3 minute read

INTRODUCTION VILLE, HYGIÈNE ET PANDÉMIES LA CRISE DU COVID 19 COMME ÉLÉMENT DÉCLENCHEUR

Next Article
ANNEXE

ANNEXE

6

Introduction

Advertisement

VILLE, HYGIÈNE ET ÉPIDÉMIES

« Dès sa naissance au XIXe siècle, l’urbanisme a entretenu un rapport étroit avec les problèmes de santé et, par contrecoup, avec la médecine, ses progrès, ses découvertes, ses difficultés. La santé publique a, en effet, constitué une de ses principales préoccupations face aux questions cruciales que posait l’extension brutale et anarchique de la ville, en particulier la multiplication d’épidémies ravageuses. » (Levy, 20121)

L’histoire des pandémies a toujours été intrinsèquement liée à celle de l’urbanisme, de l’aménagement du territoire et de l’architecture. L’aménagement de l’environnement naturel ou bâti a été à la fois une préoccupation pour les médecins et les ingénieurs et une réponse aux questions sanitaires qui venait accompagner les interventions sur le corps et la pharmacologie.

Le courant hygiéniste, a débuté avec Pasteur, mais dont les origines sont à chercher au XVIIIe siècle, a depuis longtemps structuré le développement des villes et les épidémies ont toujours laissé leur empreinte sur les villes. De nombreuses maladies (Ebola, Sars, Mers, Zika, Covid-19...) se sont propagées durant les dernières décennies à une échelle et une fréquence croissante. Alors que le monde entier vit aujourd’hui la pandémie de la Covid-19, un retour sur l’histoire de l’hygiène des villes offre une mise en perspective essentielle et un bon début de réflexion de ce mémoire de recherche.

Depuis l’Antiquité, plusieurs villes et quartiers ont été détruits et remodelés de façon à reconstruire un habitat plus sain. L’urbanisme est donc venu apporter des solutions là où la médecine avait besoin de plus de temps pour comprendre et décrypter l’origine et le remède de ces épidémies. Comme résume l’architecte Philippe Rahm2i « L’urbanisme va donc s’évertuer à apporter la bonne santé en mettant l’air en mouvement, pour chasser les miasmes et mauvaises odeurs »

1 Levy, Albert , Ville, urbanisme et santé : les trois révolutions, Mutualité Française/Editions Pascal, 2012 2 Rahm,, Philippe architecte formé à l’EPFL et auteur du livre « Histoire naturelle de l’architecture/ Comment le climat, les épidémies et l’énergie ont façonné la ville et les bâtiments» page 98.

Récemment, la prise de conscience collective sur les questions de santé a été concrétisée avec l’édition 2019 de Détours Prospectifs qui s’est déroulée le 1er avril et qui met l’accent sur la place de la santé au sein des politiques urbaines avec l’intervention d’une centaine de participants. Elle a été organisée dans un contexte différent de ce que nous vivons aujourd’hui puisque c’était à quelques mois avant le début de la crise de la covid-19.

L’analyse sur le temps long des facteurs urbains et environnementaux de la santé présentée par Albert Levy dans la même manifestation retrace le parcours de l’ urbanisme hygiéniste et met en relation la crise sanitaire de 2019 (maladies chroniques) avec les crises sanitaires du XIXe et débuts du XXe siècle. Dans son ouvrage « ville, urbanisme et santé », Il donne plusieurs exemples à travers le monde, en France, en Espagne, en Angleterre et aux États-Unis. Des exemples très différents, mais qui s’inscrivent dans la même logique d’amélioration de l’hygiène de vie et par conséquent d’éviter les tournures dramatiques que les pandémies prenaient (18 500 morts de choléra à Paris en six mois par exemple).

Il a donné l’exemple des grands travaux publics engagés par Haussmann en 1853 en intervenant en grande partie sur l’espace public en commençant par l’élargissement de la voirie avec un réseau de grandes percées et y intégrer un réseau d’adduction d’eau et d’égouts pour l’assainissement, le réaménagement des places et des carrefours végétalisés pour apporter de l’oxygène et enfin la construction de nouveaux ilots autour d’une cour dans le but de ventiler et d’aérer la ville.

Le deuxième exemple est celui de Barcelone avec sa trame d’ilots régulière développée par Ildefons Cerdà, un nouveau concept d’ilot ouvert avec jardin intérieur développé dans son livre Teoria general dela urbanizacion (1867)3 et en troisième lieu, le modèle de cité-jardin avancé par Ebenzer Howard en Angleterre qui, dans une optique hygiéniste, combine les avantages de la ville et de la campagne.

3 Cerdà, Ildefons, Teoria general dela urbanizacion (1867) - la « médicalisation » de l’espace, - page 241

This article is from: