Anouck BANCAL

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR ************************ ECOLE INTER-ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRE DE DAKAR (E.I.S.M.V.)

Année 2018

N° 7

ETUDE SUR DES CAS DE LYMPHANGITE EPIZOOTIQUE DANS UNE ECURIE DE DAKAR THESE Présentée et soutenue publiquement le 12 mai 2018 à 10 heures devant la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie de Dakar pour obtenir le grade de DOCTEUR EN MEDECINE VETERINAIRE (DIPLOME D’ETAT) Par Anouck BANCAL Née le 09 février 1987 à Dakar JURY Président :

M. Mamadou FALL Professeur à l’UCAD

Directeur de thèse :

M. Yaghouba KANE Maître de conférences agrégé à l’EISMV

Rapporteur de thèse :

M. Serge Bakou Professeur à l’EISMV

Membre :

Mme Rianatou BADA ALAMBEDJI Professeur à l’EISMV

Co-encadreur de thèse :

M. Abdoulaye CISSE Docteur vétérinaire


ECOLE INTER-ETATS DES SCIENCES ET MEDECINE VETERINAIRES DE DAKAR BP : 5077-DAKAR (Sénégal) Tel : (00221) 33 865 10 08 Télécopie (221) 825 42 83

COMITE DE DIRECTION LE DIRECTEUR GENERAL Professeur Yalacé Yamba KABORET LES COORDONNATEURS Professeur Rianatou BADA ALAMBEDJI Coordonnateur des Stages et des Formations Post-Universitaires Professeur Ayao MISSOHOU Coordonnateur de la Coopération Internationale Professeur Yaghouba KANE Coordonnateur de la Recherche/Développement Année Universitaire 2017 - 2018

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A mes parents, sans qui je ne serai rien. Merci pour votre soutien indéfectible et votre amour, je vous aime plus que tout. A Raphaël, mon mari, pour ce que tu es, je t’aime. A Victoria, Arthur, Alexane, Victor et la tribu des cousins sénégaulois, je vous aime tous très fort. A mes grands-mères, je pense à vous et je vous aime. A Rominou et Dekipourite, mes amis du bout du monde, pour les soirées tomb raider, les délires, les glaces, les pannes de voiture et autres galères sur les routes. A mes copines, pour les papotes, les fêtes, le soutien psychologique, les bonnes bouffes, le babysitting de chats, … Au duo Camille/Pef, je vous souhaite tout le bonheur du monde et vous connaissez la suite. A mes camarades de classe, nous avons passé ces années ensemble et je vous souhaite le meilleur. Aux personnes qui m’ont encadré dans ma carrière de cavalière à SaintLouis, au CED ou au PCH, merci de me laisser m’épanouir dans notre passion commune. (A Bruno en particulier, merci!) Au Docteur Abdoulaye Cissé, pour sa contribution à ce travail, merci. A Gaïndé, Jophilie, Lat Dior, et tous les chevaux qui sont passé dans ma vie, merci pour la passion et le respect que vous m’avez transmis.

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A notre Maître et Président du jury, Monsieur Mamadou FALL, Professeur titulaire en Toxicologie à la Faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontostomatologie de Dakar. C’est un grand privilège que vous nous faites en présidant notre jury de thèse. Votre approche facile et cordiale faite d’humilité, et la spontanéité avec laquelle vous avez accédé à notre sollicitation nous ont marqué. Trouvez ici l’expression de nos sincères remerciements et de notre profonde gratitude. Hommages respectueux. A notre Maître et Juge, Madame Rianatou BADA ALAMBEDJI, Professeur à l’EISMV de Dakar. Délaissant vos occupations multiples, vous avez accepté de rapporter ce travail de thèse. Cet honneur que vous nous faites est la preuve de vos qualités scientifiques et surtout humaines qui imposent respect et admiration. Sincères reconnaissances. A notre Maître et Directeur de thèse, Monsieur Yaghouba KANE, Professeur à l’EISMV de Dakar. Pour avoir accepté de diriger ce travail, nous vous remercions. Votre rigueur et votre amour du travail bien fait sont autant de qualités qui nous sont chères. Soyez assuré de nos profonds remerciements et admiration. A notre Maître et Rapporteur de thèse, Monsieur Serge Bakou, Professeur à l’EISMV de Dakar. Votre présence à cette soutenance est une grande faveur. La disponibilité dont vous faite preuve est à l’image du professeur que vous avez été durant notre cursus à l’EISMV. Soyez sûr de nos sincères et respectueux remerciements.

v


« Par délibération, la faculté et l’école ont décidé que les opinions émises dans les dissertations qui leur sont présentées, doivent être considérées comme propres à leurs auteurs et qu’elles n’entendent leur donner aucune approbation ni improbation. »

vi


PRODEFE : Projet de Développement de la Filière Equine LONASE

: Loterie Nationale Sénégalaise

m

: mètre

cm

: centimètre

mm

: millimètre

mm2

: millimètre carré

µm

: micromètre

nm

: nanomètre

PCH

: Poney Club de Hann

CED

: Cercle de l’Etrier de Dakar

RCD

: Racing Club de Dakar

EAS

: Ecurie Ardo Sow

EHM

: Ecurie Hann Marinas

ASFA

: Association Sportive des Forces Armées

FSSE

: Fédération Sénégalaise des sports équestres

°C

: degrés celcius

g

: gramme

meq/l

: milliéquivalent par litre

l

: litre

U

: unité

Kg

: kilogramme

mg

: milligramme

dl

: décilitre

µl

: microlitre

min

: minute

pH

: potentiel hydrogène vii


OCD

: ostéochondrose disséquante

PPLO

: pleuropneumonia-like organisms

CO2

: dioxyde de carbone

PBS

: phosphate buffered saline

ITCF

: isothiocyanate de fluorescéine

ABTS

: 2,2í-Azino-di-[3-ethyl-benzthiazoline]-6-sulphonic acid

viii


Figure 1

: Planche anatomique du cheval entier ...............................7

Figure 2

: Nœuds lymphatiques de la tête et des parties crâniales du cou du cheval .................................................................10

Figure 3

: Vaisseaux et nœuds lymphatiques du membre thoracique du cheval ........................................................................11

Figure 4

: Vaisseaux et nœuds lymphatiques du membre pelvien du cheval .............................................................................12

Figure 5

: Photographie de levures d'Histoplasma au grossissement x1000 ..............................................................................16

Figure 6

: Localisations fréquentes des lésions de lymphangite (Paint) ........................................................................................ 26

Figure 7

: Engorgement : Membre en "poteau" ............................... 29

Figure 8

: Exemple de lésions de lymphangite ulcéreuse au Nigeria ........................................................................................ 36

Figure 9

: Localisation de Dakar au Sénégal ..................................39

Figure 10 : Localisation du PCH dans Dakar .....................................39 Figure 11 : Vue aérienne du PCH ..................................................... 40 Figure 12 : Plan schématisé des infrastructures du PCH .................. 41 Figure 13 : Organisation hiérarchique du PCH ..................................42 Figure 14 : Répartition des écuries .................................................... 43 Figure 15 : Attribution des écuries ..................................................... 43 Figure 16 : Proportion des différents types d’équidés du PCH ..........46 ix


Figure 17 : Diagramme mâles/femelles dans la population globale ...47 Figure 18 : Diagramme âge de la population du PCH ....................... 48 Figure 19 : Lésions bourgeonnantes aggravées sur la jument Nakara (photographie fournie par un membre du club) ................ 51 Figure 20 : Diagramme animaux malades sur animaux sains ...........60 Figure 21 : Diagramme proportions sexes dans malades .................. 60 Figure 22 : Diagramme âge des malades ..........................................61 Figure 23 : Diagramme races des animaux malades......................... 62 Figure 24 : Répartition des animaux malades dans l'écurie ...............65 Figure 25 : Incidence de la maladie ................................................... 66 Figure 26 : Cissus quadrangularis .................................................... 70 Figure 27 : Evolution des lésions de Nikita .......................................82 Figure 28 : Evolution des lésions de Nikita .......................................83 Figure 29 : Evolution des lésions de Nikita .......................................84 Figure 30 : Evolution des lésions de Nikita .......................................85

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Tableau I : Principales valeurs biologiques des chevaux ........................5 Tableau II : Liste des chevaux atteints en 2012 ....................................59 Tableau III : Récapitulatif sur les cas cliniques observés ...................... 67 Tableau IV : Récapitulatif des traitements appliqués aux chevaux malades du PCH .................................................................................................78 Tableau VI : Devenir des animaux atteints de lymphangite au PCH .....87

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INTRODUCTION ....................................................................................1 PREMIERE PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE .............................3 Chapitre 1 : Rappels des normes physiologiques d’intérêt clinique et du système lymphatique du cheval ..............................................................4 1

Normes physiologiques d’intérêt clinique ..........................................4

2

Système lymphatique du cheval ........................................................6 2.1 Les vaisseaux lymphatiques ........................................................8 2.2 Les nœuds ou ganglions lymphatiques ........................................9

Chapitre 2 : La lymphangite épizootique (histoplasmose) ..................... 13 1

Epidémiologie.................................................................................. 13

2

Etiologie .......................................................................................... 13 2.1 Identification de l’agent pathogène ............................................13 2.2 Techniques de diagnostic .......................................................... 15 2.2.1 Identification de l’agent pathogène .......................................15 2.2.2 Epreuves sérologiques ......................................................... 19

3

Pathogénie ...................................................................................... 24

4

Signes cliniques ..............................................................................24 4.1 Forme cutanée ..........................................................................24 4.1.1 Symptômes généraux .......................................................... 25 4.1.2 Symptômes locaux ............................................................... 25 4.1.3 Aspect des lésions ............................................................... 26 4.2 Histoplasmose viscérale et des muqueuses .............................. 30 4.3 Evolution .................................................................................... 30

5

Traitement ....................................................................................... 32

6

Prophylaxie ..................................................................................... 33

Chapitre 3 : Autres lymphangites .......................................................... 34 xii


1

Lymphangite simple ........................................................................34

2

Lymphangite aiguë simple ............................................................... 35

3

Lymphangite aiguë purulente .......................................................... 35

4

Lymphangite abcédée .....................................................................35

5

Lymphangite chronique ou ulcéreuse ..............................................36

DEUXIEME

PARTIE :

ETUDE

DE

CAS

DE

LYMPHANGITE

EPIZOOTIQUE DANS UNE ECURIE A DAKAR ..................................37 Chapitre 1 : Matériel et méthodes ......................................................... 38 1

Matériel ........................................................................................... 38 1.1 Cadre de l’étude ........................................................................38 1.1.1 Localisation et présentation du Poney Club de Hann ...........38 1.1.2 Organisation et activités du club...........................................42 1.2 Présentation du cheptel ............................................................. 45 1.2.1 Races ................................................................................... 45 1.2.2 Ratio mâles/femelles ............................................................ 47 1.2.3 Age de la population ............................................................ 47

2

Méthodes ........................................................................................ 49 2.1 Examen clinique ........................................................................49 2.2 Prélèvements.............................................................................52 2.2.1 Matériel ................................................................................ 52 2.2.2 Technique ............................................................................52 2.2.3 Conservation et envoi au laboratoire ....................................52 2.3 Analyses de laboratoire ............................................................. 53 2.3.1 La lecture directe..................................................................53 2.3.2 La culture .............................................................................53 2.4 Mise en place du traitement ....................................................... 54 2.4.1 Pharmacopée traditionnelle.................................................. 54 2.4.2 Enilconazole.........................................................................55 2.4.3 Iodure de sodium .................................................................55 xiii


2.4.4 ORNIPURALnd......................................................................55 2.4.5 L’Amphotéricine B ................................................................ 55 2.4.6 Itraconazole .........................................................................55 2.4.7 Fluconazole..........................................................................56 2.4.8 Pénicilline-streptomycine...................................................... 56 2.4.9 Chirurgie ..............................................................................56 Chapitre 2 : Résultats et discussion ...................................................... 57 1

Analyses des données ....................................................................57 1.1 Etiologie..................................................................................... 57 1.2 Etude épidémiologique .............................................................. 57 1.2.1 Source de l’infection ............................................................. 57 1.2.2 Réceptivité/sensibilité ........................................................... 58 1.2.3 Evolution de la maladie au sein du cheptel .......................... 64 1.2.4 Durée de l’infection .............................................................. 68

2

Traitement ....................................................................................... 69 2.1 Mise en place du traitement ....................................................... 69 2.1.1 Prise en charge médicale ..................................................... 69 2.1.2 Prise en charge chirurgicale ................................................. 77 2.2 Protocoles au cas par cas :........................................................ 78

3

Prophylaxie ..................................................................................... 88 3.1 Mesures prises au niveau des animaux .....................................88 3.2 Mesures prises au niveau de la structure...................................88

Chapitre 3 : RECOMMANDATIONS ..................................................... 90 CONCLUSION...................................................................................... 93 BIBLIOGRAPHIE ................................................................................. 96 WEBOGRAPHIE .................................................................................. 98 ANNEXES .......................................................................................... 100

xiv


INTRODUCTION Au Sénégal, le cheval joue un rôle socio-économique très important. En effet, il constitue un moyen essentiel de travail de la terre et participe au transport des personnes et des biens, aussi bien en milieu rural qu’urbain. Il est ainsi au centre des dynamiques économiques des populations qui dépendent du secteur primaire et contribue au Produit Intérieur Brut. Il assure également des fonctions sportives (courses hippiques, sauts d’obstacles, équitation), touristiques et culturelles. Dans la société traditionnelle, le cheval était considéré comme objet de luxe et un signe de notoriété du chef. La noblesse du cheval lui a aussi permis de prendre part aux cérémonies d’accueil d’hôtes de marque. Dans la société moderne, le cheval est utilisé dans les courses hippiques dans diverses villes du Sénégal. La gendarmerie nationale dispose d’une importante cavalerie utilisée dans les parades, lors des fêtes et l’accueil d’hôtes de marque. Le cheval est également utilisé pour le loisir sportif (clubs hippiques) et les randonnées touristiques. Le système moderne d’élevage équin est surtout pratiqué en zone urbaine et périurbaine où se localisent les clubs équestres. Ces derniers exploitent pour la plupart du temps des chevaux de races importées ou améliorées. Tout comme d’autres filières, la filière équine fait face à de nombreuses contraintes, en particulier alimentaire (sous-alimentation des chevaux souvent surexploités), sanitaires et des contraintes organisationnelles qui trouvent peu à peu résolution avec le projet de développement de la filière équine (PRODEFE) de la Direction du Développement Equin (Ministère de l'Elevage et des Productions animales). Parmi les contraintes sanitaires, il y a des maladies fréquentes dont le contrôle est toujours aléatoire. C’est le cas des lymphangites dont la 1


lymphangite épizootique qui est une maladie fongique la plus rencontrée chez les équidés au Sénégal et dont la prise en charge demeure un casse-tête pour les professionnels de la santé et les propriétaires. C’est la raison pour laquelle notre étude a porté sur cette affection et dont l’objectif principal est de faire l’état des lieux sur sa prise en charge à travers des cas cliniques suivis dans une écurie de Dakar. Les objectifs spécifiques visent à faire des investigations sur des cas cliniques afin de collecter des données épidémiologiques, d’une part, et prendre en charge ces cas par des traitements et évaluer leur évolution. Le présent travail est présenté en deux parties : - Une première partie consacrée à une étude bibliographique axée sur les lymphangites avec un 1er chapitre sur la lymphangite épizootique et un 2ème chapitre sur les autres lymphangites; - Une deuxième partie portant sur l’étude expérimentale avec 2 chapitres, l’un sur le matériel et les méthodes employés, et l’autre sur les résultats et leur discussion. Enfin, des recommandations sont formulées suivies d’une conclusion.

