discerner comment Dieu nous attend dans le tourbillon du monde. En pleine rue, dans une brise légère ou dans une rencontre bousculante. commencer par la vulnérabilité

A priori, nous ne descendons pas dans la rue pour reprendre des forces, et pourtant… Certains pèlerins ont accepté d’entrer, fragiles, dans cette démarche insolite et de se laisser mener par leur réceptivité, face à ce qui advient, dans un parti pris de confiance radicale. Ils se laissent simplement mener par l’Esprit et sont parfois visités comme Moïse au désert. La rue devient alors une parole vivante, et parfois une expérience ardente au cœur de cette réalité. Berlin

Bien qu’ils soient nés de ce monde-là, les « Exercices dans la rue » ne sont pas spécialement destinés aux « gens de la rue ». Ce ne sont pas non plus des prêches de rue qui feraient de nous des « annonceurs » de Dieu. Mais ils s’adressent à tous les chercheurs de Dieu humbles et vulnérables, ignatiens ou non, chrétiens confessants ou non. C’est à Berlin, sur ce lieu de fracture entre Berlin Ouest et Berlin Est, que le jésuite allemand Christian Herwartz a été sollicité par des personnes désireuses de rencontrer Dieu dans leur quotidien qu’était la rue, ce lieu où ils vivaient. Christian a accepté d’y demeurer avec eux. Je repense à ce film magnifique : Les ailes du désir, de Wim Wenders, qui erre justement dans le Berlin d’après guerre, avec sa camera, comme ces anges si proches des hommes. Serait-ce la grâce de cette ville divisée que de nous apprendre que Dieu est là : au cœur des meurtrissures justement. Berlin. Ces zones de déshérence, ce cercle de sable laissé là, sur un terrain vague par le départ d’un cirque condamné. Berlin détruite, 14


Introduction

taguée. Berlin et ses blessures, places nues, boîtes de nuit étouffantes, gares transformées en studio de cinéma, bibliothèques laborieuses, métros déprimés et partout, l’effleurement compatissant des anges, ces ailes invisibles d’un Dieu qui souffre et sourit avec les hommes. Et pour finir, épris, choisit la finitude, l’incarnation pour mieux les rejoindre à la fois dans la beauté et parfois aussi la cruauté de leurs vies. Qui serons-nous dans la rue, dans la vie ? Ces anges qui s’attardent dans la ville, désireux d’entendre, de voir, de compatir, de se rapprocher des hommes, le cœur brûlant, en offrant non pas d’abord des secours mais une présence ardente ? Irons-nous comme eux jusqu’à briser l’armure (ce que Christian signifie par « retirer des sandales ») pour les rejoindre vraiment et pas seulement en esprit ? Je cherche Dieu

« Que faites-vous là ? Dans cette salle d’hôpital ? Dans ce square désert ? » demande un passant à l’un des pèlerins-retraitants croisés dans les rues… « Je cherche Dieu », s’entend répondre le pèlerin, dans un élan de simplicité. Et nous ? Quand Le cherchons-nous ? Le cherchons-nous en toute chose ? Y compris dans les places vides, dans les encombrements ou dans les impasses de l’existence ? La démarche frappe l’imagination : on sort des cadres connus, pour livrer, abandonner son temps en quittant délibérément toute perspective d’efficacité. Devenir contemplatif dans la rue, chahutée par ses tribulations, son bruit, ses urgences, ses évitements, ses cris ou ses solitudes. aux sources des exercices

Tout commence, comme Ignace de Loyola à Manrèse, par un radical « lâcher prise ». Car en inventant cette formule, Christian Herwartz va en fait aux sources des Exercices, retrouvant les premiers pas d’Ignace pèlerin, qui lui même retrouvait l’intuition des tout premiers « moines » partant marcher seuls. Ainsi les retraitants, que nous appellerons aussi pèlerins, ont-ils choisi de lui emboîter le pas, se mettant en mouvement pour laisser le mouvement de Dieu leur imprimer son rythme. Dieu, nous Le cherchons dans nos liens les plus précieux, les liens d’amour et d’amitié. Nous Le découvrons dans les liens de service et de gratuité. Dans notre travail, dans un service, dans une épreuve. Mais Il vient à nous sans cesse, dans l’imprévu, le passager. Sans cesse, Il nous 15


