7 minute read
ego à nu
from egolarevue 51
by Egolarevue
KEREN ANN
PROPOS RECUEILLIS PAR VINCENT FEUILLET
Advertisement
Chanteuse, songwriter, réalisatrice, guitariste, Keren Ann ajoute une nouvelle corde à son talent. Le 26 juin, elle monte sur la scène du théâtre antique de Fourvière en tant qu’interprète du spectacle vivant Où es-tu ?, une création poétique et musicale. À l’automne, la Chapelle de la Trinité l’accueillera pour un concert avec le Quatuor Debussy, avec qui elle signe un disque en commun, Keren Ann and Quatuor Debussy.
Comment présenteriez-vous Où es-tu ?, spectacle que vous allez jouer sur la scène des Nuits de Fourvière avec Irène Jacob ? KEREN ANN C’est un roadshow de poèmes, un itinéraire musical et poétique, un peu à la façon de Thelma et Louise, dans un esprit de bivouac. Sur le plateau, un piano, une guitare, un fauteuil et quelques valises. Au milieu de l’espace, un micro suspendu pour partager la poésie des grands auteurs que nous admirons, comme Andrée Chedid, Emily Dickinson, Amanda Gorman, Paul Éluard ou Charles Bukowski. Avec Irène, une amie de longue date dont j’apprécie le travail, nous emmenons le public dans notre bibliothèque privée. Nous aimons ces auteurs dont les mots touchent, chantent, bougent, élèvent, retournent, renversent, dansent… L’idée du spectacle n’est pas d’analyser les textes, plutôt d’essayer de transmettre ce qui a résonné en nous, et qui, peut-être, vibrera chez l’auditeur. Nous entretenons sur scène un dialogue entre poésie, musique et chanson. Comme dans un voyage, on jette dans son sac un livre et on met des écouteurs. La musique colore ce moment de la lecture. J’interprète aussi bien du Leonard Cohen que The Cure, Bourvil, Serge Gainsbourg…
Est-ce que ce spectacle représente un challenge pour vous, habituée aux concerts ? KEREN ANN Normalement, j’ai l’habitude d’être sur scène avec un instrument à la main et de me laisser porter par la salle, mes émotions de la journée, l’interactivité avec les autres musiciens… Là, mes repères sont bouleversés. Le théâtre m’oblige à sortir de ma zone de confort. Dans ces moments de vulnérabilité, l’artiste se sent à la fois plus vivant et très dénudé. J’ai dû apprendre à utiliser mes mains, à bouger ou à apprivoiser les silences. Alors bien sûr, je me laisse guider par mon intuition et le rythme, mais une actrice comme Irène
Keren Ann sur scène avec l'actrice Irène Jacob.
Née le 10 mars 1974 à Césarée, Israël Son père israélien a des origines russes et polonaises ; sa mère hollandaise a une ascendance indonésienne.
A découvert Lyon grâce à ses amis Benjamin Biolay et Hubert Mounier Aime jouer aux Nuits de Fourvière et voir les coussins voler dans les airs
Joue de la guitare depuis ses 9 ans A composé pour Sylvie Vartan, Dave, Henri Salvador…
© MARCEL HARTMANN adopte facilement une posture plus esthétique. Nous avons travaillé avec la chorégraphe Joëlle Bouvier, pour ne pas nous réduire à un face-à-face figé. Il fallait avoir des trajectoires qui se répondent, se croisent, se superposent.
Autre actualité, vous venez de publier un disque avec les Lyonnais du Quatuor Debussy. Comment est née cette collaboration ? KEREN ANN J’ai rencontré le Quatuor Debussy en 2017, à l’occasion d’un concert qui devait être unique à la Chapelle de la Trinité, à Lyon. Finalement, ce projet a pris beaucoup de place dans ma vie, nous avons joué durant deux ans dans des lieux sublimes à travers le monde. Nous n’avons pas eu envie d’abandonner cette collaboration. La meilleure façon de lui donner une longue vie a été de l’immortaliser sur disque. Avec cet album, je traverse plus de vingt ans de carrière. À un moment, on est amené à s’arrêter et à regarder de quelle manière les choses réalisées dans le passé prennent une place dans notre vie d’aujourd’hui.
