Idrissa LECOR

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

ECOLE INTER-ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES DE DAKAR (E.I.S.M.V.)

ANNEE : 2018

N° 02

Particularités anatomophysiologiques de la dentition du mouton de case dans la région de Dakar (Sénégal) : Particularités morphologiques et nutritionnelles. THESE Présentée et soutenue publiquement le 7 février 2018 à 15 h devant la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar pour obtenir le Grade de DOCTEUR EN MEDECINE VETERINAIRE (DIPLOME D’ETAT) Par Idrissa LECOR Né le 21 Janvier 1985 à Linguère (Sénégal) Jury Président :

Monsieur Malick FAYE Maitre de conférences agrégé à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie de Dakar Directeur et rapporteur de Thèse : M. Gualbert Simon NTEME ELLA Maitre de conférences agrégé à l’EISMV de Dakar Membre : Monsieur Khalifa Babacar SYLLA Maitre de conférences agrégé à l’EISMV de Dakar


ECOLE INTER-ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES DE DAKAR BP : 5077-DAKAR (Sénégal) Tel : (00221) 33 865 10 08 Télécopie (221) 825 42 83

COMITE DE DIRECTION LE DIRECTEUR GENERAL Professeur Yalacé Yamba KABORET

LES COORDONNATEURS Professeur Rianatou BADA ALAMBEDJI Coordonnateur des Stages et des Formations Post-Universitaires Professeur Ayao MISSOHOU Coordonnateur de la Coopération Internationale Professeur Yaghouba KANE Coordonnateur de la Recherche/Développement Année Universitaire 2017 - 2018

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LISTE DES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT DEPARTEMENT DES SCIENCES BIOLOGIQUES ET PRODUCTIONS ANIMALES Chef de département: M. Rock Allister LAPO, Maître de Conférences Agrégé ANATOMIE–HISTOLOGIE–EMBRYOLOGIE PHYSIOLOGIE-PHARMACODYNAMIEM. Serge Niangaran BAKOU, Professeur THERAPEUTIQUE M. Gualbert S. NTEME ELLA, Maître de Conférences M. Rock Allister LAPO, Maître de Conférences Agrégé Agrégé M. Papa El Hassane DIOP, Professeur vacataire M. Moussa ASSANE, Professeur vacataire ECONOMIE RURALE ET GESTION PHYSIQUE ET CHIMIE BIOLOGIQUES ET M. Walter OSSEBI, Assistant MEDICALES M. Adama SOW, Maître de Conférences Agrégé M. Miguiri KALANDI, Assistant M. Germain Jêrome SAWADOGO, Professeur vacataire ZOOTECHNIE – ALIMENTATION M. Ayao MISSOHOU, Professeur M. Simplice AYSSIWEDE, Maître de Conférences Agrégé M. Sahidi Adamou Docteur Vétérinaire vacataire DEPARTEMENT DE SANTE PUBLIQUE ET ENVIRONNEMENT Chef de département: M. Oubri Bassa GBATI, Maître de Conférences Agrégé HYGIENE ET INDUSTRIE DES DENREES PATHOLOGIE MEDICALE-ANATOMIE ALIMENTAIRES D’ORIGINE ANIMALES PATHOLOGIQUE-CLINIQUE AMBULANTE (HIDAOA) M. Yalacé Yamba KABORET, Professeur M. Serigne Khalifa Babacar SYLLA, Maître de M. Yaghouba KANE, Maître de Conférences Agrégé Conférences Agrégé Mme Mireille KADJA WONOU, Maître de Mlle Bellancille MUSABYEMARIYA, Maître de Conférences Agrégé Conférences Agrégé PHARMACIE-TOXICOLOGIE MICROBIOLOGIE-IMMUNOLOGIE-PATHOLOGIE M. Assiongbon TEKO AGBO, Chargé de recherche INFECTIEUSE M. Gilbert Komlan AKODA, Maître Assistant Mme Rianatou BADA ALAMBEDJI, Professeur (disponibilité) Justin Ayayi AKAKPO, Professeur vacataire M. Ets Ri Kokou PENOUKOU Docteur Vétérinaire PARASITOLOGIE-MALADIES PARASITAIRES- vacataire ZOOLOGIE APPLIQUEE M. Oubri Bassa GBATI, Maître de Conférences Agrégé DEPARTEMENT COMMUNICATION Chef de département: Ayao MISSOHOU, Professeur BIBLIOTHEQUE Mamadou DIA, Documentaliste Mlle Ndella FALL MISSOHOU, Bibliothécaire SERVICE AUDIO-VISUEL M. Bouré SARR, Technicien SERVICE DE LA SCOLARITE M. Théophraste LAFIA, Chef de Scolarité M. Mohamed Makhtar NDIAYE, agent administratif Mlle Astou BATHILY MBENGUE, agent administratif

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DEDICACES

A ALLAH SOUBHANA WA TAHALA Seigneur de l'Univers A Son Messager et notre bien aimé Mohamed (Paix Et Salut Sur Lui) A mon père, Daouda LECOR Vous êtes tout pour moi : père, ami, enseignant, guide. Que Dieu me donne les moyens de vous faire plaisir tout le temps. A ma mère Sokhna Awa BOUSSO Toi qui m'as toujours soutenu pendant les moments les plus difficiles de ma vie, toi qui m'as éduqué avec Tendresse et Amour, trouves ici ma reconnaissance éternelle et que Dieu vous donne longue vie afin que vous profitiez bien de notre vie et celle de tous tes enfants. A mes sœurs Ndiémé, Marie et Absa LECOR pour votre soutien inestimable et vos prières A mon oncle Modou BOUSSO et sa famille A mes pères Sidi NDIAYE et Dame LECOR A ma famille dakaroise Yirime, Issa, Pape Ndiaye LECOR et leurs épouses A mes amis : Abdou, Doudou, Elhage, Souleymane, Lamine, Lamp, Dame, Birouza, Mame Mor, Babacar, Bamba, Laye, Thioye, Aly pour le soutien moral et les moments agréables passés avec vous A mes grands-parents et à toute la famille LECOR Au docteur Daouda SECK ainsi qu’à toute sa famille, à monsieur Moustapha Cissé, inspecteur départemental de l’élevage à Linguère, et à toute sa famille A mes parrains Dr Sahra NDAW, Dr Ismaela THIAW et Dr Khady DIOUF merci pour votre soutien dans cette école Au Sénégal, mon pays : A qui je dois beaucoup et lui souhaite paix et prospérité

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REMERCIEMENTS Nous adressons nos sincères remerciements : Au Directeur Général de l’EISMV de Dakar, Professeur ; Au Pr Gualbert Simon NTEME ELLA pour avoir initié et encadré avec rigueur ce travail; Au Dr Dieudoné KABKIA pour sa contribution et sa collaboration à la réalisation de ce travail; A tous nos maîtres de l’EISMV de Dakar, pour la qualité de l’enseignement qu’ils nous ont si généreusement dispensé. Hommage respectueux ; A Mme DIAW, merci pour votre soutien A Mr Mamadou DIA, Documentaliste A M. Théophraste LAFIA merci pour vos encouragements A mes amis de l’AEVD, ainsi qu’à tous mes compatriotes de l’AEVS A mes fils Thierno NDAW et Kadré SANFO et à ma fille Mame Dieye GUOME A l’amicale des étudiants vétérinaires de Dakar (Dakar). Aux membres de notre jury de thèse A tous les étudiants de la 44eme promotion A tous ceux qui ont, de façon directe ou indirecte participé à la réalisation de ce travail.

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A NOS MAITRES ET JUGES

A notre Maître et Président du jury, Monsieur Malick FAYE, Professeur agrégé à la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie de Dakar. C’est un grand privilège que vous nous faites en présidant notre jury de thèse. Votre abord facile et la spontanéité avec laquelle vous avez répondu à notre sollicitation nous ont profondément marqué. Soyez rassuré de notre sincère reconnaissance. A notre Maître, Directeur et Rapporteur de thèse, Monsieur Gualbert Simon NTEME ELLA, Professeur agrégé à l’EISMV de Dakar. Vous avez initié, dirigé et assisté ce travail de son idée à sa réalisation .Vos qualités intellectuelles et humaines, votre amour pour le travail bien fait et votre rigueur nous ont marqué. Veuillez trouver ici l’expression de notre profond respect, de notre profonde gratitude et nos sincères remerciements. A notre Maître et juge, Monsieur Khalifa Babacar SYLLA, Professeur agrégé à l’EISMV de Dakar. Vous nous faites un grand honneur en acceptant de juger ce travail. Vos qualités humaines, votre sens de l’écoute des étudiants, et vos qualités scientifiques nous ont profondément marqué. Veuillez trouver ici, l’assurance de notre profonde gratitude

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“Par délibération, la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie et l’Ecole Inter-Etats des Sciences et Médecine Vétérinaires de Dakar ont décidé que les options émises dans les dissertations qui leur sont présentées, doivent être considérées comme propres à leurs auteurs et qu’elles n’entendent leur donner aucune approbation ni improbation”

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LISTE DES ABREVIATIONS

ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie CRZ : Centre de Recherche Zootechnique HLM: Habitation à Loyer Modéré INRA: Institut national de la recherche agronomique IRSV: Inspection Régionale des Services Vétérinaires Km: kilomètre MEL: Ministère de l’Elevage du Sénégal MEN: Ministère d’Elevage du Niger NEC : Note d’Etat Corporel NISDEL: Nouvelle Initiative Sectorielle Pour le Développement de l’élevage PIB : Produit Intérieur Brut

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LISTE DES FIGURES

Figure 1: Mouton peul peul (Meyer C., 2017) ........................................................................... 9 Figure 2 : Moutons Touabire (Meyer, 2017) ............................................................................ 10 Figure 3: Brebis de race Ladoum ............................................................................................. 11 Figure 4: Mouton Bali-bali (MEN, 2014) ................................................................................ 12 Figure 5 Brebis Djallonké avec deux petits (Meyer, 2017) ..................................................... 13 Figure 6: Mouton Azaouak ...................................................................................................... 14 Figure 7: Représentation schématique des prismes de l’email (Wikipédia, 2006) ................. 19 Figure 8: Fibrilles de Tomes (Hauteville. A., 2012) ................................................................ 20 Figure 9: Tubulis dentinaires (Hauteville. A., 2012) ............................................................... 20 Figure 10: les incisives de mouton ........................................................................................... 21 Figure 11: Arcade dentaire d’un mouton de quatre ans (BARONE, 1976) ............................. 22 Figure 12: Bourrelet dentaire du mouton ................................................................................. 23 Figure 13: Départements de la Région de Dakar (Wikipédia 2017) ........................................ 41 Figure 14: Appareil photo numérique ...................................................................................... 42 Figure 15: Ruban zoométrique ................................................................................................. 43 Figure 16: Pourcentage des pathologies buccodentaire en fonction de la race ........................ 49 Figure 17: Mouton grignard ..................................................................................................... 50 Figure 18: Dents trop longues chez un mouton de case ........................................................... 51 Figure 19: Fractures d’une pince et 1ère mitoyenne fracturées ................................................. 51 Figure 20: chute de dents chez un mouton Ladoum ................................................................. 52

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau I: Effectifs et répartition de cheptel des différentes espèces de la région de Dakar ..... 8 Tableau II: L’ âge de sortie des incisives adulte du mouton (en mois) .................................... 24 Tableau III: L’ âge de sortie des incisives adulte de moutons en Afrique (en mois). .............. 25 Tableau IV: Départements de la région de Dakar (Wikipédia 2013 et ANSD 2015) .............. 40 Tableau V: Identification et caractérisation des éleveurs ......................................................... 46 Tableau VI: Répartition des effectifs en fonction de la race et de la localité........................... 47 Tableau VII: Rapport effectif présenté par éleveur et par Département .................................. 48 Tableau VIII: Nombres d’affections buccodentaires en fonction des localités........................ 49 Tableau IX: Typologie des Pathologies buccodentaires rencontrées ....................................... 50

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ...................................................................................................................... 1 PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE .................................................... 3 CHAPITRE I : ELEVAGE AU SENEGAL .............................................................................. 4 I.1. Généralités sur l’élevage au Sénégal ........................................................................ 4 I.2. Contraintes liées à l’élevage au Sénégal ................................................................... 4 I.3. Les systèmes d’élevage ............................................................................................. 5 I.3.1. Le pastoralisme ............................................................................................ 5 I.3.2. L’agropastoralisme....................................................................................... 6 I.3.3. Le système urbain et périurbain ................................................................... 6 CHAPITRE II : ELEVAGE OVIN A DAKAR ......................................................................... 7 II.1. Caractéristiques de l’élevage ovin à Dakar ............................................................. 7 II.2. Effectifs et répartition du cheptel ovin à Dakar ....................................................... 7 II.3. Les races ovines exploitées...................................................................................... 8 II.3.1. Le mouton Peulh-peulh .............................................................................. 8 II.3.2. Mouton Touabire ........................................................................................ 9 II.3.3. Le mouton Ladoum .................................................................................. 10 II.3.4. Le mouton Bali-bali .................................................................................. 11 II.3.5. Le mouton guinéen ou Djallonké ............................................................. 12 II.3.6. Le mouton Waralé .................................................................................... 13 II.3.7. Le mouton Azawat.................................................................................... 14 CHAPITRE III : PARTICULARITES ANATOMOPHYSIOLOGIQUE DE LA DENTITION DES MOUTONS...................................................................................................................... 15 III.1. Définition et Organisation de la dentition ............................................................ 15 III.2.Principales caractéristiques embryo-histilogiques de la dentition ........................ 15 III.2.1.Genèse du follicule dentaire ..................................................................... 15 III.2.2. Edification de la couronne ....................................................................... 16 III.2.3. Mise en place de la racine ....................................................................... 17 III.2.4. Eruption et croissance de la dent ............................................................. 18 x


III.2.5. Remplacement des dents ......................................................................... 18 III.3. Principales caractéristiques anatomophysiologiques de la dentition chez le mouton ...................................................................................................................................... 19 III.3.1. Structure .................................................................................................. 19 III. 3.2. Présentation des arcades : formules dentaires ......................................... 21 III.4. Rôle de la dentition chez le mouton de case ........................................................ 23 III.4.1. Détermination de l’âge ............................................................................. 24 III.4.2. Rôle dans l’alimentation........................................................................... 25 III.5. Principales pathologies buccodentaires des animaux domestiques ...................... 26 III.5.1. Anomalies dentaires du développement ................................................... 26 III.5.1.1. Hypoplasie du cément .............................................................. 26 III.5.1.2. L’Oligodontie ........................................................................... 27 III.5.1.3. Les Polyodonties ...................................................................... 27 III.5.1.4 Les dents hétérotopiques ........................................................... 28 III.5.1.5 L’Hypoplasie de l’émail ............................................................ 28 III.5.1.6. Le bec de Perroquet .................................................................. 29 III.5.1.7. La mâchoire de bouledogue ..................................................... 29 III.5.1.8 Inégalité, torsion des arcades .................................................... 29 III.5.1.9 Campylorrhinus lateralis ........................................................... 30 III.5.1.10. Les dents rudimentaires .......................................................... 30 III.5.1.11. Anomalie de l’éruption........................................................... 31 III.5.1.11.1. Les Impactions dentaires ....................................... 31 III.5.1.11.2. Les Coiffes déciduales .......................................... 32 III.5.1.12. Le lampas ................................................................................ 32 III.5.2. Les pathologies dentaires acquises ........................................................... 32 III.5.2.1. L’exposition de la pulpe ............................................................ 32 III.5.2.2. Les denticules ou « pulp stones » .............................................. 33 III.5.2.3. Les abcès apicaux ...................................................................... 33 III.5.2.4. Les problèmes inflammatoires .................................................. 34 III.5.2.5. Les caries dentaires ................................................................... 35 III.5.2.6. Les Parodontopathies ................................................................ 35 III.5.2.6.1. La gingivite- la parodontite ..................................... 36 III.5.2.6.2. La Pyorrhée et la périostite alvéolaire ..................... 36 III.5.2.7. Les tumeurs dentaires ................................................................ 37 III.5.2.7.1. Améloblastome........................................................ 37 xi


III.5.2.7.2. Les Odontomes ........................................................ 37 III.5.2.7.3. Les Cémentomes ..................................................... 38 III.6.2.7.4. Les kystes dentigères ............................................... 38 DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE ............................................................ 39 CHAPITRE I : ZONE D'ETUDE ET PERIODE D’ETUDE .................................................. 40 I.1. Zone d’étude ........................................................................................................... 40 I.2. Période d’étude ........................................................................................................ 41 CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES ....................................................................... 42 II.1. Matériel ................................................................................................................... 42 II.1.1. Matériel animal .......................................................................................... 42 II.1.2. Matériel technique ..................................................................................... 42 II.2. Méthodes ................................................................................................................. 43 II.2.1. Méthodes de récolte des données .............................................................. 43 II.2.2. Examen de la cavité buccale ...................................................................... 43 II.2.3. Technique de détermination de la note d’état corporel et du poids des animaux .................................................................................................................................... 44 II.2.4. Traitement et analyse des données ............................................................ 45 CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSIONS ............................................................... 46 III.1. Résultats ................................................................................................................. 46 III.1.1. Identification et caractérisation des éleveurs de mouton de case ............. 46 III.1.2. Répartition des races de moutons étudiés par Département ..................... 47 III.1.3. Rapport moutons-éleveur par Département (Tableau VII) ...................... 47 III.1.5. Typologie des bucco-dentaires observées ................................................ 49 III.1.6. Rapport affections bucco-dentaires et poids des animaux ....................... 52 III.2. Discussion .............................................................................................................. 53 III.2.1. Limites et contraintes ................................................................................ 53 III.2.2. Caractéristiques des éleveurs .................................................................... 53 III.2.3. Principales affections bucco-dentaires ...................................................... 54 III.3. Recommandations et perspectives......................................................................... 56 CONCLUSION ........................................................................................................................ 58 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................................................. 60 ANNEXES ............................................................................................................................... 67

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INTRODUCTION

Le secteur de l’élevage représente 4% du produit intérieur brut (PIB) et occupe environ 40% de la population rurale au Sénégal. Il est au cœur de la réalisation des objectifs de développement que sont l’accroissement de la productivité, l’atteinte de la sécurité alimentaire et la lutte contre la pauvreté. Du fait de son importance socio-économique, l’élevage de mouton est un secteur qui occupe une place de choix dans cette activité, son cheptel représente 38% du cheptel national. Ainsi l’effectif ovin est estimé à 5887 millions de tête en 2012 (SES, 2012). Au Sénégal, comme dans la plupart des pays sahéliens, l’élevage ovin constitue une importante activité économique car le mouton est élevé pour sa viande, son lait, son cuir et son fumier. Sa capacité d'adaptation sur des terrains pauvres, en des climats arides et son aptitude à valoriser les aliments grossiers sont supérieurs à celles des bovins. Le mouton est très utilisé dans la vie socioculturelle sénégalaise. C'est l'animal le plus utilisé lors des cérémonies familiales (comme les baptêmes, mariages, réceptions d'hôtes, circoncisions, décès …) et religieuses comme la "Korité" (Fête de l'Aïd El Fitr) ou la "Tabaski" (Fête de l’Aid El Kébir) (YADDE, 1984). Plus récemment, en 2016 lors de la fête de tabaski, le pays a eu besoin de 750 000 têtes de moutons. En dépit des efforts consentis par l’Etat afin de combler le déficit constaté régulièrement lors des périodes de fêtes, les autorités autorisent l’importation de mouton des pays limitrophes, principalement le Mali, la Mauritanie. En effet, en 2013. Il s’agit de 110 755 moutons et de 780 018 en 2014 (MEL, 2016). Dans l’optique de promouvoir le développement de l’élevage ovin, de nombreuses stratégies ont été élaborées. Pour la plupart, axées les performances zootechniques, la sélection génétique, la croissance pondérale, l’amélioration ou la valorisation des ressources alimentaires. 1


De façon générale, les données relatives au mouton font l’objet d’une extrapolation en lien avec d’autres espèces ; alors que les caractéristiques buccodentaires du mouton, dans sa diversité, présentent des spécificités qui sont nécessaires à connaitre pour un meilleur entretien de cette espèce animale au Sénégal. Pour combler ce manque, nous avons réalisé cette étude qui a pour objectif général de décrire la dentition du mouton d’élevage au Sénégal et de façon spécifique, caractérisé la dentition du mouton de case à Dakar, identifier les maladies bucco-dentaires rencontrées chez cette espèce et enfin déterminer la corrélation entre l’état de la dentition et la valorisation de l’aliment (en termes de masse corporelle) des moutons rencontrés à Dakar. Le présent travail est constitué de deux parties : Une première partie dite revue bibliographique dans laquelle nous présentons trois chapitres : les généralités sur l’élevage au Sénégal, plus spécifiquement sur celui

du

mouton

de

case

puis

nous

décrivons

les

particularités

anatomophysiologiques, les rôles et les affections des dents chez le mouton de case à Dakar. Dans une deuxième partie subdivisée en trois chapitres aussi, nous présentons le cadre d’étude, la méthodologie et le matériel utilisé et par la suite, nous présentons et discutons nos résultats. Au terme de ce travail nous formulons des recommandations et une conclusion est faite sur les données obtenues avec une série de perspectives.

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PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE

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CHAPITRE I : ELEVAGE AU SENEGAL I.1. Généralités sur l’élevage au Sénégal Au Sénégal, l'élevage est une réalité sociale et économique omniprésente et multiforme. Loin des clichés tenaces qui le réduisent à une activité "contemplative", l'élevage se décline suivant les lieux en pastoralisme extensif, élevage intra-urbain, avec des formes intermédiaires variées de mobilité, de relation à l'agriculture et à la ville. Deux Sénégalais sur trois possèdent des animaux domestiques ; l'élevage fait vivre en partie un habitant sur trois. Depuis longtemps, le secteur participe à l'économie nationale et régionale des échanges. Malgré des politiques publiques agricoles privilégiant les productions végétales, il a su répondre aux besoins croissants associés à l'essor démographique, à l'urbanisation, à l'évolution des modèles alimentaires. Sa couverture de la demande nationale en produits laitiers reste insuffisante, et les deux tiers des produits laitiers consommés proviennent des importations. Mais le cheptel national ou régional pourvoie encore à l'essentiel de la consommation en viande. (DIAW, 2005) Le cheptel est riche et diversifié avec 16 565 842 têtes en 2014 dont 3 481 000 bovins, 6 294 000 ovins, 5 381 000 caprins, 397 000 porcins, 545 000 équins, 463 000 asins et 4 842 camelins. Ils sont passés de 16 099 000 têtes en 2013 à 16 565 842 têtes en 2014, soit un accroissement annuel de 2,9%. Cette évolution est principalement imputable au relèvement des effectifs des ovins (3,5%), des caprins (3,5%) et des bovins (1,5%) qui constituent l’essentiel du cheptel (91,5%) (ANSD, 2014). I.2. Contraintes liées à l’élevage au Sénégal Le secteur de l’élevage a été marqué par une progression régulière durant les cinq dernières années. Toutefois, il est confronté à des contraintes, liées notamment à la faible valorisation des ressources pastorales du fait de la 4


prédominance de modes d’élevage extensifs, des faibles capacités techniques et organisationnelles des différentes filières, de l’insuffisance des infrastructures et équipements pastoraux, du vol fréquent de bétail et de la faible valorisation des résultats de recherches. En outre, il est également noté par la faible valorisation des produits de l’élevage avec une insuffisance d’infrastructures et d’équipements de mise en marché des produits d’animaux, entrainant des difficultés de collecte, de transformation, de conservation et de distribution des produits d’animaux. Enfin, l’incidence des maladies animales et les limites institutionnelles dans la coordination et le pilotage du secteur constituent des freins pour le développement du secteur de l’élevage (ANSD, 2013). I.3. Les systèmes d’élevage I.3.1. Le pastoralisme Dans ce système, l’élevage extensif représente la principale activité des ménages, leur principale source de revenus et contribue significativement à leur sécurité alimentaire, à la fois, à travers la consommation du lait et la conversion des animaux en céréales. Dans la logique de ce système, qui assure l’essentiel de la production nationale de viande rouge, le mode de vie et l’ensemble des activités productives sont subordonnées à la sécurisation du cheptel, qui génère plus de 50% du revenu brut des ménages. Le système pastoral reste caractérisé par une grande mobilité des éleveurs (essentiellement des Peuls) et de leurs troupeaux (bovins et petits ruminants souvent associés). Il intéresse environ 32% des bovins et 35% des petits ruminants (MEL, 2004). Les principales contraintes à la production dans le système pastoral sont la disponibilité des ressources alimentaires, en particulier en saison sèche et l’insuffisance de la couverture sanitaire des animaux, liée notamment à

