Harmonie littéraire PLUS - Selezione di pagine

Page 1

Harmonie littéraire

Auteurs, Textes, Contextes

PLUS

Parcours

citoyenneté

Esame di Stato

EsaBac

Atelier des compétences

• Régine Jeannine
Moyen âge au XVIIIe siècle
Simonetta Doveri
Du
1
Il piacere di apprendere Gruppo Editoriale ELi EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Conoscere gli obiettivi dell’Agenda 2030 per un futuro sostenibile

Il 2030 è la data che l’ONU ha indicato come traguardo per il raggiungimento dei 17 obiettivi di sviluppo sostenibile: la lotta alla povertà, l’eliminazione della fame nel mondo, il contrasto al cambiamento climatico, la parità di genere, l’istruzione di qualità – per citarne solo alcuni. ‘Obiettivi comuni’ significa che essi riguardano tutti i Paesi e tutti gli individui: nessuno ne è escluso, né deve essere lasciato indietro lungo il cammino necessario per portare il mondo sulla strada della sostenibilità.

Nei volumi del Gruppo Editoriale ELi le tematiche legate all’Agenda 2030 vengono affrontate in modo coinvolgente e costruttivo, attraverso testi, attività, video e immagini volti a sensibilizzare la classe a una comprensione più attenta e critica di ciò che succede nel mondo.

L’attenzione alle competenze, cognitive e non cognitive (soft skills), completa il nostro impegno nella formazione di cittadine e cittadini consapevoli e responsabili di uno sviluppo sostenibile.

La parità di genere è il quinto dei diciassette obiettivi dell’Agenda 2030 e mira a ottenere la parità di opportunità tra donne e uomini nello sviluppo economico, l’eliminazione di tutte le forme di violenza nei confronti di donne e ragazze e l’uguaglianza di diritti a tutti i livelli di partecipazione.

Il Gruppo Editoriale ELi in collaborazione con il Dipartimento di Studi Umanistici dell’Università di Macerata ha creato un programma di ricerca costante mirato all’eliminazione degli stereotipi di genere all’interno delle proprie pubblicazioni.

L’obiettivo è di ispirare e ampliare gli scenari delle studentesse e degli studenti, del corpo docente e delle famiglie fornendo esempi aderenti ai valori di giustizia sociale e rispetto delle differenze, favorendo una cultura dell’inclusione.

Ci impegniamo a operare per una sempre più puntuale qualificazione dei libri attraverso:

CONTENUTI attenzione ai contenuti al fine di promuovere una maggiore consapevolezza verso una scenario più equilibrato da un punto di vista sociale e culturale;

IMMAGINI valutazione iconografica ragionata per sensibilizzare a una cultura di parità attraverso il linguaggio visivo;

LINGUAGGIO utilizzo di un linguaggio testuale inclusivo, puntuale e idoneo a qualificare i generi oltre ogni stereotipo.

2
Il nostro impegno per l’inclusione, le diversità e la parità di genere
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Harmonie littéraire PLUS

Volume 1

Du Moyen Âge au XVIIIe siècle

Volume 2 XIXe, XXe et XXIe siècles

Ampio quadro dello sviluppo storico-sociale e artistico-letterario francese nel tempo Approfondimenti, confronti con altri contesti culturali e rimandi all’attualità.

Tematiche di tipo filosofico-letterario, sociale, culturale con un’attenzione agli obiettivi dell’Agenda 2030 e attività di preparazione alla prova EsaBac e all’Esame di Stato.

Percorsi di Educazione Civica attraverso temi di attualità, in un costante confronto tra passato e presente.

Per capire l’epoca

Ogni capitolo, suddiviso in Dossier, si apre con: mappa riassuntiva dei contenuti

introduzione al contesto storico, sociale, artistico e letterario, accompagnata da due linee del tempo che sintetizzano le date e gli eventi fondamentali del periodo storico e culturale.

La période

Histoire Société Art Littérature

1 Du Baroque au Classicisme La littérature évolue du Baroq exprime un mond en mouvement, au Classicisme qui exige des règles ixes et qui voit le monde soumis à a o nté ivine. Théophile de Viau Œuvres poétiq François de Malherbe Co ti à M D Péri Blaise Pascal es e sées René Descartes Discours de la

méthode

Dossier 2 Le roman entre rêve et réalité rande variété s’offre nous et d du rêve d M d qui est fortement ancré dans la société de son temps.

M de Scudéry Artamène ou le Grand Cy Paul Scarron Le Roman com que

Dossier 3 Le triomphe du théâtre e théâtre a connu pendant tout e siècle un épanouissement et et Racine, le genre de la tragédie s’impose.

Pierre Corneille L Cid Ci Jean Racine Andromaque Phèdr

Dossier 4 Le génie Molière Les pièces de Molière peignent les vices et les mœurs de son é le rire est par ois amer et, même si la comédie init bien les vices des hommes restent. Ce théâtre est g Molière Les Précieuses ridicules Tartuffe Le Ma ade Imaginaire

Per sviluppare la competenza letteraria

Ciascun Dossier contiene: generi e movimenti letterari

autori e opere: ampia scelta di autori e brani accompagnati da attività mirate alla comprensione, all’analisi, alla riflessione e alla produzionescritta produzione scritta.

Connaître la littérature

M de Scudéry (1607-1701)

Dossier 5 Images de la cour production littéraire des auteurs qui ont re ardé les hommes avec un leurs caractères leurs vices et leurs é auts. M de Sévigné ett M de La Fayette La Princesse de Clè Jean de La Bruyère Les Caractère Jean de La Fontaine es ables

À LA LOUPE… a langue au XVIIe si ’Académie français a morale de la énérosité Deux voix tragiques et un mê sujet : Bérénice de Racine et Tite et érénice de Corneill e syst me dramatique de Racine et a Quere Modernes À LA UNE re est-il toujours d’actualité À L’ÉCRAN Vers l’ESABAC LIRE LES IMAGES La Colonnad du Louvr ESPACE THÉMATIQUE g SUJET ESABAC La ja

Histoire XVI siècle Le siècle de l’absolutisme Classe Classeinveinversée Cli é Connaître la période La période classique Le règne de Louis XIII: le cardinal de Richelieu défenseur de l’ordre En 1610, à mort d Henr IV, assass né pa Ravaill ne Mar d Médi s, mère d Lou XIII, devient régente, car le jeune roi n’a que neu ns. Influencée ar Concini, un aventurier

italien, q d France avant d’être tué par un pi g e es, es appe e, pren re psurance. L’État est tou p g c’est pour ce moti que, en 1617 Lou XIII est amé ro En 1624, h t di de Ri h li omme chef du Conseil. Richelieu croit dans la raison d’État, tout doit être subordonné au ouvoir de l’État représenté

eLasituat e. La situationavecles ion avec les ttt protestants t est É En1630,il En 1630, il engagelaFr engage la Francedansla ance dans la guerrede guerre de T Trente ans (é (commencée 1618E en 1618 en Etrale)contr trale) contrelesHabsbo e les Habsbourgetles urg,etles urg, et les dépensescau dépenses causéesparcet sées par

Cli é

«

siècle »

-

rappellele rappelle le pp iomphe.Lef iomphe. Le ’blij n’oublieraj épreuve épreuve. 1659 la ,la PidP PaixdesPyr Paix des Pyrééénées énées marquelafi marque la fi dl ndela n de la

comédi ilég é d héâtre rréguli êle le tra ue et le comi usée (Co h 1694 D ct

Le roman entre rêve et réalité

Les différentes traditions du roman pp pl ons, ce omans de chevalerie, celle de la pastorale et celle, plus réaliste, du roman picaresque venu d’Esp gne : out le XVII èc d e roman une vér tabl ép ée en rose. L d nventé n Itali es poètes Sannazzaro et Tasso, évoque n monde aci ue où des ber ers et des ber ères occupent que d l’amour. Que ques auteurs q p p esque es personnages pp y de péripét es sans lien pparent Les romans-fleuves Les romans-fleuves fleurissent entre 1625 et 1660 d illi d rées d l’hiplagon des personnages ant ques et qu p d’Honoré d’Urfé, des bergers et gères, q g que, s trouvent séparés es uns des autres dès e d but du roman et ch h he à retrouver ensées. Ces -fleuves

Dossier 2 164 La période classique

p p p ma ecteurs passnés sont peu nombreux et enre est rapidement c t qué. Le roman précieux Le courant préc déve oppe énormément d e XVI èc e. est né d d souvent tenus par des emmes de la noblesse désipenseurs époque. Dans ces sa ons, avec eux, uent, mœurs deviennent plus raffinées et une nouvelle dimension est donnée aux ra orts amoureux. La préciosité a un grand intérêt pour les raffinements de cholo ie amoureus Cl li hi d M de Scudér Dans ce roman en di d d q y b li pli a ga préc ongue neuf sortes d’estimes, douze sortes de sopirs et huit catégories de beauté  ). Ce texte, qui a eu un succès énorme, correspond bien l’attent on on porta à h e et à Face à idéalisatio de l’hu ité la éactio ait pas attendre. Dès 1623, Charles S écri Histoire comi ue de Francio où il h ne réali que pour camper des persoges de l’humanité ordinaire. Au contraire, iq un juste qblance de l’hé o me.

Sa vietocrati ue. Ses arents meurent st très eune et est un oncle ecclésiastique ui l’élève avec son frère. Il lui donne une ducation exceptionnelle (lettres, danse, que) et lui p g la suite de son rère. Son œuvre elle parlait l’italien et l’espagnol en plus du rançais) lui ermettent d’ouvrir en 1652 où elle éunit, tous les samis, dans le Marais, des ens de lettres et

Artamène ou le Grand

toutes les célébrités de l’é ue entreiennent des conversations érudites et gaAcadémie française elle a ép ues, 1649du d (16 4-1660) ; elle laissé aussi dix d onversations mora

arrachent dès leur sortie des presses, ar elle peint non seulement des caractères odernes mais aussi des personnages p Cy p utre que le grand Condé (1621-1686). Même si parfois les su ets peuvent être frivoles, ses uvres restent comme un document intessant sur la société française l’é ue où roi Louis XIV était mineur.

Cyrus 1649-1653

Artamène ou G Cy ublié entre 1649 et 1653, est le lus lon de la littérature française : 13 095 es dans l’édition ori inale, ré arties en dix tomes (ou parties), divisés chacun en trois livres

L’historie

L’œuvre Jean François de Tro (v. 1731), Berlin,

Ce roman a do ble conten narrati et de Mandane, et une série d econdaires. L’histoire rinci ale réente les péripéties qui accompagnent a conquête amoureuse d C rus qui ont d’ordre interne les réticences de p externe l’opposition parentale, puis les -

A fine volume: Afinevolume:

chant à séduire, uis retrouver Marie de conquêtes militaires qui ont, elles aussi, objet d un récit détaillé q cents personnages et l’intrigue est très istoire principa cadre et des histoires secondaires o -

-

livre, donc en trois par tome. Ce roman d’envergure n’est pas le résuune entreprise solitaire mais a té conçu et élaboré au sein un salon, énéficiant d’échanges avec le public u moment même tion. el que plusieurs éditions ans les années ccessives et les no

reuses traductions étrangères que l’on onnaît montrent que ce roman n

Le portrait de Cléomire de Scudéry, ARTAMÈNE OU LE GRAND CYRUS Le genre à la mode est celui des portraits. C’est un genre psychologique qui permet aux précieux de décrire les personnes qui fréquentent leur salon, activité qu’ils aiment pardessus tout. M de Scudéry trace dans Artamène ou le Grand Cyrus le portrait de tout son entourage et, dans ce texte en particulier, celui de Catherine Vivonne (1588-1665), actuelle de Rambouillet. Elle était née à Rome, avait épousé le Marquis de Rambouillet et avait ouvert un salon Paris après avoir quitté la cour, grossière à ses yeux.

Cadre des auteurs pivots: gli autor i più importanti, in ordine alf abetico.

La période classique 165

Panorama des littératures européennes: confronto cronologico tra le letterature europee.

Atelier des compétences

- De la communication au texte littéraire

- Études des genres littéraires: guida ai generei lttiliddit letterari con un glossario dedicato.

Du Moyen Âge au XVIIIe siècle

Cadre des auteurs pivots

AUTEURS ŒUVRES ET GENRES TEXTES POUR CONSOLIDER VOS COMPÉTENCES LITTÈRAIRES Chrétien de Troyes vers 1135-1185 de la litt re arth rienne en ncien fran ais, est un des remiers auteurs de chevalerie

du Graal Lancelot u le Chevalier p.

Quelle é p q p 3. Relevez le symbolisme de 4. attitude et les réactions de Lancelot, trouvez-vous qu il y un excès de amour courtois ou bien qu il ne respecte que le code courtois ? p p L Moyen  Pierre Corneille (1606-1684 est un dramaturge et poète qui apr tudes de droit, out en écrivant pour le théâtre, d abord des comédies, puis des ragédies.

alexandrins réguliers et principa Ses personna exceptionnelle et leur volont est capable de dominer les assions; c est un théâtre ui se ropose de susciter admiration du spectateur

p 34 Ci p. Cinn p. 75 p

Exposez le dilemme tragique de Rodrigue et Chimène. Quelles sont les qualités du héros cornélien ? À quoi aspire-t-il ? pg qg Comparez les personna es d Horace, Rodri ue et Cinna. Quels sentiments q 3. Quel accueil ce théâtre p p q p inion p ue, p 17 Denis Diderot 1713-1784 Destiné la vie religieuse, il erd bientôt la foi, m ie de boh me, finit en rison pour ses positions mat rialistes Encyclop

Dans ses œuvres de théâtre, romans, contes, ssais hiloso hi ues, il affronte tous les sujets : moraux, esthétiques, sociaux Il combat toutes les formes d intolérance et p p q g

ncyclopédie p. Lettre sur les aveu les p 292 Jacques le et aît Discours un philosophe p 298 Entretien d’un hiloso he avec la Maréchale d *** La Religieuse p. 3 res, p. 91 Joachim Du Bellay 1522-1560 Sa vie est mar uée à Rome, centre culturel de la Renaissance, où espérait trouver tout ce qu Ce voyag ne lui apportera que ceptions.

Étudiez quelles sont les motivations de l’athéisme de Diderot. our Diderot, dieu n’existe p pour Voltaire ? Et our Rousseau ? elevez la position de chacun à g 3. ur quoi est fondée la lé itimité de la monarchie selon Diderot ? Quelle st la nouveauté de sa ensée oliti ort à Montes uieu et 4. présente de g ouveautés sur les devoirs et les droits du le et du roi dites en uoi p p p p Du Bellay est considéré le maître du sonnet sa oésie, ins iration ersonnelle, semble d’une grande simplicité.

L Olive Les Regrets p. Défense et ill stration de la langue rançaise

L ret de la terre natale comparez Du Bellay (p. 112) et Charles ’Orléans (p. 56) et définissez la diversité du regret. En quoi les deux poésies sont-elles autobiographiques ? 2. L oète exilé est un oète malheureux connaissez-vous d autres textes ù exil même s mbolique devient un thème poétique ? La Renaissance, p

3
14 14
classique XVIIe siècle Le XVII siècle est marqué par les règnes de deux grands roi Lou s XIII et L i XIV et il v t l’ ffirmat de l’abso ut Ce ècl i le triomphe de la noblesse qui vit à la cour qui devient le centre du monde. L’art s’épanouit dans le baroque et le classicisme et la littérature voit le triomphe du théâtre grâce à trois grands auteurs Corneille, Racine et Molière Connaître la période Connaître la littérature
Dossier
-
Texte 1 47 Activités Que proposent les romans- leuves ? Où est né le courant récieux ? ui se retrouve ons ? À quoi s’intéresse la préciosité
buées au il des dix tomes ; en général
inspire des légendes celtiques, ement répandues en Europe, qui ont e centra e roi Art ur, et Chev liers e ble rond Lancelot et Perceval
par le roi et tous doivent lui obéir :
té de Westphalie de Fr Paix des Pyr es, g ’Espagne 1685 Ré ocat Mort de Louis XIV, ré ence du duc hilippe d’Orléans Li ue d’Au sbour Fr 1649 Guerre de succession d’Espa 1630 1640 1650 1670 1690 1700 1710 1720 Règne de Louis XIII Mazar stre Règgpersonnel de Louis XIV 1610 1643 1661 ilposeains il
15 15 La période classique Classe Classeineinversée
Littérature
Le
Grand
Le règne de Louis XIV: le triomphe du pouvoir absolu En 1643 a mort de son père, Lou XIV cin ans. La ré ence est confiée à sa mère, la reine Anne d’Autr h di d Mazarin, chef du Conseil. Il a la leine confiance d usqu à sa mort en p q Connaître la période La période classique Le Baroque littéraire p période du siècle 1598-1630 (la fin du ègne IV, régencecis et a prem ère part e du rè ne d Lou XIII) st a pér d d l’instabilité poli du pays et ’est une situation ice à l’é anouissement du Baroque,
se. En 1648, même s Westp guerre de Trente ans, le conflit continue avec l’Espagne. Le Par ement de Par s se révo te et la reine doit céder à ses exi ences. En i 16 9 ell tte en secret Par pour Sa nt-Germain avec le eune roi et Mazarin. Le rince de Cond bl ue Par déb d Fr de qui va durer q (1649-1652) Une grande
pose ains p tlesprotes les protes eenœuvrep e en œuvre p les so lesssousoumettr soumettr oumettr Litt
cet p teguerrevo te guerre vo g ntempêcher nt empêcher p lesréformes les réformes
XVII siècle
au tr h d’ ttérature maruée ar la démesure telle ue la rati ue le oète Théophil de V 1590-1626 e Baroque, né en part e par réact on l’protestante, se ppluence de l’Italie et il se nuance selon les genres es auteurs. Une aspi recherche de la perfection se retrouvent chez Mahe be (1555-1628 ’ig es tentat du Baroque, mais en tempère les excès en formude règl b d future esthétique « classique » Les années qui vont de 1630 1661 constituent p p g p ent, Baroque recu e ma il cont nue ouer son rô e dans réc d Madeleine de Scudéry d d Paul S même ’il eu pplanté e C L onté d connaître l’ d idées reçues, hér g d Rena pass e ; g p
-
La culture au service du pouvoir Richelieu fonde d ç qui doit veiller, à la fois, la correction de la langue p g e pouvo po que peut a sur la culture et faire partie de l’Académie française est bientôt une consécrat es écr ns. La éatio d’acadé ies desti ées veille les d d l’ té art ll nue avec Lou s XIV en 1663 l’Acdém des Inscrip ons et Bell ettres et, en 1666, pp p g q p p ave de n mbreuses œuv es et de nouvelles réations. Le ro Lou s XIV est généreux en pens ons et en dons et avec lui naît une culture d’État Avec lid d hi b et avec la oliti ue de randeur de Louis XIV leuri toute une générat d’écr ns qu di té, ont en commun g p littéq q p gl p Le Classicisme et le triomphe du théâtre Au Baroque qu éch à toute règ l’influence des auteurs de l’Anti uité, avec le C dérat ph d d Les genres théâtraux se définissent. La tragi-
g té et annoncent une époque que épr p q dest des di idus et Descartes sout ent que pou éviter d’être victime des ré és, il aut commenar faire le vide, ar tout refuser et ar mettre doute. L des Académi onté d déterm d être créaion artistique, d’en fixer les règles et d’amener les stes à p
ill en écr d a prem ère part d ère tragé 1678 Ma e La Fayette 1667 ean Racine, q Le Paradis perd 1668-1694 d La Fonta bl olière,
p p q pparaissen des éc ivain comme Corneille Racine et M lièr Corneill met en scène d héros ca bl d contrô ons et Rac d héros v d Molière ili dér on pour cr quer es mœurs et pour gé olière, L’É des
Éole ravure de Caveau, Paris, Bibliothèque de l’Arsenal. 1600 1610 1620 1630 1640 1650 1650 1660 1670 1680 1690 1700 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Contenuti digitali integrativi per lo sviluppo della competenza digitale

La Classe inversée

Presentazioni audiovisive delle sezioni di Histoire e Littérature. Linee del tempo in motion graphic, che lo studente segue mentre il testo scorre contemporaneamente alle immag ini.

Poi risponde alle domande di verifica che lo guidano alla comprensione delle informazioni

In più nel Volume 2 10 biografie di grandi autori del XIX e XX secolo raccontate attraverso video con spunti per la riflessione.

Analisi interattive

Victor Hugo (1802-1885)

Sa vie Il nait à Besançon et son père, militaire de carr rière confie éducation de ses trois enfants à sa femme.Victor Hugo vit avec sa mère à Paris, puis à Naples et il rentre à Paris en 1809. La mésentente entre ses parents porte à leur séparation qui fera souffrir le jeune enfant. De 1815 à 1818 il fréquente le ycée Louis le Grand et compose ses premiers poèmes, il écrit  e veux être Chateaubriand ou rien En 1819 il fonde avec ses frères une revue Le Conservateur littéraire où il expose ses idées monarchistes et catholiques. En 1822 il épouse Adèle Foucher de laquelle il aura quatre enfants : Léopoldine en 1824, Charles en 1826,

di testi antologizzati di opere artistiche

Mappe visuali interattive

Una mappa per ciascuna epoca (Synthèse visuelle) permette di visualizzare eventi e concetti cardine. Il supporto audio prepara lo studente all’esposizione orale. Il carattere ad alta leggibilità risponde alle esigenze dei diversi stili cognitivi, garantendo una didattica realmente inclusiva. g

Nelle pagine sono inserite le seguenti icone che indicano la presenza e il tipo di contributi digitali integrativi disponibili sul libro.

Audio

Registrazione di tutti i brani antologici, delle attività di verifica e delle mappe

Classe inversée

Linee del tempo di Histoire e Littérature e biografie

Analisi interattive

Brani letterari e opere artistiche

Synthèse visuelle

Mappe interattive di fine capitolo

Trailer cinematografici

Ulteriori brani letterari e approfondimenti

Link a siti

Esercizi interattivi a risposta chiusa

Classe inversée

Cl i

Classe inversée

CAPSULES BIOGRAPHIQUES Regardez la vidéo et répondez aux questions.

arrêté. Il s impose une période d exil volontaire d abord à Bruxelles puis, en 1852, il s installe à Jersey2 où il va vivre à Marine-Terrace et compose des œuvres satiriques contre Napoléon le Petit comme il appelle Napoléon III. En octobre t 1855, l doit quitter Jersey pour Guernesey3 et il y achète une maison, Hauteville-House, d où il peut voir les côtes françaises sur l horizon. Il décide de rentrer en France au début de la guerre de 1870 et en août il est à Bruxelles et puis à Paris, le 5 septembre, le lendemain de la proclamation de la République. Son retour est triste, car la situation politique n est pas bonne : Paris est assiégé, la défaite française est proclamée. Cdétédl’AbléNtililt

I contributi digitali sono fruibili sui siti www.principato.it, www.gruppoeli.it, sull’

e con l’App libRArsi

5
dlli
op tistiche Histoire (Ve V -XVe V siècles) Une longue période de dix siècles Classe inversée Connaître la période 800 Charlemagne est empereur 911 L N ds s’installent n Normandie 481 Clovis, de la dynastie des Mérovingiens, est couronné roi des Francs 732 Charles Martel arrête l’invas on arabe à Poitiers 751 Pépin le Bref fonde la dynastie carolingienne g couronné e v. 400 Les b b envahissent la Gaule L invasion arabe 400 500 600 700 800 900 Les invasions normandes Classe inversée Cl i é ti h Dossier 2 Le Romantisme : poésie,théâtre,roman
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Le Moyen Âge

6
Histoire Classe inversée Cl i é Une longue période de dix siècles 16 Société Un système hiérarchisé VERS l’ESABAC Doc 1 Une société pyramidale 19 20 Art Le style roman et gothique VERS l’ESABAC Lire les images Abbaye de Fontenay Basilique de Saint-Denis 21 22 23 Littérature Classe inversée Cl i é Les origines littéraires À la loupe... La naissance de la langue française 24 27 Dossier 1 La littérature épique 28 La Chanson de Roland 29 Texte 1 Roland sonne du cor 30 Texte 2 La mor t de Roland 31 Vers l’ESABAC Lire les images La tapisserie de Bayeux 33 Dossier 2 Le récit courtois et satirique 38 Tristan et Iseut 39 Texte La mor t de Tristan 40 Chrétien de Troyes 41 Perceval ou le conte du Graal 42 Texte Au château du Roi Pêcheur 42 Le Roman de Renart 44 Texte Renart et Tiécelin 44 À la loupe... Le renard, un personnage réussi 4 6 ESPACE thématique Le héros Un mythe qui dure dans les siècles 34 Texte 1 Pierre Corneille Horace, le héros accompli 34 Texte 2 Alfred De Vigny Chatterton, un héros romantique 36 Texte André Malraux Kyo le héros positif À l’écran Le roi Arthur : la légende d’Excalibur 37 Dossier 3 La poésie didactique et lyrique 47 Guillaume de Lorris 48 Le Roman de la Rose 48 Texte Coup de foudre 49 Bernard de Ventadour 51 Le Chansonnier 51 Texte « Quand vois l’alouette mouvoir » 51 Thibaut de Champagne Poésies Texte « Je suis pareil à la licorne » Christine de Pisan 53 Rondeaux 53 Texte « Je ne sais comment je dure » 53 Rutebeuf 54 La Complainte Rutebeuf 54 Texte « Que sont mes amis devenus » 54 Charles d’Orléans 56 Rondeaux 56 Texte « En regardant vers le pays de France » 56 À la loupe... L’amour courtois et la poésie italienne 5 8 À la une Les troubadours étaient les rappeurs du Moyen Âge ? 59 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Ve-XVe V siècle

4 La poésie de tradition

XVIe siècle

La Renaissance

7 Dossier
réaliste 60 François Villon 61 Le Grand Testament 61 Texte 1 Ballade des dames du temps jadis 61 Texte 2 Ballade des pendus 63 À la loupe... L a ballade : un genre à forme fixe 64 À la une Les pendus, de Villon à De André 65 Dossier 5 Le théâtre médiéval 67 La Farce de Maître Pathelin 68 Texte Parlez plus bas 68 SUJET Esabac La chevelure 70 Doc 1 Chrétien De Troyes Lancelot ou le Chevalier à la charrette 70 Doc 2 Charles Baudelaire Le Spleen de Paris 71 Doc 3 Francesco Petrarca Canzoniere 72 Doc 4 Edgar Degas Femme se coiffant 73 Doc 5 Une coloration pour nous plaire et pour séduire 74 Synthèse visuelle 76 Testez vos connaissances et compétences 78
Histoire Classe inversée Cl i é Les guerres d’Italie et de religion VERS l’ESABAC Doc 1 François Ier par Jean Clouet 82 85 Société Un esprit nouveau : l’Humanisme À la loupe... Le château de Fontainebleau 86 87 Art L’influence italienne VERS l’ESABAC Lire les images Le château de Chambord 88 89 Littérature Classe inversée Cl i é Un nouvel esprit littéraire À la loupe... La langue française au XVIe siècle 90 93 Dossier 1 La littérature d’idées 94 François Rabelais 95 Pantagruel 96 Texte Les conseils d’un père humaniste 96 Gargantua 98 Texte 1 Un nouvel emploi du temps 98 Texte 2 Une abbaye modèle 100 Texte La guerre Picrocholine Suggestions L a très excellente et divertissante histoire de François Rabelais 101 VERS l’ESABAC Lire les images Les Œuvres de Rabelais à travers Gustave Doré 102 Louise Labé 105 Sonnets 105 Texte « Tant que mes yeux pourront larmes épandre » 106 Maurice Scève 107 Délie, objet de plus haute vertu 107 Texte 1 « Moins je la vois, certes plus je la hais » 108 Texte 2 Le Front 108 À la loupe... Le sonnet 109 Joachim Du Bellay 110 L’Olive 110 Texte « Ces cheveux d’or » 111 Les Regrets 112 Texte « Heureux qui comme Ulysse » 112 À la une Brassens et le poème de Du Bellay 113 Dossier 2 La poésie de la Renaissance 104 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
8 ESPACE thématique La fuite du temps Une réflexion sur la condition humaine 118 Texte 1 Guillaume Colletet La beauté et le temps 118 Texte 2 Charles Baudelaire Le f ardeau du temps 119 Texte 3 Guillame Apollinaire Le carpe diem 120 Texte Pierre Corneille « Marquise, si mon visage » Dossier 3 Montaigne, le philosophe 121 Michel de Montaigne 122 Les Essais 122 Texte 1 Comment éduquer un enf ant 123 À l’écran Entre les murs 1 24 SUJET Esabac Souvenirs d’école 130 Doc 1 Charles Sorel Histoire comique de Francion 131 Doc 2 Marguerite Duras L’Amant 132 Doc 3 Mario Fillioley La Sciabba, un ricordo di scuola 132 Doc 4 Jean Geoffroy En classe, le travail des petits 134 Doc 5 Pennac : l’elève, partie d’une collectivité 135 Synthèse visuelle 136 Testez vos connaissances et compétences 138 Pierre de Ronsard 114 Les Amours 115 Texte 1 « Mignonne, allons voir si la rose » 115 Texte 2 « Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose » 116 Texte 3 « Quand vous serez bien vieille… » 117 Texte 2 L’amitié 125 À la une L’amitié est l’état idéal de l’existence 127 Texte 3 L’éducation de la femme 128 Texte 4 L’art de voyager 129 Texte La torture EUROPASS
© Casa Editrice G. Principato

XVIIe siècle

La période classique

9
Histoire Classe inversée Cl i é Le siècle de l’absolutisme 142 Société Le triomphe de la noblesse 145 Art Ordre, règle et géométrie VERS l’ESABAC Lire les images La Colonnade du Louvre 146 149 Littérature Classe inversée Cl i é Le « Grand siècle » À la loupe... La langue au XVIIe siècle / L’Académie française 150 152 Dossier 1 Du Baroque au Classicisme 154 Théophile de Viau 156 Œuvres poétiques 156 Texte « Un Corbeau devant moi croasse » 156 François de Malherbe 157 Consolation à Monsieur Du Périer 157 Texte Consolation à Monsieur Du Périer 158 Blaise Pascal 159 Les Pensées 160 Texte « Le roseau pensant » 160 René Descartes 162 Discours de la méthode 162 Texte Extrait du début du Discours de la Méthode 162 Correspondances avec Élisabeth Texte « Lettre à Élisabeth » Dossier 2 Le roman entre rêve et réalité 164 Mlle de Scudéry 165 Artamène ou le Grand Cyrus 165 Texte Le portrait de Cléomire 165 Paul Scarron 167 Le Roman comique 167 Texte Madame Bouvillon 167 Dossier 3 Le triomphe du théâtre 169 Pierre Corneille 171 Le Cid 172 Texte L’honneur ou l’amour ? 172 Cinna 175 Texte Le pardon 175 À la loupe... La morale de la générosité 177 Jean Racine 178 Andromaque 179 Texte 1 Pyrrhus et Andromaque 180 Texte 2 Hermione 181 À la loupe... Deux voix tragiques et un même sujet : Bérénice de Racine et Tite et Bérénice de Corneille 18 3 À la loupe... Le système dramatique de Racine et de Corneille 18 4 Phèdre 185 Texte Premier aveu Texte Deuxième aveu 185 Texte Troisième aveu Dossier 4 Le génie Molière 187 Molière 188 Les Précieuses ridicules 189 Texte Débuter par le mariage ! 189 Tartuffe 192 Texte « Le pauvre homme » 193 À la une Molière est-il toujours d’actualité ? 196 À l’écran La mort de Louis XIV 197 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
10 Dossier
203 Mme de Sévigné 204 Les Lettres 204 Texte 1 La mort de Vatel 204 Texte 2 Le voyage renvoyé 206 Mme de La Fayette 207 La Princesse de Clèves 207 Texte L’aveu 208 La Rochefoucauld 209 Maximes et Réflexions diverses 209 Texte La paresse 210 Jean de La Bruyère 210 Les Caractères 211 Texte De la mode 211 Jean de La Fontaine 212 Les Fables 212 Texte Le Chêne et le Roseau 213 Texte Le pouvoir des f ables À la loupe... La Querelle des Anciens et des Modernes 2 14 SUJET Esabac La jalousie 220 Doc 1 Prosper Mérimée Carmen 220 Doc 2 André Gide Symphonie Pastorale 221 Doc 3 Alain Robbe-Grillet La Jalousie 223 Doc 4 Giovanni Verga Cavaller ia rusticana 224 Doc 5 Gaetano Previati Paolo e Francesca 225 Doc 6 « Les organisations de jeunesse prennent toute la mesure de ce fléau » 225 ESPACE thématique La Cigale et la Fourmi Une leçon morale pour tous les temps 216 Texte 1 Jean de La Fontaine Présent ou avenir ? 216 Texte 2 Jean Anouilh La critique de la société contemporaine 217 Texte 3 Andrée Chedid Une fourmi insouciante, une cigale bourgeoise 218 Texte 4 Françoise Sagan Une fourmi avare 219 Synthèse visuelle 228 Testez vos connaissances et compétences 230 Le Misanthrope Texte L’hypocr ite Le Malade Imaginaire 198 Texte 1 Toinette f ace à son maître 198 Texte 2 Un valet ou un médecin ? 200 EUROPASS
5 Images de la cour
© Casa Editrice G. Principato

XVIIIe siècle

Le siècle des Lumières

11
Histoire Classe inversée Cl i é De Louis XV au Premier Empire VERS l’ESABAC Doc 1 L’incorruptible VERS l’ESABAC Doc 2 La naissance de l’Empire À la loupe... Quelques révolutionnaires célèbres 234 239 239 240 Société Les nouveaux esprits sociaux 241 Art L’art du XVIIIe siècle VERS l’ESABAC Lire les images L’enseigne de Gersaint Hotel Matignon 242 243 Littérature Classe inversée Cl i é Du triomphe du rationalisme à une nouvelle sensibilité À la loupe... Les cafés et les autres foyers intellectuels 244 246 Dossier 1 Le théâtre et le roman avant 1750 248 Alain-René Lesage 249 Turcaret 249 Texte Un valet sans scrupules 249 Histoire de Gil Blas de Santillane 252 Texte Un vilain métier 252 Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux 254 Le Jeu de l’Amour et du hasard 254 Texte La première rencontre 255 Le Paysan parvenu 258 Texte Les pr ivilèges de la naissance 258 L’abbé Prévost 259 Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut 260 Texte La lettre de Manon 260 De l’Esprit des Lois 268 L’idéal politique de Montesquieu et ses idées religieuses 268 Texte 1 L’esclavage 269 Texte 2 La séparation des pouvoirs 270 Texte 3 La théor ie des climats 271 Voltaire, un brillant polémiste 273 Les idées dominantes de Voltaire 274 Candide 275 Texte 1 Le château en Westphalie 276 Texte 2 Il faut cultiver notre jardin 278 Texte Un bel autodafé À la une L’actualité du Candide 279 À la loupe... Les philosophes et la religion 280 Traité sur la tolérance 281 Texte 1 L’aff aire Calas 281 Texte 2 Prière à Dieu 282 Dictionnaire philosophique 283 Texte Torture 283 À la une Je suis Voltaire 285 Dossier 2 La révolution littéraire 262 Montesquieu 263 Lettres Persanes 264 Texte 1 La crédulité des Par isiens 264 Texte 2 Comment peut-on être persan ? 265 Texte 3 Les coquettes 266 Texte Le théâtre Texte L’Inquisition ESPACE thématique Projets de gouvernement 286 Texte 1 Voltaire La supér ior ité des Anglais 286 Texte 2 Denis Diderot Le consentement du peuple 288 Texte 3 Jean-Jacques Rousseau L’importance du contrat social 290 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

3 Diderot et l’Encyclopédie

12 Dossier 4 La naissance d’une nouvelle sensibilité 312 Jean-Jacques Rousseau 313 Les deux Discours 314 Texte Discours sur l’or igine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes 314 Julie ou La Nouvelle Héloïse 316 Texte Promenade sur le lac 316 Émile 318 Texte L’éducation par la nature 319 Texte Profession de foi du Vicaire savoyard Les Confessions 320 Texte Le peigne cassé 320 À la loupe... L’exotisme et le my the du bon sauvage 3 23 Les Rêveries du promeneur solitaire 324 Texte Tout est dans un flux continuel 324 ESPACE thématique L’autobiographie Naissance d’un genre 326 Texte 1 Stendhal Toute la vérité, rien que la vérité 326 Texte 2 Jean-Paul Sartre Le deuil et l’enf ance 327 Texte 3 Albert Camus Un maître pour la vie 328 Texte 4 Marguerite Yourcenar La première fois que je suis née 329 Dossier 5 Théâtre et libertinage au XVIIIe siècle 334 Bernardin de Saint-Pierre 330 Paul et Virginie 330 Texte Bonheur dans l’île 330 André Chénier 332 Élégies 332 Texte À Fanny 332 Beaumarchais 335 Le Mariage de Figaro 335 Texte Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? 337 Choderlos de Laclos 340 Les Liaisons dangereuses 340 Texte 1 La proposition de la Marquise 341 Texte 2 La réponse du Vicomte 342 À l’écran Un peuple et son roi 343 Marquis De Sade 344 Juliette ou les Prospérités du vice 344 Texte Le bonheur dans le crime 344 SUJET Esabac La tolérance 346 Doc 1 Émile Zola Lettre à la jeunesse 346 Doc 2 Missak Manouchian Dernière lettre à sa femme 348 Doc 3 Paul Dakeyo Soleils fusillés 349 Doc 4 Primo Levi Se questo è un uomo 350 Doc 5 Francisco Goya Fusillades du 3 mai 1808 352 Doc 6 Marianne Davril Apprendre la tolérance 353 Synthèse visuelle 354 Testez vos connaissances et compétences 356
291 Denis Diderot 291 Les thèmes de l’œuvre de Diderot 292 Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient 292 Texte La relativité de la morale et de la métaphysique 293 Jacques le fataliste et son maître 295 Texte La lettre de cachet 295 Discours d’un philosophe à un roi 298 Texte Les philosophes et les prêtres 298 Entretien d’un philosophe avec la Maréchale de *** 300 Texte Athéisme et vertu 300 La Religieuse 302 Texte « Marchez sur elle » 302 L’Encyclopédie 304 Texte Enc yclopédie 305 D’Holbach 306 Texte Prêtres 306 Jean-Baptiste D’Alembert 307 Texte Genève 307 À la une L’Encyclopédie des Lumières se met à l’heure du numérique 309 À la loupe... Histoire de la censure 310 Texte Voltaire Lettre à un premier commis Cadre des auteurs pivots 358 Tableux chronologiques des littératures européennes 430 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Dossier

Entre passé et présent

Parcours Citoyenneté

13
Droits pour tous pour un développement durable 374 1. Droits et libertés 376 L’évolution des droits 376 Déclaration des droits de l’homme et du citoyen  378 Texte Préambule 378 Texte Les ar ticles de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 Olympe de Gouges : biographie d’une féministe révolutionnaire 379 Texte Préambule 379 Lire les images La Révolution française expliquée en images 380 1. Représentation de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, Jean-Jacques-François Le Barbier 380 2. Le Serment du Jeu de Paume, Jacques-Louis David 381 La DUDH, source généreuse du droit international 382 Eleanor Roosevelt : défenseure des droits de l’homme 383 Le rôle crucial des droits de l’homme pour le développement durable : 17 objectifs pour sauver le monde 384 1 2. La violation des droits 385 Contre la discrimination : la protection de groupes spécifiques 385 Égalité entre les sexes, un droit fondamental 387 Hier Une femme écrivain Livre de la Cité des dames, CHRISTINE DE PIZAN 387 Texte Enfin, vous toutes, mesdames… 388 À l’écran Christine Cristina 389 Critique du pouvoir masculin 390 Aujourd’hui La vexation de la femme, pas de droit à la parole, pas de liberté La répudation, RACHID BOUDJEDRA 390 Texte La femme répudiée 391 Aujourd’hui Écriture féminine pour une revendication identitaire Parole de femme, ANNIE LECLERC 392 Texte Les hommes ont la parole 392 Droits et protection des enfants 393 Hier Un éducateur novateur Émile ou de l’éducation, JEAN-JACQUES ROUSSEAU 394 Texte Leçon de choses 394 Aujourd’hui De l’enfance heureuse à la fuite Un sac de billes, JOSEPH JOFFO 396 Texte Une rencontre 396 À l’écran Un sac de billes Projet Nos droits et nos libertés en Europe 398 2 Atelier des compétences 399 De la communication au texte littéraire 400 Les genres littéraires 406 1. Le roman 406 2. La poésie 413 3. Le théâtre 423 Glossaire 428 Index analytique Auteurs 430 Œuvres 431
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Le Moyen Âge

Le Moyen Âge s’étend de la chute de l’empire romain d’Occident (476) jusqu’à la prise de Constantinople par les Turcs (1453). Ces dix siècles sont l’époque des nobles,de l’Église, de la féodalité, mais aussi de l’amour courtois, des héros et de la poésie personnelle. Les institutions sociales et politiques reposent sur le lien de vassal à suzerain et dans les domaines littéraires il s’explique dans le rapport d’amour entre chevalier et dame.

Connaître la période

Connaître la littérature

Dossier 1

La littérature épique

Le protagoniste de cette production est le héros guerrier des chansons de geste, défenseur de sa foi et de sa patrie, fidèle jusqu’à la mort à son roi.

La Chanson de Roland

Dossier 2

Le récit courtois et satirique

Le rapport d’amour entre la dame et le chevalier donne naissance au modèle courtois

Thomas d’Angleterre

• Tristan et Iseut

Chrétien de Troyes

• Perceval ou le conte du Graal

Le Roman de Renart

Dossier 3

La poésie didactique et lyrique

Au XIIe siècle se développent la poésie didactique et la poésie lyrique des trouvères et des troubadours

Guillaume de Lorris

• Le Roman de la Rose

Bernart de Ventadour

• « Quand vois l’alouette mouvoir »

Christine de Pisan

• Rondeaux

Rutebeuf

• La Complainte Rutebeuf

Charles d’Orléans

• Rondeaux

14
Ve-XVe V siècle
Cl i é Histoire • Société • Art t •
é Littérature
Classe inversée
Classe inversée Cl i
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Dossier 4 La poésie de tradition réaliste

s’épanouit une poésie d’inspiration personnelle. François Villon est le plus grand écrivain de cette période.

François Villon

• Le Grand Testament

Dossier 5 Le théâtre médiéval

Le théâtre médiéval a une origine religieuse, mais ce qui survit c ’est le théâtre profane et bourgeois à travers la farce.

La farce de Maître Pathelin

À LA LOUPE…

• La naissance de la langue française

• Le renard, un personnage réussi

• L’amour courtois et la poésie italienne

• La ballade : un genre à forme fixe À LA UNE

• Les troubadours étaient les rappeurs du Moyen Âge ?

• Les pendus, de Villon à De André s À L’ÉCRAN

Le roi Arthur : la légende d’Excalibur

Vers l’ESABAC

DOCUMENT 1

• Une société pyramidale

LIRE LES IMAGES

• Abbaye de Fontenay Basilique de Saint-Denis

• La tapisserie de Bayeux

ESPACE THÉMATIQUE

• Le héros, un mythe qui dure dans les siècles

SUJET ESABAC

• La chevelure

En quoi la puissance de la chevelure couvre le domaine visuel, tactile et esthétique ?

15
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Une longue période de dix siècles

L’époque mérovingienne: du roi Mérovée à Charles Martel

Au Ve siècle les barbares envahissent la Gaule ; la tribu des Francs se fixe dans le nord du pays entre la Belgique et l’Île-de-France actuelle et fonde un royaume qui deviendra la France. C’est le roi Mérovée qui donne son nom à la dynastie, mais le roi le plus célèbre est Clovis (couronné en 481) qui conquiert une bonne partie de la Gaule. Il choisit comme capitale la ville de Paris, se convertit au catholicisme et se fait baptiser à Reims en 496. À sa mort, la puissance des rois diminue au profit des Maires du Palais, des nobles qui exercent la fonction de ministres, et on assiste à une division toujours plus grande du pouvoir. C’est un Maire du Palais, Charles Martel, qui arrête l’invasion arabe à Poitiers en 732 et cette victoire marque la fin de la période mérovingienne. En effet, Pépin III, dit le Bref, fils de Charles Martel, devenu roi en 751, fonde la dynastie des Carolingiens.

Charlemagne et la renaissance carolingienne

Charlemagne (771-814), fils de Pépin le Bref , est sans doute le roi le plus célèbre de l’époque carolingienne. Il agrandit le royaume par ses conquêtes en combattant, entre autres, contre les Hongrois et les Sarrasins (il étend son royaume à toute la Gaule, sauf la Bretagne, à une grande partie de l’Allemagne, à l’Italie longobarde et même à des terr itoires espagnols) et il est couronné empereur en l’an 800, à Rome, par le pape Léon III.

Capable de bien administrer le royaume, Charlemagne divise le territoire en comtés et il crée, aux frontières, des marches (provinces) ; les comtes et les marquis les administrent au nom du roi, ils ont tous

les pouvoirs (civil, militaire, financier et judiciaire). Charlemagne esquisse les bases d’une législation territoriale uniforme : chaque année il soumet à l’approbation de ses vassaux ses ordonnances en latin, divisées en chapitres (d’où le nom capitulaires) et, pour les faire appliquer et pour contrôler les comtes et les marquis, il se sert des missi dominici.

Enfin, on assiste pendant son règne à une renaissance intellectuelle (en effet, on parle de renaissance carolingienne) : les prêtres sont incités à ouvrir des écoles où l’instruction politique, intellectuelle et religieuse se développe (Alcuin ouvre une école, l’École Palatine, dans le palais même de Charlemagne). Après sa mort, l’empire perd de sa puissance et en 843, par le traité de Verdun, on assiste à sa division entre trois descendants de Charlemagne : la Lotharingie (la partie italienne), la France de l’est (l’Allemagne) et la France de

Histoire (Ve V -XVe V
siècles)
Classe inversée Cl e i e é Connaître la période 16 Le Moyen Âge
l’ouest.
HONGROIS Aix-la-Chapelle Rome
L’empire de Charlemagne
VIKINGS SARRASINS
Royaume des Francs en 751 Aquitaine conquise par Pépin Conquêtes de Charlemagne «Marches» régions frontières
800
Charlemagne est empereur
911
Les Normands s’installent en Normandie 481 Clovis, de la dynastie des Mérovingiens, est couronné roi des Francs 732 Charles Martel arrête l’invasion arabe à Poitiers 751
v.
Pépin le Bref fonde la dynastie carolingienne L’ invasion arabe 400 500 600 700 800 900
g couronné e Les invasions normandes EUROPASS © Casa Editrice G. Principato 400 Les barbares envahissent la Gaule

le

L’invasion des Vikings

Au IXe siècle, la France doit f aire f ace aux Vikings venus de Scandinavie qui, dans leur conquête, ravagent les côtes de l’ouest avant de s’établir dans l’actuelle Normandie. Leur installation est officialisée en 911 par le roi carolingien Char les le Simple qui, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, cède la rég ion à un chef scandinave intég ré au monde franc : Rollon. Le duché de Normandie se constitue surtout sous les successeurs de Rollon, et c’est seulement au siècle suivant, sous le règne de Guillaume le Bâtard, surnommé le Conquérant, que le pouvoir ducal est reconnu, non seulement en France mais aussi en Angleterre. En effet, en 1066, la bataille de Hastings contre le roi anglosaxon Harold marque le début de la conquête de l’Angleterre par le duc Guillaume qui devient aussi roi de ce pays.

L’époque capétienne

La dynastie caroling ienne s’éteint en 987 et Hugues Capet est élu roi  : c’est le début de la dynastie capétienne. Son territoire ne correspond en réalité qu’à l’Île-de-France, parce que le reste de la France est administré par de grands seigneurs indépendants du roi. Il f aut attendre le XIIe siècle pour que les descendants d’Hugues Capet contrôlent tout le royaume. Les Capétiens renouvellent l’alliance avec l’Église de Rome. C’est à Clermont que le pape Urbain II prêche la première croisade, un pèlerinage armé destiné à reprendre, à Jérusalem, le tombeau de Jésus tombé sous le contrôle des Turcs musulmans. Ce sont surtout des chevaliers francs du nord du royaume qui conquièrent Jérusalem en 1099. Trois rois donnent à la dynastie capétienne un prestige incontesté : Philippe Auguste, Saint Louis, Philippe le Bel.

Le Moyen Âge 17 Ve-XVe siècles
Aix-la-Chapelle Rome Royaume de Charles le Chauvre Royaume de Lothaire Royaume de Louis le Germanique Le partage de Verdun 1099 Les Croisés s’emparent de Jérusalem 1309 gnon vient siège la papauté 1483 L’unité de la France est faite 1431 eanne Arc brûlée Rouen 987 Hugues Capet est élu roi 1066 Bataille d’Hastings : normand Guillaume le Conquérant soumet l’Angleterre 130 Avi de de 14 Je d’A à
Les croisades g La uerre de Cent ans 1000 1100 1200 1300 1400 1096 1270 1337 1453
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Charlemagne est couronné empereur par le pape Léon III

– Philippe II dit Philippe Auguste (1165-1223)

ôte aux rois d’Angleterre les provinces du nord de la France ;

– Louis IX ou Saint Louis (1242-1270), chrétien fervent, met sa vie au service de la foi, il organise et participe à deux croisades ;

– Philippe IV le Bel (1285-1314) entre en conflit avec le pape Boniface VIII et il fait nommer un pape français à Avignon qui devient le siège de la papauté de 1309 à 1377

Les Valois et la guerre de Cent ans

En 1328, meurt le dernier capétien direct et la couronne passe à Philippe de Valois, neveu du roi Philippe le Bel. Le roi d’Angleterre, fils d’une fille de Philippe le Bel, aspire lui aussi à la couronne de France et ses prétentions vont être une des causes de la guerre de Cent ans. La guerre (1337-1453) subit des phases alternes. Le roi Charles V (13641380) remporte une sér ie de victoires et en 1380 une première phase de la guerre se termine avec la victoire de la France. Le nouveau roi Charles VI est fou et les Anglais essaient de profiter de cette situation, reprenant la conquête du territoire français. Les soldats français sont battus à Azincourt (1415) et le roi d’Angleterre est reconnu comme héritier du royaume de France. Le fils de Charles VI, le futur Charles VII, est faible, sans aucune autorité, mais une jeune fille, Jeanne d’Arc, va réveiller l’honneur des Français et reg rouper une troupe autour du roi. Elle réussit à entrer dans Orléans et à faire sacrer Charles VII à Reims en 1429. Trahie, Jeanne d’Arc est condamnée par

Activités

1. Regardez la vidéo et faites les activités.

2. Observez la frise chronologique aux p. 16-17 et complétez la grille avec les éléments manquants.

481

Charles Martel arrête l’invasion arabe à Poitiers

Pépin le Bref fonde la dynastie carolingienne

les Anglais à être brûlée sur la place du marché à Rouen (1431). Malg ré cela, le mouvement d’enthousiasme qu’elle a fait naître g randit et en 1453 les Anglais sont définitivement repoussés hors de France.

Le nouveau roi Louis XI (1461-1483) assure l’unité du royaume durant son règne ; à sa mort, la féodalité est vaincue et l’unité de la France est faite.

3. En vous référant au paragraphe sur l’époque carolingienne, complétez les informations qui concernent Charlemagne.

Organisation du royaume

Renaissance culturelle

4. Répondez aux questions.

1. Comment Hugues Capet devient-il roi ?

800

Hugues Capet est élu roi

L’unité de la France est faite

2 À qui peut-on attribuer la conquête de Jérusalem en 1099  ?

3. Qu’a fait Philippe Auguste ?

4. Pourquoi la papauté s’établit-elle à Avignon ? Sous quel roi  ?

1066

1099

Jeanne d’Arc est brûlée à Rouen

5. Quelles motivations sont à l’origine de la guerre de Cent ans  ?

6. Quel est le rôle de Jeanne d’Arc ?

7. Quand l’unité de la France est-elle réalisée  ?

Histoire Une longue période de dix siècles 18 Le Moyen Âge
Jeanne d’Arc à Orléans dans une miniature du XVe siècle.
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Un système hiérarchisé

La vie entre foi et culture

Le système féodal qui s’est installé en Europe depuis l’empire caroling ien de Charlemagne a entraîné une décentralisation du royaume en plusieurs territoires autonomes. Ce modèle a installé durablement une hiérarchisation de la société occidentale : rois, ducs, seigneurs, chevaliers, serfs. Au début de cette période, les villes sont dépeuplées et la vie est concentrée dans les campagnes. La ferveur chrétienne s’est prog ressivement ancrée dans la France du Moyen Âge.

Le développement du commerce contr ibue à l’essor de la bourgeoisie qui prend peu à peu le pouvoir dans les villes.

La vie quotidienne oppose déjà le modèle de la vie rurale et de la vie urbaine. Cette société de type militaire et rigidement réglée accentue les particularismes et f avorise la variété des dialectes. La noblesse va devenir une caste toujours plus fermée et un fossé va se créer entre elle et les bourgeois des villes. La foi est très ardente et les croisades en sont un signe. Les premières avaient un seul objectif, celui de délivrer les lieux saints qu’occupaient les musulmans, mais elles deviendront, par la suite, des expéditions pour des conquêtes matérielles. La culture se développe et, au XIIIe siècle, naissent les premières universités. En 1200, est créée l’Université de Paris et, en 1257, Robert de Sorbon lui ajoute un collège : la Sorbonne est née

Une société réglée

La société médiévale, fondée sur la transmission héréditaire du pouvoir, des titres et de la richesse, présente donc une structure hiérarchique r ig ide. Elle est divisée en trois classes ou ordres :

– ceux qui prient, c’est-à-dire les clercs et les hommes d’Église ; –ceux qui combattent et qui dir igent, les guerr iers (chevaliers et seigneurs) ;

– ceux qui travaillent, les paysans, les artisans et les bourgeois qui habitent le bourg.

Ce monde est très cloisonné. Chacun y est le vassal, le subalterne, de quelqu’un d’autre : le serf est soumis à son seigneur ; l’écuyer, à son chevalier ; le chevalier, à son roi ; l’amant courtois, à sa dame. L’Église elle-même est calquée sur ce modèle.

C’est l’hommage qui lie les hommes entre eux. Il s’ag it d’un contrat qui unit deux personnes

par un serment de protection et de travail (le fort protège le f aible, qui travaille pour lui). En f ait, les deux personnes unies par l’hommage ont des devoirs l’une envers l’autre, elles ont des obligations réciproques. Le vassal doit à son seigneur le service d’ost (l’assistance militaire); le service de conseil (siéger à la cour ou au tr ibunal) ; l’aide aux quatre cas, c’est-à-dire une aide financière spéciale (pour la rançon, l’armement du fils aîné, le mariage de la fille aînée ou le départ pour la croisade).

Le seigneur, quant à lui, doit à son vassal la protection ; l’entretien (c’est-à-dire qu’il lui fournit de quoi vivre, le plus souvent une terre avec des paysans, un fief). Ces serments, bien sûr, ne peuvent pas être rompus, sous peine d’être accusé de félonie. Bien évidemment, le roi est au-dessus de cette organisation sociopolitique, il en est exclu puisqu’il est élu par Dieu.

Activités

1. Répondez aux questions.

1. Qu’est-ce qui a entraîné une hiérarchisation de la société ?

2. Qu’a apporté le développement du commerce ?

3. Quel est l’objectif des croisades ?

4 Qu’est-ce que l’hommage ?

19 Ve-XVe siècles Société
(Ve V -XVe V siècles)
Connaître la période Le Moyen Âge
Réunion des docteurs à l’Université de Paris.
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Document 1 Vers l’ESABAC

Une société pyramidale

Interview à Jacques Le Goff (1924-2014), un des plus grands médiévistes français.

Quelle serait donc la juste perception du Moyen Âge?

– Selon moi, le Moyen Âge commence durant l’Antiquité tardive (II Ie-IVe V siècles) et se termine au milieu du XVIIIe siècle avec les débuts de la révolution industrielle.

Cette vision sur quatorze siècles, et non plus sur dix, est un bouleversement  !

– Le Moyen Âge européen est né d’une acculturation où se sont lentement confondus les usages gréco-romains et ceux des peuples dits barbares dans le cadre progressif d’une christianisation profonde. C’est une longue période où la paysannerie europ éenne dé f riche les sols et les forêts, occu p ant les paysages avec les moulins à vent et à eau. Aux environs de l’an mille se met en place la société des trois ordres : oratore s , b e ll atore s , l a b oratore s  ; ceux qu i p rient, ceux qui se b attent et ceux qui travai ll ent, s oit le clergé, l’aristocratie qui a le privilège des armes, et le peuple qui la b oure la terre. On utilise

Paysans au travail, miniature du manuscrit Queen Mary Psalter (1310-1320), Londres, British Library

avec davantage de doigté le fer. L’artisanat et la musique se développent. Les routes des pèlerinages relient villes et régions. Avec la scolastique, la pensée religieuse concilie foi et raison. Le sens de l a fête est rythmé par le calendrier liturgique. Et les nations, de même que l’ État, se constituent peu à peu dans une diversité riche et contradictoire entre Rome, centre de la chr é tient é , et le Saint-Empire romain germanique. C’est au Moyen Âge qu’est née l’Europe !

Un Moyen Âge qui a connu trois grands moments.. – Il a connu plusieurs phases, surtout trois pics, des moments d’accélération qui sont de vraies avancées : la renaissance carolingienne ( VII I e-IXe siècles)  ; la renaissance du XIIe siècle avec l’essor des villes et des universités, la croissance démographique et agricole de l’Occident chrétien, l’âge des cathédrales et celui de la réforme grégorienne de l’Église ; enfin la Renaissance proprement dite, aux XVe V -XVIe siècles, qui serait de fait la dernière des renaissances médiévales, une ultime sous-période d’un long Moyen Âge

Activités

1. Lisez et indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses. V F

1. Selon Le Goff, le Moyen Âge finit au XVIIIe siècle.

2. La société des trois ordres se met en place au IXe siècle.

3. Ceux qui prient sont les laboratores.

4. L’Europe est née au Moyen Âge.

5 Au XIIe siècle, on assiste à l’essor des universités

6 Le Moyen Âge n’a pas connu de croissance démographique

Histoire Une longue période de dix siècles
20 Le Moyen Âge
La cérémonie de l’investiture
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Art (XIe-XVe V siècles)

Le style roman et gothique

L’art au Moyen Âge

Au XIe et au XIIe siècle l’ar t roman, caractérisé par les voûtes en berceau, des arcs en plein-cintre, des murs épais et percés de rares fenêtres, se développe. La basilique, peu éclairée, devient le centre de la vie religieuse et les pèlerins et les fidèles, qui ne savent pas lire, sont plongés dans un monde de symboles apparaissant sur les chapiteaux, les moulures et les portails. L’église devient comme un livre.

Le XIIe siècle voit la naissance de l’ar t gothique, que l’on remarque dans l’architecture des cathédrales ; celles-ci s’élancent vers le ciel comme pour tenter de s’approcher de Dieu. On utilise l’arc brisé, l’arc-boutant, des piliers très élevés ; les fenêtres sont placées en haut et décorées de vitraux polychromes. Ce style évoluera à la fin du XIVe siècle ver s le gothique flamboyant, caractérisé par une volonté d’étonner et de surprendre

La tapisserie d’inspiration profane reproduit le monde ar istocratique et nous renseigne sur les vêtements et sur la vie des cours qu’elle représente

Les manuscrits calligraphiés par des clercs sont de véritables œuvres d’art grâce à leurs enluminures nous montrant des scènes de la vie aristocratique, de

la vie des champs, de la chasse, des châteaux et tous les aspects de la vie des hommes de cette époque

C’est une pér iode de croissance, d’instabilité au cours de laquelle naîtra la tradition nationale

Activités

1. Répondez aux questions.

1. Qu’est-ce qui caractérise l’art roman ?

2. Qu’est-ce qui caractérise l’art gothique  ?

3 Quelles informations nous donnent les tapisseries  ?

4 Que montrent les enluminures des manuscrits ?

21 XIe-XVe siècles
Connaître la période Le Moyen Âge
Le labyrinthe de la cathédrale de Chartres Portail roman, sculpté et réalisé vers 1180-1190, Cathédrale Saint-Trophime d’Arles
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
La cathédrale de Chartres.

Vers l’ESABAC

Abbaye de Fontenay (Bourgogne)

Exemple d’ascétisme et de spiritualité, transposition architecturale des idées de Saint Bernard, l’ancienne Abbaye de Fontenay, fondée en 1118, permet d’imaginer ce qu’était, au XIIe siècle, un monastère cistercien qui vivait en autarcie, à l’intérieur de son enceinte. Elle est classée parmi les monuments du patrimoine mondial de l’Unesco

Les piliers et les contreforts sont des éléments architecturaux qui expriment la robustesse et x la solidité. Les murs épais donnent la sensation que l’église, bien plantée dans le sol, communique force et sécurité.

L’ é g lise romane n’est p as seulement une construction élevée pour la gloire de Dieu, où les fonctions religieuses sont célébrées, mais c’est aussi l’endroit où les gens se réunissent pour discuter des problèmes communs ou pour assister à des représentations sacrées. Le s p e i nture s et surtout les scul p tures i llustrent non seulement des épisodes de la Bible, mais aussi le travail, les expériences de la vie quotidienne, les rêveries et les espoirs de l’homme médiéval

Activités

1. Reliez chaque mot à son synonyme.

1 ascétisme a. rempart

2. enceinte b. colonne

3. pilier c. austérité

2. Lisez et indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses.

1. L’Abbaye de Fontenay a V F été fondée en 1118.

2. C’est un monastère cistercien.

3 Au XIIe siècle, le monastère cistercien vivait en autarcie.

4 Les contreforts expriment robustesse et solidité

5 L’église romane est une construction élevée seulement pour la gloire de Dieu.

6. Les sculptures illustrent seulement des épisodes de la Bible

Art Le style roman et gothique 22 Le Moyen Âge
Lire les images Médiathèque ANALYSE INTERACTIVE
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Lire les images

Médiathèque ANALYSE INTERACTIVE Vers l’ESABAC

Basilique de Saint-Denis (Île-de-France)

Premier chef-d’œuvre monumental de l’art gothique et nécropole des rois de France, la b asilique de Saint-Denis est le protot y pe dont se sont inspirés les architectes des cathédrales de la fin du XIIe siècle, notamment ceux de Chartres. Elle abrite une collection de gisants et de tombeaux du XIIe au XIIIe siècle, unique en Europe.

L’église se développe vers des hauteurs incroyables pour une époque qui ne connaît pas le béton armé. C’est une construction faite de lumière, resplendissante comme la Jérusalem décrite dans l’Apocalypse de Saint Jean « semblable à une pierre précieuse, transparente comme le cristal » : c’est ce qu’a voulu faire l’abbé Suger, conseiller du roi de France. L’église gothique ne communique ni la sérénité, ni la sensation de puissance de l’église romane, mais elle exalte et entraîne le fidèle vers un règne mystérieux ; la leçon ne vient plus des chapiteaux mais des grands vitraux.

Activités

3. Reliez chaque mot à son synonyme

1 nécropole a. cimetière

2. prototype b. statue allongée

3 gisant c partie élargie située entre le fût d’une colonne et la charge

4 chapiteau d. modèle

4. Lisez et indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses. V F

1. La Basilique de Saint-Denis est une église romane.

2. Elle n’abrite aucun tombeau.

3 L’église gothique ne rejoint jamais de grandes hauteurs.

4 L’église gothique est faite de lumière.

5 Elle communique une sensation de puissance.

6 Elle a de très grands vitraux

5. Répondez aux questions sur les deux églises.

1 Comparez les deux façades et dites quels éléments rendent les deux églises si différentes.

2 Quels éléments de l’église romane et gothique ont pour but l’instruction des fidèles  ?

6. Laquelle préférez-vous ? Pourquoi ?

Le Moyen Âge 23 XIe-XVe siècles
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Les origines littéraires

L’écrivain au service de la communauté

L’écrivain du Moyen Âge est intimement lié à la société dans laquelle il vit, c’est elle qui lui donne une existence et il n’est rien sans elle. C’est elle qui assure sa survie car pour un poème récité ou une composition, le jongleur ou le clerc reçoivent du seigneur ou des notables quelques pièces d’argent, un repas ou des vêtements : c’est donc la société qui assure sa survie. Bien évidemment l’écr ivain partage les valeurs, les idéaux, les croyances, les goûts de la communauté, ceux de cette minorité représentée par les seigneurs et les notables pour laquelle il compose et qui détient le pouvoir.

Les chansons de geste

Dès le XIe siècle les chansons de geste racontent les e aventures des chevaliers Le milieu où la chanson est mise en scène est celui de la société féodale de la période avec le respect absolu des engagements féodaux entre seigneur et vassal, avec sa morale chevaleresque et ses qualités guerrières au service de la foi. Le chevalier est fier de ses exploits guerriers et il obéit à un code d’honneur dans lequel toute une r communauté se reconnaît : c’est celui de la fidélité à son seigneur Dossier 1 La littérature épique .

La littérature courtoise

À partir du XIe siècle dans le sud de la France et du XIIe dans le nord, la société féodale ajoute une nouvelle valeur à l’idéal chevaleresque : c’est celui du ser vice d’amour, qui met les préoccupations amoureuses au centre de la vie. La cour imag inaire du roi Arthur, qu’on retrouve dans les romans de la Table ronde, devient le modèle idéal des cours

réelles : non seulement le chevalier est courageux (comme le chevalier des chansons de geste), mais il a aussi le désir de plaire à sa dame Pour ce f aire et pour mériter son amour, il doit essayer et surtout réussir à porter à la perfection les qualités chevaleresques et courtoises qui sont exigées. Cet idéal est bien celui des gens de cour, et c’est de là que vient le mot courtoisie. L’amour, qui dans les chansons de geste n’apparaissait guère, tient ici une place considérable et déterminante et pas seulement comme « mobile » des actions (c’est l’amour qui est à la base de toutes les aventures dans Tristan et Iseut et c’est encore lui qui règle et détermine la vie de Lancelot) Dossier 2 Le récit courtois et satirique

Littérature
(XIe-XVe V siècles)
Classe inversée Cl e i e é Connaître la période 24 Le Moyen Âge
1100- 1170 Guillaume IX de Poitiers (langue d’oc) Jaufré Rudel (langue d’oc) 842 Serments de Strasbourg 880 Cantilène de Sainte Eulalie v. 1070
IXe Xe
La Chanson de Roland
XIIe XIe
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Miniature du manuscrit de Lancelot du Lac (1310-1315), New York, The Pierpont Morgan Library & Museum

La littérature satirique

La littérature satirique apparaît après le succès des chansons de geste et de la littérature courtoise. Au XIIIe siècle, la société subit des changements ; à cette époque l´économie française est encore agricole et la société est divisée en classes sociales fixes, mais la population a augmenté et elle se déplace de la campagne vers les territoires urbains, elle pratique aussi le commerce et l’artisanat. Dans la ville proprement dite, vit le petit peuple et la bourgeoisie, et c’est dans ces bourgs que naît une littérature satirique et comique. Il s’agit, en général, de cour ts récits très souvent ils parodient les romans courtois ; dans aucun de ces premiers textes satiriques on ne met en discussion l’ordre établi. Les personnages de ce type de littérature ne sont pas des nobles comme dans la littérature précédente, mais ce sont des bourgeois, qui cherchent une littérature où se reflètent leurs défauts et leurs faiblesses. Ce sont eux les personnages de cette littérature qui se moquent de leur propre catégorie sociale, soit pour moraliser, soit pour échapper aux malheurs de la vie quotidienne ; c’est à travers le rire qu’ils le font. On a dans Le Roman de Renar t ou dans les fabliaux les x plus importants exemples de littérature satirique et bourgeoise Dossier 2 Le récit courtois et satirique .

La poésie lyrique et didactique

À l’origine, dès le début du XIIe siècle, dans le sud de la France, la poésie lyr ique est une poésie musicale extrêmement codifiée, et elle est accompagnée par une mélodie. Les premiers poèmes lyr iques sont de vér itables chansons avec souvent des refrains. Les thèmes les plus chantés

Scènes courtoises: paire de valves de miroirScènescourtoises:pairedevalvesdem en ivoire (XIVe V siècle), Paris, Musée du Louvre

sont l’amour pour une dame inaccessible et la souffrance que provoque cet amour. À la fin du XIIe siècle, ce type de lyrisme fait son entrée dans la France du nord, et les chansons en langue d’oïl reprennent la thématique des troubadours souvent sous une forme moins complexe avec un souci croissant de finesse et d’élégance. Si la poésie lyr ique en Languedoc est au départ populaire, la chanson d’amour au nord devient un genre noble par excellence et le service à la dame est une quête de dépassement moral.

La forme la plus ancienne de cette poésie est la chanson de toile (pour charmer les dames occupées à tisser) qui a pour thème les plaintes d’une dame en mal d’amour ; on trouve aussi la chanson à danser (brefs récits en vers) qui a pour thème l’amour, les plaintes d’une femme mal mariée ou le renouveau du printemps.

QUI SONT LES AUTEURS DU MOYEN ÂGE ?

Au Moyen Âge, une œuvre n’est pas le fait du travail d’un auteur unique. Des remaniements successifs sont dus autant aux jongleurs qu’aux copistes ou aux clercs. C’est pour ce motif que les œuvres sont anonymes. Si le jongleur produit le texte devant le public avec des variantes personnelles, si le copiste recopie et remanie le texte et si le clerc agit de la même façon, qui est donc à l’origine de l’œuvre, qui est le créateur ? Il est difficile de savoir si, à cette époque, une œuvre est la rédaction d’une légende, d’un récit populaire ou bien s’il s’agit d’une création individuelle et originale, non populaire mais savante.

Le Moyen Âge 25 XIe-XVe siècles
v. 1230 Guillaume de Lorris, Le Roman de la Rose (I) 1321 Dante Alighieri, La Divine Comédie C LaDivineComédie 1349 Boccaccio, Le Décameron 1457 François Villon, Lais 1461 François Villon, Le Testament 1352 Francesco Petrarca, Les Triomphes 1300-1340 Christine de Pisan Charles d’Orléans 1387 Geoffrey Chaucer, Contes de Canterbury 1465 La Farce de Maître Pathelin 1170 Béroul et Thomas, Tristan et Iseut 1197 Bernard de Ventadour (langue d’oc) 1181 Chrétien de Troyes, Perceval ou le conte du Graal v. 1270 Jean de Meung, Le Roman de la Rose (II) IXe Xe XIIe XIe
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

L’esprit bourgeois, au XIIIe siècle, laisse peu de place à l’amour délicat, mais il exprime plutôt la piété, la satire du temps, le lyr isme personnel et réaliste, ou l’humour gai ou amer avec Rutebeuf. Au XIVe siècle, de nouveaux genres lyriques font leur appar ition : les plus utilisés sont la ballade et le rondeau. La thématique courtoise tend à s’épuiser, une nouvelle poésie lyrique est créée par Guillaume de Machaut et poursuivie par Christine de Pisan et de nombreux autres poètes amateurs comme Charles d’Orléans par exemple.

Il n’y a guère d’œuvre littéraire de pur divertissement au Moyen Âge ; l’épopée, le conte et le roman ont tous leur morale. Les auteurs veulent faire partager un savoir ou une croyance. Ainsi, à côté de la poésie d’amour, la poésie didactique fleurit au Moyen Âge et produit des œuvres très diverses, qui ont une vocation morale. Elle se propose de dispenser un savoir, qu’il soit de nature relig ieuse, morale, philosophique, scientifique ou littéraire. Le Roman de la Rose est l’œuvre la plus importante de ce type de littérature ; il s’agit d’une composition allégorique commencée au XIIIe siècle et terminée au siècle suivant : deux parties différentes, code de l’amour courtois dans la première partie, somme des idées morales, sociales et philosophiques dans la seconde Dossier 3 y La poésie didactique et l rique

La poésie d’inspiration personnelle

La poésie de François Villon, en révolte contre la société, l’ordre établi et en général contre toutes les structures r ig ides, se démarque de la poésie de son époque. C’est un grand poète qui f ait revivre la tradition personnelle et réaliste, résume l’âme du Moyen Âge et annonce des temps nouveaux. Ses thèmes lyr iques et personnels sont la piété, la tendresse filiale, la nostalg ie, le remords et surtout la hantise de la mort. Ses qualités sont la simplicité directe, le réalisme et une g rande puissance d’évocation  ; Villon se laisse rarement aller à la rhétorique qui caractérise un peu l’époque

Dossier 4 La poésie de tradition réaliste

Le théâtre au Moyen Âge

Le drame liturgique apparaît dans les églises vers l’an 1000. Ce sont de courtes pièces en latin qui sont représentées par des clercs dans le chœur ou la nef de l’église. Les Miracles racontent la vie des saints et les Mystères ont pour sujets des scènes de l’Ancien ou du Nouveau Testament. Le Mystère se joue parfois pendant plusieurs jours, aux grandes fêtes religieuses comme Noël, Pâques ou la Pentecôte. Les textes en latin sont progressi-

vement entrecoupés, farcis (d’où plus tard la farce) de passages en langue populaire et, avec cette évolution, la représentation se déplace et se joue sur le parvis de l’église et des comédiens laïcs remplacent peu à peu les clercs. Au XIIIe siècle apparaît le Jeu, qui se caractérise par l’introduction dans le thème religieux d’anecdotes ou de légendes populaires. Le théâtre, à l’origine simple illustration du culte, devient donc vers le milieu du XIIIe siècle un genre à part entière et la farce s’impose. La plus connue est La Farce de Maître Pathelin, une pièce comique qui présente des situations et des personnages ridicules, et où règnent la tromperie, les équivoques, les ruses et les mystifications. La langue utilisée est très familière, voire grossière parfois Dossier 5 Le théâtre médiéval .

Activités

1. Regardez la vidéo et faites les activités.

2. Répondez aux questions.

1 Que sont les chansons de geste  ?

2. Qu’apporte de nouveau la littérature courtoise  ?

3 Qu’est-ce qui caractérise la littérature satirique  ?

4 Où est née la poésie lyrique ?

5. Quelle est la vocation de la poésie didactique  ?

6. Quel est le plus grand représentant de la poésie réaliste  ?

7. Quand le théâtre devient-il un genre à part entière ?

Littérature Les origines littéraires 26 Le Moyen Âge
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Marie de France écrivant Recueil de pièces versifiées en ancien Français comprenant les Fables de Marie de France (1285-1292), Paris, BnF - Bibliothèque de l’Arsenal.

La naissance de la langue française

Langue d’oc

La langue d’oc s’est formée à partir d’une évolution du latin q ui é tait p arl é au sud d e l a France So n nom dérive de l’adjectif démonstratif latin hic, hæc, hoc qui signifie cela et que les méridionaux utilisaient pour répondre affirmativement. Elle a gardé des traces des langues parlées en Gaule avant la conquête romaine, qui se sont unies au latin apport é p ar les con q uêtes de Jules Cé sar et à certains termes issus des dialectes g ermaniques. C’est la langue que les troubadours utilisaient, qu’ils appel a i e nt lan g ue provençal e et dans la q uelle ils ont composé leurs œuvres. La langue d’oc s’est diversifiée avec le temps et a donné naissance à de nombreuses variantes : les langues d’oc ou l’occitan qui regroupent le provençal et ses variantes (le gascon, le languedocien, l’auvergnat) et tous les dialectes q ui sont p arlés au sud du territoire français. Ces langues ont survécu jusqu’à nos jours et, grâce à des passionnés de traditions et de redécouvertes du folklore, elles sont encore parlées et une littérature vit encore aujourd’hui. Frédéric Mistral (1830-1914) a composé des œuvres qui ont été aussi transposées à l’opéra et il a obtenu le Prix Nobel de Littérature en 1904 ; Marcel Pagnol (1895-1972) a créé des personnages qui sont devenus des types humains et il a lui-même adapté, pour le cinéma, certains de ses romans qui sont devenus des films cultes, grâce aussi à l’interprétation d’acteurs comme Raimu ou Fernandel ; q uant à Jean Gio n o ( 1895-1970 ) , ses textes ont été marqués par son profond pacifisme et sont devenus des films à succès (Le hussard sur le toit par exemple).

Langue d’oïl

La langue d’oïl est une langue romane, dérivée du latin, qui s’est développée dans la partie nord de l a France, l e sud de l a Be l gique et l es î l es ang l onormandes. Son nom dérive du latin hoc ille, utilisé pour répondre oui. En Gaule, du Ve V au IXe siècle, on parlait le gallo-roman comme l’attestent certains manuscrits, par exemple la glose de Reichenau, vulgate (texte en vulgaire) du VII Ie siècle. En 813, durant le concile de Tours, il est d é cid é que les prêtres doivent faire leurs sermons en langue vernaculaire pour être compris des fidèles. En 843, un traité conclu entre Louis le Germanique et Charles le Chauve, deux des descendants de Charlemagne, est prononcé et écrit en gallo-roman : ce sont les Serments de Strasbourg, premier texte officiel

répertorié. Le choix de la langue a été dicté par la nécessité de se faire comprendre. Il faut attendre la fin du IXe siècle pour avoir le premier texte littéraire, la Cantilène de Sainte Eulalie, et, à côté de quelques fragments, en 1050, la Vie de Saint Alexis est le premier texte important. C’est d’un des dialectes de ces langues que dérive le français. Elles ont combiné la langue des populations celtes avec le latin et le dialecte haut-allemand que parlaient les Francs L’action de ce langage francique (des Francs) a été importante sur la prononciation et sur la forme de certains mots. C’est vers 1125 que le nom ronmanz (langue vulgaire) apparaît pour qualifier cette nouvelle langue, le mot devient romans entre 1130 et 1140 et puis roman à la fin du XIIe siècle. C’est à cette même période qu ’apparaît le mot franceis ou françois Les autres dialectes se sont standardisés et sont des variétés peu différenciées

Comprendre et réfléchir

1. De quoi dérivent les termes langue d’oc et langue d’oïl  ?

2. La langue d’oc a-t-elle encore une littérature aujourd’hui ?

3. Quel est le premier texte officiel répertorié d’un dialecte de langue d’oïl  ?

4. Quel mot qualifie cette nouvelle langue ? Quand apparaît-il ?

5. Relevez les étapes de la naissance de la langue française.

Le Moyen Âge 27 XIe-XVe siècles
À
la loupe...
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Extrait du Serments de Strasbourg (IXe siècle).

Dossier 1

La littérature épique

Un genre populaire qui plaît aux seigneurs

Jusqu’à la fin du XIe siècle la littérature en langue vulgaire est pauvre, seulement constituée de textes qui parlent de la vie des saints. À partir de ce moment-là, une importante production épique commence et elle continuera pendant plus ou moins trois siècles. La naissance de cette production a été f avorisée par certains f acteurs :

–le régime féodal a exalté dans l’âme des seigneurs l’amour de la prouesse guerr ière et le sentiment de l’honneur, à travers les liens de vassal à suzerain ;

la première croisade a exalté la foi religieuse et patr iotique, le goût des récits héroïques et des luttes contre les infidèles. On commence à mettre par écr it des chansons de geste (du latin gesta qui signifie actions, exploits guerriers) qui font revivre des personnages du VIIIe ou du IXe siècle

Le point de départ est histor ique, mais les caractères et les f aits sont modifiés et les héros caroling iens ressemblent aux barons du XIIe siècle. Conçues comme une vér itable littérature de propagande appelant à la croisade, elles glorifient les prouesses de la chevaler ie au service de Dieu et du roi L’idéal de la société féodale est bien mis en scène dans ces chansons : respect absolu des engagements féodaux entre suzerain et vassal, morale chevaleresque, qualités guerrières au service de la foi. Le chevalier, toujours fidèle à son seigneur, obéit à un code d’honneur qui méprise la f atigue, la peur, le danger. Il vit pour la guerre, fier de ses exploits guerriers surtout parce que l’Église détourne vers la croisade l’énergie de ces hommes passionnés de combats.

La composition des chansons de geste

Ce sont des poèmes oraux, anonymes, que les jongleurs récitaient en s’accompagnant de la vielle (instrument à cordes et à archet, ancêtre de la viole). Cette oralité a déterminé des caractères précis pour la composition :

– les chansons sont divisées en laisses, des strophes de longueur inégale qui développent une seule idée ou qui racontent un seul fait ;

– le mètre utilisé est en général le décasyllabe ; – des reprises sont effectuées et ont la fonction de résumer ou de rappeler les événements qui se sont produits, de façon à tenir en éveil l’attention des écoutants.

Qui sont les auteurs des chansons de geste ? On a f ait l’hypothèse d’une création collective ; peutêtre les pèlerins qui suivaient les grandes routes de pèlerinage (vers Saint-Jacques-de-Compostelle) et les moines des monastères qui les hébergeaient au passage. Les chansons de geste étaient récitées par un jongleur itinérant qui s’accompagnait d’un instrument de musique, pendant que des saltimbanques mimaient les épisodes racontés. Le public comprenait la foule des pèlerins et les seigneurs féodaux. La Chanson de Roland, la plus ancienne des chansons de geste, remonte au début du XIIe siècle.

Les transformations des textes

À cause de leur succès grandissant, des remaniements ont été effectués et au XIIIe siècle on est passé à une forme écrite, plus complexe : le mètre utilisé est devenu l’alexandrin (vers de douze pieds, dodécasyllabe). Au XIVe siècle, on est passé à une forme en prose. Au XIIIe siècle, les chansons existantes ont été regroupées en trois Gestes ou Cycles :

Geste du roi qui reg roupe les chansons qui ont comme protagoniste Charlemagne ou les seigneurs de sa cour ;

– Geste de Garin de Monglane qui regroupe les chansons qui ont comme protagoniste Guillaume d’Orange et sont situées dans le Languedoc et en Provence ;

– Geste du Doon de Mayence qui regroupe les chansons ayant pour thème les luttes féodales.

Activités

1. Quels éléments ont favorisé la naissance des chansons de geste ?

2. Quelles sont les caractéristiques du code d’honneur ?

3. Comment les chansons sont-elles composées ?

4. Sur quoi les trois Gestes sont-elles centrées ?

28 Le Moyen Âge Dossier 1 Connaître la littérature
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Les origines

La Chanson de Roland date, sans doute, du début du XIIe siècle. Elle est connue depuis le début du XIXe siècle grâce au manuscrit d’Oxford qui a été d écrit vers 1070. C’est un poème de 4002 décasyllabes, regroupés en 291 laisses. Il est écrit en dialecte anglo-normand.

L’histoire

À la base de la chanson, il y a un texte historique en latin, la Vita Caroli écrite par Eginhard. L’épisode raconte que l’empereur Charles, qui a 36 ans, franchit les Pyrénées (printemps 778) pour venir en aide à des Arabes en lutte contre d’autres musulmans.

Il soumet Pampelune et assiège Saragosse. Rappelé en France à cause d’une attaque des Saxons et d’un soulèvement, il rase Pampelune et repasse les Pyrénées. En août 778, l’arrière-garde de son armée est massacrée par des montagnards basques, des chrétiens. Parmi les victimes se trouve Roland, comte de la Marche de Bretagne

L’épisode est transformé et embelli, et, dans la Chanson, Charlemagne a 200 ans et Roland est son neveu. L’expédition dure depuis sept ans, l’embuscade des Basques devient une attaque faite par 400 mille Sarrasins. Leur triomphe est dû à la trahison de Ganelon (personnage inventé par l’auteur, comme un autre personnage, Olivier, ami de

Roland). Charlemagne venge son neveu et écrase les Sarrasins, après quoi il punira Ganelon

Le mythe de la Chanson

La Chanson de Roland a été écrite dans une intention mythique qui justifie la présence du surnaturel ; Roland possède une épée magique, baptisée comme si elle était un être humain : son nom est Durendal. Le héros parle à Durendal qui semble le comprendre. Il possède aussi un cor en ivoire, l’Olifant, dont le son arrive à vingt lieues de distance. Roland, devant la mort de toute son arrière-garde, se décide enfin à sonner l’Olifant qui fera revenir Charlemagne. Jusqu’à présent il avait refusé de le faire, craignant de passer pour lâche, mais le moment est arrivé, car l’issue du combat ne fait aucun doute. Les Francs, très inférieurs en nombre, vont être vaincus.

Charlemagne doit être prévenu et pour cela Roland décide de sonner son cor. Il en sonne si fort qu’il rompt une veine de sa tempe, ce qui causera sa mort : du moins aucun Sarrasin ne pourra se vanter de l’avoir tué. L’histoire de Roland est comme celle d’un saint ; à sa mort, deux anges viennent chercher son âme pour la transporter au paradis. Sa mort est accompagnée de prodiges comme la mort du Christ, et Ganelon, le traître, correspond à Judas.

Lorsqu’au XIIe siècle on crée cette épopée, c’est pour glorifier la figure mythique de Charlemagne comme défenseur de la chrétienté, pour exalter l’idéal de la guerre sainte contre les infidèles à l’époque des croisades, pour vanter l’idéal chevaleresque et les liens vassaliques. Les Basques deviennent des Sarrasins et la déf aite franque s’explique par la trahison de Ganelon. Cette épopée, composée avant la première croisade (1095), fait de Charlemagne, en guerre contre les Sarrasins d’Espagne et fondateur du Saint Empire Romain, un précurseur des croisades, et de Roland un héros de la guerre sainte.

Le simple combat du VIIIe siècle devient une véritable croisade contre les Infidèles. Le problème de l’auteur de la Chanson reste entier, car même si un nom est présent à la fin du poème on ne peut savoir qui il est. Le dernier vers de la chanson dit :

ci falt la geste que Turoldus declinet1

Le problème est lié au sens du verbe declinet, qui peut signifier :

– composer (et dans ce cas Turold serait l’auteur de la chanson) ; r

– suivre (le récit et dans ce cas Turold serait le chroniqueur) ;

transcr ire (et dans ce cas Turold serait le copiste) ;

réciter (et dans ce cas Turold serait le jongleur).

Ce qui ressort du texte c’est que c’était un homme cultivé qui connaissait les poètes latins, la Bible et les rituels de prière.

29 XIe-X Ve siècles Le Moyen Âge
La Chanson de Roland (XIIe siècle)
1 Ici finit la geste que Turold déclinet
L’œuvre
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Texte

1

Roland sonne du cor

LA CHANSON DE ROLAND

Médiathèque ANALYSE INTERACTIVE

CXXXIII

[...] Roland a mis l’olifant1 à sa bouche ; L’enfonce bien, sonne avec g rande force. Hauts sont les monts et la voix porte loin À trente lieues2 se répète l’écho.

5 Charles l’entend et tous ses compagnons. Le roi dit : « Nos hommes livrent bataille !  » Répond Ganelon : «  Qu’un autre l’eût dit, Ces paroles sembleraient g rand mensonges ».

CXXXIV

Roland, à g rand-peine et à g rand effort,

10 À grande douleur, sonne l’olif ant Et de sa r bouche jaillit le sang clai , Et de son crâne la tempe se rompt Du r cor qu’il tient, le son porte fort loin : Charles l’entend, lui qui passe les ports3 .

15 Naimes l’entend avec tous les Français. Le roi dit : «  J’entends le r cor de Roland. N’en sonnerait, s’il ne livrait bataille. »

Répond Ganelon : « De bataille, point  ! Vous êtes vieux, tout fleuri et tout blanc  :

20 Par vos paroles semblez un enfant.

Vous savez le g rand orgueil de Roland :

C’est merveille que Dieu le souffre encore... Pour un seul lièvre, il va sonnant du r cor ; Devant ses pairs doit encor s’amuser... »

CXXXV

25 Comte Roland à la bouche sanglante

De son crâne la tempe s’est rompue

Sonne l’olif ant à g rande douleur

Charles l’entend et ses Français l’entendent

Le roi dit : « Ce r cor a bien longue haleine ! »

2 Unité de mesure.

3 Passage qui permet de traverser les montagnes.

4 C’est l’impératif du verbe oïr qui signifie entendre, donc entendez

5 Cotte de maille, partie de la cuirasse qui protège le corps.

6 Protection de la tête.

30

Répond Naimes : « Un baron y prend peine !

C’est bien une bataille, j’en suis sûr.

L’a trahi, qui vous en veut détourner.

Armez-vous et criez le ralliement

Et secourez votre noble maison :

35 Assez oyez4 que Roland se lamente ! »

CXXXVI

L’empereur sitôt fait sonner ses cors

Les Français mettent pied à terre et s’arment

De hauber ts5 , heaumes6 , épées ornées d’or.

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Dossier 1 La littérature épique 30 Le Moyen Âge
Les Français sont attaqués par les Sarrasins, Olivier conseille à Roland de sonner son cor d'ivoire pour appeler Charlemagne à son secours ; mais Roland, trop orgueilleux, refuse, et sa témérité le rendra responsable du désastre. 1
1 Le cor qu’il doit sonner pour appeler Charlemagne.
Roland, miniature de La Fleur des Histoires de Jean Mansel (XVe V siècle), Copenhagen, Det Kongelige Bibliotek

Comprendre

Ont des écus, de g rands et forts épieux7 , 40 Des gonf anons8 blancs et vermeils et bleus. Tous les barons montent leurs destr iers. Éperonnent au long des défilés.

