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LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XIXE SIÈCLE

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ANNEXE

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CHAPITRE 2 : MUTATIONS DES USAGES ET DES PRATIQUES DE L’ESPACE PUBLIC

1. MUTATION DU STATUT DE LA RUE PARISIENNE PENDANT LA PREMIÈRE MOITIÉ DU XIXE SIÈCLE

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La rue parisienne a connu au XIXe siècle de très nombreuses transformations qui concernent à la fois les usages et les pratiques que la réglementation dont elle fait l’objet pour répondre aux enjeux de circulation, mais aussi d’hygiène.

En commençant par les mutations du statut de la rue parisienne au moment de l’expansion de la deuxième pandémie de choléra en Europe. Le texte de loi 1829 pose comme principe que la rue est un espace public, dédié à la circulation, que toute occupation privative est une exception soumise à autorisation, et que les chantiers de travaux qui s’y déroulent doivent respecter des règles destinées à prévenir les accidents.

L’espace public parisien, et plus particulièrement les rues ont été tellement encombrées qu’il est devenu difficile de circuler, ce qui a participé en grande partie à l’insalubrité des quartiers.

Le principe de base des premières mutations reposait sur l'élargissement des voies tout en préservant une unité d'échelle des rues de Paris. En mettant l’hygiène au cœur du débat, le but était de rendre l'air plus salubre et de faciliter la circulation des personnes.

Le décret de 1884 définit les hauteurs des façades autorisées en fonction de la largeur des rues :

Largeur de la rue

Inférieure à 7,80 m Hauteur maximale

12 m

Entre 7,80 m et 9,74 m 15 m

Entre 9,75 m et 20 m 18 m

Supérieure à 20 m 20 m

Source : APUR - Réglements et tissus urbains, 1973 https://50ans.apur.org/

Ces règlements d’élargissement ont été accompagnés d’un développement du système des égouts et d’assainissement ainsi que l'obligation d'abonnement aux eaux de la ville et de la prise en charge des frais d'établissement des premiers trottoirs par les riverains. Cette réglementation a permis de redéfinir les limites entre l’espace public et l’espace privé et a servi comme base pour le modèle de l’espace public actuel.

Figure 23 : Voie Philippe Auguste – pavage en pierre XIXe siècle

Deux grands enjeux ont orienté l’évolution des pratiques et des usages de l’espace public parisien au XIXe siècle et ont continué à le faire pendant plus d’un siècle, les préoccupations hygiénistes mis en évidence par l’épidémie du choléra et l’apparition de nouveaux modes de transports en commun qui a permis la réorganisation des circuits domicile/travail.

Au cours du XIXe siècle, Paris est passée d’un transport individuel très restreint et un transport de marchandises dominant à la généralisation du transport en commun sous ordonnance de la police en janvier 1828 dans une politique d’intensification de la circulation accompagnée par une diversification de l’offre de transport (voir tableau ci-dessous)

« L’établissement, dans Paris, de voitures pouvant contenir un grand nombre de personnes, et destinées à transporter, à bas prix, les habitants de certains points de la ville à d’autres points également fixés, en suivant des itinéraires tracés par l’administration »

Tableau : Le parc de véhicules parisiens, XIXe siècle - Recherches statistiques sur la ville de Paris et le département de la Seine, 1821 Armand Husson

Les nouveaux aménagements urbains à l’époque se sont aussi inscrits dans cette politique d’intensification de la circulation pour une rue plus efficace au détriment de toutes les activités sociales et les usages qui ont été jugés indésirables par la Préfecture de Police telle que les arts de la rue et les manifestations politiques.

Figure 24 : Estampe, Honoré Daumier. Jeu de ballon sur les Champs Élysées. Paul de Kock, Paris, Bibliothèque du musée d’Orsay.

« Le spectacle si varié de la rue, avec les cortèges, les processions, les cérémonies civiles et religieuses, les fêtes populaires, les baladins et les chanteurs des rues […], avec les cris des métiers, avec les enseignes qui sont le reflet des idées et des mœurs »

BAILLÈRE, La rue Hautefeuille, son Histoire et ses habitants (Propriétaires et locataires) 1252-1901, Contribution à l’histoire des rues

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