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l’éloignement des campements d’élevage des services de prestation vétérinaire (MEYER, 2004). I.3.2. L’agropastoralisme Dans ce système, l’élevage extensif pastoral est combiné avec l’agriculture, vivrière ou de rente. 10 à 50 % du revenu brut viennent de l'élevage. Le système s’est développé dans les zones où la pluviométrie et les conditions ont permis une activité agricole soutenue, l’amplitude des déplacements des troupeaux autochtones est relativement faible. On le retrouve dans les zones agro écologiques du Bassin Arachidier, de la Zone Cotonnière et de la Basse Casamance. Il concerne environ 67% des effectifs de bovins et 62% de ceux de petits ruminants (MEL, 2004). I.3.3. Le système urbain et périurbain Les systèmes semi-intensif et intensif d’embouche ovine et bovine se développent dans les zones urbaine et périurbaine de Dakar (zone des Niayes), dans le Bassin arachidier et dans la Vallée du fleuve Sénégal. Ces systèmes portent sur environ 1% des bovins et 3% des petits ruminants (NISDEL, 2004). Les modes d’élevage sont intensif et semi-intensif et ont pour principales caractéristiques la construction de bergeries, l’achat de l’aliment de bétail et de produits vétérinaires et l’amélioration génétique avec l’introduction de races plus performantes que le Peul-peul sénégalais (ABDOU, 2004).

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CHAPITRE II : ELEVAGE OVIN A DAKAR II.1. Caractéristiques de l’élevage ovin à Dakar L'élevage occupe une place importante dans l'économie nationale et participe activement à la valeur ajoutée du secteur primaire. Toutefois l’élevage de mouton à Dakar est un phénomène social de grande importance ; près d’une maison sur deux, pratique l’élevage de mouton. Les principaux pratiquants sont les sans-emplois, les retraités, les femmes au foyer, les commerçants et les salariés. Tous les membres de la famille (hommes, femmes, enfants) participent à l’entretien des animaux (BA, 2004). L’alimentation de base est constituée des fanes d’arachide et de niébé. La complémentation est effectuée à partir d’aliments concentrés à base des céréales et des résidus agro-industriels. L’alimentation est presque homogène pour tous les animaux mais les jeunes et les femelles en gestation reçoivent en plus, des vitamines et des sels minéraux. Environ 91% des éleveurs font leurs propres mélanges à partir des intrants locaux et de l’aliment industriel pour les 9% restants. II.2. Effectifs et répartition du cheptel ovin à Dakar En 2014, la région de Dakar compte un cheptel de 243 729 têtes de bétail dont 22 048 bovins, 158 517 Ovins, 54 024 caprins, 1384 porcins, 6760 équins et 996 Asins (Tableau 1). C’est le département de Rufisque qui abrite la plus grande partie soit 54% de ce cheptel, avec 19 342 bovins, 65 817 Ovins, 41 034 caprins, 1229 porcins, 3733 équins, 885 Asins. Les départements de Guédiawaye et de Pikine viennent en deuxième position avec 30% de ce cheptel ; c’est e département de Dakar qui enregistre la part la plus faible de ce cheptel soit 16% (ANSD, 2014).

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En outre, il est important de noter que l’élevage des moutons occupe une place de choix dans le secteur de l’élevage.

Tableau I: Effectifs et répartition de cheptel des différentes espèces de la région de Dakar Départements

Bovins Ovins

Caprins Porcins Equins Asins

Total bétail

56 650

12 991

154

1 614

111

73 823

Rufisque

19 342 65 817

41 034

1 229

3 733

885

132 040

Dakar

404

-

-

1 413

-

37 867

Total Région

22 048 158 517

54 024

1 384

6 760

996

243 729

Pikine/Guédiawaye 2 303

36 050

Source : Inspection Régionale des Services Vétérinaires (IRSV) de Dakar II.3. Les races ovines exploitées Les races ovines sénégalaises sont très diverses ; elles sont toutes retrouvées dans la région de Dakar et peuvent être classées d’après leur répartition, leur origine, leur pelage (laine ou poils), leur format (dont surtout la longueur des membres), et le type de leur queue mince ou grasse (longue ou courte), croupe grasse (MEYER, 2004). II.3.1. Le mouton Peulh-peulh On le rencontre au Ferlo et au Fouta du Sénégal. Le croisement du Peul-Peul et du Touabire est appelé Waralé. Ce mouton est de taille moyenne. Les cornes sont en spires lâches, horizontales et développées. Le poil est ras. La robe est claire tachetée de roux ou de noir, ou bicolore noire et blanche au Ferlo. Elle est 8


unicolore acajou au Fouta (Fleuve Sénégal) (figure 1). Le système est de type transhumant. La production visée est la viande (MEYER et al, 2004).

Figure 1: Mouton peul peul (Meyer C., 2017)

II.3.2. Mouton Touabire Le Touabire est un animal hypermétrique, convexiligne et longiligne. La tête est forte à front plat, chanfrein convexe et museau fin. L'œil est gros, elliptique avec une fente palpébrale horizontale et une saillie orbitaire moyennement accusée. Le mâle seul porte des cornes prismatiques à la base avec une face antérieure plus étroite que les deux autres et plus ou moins arrondie. Elles se dirigent en arrière en bas puis en avant, en forme de crochet. Les pendeloques sont fréquentes. Le garrot est saillant. La queue est plate, le pelage est blanc plus ou moins taché de noir ou de roux (Meyer, 2017).

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Figure 2 : Moutons Touabire (www.niokobok.com ) II.3.3. Le mouton Ladoum Le mouton de race Ladoum se caractérise par une bonne ossature, un bassin large, un chanfrein bien convexe et la présence de cornes aussi bien chez les mâles que chez les femelles (figure 3). Les Ladoum sont hypermétriques et longilignes avec une hauteur au garrot moyenne de 105±3,56 cm chez le mâle et 88,8±6,11 cm chez la femelle en considérant la classe d’âge de 19 à 24 mois. La longueur du corps est de 93,5±2,08 cm pour le mâle et de 83,2±8,07 cm pour la femelle (SADA, 2007). Les couleurs de robe dominantes sont la couleur blanche et la pie-noire, qui répondent plus aux critères de choix de mouton de Tabaski.

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Figure 3: Brebis de race Ladoum (source : auteur) II.3.4. Le mouton Bali-bali C'est un animal bien charpenté, d'assez grande taille (plus de 80 cm au garrot). La tête est forte et longue (figure 4). Le chanfrein est légèrement busqué. Les cornes sont très développées chez le mâle et fines ou absentes chez la femelle. Les oreilles sont longues et pendantes. Les membres sont longs et grêles. La queue est longue. Le garrot est saillant. Les poils sont ras. La robe est souvent claire. Le blanc est la couleur dominante, avec parfois des taches noires ou fauves autour des yeux et sur les oreilles. Certains sujets sont pie noir ou pie fauve voire noir. Leur système d’élevage est de type nomade. Le Bali-Bali est reconnu comme animal de boucherie. De grande taille, l’adulte peut atteindre 30 à 50 kg (MEN, 2014). 11


Figure 4: Mouton Bali-bali (MEN, 2014)

II.3.5. Le mouton guinéen ou Djallonké Le mouton guinéen vit au Sénégal, en Guinée, au sud du Mali, en Côte d’Ivoire, au Togo, au Bénin, au Nigeria, au Cameroun et en RCA. Des variétés existent au Burkina Faso et au Tchad. Il est trypanotolérant. L’aspect est trapu, la taille petite ou moyenne. La tête est forte, à front plat et chanfrein légèrement busqué chez le mâle, le museau épais (figure 5). Les cornes du bélier sont moyennement développées, formant une spirale et demie. Chez la femelle et le mouton, elles sont le plus souvent absentes ou fines et courtes. Les oreilles, minces et étroites sont tombantes. La queue, longue s’amincit à l’extrémité qui atteint le jarret. La robe est le plus souvent pie (noir ou roux) parfois blanche Le pelage est à poils ras, mais le mâle porte une crinière et un camail. C’est le mouton des populations sédentaires, en élevage extensif le plus souvent.

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Figure 5 : Brebis Djallonké avec deux petits (Meyer, 2017) II.3.6. Le mouton Waralé Correspond à une appellation locale du croisement des moutons de races Touabire et Peul-Peul avec tous les degrés de sang possibles et une grande variété de format et de robe. Ce sont des animaux moins hauts et moins élancés que le Touabire ; moins trapus que le Peul-Peul et dont la robe est généralement brun-clair tachetée de noir ou roux. Le poids moyen des mâles est de 32 kilogrammes à un an dans les zones étudiées tandisque les femelles au même âge pèsent 29 kilogrammes.

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II.3.7. Le mouton Azawat Il faut penser que le nom donné à ces sujets est une déformation du terme Azaouak servant à désigner une race de zébu dont l’aire géographique est la vallée du même nom au Niger (figure 6). Mais, il n’existe pas de race Azaouak chez les moutons. Cette espèce a été introduite au Sénégal après une prospection au Mali, en 1997 (FALL, 2002).

Figure 6: Mouton Azaouak (source auteur)

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CHAPITRE III : PARTICULARITES ANATOMOPHYSIOLOGIQUE DE LA DENTITION DES MOUTONS

III.1. Définition et Organisation de la dentition Les dents sont des organes durs, fortement minéralisées, implantées sur le bord libre des mâchoires et saillants dans la bouche. Ce sont des organes passifs de la préhension, de la contention et de la mastication des aliments. Elles servent en outre au tact et à la défense des individus. Elles dérivent d'une double ébauche épidermique et mésodermique et sont constituées d'une matière caractéristique : la dentine (ivoire). Chez les petits ruminants, toutes les dents sont radiculaires ; les incisives possèdent une racine qui est la partie interne de la dent et une couronne qui est externe. Celle-ci est revêtue d'émail qui couvre l'ivoire. Au niveau de la racine, l'ivoire est recouvert par le cément. Avant d'arriver à l'étude détaillée de la structure d'une incisive, il serait intéressant de voir d'abord comment s'effectue le développement d'une dent (BARONE, 1976) III.2. Principales caractéristiques embryo-histologiques de la dentition Le développement des dents se fait à partir de papilles dermiques que coiffent les bourgeons ectodermiques invaginés qui vont donner les follicules dentaires. III.2.1. Genèse du follicule dentaire Le pourtour du stomodeum s'élève et forme le mur saillant (futures lèvres) qui porte en profondeur le mur plongeant (qui va donner la gencive). En dedans de celui-ci, va partir une lame continue qui s'enfonce tout au long des bords maxillaires : c'est la lame dentaire primitive, ininterrompue même aux endroits

