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RUCHE À IDÉES

SUR MESURE

Dans cet ancien atelier de joaillerie, le studio be-poles investit un large espace qu’il envisage le plus ouvert possible, à la circulation fluide, favorisant les échanges. Antoine Ricardou conçoit le mobilier et les rangements. Les étagères murales modulables, avec tablettes étirables se transformant en planche de travail, permettent un classement lisible. Les échantillons de matières sont rangés dans des casiers rouges, Auer, et la documentation dans les boîtes sans agraphes ni colle, CXD France.

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Fondateurs du studio be-poles, agence de communication visuelle et d’agencement intérieur, Antoine Ricardou et Clémentine Larroumet ont repensé leurs bureaux, leur vocation et leur fonction, les volumes et l’agencement. Dans une vision plus large, ils mêlent « création et façon », invitant l’artisanat aux côtés du design, au service de nouveaux projets dont l’édition d’objets.

1.

2.

MULTIPLES USAGES

PAGE DE GAUCHE 1. Dans la bibliothèquesalle de dessin, on retrouve sur les étagères les ouvrages qui ont inspiré les différents projets du studio. Au mur et sur des meubles de rangement, USM, dessins, photographies et croquis s’alignent en préparation de l’exposition d’Antoine Ricardou à la librairie des Alpes, à SaintGermain-des-Prés, sur la montagne, un thème qui lui est cher. 2. Espace dédié à l’élaboration des projets, des maquettes et des identités visuelles.

PAGE DE DROITE La salle de réunion vitrée, à la croisée du café, de l’espace de conception et de celui dédié au « faire ». Prototype d’une lampe, pied en carotte de béton récupérée sur un chantier et recyclée, luminaires- tubes, DCW éditions.

CAFÉ D’ACCUEIL

On pénètre dans l’atelier en traversant la cours d’un immeuble Napoléon III. L’entrée prend la forme d’un café, révélant le sens de la convivialité cher à be-poles. Ce large comptoir en carreau, Dtile, invite à déguster les cafés de la Brûlerie des Gobelins. Les menus sont peints à la main par l’Atelier 6 lettres. Les luminaires « In the tube », DCW éditions, structurent le lieu. Au fond, l’espace dédié à la partie maison d’édition et à l’eshop.

L’importance de se réunir pour créer. » Be-poles quitte le ciel de Beaubourg pour un rez-dechaussée sur cour rue Saint-Lazare, dans un ancien atelier de joaillerie et de bijouterie qui réalisa une des couronnes de la reine d’Angleterre. Antoine Ricardou désire retrouver l’idée même de l’atelier : « la manière dont j’ai étudié durant mes études d’architecture, cet esprit de convivialité, d’échange ». Il pense à celui d’Alvar Aalto, vaste lieu multifonction, de la gestation des projets au prototypage de ses meubles courbes. Il lui rend ici hommage, libérant les volumes, accentuant le côté « fabrique ». « Les murs ont été simplement grattés, puis peints au karcher, sans enduit préalable. Non seulement le procédé est économique, mais également écologique. » Reprenant le contreplaqué cher à l’architecte finlandais, dans une version en okoumé, un bois originaire du Cameroun, Antoine Ricardou dessine l’ensemble du mobilier. « C’est aussi un laboratoire du “faire”. » Dès l’entrée, un immense comptoir en carreaux blancs, Dtile, surmonté de tubes luminescents bicolores, DCW éditions, évoque les cafés de Brooklyn. Machine à expresso professionnelle, fours à pain et à pizza, évier, de la marque Chambord, la cuisine se prête à toutes les expériences. « Une équipe grecque est même venue tester ici, avec nous, un concept de futur restaurant parisien », indique Antoine Ricardou. Dans le prolongement de cette entrée archi- hospitalière, d’autres plans de travail, massifs, toujours en okoumé, se réservent aux objets en cours d’élaboration, lampes en céramique, en carottes de béton récupérées sur les chantiers, abat-jour… Le long des murs, s’alignent les produits édités par be-poles : la collection de livres « Portraits de villes », les sacs en papier kraft, les soins écocert à l’eucalyptus, ainsi qu’une presse pour la gravure en taille-douce et un four à céramique.

« Nous sommes la matière que l’on engrange. » Les casiers et boîtes de rangement alignés sur les étagères murales renferment tout ce qui a été glané par les uns et les autres. Antoine Ricardou avoue même avoir ramené d’Inde un sac de courses en plastique aux proportions parfaites. Des exemples de typographies côtoient des pantoniers, des textiles, différents bois, quelques cailloux, des cartes postales anciennes… Tous portent en eux des idées en devenir. Avec ces bureaux, ils ajoutent à leur activité l’artisanat, notamment pour la fabrication d’objets à venir. Pour les tréteaux qu’il vient de concevoir, il s’est rappelé ceux d’Yves Saint Laurent, avec qui il a travaillé, quand Clémentine Larroumet et lui débutaient leur carrière. Le rapport entre forme et fonction guide toujours les deux associés dans l’élaboration d’objets. Leur nouvelle « factory » offrira bientôt la possibilité de les acquérir. Un banc réalisé pour l’hôtel Barn est déjà disponible.

LE SENS DU DÉTAIL

Dans l’espace dédié aux éditions be-poles, Antoine Ricardou a imaginé des étagères en okoumé et des plans verticaux en contreplaqué perforé avec un système de crochets, pour y suspendre les outils destinés aux maquettes et aux emballages. Les plans de travail permettent une multiplication des points de vue sur un objet en cours de création. Sur des étagères, les livres de la collection « Portraits de villes » affichent leurs couvertures colorées.

Adresses page 168

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