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BUREAUX TRAVAILLÉS

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ABSOLUMENT MODERNE

ABSOLUMENT MODERNE

LE CHOIX DE L’ÉLÉGANCE

PAGE DE GAUCHE Dans la grande pièce, devant une photo de Sam Samore, sur la table en bois et liège de Paul Frankl, céramique « Face cachée de la Lune », Lucien Petit, Galerie Maison Verrsen, et vase en céramique émaillée d’Antonio Lampecco, Galerie 2021 Design, chaises « CH23 » de Hans J. Wegner, Carl Hansen & Son, tapis en laine, en aloe vera et banana silk, dessiné par Sandra Benhamou, Codimat. Au fond, cabinet « Tempus » d’Ettore Sottsass, 1965, Poltronova.

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PAGE DE DROITE L’architecte d’intérieur Sandra Benhamou au pied d’une applique « Star Wars » de Guy Bareff, Galerie Desprez Breheret.

Un espace de travail pensé comme un lieu de vie ! Le choix de l’architecte d’intérieur Sandra Benhamou s’inscrit dans une philosophie globale qui revendique l’élégance paisible. Ses bureaux et showroom de la place du Palais Bourbon font écho à ses intérieurs, dont l’écriture reste une recherche évidente et sensible de sérénité.

MEUBLES SIGNÉS

PAGE DE GAUCHE Sous une suspension « Akari 120A » d’Isamu Noguchi, Vitra, table en bois et liège de Paul Frankl, chaises « CH23 » de Hans J. Wegner, Carl Hansen & Son, et fauteuil « Daf » de George Nelson pour Herman Miller. Dans la bibliothèque en palissandre, Galerie Déjà Vu, un vase Fornasetti, Galerie 2021 Design, et un double vase en céramique émaillée, 1955, d’Ettore Sottsass, Bitossi.

PAGE DE DROITE Dans l’espace cuisine en travertin et noyer, dessinée par Sandra Benhamou, miroir de Vittorio Introini, Saporiti Italia, 1970, et tabourets « S01C » de Pierre Chapo. Sur le comptoir, céramiques de Frédérick Gautier, Serax, à côté d’une sélection d’échantillons de matériaux et d’une coupe chinée. Au fond, cabinet « Tempus » d’Ettore Sottsass, 1965, Poltronova. Suspension, Stilnovo.

Comment révéler à ses clients ses choix, ses inspirations et son sens des finitions ajustées. « Mieux qu’une carte de visite ou qu’une projection en 3D », à l’époque du tout virtuel, l’architecte d’intérieur Sandra Benhamou choisit de concevoir ses bureaux comme un espace de vie, plongeant les visiteurs en situation réelle. Toucher, voir, approcher de près pour apprécier le goût du détail, les nuances des camaïeux, la douceur de la pierre, et retrouver des sensations, donnent ainsi vie aux idées. « L’intention était de créer un lieu unique qui me ressemble, comme un échantillon grandeur nature de mon savoir-faire afin d’inviter mes clients à se projeter et éviter l’abstraction. Ici, tout est dit, l’appartement pose les grandes lignes, il réunit une cuisine, une salle de bain, un coin repas, un salon. Ces pièces-clés composent tous les projets, apportent des réponses et donnent un aperçu en temps réel de mon univers. L’ensemble, réalisé sur mesure, met en scène mes collections de mobilier, mes sélections signées et offre une démonstration concrète de mes recherches et des traitements des matériaux que j’aime particulièrement travailler », explique l’architecte. Cet espace hybride sur mesure et cousu main accueille autant la réflexion que l’inspiration et l’échange. « J’ignorais combien l’actualité de ces dernières années donnerait du sens à ce choix. Ici, la dimension sensible de l’espace de travail s’inspire de l’esprit maison. Ces bureaux sont aussi source de partage… on y dîne, on y reçoit, on y cultive la désirabilité des pièces et des œuvres choisies au gré des découvertes. » Discrète, secrète, lumineuse, l’architecte d’intérieur Sandra Benhamou se fond dans le décor. À son image, son univers associant matières, textures aux nuances subtiles, camaïeux de grèges, fait le choix de la délicatesse, de l’effacement, pour ne garder que la profondeur des impressions. Une élégance qui fait la force intérieure de ses décors où fusionnent les bois, les travertins et les pierres dans de belles correspondances tactiles. Sept pièces de sa collection seront présentées dans le cadre de la Design Week du 9 au 18 septembre, dans son showroom de la place du Palais Bourbon. Éloge de l’épure, elles mettent à l’honneur ses matériaux fétiches. La collection « Marfa », baptisée du nom de la ville du Texas où Donald Judd créa sa fondation d’art dans les années 1970, répond à la passion de la créatrice pour l’art minimal. Une table de quatre mètres de long, un tapis, un pouf, un bar, des appliques… explorent la ligne pure et les assemblages de bois massifs. Un avant-goût de la scénographie qu’elle mène, dans le même temps, en duo avec Pierre Gonalons au Bon Marché, où leurs créations feront l’objet d’un décor à quatre mains au cœur de la sélection maison.