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où il n'y aura pas de dent. Le développement s'arrête à ce niveau sans qu'apparaisse la moindre ébauche du follicule. Des épaississements formant les bourgeons dentaires vont ensuite apparaître sur la lame dentaire primitive. Chacun se pédonculise d'un fin cordon à l'extrémité libre, alors que l'autre extrémité en profondeur se renfle pour former l'organe de l'émail. Ce dernier se creuse et dessine la cloche dentaire qui emprisonne une petite masse de tissu conjonctif : la papille dentaire. Le cordon dentaire se fragmente et bientôt s'efface. L'organe adamantin (organe de l'émail) se modèle de plus en plus étroitement sur celui de l'ivoire. Une densification de tissu conjonctif enveloppe le tout et forme ainsi le sac dentaire. Cloche, sac et papille dentaires constituent le follicule dentaire qui va évoluer pour son propre compte. Lors du remplacement de la dent, la lame dentaire fournit un autre bourgeon dans le premier et ce nouveau bourgeon évoluera plus lentement. Lorsque la cloche dentaire se détache de la gencive, les débris cellulaires dessinent le trajet de migration que suivra la dent à l'éruption. Dès que le follicule dentaire est formé, les différents éléments constitutifs de la dent commencent leur mise en place par l'édification de la couronne (BARONE, 1976) III.2.2. Edification de la couronne La couronne dérive du bourgeon dentaire fourni par la lame dentaire. La partie profonde de ce bourgeon devient mésenchymateuse. Les cellules subissent une différenciation : celles du centre deviennent petites, étoilées noyées dans une substance gélatineuse et l'ensemble porte le nom de gelée de l'émail. A la périphérie, la cloche reste épithéliale avec : un épithélium externe en regard du sac dentaire, à cellules cubiques basses, et un épithélium interne en regard de 16


l'organe de l'ivoire, à cellules prismatiques hautes: ce sont les adamantoblastes qui forment l'émail. Les adamantoblastes, sous induction vont transformer l'organe de l'ivoire, et de là, se mettent en place les odontoblastes qui sécrètent d'abord une substance molle, la prédentine qui se minéralise pour donner l'ivoire. La prédentine induit la sécrétion par les adamantoblastes de préadamantine qui se minéralisera aussi par la suite pour donner l'émail. Dès que l'édification de la couronne tire vers sa fin, les éléments de la racine se mettent en place et cela détermine l'éruption de la dent (BARONE, 1976) III.2.3. Mise en place de la racine Les cellules épithéliales de la base de l'organe adamantin à la jonction de l’épithélium externe et interne prolifèrent vers le fond de l'alvéole dentaire pour constituer

une

gaine

épithéliale

dont

le

contact

avec

les

cellules

mésenchymateuses internes provoquera la différenciation de ces dernières en de nouveaux odontoblastes. Ceux-ci vont édifier un anneau de dentine non recouvert d'émail qui est l'ébauche de la racine. La gaine épithéliale se dissocie dès que l'édification de la racine s'achève. Les cellules mésenchymateuses de la partie profonde du sac dentaire s'appliquent contre la racine et contre l'os de l'alvéole dentaire. Au contact de l'ivoire, elles se différencient en cémentoblastes à allure d'ostéocytes qui déposent contre l'ivoire une substance voisine de l’os : le cément dans lequel elles restent incluses. Au contact de l'os alvéolaire, elles constituent une membrane péridentaire qui en se différenciant en fibre de SHARPEY, assure une solide connexion entre le cément de la racine et l'os de l'alvéole. La racine et la couronne étant formées, leur allongement progressif rapprochera la dent de la surface : c'est l'éruption.

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III.2.4. Eruption et croissance de la dent En s'accroissant par la base, la dent s'enfonce lentement dans le maxillaire mais gagne lentement aussi la gencive. L'os se résorbe devant elle et se perfore suivant l’« inter dentis » qui s'agrandit. Il y a ensuite résorption des tissus de la gencive, et la dent commence à apparaître dans la bouche : c'est le phénomène d'éruption. Celui-ci résulte de l'action et de la réaction réciproques entre la dent et l'os de la mâchoire. L'organe adamantin se transforme en une mince couche ou cuticule dentaire avant de disparaître totalement. La dent finit par s'allonger par apposition de nouvelles couches d'ivoire qui comblent en même temps la cavité centrale (c'est à dire la pulpe dentaire) comme chez toutes les dents de type brachyodonte (BARONE, 1976) III.2.5. Remplacement des dents La pulpant des mammifères domestiques ont deux générations de dents : les temporaires ou lactéales qui seront remplacées par les permanentes ou dents d'adulte. Le bourgeon de la dent de remplacement a un développement identique à celui de la dent de lait, mais son évolution est très lente et il entre tardivement en activité. La dent définitive grandit vite et son éruption est préparée par la résorption de la cloison osseuse qui la séparait de l'alvéole lactéale. Elle oblitère par sa croissance les vaisseaux sanguins et nerfs de la dent temporaire dont la racine sera détruite par les ostéoclastes et qui finira par tomber étant devenue un véritable corps étranger. Après cette étude du développement des dents, il serait intéressant de voir leur structure et leur appareil de soutien (BARONE, 1976) . 18


III.3. Principales caractéristiques anatomophysiologiques de la dentition chez le mouton III.3.1. Structure Les dents sont formées par deux types de constituants - des constituants durs : émail, ivoire et cément, - des constituants mous : pulpe dentaire et ligament alvéolodentaire. La dent est essentiellement composée de dentine. Celle-ci est recouverte d’émail sur sa partie externe (la couronne) et de cément sur sa partie interne (la racine). Le cœur de la dent est creux et renferme la pulpe. L’émail est composé de cristaux d’hydroxyapatite de calcium groupés en prismes, pour 96%, le reste étant de l’eau et des matières organiques. Les prismes ont une forme de trou de serrure et sont imbriqués les uns dans les autres (figure 7). L’émail est le tissu le plus dur du corps : sa dureté est un peu inférieure à celle du diamant. Il est généré par une couche d’adamantoblastes (ou améloblastes) qui disparaissent à la fin du processus de maturation de la dent. Il est recouvert par une cuticule capable de se régénérer en pompant des sels calciques dans la salive.

Figure 7: Représentation schématique des prismes de l’email (Wikipédia, 2006)

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La dentine (ou ivoire) a une structure voisine de celle de l’os. Elle est traversée par des canaux appelés tubulis dentinaires (figures 8 et 9), dans lesquels passent des fibres nerveuses appelées fibrilles de Tomes (Figure 9).

Figure 9: Tubulis dentinaires (Hauteville. A., 2012)

Figure 8: Fibrilles de Tomes (Hauteville. A., 2012)

Les fibrilles de Tomes sont les prolongements des odontoblastes qui se trouvent dans la pulpe de la dent (figure 9). Le cément est polystratifié et contient des fibres qui traversent l’espace desmodontal pour s’insérer dans l’os alvéolaire : c’est ce qui constitue le ligament alvéolo-dentaire, ou desmodonte, qui retient la dent à l’os. La couche externe du cément est fine et acellulaire, la couche plus profonde est plus épaisse et cellulaire. Les cellules du cément cellulaire sont des cémentocytes qui ressemblent beaucoup aux ostéocytes. La pulpe est un tissu très vascularisé et innervé contenant de nombreuses fibres conjonctives, des cellules, les odontoblastes, qui génèrent la dentine, des fibroblastes qui fabriquent les fibres de collagène et les fibres élastiques, ainsi que des cellules sanguines de défense immunitaire. La matière fondamentale est formée de protéines et de glycoprotéines. La pulpe est l’organe central de la dent et communique avec tous les autres éléments de la dent (Hauteville, 2012).

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III. 3.2. Présentation des arcades : formules dentaires Chez le mouton, les dents s'alignent à chaque mâchoire selon une courbe parabolique ouverte caudalement pour constituer les arcades supérieure et inférieure (Figure 10). Les moutons comme la plupart des mammifères, sont hétérodontes c’est-à-dire qu'ils possèdent des dents de formes et de tailles différentes, groupées de façon déterminée et en général similaire au niveau des deux mâchoires. La nature des dents qui figurent à chaque arcade est précisée par la formule dentaire, sorte de tableau synoptique où chaque catégorie de dents est représentée par sa lettre initiale : I pour les incisives, C pour les canines, P ou PM pour les prémolaires et M ou AM pour les molaires encore appelées arrière-molaires ((BARONE, 1976). C'est la formule dentaire unilatérale qui est habituellement utilisée c'est à dire qu'un seul côté de chaque arcade est envisagé ainsi chez le mouton adulte, on a : I 0/4

C 0/0

P 3/3

M 3/3

Donc le mouton possède 32 dents réparties en 24 prémolaires et molaires (12 en haut et 12 en bas, donc 6 de chaque côté pour chaque mâchoire) et 8 incisives mais seulement en bas. Les incisives sont appelées du centre à la périphérie pinces, premières mitoyennes, deuxièmes mitoyennes et coins (figures 10 et 11)

Deuxième mitoyenne

Coins

Premières mitoyennes Pince

. Figure 10: les incisives de mouton (source : auteur) 21


Leur usure s’étend lentement sur la face postérieure. Le nivellement, avec disparition de la crête médiane est tardif. Les dents de lait sont plus petites, plus blanches et plus fines que les dents d’adultes. Cette dentition définitive, après les dents de lait, s'installe par étapes jusque vers 4 ans (figure 11). Mais dès cet âge ou vers 5 ans, les signes de déclin apparaissent déjà en particulier pour les incisives qui s'allongent, s'usent et s’écartent.

Figure 11: Arcade dentaire d’un mouton de quatre ans (BARONE, 1976)

III.3. 3. Principales caractéristiques physiologiques Les moutons ont une physiologie dentaire particulière, typique de celle observée chez les ruminants. Ils possèdent des molaires, mais aucune incisive sur le maxillaire supérieur, qui est plutôt remplacé par ce qu’on appelle : le bourrelet dentaire (figure 12)

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Bourrelet dentaire

. Figure 12: Bourrelet dentaire du mouton (source : auteur)

Chez la vache laitière, qui a des lèvres rigides, la préhension des aliments se fait principalement avec la langue. Contrairement aux bovins, le mouton a des lèvres très mobiles, ce qui le rend très sélectif de ses aliments favoris. Pour s’alimenter, le mouton prend les aliments entre le bourrelet dentaire et les incisives présentes sur le maxillaire inférieur. La dentition doit ainsi être bien constituée afin de permettre à l’animal de s’alimenter correctement, particulièrement s’il est élevé au pâturage où il coupera l’herbage entre le bourrelet dentaire et les incisives inférieures. III.4. Rôle de la dentition chez le mouton de case Une bonne dentition est indispensable pour une production optimale chez le mouton, particulièrement dans les milieux difficiles. De plus, elle offre un intérêt certain dans la détermination de l’âge d’un mouton ; en vue de la prise de décision de réforme ou de renouvèlement d’un troupeau.

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III.4.1. Détermination de l’âge En élevage traditionnel, l’âge exact d’un animal est rarement connu avec précision. La mémoire de l’éleveur étant limitée, l’âge peut être estimé à partir de caractéristiques physiques de l’animal tel que les incisives. A la naissance, aucune dent n’est visible. Les pinces de lait sortent la 1ère semaine, les 1ères et 2èmes mitoyennes, la 2ème semaine et les coins, la 4ème semaine. Vers 3 mois, les coins de lait arrivent au niveau des autres incisives. La mâchoire est au rond. Après 3 mois, les incisives de lait s’usent. Vers 12 à 48 mois, selon la précocité de la race et de l’animal, les dents d’adulte apparaissent (MEYER, 2004) (Tableau II). Tableau II: L’âge de sortie des incisives adulte du mouton (en mois) (Chardeaux, 1952) Animaux très précoces (en mois)

Animaux précoces (en mois)

Animaux communs (en mois)

Pinces

12

13

15

1ères mitoyennes

16

21

28

2èmes

19

24

30

26

36

42

mitoyennes Coins

Les races sahéliennes (Touabire et Peul-Peul) au Sénégal paraissent moins précoces (Yadde 1984 ; Faugère et al.). (Tableau III)

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Tableau III: L’âge de sortie des incisives adulte de moutons en Afrique (en mois). Landais et Bassewitz (1982)

Faugère et al. (1990)

Yaddle (1984)