Nos villes, d’un cœur brûlant

propose de Le rencontrer… à un coin de rue, sur la première marche d’un escalier roulant, pour peu que l’on ait un esprit consacré à l’attention et un cœur brûlant d’attente. C’est ce que nous font découvrir tous ces témoins. se laisser surprendre par Dieu

Christian Herwartz a perçu la dimension très pédagogique d’une retraite vécue dans la rue même. Déjà la formule des retraites dans la vie aiguisent nos sens spirituels à nous rendre de plus en plus attentifs aux jaillissements de la vie, non pas dans la lumière tamisée d’une église, mais dans l’espace bouillonnant, parfois très brouillon, du monde. Cette fois, ce réel est imprévisible : insolite, ennuyeux ou dérangeant. Il s’agit donc de s’exercer à mieux percevoir Dieu, au cœur des événements. D’entendre ses appels à toujours plus de vie. C’est un chemin d’incarnation assez radical. Christian suggère en particulier de se rendre attentif aux colères qui montent en soi… Je n’ai personnellement pas beaucoup de souvenir de colères en retraite… C’est donc là dans l’événement, celui qu’Emmanuel Mounier nomme « le maître intérieur », que Christian Herwartz perçoit la possibilité de réveiller notre ardeur. Ainsi de nombreux pèlerins de la rue font l’expérience d’être touchés au cœur, dans une situation qui les renvoie à leur désir le plus intime. Ils vivent une expérience de révélation qui peut réorienter durablement leur vie, là, livrés au hasard, dans ce lieu improbable qu’est la rue passante. Au fil des témoignages, on sera sensible à la volatilité, à la légèreté, à la fulgurance d’expériences souvent fondatrices, qui font des retraitants des contemporains des pèlerins d’Emmaüs. Dans le sillage de Christian Herwartz, une centaine d’accompagnateurs se sont formés à donner ces Exercices dans la rue, parmi lesquels Yves Stoesel, un compagnon jésuite qui prend aussi sa plume ici. Un texte polyphonique

Le texte d’origine, écrit en allemand par Christian Herwartz, Brennende Gegenwart. Exerzitien auf der Strasse (« Présence brûlante. Exercices dans la rue »), paru chez Echter Verlag, a été traduit en espagnol dans son intégralité. Pour cette édition, nous avons choisi de l’alléger, mais aussi de l’étayer, d’une part, d’éléments didactiques ; d’autre part, de témoignages. Ainsi, éclairages, lectures bibliques, expériences spiri16


Introduction

tuelles relues et mémorisées se font écho ici, ouvrant l’oreille à différentes harmoniques. Comme en retraite ou dans la vie, n’ayons pas peur des répétitions. Un élargissement, un approfondissement nous attend peutêtre au détour d’une nouvelle formulation. Car Dieu ne cesse de se donner de multiples manières. Enfin, puisqu’il est question d’aller aux frontières, nous avons demandé à Éric de témoigner. Ce Français est parti, disponible, il y a vingt ans sur les routes du Brésil et y a découvert en marchant sa vocation de « pèlerin de la Trinité ». C’est donc la rue qui lui a révélé sa vocation de pèlerin, épris de ce Dieu qui se fait rencontre, relation réciproque, échange. Car, dans la rue, il a découvert avec quelle intensité Dieu se donne dans chaque rencontre imprévue, pour peu qu’Il trouve un cœur ouvert et assoiffé. Avec la communauté suscitée progressivement autour de lui, Éric donne lui aussi des retraites dans la rue à des séminaristes, des laïcs ou des religieux, qui sont ainsi « reçus » par les gens de la rue dans une radicale inversion des rôles. Familier des Exercices de saint Ignace, Éric a vu sa vie toute entière prendre la forme de cette retraite dans la rue qui commence par un dépouillement radical, une absence de projet, une kénose pour rejoindre les derniers : le mouvement de Dieu Lui-même dans son incarnation. Il nous a semblé cohérent, sur un sujet comme celui-ci, d’aller nous aussi aux frontières de l’expérience, aux carrefours du monde, où le pape François et notre Communauté Vie chrétienne nous invitent ardemment à sortir. Quittant nos institutions ignatiennes comme notre Jérusalem pour rejoindre les hommes sur leurs routes, parfois chaotiques. La structure du livre