2


PREMIERE PARTIE : ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE

3


Chapitre 1 : Rappels des normes physiologiques d’intérêt clinique et du système lymphatique du cheval 1 Normes physiologiques d’intérêt clinique Comme tout autre animal, le cheval répond à certaines normes physiologiques, qui peuvent cependant évoluer avec l’âge et subir parfois de fortes variations entre les individus. Leur connaissance correspond cependant à des indicateurs qui sont autant de clignotants en cas d’anomalies. Les principales normes sont reproduites dans les chiffres ciaprès et dans le Tableau I. Elles ne représentent que des moyennes généralement admises. D’autres paramètres utiles sont indiqués dans le tableau ci-après.  Température rectale o Chez le poulain : 38,5° C o Chez l’adulte : 37,5° C à 38° C  Rythme cardiaque (nombre de battements par minute) o Au repos, chez le poulain : 50 à 70 o Au repos chez l’adulte : 32 à 44 o Après un exercice violent (par exemple course rapide) : 160 à 250  Rythme respiratoire (nombre de mouvements par minute) o Au repos chez l’adulte : 7 à 15 o Après un exercice violent : jusqu’à 45  Sang et Urine : Valeurs biologiques Le sang et l’urine sont fréquemment prélevés pour analyse soit pour déceler une valeur biologique anormale, signe d’une pathologie, soit dans le cadre de contrôles d’identification ou antidopage (contrôles rarement pratiqués au Sénégal). Les principales valeurs biologiques normales sont reportées dans le tableau suivant, sachant que ce ne sont que des 4


moyennes ou des fourchettes pouvant connaître de grandes variations individuelles. [7] Tableau I : Principales valeurs biologiques des chevaux [7] SANG Numération globulaire : Nombre d’hématies 6 à 12 millions/mm3 Hémoglobine 11 à 19 g/dl Hématocrite 32 à 52 % Volume globulaire moyen (VGM) 40 à 55 µ3 (micron cube) Nombre de leucocytes - Jeunes 11 000/mm3 - Adultes 6 000/mm3 Nombre de thrombocytes 120 000 environ/mm3 Formule leucocytaire (en % des globules blancs) : Neutrophiles 45 à 65 Eosinophiles 0à4 Basophiles 0à2 Monocytes 1à7 Lymphocytes 25 à 50 Biochimie : Ionogramme : Fibrine 1,2 à 3,5 g/l (plasma) Urée 0,2 à 0,4 g/l Potassium 2,8 à 5,1 meq/l Créatine 13 à 20 mg/l Sodium 137 à 148 meq/l Lipides 4 à 6 g/l Chlore 99 à 110 meq/l Glucose 0,6 à 1 g/l Réserve alcaline 24 à 30 meq/l Acide lactique 0,16 à 0,3 mg/l Magnésium 16 à 40 meq/l Bilirubine totale 10 à 30 mg/l Phosphate : Bilirubine conjuguée 1 à 6 mg/l - Adulte : 40 à 70 mg/l Protides totaux : - Jeune : 27 à 47 mg/l - moins de 3 ans 30 à 65 g/l Calcium 90 à 130 mg/l - plus de 3 ans 65 à 75 g/l Fer sérique 0,7 à 1,4 mg/l Ammoniémie : Cuivre plasmatique 1 à 1,4 mg/l - Adulte au repos 1,03 mg/l Zinc plasmatique 0,7 à 0,9 mg/l - Jeune 0,4 mg/l maximum Dosages enzymatiques : Transaminases S.G.P.T. 20 à 40 U/l Transaminases S.G.O.T. 90 à 350 U/l Créatine phosphokinase (C.P.K.) au repos 12 à 60 U/l Sorbitol déshydrogénase (S.D.H.) 3 à 9 U/l Phosphatase Alcaline (P.A.) 175 à 400 U/l Gamma-Glutamyl-Transférase (Y.G.T.) 2 à 25 U/l Amylase pancréatique Moins de 10 U/l URINE Densité 1,04 P.H. Alcalin Fréquence des mictions 6 à 8 fois par jour Quantité 4 à 9 litres par jour Aspect Rarement clair, souvent trouble Consistance Presque huileuse Principales valeurs biologiques (d’après F. Desbrosse, 1994) [7]

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2 Système lymphatique du cheval Le cheval est un animal fragile, sujet à de nombreuses pathologies. L’apparition de nombre de celles-ci est dû au caractère grégaire de l’animal, ceci favorisant les blessures et la contagion, mais aussi aux conditions de maintenance et d’entretien des individus. De plus dans le cadre de Dakar, des chevaux importés d’Europe (principalement France, Belgique, Allemagne, Espagne ou encore Italie) et d’Afrique (surtout Maroc) arrivent chaque année, en majeur partie pour le loisir mais également pour la reproduction (étalons). Notre étude concerne la lymphangite épizootique à Histoplasma farciminosum. [1] [6] [7] [10] Cette pathologie s’attaque au système lymphatique des équidés. Le système lymphatique est préposé au drainage de la lymphe et au contrôle de ses constituants. Il comporte à cet effet un très riche réseau de vaisseaux lymphatiques confluents, qui commence par des capillaires répartis dans l’ensemble de l’organisme et dont les ultimes collecteurs s’ouvrent dans les grosses veines de l’entrée du thorax. [2] Sur le trajet de ces vaisseaux se développent, chez les mammifères, de petits organes, les nœuds lymphatiques, dans lesquels la lymphe est filtrée et sa population cellulaire rénovée. On distingue deux systèmes de vaisseaux lymphatiques, qui sont :  un système profond, viscéral, qui draine une lymphe riche en lipides provenant de l’absorption digestive : le chyle.  un système superficiel, sous cutané, qui draine la lymphe en provenance des membres et de la paroi du corps. [2]

Ces systèmes sont représentés dans la figure 1, en rouge pour le superficiel et en bleu pour le profond. [2]

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Figure 1 : Planche anatomique du cheval entier [2] 7


2.1 Les vaisseaux lymphatiques Ces vaisseaux sont très nombreux, à paroi mince plus au moins transparente et pourvu de valvules qui se traduisent à l’extérieur par de petites dilatations. Ils ressemblent à des veines, dont ils accompagnent souvent le trajet, mais ils sont beaucoup plus grêles. Ils se rassemblent dans des vaisseaux collecteurs, comme le canal thoracique, qui vont se jeter dans les grosses veines du tronc, comme la veine subclavière gauche. Sur leur trajet dans les membres ou dans le tronc, les vaisseaux lymphatiques présentent des renflements remplis de tissu lymphoïde : les ganglions lymphatiques. [2] On distingue 3 parties dans le réseau vasculaire lymphatique :  les capillaires qui forment un réseau à mailles larges qui se mêlent à celles du réseau sanguin.  les vaisseaux lymphatiques qui conduisent la lymphe des réseaux périphériques aux nœuds lymphatiques et de ceux-ci aux collecteurs terminaux. Ils suivent un trajet presque rectiligne, se répartissent en vaisseaux superficiels qui accompagnent les veines, sous cutanées (longs dans les membres) et en vaisseaux profonds situés sous les fascias, pour la plupart logés dans les interstices musculaires.  les troncs collecteurs de la lymphe qui sont les plus volumineux et ne rencontrent pas de nœuds lymphatiques sur leurs trajet. Ils sont abondamment valvulés et déversent la lymphe dans le sang. Ils sont au nombre de deux : le conduit thoracique et le conduit lymphatique droit. [2]

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2.2 Les nœuds ou ganglions lymphatiques Les nœuds lymphatiques sont de petits organes intercalés sur le trajet des vaisseaux lymphatiques. Un ganglion lymphatique normal a une forme sphéroïde ou ovoïde, son diamètre est de 1 à 15 mm : les petits évoquent les grains de riz, les plus gros des haricots. Son contenu est fait essentiellement de follicules lymphoïdes. Les lymphocytes se multiplient au sein des follicules lymphoïde, ils y mûrissent, et acquièrent les capacités qui les distinguent comme des agents de l’immunité. [2] La lymphe pénètre et quitte le ganglion lymphatique par plusieurs petits vaisseaux lymphatiques (vaisseaux afférents et vaisseaux efférents) qui forment à l’intérieur du ganglion un réseau microscopique où la lymphe entre en contact avec les lymphocytes. Ils se répartissent en deux catégories : les nœuds lymphatiques superficiels et les nœuds lymphatiques profonds. Chez le cheval, les ganglions sont petits et grisâtres groupés en amas appelés lymphocentres. [2] Une partie de ces vaisseaux et nœuds lymphatiques isolés et regroupés sont représentés sur les planches anatomiques en figures 2, 3 et 4. [2]

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Figure 2 : Nœuds lymphatiques de la tête et des parties crâniales du cou du cheval [2] 10


Figure 3 : Vaisseaux et nœuds lymphatiques du membre thoracique du cheval [2]

11


Figure 4 : Vaisseaux et nœuds lymphatiques du membre pelvien du cheval [2] 12


Chapitre 2 : La lymphangite épizootique (histoplasmose) 1 Epidémiologie C’est une infection des équidés, principalement des chevaux, par le champignon Histoplasma farciminosum. Elle ne sévit plus en France depuis 1945 grâce à une politique d’abattage systématique lors des quelques réapparitions (souvent après importation), ce qui permet de garantir au pays le statut de zone indemne. Cette maladie est présente autour de la Méditerranée, en Afrique du Nord, au Soudan, en Ethiopie, au Moyen-Orient, en Afrique de l’Ouest et en Asie. Ainsi, elle est susceptible de se manifester partout où il y a des concentrations de chevaux dans des conditions sanitaires qui laissent à désirer. Au Sénégal cette pathologie est encore très rependue et est souvent très difficile à éradiquer complétement. La maladie est également connue sous le nom de pseudo-farcin ou pseudo-morve. Une autre dénomination de cette affection, « histoplasmose équine » serait sans doute meilleure, puisque tous les malades ne présentent pas de signes évidents de lymphangite.

2 Etiologie 2.1 Identification de l’agent pathogène L’agent causal Histoplasma capsulatum var. farciminosum, est un champignon dimorphique. La forme mycélienne est présente dans le sol alors que la forme levure est, en général, observée au niveau des lésions. Histoplasma farciminosum fut anciennement décrit comme une espèce indépendante, mais cette classification a depuis changé et il est maintenant considéré comme étant une variété de H. capsulatum du fait des similarités morphologiques proches des formes à la fois mycélienne et levure. Au niveau antigénique, H. capsulatum var. farciminosum et H. 13


capsulatum var. capsulatum sont indistinguables ; cependant, cette dernière, est enzootique en Amérique du Nord avec une gamme étendue d’hôtes et elle est responsable d’une histoplasmose disséminée. Les séquences ADN des quatre gènes codant les protéines ont été analysés afin d’élucider l’évolution des liens entre les différentes variétés de H. capsulatum. Il en ressort que H. capsulatum var. farciminosum est fortement rattachée à la branche de SAm Hcc group A, (H60 à -64, -67, 71, -74 et -76), ce qui laisse penser que cette variété est un isolat de la variété sud-américaine de H. capsulatum var. capsulatum. La forme cutanée de la maladie peut être confondue avec :  la forme cutanée de la morve, due à Burkholderia mallei,  la

lymphangite

ulcéreuse

due

à

Corynebacterium

pseudotuberculosis,  les ulcères persistants dus à Rhodococcus equi,  la sporotrichose due à Sporothrix schenckii,  l’histoplasmose due à H. capsulatum var. capsulatum,  la cryptococcose due à Cryptococcus neformans var grubii (sérotype A), ou Cryptococcus neformans var neoformans (sérotype D), ou Cryptococcus gattii (sérotypes B et C),  la gourme due à Streptococcus equi,  des lymphosarcomes, tumeurs des lymphocytes,  sarcoïdes cutanés, tumeurs conjonctives cutanés,  des mélanomes, tumeurs des mélanocytes.

La maladie est fréquente dans les régions tropicales ou subtropicales et elle est enzootique en Afrique du Nord, de l’Ouest, du Nord-Est et de l’Est ainsi que dans certaines régions d’Asie notamment des pays autour de la Méditerranée (Inde, Pakistan, Japon) [4]. La prévalence de la maladie 14


augmente lors des rassemblements d’animaux. Elle était beaucoup plus répandue, jadis, lorsque de grands effectifs de chevaux se retrouvaient dans les mêmes écuries pour les besoins de l’armée ou des transports en commun. Ce sont les chevaux, les mules et les ânes qui paient le plus lourd tribut à la lymphangite épizootique, mais elle peut aussi toucher les camélidés, les bovins et les chiens [4] [5]. Les autres espèces sont réfractaires à l’inoculation expérimentale, à l’exception de certains animaux de laboratoire tels que les cobayes, les lapins et les souris. Des cas d’infections humaines ont également été rapportés. [4] [5] La maladie peut être éradiquée par l’abattage dans les normes des chevaux malades, la désinfection des bâtiments infectés et par la restriction des mouvements des chevaux à partir de bâtiments infectés. Dans les régions d’enzootie, dans lesquelles l’éradication est impossible, les iodures inorganiques peuvent être utilisés pour soigner les cas récents. Il est aussi possible d’ouvrir les nodules, de drainer le pus et de combler la cavité du nodule avec des pansements imprégnés de teinture d’iode à 7 %. L’Amphotéricine B peut être employée quand il y en a de disponible. Les symptômes de la maladie pouvant être confondus avec ceux d’autres maladies, seules les analyses de laboratoire permettent de confirmer le diagnostic de terrain. [1] [4] [5] [6] 2.2 Techniques de diagnostic 2.2.1 Identification de l’agent pathogène Les prélèvements à analyser doivent être effectués à partir de nodules intacts. Pour que le microbe puisse être isolé, le prélèvement doit être placé dans un milieu nutritif additionné d’antibiotiques et conservé au réfrigérateur jusqu’à son ensemencement, qui doit être réalisé le plus tôt possible. 15


En vue d’un examen direct, des frottis peuvent être réalisés sur lame porte-objet à partir de fragments de lésions, et doivent être fixés aussitôt. En vue de leur examen histologique, des coupes de lésions faites dans des tissus vivants ou morts seront placées dans du formol en solution à 10 % tamponnée et neutre. La présence de H. capsulatum var. farciminosum doit être démontrée pour confirmer le diagnostic de la lymphangite épizootique. [8] [16] 2.2.1.1 Examen microscopique direct 2.2.1.1.1 Frottis colorés par la méthode de Gram Des frottis peuvent être colorés directement par la méthode de Gram, en vue de rechercher l’agent pathogène. Ce dernier a la forme typique d’une levure, prenant le colorant de Gram, pléomorphique, ovoïdes ou globuleux, d’un diamètre de 2 à 5 µm. Il peut être isolé ou groupé, en position extracellulaire ou inclus dans des macrophages. Lors de l’examen à l’état frais, ils sont fréquemment entourés d’un halo. [16] Vous en avez un aperçu dans la figure 5.

Figure 5 : Photographie de levures d'Histoplasma au grossissement x1000 (Journal of Clinical Microbiology) 16


2.2.1.1.2 Histopathologie L’aspect des lésions sur coupes histologiques colorées à l’hématoxylineéosine est très caractéristique, consistant en une inflammation pyogranulomateuse avec de nombreuses cellules géantes de Langhans. De nombreux champignons extracellulaires ou intracellulaires dans des macrophages ou des cellules géantes multi nucléées sont observés et mis en évidence plus nettement à l’aide de coloration, au réactif à l’acide périodique de Schiff (PAS) ou par la méthode de Gomori à l’argentméthénamine. Il semblerait que le nombre de germes augmente lorsque la maladie devient chronique. Ces germes sont pléomorphiques, souvent décrits comme des masses en forme de citron légèrement basophiles, d’un diamètre variant de 2 à 5 µm, et entourés d’un halo lors d’une coloration à l’hématoxyline-éosine ou par la méthode de Gram. [16] 2.2.1.1.3 Microscopie électronique La microscopie électronique a été utilisée pour observer des biopsies de peau de 1,5 à 2 mm d’épaisseur préfixées immédiatement après leur prélèvement dans une solution à 2 % de glutaraldéhyde en tampon phosphate à 4 °C puis fixées définitivement dans du tétraoxyde d’osmium à 1 %. Sur des coupes ultrafines colorées à l’acétate d’uranyle et au citrate de plomb, on peut observer les détails de la structure interne du champignon H. capsulatum var. farciminosum, y compris l’enveloppe cellulaire, la membrane plasmatique, la paroi cellulaire et les structures internes de la cellule. [16] 2.2.1.2 Culture La forme mycélienne de H. capsulatum var. farciminosum pousse lentement (en 2 à 8 semaines à 26 °C). Parmi les milieux que l’on peut utiliser, on peut citer la gélose mycobiotique, la gélose dextrosée de 17


Sabouraud à 2,5 % de glycérol, l’infusion cœur-cervelle gélosée à 10 % de sérum de cheval, et la gélose nutritive pour PPLO (pleuropneumonialike organisms) à pH 7,8 additionnée de 2 % de dextrose et de 2,5 % de glycérol. L’addition d’antibiotiques à tous ces milieux est recommandée comme la cycloheximide (0,5 g/litre) et le chloramphénicol (0,5 g/litre). Pour obtenir une activité anti-bactérienne à large spectre, il convient d’utiliser la gentamycine (50 mg/litre) et la pénicilline G (6 x 106 unités/litre) à la place du chloramphénicol. Les colonies apparaissent en 2 à 8 semaines, formées d’un mycélium d’aspect chiffonné, sec, granuleux et de couleur blanc grisâtre, mais les colonies brunissent en vieillissant. Des formes aériennes peuvent se former, mais rarement. Les formes mycéliennes produisent une grande variété de conidies, comme des chlamydospores, des arthroconidies et quelques blastoconidies. En revanche, les grandes macroconidies rondes et à double paroi souvent observées avec H. capsulatum var. capsulatum sont absentes dans ce cas. Le test peut être confirmé en induisant la formation de formes en levure de H. capsulatum var. farciminosum par subculture de morceaux de mycélium dans une infusion cœur-cervelle gélosée à 5 % de sérum de cheval ou dans du milieu de Pine, entre 35 et 37 °C en atmosphère à 5 % de CO2. Les colonies en forme de levures sont plates, hérissées, d’aspect chiffonné, de couleur blanche à gris brun et de consistance pâteuse. Cependant, la réversion complète vers la forme levure peut ne pas être obtenue avant 4 ou 5 passages sur de nouveaux milieux tous les 8 Jours. [16] 2.2.1.3 Inoculation à l’animal L’inoculation expérimentale de H. capsulatum var. farciminosum a été tentée chez la souris, le cobaye et le lapin. Les souris dont l’immunité a

18


été supprimée sont très sensibles à cette inoculation et peuvent être utilisées pour le diagnostic de la maladie. [16] 2.2.2 Epreuves sérologiques Il existe des publications décrivant les différentes épreuves qui permettent de rechercher les anticorps spécifiques de l’agent causal ainsi qu’un test d’hypersensibilité retardée qui permet de détecter la réaction d’immunité à médiation cellulaire. Les anticorps apparaissent habituellement au moment, ou juste après l’apparition des symptômes. [16] 2.2.2.1 Epreuves par immunofluorescence 2.2.2.1.1 Immunofluorescence indirecte L’épreuve qualitative est décrite ainsi : [16] 

Les micro-organismes servant à détecter les anticorps viennent de l’étalement sur une lame porte-objet du contenu de lésions ou d’une fine émulsion en solution saline de germes en phase levure;