Pinces

13 - 20

12,5 - 23,5

14,5 - 21

1ères mitoyennes

20 - 25

19,5 - 32,5

21 - 28,5

2èmes

25 - 33

26,5 - 42,5

28,5 - 37

> 33

> 33,5

> 37

mitoyennes Coins

Ensuite, les incisives d’adulte sont usées. L’éminence de l’avale disparaît de l’intérieur vers l’extérieur à partir de 6 ans pour les pinces, 7 ans pour les 1ères mitoyennes, 8 ans pour les 2èmes mitoyennes, 9 ans pour les coins (Faugère, 1990). Puis les incisives tombent. Un ovin qui a perdu ses dents est dit édenté. Comme il n’ingère pas assez d’herbe au pâturage, il est improductif. C’est une cause de réforme importante des brebis âgées (MEYER, 2004). III.4.2. Rôle dans l’alimentation L’assimilation des aliments commence avec la prise alimentaire. Les ovins saisissent les aliments avec leurs lèvres et les coupent, s’il y a lieu, avec leurs incisives. Cette méthode de préhension leur permet de saisir les herbages plus courts que 2 cm, contrairement aux bovins. Une fois dans la gueule, les aliments sont mastiqués à l’aide des prémolaires et des molaires. Lors de l’ingestion des aliments, on observe une mastication sommaire. Les jeunes mastiquent mieux durant l’ingestion. Au cours de la mastication, les particules alimentaires sont 25


réduites et d’importantes quantités de salive peuvent être sécrétées. Chez un ovin adulte, on évalue à au moins 10 litres la sécrétion salivaire quotidienne, riche en substances tampons. Le bol alimentaire se retrouve ensuite dans le rumen. Ce dernier demeure en contractions qui créent des vagues. Ces contractions, environ 2 500 par jour, permettent aux microorganismes de rester en contact avec les particules alimentaires et de les dégrader. Les particules grossières présentes dans le rumen stimulent la régurgitation d’un bol alimentaire. Ce dernier fait à nouveau l’objet d’une mastication et d’une insalivation avant d’être ravalé. Ce processus de rumination occupe une place importante dans l’activité d’un ruminant. Ainsi, dans une journée, il peut y avoir plus de 13 périodes de rumination d’environ 20 minutes chacune, et de 1 100 à 1 600 périodes de mastication (Beauchemin ,1993 ; INRA ,1988). La rumination facilite l’action des micro‐ organismes en réduisant la taille des particules alimentaires. Le temps de rumination demeure nettement plus faible pour un aliment concentré comparativement à un bon fourrage ou à de la paille. Cependant sans une bonne dentition, la mastication et notamment à la mastication myricique, ne peut plus se faire correctement. Le mouton mangera moins, ruminera mal et maigrira. Ainsi une anomalie de la dentition devra donc être prise en compte dans le diagnostic différentiel de toutes les affections cachectisantes du mouton. III.5. Principales pathologies buccodentaires des animaux domestiques III.5.1. Anomalies dentaires du développement III.5.1.1. Hypoplasie du cément L’hypoplasie du cément est vue sur les incisives, les prémolaires et molaires maxillaires. Il n’y a pas d’évidence que ce soit pathologique pour les incisives, 26


mais cela peut prédisposer quelques prémolaires et molaires à des affections endodontales. Il est peu fréquent de voir des défauts de cément bien que les processus inflammatoires associés à des pathologies périodontales résultent soit de la lyse du cément soit de l’hyperplasie du cément soit de la formation de nodules du cément. Ces cémentoblastes ont pour origine les cellules mésenchymateuses de la papille dentaire dont ils sortent à travers la gaine épithéliale et se logent sous la couche d’améloblastes. Au départ, le cément formé est spongieux en apparence mais, il subit une maturation et devient plus dense avec le temps tant qu’il est vascularisé. Une fois que les dents font éruption, cette vascularisation se casse donc la formation de cément s’arrête en conséquence. Seul des coupes transversales à travers les couches d’émail permettent de diagnostiquer une hypoplasie du cément.

Les conditions

d’apparition sont la plupart du temps bénignes. Dans beaucoup de cas, durant la mastication, la nourriture peut être compressée dans la profondeur des tissus hypoplasique due comme vu précédemment à une nécrose vasculaire. Ainsi, une fermentation microbienne et une dissolution du cément présent sont possibles (Brugère-picoux, 1994). III.5.1.2. L’Oligodontie Cette anomalie entraîne obligatoirement la formation d’une dentition en escalier ou ondulée. Ces anomalies ne doivent être traitées que si elles nuisent à l’occlusion normale ou si elles permettent une régression de la dent dépourvue d’antagoniste (Brugère-picoux, 1994). III.5.1.3. Les Polyodonties La présence de dents surnuméraires est relativement fréquente, plus particulièrement à la mâchoire supérieure. Les molaires surnuméraires siègent généralement sur l’axe, soit en dehors ou en dedans de l’axe. Les crochets surnuméraires sont extrêmement rares à la différence des incisives 27


surnuméraires beaucoup plus fréquentes. Elle concerne en général une ou deux dents bien que certains chevaux puissent parfois présenter une arcade complète d’incisives surnuméraires. Il est préférable de ne pas toucher à ces dents si elles présentent une usure normale et ne provoquent pas de trouble ; il y a lieu par contre de les sectionner ou mieux de procéder à leur avulsion en cas d’allongement anormal (Brugère-picoux, 1994). III.5.1.4 Les dents hétérotopiques Les dents hétérotopiques sont aussi appelées kystes dentigènes ou kystes dentifères. Il s’agît d’une anomalie, la dent peut alors se localiser à la base de l’oreille ou au niveau du rocher, pour les sites les plus fréquents. Les premiers symptômes sont une tumeur molle avec sécrétion. L’ablation précoce est vivement recommandée pour éviter toutes complications (Brugère-picoux, 1994). III.5.1.5 L’Hypoplasie de l’émail Le défaut de formation de l’émail est présent dans bon nombre de tumeur dentaire. Le défaut partiel ou hypoplasie de l’émail peut être idiopathique ou le résultat de l’effet de certaines substances tératogène. C’est l’une des premières manifestations de la fluorose, affection générale appelée « darmous » en Afrique du Nord, également constatée dans les Alpes. Elle est provoquée par l’ingestion de fourrages trop riche en Fluor. Dans ce cas, presque toutes les dents de première dentition et plus visiblement les incisives sont typiquement ternes, dépolies, bigarrées, considérablement abrasées du fait de la décalcification. La dentine peut également être attaquée par le processus, avec la formation d’un abcès dentaire qui finit par se fistuler. Le traitement, essentiellement préventif et diététique, met en œuvre toutes les mesures susceptibles d’éviter une surconsommation de fluor, ou s’efforce de neutraliser ce dernier en renforçant

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les doses de calcium et de phosphore dans la ration alimentaire (Brugère-picoux, 1994). III.5.1.6. Le bec de Perroquet Il s’agît d’une anomalie héréditaire à déterminisme dominant, caractérisée par un maxillaire plus grand que la mandibule. Les petits écarts sont fréquents, les grandes différences de longueur, plus rares. Il peut s’agir soit d’une brachygnathie mandibulaire soit plus rarement d’une prognathie maxillaire ou d’un mélange des deux. Quelle que soit sa cause, elle modifie l’usure des incisives qui, ne s’opposant plus les unes aux autres, s’allongent excessivement à la façon de celle du lapin. En même temps, elle peut permettre le développement d’une volumineuse surdent sur la première prémolaire supérieure qui se trouve trop en avant de son antagoniste et de la dernière molaire mandibulaire. En de tels cas, il faut couper ou meuler les excès (Brugère-picoux, 1994). III.5.1.7. La mâchoire de bouledogue La mandibule est plus grande que le maxillaire, la prognathie mandibulaire est l’origine la plus retenue. Les pinces présenteront un excès de longueur, les mitoyennes également mais de manière moins prononcée. Cette anomalie beaucoup plus rare que la précédente peut parfois être traitée chirurgicalement chez le jeune (Brugère-picoux, 1994). III.5.1.8 Inégalité, torsion des arcades Les arcades n’ont pas la même longueur et sont recourbées dans leur axe. Cette anomalie peut survenir à la naissance ou n’être constaté que plus tardivement. En pleine phase d’éruption des prémolaires et molaires, une dentition en escalier est observée sur les arcades droites, en ciseaux sur les arcades gauches (Brugère-picoux, 1994). 29


III.5.1.9 Campylorrhinus lateralis Il s’agît d’une déformation majeure apparue pendant le développement sur un côté de la région de la face. Une dysplasie d’un côté de l’os maxillaire conduit à une déviation latérale du nez du côté de la dysplasie et généralement à un rehaussement de la concavité de l’os palatin dans la zone rostrale aux prémolaires. Ceci affecte également la congruité des narines, le septum nasal et parfois entraîne une obstruction des naseaux causé par la déviation septale. Cette anomalie peut arriver dans toutes les races et semble lié à une malposition fœtale. Cependant, l’incidence la plus importante est dans la race arabe ce qui suggère une origine génétique (Brugère-picoux, 1994).

III.5.1.10. Les dents rudimentaires Les dents qui ne subissent pas une maturité normale et qui n’ont pas leur forme définitive sont définies comme rudimentaire. Dans quelques cas, il y a formation d’une ou de deux canines rudimentaires. Elles sont plutôt petites, de 2 à 6 mm de circonférence de 3 à 8 mm en longueur. La prémolaire lactéale en cause, connue sous le nom de « dent de loup », et reste implantée contre le bord antérieur de la première prémolaire définitive. En principe bilatéralement au maxillaire, moins souvent à la mandibule sous l’appellation vulgaire de « dent de cochon ». Son éruption est rapide ; elle est pointue, tranchante, parfois à peine recouverte par la gencive, peu solide, débordante sur la barre, avec une couronne brève. Notons que son incidence est très variable selon la race. La dent de loup, très nettement visible au simple examen visuel, est parfois simplement gênante pour la mastication mais peut aussi présenter de graves inconvénients (Brugère-picoux, 1994).

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III.5.1.11. Anomalie de l’éruption Les principales forces qui entraînent les dents à traverser la gencive peuvent être décrites en 6 étapes : o Etape 1 : étape de préparation o Etape 2 : migration de la dent à travers l’épithélium oral o Etape 3 : émergence de la couronne dans la cavité buccale o Etape 4 : premier contact occlusal o Etape 5 : contact occlusal complet o Etape 6 : éruption et mouvement permanent Ces anomalies de l’éruption peuvent arriver à n’importe quel stade et peuvent avoir une origine traumatique, génétique, virale ou tératogène. On distingue deux anomalies principales : Les impactions dentaires et les couches d’émail déciduales (Brugère-picoux, 1994). III.5.1.11.1. Les Impactions dentaires Dans le mécanisme d’éruption dentaire, les étapes II à IV sont mutuellement dépendantes. Ainsi, si le processus d’éruption n’est pas complet, s’il y a des changements mineurs dans la position des dents permanentes par rapport à l’espace cédé par leurs prédécesseurs ou si l’espace disponible est trop petit il y a alors un risque d’affection résultant de cette impaction (Brugère picoux, 1994). Dans le cas des incisives, les dents permanentes éruptent souvent caudalement aux dents lactéales. Généralement ces changements de position sont corrigés spontanément quand les dents déciduales tombent. Dans les autres cas, une extraction de l’incisive déciduale est nécessaire et même parfois une avulsion des marges mésiales et distales de la dent adjacente (Brugère picoux, 1994). 31


III.5.1.11.2. Les Coiffes déciduales Comme les dents déciduales sont usées et que les dents permanentes éruptent pour les remplacer, la partie présente à la surface occlusale des dents déciduales sont qualifiés de « coiffes déciduales ». Normalement ces coiffes tombent sans poser de difficultés, parfois elles peuvent devenir instable, changer de position et causer un inconfort buccal. Les coiffes détachées, déplacées ou tournées devraient être enlevées. Il est important de garder en tête que si les coiffes tombent tôt, la cémentogénèse sera stoppé tôt au niveau des couches d’émail des dents prémolaires et molaires maxillaire et ainsi augmenteront l’hypoplasie de cément à ce niveau (Brugère-picoux, 1994). III.5.1.12. Le lampas Le lampas ou « la fêve » se manifeste par une enflure physiologique et non une entité pathologique du palais dur juste en arrière des pinces et mitoyennes supérieures. Cette condition peut également être observée sur des sujets âgés. En plus des réactions des racines lors de l'éruption des incisives permanentes, on admet également que la gingivite, la parodontose qui sont présentes vont disparaître une fois la dent en place et en contact avec son antagoniste (Brugère-picoux, 1994). III.5.2. Les pathologies dentaires acquises III.5.2.1. L’exposition de la pulpe Afin d’éviter l’exposition de la pulpe à la surface occlusale, la dentine est continuellement synthétisée par les odontoblastes pendant toute la vie de la dent. L’usure excessive de la dentine conduit donc à exposer la pulpe et, ce serait une voie d’infection des tissus apicaux. Le taux de formation de dentine dépend de la bonne santé de la couche d’odontoblastes présent à la périphérie de la pulpe et toute altération de celle-ci facilite l’exposition de la pulpe. Dans ce cas, il y a un 32


risque d’infection important et c’est la capacité de la dent à maintenir cette infection qui limitera ou pas son expansion aux tissus voisins (Brugère-picoux, 1994). III.5.2.2. Les denticules ou « pulp stones » Les denticules sont des zones de dentine calcifiée. Elles ont été observées sur les dents à deux niveaux : au sein de la pulpe viable et dans des zones modifiées de la dentine secondaire. Leur présence est synonyme d’irritation pulpaire ou d’inflammation. Ces inflammations peuvent résulter d’une pulpite focale ou de différents stimuli comme les bactéries, les stimuli thermiques ou mécaniques. Leur formation entraîne une diminution de la partie fonctionnelle de la pulpe ce qui peut compromettre la microcirculation pulpaire et affecter le niveau de production de la dentine. Ces denticules sont assez fréquents sur des dents dans un état correct ce qui laisse supposer que ces denticules peuvent exister sans pour autant compromettre la vitalité de la pulpe (Brugère-picoux, 1994). III.5.2.3. Les abcès apicaux Les abcès apicaux correspondent aux abcès résultant d’une nécrose pulpaire ischémique et résultant d’une occlusion vasculaire du foramen apical pour les dents brachyodontes. L’infection dento-alvéolaire signifie que la dent et l’alvéole sont touchés, or ceci n’est pas toujours le cas du moins au début. Cependant, pour les dents hypsodontes, dans les cas avancés l’infection s’étend toujours aux tissus environnants dont l’os. Un « sepsis dentaire » peut signifier infection dentaire mais aussi une dent cariée. Ils atteignent l’alvéole dentaire et l’os facial adjacent. Troisièmement parce que le traitement de ces abcès est l’extraction dentaire avec quasi systématiquement des séquelles post-opératoires et soumet l’animal à une prophylaxie dentaire soutenue jusqu’à la fin de ces jours.