Il s’articule en deux parties. La première a une portée didactique, a seconde fera la part belle aux témoignages et à la méditation. 1. C’est Yves Stoesel, s.j. (chapitres I et II) qui présente Christian Herwartz, jésuite à l’origine de la démarche et ses principales intuitions en formalisant quelques balises. Puis, Christian prend la plume en fin de chapitre I et tout au long du chapitre III dans un long récit qui nous fait entrer dans sa mystique, passant sans cesse de l’exploration ardente de l’Écriture à celle de la rue, souvent métaphore de notre vie. S’entremêlent alors de longs détours par des récits bibliques, quelques éléments d’analyse, et des bribes de récits vécus 17


Nos villes, d’un cœur brûlant

dans la rue, par lesquels il invite le lecteur, à son tour, à faire exercice au fil des pages. Ainsi, « même sans participer à une session d’Exercices dans la rue on peut s’inspirer de ces indications pour apprendre à découvrir le Christ comme le Chemin, la voie au cœur de notre vie », écrit-il. 2. De brefs témoignages à la première personne où accompagnateurs et pèlerins retraitants s’ouvrent d’un petit bout de chemin intérieur parcouru. Généreuse hospitalité qui nous invite à voir comment Dieu se donne à chacun de manière singulière ! Parmi ces témoins : Yves Stoesel, Marie-Odile Lampert, Marc Larchet, Blandine Somot, Monika Sander, Sophie Fauroux-Bommelaer, Véronique Selme, Marie-Laure Richarme, Sabine Laurent, Pierrette… Ces moments vécus seront entrecoupés de quelques textes utilisés lors de ces « retraites » en plein vent. Certains y sont même nés, d’autres de Madeleine Delbrêl et de Teilhard de Chardin, font écho à cette intuition-là. Au terme, une ouverture. L’écho des retraites dans la rue proposées au Brésil par la communauté de la Trinité. Autre continent, autre hémisphère, autres modalités, mais une même intuition forte. Mondialisation oblige : Éric a eu vent des livres de Christian Herwartz qui lui-même a eu vent de l’expérience d’Éric. Le vent souffle où il veut… Il y a donc bien des façons de lire ce livre qui n’appelle pas nécessairement une traversée linéaire. Pour goûter l’expérience, on peut commencer par un témoignage, un symbole, un texte, un exercice et entrer nous aussi dans une sorte d’itinérance, en nous laissant guider intérieurement, là où nous en sommes.

Une démarche communautaire Ce qui m’a le plus touchée dans l’exercice de mise en forme des différentes écritures, c’est la diversité des voix — qui sera perceptible au lecteur —, et donc aussi des voies. La manière si singulière dont Jésus trace un chemin devient le Chemin pour chacun. J’ai pris le parti de ne pas trop lisser le style, pour garder des saveurs variées. Comme chacun durant ces retraites est invité à donner un nom personnel à Dieu, ainsi c’est tous, en Église, en communauté, que nous recevons la totalité de son visage.

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Introduction

Ce livre enraciné dans une tradition — celle du pèlerin — et menant aux frontières, a donc une portée ecclésiale : bien que structuré autour d’un auteur principal, il est le fruit de nombreux compagnonnages. Ainsi le texte d’origine, passé de main en main, d’une culture à une autre, a été traduit par le P. Jacques Weisshaupt, s.j. du Luxembourg, débattu, délaissé, puis repris, réécrit, complété. Celui-ci est donc le fruit de nombreux lâcher-prise et collaborations. Comme avec France Delescluse du comité éditorial des éditions Vie chrétienne, qui m’a aidée en amont dans la coordination et en aval par sa relecture. Héritant de ce témoignage de Christian Herwartz à Berlin, sollicitant ceux d’Yves Stoesel, au Québec, d’Éric pèlerin de la Trinité au Brésil, et d’autres compagnons de route, nous espérons qu’ils vous mettront en route, au propre comme au figuré, pour qu’ensemble nous devenions un peu plus cette Église pèlerine, itinérante. Une Église hors-les-murs, qui se rapproche des hommes, tantôt « hôpital de campagne », tantôt « auberge espagnole ». En tout cas, lieu d’hospitalité mutuelle capable d’éclairer les ténèbres dans la ville, dans la vie, et de laisser un feu intérieur transfigurer certaines réalités.

