Livret pédagogique Festival Rio Loco 2017

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Des ĂŽles et des peuples


Fleurs de paon ou petit flamboyant Ă Mayotte.


I n tro

Grandir n’est rien d’autre que d’oublier une part du secret, du rêve… Nir gran… rienk oubli in bout lo sekré, limazinèr…

Mikaël Kourto £ extrait de Kozman £ Kabarèr, 2007 (la Réunion)

Les éditions Antillas (2013) et Caribe (2014) du festival Rio Loco ont ouvert la voie aux territoires d’outre-mer sur la carte du monde : la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane. En 2017, le festival qui se déroulera sur la Prairie des Filtres du 15 au 18 juin terminera cette trilogie avec une thématique consacrée aux îles de l’océan Indien. Cette année est l’occasion de mettre en valeur l’extraordinaire richesse artistique et culturelle des îles et archipels tels que les Comores, la Réunion, Madagascar, Maurice, Mayotte, Rodrigues, les Seychelles, Zanzibar. Terre-racine, terre de résistance et de créolie conjuguant traditions et innovations, créations et métissages, Rio Loco Indianocéania se veut une magnifique invitation. Un voyage dans des univers qui se sont façonnés en véritable kaléidoscope des sons contemporains. Un héritage aux influences sociales multiples et métissées. Tendez l’oreille au souffle des grands vents de cet océan-là.


Som air m e

5 Les hommes et les océans

9 Les Mascareignes,

au cœur de l’exploitation des îles de l’océan Indien

19 Les Comores :

deux pays pour un archipel

24 La faune et la flore

27 Madagascar,

30 Mythes et légendes

33 Les Seychelles :

16 L’esclavage,

« coffre-fort écologique » en danger

37 Zanzibar,

port de légendes

39 Une cuisine colorée

îles mosaïques

joyau de la nature, protégé

40 Jeux des archipels


I n tro

Inde

Arabie saoudite

Afrique Zanzibar Seychelles

Comores

Asie

Océan Indien

Mascareignes

Les hommes et les océans

Madagascar

Une histoire indissociable

L’océan Indien est l’un des plus anciens espaces maritimes de la planète, connecté depuis des siècles par l’intensité des échanges économiques et des contacts culturels. L’ouverture du canal de Suez en 1869, en créant une nouvelle voie de navigation entre la mer Méditerranée

et la mer Rouge, a rendu cette partie du monde encore plus stratégique. L’histoire des îles situées au large de la côte est de l’Afrique (Mascareignes, Comores, Madagascar, Seychelles), auxquelles ce livret est consacré, est intimement liée aux rapports séculaires entre l’homme et cet océan.

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I n tro

Biodiversité unique Pendant une longue période l’océan, en les isolant, a protégé ces îles des activités humaines. Longtemps inhabités, ces territoires possèdent une biodiversité riche et unique (lagon, forêt, plantes, volcan…). Beaucoup d’espèces animales et végétales sont par ailleurs observables nulle part ailleurs. 6

Des

descendants de plusieurs continents Les migrations océaniques sont à l’origine d’un métissage remarquable des habitants. Leurs ancêtres sont venus d’Asie (Indonésie, Chine, Inde), d’Europe et d’Afrique. Qu’ils soient navigateurs, colons ou esclaves, ils ont apporté leurs religions, leurs rites, leurs langues, leurs musiques, leurs traditions culinaires pour aboutir aux sociétés créoles d’aujourd’hui (Mascareignes, Seychelles). Les identités plurielles de ces îles ont en partage un impressionnant patrimoine. Ensemble, elles ambitionnent de former un espace géopolitique : l’Indianocéanie.

Boutres et pirogues

La silhouette du boutre cabotant entre les îles de l’océan Indien n’est pas qu’un cliché. Cette embarcation traditionnelle, diffusée par les marins arabes depuis le golfe d’Aden jusqu’à Madagascar et aux rives de l’Inde, était celle des trafiquants d’esclaves, d’armes. On la reconnaît à sa poupe haute, son étrave élancée, sa grande voile trapézoïdale et son mât incliné vers l’avant. Pour Estampe d’une pirogue à balancier la pêche de proximité, on utilise encore la pirogue sur les côtes de Madagascar, 1900. Bibliothèque départementale à balancier, taillée dans un seul tronc. Pour rallier de La Réunion. FRB974115201_R04992.II Mayotte depuis les Comores, les passeurs embarquent les candidats à l’émigration clandestine sur de longues pirogues propulsées par moteurs hors-bords. Surnommées les kwassa-kwassa « ça tangue, ça tangue », bien trop chargées, elles rendent la traversée périlleuse.


I n tro

Les dégâts

de la colonisation

Au 16e siècle, les Européens découvrent l’océan Indien. Les îles ne sont, pour eux, que des étapes sur la route des Indes et des épices. Mais à partir du 17e siècle, Portugais, Hollandais, Français et Anglais colonisent ces territoires, qui le resteront pour certains pendant trois siècles. Ils exploitent les ressources naturelles et les hommes et – en aménageant routes, bâtiments et plantations – dégradent leur formidable réservoir biologique. La majorité des habitants de ces colonies vivent une longue période d’esclavage (jusqu’à la fin du 19e siècle).

Des refuges pour les pirates

Écarts économiques Après la Seconde Guerre mondiale, ces îles ont opté pour des modes de gouvernance différents : l’indépendance pour Madagascar, Maurice, Comores et Seychelles, ou la départementalisation pour la Réunion et Mayotte, restées françaises. Ces sociétés insulaires sont entrées dans une phase de mutation (santé, éducation, transport, numérique, etc.), mais il existe une grande disparité des niveaux de vie entre ces territoires. Ainsi, le PIB par habitant aux Comores est 20 fois moins élevé que celui d’un habitant aux Seychelles, qui ont misé sur le tourisme haut de gamme.

Les îles de l’ouest de l’océan Indien ont longtemps été un haut lieu de la piraterie (voir page 30). C’est d’ailleurs sur les rives de la Réunion qu’aurait été effectuée la plus grosse prise de l’histoire de la flibuste, en 1721. Un navire portugais, à l’ancre dans le port de Saint-Denis, aurait été pris en tenaille par deux bateaux pirates, l’un commandé par un ancien de la Royal Navy, John Taylor, l’autre par le Français Olivier Levasseur, dit la Buse. Il avait à son bord le vice-roi de Goa et un incroyable butin estimé à 800 000 livres de l’époque (équivalant à 160 millions d’euros). En 1730, la Buse est arrêté et condamné à la pendaison. Du haut de l’échafaud, il aurait lancé à la foule un manuscrit crypté en criant : « Mon trésor à qui saura le prendre. » Dans son roman Le Chercheur d’or, Jean-Marie G. Le Clézio raconte comment, pendant plus de 20 ans, son grand-père a fouillé l’île Rodrigues dans l’espoir de mettre la main sur ce trésor.