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Ces abcès peuvent être classé en primaire ou secondaire à d’autres affections que l’on peut qualifier d’acquise ou d’innée. Parmi les affections apparues au cours du développement qui peuvent secondairement causer un abcès il y a : la polyodontie, l’hypoplasie et la dysplasie dentaire, les déplacements dentaires. Parmi les affections acquises, il y a : les fractures idiopathiques et posttraumatiques, les caries, les anomalies d’usure, les maladies périodontales et les pulpites. L’exposition de la pulpe à la surface dentaire est une éthiopathogénie majeure au développement de cette affection. Bon nombre d’infections apicales mandibulaires se produisent juste après l’éruption dentaire quand des pulpites peuvent être présentes. Sur ces nouvelles dents, peu de dentine secondaire a été déposé et donc la pulpe est plus proche de la surface occlusale que des dents plus matures. Les dents classées comme possédant un abcès dentaire apical primaire ont très souvent une exposition pulpaire à leur surface occlusale. Ceci pose le problème de savoir quel est le phénomène qui cause l’autre (Brugèrepicoux, 1994). III.5.2.4. Les problèmes inflammatoires La flore buccale est en nombre, en variété importante et les bactéries rencontrées appartiennent aussi bien aux grams positifs qu’au gram négatifs. Toutes ces bactéries ont plus moins un pouvoir pathogène qui s’exprime lors d’affection dentaire. Il convient d’ailleurs de noter qu’aucun virus ne possède en l’état actuel des connaissances un réel tropisme pour les tissus dentaires. Ce seront donc les bactéries et pratiquement uniquement elles qui vont créer et entretenir une inflammation. Les streptocoques non hémolytiques et les staphylocoques coagulase négative composent le plus gros de cette flore, suivis par les Staphylocoques et les Streptocoques avec parfois intervention des E.coli, Klebsiella et Proteus. Dans de nombreux cas, aucune trace des bactéries aérobies et l’infection apparaît provoquée uniquement par des germes anaérobies tels que ceux-cités ci-dessus (Brugère-picoux, 1994). 34


III.5.2.5. Les caries dentaires Affection caractérisée par la destruction progressive des tissus durs de la dent, en premier lieu c’est le cément, puis l’ivoire qui est touché. Elle est due à l’action de microorganismes sur les hydrates de carbone, en provoquant une déminéralisation et une destruction des tissus durs de la dent. Rare au niveau des incisives, la lésion débute au niveau de la dentine et/ou du cément, atteint l’émail qu’elle perfore, puis poursuit son chemin dans l’ivoire en direction de la pulpe. Cette affection peut rester bénigne par apposition de dentine au niveau pulpaire, soit elle peut atteindre la pulpe (Brugère-picoux, 1994). III.5.2.6. Les Parodontopathies Les maladies parodontales représentent les affections concernant les tissus au contact des dents. Au sens large, ces structures sont la gencive, le cément alvéolaire et le ligament parodontal. Ces affections sont connues depuis l’antiquité et sont difficiles à classer car elles commencent toutes de la même façon avec une modification locale légère qui, si elle est mal traitée, empire jusqu'à ce que l’os alvéolaire soit résorbé et que la dent subisse une exfoliation (Brugère-picoux, 1994). Ceci signifie que différents stimuli étiologiques peuvent produire des pathologies similaires en fin d’évolution et donc la véritable éthio-pathogénie n’est pas toujours identifié. Il est possible de classer les affections parodontales en 4 groupes :  Inflammation (gingivite et périodontite)  Dystrophie (gingivose et périodontose)  Les processus néoplasiques  Les anomalies

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Ces quatre catégories sont connues pour affecter les chevaux avec une forte prévalence de la première catégorie. En général, les lésions débutent dans les espaces inter dentaires et se situent le plus souvent dans les espaces caudaux mandibulaires (Brugère-picoux, 1994). III.5.2.6.1. La gingivite- la parodontite La gingivite est le stade initial des parodontopathies, on la reconnaît à une gencive marginale rouge, tuméfiée et hyperhémiée. Ses origines sont les traumatismes, les caries, les fractures ou des phénomènes de malocclusion. La gingivite évolue le plus souvent vers une parodontite avec formation d’une poche parodontale et destruction du ligament alvéolodentaire, lyse de l’os alvéolaire. Cette pathologie évolue vers la fistulisation, c’est du moins à ce stade qu’elle est découverte (Brugère-picoux, 1994). III.5.2.6.2. La Pyorrhée et la périostite alvéolaire La pyorrhée alvéolo-dentaire se caractérise par une accumulation de pus dans la poche parodontale. Des signes de douleurs et une gêne masticatoire peuvent être décelés. Le patient boude sa nourriture durant quelques jours. Si la pathologie se développe et qu’elle atteint l’os alvéolaire, on parle alors de périostite alvéolaire. L’examen minutieux de la bouche permet de constater des molaires supérieures basculées vers l’intérieur et des molaires inférieures basculées du côté vestibulaire. Il s’ensuit une fistulisation vers le sinus ou le long de la face interne de la branche horizontale de la mandibule. A ce stade, la dent s’expulse spontanément ou est restée coincée par les dents adjacentes. Il faut alors la cureter ou l’extraire (Brugère-picoux, 1994).

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III.5.2.7. Les tumeurs dentaires Les tumeurs odontogéniques sont rares à l’instar des autres espèces d’animaux domestiques. En fonction des types de tissus embryonnaires impliqués, on distingue les tumeurs épithéliales ou améloblastomes, les tumeurs épithélioconjonctives ou odontomes et les tumeurs mésodermiques ou cémentomes (Brugère-picoux, 1994). III.5.2.7.1. Améloblastome Les améloblastomes sont des tumeurs dures, non calcifiée, faisant corps avec l’os, sa structure rappelle celle du carcinome. Elles envahissent principalement la mandibule et présentent une forme sphérique ou multiloculaire. Ces tumeurs affectent localement les tissus environnants mais restent des tumeurs bénignes. On les retrouve à tout âge mais la plupart du temps chez les animaux âgés. Radiologiquement, on rencontre des images radiotransparentes, destructrices et parfois kystiques (Brugère-picoux, 1994). III.5.2.7.2. Les Odontomes Ils prennent leur origine du germe dentaire et, à la différence des tumeurs précédentes, ils sont composés de dentine, de cément et d’émail dans des proportions différentes. Elles affectent surtout les animaux jeunes, en particulier les prémolaires et molaires maxillaires, avec implication du sinus dans 90% des cas. Bien qu’également bénins et de croissance lente, ils envahissent tous les tissus environnants. Radiologiquement, ils se manifestent sous forme de lésions agressives, radiotransparentes ou partiellement minéralisées (Brugère-picoux, 1994).

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III.5.2.7.3. Les Cémentomes Ces tumeurs d’origine mésodermique ne comportent aucun composant épithélial. Elles se composent d’une structure minérale très dense ; souvent associées aux apex dentaires, elles contiennent des tissus proches du cément. Elles peuvent être déminéralisées à leur périphérie. En général, elles sont bénignes (Brugère-picoux, 1994). III.6.2.7.4. Les kystes dentigères Ces kystes sont une curiosité car un tissu dentaire se développe à l’extérieur de la mâchoire. Le site le plus souvent rencontré est la région temporale près de l’oreille. Ainsi, il est parfois possible d’observer une véritable structure dentaire bordée d’un épithélium stratifié souvent glandulaire. La dent est souvent attachée à l’os temporal ou quelquefois libre à l’intérieur de la cavité kystique. Ces éléments peuvent varier d’un morceau d’émail à une véritable dent ressemblant à une molaire ectopique. D’après toutes les études réalisées, aucune prédisposition particulière n’a été mise en évidence. Ce kyste provient d’un défaut de fermeture du premier arc branchial ou de débris cellulaires. La localisation typique est la région temporale. Cependant, on peut rencontrer ces kystes dans d’autres régions comme les os frontaux et les sinus paranasaux (Brugère-picoux, 1994).

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DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE

39


CHAPITRE I : ZONE D'ETUDE ET PERIODE D’ETUDE I.1. Zone d’étude Nous avons réalisé nos travaux dans la région de Dakar (Sénégal) ; cette région du Sénégal est située dans la presqu’île du Cap Vert et s’étend sur une superficie de 550 km², soit 0,28 % du territoire national. Elle est comprise entre les 17° 10 et 17° 32 de longitude Ouest et les 14° 53 et 14° 35 de latitude Nord. C’est une région qui est limitée à l’Est par celle de Thiès et par l’Océan Atlantique dans ses parties Nord, Ouest et Sud. La Région de Dakar, capitale du Sénégal est constituée de quatre départements et dix arrondissements (Tableau IV et Figure 13). Tableau IV: Départements de la région de Dakar (population, superficie et arrondissements) ; (Wikipédia 2013 et ANSD 2015) Départements

Dakar

Guédiawaye Pikine Rufisque Total

Population

Superficie (km2)

Arrondissements Almadies ; Dakar Plateau ;

1 030 594

79

329 659

13

Guédiawaye

1 170 791

87

Dagoudane ; Niayes ; Thiaroye

490 694

372

Rufisque ; Sangalkam

2 956 023

547

Grand-Dakar ; Parcelles Assainies

11

40


Figure 13: Départements de la Région de Dakar (SANE, 2013)

I.2. Période d’étude Notre étude s’est déroulée du 3 février 2016 au 21 décembre 2017 dans la région de Dakar. Il s’agissait de faire une étude descriptive de la dentition du mouton de case à Dakar, une caractérisation des races et le mode d’élevage. Une identification des affections et anomalies bucco-dentaires a été faite dont les conséquences pourraient influencer le rendement carcasse et par ailleurs constituer les causes d’autres maladies.

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CHAPITRE II : MATERIEL ET METHODES II.1. Matériel II.1.1. Matériel animal Le matériel animal est constitué de 373 moutons adultes de races différentes dont 240 Ladoum, 97 Touabir, 13 Peul peul, 11 Bali bali et 4 Waralé et pour un effectif de 152 mâles et 221 femelles, entretenus en élevage semi intensif dans 66 troupeaux dans les 4 départements de la région de Dakar. II.1.2. Matériel technique Il est constitué :  D’un appareil photo numérique de marque CANON PowerShot A2500 Noir, 16 Mio. Pixel, 5 x, 6.9 cm (2.7"), 1280 x 1024 8253B011 (figure 14) pour la prise de d’image des animaux, de leur dentition, des locaux et du matériel d’élevage.