Les lames porte-objet sont fixées à la flamme ;

Elles sont ensuite lavées dans une solution de tampon phosphate (PBS) pendant 1 min ;

Les sérums à tester non dilués sont déposés sur la lame porteobjet et ensuite incubés 30 min à 37 °C ;

Les lames sont ensuite lavées 3 fois pendant 10 min en PBS ;

Un anticorps anti-cheval, conjugué à l’isothiocyanate de fluorescéine et dilué de façon appropriée, est déposé ensuite sur la lame qui est incubée 30 min à 37 °C ;

Les lames sont ensuite lavées 3 fois pendant 10 min en PBS ;

19


Elles

sont

enfin

observées

au

microscope

à

immunofluorescence. 2.2.2.1.2 Immunofluorescence directe L’épreuve suivante a été décrite ainsi : [16]  La fraction globulinique du sérum à tester est précipitée, puis remise en suspension jusqu’à atteindre le volume initial du sérum dans une solution saline. Le sérum est alors conjugué à l’ITCF ;  Des petits morceaux de colonies mycéliennes du germe sont mis en suspension dans 1 ou 2 gouttes de solution saline déposées sur une lame porte-objet. A l’aide d’une seconde lame porte-objet, les morceaux de colonies sont alors écrasés et étalés sur la lame de façon à former un film ;  Les lames sont fixées par la chaleur ;  Les lames sont lavées en PBS pendant 1 min ;  Les lames sont incubées 60 min à 37 °C, en présence de différentes dilutions de sérum conjugué ;  Les lames sont lavées 3 fois en PBS, chaque fois durant 5 min ;  Les lames sont examinées au microscope à immunofluorescence. 2.2.2.2 Epreuve immuno-enzymatique indirecte L’épreuve suivante a été décrite telle quelle : [16]  L’agent pathogène sous forme mycélienne est obtenu sur gélose de Sabouraud dextrosée, en tubes incubés durant 4 semaines à 26 °C. Trois colonies sont prélevées et broyées dans 50 ml de PBS stérile. La suspension obtenue est diluée à 1/100, et cette dilution est utilisée pour sensibiliser les 96 puits des plaques de micro titrage, à raison de 100 µl par puits ; 20


 Les plaques sont incubées toute une nuit à 4 °C ;  Les plaques sont lavées avec du PBS additionné de Tween 20 (0,5 ml/litre), 3 fois 3 min chacune ;  Les plaques, placées sur agitateur automatique, sont incubées avec de la sérum-albumine bovine à 5 %, à raison de 100 µl/puits, entre 23 et 25 °C durant 30 min ;  Les plaques sont lavées avec du PBS-T, 3 fois 3 min chacune ;  Les sérums à tester sont dilués de 2 en 2 dans du PBS-T en commençant à la dilution 1/50 et incubés entre 23 et 25 °C pendant 30 min ;  Les plaques sont lavées avec du PBS-T, 3 fois 3 min chacune ;  Des Immunoglobulines G de chèvre anti-cheval marquées à la peroxydase sont diluées au 1/800 et placées à raison de 100 µl/puits, sur agitateur automatique, pour incubation durant 30 min entre 23 et 25 °C ;  Les plaques sont lavées avec du PBS-T, 3 fois 3 min chacune ;  Finalement, du peroxyde déshydrogène et de l’ABTS (2,2í-Azino-di[3-ethyl-benzthiazoline]-6-sulphonic acid) en tampon citrique à pH 4 sont ajoutés, à raison de 100 µl/puits ;  Les plaques sont lues après 60 min dans un spectrophotomètre avec un filtre de 405 nm de longueur d’onde ;  Deux valeurs d’absorption sont relevées pour chacune des dilutions du sérum, et ce sont les écarts à la normale et les pourcentages moyens d’absorption qui sont pris en compte pour l’interprétation des résultats. 2.2.2.3 Test d’hémagglutination passive Le test consiste en la procédure suivante : [16]

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 L’agent pathogène est multiplié durant 8 semaines sur de la gélose de Sabouraud dextrosée. Cinq colonies sont alors raclées, broyées et mises en suspension dans 200 ml de solution saline puis soumises aux ultrasons durant 20 min. Les éléments mycéliens restants sont éliminés par filtration, et le filtrat lui-même est dilué au 1/160 ;  Des globules rouges normaux de mouton (GRM) sont lavés, traités à l’acide tannique, relavés et mis en suspension à 1 % ;  Différentes dilutions de la préparation antigénique sont mélangées avec les GRM tannés et incubés 1 h au bain-marie à 37 °C. Les GRM sont récoltés par centrifugation, lavées 3 fois dans une solution saline tamponnée et remis en suspension à 1 % ;  Les sérums à tester sont inactivés par chauffage à 56 °C pendant 30 min puis absorbés sur un égal volume de GRM lavés ;  Les dilutions de sérum (0,5 ml) sont placées dans des tubes à essai avec 0,05 ml de GRM tannés recouverts d’antigène ;  L’agglutination est observée entre 2 et 12 h plus tard ; La réaction est considérée comme positive lorsque les GRM forment un tapis uniforme au fond du tube. Le test est négatif lorsque les GRM sont assemblés en « bouton » au fond du tube. 2.2.2.4 Tests cutanés d’hypersensibilité retardée Deux tests cutanés d’hypersensibilité retardée ont été décrits pour le diagnostic de la lymphangite épizootique : [16]  Une culture pure de H. farciminosum est entretenue pendant 8 semaines sur gélose de Sabouraud dextrosée additionnée de 2,5 % de glycérol. Cinq colonies sont raclées et broyées dans 200 ml de solution saline, puis congelées et décongelées 5 fois et enfin 22


soumises aux ultrasons (amplitude de 40°) pendant 20 min. Les éléments mycéliens restants sont éliminés par centrifugation à 1006 g à 4 °C pendant 11 min. La stérilité de la préparation est vérifiée par ensemencement d’un aliquote sur gélose de Sabouraud dextrosée, et incubation pendant 4 semaines à 26 °C ;  Puis, 0,1 ml de cette préparation contenant 0,2 mg/ml de protéine sont inoculés par voie intradermique au niveau de l’encolure des animaux ;  Le point d’inoculation est examiné et la réaction est considérée comme positive si une zone localement indurée et en relief apparait 24 à 48 h après l’injection. Un accroissement de l’épaisseur de la peau supérieur à 4 mm est considéré comme positif. Un second test possible, à « l’histofarcine », a été comme suit :  Une forme mycélienne du germe est obtenue par culture durant 4 mois entre 23 et 25 °C sur des disques de polystyrène flottant à la surface de 250 ml de milieu pour PPLO, additionné de 2 % de glucose et de 2,5 % de glycérine ;  Le filtrat de cette culture, débarrassé des formes mycéliennes, est mélangé à de l’acétone (2/1) et on laisse le tout reposer durant 48 h à 4 °C ;  Le surnageant est décanté et on laisse l’acétone s’évaporer ;  Le précipité est remis en suspension à 1/10 en eau distillée, jusqu’à reconstitution de son volume initial ;  Les animaux reçoivent 0,1 ml de cet antigène par voie intradermique au niveau de l’encolure. Le point d’inoculation est examiné et la réaction est considérée comme positive si une zone localement indurée et en relief apparait entre 24, 48 et 72 heures après l’injection. [16] 23


3 Pathogénie La période d'incubation varie de plusieurs semaines à six mois. Après l'invasion initiale de la peau, l’organisme se propage à travers les vaisseaux lymphatiques jusqu’aux ganglions lymphatiques régionaux, et dans les cas plus avancés jusqu’aux organes internes. On observe une suppuration nodulaire et chronique ; les lésions sont évidentes sur la peau recouvrant les nœuds et vaisseaux lymphatiques. Lorsque des lésions sur la muqueuse apparaissent, la plupart sont confinées à la partie supérieure des voies respiratoires et aux yeux. L'infection nasale est généralement accompagnée d'une décharge mucopurulente contenant un grand nombre de champignons. Au Soudan, H. farciminosum a été isolé sur des lésions pulmonaires granulomateuses de deux chevaux souffrant de pneumonie. Une pneumonie mortelle causée par H. farciminosum a été signalée chez un poulain immunodéprimé. [5] [16]

4 Signes cliniques L’histoplasmose est une inflammation chronique du système lymphatique sous-cutané des équidés. Elle se caractérise par une lymphangite suppurée, une lymphadénite, des ulcères de la peau, de la kératite ou une pneumonie. En fonction de la localisation, on peut distinguer deux formes d'histoplasmose chez le cheval : la forme cutanée et la forme viscérale (atteintes des organes profonds et des muqueuses). [5] [16] 4.1 Forme cutanée Il s'agit de la lymphangite épizootique vraie. Crest une mycose inoculable et contagieuse affectant le système lymphatique superficiel. [4]

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4.1.1 Symptômes généraux Dans la forme cutanée non compliquée, il n'y a pas de réaction fébrile mais quand la maladie se généralise, il y a perte considérable de l'état général et on note une faiblesse de l’animal. Il est toutefois difficile de faire le diagnostic différentiel avec d’autres affections car en Afrique tropicale, les chevaux sont l'objet d'un parasitisme poussé et de nombreuses affections intercurrentes. [4] 4.1.2 Symptômes locaux La période d'incubation varie considérablement. Dans la forme cutanée de la maladie, un ulcère indolore apparait à l'endroit de pénétration du champignon, il se manifeste plusieurs semaines à 3 mois après que l'infection se soit produite. Les localisations les plus fréquentes concernent les membres, l'encolure et la partie inférieure de l'abdomen, qui sont les plus exposés aux blessures. Cependant, la maladie peut apparaitre sur n’importe quelle partie du corps en contact avec un élément contaminé (vecteurs, harnachement, brosses,…). Il y a toujours une plaie, si petite soit-elle, à partir de laquelle Histoplasma farciminosum envahit le tissu sous-cutané. Des études statistiques ont permis de déterminer la fréquence des différentes localisations, à savoir :  membres antérieurs 40% des cas  encolure poitrail 35% des cas  thorax abdomen 5% des cas  membres postérieurs 15% des cas  autres localisations 5% des cas

Vous en avez une représentation dans la figure 6.

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Figure 6 : Localisations fréquentes des lésions de lymphangite (Paint) La lymphangite épizootique n'est jamais généralisée d'emblée ; elle s'étend et progresse par proximité. Les cas de lymphangite généralisée sont dus à une multiplicité des points d'inoculation et à une consultation tardive auprès du vétérinaire de la part du propriétaire de l'animal. [4] 4.1.3 Aspect des lésions Les lésions se traduisent par la formation de « cordes lymphatiques » sous-cutanées portant des abcès ulcérés à bord éversé et bourgeonnant et par des adénopathies avec abcédation possible. Selon les stades évolutifs, il y a la plaie d'inoculation, les nodules, les cordes, les glandes et les engorgements. [4] 4.1.3.1 Plaie d'inoculation C’est la plaie initiale à partir de laquelle le champignon envahit le tissu sous-cutané. Elle ne cicatrise presque pas et forme des bourgeons 26


charnus desquels s'écoule un liquide sanguinolent puis une sécrétion séreuse, enfin un pus mal lié blanchâtre ayant la consistance du lait caillé formant à la surface de la plaie des croûtes minces peu adhérentes. La plaie tend à devenir ulcéreuse par une éversion de ses bords. C'est à ce moment qu'elle devient prurigineuse. La caractéristique des lésions ouvertes de lymphangite épizootique est qu'elles sont ulcéreuses et ne cicatrisent que très difficilement. [4] 4.1.3.2 Nodules Il s'agit de nodosités apparaissant de façon isolée sur le trajet des vaisseaux lymphatiques. Leur volume variant entre celui d'un pois et celui d'une noix est en rapport avec le calibre des vaisseaux lymphatiques. Les nodules sont de consistance dure au début, adhérent fortement aux tissus sous-jacents puis se ramollissent progressivement et deviennent douloureux. Le ramollissement du bouton évolue vers l’abcédation. CHARMOY cité par J. RICHER [4] les décrits ainsi: « Les boutons font place à des ulcères en forme de cuvette, à bords saillants, renversés en dehors, à fond bourgeonnant, de couleur rouge brique ou rouge foncé. Dans quelques cas bénins, ils sont réduits à une simple ouverture circulaire du diamètre d'un grain de chènevis à celui d'une lentille tout au plus; leurs bords à peine saillants sont entourés d'un anneau blanchâtre ou blanc rosé. Il est à remarquer que dans la règle, ces lésions siègent sur une corde unique très grêle, qu'elles sont espacées et qu'elles ne s'accompagnent d'aucun gonflement œdémateux. Par contre quand les ulcères sont volumineux, exubérants, rapprochés les uns des autres, les ramifications lymphatiques sont nombreuses, acquièrent des dimensions considérables et la réaction inflammatoire est énorme ». Les nodules qui s'ouvrent laissent couler un pus épais grisâtre devenant jaune crémeux. Les levures sont présentes en grande quantité dans le 27


pus, associée aux germes classiques de la suppuration. Dans les cas graves, il y a fusion des ulcères qui forment des lésions granuleuses très vastes. [4] 4.1.3.3 Cordes La progression de l'infection se fait lentement et les vaisseaux lymphatiques drainant la région se durcissent et augmentent de volume. Ils forment alors des cordes sous la peau avec des nodules de 2 à 4 cm de diamètre donnant l'aspect d'un chapelet plus ou moins ramifié, douloureux à la palpation. Trois types d'évolution sont alors possibles: l'évolution avorte (résorption et disparition de la corde), la corde s'endure et s'enkyste (aspect froid et insensible) ou la corde s'ulcère et s'ouvre avec une suppuration permanente à l’origine d'une fistule peu large mais profonde qui ne se ferme pratiquement jamais. Ce pus est jaunâtre mêlé de caillots fibrineux. D'autres apparaissent et la généralisation de l'inflammation au système lymphatique de la région malade est à l'origine d’engorgements. Les cordes vont aux ganglions lymphatiques les plus proches. La lymphe modifiée par la présence du champignon et des germes associés entraîne une réaction qui entraîne la transformation tumorale du ganglion. [4] 4.1.3.4 Glande Lorsque les ganglions sont affectés par l’inflammation, il y a lymphadénite satellite. Les ganglions ou nœuds lymphatiques augmentent de volume et peuvent atteindre des dimensions parfois spectaculaires. Tout autour du nœud lymphatique se développe une réaction très prononcée provoquant une déformation très visible et empêchant le mouvement. Puis le ganglion se ramollit avec apparition d’une fistule. A chaque fistule correspond un abcès d'où s'échappe au début une sérosité citrine, qui très vite, fait place 28


à un pus abondant et jaunâtre. La résorption est lente et n’a lieu que très longtemps après la guérison apparente de la maladie. [4] 4.1.3.5 Engorgements Ils se localisent, le plus souvent, en région basse des membres et dans les parties déclives du corps. Ils résultent d'une lymphangite réticulaire diffuse du tissu sous-cutané. Ils peuvent être étendus à tout le membre ou limités à une région qui se transforme alors en une masse régulièrement cylindrique, appelée parfois « poteau ». Ce type de lésion est représenté dans la figure 7.