Quel a été le critère pour choisir les dix chansons composant la bande-son de votre parcours musical de ces 20 dernières années ? KEREN ANN Je voulais que cet album retrace mon itinéraire. Faire une simple compilation n’a plus d’intérêt à l’heure des plateformes et de leurs playlists. J’ai fait ce choix de 10 chansons pour que tous mes albums soient représentés. J’ai privilégié ensuite celles qui restent d’actualité dans les sujets abordés. Souvent, on nous demande si des chansons écrites il y a longtemps peuvent encore avoir du sens quand on les chante des années plus tard. Pas toutes, mais certaines oui, et pas mal d’entre elles se retrouvent dans cet album. Par exemple, You have it all to lose parle de l’insatisfaction, du fait que l’on ne se rend parfois pas compte de tout ce que l’on peut avoir à perdre dans la vie. Je reprends aussi Jardin d’hiver. C’est devenu un classique, j’en suis très contente ! Et je garde un très bon souvenir de ma rencontre avec Henri Salvador, notamment sa tendresse et son humour noir.
Qu’est-ce que ces nouvelles versions disent de vous aujourd’hui ? KEREN ANN Depuis quelque temps, je ressens le besoin d’aller à l’essentiel. Cette quête m’a donné envie de dénuder mes chansons. C’est intéressant de voir comment des arrangements minimalistes révèlent, par contraste, le côté rock d’une chanson et les émotions décrites dans les textes. Ici, je suis restée très sobre dans le chant, les titres portent leur émotion sans avoir à en ajouter dans une performance physique. Les cordes du quatuor amènent aussi une voix humaine, on entend un souffle, une respiration.
Quels sont vos prochains projets ? KEREN ANN Pour le moment, je rattrape le temps perdu durant le confinement. Je suis pratiquement tous les soirs sur scène, soit avec Irène Jacob, soit avec le Quatuor Debussy. Avec ces deniers, je devrais être en concert à l’automne à la Chapelle de la Trinité. Puis, dès que j’aurai un moment, je me mettrai à l’écriture de mon prochain album original. Entre le français et l’anglais, le choix de la langue n’est pas encore défini, il s’impose de lui-même au moment de la composition. La langue de la chanson est comme un matériau : j’ignore encore si je vais travailler le bronze ou le bois, et même si j’aime les deux. Mon métier d’interprète me comble, mais j’avoue que l’écriture de chansons, c’est à dire trouver la forme physique à une émotion, me ravit plus que tout.
Est-ce que la littérature et la poésie ont une place importante dans votre vie ? KEREN ANN Emily Dickinson, Sylvia Plath, Virginia Woolf ou Amanda Gorman ont réussi à restituer une architecture des mots sur la page. Un poème réussi, c’est comme la décoration d’une pièce. Il y a un choix, une harmonie, un équilibre. Tout est posé à l’endroit juste. Mon désir d’écrire des chansons est né de ces lectures et la poésie m’a rythmiquement aidée dans la composition de mes textes. Je m’oblige à être très sobre, à ne jamais ajouter des textures pouvant dissuader de l’authenticité des sentiments. Je n’aime pas le pathos. Pour décrire une émotion, je m’appuie souvent sur des éléments comme l’eau, le feu et la lumière d’un ciel clair. J’écris beaucoup, y compris des choses qui ne sont pas destinées à être chantées. Mais, pour l’instant, mon désir de chanson domine celui de littérature.
Elle aurait pu s’appeler « La Lorgnette » mais elle avait déjà son nom « La Jayette ». C’est ici qu’Evelyne Brèthes, bien connue des Lyonnais amoureux des belles lunettes, a posé ses valises. Elle a redonné vie à cette belle endormie, une
grande bâtisse en pierres surplombant un parc au coeur du Bugey, à Jujurieux, le village aux 13 châteaux.
Comme à l’époque de Contact Optique, en Presqu’île, à Lyon, Evelyne prend plaisir à vous accueillir et vous fait découvrir cette belle maison de
famille.
Après... à vous d’inventer votre séjour, entre amis, en famille, autour d’une table, prêt à partir pour une randonnée, allongé dans un transat autour de la piscine... En un mot : bienvenue chez vous !