Figure 14: Appareil photo numérique

 Des fiches d’enquêtes (annexe 1), pour la collecte des données relatives au bétail et aux éleveurs  D’un ruban barymétrique, pour la détermination du poids des animaux 42


Figure 15: Ruban barymétrique

II.2. Méthodes II.2.1. Méthodes de récolte des données Elle s’est déroulée sous forme d’enquête transversale et a intéressé les propriétaires de moutons de case situés dans la région de Dakar. Les entretiens se sont faits chez les propriétaires d’animaux et les questions ont été posées aux propriétaires directement ou aux membres de la famille responsables de l’entretien des animaux. Sur la fiche d’entretien, on trouve des questions relatives aux aspects suivants :  statut socio-économique des éleveurs (nom, région, activité principale…)  structuration du cheptel (nombre d’animaux total, type de races exploitées…) II.2.2. Examen de la cavité buccale L’examen de la cavité buccale a consisté à l’examen des dents, de la langue, des muqueuses buccales et de la paroi de la cavité buccale. Concernant les dents nous avons dans un premier temps retourné les lèvres pour observer les dents (la face labiale), apprécier la forme, le nombre, la couleur et 43


les contacts entre elles sur la même mâchoire et avec celles de la mâchoire opposée. Dans un second temps nous avons ouvert la cavité buccale afin d’apprécier la conformation des incisives et des molaires (molaires et prémolaires). A ce stade, nous avons recherché les éventuelles lésions, usures anormales et les affections. A propos de la langue, nous l’avons observé et palpé ; il s’agissait de rechercher d’éventuelles affections et lésions linguales. Enfin concernant la muqueuse buccale, nous avons observé la face interne des lèvres inférieur et supérieurs afin d’apprécier l’humidité, et la couleur (pâle, rose, cyanosée, congestive) de la muqueuse buccale ainsi qu’à la présence éventuelle de lésions et pour finir, l’examen de l’intérieur de la cavité buccale. II.2.3. Technique de détermination de la note d’état corporel et du poids des animaux  La NEC (Note d’État Corporel) est une grille de notation d’usage universel. Pour les ovins, les notes vont de 1 (très maigre) à 5 (obèse). Il s'agit de tâter le dos du mouton au niveau des lombaires (entre la cage thoracique et l'arrière-train). Plus les apophyses épineuses sont senties et que nous pouvons glisser les doigts sous les apophyses transverses, plus la note est basse. Par contre si les apophyses épineuses ne sont pas senties, la note est 5. Avec une note 2 (normalement la plus basse sur un troupeau en bon état), nous sentons les apophyses épineuses comme une ondulation sur le dos. Nous sentons aussi les apophyses transverses et pouvons engager les doigts entre ces os avec une légère pression. Avec une note 3, nous sentons une ondulation très légère sur le dos et il faut un appui fort pour sentir les apophyses épineuses individuellement. C'est aussi 44


seulement avec une forte pression qu'on sent l’extrémité des apophyses transverses.  L’estimation du poids vif des animaux se fera à l’aide d’un ruban zoométrique. Le ruban zoométrique est une bande en bâche graduée. Cette graduation indique le tour de poitrine de l’animal en cm. En face de chaque cm du tour de poitrine figure le poids estimé de l’animal en kg. II.2.4. Traitement et analyse des données Le traitement des données de nos travaux a été réalisé au moyen d’outils informatiques à savoir Word pour la saisie et l’enregistrement des données recueillies auprès des éleveurs. Et les données recueillies ont été analysées et traitées à l’aide du logiciel informatique Excel.

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CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSIONS III.1. Résultats III.1.1. Identification et caractérisation des éleveurs de mouton de case Nous avons travaillé sur 66 élevages dans lesquels, la proportion d’hommes pratiquant l’élevage du mouton de case est de 80 % contre 20 % de femmes (Tableau V). Cette différence en faveur des hommes peut être liée au fait que les hommes ont plus de temps que les femmes souvent occupées par les tâches ménagers qui leur incombent dans les familles. Et selon certaines localités, les femmes ont des activités extra familiales ou s’adonnent à d’autres de plus (commerce, domestique, fonctionnaire…) Tableau V: Identification et caractérisation des éleveurs en fonction des départements

Département

Eleveurs

Total

Pourcentage

H

F

département

dans la région

Guédiawaye

10

7

17

26%

Pikine

20

4

24

36%

Dakar

15

0

15

23%

Rufisque

7

3

10

15%

Total

52

14

66

Pourcentage (%)

79

21

100%

Le département de Pikine a l’effectif le plus important (36%) d’éleveurs et le département de Rufisque présentent le plus bas taux d’éleveurs (15%). Dans les départements de Dakar, les quinze (15) exploitations visitées sont uniquement sous la gestion de la gente masculine. C’est dans le département de Guédiawaye que la parité homme-femme semble plus proche de l’équilibre.

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III.1.2. Répartition des races de moutons étudiés par Département Nos résultats montrent que les départements de Pikine et de Dakar ont les effectifs de mouton les plus élevés par rapport aux autres départements. Ceci peut s’expliquer par le fait que ces départements ont une forte démographie ou du fait que les éleveurs de ces départements ont une meilleure culture d’élevage. Le Ladoum est la race la plus exploitée pour son format et pour sa valeur commerciale élevée (Tableau VI) Tableau VI: Répartition des effectifs en fonction de la race et de la localité Département

Effectif

Race Ladoum

Peul-peul

Bali-bali

Waralé

Touabir

Azawak

Guédiawaye

103

69

4

0

0

30

0

Pikine

118

87

2

3

2

21

4

Dakar

115

77

4

3

3

21

6

Rufisque

37

21

0

3

0

13

0

373

254

10

9

5

85

10

100

68,2

2,6

2,5

1,3

22,8

2,6

Région

de

Dakar Pourcentage (%)

III.1.3. Rapport moutons-éleveur par Département (Tableau VII) Le rapport moutons-éleveur est élevé dans les départements de Dakar contrairement aux départements de Pikine et de Rufisque. Ceci peut s’expliquer par le fait de la démographie plus élevée à Dakar. Il y a peu d’espace libre pour l’élevage extensif, d’où une culture d’élevage en claustration des animaux (Tableau VII).

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Tableau VII: Rapport effectif présenté par éleveur et par Département

Département

Effectif des moutons

Éleveurs

Moutons/éleveur

Guédiawaye

103

17

6

Pikine

118

24

5

Dakar

115

15

8

Rufisque

37

10

4

Total

373

66

23

III.1.4. Etat de la dentition Sur les 373 moutons observés sur les 5 départements de Dakar, les 90% avaient une dentition normale sans incidence sur l’activité de l’organe physiologique. Par contre, seule 9,12 % de notre l’échantillon présentaient des pathologies dentaires. Les ovins du département de Pikine sont les plus touchés par les pathologies buccodentaires avec un taux de 35% de l’effectif total de la région et suivent les moutons des départements de Guédiawaye et de Dakar avec un taux de 29% de leurs effectifs. Les moutons du département de Rufisque sont ceux qui présentent moins d’affections dentaires avec un taux de 6% de l’effectif total (tableau VIII).

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Tableau VIII: Nombres d’affections buccodentaires en fonction des localités Départements

Effectifs

Nombre de sujets affectés

Pourcentage de sujets affectés

Guédiawaye

103

10

29%

Pikine

118

12

35%

Dakar

115

10

29%

Rufisque

37

2

6%

Total

373

34

100%

En considérant la race de mouton, nous avons observé que les anomalies buccodentaires touchent à 76% les moutons Ladoum, 12% chez les moutons Touabir alors que les autres races (Peul peul, Bali bali, Azawat et Waralé) sont affectées au taux de 3% (Figure 16).

12%

3%

LADOUM BALI BALI

3% 3% 3%

PEUL PEUL AZAWAT

TOUABIR

76%

WARALE

Figure 16: Pourcentage des pathologies buccodentaire en fonction de la race

III.1.5. Typologie des bucco-dentaires observées Les anomalies observées sont de deux types : les affections congénitales et acquises.

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Tableau IX: Typologie des Pathologies buccodentaires rencontrées

Type d’affections

Nombre d'ovins atteints 15

Pourcentage d'ovins atteints 44%

Chute de dents

6

18%

Prognathisme

1

3%

Anomalie de taille

3

9%

Parodontite

3

9%

Usure prématurée

4

12%

Dent qui bouge

2

6%

Total

34

100%

Fracture dentaire

1.5.1. Affections congénitales Les anomalies observées sont surtout le prognathisme et les anomalies de tailles. Le prognathisme représente une anomalie congénitale avec raccourcissement d'une mâchoire, l'autre pouvant être normale. Si le raccourcissement concerne :  La mâchoire supérieure, on parle de mouton bégu  La mâchoire inférieure, l’animal est grignard (figure 17) Cette pathologie affecte la préhension chez l’animal.

Figure 17: Mouton grignard (source : auteur) 50


Les anomalies de tailles sont aussi observées chez le mouton de case à Dakar (figure 18).

Figure 18: Dents trop longues chez un mouton de case (source : auteur)

1.5.2. Affections acquises Les anomalies observées sont surtout les fractures dentaires, des chutes de dents, la parodontite, l’usure prématurée des dents. (Tableau IX) Les fractures dentaires sont fréquentes chez les moutons de case (Figure 19). Elles se manifestent par la perte d’une partie de la couronne des incisives.

Figure 19: Fractures d’une pince et 1ère mitoyenne fracturées (source : auteur)

51


Les chutes de dents sont le plus souvent rencontrées souvent chez les sujets âgés (figure 20)

Figure 20: chute de dents chez un mouton Ladoum (source : auteur)

III.1.6. Rapport affections bucco-dentaires et poids des animaux Nous avons observé que tous les moutons qui ont été touchés par une anomalie buccodentaire, ont leurs poids et NEC en deçà de la moyenne de la race correspondante. Ainsi, chez les Ladoum le poids moyen est de 61,14 kg contre 51,68 kg, soit une différence de 9,44 kg chez les malades et la NEC moyenne est 4,39 contre 3,84. Chez la race Touabir, le poids moyen normal est 47,56 kg contre un poids moyen de 41kg chez les malades soit une différence de 6,5kg et la NEC moyenne de 4 contre 3,6 (tableau 9). Pour la race Waralé, le poids moyen normal est 42,2kg contre 36kg soit une différence de 6 kg et la NEC moyenne de 3,4 comparée à une NEC de 3. Chez la race Peul Peul, le poids moyen est 39,8kg contre 34kg soit 5,8 kg et la NEC moyenne de 3,8 contre 3. 52