Figure 7 : Engorgement : Membre en "poteau" (Google image) La tuméfaction chaude et douloureuse noie les cordes et les boutons. Ces engorgements deviennent froids et évoluent vers la chronicité. Ils sont alors cause de boiteries et de gênes locomotrices qui ne régressent jamais. [4]

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4.2 Histoplasmose viscérale et des muqueuses L’histoplasmose des muqueuses concerne surtout les muqueuses oculaires, pituitaires et génitales.  La pituitaire: on trouve des papules et des ulcères et on note un jetage mucopurulent parfois hémorragique. La fréquence de cette localisation est faible chez le cheval.  La conjonctive: il y a présence de micro-abcès jaunâtres et d'ulcères.  Les lèvres sont touchées dans les cas d’animaux léchant les régions infectées.  Les muqueuses génitales : on trouve des micro-abcès et des ulcères.  Parfois les lèvres sont touchées si l’animal lèche des régions infectées. L'histoplasmose viscérale affecte les organes profonds. Au niveau de l’appareil respiratoire, la muqueuse présente des nodules de couleur grise et de consistance ferme. De telles lésions sont aussi décrites au niveau du larynx, de l'épiglotte et des bronches. Lorsque le poumon est atteint il y a pneumonie lobulaire. Les zones affectées sont alors solides et remplies d'un pus jaune crémeux. Une localisation testiculaire de la lymphangite épizootique a été décrite. Ainsi, la lymphangite peut être transmise par le coït. [4] 4.3 Evolution La lymphangite épizootique généralement est une affection contagieuse chronique. Son évolution est longue sans atteinte de l'état général de l'animal sauf en cas d'abcès ganglionnaire. Dans ce dernier cas, elle devient alors fébrile, et entraîne de l'anorexie et de l'amaigrissement. La 30


durée de la maladie est variable et plusieurs possibilités peuvent se produire :  la guérison spontanée avec cicatrisation des lésions quoi que très rare a été signalée dans le cas d'atteinte de la tête ou de l'encolure ;  l'extension de la maladie par confluence des ulcères, en l'absence de traitement aboutit à la mort de l'animal par épuisement ;  lorsque le traitement mis en œuvre est efficace, la guérison est possible. On constate un arrêt de la suppuration, une cicatrisation des ulcères puis une diminution considérable du volume et un ralentissement des cordes. L’animal malade présente alors des cicatrices ulcéreuses apparentes. La rechute est toujours possible même au terme d'une longue période ; A noter que la forme clinique que revêt la maladie semble surtout dépendre de la porte d’entrée de l’agent pathogène. Une blessure au niveau de la peau peut être infectée soit directement par du pus ou des sécrétions nasales ou oculaires infectées, soit indirectement à partir du sol ou des équipements et matériels contaminés (harnais, matériel pour le toilettage,

récipients servant à l’alimentation ou à l’abreuvement,

matériel de pansage) ou encore des mouches. En outre, les tiques sont soupçonnées de jouer un rôle dans la transmission de cette maladie. Dans tous les cas, les lésions sont de type nodulaire et granulomateux, et l’agent causal une fois introduit dans l’organisme diffuse de proche en proche ou en suivant les canaux lymphatiques. Des lésions étendues avec des taux de mortalité élevée peuvent survenir dans les régions où l’alimentation est insuffisante et les soins vétérinaires de mauvaise qualité. [4] [5]

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5 Traitement La lymphangite épizootique est une maladie chronique, bien que certains cas

puissent

guérir

spontanément

quelques

semaines

après

développement de signes cliniques. Le traitement doit être précoce par voie générale en plus des soins locaux, en utilisant : une antibiothérapie antifongique, un traitement chirurgical (exérèse et cautérisation). [5] [8] [16] L’association d’iodure et d’amphotéricine B est le traitement de choix conseillé dans la littérature pour le traitement des cas cliniques. L’injection en intraveineuse d’iodure peut être utilisée; ce type de procédure est généralement satisfaisant, en particulier dans les zones endémiques. On conseille alors l’injection de 100 ml d'iodure de sodium d'une solution à 10%, répété chaque semaine pendant quatre semaines, ce qui donne de bons résultats. Différents médicaments antifongiques ont également été utilisés et la réussite du traitement avec l'amphotéricine B a souvent été rapporté. [5] [8] [16] Un exemple, donné par l’OIE, de traitement appliqué sur des chevaux infectés consiste en en trois injections par voie intraveineuse d'amphotéricine B à la dose de 0,2mg/kg de poids vif, tous les deux jours. Associé à cela les croûtes ont été enlevées et les zones nettoyées quotidiennement avec une solution d'iode pendant une semaine. Les résultats sont visibles au bout de quatre semaines. L’administration de griséofulvine, répété si nécessaire, a donné de bons résultats lorsqu'il est combiné avec des iodures et un traitement chirurgical local. [5] [8] [16] Nous verrons dans la seconde partie de notre étude que d’autres molécules, bien que n’ayant pas encore été décrites dans la littérature

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pour cette pathologie, s’avèrent efficaces. Parmi ces molécules, nous citerons l’itraconazole et le fluconazole. [5] [8] [16]

6 Prophylaxie Concernant la prophylaxie médicale, il faut noter qu’un vaccin à germe atténué et un vaccin à germe inactivé par le formol sont disponibles et peuvent être utilisés dans les zones endémiques pour lutter contre la maladie. [12] La prophylaxie sanitaire consiste dans certains pays comme la France à abattre systématiquement les animaux atteints. Cependant dans nos régions cette mesure se révèle compliquée à mettre en place. La maladie sévit sous certaines conditions de températures et d’humidité, d’hygiène des locaux et des animaux. La prophylaxie passe donc par la lutte contre les insectes, la désinfection des locaux et du matériel et un isolement des animaux guéris (encore 1 mois après leur guérison). Il s’agit d’une maladie à déclaration obligatoire, les foyers doivent donc être déclarés aux autorités dès la suspicion de la maladie. [12] Les autorités sénégalaises prévoient plusieurs mesures sanitaires pour les cas de lymphangite épizootique. Notamment pour la traction hippomobile, l’arrêté interministériel n° 18457 publié le 09 décembre 2016 au journal officiel par le ministère de l’élevage et des productions animales porte sur la réglementation du transport par des véhicules à traction animale. L’article de 30 de ce texte prévoit des sanctions pour certains vices chez les animaux utilisés à des fins commerciales ou domestiques, notamment pour les chevaux atteints de lymphangite épizootique. Ceuxci sont passibles d’un retrait définitif de la circulation par les responsables régionaux de l’Elevage et des Transports Routiers.

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Chapitre 3 : Autres lymphangites De façon générale, les lymphangites sont des inflammations des vaisseaux lymphatiques. Ces inflammations sont dues à des infections bactériennes

qui

engendrent

un

engorgement

des

ganglions

lymphatiques ou une obstruction des vaisseaux lymphatiques. Ces inflammations sont très courantes chez le cheval et peuvent avoir une certaine importance. Les chevaux lourds sont sujets à faire des lymphangites chroniques tandis que les chevaux de sang sont plus souvent sujets à des lymphangites de mode aigu. La cause traumatique est la plus fréquente en matière de lymphangite. Elle est due à la pénétration de germes (comme des streptocoques, staphylocoques, …) à la suite d’une plaie, parfois bénigne, dans le système lymphatique. Tout le membre doit être inspecté minutieusement car il faut soigner la moindre plaie, la propreté du pied (fourchettes), etc.…, il faut éviter à tout prix une infection microbienne par une plaie quelconque. Il existe plusieurs sortes de lymphangites. [11] [12]

1 Lymphangite simple Elle apparaît souvent après un effort violent, une compétition, etc. … lors du repos au box le lendemain. Dans le milieu équestre, elle est aussi appelée « lymphangite du lundi » et fait souvent suite aux compétitions ayant lieu les week-ends. C’est bien pour cela que l’on conseille de doucher longuement les membres du cheval après l’effort et d’appliquer un emplâtre (argile, terre armoricaine, …) ou de l’eau blanche (suspension à l’acétate basique de plomb) ou tout autre produit sous bande de repos après de grosses séances de travail. Le lendemain, il est préférable de ne pas laisser le cheval au box, de lui doucher de nouveau

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les membres, de le sortir au pas en promenade ou en liberté pour activer la circulation sanguine et le drainage. [11]

2 Lymphangite aiguë simple Il s’agit d’une réaction normale à la pénétration de germes. Dans ce cas, les ganglions sont légèrement hypertrophiés, La guérison survient généralement spontanément. Il est alors recommandé de bien désinfecter la plaie, doucher, mettre de l’argile (blanche ou verte) qui possède de nombreuses propriétés même pour « aspirer » germes et impuretés. Cependant il faut faire attention à l’application abusive d’argile sur une trop longue période à cause du caractère abrasif de celle-ci. Il existe également d’excellents draineurs en homéopathie et aromathérapie (médecines en plein développement) qui peuvent aider à la guérison. [11]

3 Lymphangite aiguë purulente A la suite de plaies souillées, le plus souvent aux membres, les ganglions sont hypertrophiés, les vaisseaux lymphatiques sont distendus, douloureux et l’on peut voir que ce membre est bien enflé (appelé poteau). Des douches, surtout pas froides sont appliquées et si le cheval peut se déplacer, le marcher au pas en main permet de faciliter le désengorgement. A cela, le vétérinaire prescrira aussi un traitement antibiotique et anti-inflammatoire avec parfois ajout de diurétiques afin de venir à bout de l’infection et de l’inflammation afin de permettre au cheval de retrouver sa mobilité et de retourner au travail. [11]

4 Lymphangite abcédée C’est la forme aggravée de la lymphangite aigüe purulente, elle prend ce nom lorsque des abcès apparaissent le long des cordons lymphatiques. Ces abcès peuvent alors s’ouvrir et laisser échapper un pus épais. [11] 35


5 Lymphangite chronique ou ulcéreuse Dans cette forme, la peau devient épaisse et se sclérose (figure 8). De petits nodules durs apparaissent et le membre prend des proportions éléphantesques (apparition de l’œdème par rétention). En général, l’animal présente de l’hyperthermie, une anorexie et une léthargie avec une boiterie intense. Malgré les traitements et l’application de pommades anti-sclérosantes, cette forme peut entraîner des déformations définitives. Par conséquent, elle n’est donc pas à prendre à la légère. [11]

Figure 8 : Exemple de lésions de lymphangite ulcéreuse au Nigeria (Science Alert, Google)

Nous allons maintenant passer à la seconde partie de notre étude portant sur le suivi de quelques cas d’animaux atteints d’histoplasmose dans une écurie de Dakar : le Poney Club de Hann.

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DEUXIEME PARTIE : ETUDE DE CAS DE LYMPHANGITE EPIZOOTIQUE DANS UNE ECURIE A DAKAR

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Chapitre 1 : Matériel et méthodes 1 Matériel 1.1 Cadre de l’étude 1.1.1 Localisation et présentation du Poney Club de Hann Le centre équestre du Poney Club de Hann (PCH) est situé à Dakar, au Sénégal, dans le quartier des Maristes en bordure du Parc forestier de Hann (fig. 9, 10, 11 et 12). Créé par la famille Rosière en 1978, d’abord à « L’Hacienda » puis ensuite dans son emplacement actuel à la fin des années 1980. [17] Le club s’étend sur une superficie de 20 000 m², et comprend : - une soixantaine de boxes de chevaux et poneys, - trois enclos (paddocks), - deux carrières pour le travail des chevaux, - un « rond » (petite carrière) qui sert principalement aux cours des enfants à poneys, - un club house (bar et terrasses), - un terrain de paintball (activité annexe), - trois logements (propriétaires, moniteurs et palefrenier).

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Figure 9 : Localisation de Dakar au Sénégal (image Wikipédia)

Figure 10 : Localisation du PCH dans Dakar (Google maps) 39


Figure 11 : Vue aĂŠrienne du PCH (Google maps)

40


Figure 12 : Plan schématisé des infrastructures du PCH

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1.1.2 Organisation et activités du club 1.1.2.1 Organisation hiérarchique Le PCH est un club privé géré par un responsable (et propriétaire). Ce dernier gère le personnel, la comptabilité, le relationnel client, l’attribution des pensions des chevaux, les achats, travaux, entretien de la structure, organisation des compétitions. Le personnel étant composé de deux moniteurs, d’un maréchal ferrant, de cinq palefreniers, de deux jardiniers et de deux journaliers (nettoyage et remplacement lors des jours de repos). Le club fonctionne selon un mode organisationnel précis (fig. 13). Responsable Moniteurs

Palefreniers

Maréchal ferrant Jardiniers

Journaliers

Figure 13 : Organisation hiérarchique du PCH Les moniteurs sont chargés des cours et du travail de certains chevaux. Les palefreniers s’occupent de nettoyer les boxes, de nourrir et d’abreuver les animaux. Ces deux corps sont donc en contact direct avec les chevaux et sont souvent les premiers à déceler les signes de mal être, de baisse de forme, de refus de s’alimenter et d’autres signes avant-coureurs de pathologies. Dès qu’ils constatent une anomalie, ils en réfèrent alors au responsable qui contacte ensuite le vétérinaire. Tous ces acteurs sont les garants d’une bonne surveillance et du maintien de la santé et des conditions de vie des chevaux de l’écurie.

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1.1.2.2 Organisation des écuries Les écuries sont agencées en longueur, séparées en différentes ailes disposées face à face (fig. 14). Les écuries 2, 4 et 6 sont mitoyennes au parc forestier, ce qui expose les animaux de ces écuries à une infection massive de tiques.

Figure 14 : Répartition des écuries

Les écuries 1 et 2 sont sous la responsabilité d’un premier palefrenier (appelé palefrenier 1), les écuries 3 et 5 d’un second (palefrenier 2), l’écurie 4 d’un troisième (palefrenier 3) et l’écurie 6 et les paddocks 1 et 3 d’un quatrième (palefrenier 4). Le cinquième palefrenier (palefrenier 5) s’occupe de l’écurie des poneys et du paddock 2 (fig. 15).

Figure 15 : Attribution des écuries 43


Chaque palefrenier est responsable des chevaux (pansage, eau, distribution de paille et propreté des boxes) de son secteur. Normalement chaque palefrenier a son propre matériel de pansage. De nombreuses tentatives de mise à disposition d’une trousse de pansage propre à chaque cheval ont été tentées mais le matériel a disparu à chaque fois. Cela est surtout dû à l’ouverture du club au public, notamment lors des compétitions qui y sont organisées. Ainsi, les palefreniers brossent tous les animaux de leurs écuries le matin avec la même brosse ce qui favorise la transmission potentielle de germes. La distribution de la ration concentrée (granulés) à tous les chevaux se fait par l’un des palefreniers, le matin et le soir. Les écuries 1 et 2 sont principalement habitées par des chevaux locaux, les chevaux importés se trouvent dans les écuries 3, 4, 5 et 6, bien que cette dernière accueille régulièrement des poulinières pour saillie et/ou poulinage. Cet agencement spatial et cette organisation du personnel ont certainement un impact sur le fonctionnement du centre et l’état sanitaire des animaux. 1.1.2.3 Activités du club Le club propose des cours pour des cavaliers de tout âge. Les enfants de 5 à 10 ans, montent à poney. Au-delà de cet âge, les cavaliers passent à cheval. Le club propose aussi en location quelques poneys pour des tours dans le parc tenu en main (réservé aux enfants).Tous les poneys appartiennent au club ainsi que la plupart des chevaux locaux. Cependant la grande majorité des chevaux, surtout ceux importés appartiennent à des propriétaires. Le flux de matériel est moins important dans cette dernière catégorie.

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Le club organise également des compétitions de saut d’obstacle en accord avec le calendrier de la fédération sénégalaise des sports équestres (FSSE). Lors de ces compétitions, la structure accueille les chevaux des autres clubs participants, ce qui est encore un facteur favorisant la mise en contact de germes, surtout lors de prêt de matériel. 1.2 Présentation du cheptel 1.2.1 Races Plusieurs races/types d’équidés sont retrouvés au PCH, comme par exemple : chevaux locaux, demi-sang (croisement local et pur-sang anglais), selles français, chevaux de selle belge, pur race espagnole, chevaux camerounais, pur-sang anglais, poney shetland, poneys croisés (cheval local et shetland), cheval de selle allemand, … Ainsi pour simplifier notre échantillonnage, nous avons séparé les chevaux présents au poney club en trois catégories : les chevaux locaux, les chevaux importés et les poneys. En 2012, on compte un total de 76 équidés. Ce chiffre reste assez constant depuis malgré les mouvements réguliers : perte de chevaux puis remplacement, départ du club et nouvelles arrivées (importations, achat). Pour information vous pouvez vous référer à l’ANNEXE 4 (Tableau récapitulatif de la population globale d’équidés du PCH). 1.2.1.1 Chevaux locaux Les chevaux dits locaux sont ceux nés au Sénégal. Cela concerne donc les demi-sang (croisement entre étalons importés et juments locales ou inversement) et les chevaux de race locale. En 2012, il y avait 19 chevaux dans cette catégorie. 45


1.2.1.2 Chevaux importés Il s’agit de tous les animaux ayant été importés au Sénégal depuis l’Europe ou l’Afrique. Ces animaux ne sont pas nés sur le territoire sénégalais et y sont généralement entrés à un âge situé entre 2 et 8 ans. Au PCH, en 2012, on comptait 34 chevaux importés. 1.2.1.3 Poneys Tous les poneys du PCH sont actuellement nés dans le centre équestre. Ils descendent de deux générations de poneys importés, la première au début des années 90. Ils sont distinguables des chevaux locaux à cause de caractéristiques physiques et physiologiques qui leur sont propres. En effet, ces animaux sont beaucoup moins sensibles que les chevaux à de nombreuses pathologies. Par exemple, alors que les coliques et la piroplasmose sont les maladies les plus fréquemment déclarées chez les chevaux (importés et locaux), il n’y a eu que deux coliques et un cas de piroplasmose observés chez les poneys en cinq ans au poney club. Ils étaient au nombre de 23 (30 %) en 2012. Les proportions des différents types d’animaux sont présentées dans la figure 16.

RACES Locaux 25%

Poneys 30%

Importés 45% Figure 16 : Proportion des différents types d’équidés du PCH 46


1.2.2 Ratio mâles/femelles Le Poney Club n’a pas vocation d’élevage ; ce qui explique qu’on y trouve globalement plus de chevaux mâles, principalement des hongres (chevaux castrés), que de juments. Au travail, une croyance équestre veut que les hongres soient plus concentrés que les juments qui ont un caractère plus changeant. Des saillies se font de temps en temps chez les poneys, pour entretenir le cheptel, et les quelques poulinières présentes appartiennent à des particuliers et non au club. En 2012, on comptait 34 juments, 33 hongres et 9 chevaux entiers (Figure 17).

RATIO MÂLES/FEMELLES Entiers 12%

Juments 45%

Hongres 43%

Figure 17 : Diagramme mâles/femelles dans la population globale 1.2.3 Age de la population Pour les chevaux importés depuis la France ou la Belgique, le nom du cheval donné par le naisseur, indique l’âge généralement de l’animal ; on parle de chevaux à la lettre. La Belgique et la France ne sont pas à la même lettre. Pour les chevaux allemands, c’est le premier propriétaire qui choisit le nom. Au Sénégal, on choisit parfois un nom en fonction de la lettre de l’année mais cela reste un phénomène assez aléatoire. Pour exemple, en France, un cheval dont le nom de naissance commence par 47


la lettre Q est âgé de 13 ans en 2017 et un cheval en N est âgé de 16 ans. On dit qu’un cheval prend 17 ans en 2017, et cet âge vaut pour toute l’année (dès le 1er Janvier). Ainsi deux chevaux nés en janvier et en décembre sont considérés comme du même âge dès le début de l’année. Pour les chevaux locaux, ou les poneys à nommer qui arrivent ou naissent au poney club, on laisse parfois les enfants choisir le nom et ceux-ci ne tiennent que rarement compte de la lettre de l’année. Pour jauger l’âge des chevaux concernés par notre étude, nous avons dû nous fier à la déclaration de l’éleveur, des propriétaires et surtout du palefrenier 5 pour les poneys ou alors à l’estimation dentaire. Sans estimation dentaire, il est parfois difficile d’estimer l’âge des animaux, quand les papiers d’accompagnement se sont perdus. Au PCH, l’âge est plus ou moins connu, et selon la tranche d’âge, les proportions sont les suivantes : de 0 à 5 ans (26 individus), de 6 à 10 (22 individus), de 11 à 15 (22 individus), de 16 à 20 (5 individus) et 21 et plus (1 individu). Ces chiffres valent pour l’année 2012, et ces chevaux ont depuis vieilli, disparu ou quitté le club (Figure 18).

ÂGE DE LA POPULATION

21 ans + 16 - 20 ans 1% 7%

0-5 34% 11 - 15 ans 29%

6 - 10 ans 29%

Figure 18 : Diagramme âge de la population du PCH 48


On note une part importante des animaux de 10 ans et moins (63 %), ceci s’explique par une volonté du propriétaire de rajeunir régulièrement sa population pour des raisons commerciales et compétitives. La moyenne globale d’âge des chevaux du PCH en 2012 est de 8 ans. Une autre explication est liée à la mortalité importante due aux fréquentes coliques, En effet, les chevaux, surtout les importés, âgés de plus de 15 ans deviennent de plus en plus sensibles aux coliques.

2 Méthodes 2.1 Examen clinique Tout d’abord nous tenons à signaler que nous avons été confrontés à un manque certain de données manuscrites. Notre étude s’est donc basée sur les interviews faites auprès de :  Monsieur Rosière : propriétaire du PCH  Docteur Cissé : vétérinaire traitant  Divers propriétaires : notamment ceux de Nikita, Nakara et Quarmina  Des employés du PCH : ayant assuré les soins quotidiens et la désinfection du club  Du Docteur Fall : Directeur du développement des équidés du Sénégal au ministère de l'élevage et de la production animale, ayant rédigé sa thèse sur les lymphangites équines en 1988.  Docteur Diallo : Responsable de la C.D.A (Cellule de Diagnostic et d’Analyse) du L.N.E.R.V. (Laboratoire National d’Elevage et de Recherches Vétérinaires)

49


Durant le mois de Décembre 2011, Nakara, jument Selle Français importée, présente des lésions nodulaires sur les postérieurs. Ces lésions ressemblaient à des plaies ne guérissant pas normalement. Celles-ci finissent par s’ulcérer et le nombre de nodules augmente de proche en proche. Le vétérinaire suspecte alors une lymphangite. Des prélèvements sont faits et envoyés au laboratoire de Hann. En attendant les résultats, un traitement est mis en place. Celui-ci se présente sous la forme d’iodure de potassium en perfusion tous les trois jours,

accompagné

d’applications

locales

d’IMAVERAL

et

de

pharmacopée traditionnelle à base de plante (Cissus quadrangularis). Un traitement chirurgical est également appliqué par cautérisation des nodules. La lecture directe est négative et au bout d’un mois de culture le premier prélèvement se révèle non concluant. Les lésions ayant évolué, un deuxième prélèvement est fait. Un examen par lecture directe d’un frottis coloré se révèle cette fois-ci positif à Histoplasma farciminosum. La jument est alors mise en quarantaine au fond du club dans le paddock 3. Malgré le diagnostic et le traitement mis en place, l’état de Nakara s’aggrave après une légère rémission. Les nodules se généralisent, recouvrant la totalité des deux membres postérieurs, le bas-ventre et une partie de la croupe. Ces lésions prennent un aspect tumoral (figure 19).

50


Figure 19 : Lésions bourgeonnantes aggravées sur la jument Nakara (photographie fournie par un membre du club) En septembre 2012, devant la gravité de l’état de leur jument, les propriétaires prennent finalement la décision de l’euthanasier.

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Dans les mois qui suivent d’autres chevaux présentent des lésions similaires et l’écurie se retrouve confrontée à un phénomène épidémique. 2.2 Prélèvements 2.2.1 Matériel Les prélèvements ont été faits à partir du pus de nodules fermés, non ulcérés chez deux chevaux dénommés Nakara et Nikita. Pour les analyses réalisées lors de cette épizootie, les prélèvements ont été faits avec des seringues stériles de 2,5 ml. 2.2.2 Technique Les nodules choisis ont été désinfectés (asepsie avec alcool 70° et povidone iodée (BétadineND) alternés trois fois) pour éviter une contamination extérieure de la seringue. A l’aide de seringues de 5 ml, préalablement purgées d’air, le pus a été ponctionné dans les nodules. Les seringues ont ensuite été placées (capuchon remis sur l’aiguille) dans des sacs en plastiques « ziplock » et envoyées directement au laboratoire. Pour Nakara les prélèvements ont été envoyés à la Cellule de Diagnostic et d’Analyse du Laboratoire National d’Elevage et de Recherches Vétérinaires. Pour Nikita, les prélèvements ont été envoyés au laboratoire Houdrouge Fayçal (Dakar, Plateau). 2.2.3 Conservation et envoi au laboratoire Les échantillons ont donc été étiquetés et envoyés à l’état frais (à température ambiante sans passage au froid, juste après le prélèvement) directement au laboratoire. Les échantillons sont accompagnés d’une fiche de demande d’analyse.

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2.3 Analyses de laboratoire Deux techniques d’analyse ont été appliquées dans notre cas : la lecture directe de frottis colorés par la méthode de Gram modifiée et la culture sur gélose dextrosée de SABOURAUD à 2,5% de glycérol. 2.3.1 La lecture directe La fixation a été faite en milieu de Boin alcoolique. La méthode utilisée a été la méthode de GRAM modifiée comme suit :  le violet de gentiane phéniquée pendant 4 heures.  la solution iodo-iodurée pendant cinq minutes.  la décoloration à l’alcool à 90° menée minutieuse de manière à bien nettoyer le fond de la préparation.  la coloration à la fushine phéniquée de manière rapide. A l’observation, il a été mis en évidence des éléments levuriformes, ovoïdes, de 3 à 4 micromètres sur 2 à 3 micromètres, à paroi épaisse et à cytoplasme homogène, remplis de fines granulations. Certains de ces éléments présentent des formes de bourgeonnement bien marqués. Les levures sont libres ou situées dans les polynucléaires. 2.3.2 La culture Le milieu utilisé a été la gélose de SABOURAUD répondant à la formule suivante :  Glucose pur : 2 grammes  Néopeptone : 1 gramme  Gélose : 2 grammes  Eau de ville : 100 ml Le milieu ainsi obtenu est stérilisé à l'autoclave (120°C pendant 20 minutes). Enfin on ajoute au moment de l'emploi :  Pénicilline : 204 mg/ml 53


 Streptomycine : 404 mg/ml  Cycloheximide : 0,5 mg/l  Vitamine B1 : 10 mg/l  Biotine : 50 mg/l  Cystéine : 1,8 g/l Ce milieu avec actidione (cycloheximide) convient bien au développement d’Histoplasma. L’échantillon de pus a été transféré sur le milieu et l’inoculum étalé en surface à l’aide d’un étaleur en verre stérile. La préparation est ensuite mise en incubation à 37°C pendant deux semaines. 2.4 Mise en place du traitement Pour les cas d’histoplasmose du PCH, divers traitements ont été entrepris avec des résultats variables selon les individus. Nous détaillerons cela dans le chapitre consacré aux résultats et à la discussion. Concernant la méthode, nous allons expliquer la posologie, la voie d’administration et la durée de traitement de chacune des médications employées. Il y a eu deux types de prise en charge : médicale et chirurgicale, les deux parfois employées simultanément. 2.4.1 Pharmacopée traditionnelle Elle a été utilisée ici en application cutanée et par voie orale sur la jument Nakara. La plante, Cissus quadrangularis, est pillée puis mise à macérer dans l’eau, environ 100g de plante pour un litre d’eau, pendant une nuit. Après filtration, nous obtenons une solution claire et des résidus. La solution est distribuée dans l’eau de boisson, un demi-litre de solution pour dix litres d’eau. Les résidus sont appliqués comme un cataplasme sur les nodules. La durée de ce traitement a été d’au moins deux semaines. 54


2.4.2 Enilconazole Nous l’avons utilisé sous la marque déposée IMAVERALND, 100mg/ml, en application cutanée, sur la jument Nakara. Nous avons dilué 40 ml pour un litre d’eau tiède, et appliqué par pulvérisation sur les nodules fermés tous les 3 ou 4 jours pendant un mois. 2.4.3 Iodure de sodium Les iodures de sodium et de potassium ont été utilisées sur tous les chevaux de notre étude (sauf le poney Crunch), par voie intraveineuse. La posologie choisie a été 125ml/jour en intraveineuse par perfusion pendant 3 jours. Ou un jour sur deux ou trois pendant une plus longue période. Elles ont généralement associées à un autre traitement antifongique ou chirurgical. 2.4.4 ORNIPURALnd Cette médication a été utilisée pour apporter un soutien hépatique en complément des autres traitements plus « agressifs ». La posologie est de 50 à 100 ml par voie intraveineuse, tous les deux jours selon la durée des autres traitements. 2.4.5 L’Amphotéricine B Elle n’est administrée que par voie intraveineuse en perfusion lente. La posologie est de 0,3 à 0,6 mg/kg/jour dilué dans un litre de dextrose 5% pendant une heure. La durée du traitement est d’un mois. Elle a été utilisée pour Parachute, Touareg, Cameron, Semperen et Calimca. 2.4.6 Itraconazole La molécule a été utilisée principalement chez Nikita et Starlette, à la dose de 3g/jour en deux prises pour un poids moyen de 500 kg. Les capsules sont ouvertes et mélangées à la ration concentrée humidifiée ou à des mélanges plus appétant comme de la pulpe de carotte ou des carottes 55


râpées ou encore un mélange de ration et de fruits (pommes) et légumes (carottes). La cure dure un mois. 2.4.7 Fluconazole Prescrit à la dose de 2800 mg/jour pour un poids moyen de 500 kg, il a été utilisé principalement sur Rokko et Quarmina. La durée de traitement est d’un mois. Administré par voie orale, comme pour l’itraconazole les capsules sont ouvertes et mélangées à la ration. 2.4.8 Pénicilline-streptomycine Cet antibiotique a été administré par voie intramusculaire, en complément des mesures chirurgicales mises en place. 2.4.9 Chirurgie Les deux procédures utilisées ici sont l’exérèse et/ou la cautérisation des nodules. L’exérèse peut se faire sous anesthésie locale pour les chevaux calmes. Pour les anomaux plus compliqués ou pour la cautérisation, plus douloureuse, une anesthésie générale et une bonne contention sont nécessaires. L’exérèse consiste en l’ablation des nodules et de la corde lymphatique associée à une cautérisation au bistouri électrique. La cautérisation se fait au fer rouge avec une barre métallique chauffée à blanc que l’on applique sur les nodules. Il faut pour cette dernière méthode s’assurer de la bonne couverture antitétanique des animaux.

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Chapitre 2 : Résultats et discussion 1 Analyses des données 1.1 Etiologie L’agent pathogène mis en évidence est Histoplasma farciminosum dont les levures ont été observées à la lecture directe au microscope. La forme mycélienne, quant à elle, n’a pas pu être observée puisque les cultures sur gélose de Sabouraud sont restées négatives. 1.2 Etude épidémiologique 1.2.1 Source de l’infection Le déroulement des évènements tend vers la thèse d’une contamination lors d’une rencontre sportive, probablement au RCD (Racing Club de Dakar), à Mbao. En effet, peu de temps avant le développement des symptômes chez la jument Nakara, un concours a été organisé à Mbao. Lors de ces rencontres tous les centres équestres participant se déplacent sur les lieux et y passent généralement la journée. Or, certains chevaux de l’écurie hôte présentaient des lésions typiques de la maladie. Si cela a été déclaré, l’information n’a pas été transmise aux autres structures équestres. Quelques cas avaient également été déclarés à l’ASFA (Association sportive des forces armées), cette même année. A chaque concours, les chevaux invités sont mis à l’attache dans des zones dédiées à chaque écurie, mais relativement proches les unes des autres. Du prêt de matériel (brosses par exemple), n’est pas rare et la promiscuité entre les animaux entraîne forcément des contacts volontaires ou non. Pour exemple, nous étions nous même participants à cette compétition, et lors de la journée, un cheval entier de l’ASFA s’est détaché et a réussi à grimper notre propre cheval, hongre, avant d’être 57


rattrapé. Certains vecteurs auraient également pu jouer un rôle comme par exemple les mouches, se déposant de cheval en cheval. Il existe également une autre source de contamination possible. Ainsi avant d’incriminer sans appel les chevaux contaminés de l’ASFA ou du RCD, il faut signaler que de nombreux chevaux de charrettes sont affectés par la lymphangite épizootique. Nous avons pu vérifier cela de nombreuses fois lors de nos séances de travaux pratiques en cliniques ambulantes, même si nous devons avouer que la plupart des preuves de cette pathologie résidait dans la présence de lésions de cautérisation le long des trajets lymphatiques. En appui, référez-vous aux ANNEXE 1 et 2 à la fin de ce document. Une des hypothèses émises est qu’un cheval de charrette infecté a pu entrer dans le club lors d’une livraison de matériel ou pour venir chercher du fumier par exemple et être indirectement entrer en contact avec Nakara et lui transmettre l’infection. Tout cela pour mettre le point sur un aspect inquiétant dans le sens où aucune certitude n’existe quant à la façon dont l’agent Histoplasma farciminosum est « entré » dans le club. 1.2.2 Réceptivité/sensibilité Le tableau II présente un récapitulatif des cas de lymphangite au sein du poney club qui comptait 76 chevaux en 2012.

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Tableau II : Liste des chevaux atteints en 2012 Déclaration Noms

ou

Race

Sexe

suspicion

Âge

Réponse

en

au

2012

traitement

Statut à ce jour (2017)

Nakara

Déclaré

Importé

Jument

11

Aucune

Décédé

Siderlo

Déclaré

Local

Jument

15

Rémission

Décédé

Parachute Déclaré

Importé

Hongre

Cameron

Déclaré

Importé

Entier

8

Rémission A quitter le club

Nikita

Déclaré

Importé

Jument

11

Rémission

Starlette

Déclaré

Importé

Jument

6

Rémission A quitter le club

Rokko

Déclaré

Importé

Hongre

Calimca

Déclaré

Importé

Jument

Touareg

Déclaré

Importé

Jument

Semperen Déclaré

Importé

Entier

Niagara

Suspect

Importé

Hongre

Quarmina

Suspect

Importé

Jument

Rambo

Suspect

Importé

Hongre

Crunch

Suspect

Poney

Hongre

9

7

4

5 6

11 8

7

2

Rémission

Rémission

Rémission

Toujours au club

Décédé

Toujours au club Toujours au club

Rémission Rémission

Décédé Toujours au club

Rémission A quitter le club Rémission

Rémission

Toujours au club Toujours au

Rémission

club Décédé

Concernant les chevaux décédés, nous rappelons que Nakara est la seule à être morte à la suite de ses lésions d’histoplasmose. Le tableau II nous donne également des indications sur la réceptivité et la sensibilité des animaux face à cette pathologie.

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Sur les 76 chevaux présents dans l’écurie, nous avons recensé 14 chevaux malades, déclarés ou suspects. Par cas suspects, nous parlons des chevaux ayant présenté des symptômes mais qui n’ont pas été pris en charge par le vétérinaire traitant. Ce qui nous donne des ratios de 18,42% d’animaux atteints pour 81,58% d’animaux sains, représentés dans la figure 20.

PROPORTION DE MALADES SUR ANIMAUX SAINS Malades 18%

Sains 82%

Figure 20 : Diagramme animaux malades sur animaux sains Sur ces 14 chevaux malades, nous avons compté 7 juments, 5 hongres et 2 entiers. Ce qui nous fait 50% de femelles et 50% de mâles (dont 35,7% de hongres et 14,3% d’entiers). Ces proportions sont représentées dans la figure 21.

PART DE CHAQUE SEXE DANS LES CHEVAUX MALADES Entiers 14%

Juments 50% Hongres 36%

Figure 21 : Diagramme proportions sexes dans malades 60


Par rapport aux animaux atteints dans les différentes tranches d’âge que nous avons définies, on note : 3 chevaux dans la tranche 0 à 5 ans, 7 dans la tranche 6 à 10 ans, 4 chevaux atteints dans la tranche 11 à 15 ans et enfin aucun animal malade dans les tranches de 16 à plus de 20 ans (fig. 22).

PART DE CHAQUE TRANCHE D'AGE DANS LES ANIMAUX MALADES 20 ans et + 0% 11-15 ans 29%

0-5 ans 21%

6-10 ans 50%

16-20 ans 0%

Figure 22 : Diagramme âge des malades

Et enfin, concernant les différentes catégories de chevaux, sur les 14 chevaux atteints : un local, un poney et 12 chevaux importés. Ce qui nous donne un pourcentage de chevaux importés malades de 85,7% contre 7,15% pour les poneys et 7,15% pour les locaux. Ces proportions sont représentées dans la figure 23.