D’eux tous, pas un seul qui ne dise à l’autre  : « Si nous voyions Roland encore vivant, 45 Avec lui nous donner ions de grands coups. »

Mais à quoi bon  ? Ils ont trop attendu.

1. Définissez le décor de la scène. Le paysage, dans cette situation tragique, a-t-il un rôle important  ?

2. Pour se faire entendre, quels obstacles Roland doit-il surmonter  ?

3. Quel est l’effet de l’effort de Roland  ?

4. Faites le portrait de Ganelon et commentez ses deux interventions. Est-ce qu’il respecte l’empereur ?

5. Que dit-il de Roland  ?

Analyser

6. Décrivez les préparatifs pour aller aider Roland. Quel changement de ton intervient dans la dernière strophe  ?

7. Pourquoi ce récit a-t-il les caractéristiques d’un registre épique  ?

8. Que signifie la répétition du mot olifant/cor, mise en évidence par la couleur rose ? Et celle mise en évidence par la couleur bleue  ?

9. Qu’apportent les répétitions, liées au sang, mises en évidence par la couleur jaune  ?

La mort de Roland

LA CHANSON DE ROLAND

Après avoir en vain tenté de briser son épée pour qu'elle ne tombe pas entre les mains de ses ennemis, Roland se prépare à mourir en chrétien. Il prie. C'est dans cette description des derniers moments de Roland que l'association entre la foi et le courage du héros, une des caractéristiques de toute l’œuvre, est la plus évidente.

CLXXIV

Roland sent que la mort le prend. De la tête au cœur elle descend  : En courant il est allé sous un pin Sur l’herbe verte il s’est couché f ace contre terre

5 Sous lui il met son épée et son olif ant

Il a tourné la tête du côté des païens  :

Il l’a fait parce qu’il veut vraiment

Que Charles dise, ainsi que tous les siens, Que le noble comte, il est mort en conquérant.

10 Il bat sa coulpe1 à plusieurs repr ises. Pour ses péchés il offre à Dieu son gant.

CLXXV

1 Exprime son repentir.

Roland sent que son temps est fini. Face à l’Espagne il est sur un mont à pic : D’une main il s’est frappé la poitrine :

Le Moyen Âge 31 XIe-X Ve siècles
7 Espèce de lance. 8 Bannière.
Texte 2 2
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

2 Le héros appartient à une famille, à un lignage dont il doit continuer à illustrer la renommée et la gloire.

3 Il veut se soucier du salut de son âme.

4 Saint Michel Archange est honoré au Mont-Saint-Michel en Normandie sous le nom de Saint Michel du Péril de la Mer

Comprendre Analyser

15 « Dieu, je me repens, devant tes g randes vertus, De mes péchés, g rands et petits, Que j’ai f aits depuis l’heure de ma naissance Jusqu’à ce jour que je suis ici venu à ma mort ! »

Il a tendu vers Dieu son gant droit  ;

20 Des anges du ciel descendent à lui

CLXXVI

Le comte Roland est étendu sous un pin, Vers l’Espagne il a tourné son visage. Il s’est pr is à se rappeler bien des choses  : Tant de terres qu’il a conquises par sa prouesse,

25 Douce France, les hommes de son lignage2 , Charlemagne, son seigneur, qui l’a élevé ; Il ne peut s’empêcher d’en pleurer et d’en soupirer, Mais il ne veut pas s’oublier lui-même3  ; Il bat sa coulpe, il demande à Dieu merci :

30 « Vrai Père qui jamais ne mentis, Toi qui ressuscitas saint Lazare de la mor t Et préservas Daniel des lions, Préserve mon âme de tous les périls

Causés par les péchés que je fis en ma vie ! »

35 Il offrit à Dieu son gant droit  ; Saint Gabr iel l’a pr is de sa main. Sur son bras il tenait sa tête inclinée, Les mains jointes il est allé à sa fin

Dieu lui a envoyé son ange Chérubin,

40 Et saint Michel du Péril de la Mer4 , Avec eux y est venu saint Gabriel  ; Ils emportent l’âme du comte en paradis

1. Combien de personnages interviennent dans cette scène  ?

2. Quelle est l’idée dominante dans les trois laisses  ?

3. Relevez le système de répétitions d’une laisse à l’autre : trouvez-vous que ces enchaînements par répétitions et assonances facilitent la mémoire du jongleur, la déclamation et l’attention du public ? Pourquoi ? Quel est l’effet produit  ?

4. La mise en scène : relevez toutes les indications concernant le cadre et le décor de la scène, la position du corps, de l’épée et du cor. Remplissez la grille.

Cadre et décor Position du corps Position de l’épée et du cor

5. Relevez aussi le type de verbes utilisés et dites quel est l’effet produit. Roland meurt vaincu ou maître du champ de bataille ? L’honneur de la France est-il sauf ?

Réfléchir

6. Roland meurt : a-t-il commis un péché d’orgueil en sonnant si tard son cor, ou n’avait-il pas d’autre choix  ?

7. Quels sont les thèmes principaux du monologue intérieur de Roland ? Pourquoi se souvient-il de ses conquêtes ? Y voyez-vous un signe d’orgueil ? Quelle est l’importance accordée au lignage ?

8. Comment expliquer le vers 35 Il offrit à Dieu son gant droit ? La religion de Roland a-t-elle t une dimension féodale  ?

Écrire

9. Résumez les détails fondamentaux de la mort héroïque de Roland.

Dossier 1 La littérature épique 32 Le Moyen Âge
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

La tapisserie de Bayeux

68,30 MÈTRES DE HISTOIRE

C’est une broderie sur toile, faite à l’aiguille avec des laines de 4 couleurs dans 8 tonalités différentes. Elle a été commandée par Odon de Conteville, évêque de Bayeux, demi-frère de Guillaume le Conquérant, et elle devait justifier l’expédition de Guillaume de l’autre côté de la Manche ; elle avait aussi un but religieux. En effet, l’Anglais Harold aurait violé le serment, prêté sur de saintes reliques, de laisser le trône d’Angleterre à Guillaume après la mort d’Édouard le Confesseur. Le parjure commis entraînait les pires conséquences pour le coupable et les siens, et Harold aurait été puni par le Ciel. En réalité, il est tué en combattant pendant la bataille d’Hastings, le 14 octobre 1066.

Un banquet est organisé et les cuisiniers préparent le repas, la troupe mange sur les boucliers retournés et les chefs sont assis à une table.

La tapisserie de Bayeux est une pièce de toile brodée qui raconte une série d’événements qui se sont déroulés de 1064 à 1066 et ont conduit à la conquête de l’Angleterre par le duc de Normandie Guillaume le Conquérant. Cette tapisserie mesure 68,30 mètres de longueur et 50 cm de hauteur et a été réalisée moins de 10 ans après la bataille d’Hastings ; elle se trouve aujourd’hui dans le « Musée de la Tapisserie » à Bayeux

La tapisserie de Bayeux est très riche et comprend 72 scènes composées

Activités

de 626 personnages, 202 chevaux et mulets, 55 chiens, 505 créatures mythologiques (oiseaux et dragons), 37 édifices, 41 vaisseaux et barques, 49 arbres et environ 2000 mots en latin. Ses bordures représentent de nombreux animaux réels ou imaginaires. La partie inférieure montre souvent les appétits et instincts bestiaux présents dans chaque homme, alors que la partie supérieure fait référence à leurs idéaux et à leur élan vers Dieu.

La tapisserie est le témoignage de faits historiques dont il ne reste que

1. Quels aliments et quels objets reconnaissez-vous sur la table ?

2. Quelle est la position du serviteur devant les convives ?

3. Les convives portent-ils des armes ? Pourquoi d’après vous ?

4. Un homme sur la gauche de la tapisserie a un objet à la bouche. Que pourrait être cet objet d’après vous ?

peu de traces. Elle est ainsi inestimable quant à la connaissance de la vie de l’époque, car elle nous renseigne sur :

l’organisation sociale de la société médiévale ;

les formes de pouvoir ; – les modes de vie des seigneurs et des paysans ;

les équipements de guerre, les vêtements des soldats, les signes distinctifs sur leurs boucliers Certains voient en elle, dans sa présentation sous forme d’images, un précurseur de la bande dessinée.

5. Quels animaux sont représentés dans la frise au bas de la tapisserie ?

6. Quels animaux sont représentés dans la partie supérieure de la tapisserie ?

7. Cette image de la tapisserie vous a-t-elle apporté d’autres connaissances sur le Moyen Âge ? Si oui, gp pp que vous a-t-elle appris ? Si non, que vous a-t-elle confirmé ?

Le Moyen Âge XIe-X Ve siècles
Lire les images Vers l’ESABAC 33
68,30 MÈTRE 68 3 MÈTR Le faucon
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Le héros Un mythe qui dure dans les siècles

Le Moyen Âge a exalté la première figure du héros : viril, guerrier, grand, fort mais pas invulnérable, protégé des dieux (Roland), supérieur à tous ses rivaux (les Sarrasins), capable d’affronter des dangers multiples, souvent écrasé par les forces de la fatalité et pour cela destiné à la mort, à une fin tragique. Dans la littérature d’inspiration courtoise, on trouve encore des héros guerriers, mais aussi courtois : le preux chevalier doit posséder la noblesse du cœur, la franchise; il est soucieux d’armes et d’amour. Dans la littérature de la Renaissance il y a des tentatives d’épopée pas toujours réussies, qui attestent le goût persistant pour l’héroïsme chevaleresque, mais la magnificence du héros revient avec le Grand siècle classique. L’éclipse de la littérature héroïque arrive avec le siècle des Lumières qui cesse d’admirer les prouesses guerrières. La figure du héros traditionnel revient au XIXe siècle avec les romantiques (Chateaubriand, Hugo), qui exaltent la figure légendaire de Napoléon Ier et imposent en même temps un nouveau type de héros : l’artiste, le créateur, le poète, un héros sans armes. Du XIXe au XXe siècle la figure de

Horace (1640)

Toute l’œuvre dramatique de Corneille est inspirée par une intense rêverie d’héroïsme. Le héros cornélien n’est pas simplement un homme, puisque c’est un héros. Ce n’est ni l’homme tel qu’il est, ni l’homme tel qu’il devrait être, c’est l’homme tel qu’il se rêve dans ses moments d’exaltation Dans Horace, les portraits que trace Corneille sont antithétiques, puisque le tragédien oppose les thèmes de la générosité et de l’humanité à travers les personnages d’Horace et de Curiace.

Pierre Corneille p. 171

Jeanne d’Arc retrouve la pleine lumière qu’elle avait eue de son vivant et son héroïsme devient sainteté. Elle est le symbole de la pureté, de l’innocence, c’est une sainte, une jeune fille pure et droite, au milieu d’un monde corrompu. Au XXe siècle on assiste aussi à un retour des mythes antiques et des héros classiques. Réactualisés, les mythes deviennent un moyen de déchiffrer le monde contemporain. Le XXe siècle est, plus encore que son précédent, un siècle de héros, non seulement parce que des écrivains exaltent la grandeur humaine, mais aussi parce que le cinéma est né : films d’aventure, de guerre et d’adaptations d’œuvres épiques

Horace, le héros accompli

Pierre Corneille, HORACE, ACTE II, SCÈNE 3

Dans cette scène, Curiace qui félicitait Horace d’avoir été choisi comme champion par Rome, vient d’apprendre qu’il était lui-même désigné pour l’affronter au nom d’Albe. Horace voit dans ce choix la grandeur, tandis que Curiace y voit l’horreur de la situation.

CURIACE

Il est vrai que nos noms ne sauraient plus périr, L’occasion est belle, il nous la faut chérir. Nous serons les miroir s d’une ver tu bien rare : Mais votre fermeté tient un peu du barbare.

5 Peu, même des grands cœurs, tireraient vanité

D’aller par ce chemin à l’immortalité :

À quelque prix qu’on mette une telle fumée1

L’obscurité vaut mieux que tant de renommée. Pour moi, je l’ose dire et vous l’avez pu voir, 10 Je n’ai point consulté2 pour suivre mon devoir ;

thématique ESPACE courage audace intrépidité 34 Le Moyen Âge
Texte 1 L’œuvre 1 Vaine gloire. 2 Hésité.
3 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Notre longue amitié, l’amour, ni l’alliance, N’ont pu mettre un moment mon espr it en balance ; Et puisque par ce choix Albe montre en effet Qu’elle m’estime autant que Rome vous a f ait, 15 Je crois f aire pour elle autant que vous pour Rome ;

J’ai le cœur aussi bon, mais enfin je suis homme : Je voix que votre honneur demande tout mon sang, Que tout le mien consiste à vous percer le flanc  ;

Près d’épouser la sœur, qu’il f aut tuer le frère, 20 Et que pour mon pays j’ai le sort si contraire.

Encor qu’à mon devoir je coure sans terreur, Mon cœur s’en eff arouche, et j’en frémis d’horreur ;

J’ai pitié de moi-même, et jette un œil d’envie Sur ceux dont notre guerre a consumé la vie, 25 Sans souhait toutefois de pouvoir reculer.

Ce triste et fier honneur m’émeut sans m’ébranler :

J’aime ce qu’il me donne, et je plains ce qu’il m’ôte ; Et si Rome demande une vertu plus haute, Je rends grâces aux dieux de n’être pas Romain, 30 Pour conserver encor quelque chose d’humain.

HORACE

Si vous n’êtes Romain, soyez digne de l’être  ; Et si vous m’égalez, faites-le mieux paraître.

La solide vertu dont je fais vanité

N’admet point de faiblesse avec sa fermeté ;

35 Et c’est mal de l’honneur entrer dans la carrière

Que dès le premier pas regarder en arrière.

Notre malheur est g rand, il est au plus haut point ;

Je l’envisage entier, mais je n’en frémis point : Contre qui que ce soit que mon pays m’emploie,

40

J’accepte aveuglément cette gloire avec joie ; Celle de recevoir de tels commandements

Doit étouffer en nous tous autres sentiments.

Qui, près de le servir, considère autre chose, À faire ce qu’il doit lâchement se dispose ;

45 Ce droit saint et sacré rompt tout autre lien. Rome a choisi mon bras, je n’examine rien. Avec une allég resse aussi pleine et sincère Que j’épousai la sœur, je combattrai le frère ; Et, pour trancher enfin ces discours superflus, 50 Albe vous a nommé, je ne vous connais plus.

CURIACE

Je vous connais encore, et c’est ce qui me tue

Comprendre et réfléchir

1. Quels sont les sentiments de Curiace ?

2. À quoi Curiace réduit-il l’honneur et la gloire ? Est-ce que la gloire vaut un tel sacrifice ?

3. Horace, le héros accompli : quelle définition donne-t-il de la vertu et de l’héroïsme qui le sépare de Curiace ?

4. Curiace et Horace : deux héros, deux discours parallèles : qu’est-ce qui les oppose et les désunit ?

persévérance
générosité justice honneur 35 XIe-X Ve siècles
humanité sensibilité
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Texte 2

L’œuvre

Chatterton (1835)

Il s’agit d’un drame romantique en trois actes écrit par Alfred de Vigny. Dans Chatterton, il met en scène les diff ficultés et les tourments du poète qui ne parvient pas à trouver sa place dans une société matérialiste : pour cela, il s’inspire de l’histoire vraie du célèbre poète anglais Thomas Chatterton, qui a mis fin à ses jours à l’âge de 17 ans.

Chatterton, un héros romantique

Alfred De Vigny, CHATTERTON, ACTE III, SCÈNE 7

Dans la scène finale proposée, Chatterton a pris congé de ses hôtes et du lord-maire, venu lui offrir un emploi de valet, et se retire dans sa chambre dans l’intention de se tuer.

Allez, mes bons amis. – Il est bien étonnant que ma destinée change ainsi tout à coup. J’ai peine à m’y fier ; pourtant les apparences y sont. –Je tiens là ma fortune. – Qu’a voulu dire cet homme1 en parlant de mes r uses2 ? Ah ! toujours ce qu’ils disent tous. Ils ont deviné ce que je leur avouais moi-même, que je suis l’auteur de mon livre. Finesse grossière ! je les reconnais là  ! Que sera cette place  ? quelque emploi de commis  ? Tant mieux, cela est honorable ! Je pourrai vivre sans écrire les choses communes qui font vivre. – Le quaker rentrera dans la paix de son âme

que j’ai troublée, et elle ! Kitty Bell, je ne la tuerai pas, s’il est vrai que je l’eusse tuée. – Dois-je le croire  ? J’en doute : ce que l’on renferme toujours ainsi est peu violent ; et, pour être si aimante, son âme est bien maternelle. N’importe, cela vaut mieux, et je ne la verrai plus. C’est convenu... autant eût valu me tuer. Un corps est aisé à cacher. – On ne le lui eût pas dit. Le quaker y eût veillé, il pense à tout. Et à présent, pourquoi vivre ? pour qui ?... – Pour qu’elle vive, c’est assez... Allons... arrêtez-vous, idées noires, ne revenez pas... Lisons ceci... (Il lit le journal.) « Chatterton n’est pas l’auteur de ses œuvres... Voilà qui est bien prouvé. – Ces poèmes admirables sont réellement d’un moine nommé Rowley, qui les avait traduits d’un autre moine du dixième siècle, nommé Turgot... Cette imposture, pardonnable à un écolier, serait criminelle plus tard... Signé... Bale3. Bale  ? Qu’est-ce que cela  ? Que lui ai-je fait  ? –De quel égout sort ce serpent  ?

1 Lord Beckford, ami du père de Chatterton.

2 On accuse Chatterton d’avoir donné comme étant de lui des poésies qui sont l’œuvre d’un auteur du Moyen Âge

3 Un critique littéraire hostile à Chatterton.

Quoi  ! mon nom est étouffé  ! ma gloire éteinte  ! mon honneur perdu  ! – Voilà le juge !... le bienfaiteur ! Voyons, qu’offre-t-il ? (Il décachète la lettre, lit... et s’écr ie avec indignation.) Une place de premier valet de chambre dans sa maison !... Ah ! pays damné ! terre du dédain ! sois maudite à jamais ! (Prenant la fiole d’opium.) O mon âme, je t’avais vendue  ! je te rachète avec ceci. (Il boit l’opium.) – Adieu, humiliations, haines, sarcasmes, travaux dégradants, incertitudes, angoisses, misères, tortures du cœur, adieu  ! Oh  ! quel bonheur, je vous dis adieu  ! – Si l’on savait  ! si l’on savait ce bonheur que j’ai... on n’hésiterait pas si longtemps ! (Ici, après un instant de recueillement durant lequel son visage prend une expression de béatitude, il joint les mains et poursuit.) Ô Mort, ange de délivrance, que ta paix est douce ! j’avais bien raison de t’adorer, mais je n’avais pas la force de te conquérir. – Je sais que tes pas seront lents et sûrs. Regarde-moi, ange sévère, leur ôter à tous la trace de mes pas sur la terre. (Il jette au feu tous ses papiers.) Allez, nobles pensées écrites pour tous ces ingrats dédaigneux, purifiez-vous dans la flamme et remontez au ciel avec moi  ! [...]

Comprendre et réfléchir

1. Le monologue de Chatterton : relevez les différents états d’âme du personnage, de l’espoir au désespoir, à l’indignation, au geste final.

2. Les invectives : contre qui et contre quoi sont-elles adressées? Que souligne le jugement sévère porté sur l’Angleterre  ?

3. Ce héros romantique est voué à la solitude et à l’incompréhension, à une position d’exclu et de renoncement. Voyez-vous les différences avec le héros cornélien  ?

Vers l’EXAMEN

4. À partir des textes proposés (voir aussi Médiathèque), décrivez le mythe du héros en 150 mots maximum.

Médiathèque

André Malraux

• Kyo le héros positif

thématique ESPACE courage audace intrépidité 36 Le Moyen Âge
5 10 15 20 25 30
4
Alfred de Vigny, Harmonie Littéraire 2
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Réalisateur GUY RITCHIE

Année 2017

Genre FANTASTIQUE

Acteurs principaux CHARLIE HUNNAM, JUDE LAW, KATIE MCGRATH

Le roi Arthur : la légende d’Excalibur (2017)

Ce film est un film fantastique d’action et d’aventure réalisé par Guy Ritchie. Le film, basé sur de nombreuses anecdotes, est sorti en 2017 et a eu un bon succès.

L’histoire racontée est celle d’Arthur, un jeune homme qui vit avec sa bande dans les faubourgs de Londres (Londonium). Un jour il s ’em p are d’une é p ée, Excalibur, s ans savoir q u’il vient de saisir, avec elle, son destin et son avenir. À partir de ce moment-là sa vie bascule et il doit faire des choix pas toujours faciles. Il rencontre

u ne jeune femme, Guenièvre, s’unit à la Résistance et doit apprendre à contrôler l’épée et tous ses démons intérieurs. Il va unir le peuple autour de sa personne pour chasser le tyran, Vortigern, qui avait usurpé sa couronne après avoir tué ses parents. Il accèdera finalement au trône

Analyser l’affiche

1. Observez et décrivez l’affiche.

2. Quelles informations donne-t-elle ?

Visionner la bande annonce

3. Comment commence-t-elle ?

4. Que présentent les images ?

5. Quel autre élément est inséré ?

6. Que se passe-t-il quand Arthur retire l’épée ?

7. Que disent les deux phrases?

8. Quelle est la particularité de cette bande annonce ?

Rédiger un article

9. Écrivez un article qui résume votre travail d’analyse.

Le Moyen Âge XIe-X Ve siècles 37
À
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
l’écran

Le récit courtois et satirique

La littérature courtoise

Vers la seconde moitié du XIIe siècle, l’ar istocratie, qui devient une classe de plus en plus fermée, se tourne vers des œuvres moins rudes que les chansons de geste Cette littérature de la cour est liée à r trois influences : l’influence antique, bretonne et mér idionale.

L’influence antique On assiste à un renouveau de la littérature latine et les « romans antiques » sont à la mode. Ces œuvres adaptent au goût du jour des légendes antiques (Roman d’Alexandre en vers de 12 pieds, d’où le terme alexandr in pour qualifier ce n vers). Transition entre l’épopée et le roman courtois, on y retrouve des batailles, des exploits chevaleresques, mais aussi des aventures romanesques et l e merve ill eux mé di éva l ( é l éments ou évén ements surnaturels, objets magiques et créatures en tout genre), l’amour et les analyses des sentiments comme dans les romans.

L’influence bretonne En 1155, Wace traduit très librement une Histor ia regum Br itanniae (Histoire des rois de Bretagne) et écrit le Roman de Brut. Il révèle la légende du roi Ar thur, un roi puissant et raffiné, qui vit dans une cour luxueuse, entouré par les Chevaliers de la Table Ronde. Cette « matière de Bretagne » va donner au roman courtois ses héros, le cadre de leurs aventures, les détails romanesques et féériques, comme dans Tr istan et Iseut

L’influence méridionale Le Midi de la France connaît une civilisation p lus ra ff inée et les se ig neurs d u su d sont h a bi tués à une v i e pl us d ouce, il s s ’ entourent d e poètes et d’ art i stes et accordent une place plus importante à la dame. Cette influence méridionale s’est diffusée grâce à Aliénor d’Aquitaine D’abord reine de France comme é p ouse de Louis VII, p uis reine d’Angleterre, après l’annulation du mar iage, comme femme de Henri Planta g enêt, roi Henri II en 1154, elle aimait les artistes et s’entourait d’une cour raffinée qui l’aurait suivie dans ses déplacements. Cette influence se serait encore plus répan-

due sous l’impulsion de ses deux filles Aélis de Blois et surtout Marie, comtesse de Champagne.

La courtoisie

Un nouvel idéal, la cour toisie, pensé pour séduire l’élément féminin, contribue à l’adoucissement des mœurs et suit des règles bien précises :

le service d’amour dicte au chevalier ses r exploits qui obéissent à la soumission absolue à sa dame et pas à Dieu ou à son suzerain comme dans les chansons ;

– ce service d’amour a des règles artificielles et charmantes : le chevalier recherche la perfection et la Dame le soumet à toutes sortes d’épreuves ; il doit savoir aimer et souffrir en silence, avec discrétion et patience et, seulement quand il aura satisfait tous les caprices de sa dame, il sera récompensé de sa constance, ennobli et payé de retour, comme dans l’œuvre de Chrétien de Troyes.

La littérature satirique

À partir du XIIe siècle, alors que la société aristocratique écoute les chansons de geste ou les romans courtois, les bourgeois sortent de leur condition misérable. Cette transformation sociale va avoir des répercussions dans la littérature. Ce nouveau public, les bourgeois enrichis capables de bien rétribuer les auteurs aiment la satire, la raillerie, le dénigrement, la gaité populaire, le cynisme. Ces thèmes entrent dans les œuvres et vont inspirer toute une partie de la littérature. C’est cet esprit bourgeois, celui du peuple, des bourgs et des villes, qui va produire des œuvres satiriques et irrévérencieuses qui sont comme une revanche des humbles et des faibles contre la société des nobles et des puissants (Le Roman de Renart).

Activités

1. Quelles sont les influences littéraires liées à la littérature courtoise ?

2. Quelles sont les règles de la courtoisie ?

3. Pourquoi la littérature satirique se développe-t-elle ?

38 Le Moyen Âge Connaître la littérature Dossier
2
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Tristan et Iseut (env. 1172)

Ses origines

Cette légende celtique (matière de Bretagne) a connu une diffusion dans toute l’Europe. Nous n ’ en avons pas une transcription complète, mais des fragments que Joseph Bédier (professeur et philologue français, 1864-1938) a reconstitués, recomposant Le roman de Tristan et Iseut Au milieu du XIIe siècle deux auteurs, Thomas d’Angleterre et Béroul, ont écrit chacun un Tristan d’inspiration très différente. Le roman de Béroul s’adresse à un auditoire plus populaire, celui de Thomas plutôt à un public cultivé car il a vécu à la cour d’Aliénor d’Aquitaine. Ce conte d’amour et de mort peint une passion qui contrevient aux lois de l’homme chevaleresque, parce que certaines valeurs courtoises sont présentes dans le poème.

La légende d’un thème

preuve de courage, il meurt d’une blessure reçue dans un combat, mais sa légende se déroule dans le monde de la cour et l’amour de Tristan est celui d’un chevalier courtois, fidèle à Iseut la Blonde jusqu’à la mort.

Le cadre même dans lequel cet amour est vécu répond à la définition du genre courtois : l’amour adultère, la soumission du chevalier à sa dame, mais la fin’amor est un acte de raison, une rela rtion amoureuse dans laquelle on choisit d’aimer l’autre pour ses qualités, alors que Tristan et Iseut n’ont pas choisi de s’aimer, ils sont victimes du philtre, de la fatalité.

L’œuvre

Comme

Roland, Tristan est, tout au long de sa vie, un brave chevalier au service d’un suzerain, il fait

L’amour courtois doit rester secret. Ce n’est pas le cas de Tristan et Iseut : Tristan doit abandonner la cour, les deux amants sont déchirés entre cet amour interdit, mais impossible à oublier, et leurs engagements envers Marc, suzerain de Tristan et mari d’Iseut. Le thème de Tristan et Iseut a été repris par Wagner en 1859 dans son Tristan et Isolde

Le prince Tristan est élevé par son oncle, le roi Marc de Cornouaille, qui fait de lui un chevalier parfait. Tristan va chercher en Irlande la princesse Iseut la Blonde, future épouse de son oncle. Sur le bateau du retour, Tristan et Iseut boivent par erreur le philtre d’amour destiné à Iseut et au roi Marc. Ce philtre les unit d’un amour contre lequel la volonté ne peut rien. De retour à la cour du roi Marc, Tristan et Iseut continuent de vivre leur passion. Accusés d’adultère, les amants sont condamnés à être brûlés. Échappés miraculeusement à leurs gardiens, ils se cachent dans la forêt, toujours en fuite, ils acceptent enfin de se séparer. Tristan se rend en Bretagne chez le duc Hoël, accomplit des gestes mémorables et, pour le récompenser, Kaherdin, fils du duc, lui offre la main de sa sœur, Iseut aux Blanches Mains. Tristan ne peut refuser sans offenser son hôte, mais il ne consomme pas son mariage. Iseut aux Blanches Mains cherche à se venger de cet affront. Blessé par une arme empoisonnée, Tristan ne peut être guéri que par Iseut la Blonde. Il envoie Kaherdin la chercher pour la revoir une dernière fois. La réussite de sa démarche sera annoncée en hissant sur le vaisseau une voile blanche, au contraire une voile noire sera un signe d’échec. Iseut aux Blanches Mains aperçoit la voile blanche, mais pour se venger de Tristan elle lui dira qu’elle est noire. Tristan, désespéré, meurt. Iseut, retardée par une tempête, arrive trop tard et meurt de douleur sur le corps de son amant.

Le Moyen Âge 39 XIe-X Ve siècles
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Tristan et Iseult se rendant en Cornouailles en bateau, dans Roman de Tristan (1450-1500), Chantilly, Musée Condé

Comprendre

La mort de Tristan

Thomas d’Angleterre, TRISTAN ET ISEUT

C’est la scène finale : Tristan, blessé, attend la venue d’Iseut la Blonde qui seule peut le sauver. Iseut aux Blanches Mains, jalouse, lui annonce que la voile du navire est noire.

Tristan est triste et épuisé. Souvent il se plaint, souvent il soupire Pour Iseut qu’il désire tant revoir. Ses yeux pleurent, son corps se tord

5 Pour peu il mourrait de désir Dans cette angoisse, dans ce chagr in, Sa femme Iseut vient près de lui.

Ayant conçu une perfide ruse, Elle dit: « Ami, Kaherdin arr ive:

10 J’ai vu son vaisseau sur la mer Je l’ai vu faire voile à g rand-peine  : Cependant j’ai si bien vu son vaisseau Que pour le sien je l’ai reconnu Dieu f asse qu’il apporte une nouvelle telle

15 Que votre cœur y trouve réconfort ! »

Tristan tressaille à cette nouvelle.