HISTOIRE ET DESIGN

PAGE DE GAUCHE En reflet sur la porte vitrée dessinée par Sandra Benhamou, miroir de Vittorio Introini, Saporiti Italia, 1970, et tabourets « S01C » de Pierre Chapo. Suspension, Stilnovo.

PAGE DE DROITE Dans une bibliothèque, chinée, Addict Galerie, céramiques scandinaves et petite lampe en céramique de Georges Pelletier, devant, fauteuil « Dolly », collection Ginger, Sandra Benhamou.

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TRAVAIL COLLECTIF

PAGE DE GAUCHE 1. Dans la salle de bain, la vasque et le banc sont en travertin et les murs en tadelakt, l’ensemble Sandra Benhamou. 2. Sur les étagères, une collection d’échantillons de matériaux et de textiles révèle les gammes nuancées et naturelles qui signent les projets de l’architecte. 3. Dans la cuisine, une crédence en travertin non rebouché de 3 mètres 30 de hauteur est associée à des placards en noyer et la hotte est masquée par un enduit peigné réalisé par Solène Eloy, L’Atelier du Mur. L’ensemble est réalisé sur mesure par Sandra Benhamou. 4. Détail du tapis en laine, aloe vera et banana silk, dessiné par Sandra Benhamou, Codimat. PAGE DE DROITE Réunion de travail avec Christina, dans le fond, Béatrice, à droite, et Amélie, l’équipe qui travaille aux côtés de l’architecte. Photographies des Rita Mitsouko, Catherine Ringer et Fred Chichin, par Youri Lenquette pour leur album « Tongue Dance ». Suspension « G Model », Anour.

Adresses page 168

FRESQUE D’INSPIRATIONS

Esprit bivouac dans le bureau d’Olivier Saguez, contrastant avec les moulures en chêne de l’appartement parisien XVIIIe siècle. Réalisée par Manganèse Éditions, l’architecture intérieure est ici inspirée du campement. Derrière la table- bureau « Solvay » de Jean Prouvé, éditée par Vitra, chaise, design Mies van der Rohe, Vitra, et une fresque-mémoire imaginée par le designer, qui réunit ses inspirations. Lampe « Béton », de Le Corbusier, Nemo Lighting.

L’INTIME RÉFLEXION

Quel bureau après la crise sanitaire ? La réponse mute, comme le virus, qui nous aura conduit à revoir notre logiciel personnel. Cette réflexion sur l’évolution du cadre de travail, Olivier Saguez la poursuit depuis longtemps. Bien avant les effets collatéraux de la Covid 19, qui auront accéléré les prises de conscience et de réorganisation. Aujourd’hui il nous dévoile son bureau personnel, un espace qui conjugue travail et intimité.