61


PROPORTION DE CHAQUE RACE DANS LES ANIMAUX MALADES Poneys 7%

Locaux 7%

Importés 86%

Figure 23 : Diagramme races des animaux malades De ces résultats, on peut noter que tous les sexes ont été affectés par la maladie sans aucune différence de sensibilité entre mâles et femelles. Pour rappel, sur les 14 malades, nous avons 50% de juments et 50% de mâles (hongres et entiers confondus), donc un ratio de 50/50. Lors de cette étude, nous n’avons pas non plus pu noter un impact suffisamment important de l’âge sur la sensibilité d’un individu par rapport à un autre. En effet, sur les chevaux malades aucun n’était âgé de plus de 16 ans ou plus, donc aucun malade parmi les 6 individus dans cette catégorie. Nous pouvons cependant dire que tous les âges sont réceptifs et sensibles. En revanche, nous avons pu observer qu’il y avait une réelle différence de sensibilité des individus selon la race/catégorie. En effet, pour rappel, sur les 14 chevaux malades, nous avons un seul local déclaré (7,15%), un poney suspect (7,15%) et 12 chevaux importés (85,7%). Par rapport aux chevaux sains, les chiffres sont les suivants :  1 malade sur les 19 locaux présents en 2012, soit 5,26% 62


 12 malades (déclarés et suspects) sur les 34 chevaux importés, soit 35,29%  1 poney suspect sur les 23 poneys, soit 4,34% Un peu plus d’un tiers des chevaux importés a été atteint par la lymphangite ; ils représentent 85,7% des chevaux malades. Chez les poneys, un seul cas a été suspecté et les symptômes ont disparu après une dose de pénicilline-streptomycine, et le seul cheval local, ayant déclaré la maladie, était logé dans le paddock mitoyen au paddock alloué à la quarantaine de Nakara. Une thèse de Fall, 1988 [4] a montré que cette affection est déjà très présente depuis longtemps au Sénégal, notamment dans les régions de Dakar, Kolda, et Thiès. Sur les 74 cas de lymphangite répertoriés, une fréquence plus élevée était observée à Kolda avec des taux de mortalité de 79%. Par ailleurs, il a été remarqué que la fréquence de la maladie est beaucoup plus élevée sur les chevaux à robe claire mais aussi chez les chevaux affectés au labour. Notre échantillonnage centré sur les cas du Poney Club de Hann, ne nous a pas permis de vérifier ces données ; cependant nous avons pu mettre en évidence que la fréquence de la maladie était plus élevée chez les chevaux importés que chez les chevaux locaux ou des espèces plus rustiques comme les poneys. Ainsi

face

à

l’histoplasmose,

tous

les

équidés

sont

réceptifs

indépendamment de tout critère de sexe, race ou âge. Cependant la sensibilité si elle n’est pas influencée par l’âge ou le sexe a été dans ce cas fortement co-dépendante de la race des animaux. Les chevaux importés étant particulièrement sensibles au germe. Cependant, il faut tenir compte de la disposition des animaux dans l’écurie, comme nous allons le voir dans la suite.

63


1.2.3 Evolution de la maladie au sein du cheptel Nous avons pu observer que les chevaux importés, plus sensibles, ont été les plus touchés par la maladie. Mais pour parler de l’évolution de la pathologie au sein de notre cheptel, nous devons nous mettre dans un contexte spatio-temporel. Nous avions déjà parlé de la disposition des écuries, sur le plan suivant (fig. 24), nous allons pouvoir visualiser la position de chaque cheval malade. Il faut noter qu’à part Rokko, seul cas isolé, les autres chevaux malades ou suspects se sont tous trouvés proches et ont eu un lien indirect avec la jument Nakara (fig. 16). En effet, malgré le fait que Nakara ait été isolée, la maladie s’est propagée et ce après la mort de celle-ci. Un relâchement dans la prophylaxie pourrait être à l’origine de ce phénomène ou la pathologie a pu rester en latence dans le club qui n’avait pas encore été traité. Il faut noter aussi que certains propriétaires ont leur préférence concernant leur palefrenier ; c’est le cas de la propriétaire de Starlette qui faisait régulièrement appel au palefrenier 4 pour panser et seller sa jument.

64


Figure 24 : Répartition des animaux malades dans l'écurie Les moniteurs montant plusieurs chevaux par matinée peuvent aussi être un facteur de transmission. En effet, généralement entre deux chevaux, le même matériel (sangle, selle, bridon, tapis et brosses) est utilisé à moins qu’il y ait une différence importante de taille entre les animaux. Par exemple dans la liste des chevaux travaillés par l’un des moniteurs de l’époque, on pouvait trouver Nikita, Touareg, Starlette et Niagara. Par contre les chevaux Cameron, Rokko, Parachute, Calimca, Siderlo, Crunch et Semperen étaient des chevaux de club en 2012, chacun de ses chevaux a une selle, un bridon et parfois une sangle mais les brosses et les tapis sont d’utilisation commune. La surveillance prophylactique et l’information sur la maladie donnée aux cavaliers ont été appliquées lors de la fin de l’année 2012 (début de mise en place en novembre 2012) ; ce qui explique qu’après Décembre 2012, l’incidence de la maladie a diminué (figure 25).

65


INCIDENCE ANNUELLE DE LA MALADIE Nombre de nouveaux cas

11

0 2010

2

1 2011

2012

0 2014

2013

0 2015

0 2016

0 2017

Figure 25 : Incidence de la maladie Concernant la chronologie des évènements : Nakara a été la première à présenter des symptômes, lors de sa prise en charge en décembre 2011. Elle a été placée seule en quarantaine dans le paddock 3. Sans réponse au traitement et au vue de l’aggravation de son état, elle a été euthanasiée en septembre 2012. Durant le mois d’octobre 2012, les chevaux Siderlo, Parachute et Nikita ont commencé leur traitement, après l’apparition des symptômes. A la même période, le poney Crunch, a présenté des signes suspects. En Décembre 2012, Cameron, Touareg, Rokko, Starlette et Semperen ont été pris en charge après avoir eux aussi présenté des nodules. Le cheval Niagara, a montré au même moment une plaie suspecte à l’encolure, et la jument Quarmina des nodules sur la face interne de l’antérieur gauche. En Janvier 2013, c’est au tour de la jument Calimca de présenter des symptômes et d’être prise en charge par le vétérinaire. Et enfin, en mars 2013, le cheval Rambo a présenté des plaies suspectes réfractaires aux traitements classiques. Le tableau III ci-

66


après est un récapitulatif de l’emplacement des lésions, du statut des chevaux, de l’état général des animaux et la date d’apparition. Tableau III : Récapitulatif sur les cas cliniques observés Noms

Date

apparition Emplacement des lésions

des lésions Nakara

Décembre 2011

Etat

Statut

général Postérieurs

puis Mauvais

Déclaré

généralisation Siderlo

Octobre 2012

Jugulaire

Bon

Déclaré

Parachute

Octobre 2012

Passage de sangle

Bon

Déclaré

Nikita

Octobre 2012

Jugulaire

Bon

Déclaré

Crunch

Octobre 2012

Membres antérieurs

Bon

Suspect

Cameron

Décembre 2012

Antérieurs et passage de Bon

Déclaré

sangle Touareg

Décembre 2012

Passage de sangle

Bon

Déclaré

Rokko

Décembre 2012

Membres postérieurs

Bon

Déclaré

Starlette

Décembre 2012

Passage de sangle

Bon

Déclaré

Semperen

Décembre 2012

Postérieurs et passage de Bon

Déclaré

sangle Niagara

Décembre 2012

Base de l’encolure

Bon

Suspect

Calimca

Janvier 2013

Passage de sangle

Bon

Déclaré

Quarmina

Décembre 2012

Membre antérieur

Moyen

Suspect

Rambo

Mars 2013

Gouttière jugulaire

Bon

Suspect

Les chevaux suspects ayant reçu un traitement médical ont été pris en charge par le responsable (Crunch et Niagara) de l’écurie ou par leur propriétaire (Quarmina et Rambo). Les cas déclarés ont été suivis par le vétérinaire et signalés aux autorités. Hormis Nakara, tous les autres ont réagi positivement aux traitements et ont survécu. Leur rémission a été plus ou moins longue selon les cas, et certains ont présenté des séquelles (déficience hépato-rénale, perte de poids et difficultés à en reprendre) de 67


ces thérapeutiques. En Décembre 2013, le dernier cas a été déclaré guéri et la maladie a été éliminée sans aucune réapparition à ce jour. 1.2.4 Durée de l’infection L’épidémie au sein du poney club a été décelée à la fin de l’année 2011, vers le mois de décembre. Les nouveaux cas ne sont apparus que presque un an après le premier, dans le dernier trimestre de l’année 2012. Le dernier cas déclaré date de janvier 2013. Durant l’année 2013, les chevaux encore atteints ont été traités ainsi que les infrastructures. Au début de l’année 2014, il n’y avait plus aucun cheval malade. L’épidémie s’est donc étendue sur un tout petit peu plus de 2 ans, entre l’apparition du premier cas et la rémission du dernier animal malade. Cependant aucun nouveau cas n’est apparu depuis le mois de janvier 2013. Cela fait donc plus de cinq ans que la maladie n’a pas été suspectée dans l’écurie.

68


2 Traitement 2.1 Mise en place du traitement 2.1.1 Prise en charge médicale Différents traitements médicamenteux ont été utilisés au Poney Club de Hann. Il faut noter que, d’après le Réseau d’Epidémio-Surveillance en Pathologie Equine [20], un vaccin à germe atténué et un vaccin à germe inactivé par le formol sont disponibles et peuvent être utilisés dans les zones endémiques pour lutter contre la maladie. Cependant nous ne les avons pas trouvés disponibles sur Dakar et donc pas utilisés.

Les

traitements mis en place dans notre cas ont été classés en fonction de leur mode d’administration. 2.1.1.1 Application cutanée Pharmacopée traditionnelle : Dans le cas de Nakara la médecine traditionnelle a été tentée via une liane succulente : la Cissus quadrangularis (fig. 26) également appelée Vigne de Bakel en français ou encore « Kepunay » ou « Tiep golo » en wolof. La composition chimique de cette plante, d’après une analyse de FALL B. en 1988, nous a été donnée ainsi :  Gomme  Pectine  Acide tartrique  Sel de potassium  Cristaux d'oxalate de calcium  Composés de Carbonates de magnésium  Métaux alcalins  Vitamines (Carotène A et vitamine C)

69


Figure 26 : Cissus quadrangularis (photographie personnelle) L’utilisation traditionnelle indique que l’on prélève 100 grammes de la plante pour un litre d’eau. La matière végétale fraichement recueillie est pilée puis mise à macérer dans l’eau pendant plusieurs heures (généralement une nuit). Ce mélange est ensuite filtré plusieurs fois jusqu’à obtenir une solution sans particules visibles. On ajoute ensuite une petite quantité (1/2 litre pour 10 litres d’eau d’après le palefrenier l’ayant distribué à la jument Nakara)) de cette mixture dans l’eau de boisson des animaux, les résultats devant apparaître dans la semaine suivante. Les résidus de filtration, sous forme de pâtes, peuvent alors servir sous la forme d’un cataplasme à appliquer sur les nodules. Il faut noter que cette médecine n’a pas eu d’effet positif marquant dans le cas du Poney Club, puisqu’elle n’a été utilisée que sur Nakara et une autre jument, Starlette, mais cela sans aucun résultat probant.

70


Enilconazole : L'énilconazole est un antimycosique à large spectre appartenant à la famille des imidazoles ; il est actif contre la plupart des dermatophytes et différents

autres

champignons

et

levures.

L'énilconazole

inhibe

spécifiquement la synthèse de l'ergostérol, un composant essentiel de la membrane cellulaire des champignons et des levures. Lors de cette étude, nous avons eu à traiter avec une petite épidémie de teigne. La molécule s’est révélée très efficace en pulvérisation cutanée sur les lésions teigneuses. Le produit utilisé au PCH est l’IMAVERALND (produit possédant une AMM pour les chevaux), spécialité pharmaceutique à base d’Enilconazole (100mg/ml). Le produit s’utilise uniquement en application topique cutanée. Cette application fait que peu d’effets secondaires ont été rapportés. Eventuellement il a été observé une perturbation de la repousse des poils ou une recoloration anormale des poils ou encore quelques troubles digestifs (anorexie) et nerveux (ataxie, prostration, …) en cas d’ingestion accidentelle. Cette molécule est cependant déconseillée chez les sujets atteints d’insuffisance hépatique. Dans le traitement de la lymphangite, une solution d’IMAVERALND diluée a été utilisée, appliquée à l’aide d’un pulvérisateur. L’IMAVERALND se présente sous la forme de flacon de 100 ml ou d’1 L. Pour le traitement, il a été préparé une solution à 4% d’éniconazole (soit 40 ml dilué dans 1 L d’eau tiède). Cette émulsion diluée a été appliquée en pulvérisation sur les zones atteintes mais non ouvertes tous des 3 ou 4 jours pendant un mois. Ce produit assez efficace a cependant un coût plutôt élevé. Il peut également être utilisé pour traiter le matériel et les logements. Ensuite il peut être associé à un traitement systémique si l’animal est très atteint. Au poney club, l’Imaveralnd n’a été utilisé que chez Nakara. 71


2.1.1.2 Par injection Iodure de sodium : Les iodures de sodium (NaI) et iodure de potassium (KI) ont été les deux formes utilisées. L’Iodure présente une action antifongique et antibactérienne dont l’efficacité sur l’histoplasmose observée dans la pratique reste cependant peu étudiée et/ou publiée dans la littérature. Qu’elle soit associée à du sodium ou à du potassium, c’est l’iode qui joue un rôle antifongique. D’après le Vidal [21], l'iode est un antiseptique bactéricide à large spectre (en moins de 5 min in vitro, sur l'ensemble des bactéries), sporicides, fongicide sur les levures et champignons filamenteux et virucide. La posologie appliquée est de 125mL/jour en IV lente par perfusion pendant 3 jours. Il est déconseillé d’injecter par voie intramusculaire. Comme beaucoup d’antifongique, on note des effets indésirables possibles et il faut noter que les iodures sont contre indiquées aussi chez les chevaux insuffisants rénaux. Ce produit n’a pas d’AMM pour les équidés contrairement à d’autres espèces comme les ruminants. Les Iodures ne suffisent pas à elles seules dans le traitement de la lymphangite épizootique et des autres mycoses. C’est pourquoi elles doivent être associées avec un autre traitement antifongique ou chirurgical. Les iodures sont cependant peu coûteuses, ce qui représente un attrait certain pour les propriétaires. ORNIPURALnd : Dans ce cas, ce médicament a été utilisé en complément du traitement au Fluconazole.

72


Les principes actifs de ce médicament vétérinaire présentent des propriétés hépato-protectrices, lipotropes et diurétiques, grâce à ses composants comme la bétaïne, le sorbitol, l’ornithine, la citrulline et l’arginine. Le médicament est utilisé en solution injectable pour protéger et/ou relancer l’activité hépatique chez les équidés et d’autres espèces animales. Chez les équidés, la posologie est de 50 à 100 ml par voie intraveineuse lente, intramusculaire ou sous-cutanée, à renouveler tous les 2 jours si besoin est. L’Amphotéricine B : Dans la littérature, elle est connue pour être le médicament de choix dans le traitement de la lymphangite épizootique déclarée (cas cliniques). Elle est

recommandée

par

l’Organisation

Mondiale

de

la

santé

animale (OIE) [16] ou encore par le Réseau d’Epidémio-Surveillance en Pathologie Equine (RESPE) [20]. L’amphotéricine B est généralement utilisée comme fongistatique, mais selon les concentrations elle peut devenir fongicide. Cette molécule agit par altération de la perméabilité membranaire des cellules fongiques par liaison irréversible à l’ergostérol, entrainant la fuite du potassium ou autres ions. La pharmacocinétique de l’amphotéricine B chez les équidés est inconnue. Par extrapolation des données obtenues chez l’homme, on sait que l’absorption digestive est nulle et l’absorption parentérale est bonne. On note une distribution peu étendue à cause de la liaison importante avec les protéines sanguines et une élimination rénale. Son spectre d’action est assez large car elle agit sur différents genres de champignons notifiés dans la notice du produit (Dermatophytes, 73