Il dit à Iseut : « Belle amie, Savez-vous en vérité que c’est son vaisseau  ?

Dites-moi donc quelle est la voile  ? »

20 Iseut dit ceci: « Je le sais en vérité. Sachez que la voile est toute noire. Ils l’ont montée bien haut

Parce que le vent leur f ait déf aut.  »

Tr istan en a une si grande douleur,

25 Que jamais il n’en eut ni n’en aura de pire, Et se tourne vers le mur,

Et dit alors : « Dieu nous sauve Iseut et moi  ! Puisque vous ne voulez venir à moi, Il me faut donc mourir pour l’amour de vous.

30 Je ne puis plus retenir ma vie  ; Pour vous je meurs, Iseut, belle amie. »

« Amie Iseut » a-t-il dit trois fois, À la quatrième il a rendu l’esprit.

1.

Analyser

2. Vers 6-23 : la perfide Iseut aux Blanches Mains. En quoi son mensonge a-t-il quand même un détail de vérité ?

3. Vers 24-33 : quelles sont les dernières pensées de Tristan  ?

4. La mort de Tristan. Quel est le geste qui l’exclut du monde et qui rend possible un dialogue intime avec Iseut la Blonde, comme si elle se trouvait près de lui ?

5. Tristan trouve-t-il enfin la sérénité que le destin semblait lui refuser ?

6. Qui est responsable de la mort de Tristan ? Relevez la succession des causes.

Écrire

7. Roland et Tristan : qu’est-ce qui les unit et qu’est-ce qui les diversifie ?

8. Décrivez la scène au premier plan et la scène au fond

9. Résumez les détails fondamentaux de l’histoire de Tristan et Iseut

Dossier 2 Le récit courtois et satirique 40 Le Moyen Âge
Texte 1
5 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Chrétien de Troyes (vers 1135-1185)

Sa vie

Nous ne connaissons presque rien de sa vie, les seules informations sont ce qu’il dit de lui dans ses œuvres. Nous apprenons ainsi son nom, ses œuvres et les dates entre lesquelles il a écrit ses romans. Il est né en Champagne vers 1130, peut-être à Troyes, car on trouve des traces du dialecte champenois dans ses écrits. On le considère comme le fondateur de la littérature arthurienne et comme un des premiers auteurs des romans de chevalerie. Il a été au service de la cour de Champagne, à côté de Marie (fille d’Aliénor) et ensuite aux côtés du comte de Flandre, Philippe d’Alsace. Ces deux mécènes sont des repères importants pour dater certaines œuvres de Chrétien de Troyes entre l’année de mariage de Marie de Champagne et la mort du comte de Flandre. Tout comme sa naissance, l’année de sa mort aussi est inconnue (entre 1180 et 1190).

Le contexte culturel

Les idéaux politiques et culturels du milieu pour lequel il compose se retrouvent dans ses romans. Ils sont liés à la légende du roi Arthur, leur cadre est celui du monde celtique (Irlande, Cornouaille, Pays de Galles, Armorique) qui n’a pas été complètement conquis par les Romains ou les invasions germaniques. Les chevaliers de la Table Ronde (Lancelot, Perceval) en sont les héros et des détails féériques et le merveilleux, comme dans la tradition bretonne, peuplent son récit. Tous vivent dans un milieu raffiné, les relations sont dominées par l’amour courtois et la figure de la dame. Enfin dans ses dernières œuvres, l’inspiration mystique et le Saint Graal se mêlent aux aventures romanesques

Son œuvre

Le thème du conflit entre l’amour de la dame et les aventures chevaleresques parcourt toute la

production de Chrétien de Troyes et il l’analyse sous des facettes différentes :

– dans Érec et Énide (v. 1165), le héros conquiert sa femme par ses exploits, mais ensuite il préfère vivre tranquillement et il est accusé de lâcheté. Il reprend sa vie aventureuse et oblige sa femme à le suivre ;

dans Cligès ou la fausse mort (1176), le chevalier tombe amoureux de Fenice promise à son oncle Alis. Après beaucoup d’aventures et la mort d’Alis, ils rentrent en Grèce et peuvent vivre heureux ;

dans Lancelot ou le chevalier à la charrette (1179), Lancelot sacrifie son honneur et risque sa vie pour les caprices de sa dame, la reine Guenièvre ;

dans Le Chevalier au lion (1180), Yvain choisit la vie aventureuse et sa femme le pardonnera seulement quand il vivra tranquillement chez lui ;

dans Perceval ou le conte du Graal (1181), inachevé peut-être à cause de la mort de Chrétien, le jeune chevalier doit rechercher le Graal et ses aventures se mêlent à celles d’un autre chevalier, Gauvain. Le roman s’arrête au moment où un ermite lui apprend que le Graal contient une hostie qui pourrait sauver le Roi Pêcheur

Chrétien de Troyes se reconnaît par un style personnel, léger et élégant ; il sait peindre la vie matérielle avec des détails comme un documentaire ; les dialogues sont vivants, acérés et fins. Il a observé tous les manèges de l’amour et ses analyses sont toujours d’une extrême précision. Il sait utiliser les enjambements et toutes les possibilités de la versification. Il a contribué de manière importante au triomphe du «  francien1 » et on reconnaît en lui le créateur du genre du roman

Le Moyen Âge 41 XIe-X Ve siècles
LITTÉRAIRES Auteurs
1 Ancien dialecte parlé en Île-deFrance à l’origine du français
COMPÉTENCES
pivots p. 358
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Fête avec musiciens dans une enluminure flamande (première moitié du XIVe V siècle).

1 La cheminée.

2 Mal élevé.

3 Tissu qui recouvre les tables.

Perceval ou le conte du Graal (1181)

Perceval est le premier roman où l’on mentionne le Saint Graal. Les continuateurs de Chrétien de Troyes feront de cet objet énigmatique le vase qui aurait recueilli le sang du Christ lors de son supplice sur la Croix.

Au château du Roi Pêcheur

Chrétien de Troyes, PERCEVAL OU LE CONTE DU GRAAL

Perceval, après plusieurs aventures, un soir qu’il cherchait un logis, est reçu par le Roi Pêcheur dans un château où il vit une bouleversante aventure. Pendant qu’il parle avec le roi, il est témoin d’un spectacle étrange : le cortège du Graal. Il apprendra ensuite que le Graal est porté au père du Roi Pêcheur qui se nourrit seulement de l’hostie qui vient du Graal. Si Perceval avait interrogé son hôte, sa question aurait pu guérir le roi blessé et lever la malédiction qui pesait sur ses terres. Perceval vient de subir une épreuve spirituelle et il n’a pas réussi à la surmonter. Le château, qui était animé et plein de faste, est désert quand il le quitte.

lance blanche qu’il tient par le milieu, sort d’une chambre ; il passe entre le feu1 et ceux qui étaient assis sur le lit. Tout le monde pouvait voir la lance blanche et r l’éclat de son fer Il sortait une goutte de sang à la pointe de la lance et cette goutte vermeille coulait jusqu’à la main du jeune homme. Le jeune Perceval qui vient d’arriver en ces lieux voit ce spectacle sur prenant mais r il se retient de demander comment cela p eut se p roduire, car il se ra pp elle la recommandation d e r celui qui lui a appris la chevalerie : il faut se garder de trop parle Il a donc peur, s’il pose une question, qu’on le trouve g rossier2 et c’est pour cette raison qu’il ne demande rien. Deux autres jeunes gens apparurent à ce moment qui portaient des r chandeliers d’or pu , décorés de fines incr ustations noires. Ces jeunes gens étaient d’une immense beauté. Sur chaque chandelier brûlaient au moins dix chandelles. Une demoiselle portait un graal à deux mains et s’avançait avec les jeunes gens : elle était belle, gracieuse et élégamment habillée. Quand elle fut entrée dans la pièce avec le g raal qu’elle portait, il y eut une si g rande lumière que les chandelles semblèrent plus sombres, comme les étoiles ou la lune quand le soleil commence de br iller. Une autre demoiselle venait derrière elle : elle portait un plat en argent. Le g raal qui était à la tête de la procession était de l’or le plus pur et incr usté de r pierres précieuses de toutes sortes parmi les plus riches et les plus rares qui existent sur terre et dans la mer. Les pierres précieuses du g raal dépassaient toutes les autres, cela ne f ait pas de doute. De la même manière que la lance était passée, ils passèrent devant le jeune homme pour aller d’une chambre à l’autre. Perceval vit passer les jeunes gens mais il n’osa pas demander qui l’on servait dans ce g raal, car il r pensait toujours à la recommandation du sage seigneu .

J’ai bien peur que le mal ne soit déjà f ait, car j’ai souvent entendu dire qu’on r peut parfois trop se taire, tout comme on peut parfois trop parle . Mais cependant, le jeune homme ne leur pose aucune question, ni pour son bien, ni pour son malheur.

Le seigneur donne l’ordre à ses serviteurs d’apporter de l’eau et de sortir les nappes3 . Les serviteurs font leur travail et suivent les ordres, comme ils en ont l’habitude. Le seigneur et le jeune homme se lavent les mains avec de l’eau tiède et pendant ce temps deux serviteurs apportent une grande table d’ivoire.

[...] Pendant ce temps, le graal traversa encore la salle devant eux – le jeune homme ne demanda pas qui l’on servait avec ce graal. Il s’en gardait à cause

Dossier 2 Le récit courtois et satirique 42 Le Moyen Âge
L’œuvre
Texte 1 5 10 15 20 25 30 35 6 Médiathèque ANALYSE INTERACTIVE EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Comprendre

du seigneur respectable qui lui avait conseillé de ne pas trop parler : ce conseil r lui reste en mémoire, il ne cesse d’y pense

Mais il est plus silencieux qu’il ne devrait l’être. À chaque mets que l’on apporte, il voit le graal repasser juste devant lui, sous ses yeux, mais il ne sait pas à qui il sert. Il voudrait bien le savoir et il se dit qu’il demandera, avant de partir du château, à l’un des serviteurs de la cour. Mais il préfère attendre le lendemain matin, quand il quittera son hôte et tout son entourage. Il remet sa question au lendemain et il s’occupe seulement de bien manger et de bien boire. D’ailleurs, il ne reg rette rien parce qu’on sert à la table des mets et des vins tous aussi délicieux que plaisants.

Chrétien de Troyes, à gauche : Perceval recevant une épée des mains du roi Pescheor ; à droite : Procession du saint Graal, tirée de Conte du Graal (1330), Paris, BnF

1. Retrouvez dans le texte l’ordre des composants du cortège et leurs actions.

2. Quelle est la réaction de Perceval  ?

3. Quels sont les différents éléments mystérieux qui composent le cortège du Graal et qui font basculer la scène dans le merveilleux  ?

Analyser

4. Est-ce que la scène du cortège a un caractère chrétien  ?

5. Selon vous, s’il s’agissait d’une procession chrétienne, aurait-il été possible que la porteuse du Graal soit une jeune fille : Une demoiselle portait un graal à deux mains ?

6. Pourquoi un Graal et non le Graal ?

7. Décrivez le Graal. À quoi est comparée sa lumière ? D’où vient sa beauté  ?

8. Quelles sont les réactions des présents à ce cortège ? Est-ce que tout le monde sait ce qu’est le Graal  ?

9. Quelle est l’attitude du héros devant le cortège ? Comprend-il qu’il a affaire à une merveille ?

10. Qu’indiquent les informations mises en évidence par la couleur bleue  ?

11. Observez les phrases soulignées en rose : pourquoi Perceval n’ose-t-il pas poser de questions au sujet du Graal ou de la lance ? Pourquoi reste-t-il silencieux?

Écrire

12. Perceval reste muet et il échoue dans cette épreuve à laquelle il était destiné. Imaginez que Perceval retourne au château du Roi Pêcheur et qu’il ose poser, à son hôte, des questions sur le cortège du Graal

a. Vous raconterez brièvement l’arrivée de Perceval au château

b. Vous imaginerez le dialogue entre Perceval et son hôte, en respectant scrupuleusement les contraintes d’écriture du discours direct

c. Vous décrirez la merveille dont sont témoins les personnages de la scène

Le Moyen Âge 43 XIe-X Ve siècles
40 45
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

L’œuvre

Texte

sources littéraires : on connaissait des fables d’auteurs grecs et latins (Phèdre, Ésope) et aussi des textes en français pour les écoles (les Ysopets) dans lesquels

les animaux se comportaient comme des hommes.

La transposition du monde animal au monde humain est parfaite : les animaux parlent et agissent exactement comme des hommes, mais parfois les instincts reparaissent et ce mélange humain-animal porte à sourire. Toute une époque apparaît avec ses mœurs et ses conditions sociales sous ces animaux, et la caricature humoristique des hommes est précise. Le succès de ce roman a été tel que le nom propre de l’animal, Renart, a fini par devenir le nom commun : renard, pour désigner l’espèce ; le nom commun goupil est devenu un terme archaïque et a disparu du vocabulaire de la langue française

Le goupil est le personnage central, qui est vaincu par les plus faibles mais qui triomphe contre les plus forts. Ce triomphe de la ruse et de l’esprit contre la force brutale peut être lu comme une revanche de la bourgeoisie et du peuple contre la noblesse qui les écrase. Nous sommes face à une société animale qui est organisée comme la société féodale. Chaque espèce animale est représentée, chacun a sa famille (avec femme et enfants), son caractère, son histoire, ses habitudes. La paix règne dans cette société où seulement Renart ne respecte pas toujours toutes les règles.

Renart et Tiécelin

LE ROMAN DE RENART

7

5 10

1 Un hêtre. 2 Maître Tiécelin. 3 Dépendance d’une

EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Dossier 2 Le récit courtois et satirique 44 Le Moyen Âge
Le Corbeau Tiécelin est sur un arbre et il tient dans son bec un fromage. Arrive Renart qui veut manger le fromage et il pense comment faire pour réussir. Par des paroles flatteuses, Renart réussit à faire chanter le corbeau qui pour montrer sa voix ouvre le bec. Le fromage tombe par terre, Renard le mange : un flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ! 1
Dans une plaine fleurie que bornaient deux montagnes et qu’une eau limpide arrosait, Renart, un jour, aperçut de la rive opposée un fau1 solitaire planté loin de tout chemin frayé, à la naissance de la montée. Il franchit le ruisseau, gagne l’arbre, fait autour du tronc ses passes ordinaires, puis se vautre délicieusement sur l’herbe fraîche, en soufflant pour se bien refroidir. Tout dans ce lieu le charmait ; tout, je me trompe, car il sentait un premier aiguillon de f aim, et rien ne lui donnait l’espoir de l’apaiser. Pendant qu’il hésitait sur ce qu’il avait à faire, damp Tiécelin2 , le corbeau, sortait du bois voisin, planait dans la prair ie et allait s’abattre dans un plessis3 qui semblait lui promettre bonne aventure.
ferme.
Là se trouvait un millier de fromages qu’on avait exposés, pour les sécher, à un tour de soleil. La gardienne était rentrée pour un moment au logis, et Tiécelin, saisissant l’occasion, s’arrêta sur un des plus beaux et reprit son vol au moment où la vieille reparaissait. « Ah  ! mon beau monsieur, c’est pour vous que séchaient mes fromages  ! » Disant cela, la vieille jetait pierres et cailloux.
Ses origines
Ce sont des récits indépendants, 27 branches, qui sont unis par le protagoniste, un goupil (substantif qui indique le renard au Moyen d Âge) qui se nomme Renart, et par sa lutte contre le loup Ysengrin. Ces récits ont les origines suivantes :
origines populaires : ces épisodes semblent remonter à des contes du folklore des provinces, de la Russie et de la Finlande entre autres, qui se transmettaient oralement dans les campagnes ;
Le Roman de Renart (fin du XIIe siècle)

« Tais-toi, tais-toi, la vieille, » répond Tiécelin ; «  quand on demandera qui l’a pris, tu diras : c’est moi, c’est moi  ! car la mauvaise garde nourrit le loup »

Tiécelin s’éloigne et s’en vient percher sur le f au qui couvrait damp Renart de son frais ombrage. Réunis par le même arbre, leur situation était loin d’être pareille. Tiécelin savourait ce qu’il aimait le mieux ; Renart, également friand du fromage et de celui qui en était le maître, les regardait sans espoir de les atteindre. Le fromage à demi-séché donnait une entrée facile aux coups de bec : Tiécelin en tire le plus jaune et le plus tendre ; puis il attaque la croûte dont une parcelle lui échappe et va tomber aux pieds de l’arbre. Renart lève la tête et salue Tiécelin qu’il voit fièrement campé, le fromage dressé dans les pattes. « Oui, je ne me trompe pas ; oui, c’est damp Tiécelin. Que le bon Dieu vous protège, compère, vous et l’âme de votre père, le f ameux chanteur  ! Personne autrefois, dit-on, ne chantait mieux que lui en France. Vous-même, si je m’en souviens, vous f aisiez aussi de la musique : ai-je rêvé que vous avez longtemps appr is à jouer de l’orgue  ? Par ma foi, puisque j’ai le plaisir de vous rencontrer, vous consentirez bien, n’est-ce pas, à me dire une petite r itournelle. »

Ces paroles furent pour Tiécelin d’une grande douceur, car il avait la prétention d’être le plus ag réable musicien du monde. Il ouvre donc aussitôt la bouche et fait entendre un cri prolongé. « Est-ce bien, cela, damp Renart ? — Oui », dit l’autre, « cela n’est pas mal : mais si vous vouliez, vous monteriez encore plus haut. — Écoutezmoi donc. » Il fait alors un plus grand effort de gosier. « Votre voix est belle », dit Renart, « mais elle serait plus belle encore si vous ne mang iez pas tant de noix. Continuez pourtant, je vous pr ie. » L’autre, qui veut absolument emporter le prix du chant, s’oublie tellement que, pour mieux filer le son, il ouvre peu à peu les ongles et les doigts qui retenaient le fromage et le laisse tomber justement aux pieds de Renart. Le glouton frémit alors de plaisir ; mais il se contient, dans l’espoir de réunir au fromage le vaniteux chanteur. « Ah ! Dieu, » dit-il en paraissant faire un effort pour se lever, «  que de maux le Seigneur m’a envoyés en ce monde ! Voilà que je ne puis changer de place, tant je souffre du genou ; et ce fromage qui vient de tomber m’apporte une odeur infecte et insupportable. Rien de plus dangereux que cette odeur pour les blessures des jambes ; les médecins me l’avaient bien dit, en me recommandant de ne jamais en goûter. Descendez, je vous prie, mon cher Tiécelin, venez m’ôter cette abomination. Je ne vous demanderais pas ce petit service, si je ne m’étais l’autre jour rompu la jambe dans un maudit piège tendu à quelques pas d’ici. Je suis condamné à demeurer à cette place jusqu’à ce qu’une bonne emplâtre4 vienne commencer ma guérison.  »

Comment se méfier de telles paroles accompagnées de toutes sortes de g rimaces douloureuses, Tiécelin d’ailleurs était dans les meilleures dispositions pour celui qui venait enfin de reconnaître l’agrément de sa voix. Il descendit donc de l’arbre ; mais une fois à terre le voisinage de Renart le fit réfléchir. Il avança pas à pas, l’œil au guet5 , et en se traînant sur le croupion6 « Mon Dieu ! » disait Renart, « hâtez-vous donc, avancez ; que pouvez-vous craindre d e moi, pauvre impoten t 7 ? » Tiécelin s’approcha davantage, mais Renart, trop impatient, s’élance et le manque, ne retenant en gage que trois ou quatre plumes. « Ah ! traître Renart ! » dit alors Tiécelin, «  je devais bien savoir que vous me tromperiez  ! J’en suis pour quatre de mes plus beaux tuyaux ; mais c’est là tout ce que vous aurez, méchant et puant larron, que Dieu maudisse ! »

Renart, un peu confus, voulut se justifier. C’était une attaque de goutte qui l’avait fait malgré lui sauter. Tiécelin ne l’écouta pas : « Garde le fromage, je te l’abandonne ; quant à ma peau, tu ne l’auras pas. Pleure et gémis mainte-

Le Moyen Âge 45 XIe-X Ve siècles
15 20 25 30 35 40 45 50 55 60 65
4 Aujourd’hui le mot est masculin 5 Qui guette. 6 Extrémité postérieure du corps de l’oiseau, le derrière.
7 Qui ne peut pas bouger. EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Renart et Tiécelin le corbeau, miniature extraite d’un manuscrit du Roman de Renart (1310-1315), Paris, BnF.

Comprendre

nant à ton aise, je ne viendrai pas à ton secours. — Eh bien va-t-en, braillard de mauvais augure, » dit Renart en reprenant son naturel ; « cela me consolera de n’avoir pu te clore le bec. Par Dieu  ! » reprit-il ensuite, « voilà vraiment un excellent fromage ; je n’en ai jamais mangé de meilleur ; c’est juste le remède qu’il me fallait pour le mal de jambes. » Et, le repas achevé, il reprit lestement le chemin des bois

1. Quel est le cadre du récit ?

2. Quelles sont les circonstances de l’action ?

3. Au premier paragraphe, quel sentiment éprouve Renart dans la plaine fleurie ? Relevez deux mots qui le montrent.

4. Qu’est-ce qui vient déranger Renart ? Relevez l’expression qui le souligne.

5. Quel personnage trouve une solution au problème qui se pose également à Renart ? De quelle façon  ?

Analyser

6. Dans le troisième paragraphe, montrez que la situation de Renart et de Tiécelin est diamétralement opposée.

7. Toujours dans le troisième paragraphe, que veut Renart ?

8. Quel défaut de Tiécelin Renart exploite-t-il pour obtenir ce qu’il désire ? Citez quelques passages du texte qui le prouvent.

9. Comment Renart réagit-il lorsque le corbeau s’aperçoit du mauvais tour qu’il s’apprêtait à lui jouer ?

10. D’où vient le comique de cette histoire ?

11. Par quels moyens le renard obtient-il ce qu’il veut ?

12. La force de la parole et la flatterie sont un art : sur quoi ont-elles un pouvoir ?

Écrire

13. Dans la forme que vous préférez, en vers ou en prose, racontez la même histoire en gardant les mêmes animaux ; vous pouvez décider aussi de changer la morale de votre fable.

À la loupe...

Le renard, un personnage réussi

Le renard est, au même titre q ue l e loup, une grande figure des contes traditionnels, des fables et des histoires populaires, des romans, de la bande dessinée. Il est la métaphore du personnage rusé et il personnifie tous les défauts humains.

La Fontaine , un f abuliste du XVI I e siècle, met souvent en scène des animaux auxquels on prête les qualités et les défauts des hommes et il a choisi souvent le renard comme protagoniste de plusieurs de ses fables

Comprendre et réfléchir

1. Que représente le renard dans l’imaginaire des hommes ?

2. Dans la fable de La Fontaine, comment se comporte le renard ?

3. Quel texte avez-vous préféré ? Pourquoi ?

Le Corbeau et le Renard

La Fontaine raconte ici une histoire à peu près semblable à celle de Renart et Tiécelin (protagonistes du Roman de Renart) ; il y a la personnification des mêmes animaux et le même parallélisme dans la présentation des personnages.

Maître Corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage.

Maître Renard, par l’odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage :

5 « Et bonjour, Monsieur le Corbeau, Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau !

Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »

10 À ces mots, le Corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.

Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur

15 Vit aux dépens de celui qui l’écoute. Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »

Le Corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.

Dossier 2 Le récit courtois et satirique 46 Le Moyen Âge
70
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

La poésie didactique et lyrique

Médiathèque Thibaut de Champagne • « Je suis pareil à la licorne »

La poésie didactique

La poésie d’amour n’est pas majoritaire au Moyen Âge. Il y a un autre versant de la littérature, la poésie didactique, où les œuvres morales qui la constituent se définissent par opposition à la chanson d’amour des troubadours. La poésie didactique, constituée d’un vaste ensemble de textes et de structures, est une poésie moralisante, allégorique et d’habitude pessimiste. Politique, amour, religion et morale constituent les quatre grands complexes thématiques de cette poésie qui a le désir d’instruire et qui vise à enseigner quelque chose. L’abstrait et le concret sont souvent mêlés, les formes sont extrêmement diverses, mais dans toutes triomphe l’allégorie, un développement logique du symbole, souvent définie comme un décalage entre ce qui est dit et ce qui est signifié

L’allégorie devient un mode d’expression privilégié au XIIIe siècle parce qu’elle est en accord avec les tendances de l’art de l’époque qui passe à un code stabilisé pour comprendre les signes symboliques. L’apprentissage des deux champs sémantiques (mots et symboles) permet de décoder le texte. On part en général d’un songe ou d’une vision et des thèmes de la tradition (voyage, quête, conflit, mariage), où le dieu Amour joue un rôle de premier plan. L’espace est une figuration des obstacles que rencontre le désir et les personnifications sont un inventaire de l’univers moral et amoureux. L’allégorie est donc un art composite, un miroir, un exemple qui exprime le mieux la mentalité des hommes de cette période. Le trait le plus évident de l’allégorie est la personnification. Le chef-d’œuvre du genre est Le Roman de la Rose

Le lyrisme courtois

La poésie lyrique chante des sentiments personnels et s’en inspire. À l’origine, elle était destinée à être chantée par des jongleurs et des ménestrels, à la fois musiciens et poètes, qui s’accompagnaient de la lyre. Elle présente une grande variété de formes qui sont fixes et que le poète/musicien doit connaître. Au milieu du XIIe siècle, elle est d’inspiration cour-

toise et aristocratique et elle est l’œuvre de trouvères ou de grands seigneurs lettrés comme Charles d’Orléans. Elle a souvent la forme de la chanson de toile ou d’histoire et le nom dérive de l’occupation des femmes qui filaient la toile pendant qu’elles chantaient. Ce type de chanson est typique de la littérature du nord de la France, très différente de la littérature du sud, celle des troubadours. Elle emprunte aussi un répertoire riche et varié à la littérature méridionale.

Le lyrisme des troubadours

La poésie des troubadours (Bernard de Ventadour, Jaufré Rudel, Bertran de Born) se développe dans le Midi de la France à partir de la fin du XIe siècle. Cette poésie a instauré une nouvelle conception de l’amour qui s’est mêlée aux valeurs féodales de la chevalerie. La fin’amor reprend les structures de la société féodale, mais c’est la dame (domina en a latin) qui occupe la position du seigneur. Les textes des troubadours chantent le printemps, l’amour heureux, l’amour lointain. L’amour est souvent un amour adultère et c’est le motif pour lequel la femme n’est jamais nommée directement, mais elle apparaît dans le texte avec un senhal (nom d’emprunt ou allusion).

Le lyrisme bourgeois

Au XIIIe siècle, une évolution se vérifie avec l’introduction d’une verve satirique et réaliste qui s’unit au lyrisme et l’opposition entre l’esprit aristocratique et bourgeois s’affirme. Parmi les poètes de cette période, on cite l’œuvre très variée de Rutebeuf (v. 1280). Au XIVe et au XVe siècles, le statut du poète change : c’est un professionnel qui vit de son art. La poésie est encore l’expression de la vie courtoise mais elle devient aussi un ornement et un accessoire luxueux. On élabore une sagesse nouvelle et le lyrisme devient l’aveu d’une conscience. Les formes poétiques continuent d’évoluer et une mise au point formelle se dessine avec Guillaume de Machaut (1300-1377).

Connaître la littérature Dossier 3 Le Moyen Âge 47 XIe-XVe siècle
.
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Il fixe les règles précises que les poètes doivent suivre et auxquelles les textes doivent se soumettre. On distingue entre autre :

– le rondeau : poème de 13 vers avec un refrain qui est une reprise des premiers vers à la fin de chaque strophe ; les vers ont 8 ou 10 syllabes et ils sont construits sur 2 rimes ;

– le lai : poème de 12 strophes sur 2 rimes ; la longueur peut varier ;

le virelai : poème composé sur 2 rimes ; la première strophe devient le refrain qui est repris après chaque strophe ;

la ballade : poème de 3 ou 5 strophes souvent de 10 vers, construites sur le même rythme et la même rime, et d’un envoi qui conclut le poème et qui a un nombre de vers qui est la moitié de celui de chaque strophe. Le dernier vers se répète comme un refrain

Activités

1. Lisez et indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses.

1. La poésie didactique a comme thème l’amour.

2. L’allégorie exprime la mentalité de l’époque.

3. La poésie des troubadours a instauré la fin’amor

4 Au XVe V siècle, la poésie devient une profession.

5. Pour les troubadours, l’amour est idéalisé.

2. Relevez les différences entre le lyrisme courtois et le lyrisme des troubadours.

3. Quelles sont les caractéristiques du lyrisme courtois ?

4. Qu’est-ce que la fin’amor ? r

5. Quel est le conflit toujours présent dans l’amour courtois ?

6. Que se passe-t-il aux XIVe et XVe siècles ?

7. Qu’est-ce que Guillaume de Machaut a apporté à la poésie ?

Sa vie et son œuvre Nous n’avons que très peu d’informations sur Guillaume de Lorris. C’est un trouvère célèbre qui serait né vers 1200 peut-être à Lorris, village à cinquante kilomètres d’Orléans. On a essayé de l’identifier avec Guillelmus de Lorriaco, un ingénieur qui est mentionné dans le testament du comte

de Poitiers, mais rien n’est sûr. Il devait être noble et avoir trente ans vers 1230 au moment où il a commencé à composer Le Roman de la Rose. Il a écrit environ 4000 vers et n’a pas complété son œuvre, peut-être à cause de sa mort prématurée vers 1238. Son roman a été continué par Jean de Meung une quarantaine d’années après.