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Première Partie



i L’eNJeU Des exercices DaNs La rUe L’origine des exercices spirituels dans la rue Yves Stoesel, s.j. 1 C’est Christian Herwartz, un jésuite allemand, ancien prêtre ouvrier, qui en a eu l’intuition. Suite à la 32e Congrégation Générale (2 décembre 1974 – 7 mars 1975) qui mit le combat pour la foi et la justice au centre de la mission des Jésuites, il s’est engagé auprès des hommes et des femmes de milieux défavorisés et s’est installé avec d’autres compagnons dans un appartement à Kreutzberg, un quartier populaire de Berlin. Quelques événements l’ont alors mis en route. Le premier est en lien avec la chute du mur de Berlin qui a eu pour conséquence une forte augmentation des prix des loyers et de plus en plus de personnes jetées à la rue. En novembre 1993, il participe à une manifestation devant l’hôtel de ville de Berlin où il s’installe avec d’autres, jour et nuit, pendant quatre semaines, avant d’être évacué par la police. Cette expérience fut pour Christian une grâce : la grâce de découvrir la présence de Dieu, une fois de plus, dans les exclus, les rejetés, ceux qui n’ont pas droit de cité. Cette présence auprès des sans domicile venait bousculer, déplacer son regard sur les beaux projets de développement de la ville. Dieu ne parlait pas le langage des puissants de ce monde. Il souriait dans le cœur des plus pauvres : c’est ainsi qu’ils Le reconnurent entre eux. « La faim de justice est une douleur à travers laquelle notre regard sur le monde est renouvelé. Si nous y consentons, nous serons rendus toujours plus

1. Jésuite initié aux Exercices dans la rue par Christian Herwartz. Il anime désormais des sessions au Québec. 23


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Éditions Vie chrétienne

OUVRAGES DANS LA MÊME COLLECTION AUX ÉDITIONS VIE CHRÉTIENNE En vente en librairies religieuses et centres spirituels et sur le site : www.viechretienne.fr

VIE SPIRITUELLE ET DISCERNEMENT 204 309 270 325 339 347 354 358 365 366 425 445 464 470 480 511 523 530 543 555 556 557 560 562 563 568

mener sa vie selon l’esprit J. Gouvernaire, s.j. Discerner ensemble J-Cl. Dhôtel, s.j. Puis-je haïr Dieu ? P. Wolff, s.j. alpha et Oméga Y. Raguin, s.j. mener sa vie selon l’esprit. tome 2 J. Gouvernaire, s.j. La spiritualité ignatienne J-Cl. Dhôtel, s.j. relire sa vie pour y lire Dieu Vie chrétienne Le Principe et la fin E. Pousset, s.j., M. Rosaz expérience de Dieu et chemins de prière L. Scherer, s.j. Vers le bonheur durable A. Demoustier, s.j. La onzième heure ou se décider pour le christ Cal C. M. Martini appelés ? I. Parmentier La décision de vivre M. Cl. Berthelin Passeur de l’autre rive J. Laplace, s.j. Discerner, que se passe t il en nous ? M. Lorrain Le combat spirituel L. Scherer, s.j. Libre pour se décider J. Fédry, s.j. La consolation N. Rousselot Naviguer avec saint ignace N. Becquart Être accompagné L. Scherer, s.j. Dieu au quotidien J-Cl. Dhôtel, s.j. La grâce d’agir E. O’Neill, s.j. repères pour la vie spirituelle L. Scherer, s.j. Lâcher prise ? R. Scholtus Ordonner son temps* D. Delobre, s.j. Nos villes, d’un cœur brûlant* Chr. Herwartz, s.j. et compagnons

212 226 245 327 369

actes des apôtres Le christ et son mystère il leur dit : « ceci est mon corps » Qu’est-ce que la tradition ? et moi, je suis avec vous (avec ignace, méditer matthieu) magnificat ricochets de la Parole récit de l’origine L’offrande de Dieu Les promesses de l’Éden Pour que vous croyiez. tome 1

ÉCOUTER LA PAROLE

391 513 520 552 558 566 132

E. Haulotte, s.j. Y. Raguin, s.j. E. Pousset, s.j. P. Grelot, s.j. Cal C. M. Martini P. Veyron, s.j. C. Robet B. Régent, s.j. M. Pochon, s.j. M. Pochon, s.j. P-M. Hoog, s.j.


Éditions Vie chrétienne

MISSION DANS LE MONDE ET L’ÉGLISE 200 222 314 331 342 406 409 436 457 458 478 501 559

Promouvoir la justice P. Arrupe, s.j. Des hommes disponibles Vie chrétienne Laïcs et prêtres : perspectives d’avenir J-P. Deloupy, s.j. Quand incroyance et indifférence parlent à la foi J-M. Glé, s.j. La Justice et la Foi, la loi et l’Évangile J. Guillet, s.j. Un message de salut pour tous Y. Raguin, s.j. serviteurs de la mission du christ Vie chrétienne accompagner un groupe de jeunes H. Herbreteau Foisonnement religieux Vie chrétienne La traversée de l’impossible X. Lacroix Dieu partagé. Le chemin de François xavier B. Vermander, s.j. christianisme et nature F. Euvé, s.j. résister et oser l’espérance M. Rondet, s.j. et Y. de Gentil Baichis

189 380 431

invitation à la prière Jalons pour prier Les Psaumes. « Poèmes de Dieu, prières des hommes » Jour après jour. Psaumes Prier dans l’instant Va vers le pays que je te montrerai*

ÉCOLE DE PRIÈRE

454 553 564

Cl. Flipo, s.j. B. Oudot D. Rimaud, s.j. D. Rimaud, s.j. M. Cl. Berthelin Fr. Laurent et G. Quatrefages, s.j.

RÉCITS ET TÉMOIGNAGES 155 348 350 495 502 531 540 554 561 567

Qui es tu ignace de Loyola ? ignace de Loyola (BD) ignace de Loyola par lui-même Naître sous x… et inventer sa vie Le corps mal entendu Quand l’œil écoute au fil des jours blessés Les couleurs de Dieu Lumière au cœur de la nuit Oser la charité

J-C. Dhôtel, s.j. E. Vandermeersch Illustré par Ch. Hénin M-F. Bergerault M-H. Boucand E. de Rosny, s.j. P-M. Hoog, s.j. Arcabas et M. Rondet, s.j. A. Delp, s.j. B. Pommereuil

N.B. — Les titres marqués d’un astérisque contiennent « matière à exercices ».

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ÉDITIONS VIE CHRÉTIENNE PUBLIE ÉGALEMENT :

Nouvelle revue

Vie chrétienne

La spiritualité d’Ignace de Loyola pour tous, au fil des jours

La revue n’est pas vendue.

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568 Nos villes d'un cœur brûlant v4 03-07-15 14h34 Page135

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Tous les 2 mois, 40 pages en couleurs pour Trouver Dieu en toute chose et lire les signes des temps : un dossier avec témoignages, analyse psychologique, contrepoint biblique et repères ignatiens Se former, approfondir la spiritualité ignatienne : bible, école de prière, aide à la décision… Découvrir la vie de la Communauté Vie Chrétienne en France et dans le monde 135


Éditions Vie chrétienne et éditions Fidélité

LA SPIRITUALITÉ d’IGNACE DE LOYOLA POUR TOUS Des livres pour prendre du recul et se former

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marie claire Berthelin

Prier dans l’instant Des endroits s’appellent lieux de prière : une église, un coin réservé dans l’appartement, un chemin de pèlerinage… Des moments s’appellent temps de prière : le quart d’heure matinal avant de partir au travail, l’ouverture d’une réunion, le partage fraternel d’un sacrement, une heure de silence avec la Bible… Et si n’importe quel lieu ou temps pouvait permettre de libérer en nous la prière ? Une prière dans l’instant, là où nous sommes. Et s’il était possible de nous laisser prier par celui qui sans cesse prie au fond de nous-mêmes ? « Il suffit que tu ouvres les yeux : Dieu est toujours offert », nous disent les psaumes 90 et 45. Il est une multitude d’instants où le souhait de Dieu peut se réaliser : l’expérience d’une communion dans le Nom de son Fils. Il n’est que de consentir. Marie Claire Berthelin est sœur de La Retraite. Elle a expérimenté l’écoute des jeunes et de leurs familles, parfois aux frontières de l’Église, dans le cadre scolaire. Actuellement, elle reçoit de sa congrégation une mission d’accompagnement de toute personne, en retraite spirituelle, en recherche de prière, en quête de liberté intérieure, avec le souci d’accueillir chacun « au point où il en est ».