Blastomyces,

Candida,

Cryptococcus,

Histoplasma,

Coccidioides,

Sporothrix scheuckii). L’Amphotéricine B est indiquée uniquement dans le traitement des dermatoses fongiques généralisées et graves, potentiellement mortelles. Elle s’administre par voie intraveineuse uniquement, en perfusion dilué dans 1 litre de Dextrose 5% pendant 60 minutes. La dose normale est de 0,3 à 0,6 mg/kg/jour en une seule perfusion journalière. Cependant comme beaucoup d’antifongiques, ce produit présente plusieurs effets indésirables, notamment une néphrotoxicité importante (nécessité d’un monitorage rénal durant le traitement (urée créatinine électrolyte…), ainsi que des risques de phlébite au site d’implantation du cathéter. D’autres effets secondaires comme une tachycardie, une tachypnée, une léthargie, une hyperthermie, une anorexie ou une anémie peuvent aussi être observés. Cette molécule ne possède pas de spécialités pharmaceutiques ayant reçu une AMM (autorisation de mise sur le marché) pour les équidés. Par ailleurs, elle est peu utilisée à cause de sa toxicité rénale importante ; son emploi n’est envisagé que si aucune autre alternative n’est possible. Il faut noter que la néphrotoxicité remarquée dans des cas d’utilisation prolongée d’antifongiques a été observée chez les chevaux traités au poney club, notamment chez Starlette et Nikita, qui ont eu du mal à se remettre du traitement. Dans le cas de l’épizootie du PCH, l’amphotéricine B a été utilisé sous la marque déposée : FungizoneND. Se présentant sous forme de poudre pour préparation injectable présentée dans un flacon en verre contenant 50 mg de principe actif. Les doses administrées étaient de 150 mg pour un cheval de 500 kg, soit trois flacons par jour durant un mois. Le prix du 74


flacon varie entre 2000 et 3500 Frs CFA soit une dépense quotidienne pouvant aller de 6000 à 10 500 Frs CFA. Pour une cure d’un mois, le coût minimal de cette thérapeutique est donc revenu à 180 000 Frs CFA. 2.1.1.3 Par voie orale Itraconazole: Il s’agit d’un antifongique à spectre large, sans résistance connue. La posologie normale est de 5 à 10 mg/kg, une fois par jour ou 2,5 à 3 mg/kg deux fois par jour, toujours par voie orale. Comme dans le cas de l’amphotéricine B, il n’y a pas de spécialités aux noms déposés ayant une AMM pour les équidés. De fait, l’Itraconazole utilisé pour les chevaux malades du PCH s’est présenté sous la forme d’une spécialité pharmaceutique humaine le SPORANOXND, suggestion d’un ancien membre du club exerçant la médecine vétérinaire en région parisienne. Le SPORANOXND est utilisé en médecine humaine pour le traitement de nombreuses mycoses superficielles et viscérales, notamment chez les patients immunodéprimés (comme par exemple, les patients atteints du VIH). Ce médicament se présente sous la forme de gélules sous plaquettes thermoformées. Une boîte contient une plaquette de 30 gélules. Le prix de vente « TTC » (toute taxe comprise) tourne autour des 35 et 45 euros la boîte soit entre 23 000 et 29 500 francs CFA. La dose prescrite est alors de 3g/jour en deux prises pour un poids moyen de 500 kg. Une gélule comprenant 100 mg de principe actif soit 0,1 g et une boîte comprenant 30 gélules, il faudra donc une boîte par jour pour traiter un cheval de 500 kg. Le traitement a duré un mois donc chaque cheval traité au SPORANOXnd a reçu 30 boîtes. Le coût de ce traitement est compris entre 1000 et 1350 75


euros par mois, soit entre 650 000 Frs CFA et 890 000 Frs CFA. Ce traitement très couteux s’est cependant avéré efficace, puisque quatre chevaux ont été traités avec une évolution très positive et pour la jument Nikita très touchée à l’encolure, nous avons pu observer une régression de 90 % (fig. 35, 36, 37, 38). Fluconazole : Le fluconazole est un médicament antifongique systémique, apparenté à la famille des imidazolés indiqué dans le traitement des candidoses cutanéomuqueuses et dans les mycoses liées au SIDA chez l’Homme. Cette molécule, utilisée sous la forme d’un médicament générique (le Flucazolend), est un antifongique, généralement utilisé chez l’homme pour traiter les candidoses. Il se présente sous la forme de gélules en gélatine conditionnées par 10 sous forme de plaquette PVC thermoformée fermée par un film en aluminium. Chaque gélule contenant 100 mg de principe actif. La boîte de 10 gélules contient 1000 mg de principe actif et son prix est de 2200 Frs CFA. La dose prescrite est de 5,6 mg/kg/jour, soit une dose moyenne de 2800 mg/jour pour un cheval de 500 kg. Le traitement s’étalant sur un mois, il a fallu 840 gélules donc 84 boîtes. Ce qui fait un coût total de 235 200 Frs CFA pour une cure d’un mois (30 jours), soit un prix inférieur à la moitié de celui d’une cure à l’Itraconazole. Nous précisons que l’idée de l’Itraconazole a été soumise par le Docteur Jérôme Saignot, exerçant en France, et que le Fluconazole a été proposé par un pharmacien dakarois résidant au Canada. Ces deux traitements ont eu des résultats positifs notables, avec une rémission totale des lésions.

76


2.1.2 Prise en charge chirurgicale Deux procédures chirurgicales ont été employées, l’exérèse des nodules et la cautérisation. L’exérèse, sous anesthésie locale et tranquillisation ou anesthésie générale, a consisté à l’ablation des nodules et de la corde lymphatique associée avec une cautérisation au bistouri électrique. Cette procédure vise à éliminer un maximum, voire la totalité du tissu infecté. Elle a pour but de limiter la contamination en refermant les plaies infectées, et d’endiguer la propagation de l’infection. Dans le cas des chevaux atteints au passage de sangle, elle permet après cicatrisation de pouvoir remonter l’animal plus rapidement. La cautérisation se fait au fer rouge. C’est un procédé assez simple, puisqu’il suffit, d’une barre métallique et d’une source de chaleur suffisamment importante. Dans notre étude, c’est la forge à gaz, outil du maréchal ferrant, qui a été utilisée pour chauffer la barre en métal tenue avec une pince et des gants. Le fer rouge était ensuite appliqué sur les nodules. Il faut signaler qu’il est impératif de la réaliser sous la couverture d’un sérum antitétanique, ce qui est le cas de tous les chevaux du PCH. Ce mode de traitement présente des risques de surinfection et retarde la cicatrisation des lésions. C’est également un procédé assez douloureux et désagréable pour l’animal, et qui ne se pratique donc qu’avec une bonne contention et sous tranquillisation importante ou anesthésie générale pour les chevaux les plus difficiles. Cela laisse aussi des cicatrices plus ou moins importantes, retraçant souvent le tracé des lésions suivant le trajet lymphatique. C’est cicatrices en série peuvent donc être prises à témoin pour signaler qu’un cheval a été atteint de lymphangite.

77


Ces deux procédures sont accompagnées d’un traitement de suivi antibiotique avec de la pénicilline-streptomycine. 2.2 Protocoles au cas par cas : Tableau IV : Récapitulatif des traitements appliqués aux chevaux malades du PCH Cheval

CQ

Nakara

Oui

AB

I

F

Siderlo Parachute

Oui

Nikita

TC

IPC

O

E

PS

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Crunch

Oui

Touareg

Oui

Oui

Oui

Cameron

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Oui

Rokko

Oui

Starlette

Oui

Semperen

Oui

Oui

Oui

Calimca

Oui

Oui

Oui

Quarmina

Oui

Niagara

Oui Oui

Rambo

Oui Oui

Légende : CQ : Cissus quadrangularis AB : Amphotéricine B I : Itraconazole F : Fluconazole TC : Traitement chirurgical (exérèse ou cautérisation) IPC : Iodure de potassium ou de sodium O : Ornipural E : Enilconazole PS : Pénicilline-Streptomycine

78

Oui

Oui Oui


 Sur la jument Nakara (« cas 0 ») : Aucun traitement spécifique n’a été mis en place à proprement parler. Dans un premier temps un traitement local a été prescrit avec de l’éniconazole. Les lésions s’aggravant et s’étendant le long des trajets lymphatiques, une lymphangite est soupçonnée. La jument est mise en quarantaine et des prélèvements sont faits et envoyés en culture. En attendant, la jument est mise sous Iodure de potassium et traitement local à la Cissus quadrangularis. Les premiers résultats reviennent négatifs à Histoplasma farciminosum pour la lecture directe et ensuite pour la culture. Les lésions séchant et ne s’étendant plus, la Iodure est arrêté et le traitement ne continu qu’avec les pulvérisations locales. Cependant peu de temps après de nouveaux nodules apparaissent et la maladie progresse de manière impressionnante. Toute l’arrière main est atteinte et de nouveaux prélèvements sont fait et reviennent cette fois positifs à Histoplasma farciminosum. Pendant les mois suivants et jusqu’à la mort de la jument, elle est remise sous Iodure et un traitement chirurgical par cautérisation est entrepris associé à une antibiothérapie à base de pénicilline-streptomycine (dose 20 ml/jour pendant une semaine, puis 20ml tous les trois jours) et à un soutien hépatique avec de l’ornipuralnd. Malheureusement la réponse au traitement est restée négative, et toutes la plaies traitées bourgeonnent et se remettent à suinter peu de temps après les cautérisations. Les deux postérieurs, l’intérieur des cuisses et le « bas ventre » sont couverts de nodules bourgeonnants rendant les déplacements de la jument impossibles. Dans les dernières semaines, les lésions remontent de la croupe à l’arrière du dos, la jument ne marche plus et ne peut plus

79


se coucher, puis se couche et ne peut plus se relever. Les propriétaires prennent alors la décision de l’euthanasier. Il faut noter que cette option leur avait été proposé à plusieurs reprises par le vétérinaire puis le directeur du club au regard de la dégradation permanente de l’état de la jument et de la contagiosité possible des autres animaux de la structure.  Sur Siderlo et Niagara : Sur ces deux animaux, la même procédure a été appliquée. Siderlo a été prise en charge par le vétérinaire, et Niagara par le responsable du club dès l’apparition de la première lésion. Le protocole a été le suivant durant deux semaines, les deux animaux ont reçu 250 ml d’Iodure de sodium en perfusion un jour sur trois, et les plaies nodulaires ont été cautérisées au fer rouge dès leur apparition avec une antibiothérapie associée à la pénicilline-streptomycine (0,2g de pénicilline et 0,25g de streptomycine par ml) à la dose de 20 ml/jour (soit 4g/jour de pénicilline et 5g/jour de streptomycine) pendant dix jours.  Sur Parachute, Touareg, Cameron, Semperen et Calimca : Ces cinq chevaux (appartenant tous au club, sauf Touareg) ont été traités à l’amphotéricine B avec une cure d’iodure de sodium, les deux pendant un mois pour Touareg et deux semaines pour les chevaux de club, et un traitement chirurgical (exérèse ou cautérisation). Touareg a en plus reçu un soutien hépatique à l’ornipuralnd. Tous ont répondu positivement au traitement.  Sur Nikita (détails en ANNEXE 5) et Starlette : Ces deux juments ont été traitées à l’Itraconazole, pendant un mois pour Nikita et deux semaines pour Starlette qui a ensuite subit une exérèse chirurgicale de ses lésions puis un complément de traitement à l’association pénicilline-streptomycine pendant dix jours. Les deux ont 80


reçu un complément de traitement avec de l’ornipuralnd. Le cas de Nikita a été suivi par sa propriétaire au jour le jour qui nous a transmis les photos de l’évolution des lésions (figures 27, 28, 29 et 30). Dans les deux cas les chevaux étaient en rémission à la fin du traitement, et n’ont plus présenté de nouveaux symptômes.  Sur Rokko et Quarmina : Rokko et Quarmina ont été traités avec le Fluconazole en cure quotidienne pendant un mois pour Quarmina et deux semaines pour Rokko, associé à l’iodure de sodium et à un soutien à l’ornipuralnd. Un traitement chirurgical a également été entrepris chez Rokko avec cautérisation des lésions.  Sur Crunch et Rambo : Ces deux cas, n’ont pas été confirmés et ont été pris en charge par leur propriétaire

car

ils

présentaient

tous

les

deux

des

lésions

suspectes notamment de petites plaies nodulaires en petits chapelets. Ces plaies ne séchant pas avec des traitements classiques (povidone iodée en savon et gel, spray d’aluminium) Rambo a reçu une dose de 250 ml d’Iodure en perfusion intraveineuse lente tandis que Crunch a reçu une dose 10 ml de pénicilline-streptomycine en intramusculaire. Dans les deux cas, les lésions ont séché dès le lendemain et les animaux n’ont plus présenté de lésions suspectes par la suite.

81


Figure 27 : Evolution des lĂŠsions de Nikita (Septembre 2012, photographies transmises par la propriĂŠtaire)

82


Figure 28 : Evolution des lésions de Nikita (début Octobre 2012, photographies transmises par la propriétaire)

83


Figure 29 : Evolution des lĂŠsions de Nikita (fin Octobre 2012, photographies transmises par la propriĂŠtaire)

84


Figure 30 : Evolution des lĂŠsions de Nikita (Novembre 2012, photographies transmises par la propriĂŠtaire)

85


Au cours de cette épizootie, tous les chevaux traités au PCH se sont remis, sans rechute, de la maladie, hormis Nakara qui a dû être euthanasié à cause de la gravité et de l’ampleur de ses lésions. Dans le cas de Nakara, l’iodure à elle seule s’est avéré inefficace pour traiter l’affection. Les traitements locaux et traditionnels se sont aussi avérés sans intérêts dans notre cas. Les trois autres molécules principales utilisées (itraconazole, fluconazole et amphotéricine B) ont toutes donné des résultats positifs sur l’infection d’Histoplasma farciminosum. Le traitement chirurgical a eu des résultats positifs avec l’association d’une antibiothérapie et/ou un suivi à l’Iodure. Dans la littérature [7] [16] [20], le traitement de l’histoplasmose passe par une action précoce par voie générale en plus des soins locaux, en utilisant une antibiothérapie antifongique, une chimiothérapie par voie intra veineuse et un traitement chirurgical (exérèse et cautérisation suivies d’un traitement). C’est ce qui a été mis en place avec succès (sauf pour Nakara) au PCH. Nous avons cependant remarqué des effets néfastes sur l’état des animaux traités sur le long terme. En effet, chez un certain nombre de ces animaux, il a été noté des difficultés à récupérer avec une fonte musculaire, un amaigrissement rapide et une prise de poids lente et difficile. Par exemple, des chevaux comme Parachute, Nikita, Starlette, Quarmina et Calimca n’ont jamais retrouvé leur état d’avant la maladie. Les cinq années qui ont suivi la fin de l’épidémie ont vu la disparition de quatre autres animaux (tableau 6).

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Tableau V : Devenir des animaux atteints de lymphangite au PCH Noms

Réponse au traitement

Nakara Siderlo Parachute

Négative Positive Positive

Statut à Etat ce jour général après traitement Décédé Aucun Décédé Bon En vie Moyen

Nikita

Positive

Décédé

Moyen

Crunch Cameron

Positive Positive

Décédé En vie

Bon Bon

Touareg Rokko Starlette

Positive Positive Positive

Décédé En vie Décédé

Bon Bon Moyen

Semperen Quarmina

Positive Positive

En vie En vie

Bon Moyen

Niagara

Positive

En vie

Moyen

Calimca Rambo

Positive Positive

En vie En vie

Bon Bon

87

Remarques sur Cause l’état décès

du

Euthanasie Colique Perte de poids difficultés à le reprendre Perte de poids Infection jamais repris rénale après insuffisance foie/rein Colique Sujets à de fréquentes coliques Colique Perte de poids Colique jamais repris Jument présentant un cornage chronique et ayant subi une trachéotomie, difficulté à la reprise de poids Perte de poids avec difficultés à le reprendre Perte de poids


3 Prophylaxie 3.1 Mesures prises au niveau des animaux Pour prévenir d’autres contaminations, les chevaux atteints ont été mis en quarantaine ; certains ont été confinés dans leur box, d’autres mis dans le paddock 3 devenu une aire de quarantaine. Il faut noter que ce paddock est en contact direct avec un second paddock et un box, séparés uniquement par une barrière ou un mur. Cependant, seule Nakara a demeuré dans cette zone tout au long de sa pathologie. Tout animal présentant des lésions suspectes a été mis sous traitement préventif. En outre, du matériel dédié a été attribué à chaque animal malade. Ce matériel comprenant brosses, tapis de selle, sangle, licol, … Pour le matériel de club (usage commun) un nettoyage avec de la povidone iodée savon, plus un lavage en machine avec javel et à l’eau chaude a été mis sous la responsabilité des moniteurs, pour l’emploi. 3.2 Mesures prises au niveau de la structure Un atelier de formation interne du personnel sur les mesures de prophylaxie a été mis en place pour éviter toute contamination supplémentaire, ainsi qu’une brigade interne de surveillance de l’application des mesures sanitaires et une participation financière des membres du club à l’achat de produits de d’hygiène et de prophylaxie. De cette façon, chaque propriétaire a été sensibilisé sur la surveillance de son matériel, et le nettoyage de celui-ci. Il leur a été fortement conseillé d’éviter les prêts de matériel. Ce qui a été difficile à appliquer pour les cavaliers de club, car nombre d’entre eux ne venant qu’une fois par semaine, et empruntant souvent le matériel présent sans prendre en compte les risques éventuels de contamination.

88


Une aire de lavage spécialement dédiée aux animaux atteints a été aménagée au fond du club, près du paddock 3 (aire de quarantaine). Les locaux et les box ont été désinfectés et repeints à la chaux vive. En plus, le club a été dératisé. Cependant la promiscuité avec le parc forestier de Hann, ayant une forte densité de rats, amenuise l’efficacité de cette mesure. Les locaux et le sol ont été traités au TH4+, un désinfectant à base de 4 ammoniums quaternaires, de glutaraldéhyde, d’huile de pin et de dérivés terpéniques pour une puissante action bactéricide, virucide et fongicide mais aussi désodorisante. Le désinfectant a été dilué à raison de 40ml du produit pour 20 litres d’eau. Ce traitement a été fait par pulvérisation dans tout le club et s’est révélé très efficace. Le sol des paddocks et les pavés ont été traités au soufre pour ses propriétés fongicide (ralentissement de la croissance des spores fongiques voire destruction), sans entraîner de résistance. Quatre cuillères à soupe de poudre soufrée ont été ajoutées à 20 litres d’eau et ce mélange a été pulvérisé. Pour les zone les plus infectées (aire de quarantaine, aire de lavage dédiée, tombe de Nakara) le soufre en poudre a été déposé directement sur ces zones puis rincé à l’eau.