Pour Olivier Saguez, designer et fondateur de l’agence Saguez & Partners, le télétravail doit se conjuguer avec une vie en entreprise et de véritables échanges, à combiner si besoin avec l’utilisation de tiers-lieux. Une approche plus souple, moins figée, qui permettrait à terme de concevoir son propre modèle d’organisation. « Le travail à domicile ne peut être l’unique réponse. Pour cela, il faut penser et installer les conditions du mieux vivre en entreprise. Plus d’espace, intérieur et extérieur, de végétation, de confort, d’ergonomie, de convivialité, de plaisir à échanger, à construire ensemble, plus de lumière, d’air naturel avec des fenêtres qui ne font pas semblant de s’ouvrir, et une recommandation d’espace de dix à quinze mètres carrés par salarié. » Les bases sont posées. « Je ne crois pas plus aux grands espaces ouverts qu’au seul recours au télétravail. Il faut des alternatives », indique Olivier Saguez, qui a installé son entreprise dans l’ancienne halle industrielle d’Alstom, à Saint-Ouen. Pour accompagner ses recherches prospectives, Manganèse Éditions a imaginé pour Saguez & Partners, le « Bivouac Desk », « le bureau qui donne envie de retourner au bureau ». Une réflexion qui vise « à renouer le lien social dans l’entreprise et à retrouver l’énergie du travail collectif. La relation avec l’entreprise a manqué aux collaborateurs mais, dans un contexte de crise sanitaire, le retour au bureau doit se faire en sécurité et s’adapter aux mesures gouvernementales qui évoluent au fur et à mesure de la situation. Et parce que l’éthique et l’écoresponsabilité sont devenues des critères essentiels, le choix des prestataires, la traçabilité des matériaux, donnent du sens à l’aménagement d’un meilleur environnement de travail », explique l’équipe de Manganèse Éditions. C’est aussi dans ce contexte et à l’occasion d’un déménagement, qu’Olivier Saguez a repensé son propre bureau. « Je cherchais à me mettre à distance, à prendre du recul et à réorganiser mon rythme de travail. L’effet Covid est venu préciser cette impression. » C’est donc dans une architecture XVIIIe que l’espace prend forme. Une entrée commune distribue bureau et pièces privées. Derrière une porte à double battant, un vaste volume accueille les idées et les échanges. Pour ce qui est du décor, il se veut avant tout propice à la réflexion. Olivier Saguez a choisi la table-bureau « Solvay » de Jean Prouvé, sur fond de fresque-mémoire qui réunit ses inspirations. « Se souvenir de ce qui construit notre pensée est important. » La lampe « Béton » de Le Corbusier, mais aussi deux grandes bibliothèques en chêne tapissées de vert, un ancien bureau de médecin de campagne, chiné aux Puces de Saint-Ouen, les canapés « Can » vert sapin, dessinés par Ronan & Erwan Bouroullec pour Hay, une chaise « Standard » de Jean Prouvé, une aquarelle de Gérard Traquandi, une lithographie de Jean Dubuffet… complètent l’association à côté d’un parquet peint en gris anthracite mat et de boiseries magnifiées. L’ensemble a été réalisé par Manganèse Éditions. Là encore, autour d’un esprit bivouac qui se conjugue parfaitement au classicisme du lieu. « Le télé travail a considérablement modifié notre rapport à l’autre, il nous a coupé des énergies communicatives. Chez soi, il faut s’inventer des rituels, visualiser sa page blanche, tailler son crayon, s’installer confortablement, se déplacer mentalement… » L’idée du mouvement reste bel et bien essentielle. Adresses page 168

ESPACE À CONCEVOIR

PAGE DE GAUCHE Parquet teinté en gris et cadre des fenêtres surligné en noir. Deux bibliothèques en chêne tapissées d’un fond vert. « Appliques de Marseille », Le Corbusier, années 1940, chinées aux Puces de Saint-Ouen. Aquarelle de Gérard Tranquandi, lithographie de Jean Dubuffet.

PAGE DE DROITE 1. Olivier Saguez, designer et fondateur de l’agence Saguez & Partners, à la Manufacture Design. 2. Ancien bureau de médecin de campagne, chiné aux Puces de Saint-Ouen. 3. Canapés « Can », de Ronan & Erwan Bouroullec, Hay. 4. Sur la table, carnet d’Olivier Saguez, renfermant informations et réflexions. Chaise « Standard » de Jean Prouvé, Vitra.

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