10,00 € Code article 553 Publié pour la première fois en 2009 comme supplément à la revue Vie chrétienne no 553 88 pages

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adrien Demoustier, s.j.

Vers le bonheur durable consolation et désolation selon saint ignace Cet ouvrage commente et développe les quatre premières règles du discernement des esprits propres à la première semaine des Exercices spirituels. Savoir dévoiler la demande pour que l’autre découvre ce qui l’anime et lui permettre, dans ce même mouvement, de s’ouvrir aux autres et à Dieu, tel est l’objectif de la démarche recommandée par saint Ignace. L’auteur nous en souligne la portée, d’une ampleur insoupçonnée pour aujourd’hui ; elle peut éclairer toute l’existence humaine individuelle et sociale, au-delà même du cadre d’une retraite spirituelle. Par les conseils concrets qu’il donne, les exemples qu’il évoque, les conduites qu’il suggère, l’auteur met toute sa grande expérience au service, non seulement de ceux qui en accompagnent d’autres, mais aussi de tous ceux qui cherchent une aide pour découvrir et assumer leur propre humanité. Adrien Demoustier est spécialiste de la spiritualité ignatienne sur laquelle il a beaucoup écrit, en particulier dans la revue Christus.

10,90 € Code article 366 Publié pour la première fois en 1992 comme supplément à la revue Vie chrétienne no 366 96 pages

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alfred Delp, s.j.

Lumière au cœur de la nuit Un jésuite allemand dans les prisons nazies Présentation de michel rondet, s.j. « Mon crime est d’avoir refusé la religion de l’orgueil et de la violence, et de l’avoir fait comme catholique et comme jésuite. » Le 2 février 1945, Alfred Delp, jésuite allemand, est exécuté par le régime nazi, à l’âge de 37 ans, condamné après un simulacre de procès pour avoir participé avec des compatriotes à un cercle de réflexion préparant le relèvement de l’Allemagne après l’étau politique et moral du national-socialisme. Dans sa prison, affaibli par les tortures, les privations et l’isolement, il éprouve la tentation du désespoir, mais expérimente aussi paradoxalement la joie de la présence de Dieu au cœur de la nuit la plus totale. Il rédige lettres et méditations spirituelles avec lucidité, dans l’espoir que ses amis et les chrétiens allemands continuent le combat pour une Allemagne libre et une Église plus ouverte. Il nous livre aussi un itinéraire intérieur de discernement pour les détachements successifs qui lui sont demandés, nourri d’abandon à la confiance en Dieu. Au même titre que ceux de son voisin de cellule, le pasteur Dietrich Bonhoeffer, ses différents écrits, longtemps inconnus en France et rassemblés dans cet ouvrage, constituent un témoignage exceptionnel sur l’Amour ; l’Amour qui fait surgir le meilleur du pire qui peut nous affecter. Ils offrent au lecteur d’aujourd’hui une réflexion étonnamment actuelle sur la résistance spirituelle. Michel Rondet, jésuite depuis 1942, a été maître des novices, puis a enseigné la théologie à Aix-en-Provence. Auteur de très nombreux ouvrages de théologie très prisés des spécialistes comme du grand public, il a donné de très nombreuses retraites à quantité de laïcs, prêtres et religieuses, notamment à La Baume-les-Aix et Biviers.

12,90 € Code article 561 Publié pour la première fois en 2003 comme supplément à la revue Vie chrétienne no 489 sous le titre Dieu rend libre. Face à la barbarie nazie 144 pages

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michel rondet, s.j.

Résister et oser l’espérance entretiens avec Yves de Gentil Baichis L’indignation est à la mode. Mais dans bien des domaines, s’indigner ne suffit pas. Comme autrefois face à la barbarie nazie, il faut résister. Résister ne consiste pas en un réflexe négatif qui s’enfermerait dans un refus obstiné de toute évolution qui paraîtrait menaçante. Attitude positive et lucide, la résistance aujourd’hui refuse la résignation et pousse à rester debout face aux pressions violentes ou sournoises qui cherchent à détruire l’humain. L’époque est certes bien différente du temps de l’oppression nazie. Cependant, les raisons de résister perdurent, les dérives sont multiformes et insidieuses : les tentatives pour nier Dieu, la toute-puissance financière, la dictature des médias, le repli sur soi, la banalisation de la violence… sont quelques-uns des domaines pour lesquels Michel Rondet et Yves de Gentil Baichis nous appellent à ne pas baisser les bras au nom de notre foi en Jésus Christ, qui doit nous pousser encore et toujours à rechercher une voie qui respecte et valorise ce qu’il y a de meilleur en l’homme. Sans doute y faut-il du courage. Mais plus encore, résister suppose de croire en la possibilité de quelque chose de meilleur pour l’humanité. Résister suppose d’espérer. Forts de cette conviction, Michel Rondet et Yves de Gentil Baichis montrent combien la résistance est un acte éminemment spirituel, qui puise dans l’espérance évangélique. Michel Rondet, jésuite depuis 1942, a été maître des novices, puis a enseigné la théologie à Aix-en-Provence. Mais il ne se veut pas un intellectuel en chambre ; il a donné de nombreuses retraites à quantité de laïcs, prêtres et religieuses, notamment à La Baume-les-Aix et à Biviers. Cela l’a aidé à voir concrètement comment nos contemporains sont attirés, bousculés et transformés par l’Evangile. Très lucide sur les difficultés de l’Eglise, il a une grande confiance en l’Esprit Saint qu’il sait présent dans les moments de crise. Yves de Gentil Baichis a été journaliste au quotidien La Croix où il a dirigé le service « Société », puis celui des « Informations religieuses » avant de créer le supplément « Parents et enfants ». Il a collaboré à la revue Vie chrétienne pendant treize années. Passionné par l’évolution du monde contemporain, il a publié plusieurs ouvrages sur les sujets de société et de religion.

10,00 € Code article 559 80 pages

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Jean Gouvernaire, s.j.

Mener sa vie selon l’Esprit Des mouvements divers, des états d’âme se succèdent en nous. Quelle importance ont-ils dans notre vie spirituelle et apostolique ? Leurs variations sont plus ou moins rapides et plus ou moins amples, selon les moments de la vie, les événements, le tempérament de chacun. Tantôt nous sommes portés à entreprendre, tantôt à nous renfermer. Comment, dans ce flux et ce reflux, reconnaître les courants qui nous portent vers Dieu, afin de les utiliser ; et ceux qui nous entraînent à la dérive, afin de nous en dégager ? Pour voir clair en nous-même, il s’agit alors de s’exercer au « discernement » des mouvements spirituels, non pas pour s’inquiéter dans un travail d’analyse psychologique, mais pour se soumettre avec confiance et intelligence à l’action de Dieu qui vient séparer en nous la lumière des ténèbres. Les différents chapitres de cet ouvrage commentent, pour le chrétien désireux de mener sa vie en cherchant la volonté de Dieu, les conseils les plus simples donnés par saint Ignace de Loyola dans le livret des Exercices spirituels. Jean Gouvernaire, jésuite décédé en 1998, a exercé son ministère pendant quarante ans au Centre spirituel de Manrèse, en région parisienne. L’essentiel de son activité apostolique a été consacré à l’accompagnement spirituel. On lui doit de très beaux textes publiés pour la plupart dans les revues Vie chrétienne et Christus.

11,90 € Code article 204 Publié pour la première fois en 1977 96 pages

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Editions Vie chrétienne

Jean Gouvernaire, s.j.