89


Chapitre 3 : RECOMMANDATIONS Tenant compte de nos résultats et à travers la littérature scientifique, des recommandations sont formulées pour une meilleure prise en charge de la lymphangite épizootique au Sénégal. Ainsi, les recommandations suivantes sont adressées aux acteurs de la filière équine  Aux services publics et autres professionnels de la santé animale:  doter les services vétérinaires des moyens logistiques en vue du diagnostic étiologique des lymphangites et des autres principales pathologies et l’application effective de la réglementation y compris le bien-être des équidés,  promouvoir et soutenir la recherche sur les zones d’ombre de cette maladie

(sources

de

contamination,

étiologie,

traitements

traditionnels, etc.)  renforcer l’encadrement technique des éleveurs et des usagers par la sensibilisation sur les grandes maladies des équidés, la vulgarisation des moyens de lutte, en particulier la déclaration précoce de maladie au vétérinaire, l'intérêt de la prophylaxie, et la conduite à tenir face à une maladie contagieuse au sein de l’élevage,  promouvoir la mise à disposition de médications efficaces et pas trop cher pour la filière équine,  encourager le recours au laboratoire pour confirmer ou infirmer les suspicions cliniques afin de traiter efficacement les maladies et éviter l’apparition de la résistance aux antimicrobiens, 90


 collecter des données pour le réseau d’épidémiosurveillance des maladies animales

 Aux propriétaires et autres usagers des chevaux :  sensibiliser

largement

sur

les

grandes

maladies

pouvant

compromettre la carrière d’un équidé, comme la lymphangite épizootique, en se basant sur les données scientifiques, afin d’amener les propriétaires et usagers de ces équidés à mieux combattre ces maladies,  comprendre l’intérêt de l’application des mesures préventives afin de limiter, voire éviter, les effets néfastes de la lymphangite sur la carrière, voire la vie des équidés,  respecter les mesures de police sanitaire appliquées par les services vétérinaires en cas de lymphangite épizootique,  porter une attention particulière au bien-être des équidés et à l'hygiène du travail, du harnachement, du matériel de pansage et de tout matériel surtout lors du contact des lésions suspectes,  procéder à l'isolement des animaux suspects de lymphangites pour éviter la contamination des animaux sains,  prendre des mesures idoines pour les chevaux morts de lymphangite épizootique.

91


 Aux coursiers et à la Fédération Sénégalaise des Sports Equestre (FSSE):  Procéder à une surveillance accrue de l’état sanitaire des équidés des différentes structures (organisateurs comme invités) avant l’organisation de chaque compétition. Dans la mesure où lors de ces évènements, le risque de rencontre et donc de contamination entre animaux sains et malades est fortement augmenté,  interdire le prêt de matériel entre les membres de différents clubs,  préparer des zones d’accueil bien séparées pour chaque écurie,  faire respecter la séquestration des structures atteintes en leur interdisant de participer aux compétitions jusqu’à la déclaration d’indemnité. Ceci implique une inspection régulière des services sanitaires pour parer à la mauvaise volonté de certains propriétaires.

92


CONCLUSION La lymphangite épizootique des équidés est une maladie fréquemment suspectée au Sénégal. Elle est d’évolution chronique occasionnant la baisse des performances de l’équidé atteint et sa mort. En effet, comme la prise en charge convenable des animaux malades est très tardive, l’évolution clinique de la maladie progresse et s’étend à différentes parties de l’organisme de l’animal (peau, voire viscères internes). Par ailleurs, la prise en charge des cas cliniques passe d’abord par un traitement traditionnel dont l’efficacité est douteuse, voire dangereuse. La présente étude a porté sur la prise en charge des cas de cette maladie dans une écurie de Dakar en 2011 et 2012. Elle a été basée sur la collecte des données auprès des professionnels mais également par des investigations cliniques et des analyses de laboratoire. En recoupant les informations transmises par les différents interlocuteurs, il apparaît que la lymphangite épizootique au Sénégal est caractérisée, entre autres, par les points suivants :  la difficulté d’établir un diagnostic de certitude, compte tenu du taux d’échec de l’analyse en culture et l’absence sur place d’autres méthodes de diagnostic,  la fragilité des chevaux importés face à cette affection,  l’efficacité apparente de nouvelles molécules,  l’importance de l’information et de la responsabilisation des personnes en contact direct avec les équidés,  l’importance de mettre en place des mesures préventives, d’un protocole de soin et de prophylaxie dès que la maladie est 93


suspectée ; ce qui s’avère très efficace dans une enceinte fermée comme un club hippique. Sur les 76 chevaux présents dans l’écurie, il y a eu 14 chevaux malades, déclarés ou suspects, soit 18,42% d’animaux atteints pour 81,58% d’animaux sains. Sur ces 14 chevaux malades, il y a 7 juments, 5 hongres et 2 entiers, soit 50% de femelles et 50% de mâles (dont 35,7% de hongres et 14,3% d’entiers). Selon les différentes catégories de chevaux malades, sur les 14 chevaux atteints, il y a une race locale, un poney et 12 chevaux importés, soit une majorité de chevaux importés affectés (85,7%). Par rapport aux tranches d’âge des animaux malades, 3 chevaux sont âgés de 0 à 5 ans, 7 dans la tranche 6 à 10 ans, 4 chevaux dans la tranche 11 à 15 ans et enfin aucun animal malade dans les tranches de 16 à plus de 20 ans. Donc, face à l’histoplasmose, tous les équidés sont réceptifs indépendamment du sexe et de l’âge. Cependant la sensibilité semble plus marquée pour les chevaux importés. Selon nos résultats, le manque d’application de mesures de biosécurité (hygiène défectueuse, partage d’équipement, non isolement des animaux malades, etc.) a été un facteur majeur de propagation de la maladie au sein de l’écurie de Dakar, Face aux nombreuses suspicions cliniques sur le terrain, le défi demeure le recours au laboratoire compétent pour leur confirmation ou infirmation, car les lymphangites sont d’étiologies diverses et le traitement efficace et sans risque de résistance anti-microbienne à long terme, dépend de ces étiologies. 94


Quant aux traitements, même si certaines molécules ont donné une amélioration, il reste à prouver, de façon scientifique, leur efficacité ; d’où la nécessité de les tester afin d’obtenir une AMM pour les équidés. Compte tenu de tous les facteurs limitants évoqués ci-dessus, il est primordial d’instaurer des mesures préventives afin de limiter l’apparition et les effets néfastes de la lymphangite épizootique. Ces mesures visent, entre autres, à (i) limiter, voire empêcher l’introduction du germe dans une écurie, (ii) assurer une bonne hygiène au sein des boxes et de l’écurie, (iii) éduquer le personnel, (iv) détenir des équipements et matériel adéquats et propres, (v) bien nourrir les animaux, (vi) déparasiter régulièrement et soigner les plaies des chevaux. D’autres actions encouragées,

suite

à

nos

résultats,

sont

formulées

dans

les

recommandations adressées aux différents acteurs de la filière équine du Sénégal (services publics, professionnels de la santé animale, propriétaires, Associations, etc.). Ainsi donc, l’application de ces recommandations va améliorer l’état sanitaire et le bien-être des équidés au Sénégal.

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BIBLIOGRAPHIE

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[2] BARONE R. 2011 Anatomie comparée des mammifères domestiques : Tome cinquième, Angiologie. (Deuxième édition) Editions Vigot : IV, 686 – 876p.

[3] DIOUF M., 2013 Dominantes pathologiques du cheval : cas des pathologies diagnostiquées en clinique équine au Sénégal. Thèse : Méd. Vét. : Dakar, 4 – 12p.

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[10] VIGNEAU J., 2013 La maladie pulmonaire obstructive chronique du cheval. Aspects cliniques et thérapeutique. Thèse : Pharma : Rouen, 3 : 66 – 105p.

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WEBOGRAPHIE

[11] GALOPIN http://www.galopin-fr.net/circul/lymphan.htm Consulté le 08/10/2015

[12] HARAS NATIONAUX http://www.haras-nationaux.fr/information/accueilequipaedia/maladies/maladies-infectieuses/lymphangiteepizootique.html Consulté le 18/08/2015

[13] HARAS NATIONAL www.harasnational.sn Consulté le 21/01/2016

[14] HIPPOLOGIE www.hippologie.fr/race-de-chevaux Consulté le 22/03/2016

[15] IVIERS http://www.iviers.com/boiterie.htm Consulté le 16/12/2015

98


[16] OIE http://www.oie.int/fileadmin/Home/fr/Health_standards/tahm/2.05.04_EPI Z_LYMPHANGITIS.pdf Consulté le 08/10/2015

[17] PONEY CLUB DAKAR http://poneyclubdakar.com/ Consulté le 22/09/2015

[18] PRESIDENCE www.presidence.sn/presidence/la-garde-rouge Consulté le 29/11/2015

[19] WIKIPEDIA https://fr.wikipedia.org/wiki/Sénégal Consulté le 12/08/2015 [20] RESEAU D’EPIDEMIO-SURVEILLANCE EN PATHOLOGIE EQUINE http://www.respe.net/system/files/20110101_N_LymphangiteEpizootique -GP.pdf Consulté le 09/10/2015

[21] VIDAL https://www.vidal.fr/ Consulté le 23/3/2016

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ANNEXES


ANNEXE 1 : Cheval de charrette atteint de lymphangite à Keur Massar (travaux pratiques troisième année)


ANNEXE 2 : Cheval de charrette atteint de lymphangite à SOVETA (travaux pratiques troisième année)


ANNEXE 4 : Tableau récapitulatif de la population globale d’équidés du PCH Numéro ligne 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41

Noms chevaux

Races

Sexes

Venezuela Vive le vent Attila Alkhoulaye Le sage Chrismas Chipie Epsilon Surprise Semperen Manolo Gigi Armstrong Dexter Cobalt Quarmina Lat dior Parachute Next Natashquan Utile Touareg Rokko Phoenix Prodas Calimca Koquine Quandor Ulfie Niagara Nikita Starlette Cameron Sultan Milkshake Sofia Rambo Poulain X1 Rubens Poulinière X1 Kalou

Importé Local Local Local Local Local Local Importé Local Importé Importé Importé Local Local Local Importé Importé Importé Importé Importé Importé Importé Importé Importé Local Importé Importé Importé Importé Importé Importé Importé Importé Importé Importé Importé Importé Local Importé Local Importé

Jument Hongre Hongre Entier Entier Hongre Jument Hongre Jument Entier Hongre Jument Hongre Hongre Jument Jument Hongre Hongre Jument Hongre Jument Jument Hongre Entier Hongre Jument Jument Hongre Jument Hongre Jument Jument Entier Hongre Hongre Jument Hongre Entier Hongre Jument Hongre

Âge 2012 4 3 4 15 13 10 12 20 6 6 7 4 2 2 3 8 8 9 11 11 4 5 7 9 3 4 14 8 4 11 11 6 8 6 12 6 7 1 7 8 5

Âge Remarques 2017 9 8 9 Décédé 18 15 A quitter le club 17 Décédé 11 11 12 A quitter le club 9 7 7 8 13 13 14 16 16 9 Décédé 12 14 8 9 19 13 9 16 A quitter le club 16 Décédé 11 A quitter le club 13 A quitter le club 11 17 11 12 6 A quitter le club Décédé 13 A quitter le club 10


42 43 44 45 46 47 48 49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75 76

Poulinière X2 Marla Illusion Marquise Kingsman Nakara Poulinière X3 Poulain X2 Speedy Sylvanna Siderlo Pamoiselle Cacahuète Malabar Astuce Ariel Blanche Iznogood Maximus Caramel Orion Bouba Mika Balou Luciole Simba Voyou Hercules Esmeralda Panpan Caspusle Crunch Lulu Capuchino La taupe

Local Importé Importé Importé Importé Importé Local Local Local Local Local Importé Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney Poney

Jument Jument Hongre Jument Entier Jument Jument Jument Jument Jument Jument Jument Entier Entier Jument Jument Jument Hongre Hongre Hongre Hongre Hongre Jument Hongre Jument Hongre Hongre Hongre Jument Hongre Jument Hongre Hongre Hongre Jument

5 12 16 12 5 11 15 1 12 2 15 9 4 6 2 7 7 15 2 3 10 2 17 15 1 22 15 15 16 17 1 2 14 15 11

10 Décédé Décédé 17 10 20 6 17 7 14 9 11 7 12 12 20 7 8 15 7

Décédé A quitter le club A quitter le club

Décédé A quitter le club

Décédé 20 6 Décédé 20 20 21 22 6 Décédé 19 20 16


ANNEXE 5 : Tableau récapitulatif du traitement de NIKITA Mois

Jours (date) Septembre 12 2012 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 Octobre 1 2012 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21

Traitements reçus

Remarques

20 ml de pénicilline streptomycine 250 ml d’iodure de sodium

250 ml d’iodure de sodium matin et soir 250 ml d’iodure de sodium matin et soir 250 ml d’iodure de sodium matin et soir 250 ml d’iodure de sodium matin et soir

500 ml d’iodure de sodium

Cautérisation 250 ml d’iodure de sodium 250 ml d’iodure de sodium Ornipural, carbesia, calmagine 250 ml d’iodure de sodium 15g d’itraconazole matin et soir 15g d’itraconazole matin et soir 250ml d’iodure de sodium 15g d’itraconazole matin et soir 15g d’itraconazole matin et soir 15g d’itraconazole matin et soir 250ml d’iodure de sodium 15g d’itraconazole matin et soir 15g d’itraconazole matin et soir 15g d’itraconazole matin et soir 250ml d’iodure de sodium 15g d’itraconazole matin et soir 15g d’itraconazole matin et soir 15g d’itraconazole matin et soir 250ml d’iodure de sodium 15g d’itraconazole matin et soir 15g d’itraconazole matin et soir 15g d’itraconazole matin et soir

Signes de piroplasmose 39,2°C 38,8°C 38,7°C 38,4°C 37,4°C 37,0°C


22 23 24 25 26 27 28 29 30

31 Novembre 2012

1 2

3 4 5 6

7 8 9

10 11 12 13 14 15 16 17 18 19

15g d’itraconazole matin et soir 250 ml d’iodure de sodium matin et soir

Prélèvement

Résultats 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 250 ml d’iodure de sodium 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 250 ml d’iodure de sodium 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 250 ml d’iodure de sodium 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 250 ml d’iodure de sodium 20 ml de pénicilline streptomycine 15g d’itraconazole matin et soir 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 250 ml d’iodure de sodium 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 250 ml d’iodure de sodium 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 250 ml d’iodure de sodium


20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 Décembre 2012

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29

20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 250 ml d’iodure de sodium matin et soir 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 250 ml d’iodure de sodium 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 250 ml d’iodure de sodium 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 250 ml d’iodure de sodium 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 250 ml d’iodure de sodium 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 250 ml d’iodure de sodium 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 250 ml d’iodure de sodium Nettoyage à la teinture d’iode 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 20 ml de pénicilline streptomycine 250 ml d’iodure de sodium 20 ml de pénicilline streptomycine retard 250 ml d’iodure de sodium 250 ml d’iodure de sodium


Janvier 2013 Mois suivants

30 250 ml d’iodure de sodium 31 1 2 250 ml d’iodure de sodium Dans les mois qui ont suivis la rémission de Nikita, aucune lésion de lymphangite n’est réapparue. Cependant la jument a présenté divers troubles caractérisés par une perte de poids avec difficultés à en reprendre et des baisses de formes sporadiques. Elle a reçu un traitement de soutien hépatorénale pendant plusieurs mois avec un supplément alimentaire et vitaminés. Malheureusement elle est décédée en 2015 suite à une infection rénale.


SERMENT DES VETERINAIRES DIPLOMES DE DAKAR « Fidèlement attaché aux directives de Claude BOURGELAT, fondateur de l’enseignement vétérinaire dans le monde, je promets et je jure devant mes maîtres et mes aînés :

 d’avoir en tous moments et en tous lieux le souci de la dignité et de l’honneur de la profession vétérinaire ;

 d’observer en toutes circonstances les principes de correction et de droiture fixés par le code de déontologie de mon pays ;  de prouver par ma conduite, ma conviction, que la fortune consiste moins dans le bien que l’on a, que dans celui que l’on peut faire ;

 de ne point mettre à trop haut prix le savoir que je dois à la générosité de ma patrie et à la sollicitude de tous ceux qui m’ont permis de réaliser ma vocation.

Que toute confiance me soit retirée s’il advient que je me parjure »



ETUDE SUR DES CAS DE LYMPHANGITE EPIZOTIQUE DANS UNE ECURIE DE DAKAR RESUME

La lymphangite épizootique est une maladie réputée contagieuse, potentiellement mortelle, récidivante et difficile à éradiquer. Elle est causée par un champignon, Histoplasma farciminosum, et elle se caractérise généralement par des lésions de type nodulaires évoluant en abcès le long des trajets lymphatiques. Cette pathologie, très répandue au Sénégal, est mal prise en charge. Ce travail a pour but de faire l’état des lieux sur la prise en charge des cas cliniques dans une écurie de Dakar de 2011 à 2012. Les enquêtes de terrain, l’examen clinique, et des traitements ont porté sur 14 chevaux malades parmi les 76 chevaux présents dans l’écurie, soit 18,42% d’animaux atteints. Sur les 14 chevaux malades, il y a 7 juments, 5 hongres et 2 entiers. Selon les différentes catégories de chevaux malades, une majorité de chevaux importés sont affectés (85,7%). L’âge des animaux malades se situe entre 3 et 15 ans. Selon nos résultats, le manque d’application de mesures de biosécurité (hygiène défectueuse, partage d’équipement, non isolement des animaux malades, etc.) a été un facteur majeur de propagation de la maladie au sein de l’écurie de Dakar. Le traitement par des molécules comme l’itraconazole et le fluconazole semble efficace, mais il reste très coûteux et du domaine expérimental. Au vu de nos résultats, des recommandations sont formulées aux différents acteurs de la filière équine du Sénégal. Mots-clés : lymphangite épizootique – cheval – écurie – Dakar Auteur : Mme Anouck BANCAL Email : anouckbancal@hotmail.fr Tél : +221 77 143 03 94 Hann Plage n°3, Dakar Sénégal ANNEE 2018. N° 7


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