L’œuvre

Le Roman de la Rose (XIIIe siècle)

Le Roman de la Rose est un poème allégorique, composé par deux auteurs différents à deux moments différents : Guillaume de Lorris et Jean de Meung. Guillaume de Lorr is, à l’âge de 20 ans, raconte qu’il a fait un rêve.

Les allégories vont lui permettre d’exprimer, d’une façon plus générale ou détaillée, tous les sentiments, toutes les qualités et toutes les manières d’être. Guillaume de Lorris ne finit pas son histoire et son rêve, mais, dans ses environ 4000 vers, il nous montre une réelle connaissance du cœur humain. Le roman est repris là où il avait été interrompu par Jean de Meung, qui y rajoute 17 722 vers.

Les deux parties se diversifient :

par la langue : raffinée chez Guillaume de Lorris, énergique et savoureuse chez Jean de Meung ;

par l’intérêt psychologique de la première, la valeur encyclopédique et intellectuelle de la seconde.

La première partie est un code de l’amour courtois, pleine de délicatesse, de raffinement et de poésie. La seconde devient une suite de dissertations sur tout ce qui

Dossier 3 La poésie didactique et lyrique 48 Le Moyen Âge
V F
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Guillaume de Lorris (1200?-1238?)

peut intéresser les esprits cultivés : de l’origine de la royauté à la vraie noblesse, au mariage, à la richesse, à la liberté, à la création, aux rapports entre les hommes et les animaux, à la place de l’homme dans le monde.

L’auteur a un véritable culte de la Nature et c’est en son nom qu’il critique le célibat des prêtres et des moines et qu’il nous donne une vision de l’amour bien différente de celle de l’amour courtois. L’amour est indispensable pour le maintien de l’espèce et la procréation, la femme n’est donc plus une idole mais il expose les défauts des femmes, leurs pièges et les moyens de les déjouer.

LeRoman de la Rose est une œuvre maîtresse du Moyen Âge ; il est riche et ample et son influence considérable a marqué la littérature. Il résume tous les thèmes de la courtoisie et de la philosophie des XIIe et XIIIe siècles et il a été traduit en italien, en anglais et en flamand. Au XVIe siècle, il a été modernisé par Clément Marot et lu par Ronsard, qui le considérait comme le monument le plus remarquable de la littérature ancienne. Le chemin que doit faire l’Amant préfigure la « Carte du Tendre » et les subtilités de la psychologie amoureuse et de la galanterie des romans précieux du XVIIe siècle.

Un matin, au mois de mai, Amant est allé se promener dans la campagne et il est arrivé à un verger qui était entouré d’un mur orné de statues très laides qui représentaient Envie, Avarice, Vieillesse. Un jeune homme, Oisiveté, lui a ouvert la porte et l’a conduit dans un p ré o ù dansent Plaisir, le dieu Amour, Beauté, Richesse. Amant admire surtout u n buisson de roses, et une fleur ( la

Texte 1

jeune fille aimée) lui semble si belle et si fraîche qu’il ne peut détacher ses yeux d ’elle. Amour le frappe de ses flèches et lui expose, en 800 vers, tout un art d’aimer sur le modèle d’Ovide L’Amant se désole mais Raison arrive et lui donne des conseils pour se d é ba rrasser des problèmes et des soucis que procure Amour.

Elle ne réussit pas à convaincre Amant,

Coup de foudre

Guillaume de Lorris, LE ROMAN DE LA ROSE

a l ors Ami arrive et l e conso l e. Amour assi è ge la tour o ù la Rose est priso nni è re avec Noblesse de cœur, Fra nchise, Largesse, Courtoisie, Abstinence, Contrainte et Faux-Semblant. C ’est après l’intervention de Nature, qui les harangue, qu’ils sont victorieux et, après l’intercession de Courtoisie, Amant peut finalement arriver à Rose

La fontaine de Narcisse contient la clé de l’œuvre. Le narrateur rêve qu’il se promène un beau jour de mai et qu’il réussit à pénétrer dans un jardin habité par de charmantes allégories. À la fin de son exploration, il arrive à une fontaine où une inscription gravée dans la pierre rappelle que Narcisse est mort ici. Le dieu Amour le guette mais, après une hésitation compréhensible, il ne peut s’empêcher de regarder dans l’eau transparente de la fontaine.

C’est le miroir périlleux1

Où Narcisse l’orgueilleux

Mira2 son visage et ses yeux,

Ce qui causa sa mort.

5 Qui se mire en ce miroir

Ne peut avoir garant ni médecin

Qui l’empêche de voir de ses yeux quelque chose

Qui l’engage aussitôt sur le chemin de l’amour.

Ce miroir a mis plus d’un homme

10 De grande vaillance en difficulté, car les plus sages, Les plus preux3 , les plus courtois

Y sont bien tôt pr is et pr isonniers.

Le Moyen Âge 49 XIe-XVe siècle
1 Dangereux. 2 Admira, le miroir reflète tout ce qui se passe dans le jardin, c’est donc à travers ce miroir que le narrateur voit pour la première fois la Rose. 3 Courageux.
8 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
L’historie

4 Lacets

5 Demoiselles et jeunes hommes, damoiseaux était le masculin de damoiselles

6 Il ne s’agit pas de textes romanesques, mais de textes écrits en langue romane, par opposition aux ouvrages latins. Ici l’auteur proclame la supériorité de sa version.

7 Raconter.

8 Mauvaise

C’est ici que les gens tombent en proie à une rage nouvelle, C’est ici que leurs cœurs changent,

15 Ici il n’y a raison, sens ni mesure, Ici il règne seule la volonté d’aimer, Ici personne ne sait se raisonner ; Car Cupidon, le fils de Vénus, A semé ici la graine d’Amour,

20 Qui a teinte toute la fontaine, Et a posé ses lacs4 tout autour, Et ses pièges pour prendre Damoiselles et damoiseaux5 , Car Amour ne veut pas d’autres oiseaux.

25 À cause de la graine qui y fut semée

On appela cette fontaine

À juste titre la Fontaine d’Amour, Dont plusieurs ont à leur tour

Parlé dans leurs livres, en romans6

30 Mais jamais vous n’entendrez mieux décr ire

La vérité de la question

Que je ne veux vous la relater7

Là-dessus je me mis à regarder

La fontaine et à la contempler,

35 Ainsi que les inscr iptions qui m’expliquaient Cent mille choses qui y apparaissaient

Mais c’est à la male8 heure que je m’y suis miré Hélas ! j’en ai tant soupiré par la suite  !

Ce miroir m’a trompé :

40 Si j’avais connu d’avance Quelles en étaient la force et la vertu, Jamais je ne m’en serais approché, Car immédiatement je tombai dans les lacs Qui ont pr is et trahi plus d’un homme.

45 Au miroir, entre mille autres choses, Je vis des rosiers chargés de roses, Qui étaient dans un massif Enclos de haies tout à l’entour ; [...]

Comprendre Analyser Écrire

1. Quel danger se cache dans cette fontaine  ?

2. Qui ont été ses victimes ? Pourquoi  ?

3. Expliquez l’expression « miroir périlleux » (vers 1).

4. Quelle idée de l’amour apparaît dans ce passage ? Est-il possible d’y échapper ?

5. Mais c’est à la male heure que je m’y suis miré / Hélas ! j’en ai tant soupiré par la suite ! / Ce miroir m’a trompé : quelles informations ces vers contiennent-ils concernant la suite du roman  ?

6. Retrouvez dans le texte les allégories et les personnifications. Quelle réaction produit la beauté de la Dame-Rose sur l’auteur  ?

7. Quelle impression produit sur vous l’usage de la métaphore dans ce roman d’amour ? Est-ce que c’est quelque chose qui vous attire ? Rappelez-vous que Le Roman de la Rose a été en quelque sorte un best-seller qui a séduit des générations de lecteurs jusqu’au début du XVIe siècle.

Dossier 3
50 Le Moyen Âge
La poésie didactique et lyrique
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Les amants à la fontaine de Narcisse, miniature extraite d’un manuscrit du Roman de la Rose (v. 1405), New York, The Pierpont Morgan Library & Museum.

L’œuvre

Bernard de Ventadour (v. 1125-v. 1200)

Sa vie et son œuvre

Bernard de Ventadour est né à Ventadour (Corrèze) et mort dans l’Abbaye de Dalon (Dordogne) dans le sud-ouest de la France, en Occitanie, mais sa date de naissance et de mort ne sont pas sûres. Il serait le fils d’un homme d’armes et d’une boulangère ou peut-être le bâtard d’un grand seigneur. Après quelques pérégrinations, il a été accueilli à la cour d’Aliénor d’Aquitaine dont il tombe amoureux. Il l’aurait suivie en

Le Chansonnier (XIIe siècle)

Angleterre après son second mariage avec Henri Plantagenêt et serait rentré en France seul. On le retrouve à Toulouse au service du comte Raymond V, puis à Narbonne. En 1194, après la mort du comte, il va finir sa vie dans l’Abbaye de Dalon.

Il nous a laissé une œuvre riche de sentiments personnels, il est l’un des meilleurs musiciens de son époque et un des plus célèbres troubadours français en langue d’oc

Bernard de Ventadour laisse quarante-cinq chansons : de courts poèmes amoureux, traditionnellement divisés en trois cycles qui célèbrent trois dames différentes et expriment la puissance de ses sentiments. Il utilise des mots à la fois simples et délicats qui développent la thématique de la fin’amor propre à la poésie courtoise. Il a composé également sa propre musique, dont vingt airs sont conservés dans des manuscrits. Ces « chants » de cour ont été diffusés à leur époque dans toute l’Europe médiévale et même au delà

Texte 1

« Quand vois l’alouette mouvoir »

Bernard de Ventadour, LE CHANSONNIER

Ce poème est une plainte amoureuse, une élégie où l’amour est montré comme une illusion. Le poète dénonce l’insensibilité des femmes et décide de renoncer même à écrire.

Quand vois l’alouette mouvoir

De joie ses ailes f ace au soleil, Que s’oublie et se laisse choir

Par la douceur qu’au cœur lui va,

5 Las  ! si g rand envie me vient

De tous ceux dont je vois la joie, Et c’est merveille qu’à l’instant

Le cœur de désir ne me fonde.

Hélas  ! tant en croyais savoir

10 En amour, et si peu en sais

Car j’aime sans y r ien pouvoir

Celle dont jamais r ien n’aurai

Elle a tout mon cœur, et m’a tout, Et moi-même, et le monde entier,

15 Et ces vols ne m’ont rien laissé Que désir et cœur assoiffé

Le Moyen Âge 51 XIe-XVe siècle
9 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Comprendre Analyser

Or ne sais plus me gouverner Et ne puis plus m’appartenir Car ne me laisse en ses yeux voir

20 En ce miroir qui tant me plaît Miroir, pour m’être miré en toi, Suis mort à force de soupirs, Et perdu comme perdu s’est Le beau Narcisse en la fontaine.

25 Des dames, je me désespère  ; Jamais plus ne m’y fierai, Autant d’elles j’avais d’estime Autant je les mépr iserai. Pas une ne vient me secourir

30 Près de celle qui me détruit, Car bien sais que sont toutes ainsi.

Avec moi elle ag it en femme

Ma dame, c’est ce que lui reproche, Ne veut ce que vouloir devrait

35 Et ce qu’on lui défend, le f ait. Tombé suis en male merci Car ai fait le fou sur le pont Et si cela m’est advenu C’est qu’ai voulu monter trop haut...

40 Et puisqu’auprès d’elle ne valent Pr ière, merci ni droit que j’ai, Puisque ne lui vient à plaisir Que l’aime, plus ne lui dirai ; Aussi je pars d’elle et d’amour ;

45 Ma mort elle veut, et je meurs, Et m’en vais car ne me retient, Dolent, en exil, ne sais où.

Tristan, plus rien n’aurez de moi, Je m’en vais, dolent, ne sais où  ;

50 De chanter cesse et me retire, De joie et d’amour me dérobe.

L’amour frappe avec ses flèches le cœur de l’amant, peint sur un coffret en bois fabriqué en Allemagne (v. 1405)

1. Quel est le grand thème de ce texte ?

2. À quoi renvoie l’image de l’alouette dans la première strophe ?

3. Dans la troisième strophe, qu’aime faire le poète ?

4. Expliquez pourquoi ce poème est aussi une plainte amoureuse

5. Est-ce qu’on connaît l’anecdote qui est à l’origine de cet amour malheureux  ?

6. Relevez l’enchaînement des métaphores.

a. À quoi le poète, compare-t-il son cœur dans les deux premières strophes  ?

b. À quoi sont comparés les yeux de la femme ?

c. Dans la troisième strophe, à quoi le poète se compare-t-il  ?

7. Relevez les termes du champ lexical de la souffrance du poète

8. Que retrouvez-vous de l’univers de la cour, de l’univers féodal chez Bernard de Ventadour ?

Écrire

9. Repérez les thèmes ou les motifs courtois dans cette chanson et écrivez un texte en vous appuyant sur le poème.

Dossier 3 La
lyrique 52 Le Moyen Âge
poésie didactique et
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Christine de Pisan (1363/4 ?-1430)

Sa vie

Elle est née à Venise et morte au monastère de Poissy. Elle est la première femme écrivain qui a pu vivre de son travail. Son érudition lui donne une place à part et la distingue des écrivains de son époque. La famille va vivre à Paris, car son père, médecin fameux, y est appelé par le roi Charles V. Elle apprend la musique et le latin pour pouvoir lire des ouvrages de philosophie, d’histoire, de poésie ou de religion. Elle est bilingue, connaît le français et l’italien mais n’écrit qu’en français. Quand elle a quinze ans, son père lui choisit un mari, Étienne de Castel, savant et vertueux, âgé de vingt-trois ans. Le mariage est très heureux et trois enfants naissent, mais malheureusement son père et son mari meurent et laissent la famille dans le besoin ; de plus, Christine décide de ne pas se remarier, choisit la profession

L’œuvre

Rondeaux (1390-1400)

d’homme de lettres et, au Moyen Âge, cette prise de position est vue avec méfiance. Elle doit organiser sa fortune, essaie de constituer des revenus suffisants pour maintenir son rang et cette période difficile dure 14 ans, comme elle l’écrit elle-même.

La première femme écrivain

Elle reprend ses études et complète son éducation, elle s’intéresse à l’histoire, à la poésie savante et commence à composer des pièces lyriques qui lui procurent des commandes et la protection de grands seigneurs lettrés. Elle prend de l’assurance et s’engage dans la défense de l’image de la femme dans la littérature. Elle sait conserver les relations qu’elle a à la cour et cela lui permet d’avoir une place dans le monde des hommes cultivés de son temps. Elle devient un écrivain renommé en France et aussi à l’étranger.

Christine de Pisan a laissé une œuvre poétique abondante et variée, plus de 300 ballades et 69 rondeaux ainsi que des lais, des virelais et des complaintes.

Texte 1

Christine de Pisan, RONDEAUX

Ce texte a été écrit entre 1390 et 1400. C’est un court poème, qui a été édité dans un recueil intitulé Rondeaux, première indication sur sa forme1

Je ne sais comment je dure, Car mon dolent cœur fond d’ire2

Et plaindre n’ose, ni dire

Ma doleureuse3 aventure,

5 Ma dolente vie obscure.

Comprendre

1. Quel est le thème principal de ce rondeau ?

2. Est-ce que Christine de Pisan précise la cause de cette douleur ? Est-ce qu’on peut la deviner  ?

3. Cette souffrance durable a-t-elle une issue possible  ?

4. Dans le troisième quatrain, qu’estce qui rend encore plus tragique la situation de la poétesse  ?

1 À l’origine, c’est une forme musicale, vocale et une danse en rond (une ronde), voir

p 48.

2 Chagrin, douleur, colère.

3 Du latin dolor

4 Par dissimulation

5 Ce que.

Rien, hors la mort ne désire  ;

Je ne sais comment je dure.

Et me faut, par couverture4 ,

Chanter que5 mon cœur soupire

10 Et faire semblant de rire  ;

Mais Dieu sait ce que j’endure.

Je ne sais comment je dure.

Analyser

5. Relevez le champ lexical de la douleur.

6. Qu’est-ce qui rend si musical ce poème  ?

7. Du point de vue lexical et stylistique, que remarquez-vous  ?

Écrire

8. Pourquoi doit-elle dissimuler sa peine ? Donnez des motivations et faites des suppositions en écrivant un court texte.

Le Moyen Âge 53 XIe-XVe siècle
« Je ne sais comment je dure »
10 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

L’œuvre

Rutebeuf (deuxième moitié du XIIIe siècle)

Sa vie et son œuvre

On ne sait pratiquement rien de sa vie, même pas son nom, qui viendrait de son surnom « Rudebœuf » (bœuf vigoureux) qu’il utilise dans son œuvre pour parler de lui.

C’était probablement un jongleur, avec une formation de clerc, car il connaissait le latin et son origine était champenoise (il parle de guerres à Troyes dans ses écrits), mais c ’est à Paris qu’il a vécu.

Son œuvre est très variée et elle résume toutes les tendances de son époque et de son milieu (la piété, son enthousiasme pour les croisades) qu’il a exprimées avec réalisme et ironie

Son œuvre ne comporte aucune chanson d’amour selon l’idéologie courtoise, mais raconte ses problèmes personnels et ses mésaventures. Il y a un grand souci du rythme et la forme est très soignée, par fois aussi un peu artificielle.

La Complainte Rutebeuf (1261-1262?)

Ce poème évoque plusieurs thèmes éternels : les malheurs d’un poète, sa solitude, la fragilité de l’amitié, la pauvreté et la misère de l’artiste. L’emploi de la première personne, tout au long du texte, marque bien une œuvre lyrique où le poète se confie et évoque ses sentiments. Léo Ferré a chanté et mis en musique une version de La Complainte

Texte 1

Rutebeuf, LA COMPLAINTE RUTEBEUF

C’est sans doute son texte le plus célèbre. Le poète y raconte son mariage malheureux et passe en revue tous les problèmes qui l’accablent, en déplorant la perte de ses amis. Rutebeuf ne regrette pas l’amitié en tant que sentiment qui aide à vivre, mais comme soutien financier des amis, c’est-à-dire de ses protecteurs.

Les maux ne savent pas venir seuls  ; Tout ce qui devait m’advenir, Est maintenant du passé. Que sont mes amis devenus

5 Que j’avais tant cultivés, Et tant aimés ?

Je crois qu’ils se sont épar pillés  ; Ils n’avaient pas été bien attachés, Et ainsi ils ont f ailli.

10 De tels amis m’ont mis en mauvaise situation, Car jamais, aussi longtemps que Dieu me mit à l’épreuve De bien des manières, Je n’en vis un seul à mes côtés. Je crois que le vent les a emportés.

15 L’amitié est morte  : Ce sont amis que le vent emporte. Et il ventait devant ma porte, Ainsi le vent les emporta, Car jamais aucun ne me réconforta

20 Ni ne m’apporta rien de ce qui lui appartenait Ceci m’apprend

Dossier 3 La poésie didactique et lyrique 54 Le Moyen Âge
« Que sont mes amis devenus »
11 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

1 Détenteur de l’office des vidanges à Paris, son nom est passé en proverbe pour dire : je le jette aux égouts.

Comprendre

Que celui qui a des biens, doit les prendre pour lui ; Mais celui-ci se repent trop tard

Qui a trop dépensé

25 Pour se faire des amis, Car il ne les trouve pas sincères, même à moitié

Pour lui venir en aide

Je cesserai donc de courir la fortune, Et je m’appliquerai à me tirer d’affaire

30 Si je le peux

Il me faut aller trouver mes bons seigneurs

Qui sont courtois et débonnaires

Et qui m’ont fait vivre

Mes autres amis sont tous des pourris :

35 Je les envoie à maître Orr i1

Et je les lui laisse.

On doit bien y renoncer

Et laisser telles gens à l’abandon, Sans les réclamer,

40 Car il n’y a en eux r ien à aimer

Que l’on doive juger digne d’amour.

Or je pr ie Celui

Qui fit trois parties de lui-même, Qui ne sait refuser personne

45 Qui se réclame de lui, Qui l’adore et le clame son seigneur, Et qui soumet à la tentation ceux qu’il aime, Car il m’y a soumis,

Qu’il me donne bonne santé,

50 Pour que je f asse sa volonté, De bon cœur sans m’esquiver.

À monseigneur qui est fils de roi

J’envoie ma complainte et mon dit, Car j’en ai bien besoin,

55 Car il m’est venu en aide très volontiers  :

C’est le bon comte de Poitiers Et de Toulouse  ; Il saura bien ce que désire Celui qui se lamente ainsi.

1. À quelle personne est écrit le poème ? Pourquoi ?

2. Que chante le poète ?

3. À partir de l’idée de la maladie est introduit le thème des amis infidèles. Quelle est la conclusion amère du poète sur l’amitié ? À quelle métaphore fait-il appel ? p

4. Après une humble prière de soumission à Dieu, comment justifiez-vous la demande d’argent et de protection, ce double recours à Dieu et au comte de Poitiers et de Toulouse, personnage influent à la cour de Louis IX ?

5. Pourquoi Rutebeuf ne dit-il pas clairement ce qu’il désire  ?

6. Est-ce qu’il s’agit d’amitié au sens moderne du terme ? Quelle est la préoccupation du poète ?

Analyser Écrire

7. Étudiez la structure poétique du texte : l’alternance de vers longs et courts donne à la strophe une cadence, comme si ce vers constituait un refrain. En quoi est-elle bien adaptée à une mise en musique ?

8. Et pour vous, qu’est-ce que l’amitié ? Partagez-vous l’amertume de Rutebeuf ? Écrivez et motivez votre réponse.

Le Moyen Âge 55 XIe-XVe siècle
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Musicien, miniature tirée du Graduel de Saint-Étienne de l Toulouse, France, (fin XIedébut XIIe siècle), Londres, British Library.

Texte 1

Charles d’Orléans (1394-1465)

Sa vie

Il est né à Paris le 26 mai 1394 et mort à Amboise le 4 janvier 1465. C’était un prince important et nous avons beaucoup d’informations sur sa vie.

Son père, Louis d’Orléans, frère du roi Charles VI et chef des Armagnac, a été assassiné en 1407, et il est devenu un des chefs de ce groupe. Le désir de venger cette mort va l’accompagner pendant de nombreuses années Pendant la guerre de Cent ans, à la bataille d’Azincourt, il est fait prisonnier et emmené en Angleterre. Son emprisonnement va durer vingt-cinq ans ; il sera surveillé constamment, déplacé d’un château à un autre, sans aucune nouvelle de la France. Il a continué d’espérer dans sa libération et il en est arrivé même à reconnaître les droits du roi d’Angleterre sur la couronne de France pour l’obtenir. Finalement, en 1440, Philippe le Bon paiera une rançon de 200 000 écus d’or (une véritable fortune) et il sera libéré. Il va se retirer dans ses châteaux de Blois et de Tours dans la vallée de la Loire pour y finir sa vie, en mécène, au milieu d’une cour littéraire en composant des ballades, des chansons et des rondeaux et en protégeant des artistes.

Rondeaux (XVe siècle)

À sa cour de Blois, il a organisé des concours poétiques et on retrouve dans les manuscrits et les éditions, les textes écrits par les auteurs de l’époque qui y ont participé

Son œuvre

On peut distinguer deux parties dans ses poésies : un premier groupe constitué par les textes qu’il a écrits pendant ses 25 années de captivité et un autre qu’il a composé après son retour en France. Dans les textes écrits en Angleterre, l’allégorie mise à la mode par Guillaume de Lorris est la toile de fond, l’amour occupe une grande place et Beauté, à qui le poète s’adresse, n’est pas une femme particulière mais peut être aussi la France. Il y parle aussi de son mal du pays et du désir de la paix qu’il veut maintenir.

On y retrouve un grand naturel, une aisance infinie, une clarté et une élégance extrêmes accompagnées d’une fraîcheur et d’une délicatesse remarquables.

Dans ses autres textes, composés après 1140, il parle de sujets variés, souvent amoureux. Avec l’âge il a découvert la sagesse et sa poésie devient sincère, douce et mélancolique.

Les 344 rondeaux, écrits pour la plupart dans le milieu littéraire raffiné de la cour de Blois, à son retour de captivité, témoignent la distance qu’il prend par rapport à la poésie courtoise. Dans son œuvre, il ne reste que des traces discrètes des événements qu’il a vécus.

« En regardant vers le pays de France »

Charles d’Orléans, RONDEAUX

L’événement qui bouleverse la vie de Charles d’Orléans est sa capture par les Anglais après la bataille d’Azincourt et son emprisonnement en Angleterre pendant 25 ans. De ce long exil est né ce poème, un des plus célèbres du Moyen Âge et un des tous premiers à exprimer le regret de la patrie.

En regardant vers le pays de France, Un jour m’advint, à Douvres sur la mer, Qu’il me souvint de la douce plaisance Que je soulais1 au dit pays trouver ;

5 Si2 commençai de cœur à soupirer, Combien certes que3 grand bien me f aisait De voir France que mon cœur aimer doit.

Dossier 3 La poésie didactique et lyrique 56 Le Moyen Âge 1 J’avais l’habitude 2 Ainsi. 3 Quoique.
12
L’œuvre
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Je m’avisai que c’était non savance4 De tels soupirs dedans mon cœur garder, 10 Vu que je vois que la voie commence De bonne paix, qui tous biens peut donner ; Pour ce, tournai en confor t5 mon penser. Mais non pourtant mon cœur ne se lassait De voir France que mon cœur aimer doit.

15 Alors chargeai en la nef d’Espérance

Tous mes souhaits, en leur priant d’aller Outre la mer, sans faire demourance6 , Et à France de me recommander.

Or nous doint Dieu7 bonne paix sans tarder  !

20 Adonc8 aurai loisir, mais qu’ainsi soit, De voir France que mon cœur aimer doit.

Paix est trésor qu’on ne peut trop louer. Je hais guerre, point ne la doit priser ; Destourbé9 m’a longtemps, soit tort ou droit10

25 De voir France que mon cœur aimer doit.

Le duc d’Orléans, emprisonné dans la Tour de Londres, est en train d’écrire ses poèmes et il regarde par la fenêtre, miniature tirée d’un recueil manuscrit des œuvres du duc d’Orléans (XVe V siècle), Londres, British Library.

Comprendre

1. Quel sentiment éprouve le poète en regardant la France ? De quoi naît sa nostalgie ?

2. Dégagez l’idée essentielle de chaque strophe et de l’envoi. Que souhaite Charles d’Orléans ? Que représente la paix si désirée  ?

3. En quoi le refrain que mon cœur aimer doit souligne le thème patriotique de la ballade ? t

Analyser

4. On perçoit dans la poésie la tristesse de l’exilé et son patriotisme. Charles d’Orléans se donne du courage et semble reprendre espoir. Son patriotisme est-il revanchard ? Est-ce qu’on peut aimer son pays et vouloir la paix ?

5. Observez la forme de ce texte

a. Type de vers et de strophe, organisation des rimes.

b. Disposition des vers.

6. De quelle forme poétique s’agit-il ?

Écrire et réfléchir

7. Charles d‘Orléans ne peut que détester la guerre qui l’a privé de son pays et de sa liberté. La souffrance de l’exilé est toujours de brûlante actualité. La frontière entre la paix et la guerre est aujourd’hui, une fois de plus, très fragile et les États nationaux sont encore les jp acteurs clés de l’histoire. Exprimez votre réflexion sur la situation actuelle de la pensée et de l’action pour la paix.

Le Moyen Âge 57 XIe-XVe siècle 4 Une erreur 5 Pour réconfor t. 6 Sans perdre de temps. 7 Que Dieu donc nous donne. 8 Alors. 9 Empêché. 10 À tor t ou à raison
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

À la loupe...

L’amour courtois et la poésie italienne

Le modèle courtois italien

La poésie italienne en langue vulgaire naît comme poésie d’amour, et le modèle auquel elle s’inspire est celui de l’amour courtois qui subit les premières modifications à la cour de Frédéric II et surtout après dans le milieu des communes. Le changement est évident surtout dans le rituel de l’amour courtois : dans la poésie française, il était modelé sur l’hommage féodal et sur le rapport du service et de l’attente de la récompense relative, qui n’excluait pas le désir du corps de la femme pour l’amant ; dans la poésie des siciliens, le physique et le corps disparaissent, le centre de l’attention est le cœur, la femme devient un objet de contemplation mentale ou un rêve de bonheur

La femme-ange

Ce n’est pas un hasard si Guido Guinizzelli, dans sa chanson Al cor gentile rempaira sempre Amore, a jeté les bases de cette nouvelle poésie pour laquelle la valeur d’un individu vient de sa noblesse de cœur et c’est lui qui, le premier, a associé l’image de la femme aimée à celle d ’un ange. Chez Guinizzelli aussi, la femme n’est plus un objet de désir et devient femme-ange ; sa fonction est de médiation entre Dieu et les créatures humaines. Cet amour transcende la dimension terrestre pour une dimension purement spirituelle. La femme disparaît comme corps, on ne décrit plus sa beauté, mais on réfléchit sur les effets psychologiques et moraux qu’elle provoque chez les autres. Courtiser une femme n’a plus aucune raison d’être et est remplacé par un nouveau rituel, celui de la louange et de l’hommage.

Guido Cavalcanti ajoute l’amour passion et la personnification des sens, mais le véritable innovateur est Dante, qui porte à l’extrême le processus de spiritualisation religieuse de la femme, pour laquelle le poète a une véritable adoration. Elle est décrite à travers sa beauté, elle devient un idéal, comme si elle était de nature divine ; c’est la femme-ange qui devient une messagère du monde divin et, de cette image, naît le thème du salut.

Comprendre et réfléchir

1. De quoi naît la poésie en vulgaire italienne ?

2. Quelle est une des différences essentielles entre cette poésie et la poésie française ?

3. Qui a jeté les bases de la nouvelle poésie italienne ?

4. Quelle est la fonction de la femme ?

5. Qui porte à l’extrême le processus de spiritualisation de la femme  ?

Dossier 3 La poésie didactique et lyrique 58 Le Moyen Âge
L’amour courtois, enluminure du Codex de Heidelberg (XIVe V siècle).
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

la une

Les troubadours étaient les rappeurs du Moyen Âge?

Troubadours et rappeurs donnent leurs lettres de noblesse à des expressions absentes de la littérature classique, au Moyen Âge comme aujourd’hui

Contrairement aux idées reçues, le Moyen Âge a été une période de très grande fécondité artistique et littéraire. Outre les récits arthuriens ou les chansons courtoises, on trouve notamment certaines formes de poésie et de musique finalement pas si éloignées du rap. D’abord on trouve les troubadours (langue d’oc) ou trouvères (langue d’oïl) qui apparaissent au cours du XIIe siècle. Le rapprochement entre ces chanteurs ambulants et les rappeurs d’aujourd’hui semble assez évident. Premièrement, d’un point de vue formel, la superposition de textes poétiques sur un fond musical est tout à fait propre à ce genre

EGOTRIP ET JOUTES VERBALES. Des punchlines au vers enflammés, de la lyre au beat-box, troubadours m é di é vaux et ra pp eurs actuels se re ssemblent à plus d’un titre. Par leur sens du rythme très développé d’abord, mais surtout par leur très grande facilité à faire de la poésie orale. À cette faculté de s’exprimer aisément à l’oral s’ajoute un autre point commun : l’intérêt porté par les troubadours au langage vernaculaire, aux expressions populaires, loin des canons académiques du latin, langue officielle à l’époque.

ART CONTESTATAIRE. Aux b an q uets des se igneurs comme sur les scènes des salles de concerts, trouvères et MC ( Maste r of Ceremonies f , dans le milieu du rap, ce terme désigne le rappeur) développent le même art contestataire ? L’article du site lerapenfrance cite notamment le cas des « sirventès », un genre musical qui « dénonce les injustices et critique les puissants ». La dimension contestataire de la musique était d’autant plus prégnante au Moyen Âge que l’art se transmettait exclusivement à l’oral parmi les classes populaires, largement illettrées. De quoi tordre le cou à l’idée établie selon

la q uelle le ra p seulement grâce ce genre musica

français est né e à l’émergence de al aux États-Unis

N AU Au développe é gartimen », genre rapproche beaus d’improvisation posentlesrappeurs

DU PARTIMEN AU CLASH. Moyen Âg e se lement le «  pa musical qui se coup des joutes verbale qui opposent les rappeurs ( le c l as h ou l a b att le ). Les poètes s’aff f ro nt a i e nt l o r s des p artimen : l e p remier l ançait un thème de débat chanté ; le second improvisait ensuite sur le sujet; le troisième devait enchaîner alors en respectant la mélodie engagée

EGOTRIP ET PRÉFACES. De la même façon, les egotrips des rappeurs, ces textes destinés à se mettre en valeur, souvent au deuxième degré, peuvent se retrouver dans les préfaces des recueils de poèmes du Moyen Âge. Les premières lignes du roman de Thèbes illustrent bien ce parallèle : «  qu’ils se taisent tous ceux de ma profession […] ils sont tous aussi capables de m’écouter qu’un âne de jouer de la harpe ».

Comprendre et réfléchir

1. Qu’est-ce qui rapproche les troubadours des rappeurs ?

2. Qu’est-ce qui est facile pour tous les deux ?

3. Qu’est-ce qui rapproche le partimen du clash ?

4. Quel parallèle peut-on retrouver dans les egotrips des rappeurs et les préfaces des recueils du Moyen Âge ? gppp

Le Moyen Âge 59 XIe-XVe siècle
À
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Dossier 4

La poésie de tradition réaliste

Le réalisme de Villon

Alors que la poésie aristocratique et savante est sur son déclin et que le changement vers le lyrisme personnel s’opère déjà avec Charles d’Orléans, un nouveau lyrisme prend forme avec François Villon, qui fait revivre la tradition personnelle et réaliste des jongleurs. Il se dresse contre le système établi, les lois et les autorités, il ne décrit pas les nuances raffinées de l’amour courtois mais il règle ses comptes avec les personnages auxquels il s’était confronté. Dans sa première œuvre, Les Lais, il s’amuse à donner en héritage à ses amis un soulier, une coquille d’œuf, des cheveux.

Le ton est satirique, mais laisse déjà entendre, face à la mort, une inquiétude que Le Testament amplifie. Villon fait un retour sur sa jeunesse et l’ensemble de sa vie ; le ton reste satirique quand il s’en prend à l’évêque qui l’a emprisonné, mais l’œuvre est le plus souvent lyrique.

Avec ses dernières poésies, dont L’épitapheVillon est la n pièce maîtresse, le ton devient vraiment pathétique.

La force de son art tient à son réalisme et s’affirme en particulier dans la ballade, où il est inimitable. Sa poésie émeut par sa sincérité et il traduit avec une sincérité frémissante de grands sentiments humains, dans une langue réaliste et pittoresque qui frappe celui qui le lit. Si les sujets abordés sont classiques (la mort, la vieillesse, l’injustice, l’amour impossible ou déçu et même l’emprisonnement, qui sont des sujets médiévaux), peu d’auteurs les ont vécus d’aussi près.

La fiction autobiographique

En effet, Villon a brûlé sa vie au fond des tavernes au milieu des gueux, des bandits et des prostituées. Il a été plusieurs fois emprisonné, a été condamné et a réellement frôlé la mort. Sa vie dissolue apparaît dans ses textes et leur donne une profondeur et une sincérité touchante.

L’œuvre de François Villon comme nous la connaissons aujourd’hui forme un ensemble complexe et presque fermé, malgré son hétérogénéité et variabilité. Cet ensemble est unique, car malgré une certaine subjectivité poétique de Villon, elle représente un microcosme de son monde, de l’automne du Moyen Âge avec ses inquiétudes, ses tensions, son système de valeurs. François Villon n’était que fils de son temps, témoin important du bas Moyen Âge. Ce qui différencie radicalement l’œuvre de Villon de toute la production poétique médiévale, c’est qu’il revendique son caractère autobiographique n . Sans être révolutionnaire, il reprend à son compte la tradition littéraire, il se l’approprie et la pervertit pour en faire un porte-voix de sa propre personnalité et de ses états d’âme.

Activités

1. Pourquoi parle-t-on d’un nouveau lyrisme avec François Villon ?

2. Quelle est la nouveauté de l’œuvre de François Villon ?

3. Pourquoi peut-on définir Villon le premier écrivain de la littérature française par rapport aux autres auteurs du Moyen Âge ? çp

Connaître la littérature
60 Le Moyen Âge
Scène de danse, miniature de Guilielmus Hebraeus Pisauriensis, De pratica seu arte tripudii (1463), Paris, BnF
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

L’œuvre

François Villon (1431- ?)

Sa vie

Il naît à Paris en 1431, ses origines sont humbles. Il est orphelin et il est élevé par un prêtre, Maître Guillaume de Villon, qui lui donne son nom. Il étudie à la Sorbonne, mais il songe surtout à s’amuser. Il a de mauvaises compagnies et tue même un prêtre lors d’une rixe. Il obtient des lettres de rémission pour ce meurtre, mais il continue sa vie aventureuse. Il est impliqué dans des vols et on le retrouve souvent en prison à Paris ou ailleurs en France. Le 5 janvier 1463, le Parlement de Paris annule une sentence de condamnation à mort et lui interdit de vivre à Paris pendant dix ans. Après cette date, on perd toute trace de lui

Son œuvre

Toute l’œuvre de Villon est en vers et consiste en deux grands poèmes lyriques : Le Petit Testament et Le Grand Testament,

Le Grand Testament (v. 1462)

COMPÉTENCES

qui comprend diverses ballades. La ballade des pendus ou Épitaphe Villon est écrite plus tard, au moment où le poète, condamné à la potence, s’attend à être pendu. Dans ses poèmes, Villon fait revivre la tradition réaliste et les grands thèmes lyriques comme la piété, la tendresse filiale, le patriotisme, les regrets du passé, les remords, la fraternité et la hantise de la mort. Il est toujours très sincère et se livre à nous tel qu’il a été. Il refuse de s’attendrir sur son sort et il est capable d’ironiser. L’idée de la mort est constante dans son œuvre et le hante continuellement. La langue qu’il utilise est vivante et populaire, son réalisme est puissant et il nous décrit la vérité tragique de la condition humaine. Un problème reste : qui est-il ? Peut-être la réponse est dans un de ses vers : je ris en pleurs, qui exprime bien la dualité de sa personnalité et de sa conscience.

Le Grand Testament est l’œuvre maîtresse de Villon. Il comprend deux parties : dans la première (strophes 1 à 70), le poète nous entretient de lui-même. Repassant en esprit sa vie dissipée, il prend conscience de son indignité et fait d’amers retours sur son cas. Tous, pauvres ou riches, sages ou fous, mourront. L’idée de la mort inéluctable lui inspire alors les admirables Ballades des dames et des Seii gneurs du temps jadis. Dans la seconde partie (strophes 71 à 186), il reprend son testament. Sa pensée reconnaissante est tout d’abord pour Guillaume de Villon, et pour sa pauvre mère. Puis, il songe à sa maîtresse : ce sera, pour elle aussi, une ballade (Ballade à s’amye). Le reste du poème reprend la série de ses lais fantaisistes, les uns ayant une valeur morale, les autres étant des privilèges.

Texte 1

Ballade des dames du temps jadis

François Villon, LE GRAND TESTAMENT

Ce poème est un hommage à des femmes célèbres mais il est avant tout un texte profondément lyrique, où Villon sollicite le lecteur pour lui faire partager sa mélancolie face au temps qui passe.

1 Noms de cour tisanes célèbres.

2 La nymphe Écho, amoureuse de Narcisse, finit par disparaître et il ne reste que la trace de sa voix.

3 Du passé.

Dites-moi où, dans quel pays, Est Flora la belle Romaine, Archipiades, et Thaïs1 , Qui fut sa cousine germaine,

5 Écho2, parlant quant bruit on mène Dessus rivière ou sur étang, Qui beauté eut surhumaine ?

Mais où sont les neiges d’antan3 ?

Le Moyen Âge 61 XIe-XVe siècle
13 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
LITTÉRAIRES Auteurs pivots p. 358

4 Héloïse, amoureuse d’Abélard, a causé la mutilation du philosophe. Son oncle l’a fait châtrer

5 Marguerite de Bourgogne qui, selon la légende, faisait jeter dans la Seine ses amants, après une nuit passée entre leurs bras.

6 Blanche de Castille, mère de Saint Louis

7 C’est la mère de Charlemagne

8 Héroïnes des chansons de geste

9 Jeanne d’Arc

Où est la très sage Héloïs4 ,

10 Pour qui fut châtré puis f ait moine Pierre Esbaillart à Saint-Denis ? Pour son amour eut cette peine. Semblablement, où est la reine5 Qui commanda que Bur idan

15 Fût jeté dans un sac en Seine ? Mais où sont les neiges d’antan ?

La reine Blanche6 comme un lis Qui chantait à voix de sirène, Berthe au g rand pied7, Biétris, Alis8 ,

20 Haremburg is qui tint le Maine, Et Jeanne, la bonne Lorraine9 Qu’Anglais brûlèrent à Rouen ; Où sont-ils, où, Vierge Souveraine ? Mais où sont les neiges d’antan ?

25 Pr ince, ne demandez cette semaine ni cette année, où elles sont ; Sans que je vous ramène à ce refrain : Mais où sont les neiges d’antan ?

Figure féminine, détail de la fresque du mois d’avvrril, Cycle des Mois de Torre dell’Aquila (XIVe V -XVe V siècles), Trente, Castello del Buonconsiglio

Comprendre Analyser

1. Quel est le thème de cette ballade  ?

2. Qui sont les femmes dont Villon parle ? Remplissez la grille. Femmes Identité

3. À qui est adressé l’envoi ?

4. L’énumération des femmes célèbres suit l’ordre de l’histoire, mais aussi un ordre thématique. Quel est le thème qui se superpose à l’ordre historique ?

5. La mention de Jeanne d’Arc : à l’époque elle n’est pas encore canonisée, elle n’est pas citée comme exemple de beauté et de séduction amoureuse. Quelle est donc sa place dans cette ballade ? Comment définir son héroïsme ?

6. Rien n’est plus fragile que la neige : quel est son rapport avec toutes les dames mentionnées ?

7. Est-ce que le refrain est rattaché au sujet dominant du texte ?

8. Pourquoi Villon invoque-t-il la Vierge et non Dieu ? Et pourquoi, à votre avis, Villon a choisi comme destinataire de la ballade un prince de ce monde ?

9. L’envoi témoigne-t-il un sentiment profane ou religieux de l’existence ? « Les neiges d’antan », métaphore pour les créatures humaines, ont-elles disparu à jamais, ou bien se retrouveront-elles dans l’au-delà ? La mort est-elle disparition définitive ou y a-t-il l’espérance chrétienne de la résurrection ?

10. Quels sont les temps que Villon utilise dans cette ballade ? Pourquoi ?

11. Quels types de phrases utilise-t-il tout au long du texte ? Pourquoi ?

12. Quelle est l’originalité de Villon en exprimant son sentiment de nostalgie ?

Écrire

13. Alors qu’il médite sur la fuite du temps, il exprime son angoisse pour la dimension tragique de la condition humaine : partagez-vous son angoisse ? Avez-vous la perception de la vieillesse ? Ou bien le présent vous absorbe-t-il entièrement ? Exprimez-vous sur ce sujet.

Dossier 4 La poésie de tradition réaliste 62 Le Moyen Âge
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Texte 2

Ballade des pendus

François Villon, LE TESTAMENT

Le poète, condamné à la potence, attend d’être pendu. Les pendus, à l’époque, étaient laissés au bord des routes comme exemple pour les autres. Villon imagine que son corps de pendu et ceux de ses compagnons s’adressent aux passants. Son titre authentique est Épitaphe Villon.

Frères humains qui après nous vivez, N’ayez pas vos cœurs durcis1 à notre égard, Car si vous avez pitié de nous pauvres, Dieu aura plus tôt miséricorde de vous.

5 Vous nous voyez attachés ici, cinq, six  : Quant à notre chair, que nous avons trop nourrie, Elle est depuis longtemps dévorée et pourrie2 , Et nous, les os, devenons cendre et poussière. De notre malheur, que personne ne se moque,

10 Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre  !

Si nous vous appelons frères, vous n’en devez Avoir dédain, bien que nous ayons été tués Par justice. Toutefois vous savez

Que tous les hommes n’ont pas l’esprit bien rassis3

15 Excusez-nous, puisque nous sommes trépassés, Auprès du fils de la Vierge Marie, De façon que sa g râce ne soit pas tarie4 pour nous, Et qu’il nous préserve de la foudre infernale. Nous sommes morts, que personne ne nous tourmente,

20 Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre  !

La pluie nous a lessivés5 et lavés Et le soleil nous a séchés et noircis6 ; Pies7 , corbeaux nous ont crevé8 les yeux, Et arraché9 la barbe et les sourcils.

25 Jamais un seul instant nous ne sommes assis ; De ci de là, selon que le vent tourne, Il ne cesse de nous ballotter à son g ré, Plus becquetés d’oiseaux que dés à coudre10 Ne soyez donc de notre confrérie,

30 Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre  !

Pr ince Jésus, qui a puissance sur tous, Fais que l’enfer n’ait sur nous aucun pouvoir  : N’ayons rien à f aire ou à solder11 avec lui. Hommes, ici pas de plaisanter ie12 , 35 Mais pr iez Dieu que tous nous veuille absoudre.

Comprendre

1. Analysez les thèmes de la ballade

a. Le premier thème est la demande des pendus : que souhaitent-ils pour eux-mêmes ?

b. Le second thème est la leçon que les pendus offrent aux hommes : que souhaitent-ils pour les autres, les vivants ?

c. Le troisième thème est la description des cadavres pendus : comment sont-ils décrits  ?

2. Parmi les détails, certains sont horribles, d’autres apparaissent sous une forme moins sérieuse, plus pittoresque. Lesquels ?

Le Moyen Âge 63 XIe-XVe siècle 1 Durs. 2 Putréfiée, moisie, détériorée 3 Équilibré 4 Asséchée, épuisée 5 Trempés, mouillés. 6 Rendus noirs. 7 Oiseau noir 8 Enlevé. 9 Emporté. 10 Protection pour le doigt quand on coud. 11 Aucun compte, aucune dette. 12 Il n’y a aucun motif pour rire.
Pisanello, détail de Saint Georges et la Princesse de Trébizonde (1434-1436), fresque dans l’église Sant’Anastasia, Vérone
14 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Analyser Écrire

3. Comment Villon parvient-il à associer les vivants et les morts dans une seule communauté ?

4. Comment le poète instaure-t-il une solidarité entre les pendus et le reste de l’humanité ? Le refrain n’est-il qu’une formule conventionnelle ou a-t-il une résonance plus profonde ?

5. La ballade alterne l’appel à la pitié et le spectacle de l’horreur. La condition des pendus est d’un réalisme hallucinant. Relevez les détails qui tendent à susciter l’horreur.

6. L’angoisse du poète : craint-il la mort physique ou encore davantage la mort spirituelle  ?

7. Comment le destin de l’homme dans l’au-delà est-il perçu ?

8. La chanson française a une longue tradition de textes poétiques mis en musique. La Ballade des dames du temps jadis a été interprétée par Georges Brassens et la Ballade des pendus a été chantée par Serge Reggiani et Léo Ferré. La chanson se fait véhicule oral d’une tradition écrite en réintroduisant au profit d’un large public des textes parfois oubliés

a. Selon vous, quel rapport y a-t-il entre poésie et musique ? Qui gagne et qui perd dans cet échange  ?

b. La chanson profane-t-elle la poésie  ?

c. Si la poésie est expression de la pensée, la musique peut-elle distraire ou favoriser la méditation  ?

À la loupe...

La ballade: un genre à forme fixe

La ballade au Moyen Âge

La poésie avait connu, au Moyen Âge, une véritable floraison, grâce aux poètes-musiciens qui fréquentaient les cours de France et d’Angleterre et composaient des poèmes toujours musicaux reflétant une conception nouvelle de l’amour, appelée fin’amor, qui r prônait le dévouement total de l’amant à sa dame :

c ’est l’amour courtois. Vers la fin du Moyen Âge, la décadence de cet idéal courtois, de la chevalerie et de la féodalité, favorise le développement de nouveaux genres poétiques, d’inspiration plus personnelle. Cette tendance, déjà présente chez Rutebeuf au XIIIe siècle, s’épanouit surtout au XVe siècle dans les œuvres de Charles d’Orléans et de François Villon.

C’est après Guillaume de Machaut (1300 ?-1377 ?)

q ue le texte est de moins en moins chant é , p our devenir seulement une forme poétique avec Eustache Deschamps (1346 ?-1407 ?)

La ballade est la forme poétique la plus pratiquée au cours du XIVe et XVe siècles. Elle doit son nom au provençal ballada (de balar : danser) et désigne une composition pour la danse, une chanson à danser. C’est un poème à forme fixe composé de : trois ou cinq strophes de 8 ou 10 vers construites sur les mêmes rimes et le même rythme ; un envoi composé de 4 ou 5 vers (une moitié de strophe) qui commence par une adresse à celui à qui la ballade est dédiée, en général c’est le mot « Prince »

Le dernier vers de la première strophe est repris à la fin de chaque strophe et à la fin de l’envoi. Il forme

comme un re f rain. Le vers le plus employé est le d écas y llabe, l ’octos y llabe est moins fréquent. Les contraintes de la ballade imposent au poète un jeu de trois ou quatre rimes pour l’ensemble de sa composition.

Les mêmes rimes sont reprises dans toutes l es strophes et dans le même ordre, ce qui nécessite du poète une grande richesse de vocabulaire (il existait d’ailleurs des dictionnaires de rimes pour aider cette recherche). Les 4 premiers vers de la ballade sont construits sur la même rime, en général une rime croisée : abab. Pour le huitain (strophes de 8 vers), la rime suit le schéma : ABABBCBC ; pour les dizains (strophes de 10 vers) : ABABBCCDCD ; mais il existe aussi de nombreuses variantes.

La ballade romantique

Ce poème à forme fixe n’a rien en commun avec la ballade romantique, poème de forme libre. Au XXe s i è cle , le mot ballade renvoie à u ne forme fixe et aussi à un genre qui associe la liberté de la prose et le ry thme du vers, permettant de renouer avec les sources folkloriques et légendaires de la poésie française

Comprendre et réfléchir

1. D’où vient le nom ballade ?

2. Comment est-elle composée ?

3. Pourquoi dans la ballade l’auteur peut-il exprimer un lyrisme plus personnel ?

Dossier 4 La poésie de tradition réaliste 64 Le Moyen Âge
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

À la une

Les pendus, de Villon à De André

Villon et De André sont liés par un fil, un rapport qui ressemble à celui qui existe entre maître et élève.

Dans la préface d’un livre des poèmes de Villon De André nous transmet l’héritage de ce grand poète, pas seulement ce qu’il a représenté pour la poésie française, mais aussi pour lui. Il nous dit qu’il doit à la Ballade des pendus le contenu de son album de 1968 Tutti morimmo a stento, qui rappelle certains aspects du texte de Villon

De André écrit :

Caro François, Nel 1963 mi capitò di leggere su un quotidiano che in Sud Africa le autorità celebravano senza saperlo il cinquecentesimo anniversario della tua scomparsa: la corte di Johannesburg aveva destinato all’impiccagione otto presunti malviventi, naturalmente neri. L’estensore dell’articolo così descriveva il disperato infantile esorcismo del loro terrore: “Ballavano e cantavano sotto le corde prima di essere appesi”. Poi si dilungava appena nel macabro dettaglio del subito dopo. “Scalciarono per un po’, alcuni sono durati un attimo, altri qualche minuto”.

Mi prese la rabbia giusta per scrivere una ballata. [ … ] Se non avessi trovato in te un così importante predecessore probabilmente la mia canzone non porterebbe il titolo che tu mi hai suggerito: finalmente trovo l’occasione per ringraziarti. Più di una volta nel chiudere il libro delle tue ballate mi sono chiesto che cos si nasconda dietro i tuoi versi: la vita inquieta e mascalzona del poeta di strada o l’astuzia premeditata del cortigiano colto che di quella vita si è appropriato per conferire una credibilità altrimenti sospetta alla propria opera poetica. Sono domande alle quali ancora oggi mi viene da rispondere con un perentorio “chi se ne frega”. Che la leggenda corrisponda a verità, che la verità si sia fatta leggenda o che infine la leggenda sia diventata verità, di assolutamente vero restano i tuoi versi. [ ]

Nel tuo testamento è sempre un regalare, anche scherzoso e crudele, qualche cosa a qualcuno, con la sgangherata prodigalità di chi è fuori da ogni casta e non appartiene a niente e a nessuno.

Così che nessuno, scrittore o poeta, pensatore o saggista, giurista o filosofo che abbia voluto trattare il dolore o la gioia del corpo e del cuore ha potuto rinnegare la tua eredità o esimersi dal confrontarsi con la magia della tua parola. [ ]

Penso a tutti i poeti francesi che sono arrivati dopo di te. [… ]

Le Moyen Âge 65 XIe-XVe siècle
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Portrait de Fabrizio De André.

À la une

Les pendus, de Villon à De André

La Ballata degli impiccati

Tutti mor immo a stento ingoiando l’ultima voce tirando calci al vento vedemmo sfumare la luce.

5 L’urlo travolse il sole

l’ar ia divenne stretta cristalli di parole

l’ultima bestemmia detta

Prima che fosse finita

10 ricordammo a chi vive ancora che il prezzo fu la vita per il male f atto in un’ora

Poi scivolammo nel gelo di una mor te senza abbandono

15 recitando l’antico credo di chi muore senza perdono.

Chi derise la nostra sconfitta e l’estrema vergogna ed il modo soffocato da identica stretta

20 impari a conoscere il nodo.

Chi la terra ci sparse sull’ossa e riprese tranquillo il cammino giunga anch’egli stravolto alla fossa con la nebbia del primo mattino.

25 La donna che celò in un sorriso il disag io di darci memoria r itrovi ogni notte sul viso un insulto del tempo e una scoria.

Coltiviamo per tutti un rancore

30 che ha l’odore del sangue rappreso ciò che allora chiamammo dolore è soltanto un discorso sospeso.

Analyse du texte

Dès le titre, Ballata degli impiccati, la chanson de De André fait clairement référence au poète du XVe V siècle.

En examinant le texte, nous pouvons comprendre que, pour tous les deux, le pendu n’est pas un criminel qu’il faut condamner, mais un symbole : c’est le symbole de la condition humaine qui voit l’homme comme un désespéré à l’agonie, marchant sur un fil tendu entre le mal et la mort.

Ce qui change entre les deux auteurs est la façon qu’ils ont de se comporter face à l’autre.

De André le fait avec l’invective, il souhaite au spectateur, pour qu’il comprenne, les mêmes douleurs et les mêmes sensations que celles éprouvées par le pendu ; Villon l’appelle frère et l’invite à prier pour lui et pour les autres pendus dans la miséricorde de Dieu qui aura ainsi pitié d’eux.

Si la Ballade des pendus est, sans aucun doute, un vibrant appel à la solidarité et à la compréhension humaine et divine, c’est différent pour De André. Il n’y a aucune pitié pour celui qui les a fait mourir lentement de façon atroce, non sans mal.

Les pendus de De André meurent avec la certitude qu’ils ne seront pas pardonnés ; les pendus de Villon meurent en espérant l’être.

Aucun des deux n’en est certain, mais ce qui est sûr est que la perspective est différente

Comprendre et réfléchir

1. Quels sont les points en commun aux deux textes ?

2. Entre la solidarité et l’appel à la compréhension humaine et divine de Villon et la rage des pendus de De André, que choisissez-vous ? Motivez votre réponse.

Dossier 4 La poésie de tradition réaliste 66 Le Moyen Âge
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Dossier 5

Le théâtre médiéval

Le début du théâtre

L’origine du théâtre est religieuse Dès le début du Xe siècle, l’église l’utilise pour illustrer aux fidèles qui ne savent pas lire des scènes de la Bible ou de la liturgie. Le théâtre est joué en latin, par des hommes d’église, pour étendre l’influence ecclésiastique dans les populations. Dans la seconde moitié du XIIe siècle, apparaît un théâtre en langue vulgaire, autrement dit en français, et le premier drame que nous connaissons est le Jeu d’Adam (joué vers 1165). Les jours de fêtes religieuses et de foires, la population se concentre dans les cités médiévales et va voir les représentations des jongleurs qui racontent des histoires et des légendes. Le théâtre va profiter de cette situation et sortir des églises, sur le parvis, pour toucher un public plus important. On va commencer à construire les scènes et les décors pour remplacer le décor naturel constitué par la structure de l’église. Du XIIIe au XIVe siècle, les miracles et les mystères commencent à être joués, ils racontent la vie des saints et leurs actions et le plus connu est Le Mii racle de Théophile de Rutebeuf (1260). e

Le théâtre profane

Toujours à la fin du XIIe siècle, apparaît un théâtre intermédiaire entre le théâtre religieux et profane : ce sont des textes plus longs, les jeux. Les plus connus sont Le Jeu de Saint Nicolas (Jean Bodel) ou Cour tois d’Arras La ville d’Arras voit la naissance de la Confrérie des Jongleurs et Bourgeois d’Arras

qui sont des artistes qui commencent à jouer des œuvres profanes, sans rien de sacré. La première pièce de théâtre prof ane qui est arrivée jusqu’à nous est l’œuvre d’un trouvère arrageois Adam de la Halle, Le Jeu de la Feuillée de 1276. e

La naissance de la farce

À la fin du Moyen Âge, les farces et les sotties (sermons joyeux) sont les pièces les plus représentées et elles annoncent ce que sera le théâtre de Molière au XVIIe siècle. Elles ont pour thème la vie quotidienne, et le comique est simple et efficace. La plus importante est La Farce de Maître Pathelin qui date peut-être de 1465.

Dans ces pièces, les villes et les habitants servent de modèles et on y retrouve le vilain (paysan) simple et parfois rustre, le bourgeois préoccupé par son argent, le moine qui vend des reliques, le médecin (un vrai charlatan), le noble (souvent un chevalier courtois), les compagnons de beuverie et la femme infidèle. À côté de ces personnages, le fou, ou parfois la folie, est utilisé pour critiquer la société médiévale ou pour se moquer des codes des autres personnages. Le jeu des acteurs est basé sur l’exagération des mouvements du corps et du visage et on utilise sur tout la caricature des personnages. Les costumes et les accessoires sont ceux des hommes médiévaux, les décors utilisent des symboles allégoriques ou sont plutôt réalistes, et certaines pièces sont aussi chantées et dansées.

Activités

1. Lisez et indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses. V F

1. Au début, le théâtre est joué en latin

2. Le théâtre doit illustrer des scènes de la Bible et de la liturgie.

3 Les Confréries naissent à Arras.

4 . Les farces parlent des saints.

