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1.2 Un projet de réhabilitation et de sauvegarde de l’ilot n16
1.2 Un projet de réhabilitation et de sauvegarde de l’ilot insalubre n°16
En réaction aux protestations contre le plan initial, un nouveau plan d’aménagement A été proposé par les trois architectes Robert Danis, Albert Laprade et Michel Roux-Spitz, désignés par arrêté préfectoral le 21 février 1944.
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La méthode de réaménagement proposé pour l’ilot est celle du curetage qui est devenue très répandue dès les années 40 et qui consiste à assainir les bâtiments sans nuire à leur aspect extérieur. À la recherche d'une évolution moins brutale et plus progressive, les transformations urbaines ont donc pris plusieurs formes allant de l’éradication des constructions parasitaires qui encombrent les cœurs d’ilots et d’hôtels afin de restaurer l’ensoleillement et l’aération de tous les bâtiments jusqu’à la conservation que des façades sur rue, renforcées parfois par des ossatures de fer ou de béton.
Figures 15 : Aménagement ’de l’îlot insalubre n°16, d’après Robert Auzelle dans Destinée de
Paris 1943
Albert Laprade s’est opposé fortement au premier projet du « tout-à-jeter », et soutient une autre manière de faire plus douce et moins radicale en s’inspirant de l’exemple de la ville de Berne et en rétablissant la santé des maisons par des soins pour les ilots du centre de Paris.
Le souci de l’existant et le maintien du caractère archéologique et la conservation du patrimoine historique et artistique ont été au cœur des éléments de doctrines qui guidaient la réalisation du nouveau projet.
En procédant aux différentes expropriations, la préfecture de la Seine avait comme intention non seulement le curetage du bâti, mais également celui de la population la plus défavorable. La raison hygiéniste avancée au grand public et la volonté d’aérer les ensembles d’immeubles et de libérer les cours intérieures en y aménageant des jardins cachaient une raison sociale moins avouée de chasser les étrangers de race juive principalement qui occupaient les lieux à l’époque et de privilégier l’attribution des logements aux artistes et savants.
La Cité internationale des Arts, construite de 1960 à 1965 par l’architecte Paul Tournon sur le quai de l’Hôtel-de-Ville face à la Seine, fait partie des premiers projets qui ont concrétisé cette métamorphose sociologique du quartier puisqu’elle permettait d’accueillir des artistes professionnels venus du monde entier dans 291 ateliers-logements.
Le premier plan de la figure ci-dessus montre les masses construites avant toute démolition. Les surfaces blanches indiquent les cours qui assuraient seules la respiration du quartier. Le troisième plan de l’ilot indique les masses construites et les espaces libres après transformation et curetage du quartier. Pour des soucis d’hygiène et d’aération, l’aménagement des jardins des vieux hôtels et des jardins d'enfants et des cours qui permettent l'ensoleillement des toutes les habitations et constituent des lieux de repos accessible au public et placé à l'abri des circulations et des poussières.
Les ilots proposés par Michel Roux-Spitz assuraient une ouverture maximale et s’articulent autour des jardins des hôtels. Comme le montre le 4e plan de la figure cidessus, la végétation est davantage plus présente dans la nouvelle proposition dans le but d’assurer un cadre de vie plus sain pour les habitants. Les immeubles sont reconstruits à l’identique, avec façade déplacée ou sont accompagnés de nouveaux immeubles d’accompagnement en harmonie avec celles de leurs voisins.
Figure 16 : Projet de A. Laprade, M. Roux-Spitz, et R. Danis architectes, 1943, L'architecture française, n°41, mars 1944. Source : Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, cote 2005/023/0002.
Figure 17 : Projet de Michel Roux-Spitz pour la rue de la reconstruction de la rue de la Mortellerie (emplacement actuel de la cité des arts).
À ce moment-là, il apparait pour la première fois dans le n°41 de « L'architecture française » le terme de l’urbanisme de la santé, du relogement sans massacre. Un urbanisme qui met la santé et le bien-être au centre des propositions d’aménagement.