Mener sa vie selon l’Esprit tome 2 : Un discernement plus subtil Présentation de Dominique salin, s.j. Mener sa vie selon l’Esprit (voir ci-contre) ne cesse de connaître un grand succès depuis sa parution en 1977. Jean Gouvernaire nous y apprend comment discerner, parmi les « diverses motions qui se produisent dans l’âme », les courants qui nous mènent vers Dieu de ceux qui nous emportent à la dérive. Ce sont là finement expliquées les règles dites de première Semaine des Exercices spirituels d’Ignace de Loyola. Le présent livre est le complément, le tome 2, que Jean Gouvernaire a écrit quelques années plus tard en 1990 : c’est le commentaire des règles de discernement dites de seconde Semaine des Exercices qu’Ignace propose pour un discernement plus subtil. En effet, même dans les courants porteurs peuvent se glisser un tourbillon trompeur ou un faux calme. Il s’agit alors d’affiner son discernement et d’aiguiser sa vie spirituelle, pour distinguer à coup sûr la brise de l’Esprit Saint. A l’aide d’explications claires et d’exemples choisis, Jean Gouvernaire nous conduit pas à pas dans l’exploration de notre ressenti spirituel pour une vie entièrement accordée à Dieu, que ce soit dans les grandes décisions comme dans la vie de tous les jours. Le propos est complété par la présentation de trois textes de grands spirituels, qui font écho, chacun à leur manière, aux intuitions ignatiennes décryptées par l’auteur. Avec la disponibilité retrouvée des deux tomes, on peut de nouveau aller jusqu’au bout du cheminement auquel nous invitent les observations profondes et délicates d’Ignace. Dominique Salin, jésuite né en 1943, enseigne la théologie et la littérature spirituelle à la Faculté jésuite de théologie de Paris (Centre Sèvres). Il est spécialiste de la spiritualité au XVIIe siècle (éditions de la Doctrine spirituelle de Louis Lallemant et de l’Abandon à la Providence divine jadis attribué à Caussade).

10,00 € Code article 339 Publié pour la première fois en 1990 comme supplément à la revue Vie chrétienne no 339. 80 pages

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Achevé d’imprimer



Nos villes, d’un cœur brûlant Les Exercices spirituels dans la rue Les Exercices spirituels, initiés par saint Ignace de Loyola, sont généralement pratiqués lors d’une retraite, à l’écart du cadre de vie habituel. Le jésuite allemand Christian Herwartz a eu l’intuition originale qu’ils pouvaient également se vivre au cœur du monde, et en particulier, dans les rues de nos villes, pour peu que l’on tienne son regard et son esprit disponibles pour recevoir les signes de la présence de Dieu. Il arrive alors que, tel Moïse au Buisson ardent, le retraitant découvre dans ces artères urbaines une Terre Sainte inattendue. C’est cette expérience que retrace cet ouvrage polyphonique. Christian Herwartz et Yves Stoesel exposent les fondements, la méthode et donnent des indications pratiques pour que le lecteur, sans participer à une session, puisse s’entraîner à vivre quelque chose de la démarche. Leur voix est rejointe par celles de pèlerins de la rue, en France, en Allemagne, au Brésil…, qui témoignent de la fécondité des Exercices spirituels dans la rue. Christian Herwartz, s.j., Sophie Fauroux-Bommelaer, Marc Larchet, Sabine Laurent, MarieOdile Lampert, Marita Lersner, Laurence Monroe, Pierrette, Marie-Laure Richarme, Monika Sander, Véronique Selme, Blandine Somot, Yves Stoesel, s.j., et la Communauté de la Trinité, à Salvador de Bahia (Brésil).

Chr. Herwartz, s.j. et compagnons

Chr. Herwartz, s.j. et compagnons

Nos villes, d’un cœur brûlant

Vie spirituelle et discernement

Chr. Herwartz, s.j. et compagnons

Nos villes, d’un cœur brûlant Les Exercices spirituels dans la rue

viechretienne.fr

fidelite.be

ISBN 978-2-918975-41-0

ISBN 978-2-87356-676-0

© Éditions Vie chrétienne, 2015 47 rue de la Roquette 75011 Paris, France

Code article 568

9 782918 975410

9 782873 566760

Illustration de couverture : Stock photo © benjaminec

Vie chrétienne 568

Ils sont jésuites, religieux membres de communautés de spiritualité ignatienne ou trinitaire, ou laïcs de la Communauté de Vie chrétienne.

12,50 €

MATIÈRE À EXERCICES

Éditions Vie chrétienne


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