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Des îles e et d e s p e u p l s

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Un cétacé aux abords de l’île de la Réunion.


Des îles e et d e s p e u p l s

Mascareignes, îles mosaïques Les

Une histoire commune À l’est de Madagascar, trois îles principales forment l’archipel des Mascareignes : la Réunion, Maurice et Rodrigues. Ces îles volcaniques à la biodiversité unique sont restées inhabitées jusqu’au 17e siècle. Localisé par des navigateurs arabes au 14e siècle, l’archipel est visité en 1513 par le navigateur portugais Pedro de Mascarenhas, qui lui laisse son nom. Les îles sont d’abord de simples escales pour les bateaux de l’Ancien Continent. Les premiers colons, hollandais puis français, s’y installent au milieu du 17e siècle. Ces terres s’avèrent être des lieux stratégiques sur la route des Indes. Café, canne à sucre, épices y sont cultivés par les esclaves du continent africain et de Madagascar. Au 19e siècle, Français et Britanniques se disputent l’archipel : aux Français « le volcan » (la Réunion), aux Anglais « le port » (Maurice). Lors de l’abolition de l’esclavage, les colons vont chercher en Asie de la main-d’œuvre pour remplacer les esclaves affranchis : des Indiens et des Chinois « engagés ». De cette histoire reste aujourd’hui une population mosaïque. À Maurice, république indépendante depuis 1968, et à la Réunion, département français, se mêlent les cultures africaines, européennes, indiennes et chinoises. Seule Rodrigues, la plus petite des îles, reste essentiellement habitée par des descendants d’esclaves africains.

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Des îles e et d e s p e u p l s

La Réunion

La Réunion, une île volcan La Réunion est née d’une éruption volcanique il y a 3 millions d’années. Colonisée par les Français qui la baptisèrent île Bourbon au 17e siècle et disputée par les Anglais, elle est depuis 1946 un département français d’outre-mer.

Les Zoreils 10

En créole, les Zoreils sont les métropolitains. Ne comprenant pas bien le créole, ils demandent à leur interlocuteur de répéter. Les Cafres, eux, sont originaires d’Afrique, les Malbars sont des Indiens hindouistes, et les Zarabes les Indiens musulmans.

Pitons, cirques et remparts Plus jeune que ses sœurs Maurice et Rodrigues, son relief est resté très accidenté. Le célèbre Piton de la Fournaise (lire encadré) atteint 2 632 mètres. Le massif du Piton des Neiges, lui, culmine à 3 070 mètres et comprend trois cirques bordés de remparts vertigineux quasi infranchissables :

Mafate, Cilaos et Salazie. Aucune route ne permet d’ailleurs d’accéder à Mafate, obligeant ses habitants à se déplacer à pied. Avec un tel relief, la population se concentre sur une petite partie des côtes. L’île compte 835 103 habitants, dont un tiers a moins de 20 ans. Jeune, l’île est aussi la « réunion » d’origines multiples : africaine, malgache, européenne, indienne, chinoise… Sur l’île cohabitent ainsi plusieurs religions comme l’hindouisme, le christianisme, l’islam, le bouddhisme, etc. La cascade Langevin sur l’île de la Réunion.


Des îles e et d e s p e u p l s

Une île classée au Patrimoine

mondial

Les Réunionnais sont fiers des particularités géologiques de leur île. Ses pitons, cirques et remparts sont classés au Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco depuis 2010. Comme Maurice et Rodrigues, la biodiversité de l’île a souffert des années de colonisation, mais ici la protection de l’environnement est une priorité.

Le créole

On trouve aux quatre coins du monde des créoles différents. Celui de la Réunion n’a rien à voir par exemple avec le créole martiniquais, même si tous deux partagent la même base, le français. Le créole de la Réunion est un mélange de français, de malgache, d’hindi et de dialectes africains des anciens esclaves. C’est une langue riche qui s’est construite pour permettre à tous les habitants de communiquer entre eux quelle que soit leur origine. Il est reconnu comme langue régionale et est enseigné à l’université de Saint-Denis.

La moitié de l’île est protégée au sein d’un parc national, quant à Maurice ses réserves naturelles constituent seulement 3 % de son territoire. La Réunion possède aussi une biodiversité unique. Par exemple, sur les 550 espèces de plantes à fleurs présentes, 160 sont endémiques.

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Des îles e et d e s p e u p l s

Tourisme et agriculture Le cadre naturel est l’une des richesses. Avec près de 400 000 visiteurs par an, le tourisme est un secteur clé de l’économie. L’agriculture, et principalement la culture de canne à sucre et sa transformation, reste une activité phare. L’île est le premier producteur européen de sucre de canne.

Grand-mère Kal, une sorcière pour effrayer les enfants

Personnage de contes et légendes, Grand-mère Kal est une femme aux allures de sorcière, dont l’histoire est liée à l’époque tragique de l’esclavage et au volcan le Piton de la Fournaise. Selon les versions, elle est soit une esclave marronne soit une méchante propriétaire d’esclaves. D’après la légende, son cri la nuit annonce les mauvaises nouvelles et vient punir les enfants désobéissants.

Le Piton de la Fournaise.

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Le Piton de la Fournaise

C’est le joyau de l’île. Site le plus visité par les touristes, le Piton de la Fournaise est l’un des volcans les plus actifs au monde, avec en moyenne une éruption tous les neuf mois. C’est un volcan de type hawaïen. Ses éruptions ne présentent généralement pas de danger pour les populations, mais leur offrent un spectacle impressionnant. Il reste néanmoins très surveillé.


Des îles e et d e s p e u p l s Rodrigues

Rodrigues, la Cendrillon des Mascareignes C’est la plus petite île des Mascareignes. Posée sur un lagon, Rodrigues s’étend sur 18 km de long et 8 km de large. Elle doit son nom au navigateur portugais qui l’a localisée en 1528 : Diogo Rodrigues. C’est une région autonome de la République de Maurice. Si l’anglais est la langue officielle, on y parle français et surtout créole.

Passant souvent inaperçue face à ses grandes sœurs, Rodrigues est surnommée la Cendrillon des Mascareignes. Discrète et préservée du tourisme de masse, l’île est restée sauvage. Ses 40 000 habitants, des descendants d’esclaves africains pour la plupart, vivent surtout de la pêche. L’île met en avant ses efforts pour préserver la nature. Ouverte en 2007, la Réserve naturelle François Leguat veut ainsi recréer l’écosystème originel détruit par la colonisation, avec notamment la réintroduction des tortues terrestres vivant comme il y a 3 000 ans. 13

À lire J.-M. Gustave Le Clézio, Le Chercheur d’or ; Voyage à Rodrigues, Gallimard.

François Leguat, un protestant en exil

En 1691, François Leguat, protestant français en exil après la révocation de l’Édit de Nantes, débarque sur les terres inhabitées de Rodrigues. Il raconte son séjour de deux ans dans Voyage et Aventures. L’explorateur y décrit un paradis d’espèces animales et végétales où les tortues sont si nombreuses que l’on peut faire plus de cent pas sur leur carapace sans toucher terre.


Des îles e et d e s p e u p l s Maurice

Maurice, l’île au sucre Son nom évoque à lui seul des plages de sable fin et de cocotiers. Pourtant, Maurice est d’abord une terre agricole. Introduite par les premiers colons hollandais au 17e siècle, développée par les Français puis par les Anglais, la culture de la canne à sucre occupe aujourd’hui la moitié de la petite île de 65 km de long et 45 km de large.

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Bonne élève Indépendante depuis 1968, l’île Maurice fait figure de bonne élève face à ses voisins africains. Son PIB a plus que doublé au cours des dix dernières années et son taux de croissance de 3,5 % en 2015 a de quoi faire des envieux. La raison de son succès ? Une économie diversifiée. L’industrie sucrière, textile, le commerce, la construction, la finance, et bien sûr le tourisme sont des secteurs clés de son économie aujourd’hui.

Polyglottes !

Être trilingue est bien le minimum à Maurice. L’anglais est la langue officielle. Le français n’a pas disparu, même après la colonisation britannique. Il est aujourd’hui encore enseigné dès l’école primaire. Le créole bien sûr est aussi en bonne place. Révélatrice de ce multilinguisme, la presse mauricienne compte des titres en français, en anglais, en chinois et en langues indiennes ! Canne à sucre.


Des îles e et d e s p e u p l s

Une population dense et diverse Étonnant mélange ethnique, reflet de son histoire mouvementée, l’île compte aujourd’hui 1,2 million d’habitants. 68 % des Mauriciens ont des origines indiennes, 27 % descendent d’esclaves africains ou métis. Une petite minorité a des origines françaises ou chinoises.

Pierre Poivre et le Jardin des pamplemousses

Botaniste et agronome, Pierre Poivre est nommé intendant de l’Isle de France en 1767. Il y crée un jardin expérimental, le Jardin des pamplemousses où il s’évertue à faire pousser des épices (poivre, clous de girofle, noix de muscade…) et des plantes parfumées ou encore des arbres importés du monde entier.

Une biodiversité détruite La plus ancienne des îles volcaniques des Mascareignes offre une image de nature luxuriante. Mais la carte postale est trompeuse. Des siècles de colonisation ont mis à mal la biodiversité unique de l’île. Pour planter canne à sucre, café et autres cultures pour l’ancien Continent, les colons ont détruit la forêt originelle. Ils ont aussi débarqué des espèces animales et végétales qui ont eu raison des espèces endémiques de Maurice. Face à ce désastre écologique, Maurice tente de protéger les « survivants » avec la création de réserves naturelles. L’île essaie même de récréer l’écosystème originel sur l’île aux Aigrettes.

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À lire Henri Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, Librio, 2015.

Le « Cristal Rock », cristal de roche, aux abords de l’île Maurice.


Des îles e et d e s p e u p l s

L’esclavage, au cœur de

l’exploitation

des

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îles de l’océan Indien

Entre le 15e et le 19e siècle, de 12 à 15 millions d’Africains ont été déportés et contraints à l’esclavage. On réduit trop souvent les traites négrières au commerce triangulaire (Europe-AfriqueAntilles), alors qu’elles ont aussi eu lieu dans les îles de l’océan Indien.

Marronnage

Acte de résistance, le marronnage désigne la fuite des esclaves des plantations. Les marrons, s’ils sont retrouvés ou capturés par les chasseurs de Noirs, avides de primes, risquent la mort. Aux Mascareignes, les marrons trouvaient refuge dans les montagnes et affrontaient des conditions de vie très rudes.

Des esclaves pour laQuandcanne à sucre les Français s’approprient

les îles Mascareignes au 17e siècle, celles-ci sont inhabitées. Pour développer leurs cultures de canne à sucre et d’épices, ils ont recours aux esclaves qu’ils trouvent sur la côte ouest africaine, à Madagascar et à Zanzibar.

Zanzibar, marché aux esclaves Dès le début du 18 siècle, Zanzibar e

est une plaque tournante du marché mondial aux esclaves. L’île du sultan d’Oman va chercher des esclaves sur tout le continent africain pour exploiter ses plantations de clous de girofle. Mais Zanzibar alimente aussi en esclaves d’autres îles de l’océan Indien ainsi que l’Arabie et l’Inde. Entre 1830 et 1872, plus de 700 000 esclaves ont transité par Zanzibar.


Paul et Virginie vont trouver le maître de l’esclave et obtiennent sa grâce.1857. Estampe. Musée historique de Villèle.

Des îles e et d e s p e u p l s

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Un crime contre l’humanité Le 10 mai 2001, la France a reconnu

la traite négrière et l’esclavage, organisés par les Européens entre le 15e et le 19e siècle, comme « crimes contre l’humanité ». Cette date est désormais une journée commémorative.

Plusieurs abolitions En 1835, l’esclavage est aboli sur l’île

Maurice, britannique depuis 1810. À la Réunion, colonie française, l’abolition intervient en 1848. En manque de main-d’œuvre, les deux îles se tournent vers l’Asie pour engager des milliers d’Indiens et de Chinois dans des conditions de travail proches de celles réservées aux esclaves.

À lire ( Sophie Chérer, La vraie couleur de la vanille, École des loisirs, 2012. ( Daniel Vaxelaire, En haut, la liberté, Flammarion, 1999. ( Gilles Gauvin, Abécédaire de l’esclavage des Noirs, éditions Dapper, 2007

Edmond Albius, un esclave maître de la vanille Né orphelin en 1829 sur l’île Bourbon (actuelle Réunion), Edmond est recueilli par un riche propriétaire qui lui transmet sa passion des plantes. À 12 ans, il découvre une méthode simple pour féconder artificiellement la vanille. Sa trouvaille vaut de l’or ! Elle permet à l’île Bourbon de faire le commerce de cette orchidée. Si les planteurs s’enrichissent, Edmond, lui, n’est pas reconnu pour sa découverte. Il meurt dans la misère en 1880.

Edmond Albius. Inventeur de la fécondation artificielle du vanillier. Roussin, Louis Antoine (18191894). Dessinateur et lithographe, 1863. Musée Léon Dierx. FRM1069_1983.02.03.08

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Des îles e et d e s p e u p l s

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Des maisons de Mohéli, la plus petite île de l’archipel des Comores.


Les Comores :

Des îles e et d e s p e u p l s

deux pays un archipel pour

Une culture commune Sur une mappemonde, c’est à peine si on les distingue. Les quatre petites îles qui composent l’archipel des Comores se trouvent à l’entrée nord du canal du Mozambique, à mi-chemin entre Madagascar et les côtes africaines. Une seule dépasse les 1 000 km2 : la Grande Comore. Les autres, Anjouan, Mohéli et Mayotte, représentent 300-400 km2 seulement. Sans doute leurs premiers occupants étaient-ils des Africains noirs et des Malgaches venus des côtes les plus proches. Des commerçants arabes et perses auraient atteint leurs rives dès le 9e siècle. Des tessons de poteries chinoises, indiennes, islamiques y ont été exhumés, preuve que l’archipel était, très tôt, une étape sur les routes maritimes du commerce international. L’unité identitaire des Comores est assurée par l’islam ainsi que par la culture swahilie, dont l’ère d’influence s’étend du Mozambique à la Somalie. L’histoire récente, elle, a divisé l’archipel. L’ensemble des Comores était rattaché à la France depuis 1904. La politique d’accompagnement vers l’indépendance occasionne en 1974 un référendum sur l’autodétermination. Alors que l’archipel vote pour à 95 %, le non l’emporte à Mayotte (63,8 %) ; l’île veut rester française. Depuis, l’archipel marche à deux vitesses. Et le statut de l’île de Mayotte, devenue en 2010 le 101e département français, crée des inégalités dans l’archipel.

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Des îles e et d e s p e u p l s Anjouan

Grande Comore Mohéli

Union des Comores, trois petites îles fragiles

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En 1975, les îles d’Anjouan, Grande Comore et Mohéli s’autoproclament État indépendant : l’Union des Comores. Depuis, quarante années d’instabilité politique et une vingtaine de coups d’État freinent le développement du territoire. En 2015, les Comores se situaient au 159e rang (sur 188) du classement de l’indice de développement humain des Nations unies. Plus de la moitié de la population

a moins de 20 ans, et la mortalité infantile demeure élevée (63,5 ‰, contre 3,7 ‰ en France). L’archipel des Comores est volcanique. Mais seul le volcan Karthala, sur la Grande Comore, est encore actif. Après 14 ans de sommeil, il s’est réveillé plusieurs fois entre 2005 et 2007. Les sols volcaniques en font une terre très fertile. Les Comores se sont spécialisées dans la culture de la fleur d’ylang-ylang, qu’elles exportent sous forme d’huile essentielle, utilisée dans l’industrie du parfum. On y cultive aussi la vanille, le clou de girofle, le coco et le café – parfois au détriment de l’agriculture vivrière. Pour se nourrir, la population comorienne est dépendante des importations, en particulier pour la viande, la farine et le riz.

Le port de Mutsamudu, sur l’île d’Anjouan.


Des îlesDossi et d e s p e u p l

er es

Mayotte

Mayotte,

l’île qui voulait

rester française

Française presque par hasard Au milieu du 19e siècle, militaires et aventuriers européens sillonnent ses rivages, attirés par la fertilité et la richesse de leurs sols, et soucieux d’asseoir leur influence dans l’océan Indien. Anglais et Français se disputent les terres.

Vue de Sada à Mayotte.

En 1841, le sultan Andriantsoly cède l’île de Mayotte à la France « en toute propriété » moyennant une rente viagère annuelle. Mohéli sera cédée à l’aventurier Joseph Lambert, et Grande Comore au botaniste Léon Humblot. En 1912, l’ensemble de l’archipel est officiellement annexé par la France, qui l’oubliera jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En 1956, la loi-cadre Defferre accorde davantage d’autonomie aux territoires d’outre-Mer et prépare leur indépendance.

Le mot : Maore

Jeune fille mahoraise.

Si le français est la langue officielle à Mayotte, la population lui préfère ses langues maternelles : le kibushi, apparenté aux dialectes malgaches, et le shimaore, parlé par deux tiers des habitants qui se rapproche du bantou. Maore est le nom de Mayotte dans cette langue. Les habitants sont d’ailleurs appelés des Mahorais.

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Des îles e et d e s p e u p l s

L’indépendance refusée

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Très tôt, Mayotte affirme sa singularité et son refus d’être sous la coupe de Moroni, la capitale de Grande Comore, dont les hommes forts multiplient les tentatives de prise de pouvoir. Plusieurs partis luttent pour : « Rester français pour être libres. » Le commando des Chatouilleuses, un mouvement de femmes mené par Zéna M’Déré, s’en prend aux responsables politiques comoriens et sensibilise l’opinion publique mahoraise aux manœuvres comoriennes pour s’imposer à Mayotte. La réponse de Mayotte au référendum sur l’autodétermination – « Nous voulons rester français » – impose à la France de garder ce territoire. Quarante ans plus tard, l’Union des Comores revendique toujours l’île.

Un statut convoité Avec un PIB par habitant dix fois supérieur à celui du reste des Comores, Mayotte, pourtant loin du niveau de vie de la métropole, attire les peuples des îles voisines. Depuis 1995, les Comoriens ne peuvent plus se rendre à Mayotte sans visa. Mais l’île d’Anjouan n’est qu’à 60 kilomètres de Mayotte, et la frontière reste poreuse. On estime qu’un habitant sur quatre serait en situation irrégulière. En 2015, l’État a reconduit à la frontière 18 763 personnes. L’immigration clandestine déstabilise les services : 40 % des malades soignés dans les hôpitaux ne sont pas des assurés sociaux et les écoles sont saturées.

Un banga pour devenir adulte

Aux alentours de 15 ans, les garçons quittent le domicile familial pour construire leur banga, une cabane où ils vont vivre seuls. Là, à l’abri des regards parentaux, ils reçoivent leurs amis, font des fêtes, et… « taquinent » les filles. Pour les repas toutefois, la table familiale conserve tous ses attraits ! Aujourd’hui, ce rituel de passage tend à se perdre. Le Voulé avec bananes et fruits à pain, une tradition mahoraise de barbecue sur la plage.


Des îles e et d e s p e u p l s

La première maternité de France En 2015, 9 000 bébés sont nés dans le département de Mayotte, où la croissance démographique est 5 fois plus importante que dans le reste du territoire français. La seule maternité de Mamoudzou assure 8 000 naissances par an, ce qui en fait la première maternité de France. Les deux tiers des femmes qui y accouchent n’ont pas de papiers. Elles espèrent que leur nouveau-né pourra en bénéficier en vertu du droit du sol. Pour faire valoir ce droit à la majorité, il faut résider en France depuis au moins 5 ans.

À lire Nathacha Appanah, Tropique de la violence, Gallimard, 2016.

La formule 1 mahoraise

À Mayotte, depuis 1984, un sport a volé la vedette à tous les autres. Il s’agit de la course de pneus. Le principe ? Faire rouler, le plus vite possible, un pneu de voiture en le poussant avec deux bâtons. Imaginée par un professeur d’éducation physique et sportive, la discipline fait même partie des épreuves facultatives au bac ! Chaque année, le Grand prix de formule 1 attire à Mamoudzou d’innombrables participants, enfants comme adultes.

Une jeune fille dessine avec des craies dans une rue de Hamjago à Mayotte.

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Des îles e et d e s p e u p l s

faune flore La

Le giroflier est un arbre pouvant

Les épices, comment ça pousse ?

L’ylang-ylang est très prisé par

et la

La vanille est une orchidée originaire 24

d’Amérique centrale. Sa liane peut mesurer jusqu’à 20 m de long ! Dans l’océan Indien, elle n’a pas de pollinisateurs naturels. La fécondation de chaque plant doit donc être assurée par l’agriculteur, à la main.

mesurer une quinzaine de mètres de haut. Le clou de girofle est une fleur en bouton que l’on récolte avant sa floraison pour la faire sécher.

l’industrie du parfum, qui distille ses fleurs jaunes. L’arbre peut s’élever jusqu’à 25 m de hauteur, mais dans les plantations, on le maintient à une taille arbustive.

Le poivrier

Le cocotier

Dans le cocotier, tout est bon. La noix, bien sûr, fournit boisson et pulpe. Séchée, la pulpe prend le nom de coprah et entre dans la fabrication d’huile, de margarine, mais aussi de savon et de shampooing. Les autres parties de l’arbre servent pour la construction, pour fabriquer des cordes, des paillassons… Et en plus, on peut récolter des noix jusqu’à six fois par an !

est une liane à feuillage persistant qui se développe sur un tuteur. Quatre à cinq mois après la floraison, on peut récolter ses baies. Selon leur degré de maturité, on obtient du poivre vert (baies immatures), noir (baies presque mûres et séchées), blanc (baies mûres dont on a ôté l’enveloppe), ou rouge (baies mûres séchées). À Madagascar, pousse aussi un poivrier sauvage, le tsiperifery .


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Des animaux uniques Les lémuriens sont des primates

endémiques de Madagascar. On dénombre une centaine d’espèces différentes. Deux d’entre elles auraient été introduites aux Comores. Beaucoup sont menacées.

La tortue terrestre géante est

présente à l’état sauvage seulement aux Seychelles, sur l’atoll inhabité d’Aldabra. C’est la plus grosse tortue terrestre ; elle peut peser 300 kg ! Présente dans de nombreux zoos et réserves, elle ne se reproduit pas en captivité.

La roussette noire est une

Le colobe roux est un singe au pelage

tricolore ne vivant qu’à Zanzibar. On en dénombre environ 1 500 individus. La déforestation, la chasse et son odeur très nauséabonde l’ont mis en danger.

grosse chauve-souris de 1 mètre d’envergure. Autrefois présente sur de nombreuses îles de l’océan Indien, elle ne prospère plus qu’à Maurice. Une toute petite colonie a été repérée récemment à la Réunion. Elle consomme essentiellement du nectar de fleurs et des fruits, et les producteurs de mangues et de litchies la redoutent.

Le dodo

Le dodo symbolise à lui seul le risque de disparition que l’homme fait peser sur les espèces animales. Ce gros oiseau, incapable de voler, n’avait aucun prédateur sur l’île Maurice. Les animaux introduits par les marins européens ont détruit ses œufs et l’ont chassé. Dès le 17e siècle, l’espèce fut rayée de la carte. Le solitaire, un oiseau endémique de la Réunion au vol très maladroit, a eu la même destinée.

Tête de dronte de Maurice. Grandeur naturelle, Strickland. Roussin, Louis Antoine (1819-1894). Lithographe, entre 1860 et 1865. Musée Léon Dierx. FRM1069_1983.02.03.30

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Des ĂŽles e et d e s p e u p l s

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Boutre au large de Nosy BĂŠ.


Madagascar

Des îles e et d e s p e u p l s

« Coffre-fort écologique »

en danger

Madagascar est, en superficie, la plus grande île de l’océan Indien, et classée 4e au niveau mondial. Sa superficie équivaut à celle de la France et des Pays-Bas réunis. L’île est tellement grande qu’elle abrite plusieurs climats et plusieurs types de végétation. On parle d’îlecontinent. On la surnomme aussi « l’île rouge » à cause d’une roche rouge, la latérite, qui recouvre les deux tiers du pays. Au 15e siècle, Madagascar devient un port commercial pour les navigateurs européens et un abri pour les pirates. En 1896, elle est colonisée par la France jusqu’à son indépendance, le 26 juin 1960. Aujourd’hui, malgré les ressources de l’île (vanille, café, poivre, pierres précieuses, tourisme, etc.), la majorité des Malgaches sont extrêmement pauvres.

L’arbre du voyageur, symbole de l’île

« L’arbre du voyageur », ravinala en malgache, est reconnaissable à sa forme en éventail. Sa sève, abondante, a un goût proche de celui de l’eau. On raconte qu’elle peut désaltérer un voyageur assoiffé, d’où son nom. Emblème du pays, on retrouve le ravinala dans le logo de la compagnie aérienne nationale.

Ilakaka, la ville du Far West

La population d’Ilakaka, dans le sud-ouest, a explosé après 1998 suite à la découverte du plus grand gisement de saphir au monde. Depuis, la petite bourgade est devenue une ville de 60 000 habitants, malfamée. Des Malgaches de tout le pays espèrent faire fortune en creusant des trous toujours plus profonds et dangereux.

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Des îles e et d e s p e u p l s

Madagascar

Un caméléon qui passe par toutes les couleurs.

Une biodiversité incroyable mais

menacée

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La faune et la flore malgaches sont d’une exceptionnelle diversité, mais surtout plus de 80 % des espèces présentes ne vivent qu’à Madagascar. L’île abrite notamment 8 familles de plantes et 5 familles d’oiseaux observables nulle part ailleurs. Les lémuriens sont les animaux les plus célèbres de Madagascar.

Cette famille de primates arboricoles compte une centaine d’espèces, et la quasi majorité ne se trouve que sur l’île. Malheureusement « ce coffre-fort écologique » est menacé principalement par la déforestation. Madagascar a perdu 11 millions d’hectares de forêt ces 20 dernières années. La culture sur brûlis, qui consiste à défricher puis à brûler les déchets verts pour cultiver la terre, est la première cause de ce gâchis.

Aye-aye

Derrière ce nom amusant se cache probablement le plus original des lémuriens, et les plus menacés au monde. Solitaire et nocturne, il a de puissantes incisives qui poussent en continu, comme les rongeurs. Il a de larges oreilles pour détecter les larves cachées dans les cavités, qu’il extrait grâce à un doigt plus long et plus agile que les autres.


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Peuple aux multiples racines Les premiers habitants de Madagascar furent vraisemblablement des explorateurs africains et indonésiens, il y a plus de 1 500 ans. Puis des commerçants arabes sont arrivés autour du 10e siècle et enfin les Européens. L’originalité de la population et de la culture malgaches vient de ce mélange. Aujourd’hui les Malgaches sont 24 millions, presque 3 fois moins que les Français, et se répartissent en 18 ethnies différentes (Merina, Vezo, Sihanaka…). L’histoire retient surtout les Merina qui, à l’époque où Madagascar était divisée en plusieurs royaumes, réussirent à unifier politiquement l’île, dans la seconde moitié du 19e siècle1. Aujourd’hui, les Merina vivent principalement dans la capitale Antananarivo. La majorité des Malgaches sont des paysans et habitent à la campagne. L’espérance de vie est de seulement 64 ans. 1. Référence à la Reine Ranavalona III.

La reine Ranavalona III. 1903. Conseil départemental de La Réunion, Bibliothèque départementale. 910.4 MAI (MAD)_223.

Le respect des ancêtres

Les Malgaches, chrétiens en général, sont très croyants. Leur religion ne les empêche pas de vouer un culte à leurs ancêtres. Ces derniers veillent sur leurs descendants et les guident dans leurs actions quotidiennes à l’aide de fady ou « interdits ». Les ancêtres sont le pivot de la société malgache, autour duquel elle s’organise.

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Mythes légendes et

L’éloignement et l’insularité des anciennes colonies de l’océan Indien ont conduit à l’émergence de plusieurs légendes véhiculées par des Européens vivant là-bas. Des croyances d’ailleurs pas forcément partagées, ni connues des habitants historiques de ces îles. Parmi elles, Libertalia et la Lémurie font probablement partie des plus connues. Le mythe Libertalia est même devenu un argument touristique, et a donné naissance à un festival de musique malgache. 30

Libertalia, un paradis

républicain chez les pirates ? En 1720, à Londres, un certain Captain Johnson publie Histoire générale des plus fameux pyrates. Cette bible de la piraterie révèle l’existence de Libertalia, une république fondée par des pirates dans la baie de Diego-Suarez, à Madagascar. À l’origine de cette république égalitariste : le capitaine Misson, un Français, et un prêtre défroqué, Caraccioli, tous deux convertis à la piraterie.

À Libertalia, le butin est partagé, les décisions soumises au vote, la propriété bannie. Alors que la traite négrière est en plein essor, l’esclavage y est interdit, car : « Il n’était au pouvoir de personne de décider de la liberté d’autrui1. » Après quelques années d’existence, la communauté est détruite par des groupes autochtones. Mythe ou réalité ? L’existence de Libertalia continue de diviser. Reste que les pratiques décrites, à contre-courant des systèmes politiques dominants, elles, ont bien eu lieu. Quant au Captain Johnson, ce ne serait que le pseudonyme de Daniel Defoe, l’auteur de Robinson Crusoé. 1. Daniel Defoe, Libertalia, une utopie pirate, Éd. Libertalia, 2012.


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Le continent perdu de la Lémurie

À l’image du continent imaginaire de Mu ou de l’île engloutie de l’Atlantide, la Lémurie serait un continent disparu de l’océan Indien qui tire son nom des lémuriens présents sur son sol. Jules Hermann (1845-1924), homme politique et scientifique français de la Réunion, serait à l’origine de la propagation de cette légende. Dans Révélations du Grand Océan – paru à titre posthume en 1927 – il évoque un continent originel, celui des premières civilisations humaines.

En forme de croissant, il se serait étendu du Sri Lanka dans l’océan Indien jusqu’à la Patagonie, en passant par les Mascareignes et Madagascar. Hermann trouve dans le relief accidenté de la Réunion la preuve de son hypothèse. Pour lui, il s’agit de vestiges de sculptures réalisées par une société ancienne de géants. Après Hermann, d’autres ont véhiculé le mythe de la Lémurie. Parmi eux l’écrivain et poète mauricien Malcolm de Chazal (1902-1981), et un autre poète mauricien Robert-Edward Hart (18911954). Si l’existence de la Lémurie a été scientifiquement écartée, ce continent englouti est bel et bien présent dans la littérature.

La baie de Diego Suarez en 1887. Bibliothèque départementale de La Réunion. FRB974115201_09700000177812.214

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Une jeune mahoraise lors d’une fête traditionnelle.


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Les Seychelles :

joyau de la nature,

protégé

Au nord-est de Madagascar, l’archipel des Seychelles se compose de 115 îles et îlots éparpillés sur un territoire maritime de 1,3 million de km2. Rassemblés, ces bouts de terre ne dépassent pas 455 km2. Mahé — et sa capitale Victoria — Praslin et La Digue sont les trois plus grandes îles. Elles font partie des îles intérieures. Les 5 autres groupes d’îles – le groupe corallien austral, les Amirantes, Alphonse, Farquhar et Aldabra – s’égrènent vers le sud-ouest, en direction de la pointe de Madagascar.

Iles granitiques et îles coralliennes 41 des 43 îles intérieures sont granitiques. La présence de cette roche les classe parmi les plus anciennes terres du monde. Les autres îles sont coralliennes. Elles se sont formées bien plus tard. Comme elles n’ont pratiquement pas de relief, elles sont exposées à la montée des eaux liée au réchauffement climatique.

Les coraux mis à mal par El Niño

En 1998, les Seychellois ont perdu plus de 90 % de leurs coraux. Ils ont brusquement blanchi à cause du réchauffement de l’eau dû au passage du phénomène climatique El Niño. Beaucoup de scientifiques pensaient la situation irréversible. Mais depuis une petite dizaine d’années, des coraux plus résistants à la chaleur repoussent à certains endroits.

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Des îles e et d e s p e u p l s Grand Anse La Digue Silhouette Island Plage île de Victoria aux Seychelles.

Victoria

Champions de la protection de l’environnement 34

Les Seychelles étaient inhabitées jusqu’à l’arrivée des Français au 18e siècle. Ce qui explique l’incroyable diversité de sa faune et de sa flore.

L’archipel d’Aldabra

Situé à 1 150 km au sud-ouest de l’île principale, Mahé, Aldabra est le plus grand atoll émergé du monde. Son lagon fermé est si vaste qu’il pourrait contenir Mahé tout entière. Aldabra est classé au Patrimoine mondial de l’Unesco pour sa nature intacte. Pour le protéger, son accès est réglementé. Aldabra est connu pour abriter la plus grande population de tortues terrestres géantes – environ 1 500 individus –, et le râle d’Aldabra, le seul oiseau incapable de voler de l’océan Indien. La réserve naturelle de la vallée de Mai, sur l’île de Praslin, est le second site des Seychelles classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.

Les Seychelles abritent notamment deux des oiseaux les plus rares au monde : la pie chanteuse et la fauvette des Seychelles. Si la colonisation a abîmé ce patrimoine, le gouvernement a mis en place une politique exemplaire de protection de l’environnement. La moitié du territoire a ainsi été transformée en parcs nationaux et réserves naturelles. Les Seychellois ont développé un écotourisme avec une offre en hébergements limitée à certaines îles.


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Colonie française, puis anglaise Frégate, Silhouette, Cousin, Curieuse, Mamelles… Les noms des îles rappellent la colonisation française de 1756 à 1814. Les Français baptisèrent l’archipel « Séchelles» en hommage à Moreau de Séchelles, contrôleur général des Finances de Louis XV. Après 72 ans de colonisation française, puis 172 ans de colonisation britannique,

les Seychelles deviennent indépendantes en 1976. Aujourd’hui, le pays compte 93 000 habitants, dont la grande majorité vit à Mahé. Il y a trois langues officielles : l’anglais, le français, le créole. Le PIB par habitant est l’un des plus élevés d’Afrique. Le tourisme est la principale ressource économique, notamment grâce aux plages classées parmi les plus belles du monde et à une température qui oscille entre 25 et 30 °C toute l’année. La pêche industrielle est la deuxième ressource économique. Le port de Victoria est le premier port thonier de l’océan Indien.

Habitation à Mahé (Seychelles). Himely, Sigismond (1801-1872). Graveur, Pâris, Edmond (1806-1893). Dessinateur 183. Estampe. Musée historique de Villèle. FRM1070_2002.4.87.5.10

Coco-fesse

La noix issue du cocotier de mer est la graine la plus lourde au monde. Une vingtaine de kilos. On pensait à tort que ce palmier poussait au fond de l’eau, d’où son nom. La noix de coco femelle a été ingénieusement baptisée coco-fesse, car elle ressemble étrangement à une paire de fesses ou à un bas ventre féminin. On lui prête des vertus aphrodisiaques. Sa vente, à prix d’or, est encadrée par l’État.

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Détail d’une porte d’habitation à Zanzibar.


Zanzibar, port de légendes

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Sans que l’on sache précisément la situer, le seul nom de Zanzibar fait naître des images de marins au long cours, de trafic d’esclaves, d’épices, de boutres à voiles blanches… Zanzibar est à la fois une ville et un archipel composé de trois îles principales, Mafia, Unguya et Pemba. Province semi-autonome de la République de Tanzanie, elle n’est éloignée des côtes continentales que d’une trentaine de kilomètres. Classée au Patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, Stone Town, « la Ville de pierre », est le magnifique témoignage d’un passé où se sont croisées les cultures swahilie, arabe, indienne et européenne.

Point d’entrée en Afrique L’île serait connue des navigateurs mésopotamiens depuis l’Antiquité. Egyptiens, Phéniciens, Perses, Chinois y circulent avant que les Portugais s’octroient cette île, si proche de l’Afrique, au début du 16e siècle. Mais les liens avec le monde arabe sont forts et anciens. Le sultanat d’Oman prend Zanzibar aux Portugais en 1698. Le sultan en fait même sa capitale en 1832, tant le commerce y est florissant : chaque année, plus de 30 000 esclaves transitent par le marché aux esclaves de Zanzibar. Les puissances européennes rivalisent à nouveau, dès le milieu du 19e siècle, pour asseoir leur influence dans ce port de commerce essentiel. En 1890, c’est l’Angleterre qui l’emporte et instaure un protectorat sur l’île. Le port de Zanzibar.

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Des îles e et d e s p e u p l s Zanzibar

Le vieux quartier de Zanzibar.

Tan + zan + ie = un nouveau pays 38

En 1964, le Tanganyika et Zanzibar, désormais indépendants, fusionnent pour former un État fédéral.

Une vie de princesse ?

Pour baptiser cette nouvelle nation, on utilise la première syllabe de chaque entité et on obtient… la Tanzanie. Longtemps à l’écart des circuits touristiques, on se rend aujourd’hui à Zanzibar pour jouir de son ambiance à part, mi-africaine, mi-arabe, et pour admirer cette architecture unique, fruit de toutes ces influences successives.

La princesse Salmé née Emilie Ruete (1844-1924), la plus jeune fille du sultan de Zanzibar et d’Oman, aurait eu 36 enfants. A la mort du sultan, les tensions entre frères et sœurs déchirent la famille. La princesse Salmé tombe amoureuse de son voisin, un marchand allemand, et s’enfuit, enceinte, vers Aden (au Yémen), sous domination britannique. Là, elle se marie avec le commerçant et le couple s’installe à Hambourg. Son époux décède prématurément. Le chancelier Bismarck la presse d’intriguer en faveur de l’Empire allemand auprès de son frère, devenu sultan. Ses efforts seront vain. En 1886, elle publie Mémoires d’une princesse arabe. Le livre séduit le public de la Belle Epoque par son style et par la destinée exceptionnelle qui y est relatée. Il constitue un précieux document historique.


Une cuisine colorée

Dans l’océan Indien, un repas ne peut se concevoir sans épices ni riz. Influences indienne, chinoise, africaine, la diversité culturelle des îles se retrouve jusque dans l’assiette !

Rougail

Cette sauce pimentée est une préparation incontournable qui accompagne les plats de viande à la Réunion comme à Madagascar ou à l’île Maurice. Il se compose traditionnellement de tomates, d’oignons et de piment.

Le vindaye

D’origine indienne, ce plat est devenu une spécialité de l’île Maurice. La viande ou le poisson est frit puis mariné dans un mélange de vinaigre, d’ail, d’oignons, de safran, de gingembre et de piment. Le tout se déguste chaud ou froid.

Achards

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Ces condiments parfumés comptent autant de variantes que de cuisinières ! Chacune d’elles a sa recette pour choisir les petits légumes qu’elle fera blanchir puis macérer dans une sauce à base d’huile, de vinaigre, d’épices et de piment.

Le koba

Ce gâteau de riz est vendu sur les marchés à Madagascar enveloppé d’une feuille de bananier. Il est fait à base de cacahouètes ou de pistaches écrasées et mélangées à de la farine de riz, et du sucre.

Des ourites, des zourites ou des zourits ?

En civet ou en salade, ces poulpes séchés sont une spécialité des Mascareignes. À Rodrigues, ce sont les femmes, les « piqueuses d’ourites », qui les pêchent à pied dans le lagon.


Ateli er

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La course de pneu à Mayotte.


Jeux archipels

Ateli er

des

Si jouer est universel, les jeux sʼimprègnent de la culture où ils naissent. Le voyage nous permet de constater que les jeux, au même titre que la musique, sont des invitations à nous rassembler, à nous rencontrer. La découverte du patrimoine ludique d’un lieu est une façon supplémentaire de se relier à sa culture collective et communautaire. Le réseau des ludothèques de Toulouse vous invite à partir à la rencontre de nos voisins de l’océan indien à travers leurs jeux.

Le sapsiwaye

Bien qu’il ne soit plus vraiment pratiqué sur l’île, le sapsiwaye est un jeu d’autrefois, comme le dacau en Asie. Il demande de l’adresse et de la concentration. Son but ? Jongler avec une balle faite en lasam bisiklet ou en lastik, « chambre à air de bicyclette » ou « élastique » sans la faire tomber. On peut y jouer seul ou à plusieurs, en se lançant des défis avec comme seul objectif de ne pas laisser tomber la balle.

Maurice

Voici quelques possibilités de jeu.

Le plus grand nombre de jongles

Seul ou à plusieurs, chaque joueur doit faire rebondir le sapsiwaye le plus grand nombre de fois sur sa jambe. On peut convenir de plusieurs tentatives et comptabiliser la meilleure.