III.2. Discussion III.2.1. Limites et contraintes Nous avons choisi la région de Dakar pour notre étude du fait de l’importance accordée à l’élevage ovin en général et à l’élevage du mouton de case en particulier. En outre, on y trouve des races de moutons dont le mode d’élevage est de plus en plus professionnalisé. En effet, l’importance de l’élevage et des études menées sur l’élevage de moutons de case ont contribué au choix de notre sujet d’étude. La démarche méthodologique que nous avons adoptée, bien que nécessaire pour une telle étude, souffre néanmoins d'un certain nombre de limites. Dans certaines maisons enquêtées, les propriétaires étant absent, certaines questions sont restées sans réponses ou ont eu des réponses approximatives. Le manque de moyens de déplacement ne nous a pas permis de pouvoir enquêter sur un plus grand nombre d’élevage mais néanmoins on a pu faire 66 exploitations à travers tous les départements de Dakar. Par ailleurs, la disparité des races liée aux avantages anatomophysiologiques commerciales conduit à l’inégalité dans les proportions des races dans les départements. Les Ladoum par exemple ont les valeurs commerciales les plus élevés. III.2.2. Caractéristiques des éleveurs Les éleveurs de petits ruminants interrogés dans les sites d’étude sont majoritairement des hommes (80%), ce qui est en accord avec les résultats obtenus par Diaw (82,8%, 2005) en ce qui concerne les petits ruminants dans la ville de Saint louis. Une proportion semblable a été trouvée par Thior en 2013 (96% d’hommes contre seulement 4% pour les femmes dans les élevages de petits ruminants à Thiès). Toutefois, nos résultats diffèrent de ceux obtenus par DIOUF (2012) dans la région de Fatick où les femmes pratiquent plus l’élevage de chèvre que les hommes. L’élevage de moutons de case dominé par les 53


hommes se comprend par le fait que les femmes ont souvent d’autres occupations dans les milieux urbains comme Dakar. A cela, s’ajoute, le fait que les hommes sont généralement propriétaires des maisons et que cet élevage se fait dans la concession. Le Ladoum est la race la plus élevé dans la région de Dakar à raison de 68 % de l’effectif étudié et les résultats de l’étude montrent qu’une proportion des éleveurs, 69 % sont motivés par le plaisir d’élever des animaux, une autre catégorie d’éleveur soit 22,73 % pour la génération de revenus et 8,27% par l’autonomie en mouton de Tabaski. Nos résultats sont en accord avec ceux de Thior en 2013 qui a trouvé que beaucoup d’éleveurs pratiquent l’élevage des Ladoum par passion et amour (52,70%) contre 4% qui le font pour des raisons purement économiques. Ces résultats sont aussi en accord avec ceux de DIAW (2005) dans la commune de Saint-Louis. La raison est que l’élevage des petits ruminants, particulièrement celui des ovins joue un rôle socio-économique et culturel majeur dans la plupart des familles sénégalaises. La consommation d’ovins se fait essentiellement lors des fêtes religieuses de la Korité et de la Tabaski et la plupart des éleveurs préfèrent vendre leurs moutons Ladoum pour se procurer des moutons à plus bas prix. Cela leur permet d’avoir un animal de sacrifice et de l’argent pour assurer les autres dépenses du foyer. Le prix d’achat du mouton Ladoum est en effet très élevé par rapport à celui des autres races ovines comme les Peul-peul et les Touabir. En outre, les éleveurs préfèrent vendre leurs mâles à d’autres éleveurs qui font de l’amélioration génétique et qui n’hésitent donc pas à débourser de grosses sommes d’argent pour se procurer des animaux de meilleure qualité génétique. III.2.3. Principales affections bucco-dentaires Les moutons de case de notre étude sont surtout sujets aux lésions traumatiques notamment les fractures dentaires, des chutes de dents, la parodontite, l’usure prématurée des dents. Ils ont été notés majoritairement chez les animaux nourris 54


avec une ration contenant des grains de maïs secs et sans supplémentation en minéraux. En effet, une ration avec des particules dures à mâcher tel que le maïs en grain et de corps étrangers (petites pierres) ou les plantes épineuses est responsable de traumatisme au niveau de la gencive mais aussi au niveau de la muqueuse (les stomatites et glossites). Nos résultats corroborent avec ceux de Brugère Picoux, 1994 qui a trouvé que les agents physiques (brûlures, traumatismes, en particulier avec des épillets de graminées) ou chimiques (minéraux et végétaux) sont responsables des lésions bucco-dentaires notamment les gingivites, les stomatites et les glossites. L’observation des rations a aussi montré qu’en présence de CMV, le maïs a moins d’impact sur les dents. En effet, les carences sont responsables de la mauvaise minéralisation de la dent, notamment en calcium, phosphore et en vitamines D, ce qui la prédispose aux anomalies selon (Brard, 1994) et (McGregor, 2011). Parmi les 373 moutons examinés sur 66 exploitations, 34 avaient des anomalies bucco-dentaires soit un pourcentage de 9,12%. Ce résultat est d’apparence faible par rapport à celui de Benchohra, 2015 qui a découvert une incidence très élevée d’anomalies buccodentaires (55 %) chez le mouton Rembi en Algérie ; cela est peut-être dû à la différence du mode d’élevage, du type d’aliment et de la race. Toutefois, ce taux (9,12%) n’est pas à négliger si l’on prend en compte le coût de la production dans le rendement carcasse car il y a perte de poids et essentiellement des conséquences pathologiques sur les organes qui peuvent être chiffrées donc un manque à gagner pour l’éleveur. Chez les moutons à pathologie dentaire, nous avons noté une affectation de l’état général avec une baisse de la NEC et du poids corporel par rapport à la moyenne. Cela est en accord avec les constatations de (Brugère-Picoux, 1994) qui a montré que les affections dentaires peuvent entraîner une gêne dans la 55


préhension et la mastication des aliments, d’où un amaigrissement parfois important. En somme, les pathologies dentaires conduisent à l’amaigrissement de l’animal (West, 2002) et (Ridler, 2010) et la dentition défectueuse est considérée parmi les principales causes de réforme selon (Blaise 2006) et (McGregor, 2011). Ceci va donc accentuer les pertes dans les élevages concernés, en raison de la supplémentation alimentaire (nécessaire à la minéralisation de la dent) et au cout de remplacement des animaux réformés selon (Sargison, 2008). III.3. Recommandations et perspectives Au terme de notre étude, nous donnons certaines recommandations à l’endroit des :  Éleveurs pour un meilleur suivi aux moutons afin d’éviter les affections bucco-dentaires et assurer un rendement et une meilleure gestion du troupeau en termes de croisement (Maladies congénitales) et valeur économique.  agents sanitaires, en particulier les vétérinaires par une maitrise des soins spécifiques à l’appareil bucco-dentaires. En effet, jusqu’ à ce jour peu ou pas de cliniciens sont outillés à traiter les atteintes buccos dentaires.  Autorités des services vétérinaires, l’Etat devra promouvoir l’élevage ovin compte tenue de l’intérêt socio-culturel et économique de cet animal. Il devra mieux organiser les éleveurs, les accompagner dans la maitrise de la production tout en évitant les croisements aux conséquences létales ou morbides. Notre travail est une étude préliminaire de cette thématique initiée dans la région de Dakar. Elle constitue donc un point de départ dans la recherche de contraintes qui entravent le développement de l’élevage des moutons de case. Elle a permis 56


de déceler quelques contraintes qui devraient être approfondies par des études complémentaires. En effet, il serait intéressant de faire une étude sur l’impact sanitaire et économique (perte) des affections bucco-dentaires pour l’éleveur en particulier et le pays en général en termes de la filière embouche et ovine.

57


CONCLUSION Le Sénégal bien qu'étant un pays à vocation pastorale avérée, souffre d'une instabilité dans l'approvisionnement en quantité et en qualité de moutons accessibles à toutes les couches sociales. Jusqu’à ce jour, le pays continue d'importer des animaux sur pied, des pays voisins pour assurer la demande lors de certains événements socio-culturels comme la Tabaski. La région de Dakar, de par sa démographie connait de nombreuses contraintes répertoriées. L’existence d’élevage ovin caractéristique dit élevage en case est en pleine expansion et connait de nombreuses contraintes répertoriées (zootechniques, amélioration génétique) mais aussi mal connues telle que les affections buccodentaires congénitales et acquis. L'objectif de notre travail était donc d’étudier les caractéristiques anatomiques de la dentition du mouton de case et de recenser la typologie des pathologies dentaires rencontrées chez le mouton de case en fonction des races exploitées. La présente étude s'est déroulée en deux phases. La première phase du travail a porté sur la caractérisation des élevages de mouton de case à Dakar et la typologie des élevages et des races de moutons tandis que la deuxième phase a été axée sur les caractéristiques de la dentition chez cette espèce. S'agissant des élevages de moutons de case à Dakar, ces enquêtes ont été réalisées dans 66 exploitations choisies par hasard et selon la disponibilité des propriétaires dans les quatre départements de la région de Dakar. Dans le département de Dakar, il s’agit des zones de Fass, Ngor, Cité Biagui et Parcelle, alors que dans le département de Pikine, il s’agit des localités de Kheur Massar, Malika, Diacsaw et Tableau Tivaone. Pour le département Guédiawaye nous avons choisi les communes de Golf Sud, HLM LasPalmas et pour le département de Rufisque, nous nous sommes focalisés à Rufisque centre.

58


Les résultats de notre étude sur les dents et pathologies bucco-dentaires chez 373 ovins examinés, montrent une prédominance des anomalies acquises avec les fractures dentaires avec un pourcentage de 44 % alors que les affections congénitales n’ont révélé que des cas prognathisme et anomalies de tailles. De façon spécifique, l’étude de ces anomalies, montre que celles-ci affectent 9,12% des moutons de cases examinés et que le Ladoum est la race de mouton la plus touchée. Ces pathologies ont un impact négatif sur la croissance des moutons qui présente souvent un état général amoindri avec une baisse du poids corporel et de la note d’état corporel par rapport aux congénères n’ayant aucune affection dentaire. De tout ce qui précède, nous avons formulé une série de recommandations aux acteurs de la filière ovine, aux vétérinaires cliniciens, propriétaires et aux autorités étatiques. En outre, en guise de perspective nous suggérons une étude des impacts sanitaire et économique (pertes) des affections dentaires pour l’éleveur en particulier et le pays en général.

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66


ANNEXES Questionnaire n°1 : Questionnaires destinées aux propriétaires ANNEXE 1 : FICHE D’ENQUETE

Nom prénom

et Age

Sexe

Situation

Profession

Objectifs

localité

matrimoniale

67


Questionnaire 2 : Questionnaires portant sur l’exploitation Propriétaire

N° d’exploitation

Nombre

Aliments

Quantité

Fréquence de

Mode

Pathologies

d’

distribués

d’aliment

distribution

d’élevage

rencontrées

distribuée

animaux

en général

 Questionnaire n°3 : Distribution alimentaire en fonction de l’âge, du sexe et de l’état physiologique Catégorisez-vous vos animaux ? Oui Agneau

agnelle

Non brebis

bélier

Brebis gestante

Effectif Type Quantité /j Fréquence

68


 Questionnaire n°6 : Caractérisation de la dentition des animaux adultes

Numéro d’Exploitation :

Propriétaire :

N° Date race robe sexe âge

Nombre

Nombre

d’incisive d’incisive de lait

adulte

Couleur

Etat

des

d’usure

Anomalies Poids NEC

Autres

observées

troubles

dents

69


SERMENT DES VETERINAIRES DIPLOMES DE DAKAR

**** «

Fidèlement

attaché

aux

directives

de

Claude

BOURGELAT, fondateur de l’enseignement vétérinaire dans le monde, je promets et je jure devant mes maîtres et mes aînés: eux le souci de la dignité et de l’honneur de la profession vétérinaire;

correction et de droiture fixés par le code de déontologie de mon pays; tune consiste moins dans le bien que l’on a, que dans celui que l’on peut faire;

générosité de ma patrie et à la sollicitude de tous ceux qui m’ont permis de réaliser ma vocation. Que toute confiance me soit retirée s’il advient que je me parjure».


Particularités anatomophysiologiques de la dentition du mouton de case dans la région de Dakar (Sénégal) : Particularités morphologiques et nutritionnelles. Résumé La présenté étude a été conduite dans le but de faire l’Etude descriptive des particularités anatomophysiologiques de la dentition du mouton de case dans la région de Dakar. . Après une première étape de revue bibliographique, le travail expérimental a consisté à effectuer des entretiens avec les propriétaires de moutons et de réaliser des examens et observations de la cavité buccale et des dents, sur 373 moutons de case entretenus en élevage semi intensif dans 66 exploitations réparties sur les quatre départements de Dakar. A l’issu de ce travail, il y’avait que 9,12 % de notre l’échantillon présentaient des pathologies dentaires. Les anomalies observées sont surtout les fractures dentaires, des chutes de dents, la parodontite, l’usure prématurée des dents, les anomalies congénitales tel que le prognathisme, les anomalies de taille ont été aussi observées. Cependant, les fractures dentaires sont majoritairement fréquentes chez les moutons de case surtout ceux nourris avec des aliments durs, pauvre en minéraux et concernent le plus souvent les incisives. Ces pathologies ont un impact négatif sur la croissance des moutons qui présente souvent un état général amoindri avec une baisse du poids corporel et de la note d’état corporel par rapport aux animaux n’ayant pas ces affections dentaires. C’est pour ce faire que nous recommandons aux éleveurs d’assurer aux moutons, une ration ni trop dure qui permettra d’apporter tous les besoins en nutriments surtout les minéraux

Mots Clés : Mouton de de case, dentition, pathologie buccodentaire, Dakar Auteur: Mr. Idrissa LECOR E-mail: idrissa.lecor@yahoo.com Adresses: Linguère (Sénégal) Tél : (221) 77 2280803


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