5. Les acteurs ont un jeu très simple.

2. Pourquoi le théâtre religieux est-il né ?

3. Pourquoi les décors sont-ils nés ?

4. Quels sont les thèmes et les personnages des farces ?

Connaître la littérature
Le Moyen Âge 67 XIe-XVe siècle
Issogne, détail de Magasin de tissus, fresque (XIVe V siècle), château d’Issogne, Vallée d’Aoste.
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

La Farce de Maître Pathelin (1465)

La peinture des mœurs

Plus que d’une farce il s’agit d’une comédie de mœurs et caractères, digne d’une comparaison avec les pièces de Molière. Sans autre intention que de faire rire les spectateurs avec la peinture des mœurs de la bourgeoisie et du peuple, cette farce est encore actuelle. Elle est anonyme, mais des indices font penser que les personnages

L’historie

Pathelin est un avocat sans clients. Sa femme, Guillemette, a besoin de drap et Pathelin lui promet de s’en procurer gratis. Il se rend chez un drapier et se fait donner du drap, en lui demandant de venir se faire payer à la maison. Quand le marchand arrive, Pathelin fait semblant d’être gravement malade et, avec la complicité de sa femme, il joue la

Texte 1

sont normands par les pièces de monnaie qu’ils utilisent et par la corporation des drapiers qui était très forte à Rouen, ville qui comptait aussi un grand nombre d’avocats. Il est possible que cette pièce date de 1465 environ, parce qu’on fait allusion au grand froid de l’année 1464 et, déjà en 1470, on trouve le premier emploi du verbe pateliner pour faire semblant d’être malade

comédie. Le drapier repart sans argent, convaincu de la maladie de Pathelin

Un client se p ré sente à la maison de l’avocat : c’est le berger du drapier, accusé d’avoir volé et mangé des moutons. Pathelin conseille à son client de répondre toujours Béé ! aux questions du juge. Au tri b unal, le dra p ier reconnaît en

Parlez plus bas

P athelin l’avocat q ui l’a trom p é et s ’embrouille en p assant du dra p aux moutons.

Le juge finit par le croire fou et répète sans cesse : revenons à nos moutons ! Le p roc è s termin é , Pathelin demande au berger d’être payé. Le berger répond avec B éé ! à Pa thelin. Pa thelin tro mpeur est trompé à son tour

La farce de Maître Pathelin, SCÈNE V Pathelin avec le drap est rentré à la maison et, avec Guillemette, il organise la mise en scène de la maladie.

GUILLEMETT E Que Dieu me protège ! Bas ! Si vous ne voulez qu’il ne s’éveille !

LE DRAPIER Comment « bas » ? À l’oreille ? Au fond du puits ? ou de la cave ?

GUILLEMETT E Dieu ! Quel bavard ! D’ailleurs, c’est toujours votre manière

LE DRAPIER Quand le diable y serait, maintenant que j’y pense ! Si vous voulez que je parle bas… Dites donc ! De telles discussions jamais je ne fis l’expérience. Ce qui est vrai, c’est que maître Pierre a pris six aunes1 de drap aujourd’hui

GUILLEMETT E (Élevant la voix.) Eh quoi  ? Allez-vous persister toute la journée  ? Le diable s’en mêle ! Voyons ! Comment, « prendre » ! Ah ! monsieur ! puisse-t-on pendre qui ment ! Il est en tel état, le pauvre homme, qu’il n’a pas quitté le lit de onze semaines  ! réalisezvous ? Par les angoisses de Dieu, suis-je malheureuse ! vous déciderez-vous à vous éloigner de ma maison ?

LE DRAPIER Vous me disiez de parler si bas  ! Sainte Vierge bénie  ! Et vous criez !

GU ILLEMETT E C’est vous, par mon âme, qui ne faites que quereller !

LE DRAPIER Dites, afin que je m’en aille, donnez-moi…

GUILLEMETT E (S’oubliant encore et cr iant.) Parlez bas ! Enfin !

LE DRAPIER Mais vous-même allez l’éveiller ! Palsambleu2 ! Vous parlez quatre fois plus fort que moi ! Je vous somme de me payer !

GUILLEMETT E Qu’est-ce ? Êtes-vous ivre ? ou fou ? Au nom de Dieu notre Père ?

LE DRAPIER Ivre ? Mauvais gré vous en ait saint Pierre ! Belle demande !

GUILLEMETT E Hélas ! Plus bas !

LE DRAPIER Je vous demande, Madame, par Saint Georges, le prix de six aunes de drap.

Dossier 5 Le théâtre médiéval 68 Le Moyen Âge 1 Ancienne
mesure de longueur. 2 Juron déformé : par le sang de Dieu.
5 10 15 20 25
15 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

3 Expression de douleur

4 Pathelin fait semblant de délirer et prononce des noms sans aucun sens.

5 Ornement sacerdotal qu’on passait au cou des possédés du démon

6 Pathelin feint de prendre le drapier pour un médecin

Comprendre

GUILLEMETT E (À part, puis haut.) Comptez là-dessus  ! Et à qui avez-vous remis le drap ?

LE DRAPIER À lui-même.

GUILLEMETT E Il est bien en état d’acheter du drap ! Hélas ! Il ne bouge. Il n’a nul besoin de se faire tailler une robe. Jamais il ne revêtira une robe, sinon une blanche, et il ne quittera le lieu où il est que les pieds devant

LE DRAPIER Le mal a donc commencé au lever du soleil ? Car, sans faute, c’est bien à lui que j’ai parlé.

GUILLEMETT E (D’une voix perçante ) Vous avez la voix tellement forte ! Parlez plus bas, par charité !

LE DRAPIER C’est vous, en vérité, vous-même, sacré Dieu ! Palsambleu ! c’est vraiment beaucoup d’embarras ! si on me payait je m’en irais ! (À part.) Par Dieu, chaque fois que j’ai fait crédit, je n’ai jamais récolté autre chose.

PATHELIN N (Couché.) Guillemette ! Un peu d’eau rose ! Redressez-moi. Relevez les coussins derrière moi ! Fichtre3 ! À qui est-ce que je parle ? Le pot à eau ! À boire ! Frottez-moi la plante des pieds !

LE DRAPIER Je l’entends là.

GUILLEMETT E Bien sûr !

PATHELIN N Ah ! méchante ! viens ici ! T’avais-je dit d’ouvrir ces fenêtres ? Viens me couvrir ! Chasse ces gens noirs ! Marmara ! Carimari ! Carimara4 ! Emmenez-les moi ! Emmenez !

GUILLEMETT E (À l’intérieur.) Qu’est-ce  ? Comme vous vous démenez  ! Avezvous perdu le sens ?

PATHELIN N Tu ne vois pas ce que je sens. (Il s’ag ite .) Voilà un moine noir qui vole. Attrape-le ! Passe-lui une étole5 ! Au chat, au chat ! Comme il monte !

GUILLEMETT E Eh  ! Qu’est ceci  ? N’avez-vous pas honte  ? Eh  ! Par Dieu  ! C’est trop remuer !

PATHELIN N (Retombant épuisé.) Ces médecins m’ont tué avec ces drogues qu’ils m’ont fait boire. Et toutefois il faut les croire ! Ils nous manient comme de la cire !

GUILLEMETTE E (Au drapier.) Hélas ! Venez le voir, cher monsieur, il est au plus mal.

LE DRAPIER Vraiment, il est malade, depuis l’instant où il est revenu de la foire ?

GUILLEMETT E De la foire ?

LE DRAPIER Par saint Jean, oui ! Je crois qu’il y est allé. (À Pathelin.) Du drap que je vous ai donné à crédit il me faut l’argent, maître Pierre !

PATHELIN N Ah ! maître Jean, plus dures que pierre j’ai chié deux petites crottes, rondes comme pelotes. Prendrai-je un clystère6 ?

1. Qui sont les protagonistes ? À quelle classe sociale appartiennent-ils  ?

2. Guillemette est aussi digne comédienne que son mari : entre son rôle et celui de son époux, lequel est plus difficile à jouer  ?

3. Le personnage du drapier suscite-t-il de la sympathie ? Fait-il preuve de sottise ?

Analyser Écrire

4. Relevez les différentes formes de comique de la scène  :

a. comique de situation, de répétition ;

b. de mœurs, d’incohérence verbale

5. Outre les avocats et les marchands, y a-t-il la satire d’une autre classe sociale  ?

6. L’intention de la farce est de faire rire et réfléchir en s’amusant. Relevez la leçon qu’on tire de l’histoire de Pathelin et dites si elle vous paraît encore actuelle

Le Moyen Âge 69 XIe-XVe siècle
30 35 40 45 50 55 60 65 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

La chevelure

• En quoi la puissance de la chevelure couvre le domaine visuel, tactile et esthétique ?

La chevelure est l’un des attributs de la personne. Elle est également, autour du thème de la femme et de l’amour, à la fois symbole de beauté et signe du corps. Aussi est-elle un thème poétique par excellence : le poète y recourt pour exprimer une forme de sensualité, souligne son aspect mouvant (qui figure les vagues, les ondulations du désir et du plaisir), brillant (elle est dorée, lumineuse, moirée), note son abondance, sa douceur au toucher, la noblesse qu’elle confère. Ce lien ancestral entre la chevelure et la séduction est exprimé d’une façon directe dans l’art et la littérature. À travers les textes et les tableaux, les auteurs ont traité ce rapport et l’ont montré de diverses façons, des portraits de la littérature courtoise (DOC 1), à ceux du Dolcestilnovo DOC 3, de Baudelaire (DOC 2) à Degas (DOC 4) et à la psychiatrie (DOC 5).

Doc

16

Sandro Botticelli, Portrait d’une jeune femme (14761480), Berlin, Gemäldegalerie der Staatlichen Museen

Lancelot ou le Chevalier à la charrette (entre 1176 et 1181)

Chrétien De Troyes

Et lui, qui veut bien qu’elle ait le peigne, Le lui donne, et en retire les cheveux, Si doucement qu’il n’en rompt aucun. Jamais yeux humains ne verront

5 Honorer à ce point aucune chose, Car il commence à les adorer, Et les touche bien cent mille fois, Et les porte à ses yeux, à sa bouche, À son front, et à son visage ;

10 Il n’est aucune joie qu’il ne manifeste ; Il en est très heureux, il en est très riche  ; En son sein, près de son cœur, il les range Entre sa chemise et sa chair.

Il ne prendrait pas en échange un char

70 Le Moyen Âge
Dans la suite de ses pérégrinations, Lancelot arrive auprès d’une fontaine où la reine s’est reposée sous la garde de son ravisseur ; il trouve un peigne chargé de cheveux d’or. Apprenant d’une jeune fille qui veut récupérer le peigne qu’il s’agit des cheveux de la reine, il s’évanouit de joie. Le peigne et les cheveux témoignent de son passage. Ils sont la trace matérielle de la reine, trace dérisoire mais essentielle, car leur présence dévoile la direction dans laquelle le chevalier doit s’engager pour délivrer la reine qui est aussi la dame de ses pensées : ils sont donc un élément crucial de la quête. 1
Esabac SUJET EUROPASS © Casa Editrice G. Principato
Problématique

Doc

15 Rempli d’émeraudes et d’escarboucles1 ; Il ne croyait pas que le chancre

Ou quelque autre mal pût le prendre, Il dédaigne le dimargateron

Et la pleuriche et la thériaque2

20 Et même saint Martin et saint Jacques : Car il a tant confiance en ces cheveux

Qu’il n’a pas besoin de leur aide ; Mais de quel prix étaient les cheveux  : On me tiendra pour un menteur et un 25 Fou, si j’en dis la vérité  :

Si la foire du Lendi battait son plein, Et si les marchandises y abondaient, Le chevalier ne voudrait pas les posséder Toutes, c’est la vérité,

30 Et ne pas avoir trouvé les cheveux.

Et, si vous me demandez la vérité à ce sujet, De l’or cent mille fois affiné, Et refondu autant de fois, Aurait paru plus obscur que ne l’est la nuit

35 Par rapport au plus beau jour d’été

Qu’il y ait eu cette année, Pour celui qui aurait vu l’or et les cheveux En les mettant côte à côte.

Le Spleen de Paris (1869)

Charles Baudelaire

Henri-Edmond Cross, La chevelure (v. 1892), Paris, Musée d’Orsay.

17 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

1 Variété de grenat rouge foncé

1. Quelle est la réaction de Lancelot dès qu’il trouve le peigne ? Comment le traite-t-il?

2. Est-ce qu’il fait une différence entre ce qui appartient à Dieu et à la femme  ?

3. Est-ce que ces cheveux sont décrits ?

Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air

Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j’entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures; ils contiennent de g randes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l’espace est plus bleu et plus profond, où l’atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine. D ans l’océan de ta chevelure, j ’entrevois un p ort fourm illant de chants mélancoli q ues, d’hommes vi g oureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur.

5 10 15

71 XIe-XVe siècle La chevelure
Ce poème en prose a été inspiré par Jeanne Duval. La femme et son parfum jouent un rôle important et ce sont des thèmes privilégiés pour dépasser le spleen. Le poète respire l’odeur de la femme et de ses cheveux et cela évoque pour lui un au-delà inaccessible. 2
2 Préparations pharmaceutiques du Moyen Âge
Comprendre et réfléchir
4. Relevez les termes qui exaltent la valeur et la beauté de ces cheveux.

Comprendre et réfléchir

1. Relevez le champ lexical de l’odorat et du parfum.

2. Précisez l’image de cette femme à travers sa description.

3. Qu’est-ce qu’est la chevelure pour le poète ?

Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes. D ans l’ardent foyer de ta chevelure, j e res p ire l’odeur du tabac mêlé à l’opium et au sucre; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l’in f ini de l’azur tropical; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m’enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l’huile de coco. Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs.

Doc 3

Canzoniere (1342)

Francesco Petrarca

Le poème joue sur le contraste entre Laure de leur première rencontre, quand elle était jeune et très belle, et Laure aujourd’hui, qui a vieilli et dont la beauté extérieure s’est fanée.

Erano i capei d’oro a l’aura sparsi che ‘n mille dolci nodi gli avolgea, e ‘l vago lume oltra misura ardea

4 di quei begli occhi, ch’or ne son sì scarsi;

e ‘l viso di pietosi color’ f arsi, non so se vero o falso, mi parea: i’ che l’esca amorosa al petto avea, 8 qual meraviglia se di sùbito arsi:

Non era l’andar suo cosa mortale, ma d’angelica forma; e le parole sonavan altro che, pur voce umana;

12 uno spirto celeste, un vivo sole fu quel ch’i’ vidi: e se non fosse or tale, piagha per allentar d’arco non sana

Au g ré du vent flottait sa blonde chevelure, Qui formait mille nœuds les plus délicieux  ; Un éclat excessif brillait dans ses beaux yeux,

4 Qui maintenant en sont privés outre mesure.

Sur ses traits était peinte une pitié si pure   ! Si j’ai vu bien ou mal, j’en suis encor douteux. Qui serait donc sur pris qu’aussitôt ses doux feux

8 M’aient embrasé, l’amorce étant dans ma nature  :

On aurait dit un ange, et le timbre enchanteur De sa voix n’avait rien de la nature humaine, Et son port et sa marche annonçaient une reine.

12 Mes yeux virent en elle un soleil de splendeur, Un tout céleste espr it. Si maintenant moins belle Elle est, ma passion n’en est pas moins cruelle.

Comprendre et réfléchir

1. Comment les cheveux sont-ils décrits ?

2. Sur quoi se concentrent les yeux du poète ?

3. Que dit-il dans les derniers vers ?

4. Turiddu comprend-il qu’il va mourir ?

72 Le Moyen Âge
20 25 30
TRADUCTION DE JOSEPH POULENC, ÉDITION DE 1877 Petrarca et Laura De Noves, École Vénitienne (v. 1510), Oxford, The Ashmolean Museum of Art and Archaelogy.
18
SUJET EUROPASS
Esabac
© Casa Editrice G. Principato

Femme se coiffant (entre 1887 et 1890)

Ce tableau est un chef-d’œuvre p our la cou p e innovatrice et le rendu des couleurs. L’image représente une femme qui se peigne : la perspective est de bas en haut, et le corps féminin est partiellement caché par les longs cheveux roux et par la serviette autour de la taille. La femme est représentée dans une attitude curieuse qui la fait ressembler à un violoniste : le peigne dans sa main droite ressemble à un archet de violon, et sa main gauche semble tendue pour mieux entendre le son des notes. Les cheveux et les gestes occupent le premier plan et caractérisent la composition, alors que l’artiste efface le visage de la femme, tourné et caché dans l’ombre. La lumière, qui vient de la droite, frappe le bras plié et est concentrée sur le drap blanc autour des hanches.

Comprendre et réfléchir

1. Quelle place occupent les cheveux dans la composition  ?

2. Le décor est-il bien mis en évidence ?

3. Voit-on le visage de la femme ? Pourquoi ?

73 XIe-XVe siècle La chevelure
Doc 4
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Une coloration pour nous plaire et pour séduire

Certaines d’entre nous aiment changer de couleur fréquemment ; d’autres gardent leur teinte naturelle, même quand elle se pare de cheveux blancs... Pour Françoise Millet-Bartoli, psychiatre, le soin que nous apportons à colorer - ou non - nos cheveux n’est jamais anodin. Il en dit long sur le regard que nous portons sur nous-même et le message que nous voulons transmettre.

Pourquoi nous colorons-nous les cheveux ?

Françoise Millet-Bartoli Il existe toute une symbolique du cheveu, de sa longueur, de sa texture et bien sûr, de sa couleur. Nous sommes toujours fortement influencées, marquées par la connotation de la couleur que nous portons naturellement. Même s’il n’est pas possible d’établir de règle générale, nous avons plus tendance à associer le blond à notre enfance, à notre histoire familiale, tandis que le brun a plutôt une connotation plus piquante, plus séduisante. Si la couleur naturelle est importante, celle que nous choisissons dans un acte de coloration est très significative car elle fait suite à une prise de position décidée, consciente.

En changeant de couleur de cheveux, quel message cherchons-nous à transmettre ?

Françoise Millet-Bartoli L’envie d’un changement f ort, que ce soit dans la coupe ou dans la couleur, est souvent liée à des moments importants de notre vie. Difficulté, deuil, séparation, choc, changement de cap professionnel ou personnel : ces événements sont souvent à l’orig ine de cette métamor phose. C’est une façon de nous donner la force de repartir à zéro, avec une personnalité que nous voulons mieux armée pour affronter la vie, en tous les cas, différente. Les changements radicaux de couleur sont souvent un moyen de nous retrouver, d’être plus en phase avec nous-même. Nous gardons alors cette nouvelle tête, abandonnant l’ancienne à notre vie “d’avant”.

Certaines voient aussi dans le changement de couleur un moyen de choquer, se démarquer, d’annoncer un désaccord, une envie profonde de contestation. C’est souvent le cas des adolescents en pleine mutation qui s’octroient le langage des cheveux pour mieux parler d’eux-mêmes. Là, il s’agit d’un cap, d’une transition qui aboutit à autre chose de généralement plus apaisé et sage.

Qu’est-ce que le fait de changer de couleur de cheveux régulièrement dit de nous ?

Françoise Millet-Bartoli Troquer une tête pour une autre, un style pour un autre peut constituer, chez certaines d’entre nous, un rite de passage. Pour d’autres, la couleur comme la coupe, sont des accessoires. Celles qui changent en permanence, passent du châtain au roux, du roux au blond, répondent à une autre démarche psycholog ique. C’est une quête d’une nouvelle image de soi, que l’on cherche sans parfois jamais la trouver. Ces femmes sont souvent en quête d’une certaine stabilité dans leur identité, qui requiert auparavant qu’elles la testent, qu’elles la mettent à l’épreuve. Cela passe par le cor ps et par les cheveux en particulier.

C’est une démarche narcissique qui n’est pas sans révéler une certaine fragilité.

Qu’est-ce qu’une coloration apporte dans notre relation aux autres ?

Françoise Millet-Bartoli U ne nouvelle couleur de cheveux se passe avant tout entre soi et soi. Nous sommes f ace à notre miroir, chez nous ou chez le

74 Le Moyen Âge
Doc 5
Esabac SUJET EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

coiffeur si nous avons préféré lui faire confiance. Puis, en sortant du salon ou en poussant la porte de la maison, nous sommes confrontés au regard de l’autre. Les y eux de l’autre constituent alors un véritable miroir de soi. Il peut être source de douleur si cette personne ne remarque pas un changement que nous a vons j ustement voulu remar q uable. Nous ris q uons alors de nous senti r absents, inexistants, non reconnus. Une nouvelle cou p e, une nouvelle couleu r vont généralement de pair. Ils ont pour but de nous mettre p lus à l’aise avec notre corps, ma i s ten d ent une perc h e à ceux qui nous regardent. On veut se pl a i re ma i s auss i sé d u i re ou, en tout cas, induire un regard sur soi différent, que ce soit dans la séduction ou dans la contestation.

Quand le résultat n’est pas celui escompté, la coloration peut donc fragiliser l’image de soi ?

Comprendre et réfléchir

1. Quel thème affronte cet article ?

2. Pourquoi changeons-nous souvent de couleur ou de coupe ?

3. Quelle est l’importance de l’autre dans notre rapport avec nos cheveux ?

Françoise Millet-Bartoli Tout à fait, nous pouvons ne pas du tout nous reconnaître quand le changement a été trop radical. Dans ces cas, un sentiment de dépersonnalisation peut apparaître, comme cela pourrait être le cas suite à une i ntervent i on d e c hi rurg i e est h ét i que. L’ avantage d e l a co l orat i on est qu ’ e ll e est toujours réversible. Toutefois, il faut garder à l’esprit que chez les femmes a imant chan g er de couleur ré g ulièrement, ce g este p eut être q uel q ue chose d’amusant mais également de très angoissant. Il n’est jamais sans impact sur l’image que nous avons de nous-même

Que dit ce changement léger de couleur de nous ?

Françoise Millet-Bartoli  I l y a tou j ours, d ans ce type d e co l orat i on, une démarche de séduction. La question qu’il f aut alors se poser est «  qui cherche-ton à séduire » ? Est-ce que l’on cherche à se séduire soi-même, à se plaire ? Estce que l’on veut plutôt séduire les autres ? Chacune d’entre nous a sa propre réponse

Object d’étude ESABAC

1. En rapprochant les documents 1 et 2, que pouvez-vous dire de la chevelure ?

2. Qu’ajoute le document 3 ?

3. Dans le document 4, quel est son rôle ?

4. Quel type de problème affronte le document 5 ?

5. À partir de vos connaisances personnelles et des documents proposés, exposez brièvement pourquoi la chevelure constitue l’un des traits physiques aux significations les plus complexes

75 XIe-XVe siècle La chevelure
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Le Moyen Âge Synthèse visuelle

Littérature

1 La littérature épique

La littérature épique présente l’idéal de la société féodale, fait de courage, de fidélité et de soumission à dieu et au roi, souvent représenté par la figure de Charlemagne. Le protagoniste de cette littérature est le chevalier, un héros qui combat pour cet idéal et pour son seigneur, que La Chanson de Roland a très bien mis en scène

La Chanson de Roland (XIIe siècle)

• épopée

• honneur

• prouesse

• héroïsme

• féodalité

2 Le récit courtois et satirique

Le récit courtois, né au sein de la cour, déplace l’intérêt vers des thèmes plus appropriés aux goûts des Dames. On y parle d’amour et de la vie matérielle. Les protagonistes sont les chevaliers, et les philtres d’amour et les mages entrent dans les romans de Chrétien de Troyes qui illustrent ce nouveau genre. Le public bourgeois préfère la satire, une littérature plus réaliste, qui complète la vision du monde médiéval. Le Roman de Renart représente parfaitement ce type de récits

Thomas d’Angleterre (XIIe siècle)

• amour et souffrance

• amour et mort

• fatalité de la passion

Chrétien de Troyes (v. 1135-1185)

• esprit courtois

• chevalerie

• merveilleux médiéval

Le Roman de Renart (fin du XIIe siècle)

• littérature satirique

3 La poésie didactique et lyrique

Le Roman de la Rose, considérable par son ampleur, sa richesse et son influence est l’œuvre maîtresse de la poésie didactique. Son but est de donner un enseignement pratique, moral et scientifique. Avec la poésie lyrique, les sentimentspersonnels des auteurs deviennent le thème portant des textes. La poésie devient un métier et doit répondre à des règlesde composition

Guillaume de Lorris (1200 ?-1238 ?)

• poésie didactique

• allégorie

• l’art d’aimer

Bernart de Ventadour (v. 1125-1200)

Christine de Pisan (1363/4-1430)

Rutebeuf (deuxième moitié du XIIIe siècle)

Charles d’Orléans (1394-1465)

• poésie lyrique

• chansons d’amour

• langue d’oc

• lyrisme bourgeois

Ve-XVe V siècle 76 Le Moyen Âge
Médiathèque PLAN INTERACTIF 19 EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Époque Mérovingienne (Ve-VIIIe siècles)

• Le rois Clovis se convertit au catholicisme

• Charles Martel arrête l’invasion arabe à Poitiers

Époque carolingienne (VIIIe-Xe siècles)

• Charlemagne

• Législation territoriale uniforme

• Renaissance intellectuelle

4 La poésie de tradition réaliste

Avec une certaine décadence de la féodalité, les goûts du public changent. On s’intéresse aux problèmes personnels, on partage les sentiments des auteurs et Villon est le maître incontesté de cette nouvelle poésie qui affronte des thèmes macabres comme la mort, la souffrance et l’exil

Francois Villon (1431- ?)

• lyrisme personnel

• réalisme

• puissance d’évocation

• ballade

Époque Capétienne (Xe-XVe siècles)

• Hugues Capet roi

• Les Croisades et le Schisme d’Occident

• La Guerre de Cent ans

5 Le théâtre médiéval

C’est à l’intérieur des églises que le théâtre est né comme représentation du culte mais, bien vite, le genre a évolué. La représentation a eu lieu à l’extérieur et on a dû créer des décors ; les comédiens de profession sont apparus ; la farce a acquis ses lettres de noblesse et s’est conservée jusqu’à nous. La Farce de Maître Pathelin est le plus bel exemple de pièce de théâtre médiéval

La farce de Maître Pathelin (1465)

• comique

• tromperie

L’art roman domine la première partie du Moyen Âge p

L’art gothique apparaît au XIIe siècle : les cathédrales s’élancent vers le ciel

77 XIe-XVe siècle Art
Histoire et Société
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Le Moyen Âge Testez vos connaissances et compétences

Histoire et Société

1. Indiquez si les phrases sont vraies (V) ou fausses (F), puis corrigez les fausses.

1. Le Moyen Âge a été marqué par trois grandes périodes.

2. Clovis ne s’est jamais baptisé.

3. Charlemagne favorise une renaissance intellectuelle

4. Les Vikings envahissent les côtes de la Bretagne.

5. Hugues Capet hérite de la couronne de France

6. Sous Philippe le Bel, la papauté s’installe à Avignon.

7. Jeanne d’Arc a été trahie.

8. Louis XI participe à deux croisades.

9. La société est divisée en trois ordres.

10. Le seigneur doit à son vassal l’ost-assistance militaire

Art

1. Quand l’art roman se développe-t-il ?

2 Que devient l’église grâce aux symboles des chapiteaux ?

3. Pourquoi, dans l’art gothique, les cathédrales s’élancent vers le ciel ?

4. Qu’apporte en plus le gothique flamboyant ?

5. Quelle est l’inspiration des tapisseries ?

6. Qui a écrit les manuscrits ?

7. Que sont les enluminures ?

8. Quel type de tradition naît pendant le Moyen Âge ?

Littérature

3. Complétez les phrases avec les mots manquants. héros – personnages – Villon – didactique – théâtre – chevalier – poésie – farce –l’époque – ballade – littérature – satirique – rondeau – religion

1. Les chansons de geste sont une (1) ______________ de propagande

2. La littérature courtoise met au centre les aventures du (2) ______________

3. La littérature (3) ______________ naît dans les bourgs et les (4) ______________sont des bourgeois.

4. La (5) ______________ lyrique est à l’origine musicale.

5. Les (6) ______________ de Chrétien de Troyes sont des chevaliers courtois.

6. Au XIVe V siècle apparaissent la (7) et le (8)

7. La poésie (9) ______________ produit des œuvres qui ont une vocation morale.

8. La poésie de (10) ______________ se démarque de la poésie de (11) ______________

9. Le (12) ______________ est à l’origine en latin et a comme thèmes la (13)

10. La (14) ______________ s’impose au XVe V siècle.

Ve-XVe V siècle 78 Le Moyen Âge
V
F
2. Répondez aux questions.
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Auteurs et œuvres

4. Complétez la grille.

Auteurs Œuvres Genres

La Chanson de Roland

Thomas d’Angleterre

Perceval ou le Conte du Graal

Roman courtois

Récit satirique

Guillaume de Lorris

Jean de Meung

Bernart de Ventadour Poésie lyrique

Rondeaux

Rutebeuf

Charles d’Orléans Ballades

Inconnu

Le point sur... François Villon

5. 20 Complétez le texte avec les mots manquants, puis vérifiez avec l’écoute.

Théâtre, comédie

nostalgie – pardon – châtiment – thème – potence – corbeaux – illustres – soleil – fuite – pluie – mort – humains – compagnons – ballades

La Ballade des dames du temps jadis a pour (1) _____________ le temps passé qui ne reviendra plus.

Villon évoque des femmes (2) et exprime toute sa (3) à l’égard du passé, de la (4) du temps et de l’inéluctabilité de la (5) La ballade des pendus ou Épitaphe Villon demeure l’une des plus célèbres de ses (6) . Le poète attend son (7) et se voit déjà, avec ses (8) d’infortune, pendu à la (9) , trempé par la (10) , desséché par le (11) , dévoré par les (12) . Il demande le (13) et la miséricorde pour lui et pour ses frères (14)

6. Préparez un exposé multimédia sur François Villon (sa vie, ses genres littéraires, ses thèmes, ses œuvres principales) et exposez-le à la classe.

Réflexion et production

7. Écrivez un compte-rendu sur Tristan et Iseut – Présentation de la période ou de l’œuvre. – Présentation et commentaire de l’œuvre et des thèmes affrontés – Considérations personnelles.

8. Préparez une description écrite du personnage de Charlemagne et n’oubliez pas de préciser le contexte historique et social.

79 Ve-XVe siècle
EUROPASS © Casa Editrice G. Principato

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.