La plus belle figure

Chaque joueur doit réaliser une figure : rebond sur le genou, coup de pied puis reprise sur le talon, etc., un peu à la manière des footballeurs.

La passe à 10

Le groupe de joueurs se met en cercle et chacun doit, avec la jambe et le pied, faire passer la balle à son voisin. Le but est de faire le plus de tours possible.

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Le fanorona

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Le fanorona est un jeu traditionnel de Madagascar, apparu vers la fin du 16e siècle. Ce jeu national a accompagné l’histoire de l’île. Il est très présent dans les traditions orales. Il a tenu un rôle important dans les rites malgaches et semble avoir été investi de vertus divinatoires. Le fanorona serait issu de l’alquerque, un jeu du Moyen-Orient apporté par des commerçants arabes. Très pratiqué auparavant dans les classes aristocratiques de l’île on raconte, qu’en 1895 lorsque

Madagascar

les Français envahirent la capitale, la reine de Madagascar Ranavalona III décida qu’une partie de fanorona déterminerait sa stratégie militaire. Mal lui en prit, car l’île tomba aux mains des Français et la monarchie fut abolie. Un fady (interdit qui touche le mode de vie malgache) interdit aux travailleurs des champs de jouer pendant la saison des pluies ! Aujourd’hui, il est très fréquent de croiser des joueurs de fanorona dans la rue ou à l’école ; c’est un des jeux les plus populaires de l’île.


Ateli er

Les règles

Chaque joueur dispose de 22 pions disposés sur un plateau. Le but du jeu est de capturer toutes les pierres de l’adversaire. On tire au sort le joueur qui commence. Chacun à leur tour, les joueurs déplacent un pion de leur couleur d’une intersection à une autre intersection adjacente en suivant les lignes du diagramme. Après son déplacement, le pion peut capturer des pions adverses. Il existe deux façons de capturer des pions : • par approche : un joueur déplace l’un de ses pions vers un ou plusieurs pions adverses alignés. Il peut alors capturer tous les pions de l’alignement ; • par éloignement : un joueur déplace l’un de ses pions en s’éloignant d’un ou de plusieurs pions adverses alignés. Il peut alors capturer tous les pions de l’alignement. Attention, on ne capture que les pions d’un alignement ininterrompu !

Au cours d’un même mouvement, il est possible d’enchaîner les prises avec le même pion, pourvu que celui-ci change de direction à chaque déplacement et qu’il ne repasse pas deux fois sur la même intersection. Quand un joueur arrive sur une intersection qui permet de capturer des pions adverses, il est obligé de les capturer. Par contre, si lors d’un même déplacement il s’éloigne d’un groupe de pions et se rapproche d’un autre groupe, il doit choisir celui qu’il capture. Il ne peut pas capturer les deux. Le vela ou la « revanche » : le gagnant peut offrir une revanche à handicap pour permettre au perdant de se rattraper. Le gagnant ne peut pas capturer tant qu’il a plus de 5 pions. Il doit permettre au perdant de prendre 1 pion à chaque coup. Le perdant ne capture que les pions un à un tant que le gagnant a plus de 5 pions. Une fois que le gagnant de la première partie a 5 pions ou moins, les règles de base s’appliquent.

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Ateli er

Le chamtra

Le chamtra se joue aux Comores. Il ressemble au jeu des osselets. Il se joue avec des cailloux mais on peut utiliser des capsules de bouteilles. Il faut 7 cailloux pour réaliser les 7 étapes de jeu. On peut jouer au sol ou sur une table. Au début de chaque étape, le joueur lance les cailloux en l’air et les laisse retomber. Il en choisit un qu’il ramasse puis il se lance des défis.

Les défis

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Défi 1 : Le joueur lance en l’air le caillou qu’il a ramassé et doit ramasser un autre caillou. Il fait de même pour les 5 cailloux restants. Défi 2 : Même principe, mais cette fois il ramasse les cailloux 2 par 2. Défi 3 : Les ramasser 3 par 3.

Anjouan

Grande Comore Mohéli

Défi 4 : Il lance le caillou ramassé puis doit en ramasser 4 en même temps puis les 2 restants. Défi 5 : Cette fois c’est 5 puis 1. Défi 6 : En une seule fois, il doit ramasser les 6 cailloux. Défi 7 : Le joueur va lancer son premier caillou en l’air en tentant de ramasser un caillou au sol (comme dans le défi 1). Une fois réalisé, il lance les 2 cailloux en sa possession et tente d’attraper à nouveau un caillou au sol. Puis lance Les 3 cailloux qu’il a en main et ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ait tout ramassé. À chaque fois qu’un joueur rate son coup, on passe au suivant. Il reprend sa partie où il a échoué. Le gagnant est le premier joueur qui a tout réussi !


Le bao Les jeux de semailles, ou « mancala », constituent une des plus anciennes pratiques ludiques de l’humanité. Leur diffusion, commence au Néolithique, est très étendue. Leurs régles temoignent de l’élaboration des premiers concepts mathématiques qui déboucheront plus tard sur les numérations. Le bao est l’un des nombreux jeux regroupés sous le nom de « mancala » basés sur des semailles ou des graines qui servent de pions. Ce sont des jeux très anciens. Les premières traces remontent au néolithique. On les trouve en Afrique et en Asie, avec différents noms et différentes règles. Le bao s’est propagé le long des côtes asiatiques de l’océan Indien, avec le commerce, et notamment celui des esclaves.

Ateli er Zanzibar

On retrouve ce jeu dans de nombreux mythes et légendes. La pratique était parfois régie par des interdits très stricts dans certaines sociétés. Dans ce jeu, on ne peut pas affamer son adversaire, autrement dit créer de situations bloquantes. Le bao se joue sur une surface avec 2 ou 4 rangées de 8 trous chacune. Cette surface peut être une table (c’est d’ailleurs le sens du mot bao), mais les trous peuvent être faits dans la terre ou dans le sable. On peut même utiliser une boîte à œufs ! Les « pions » peuvent être fabriqués avec des petits cailloux, des graines, etc. Il est reconnu comme étant le jeu de Mancala le plus compliqué, de par ses règles mais aussi des différentes stratégies offertes aux joueurs. Vous pouvez télécharger les règles complètes du jeu sur : http://jeuxstrategieter.free.fr/ Bao_complet.php

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Ateli er

La course de pneus

Ce jeu est emblématique de l’île de Mayotte. C’est même un événement à la fois sportif et folklorique qui rassemble des milliers de spectateurs venus encourager plusieurs centaines de coureurs, petits et grands, dans la course annuelle de Mamoudzou.

Les règles et l’équipement

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L’équipement est simple : un vieux pneu et deux bâtons pour le faire rouler et le diriger. Les bords sont souvent enduits de liquide vaisselle, savon de Marseille ou de graisse. On peut mettre à la pointe des bâtons un pot de yaourt ou un fond de bouteille en plastique pour le rendre plus glissant.

Mayotte

La taille des pneus est très variable : mini-moto, voitures, tracteurs, etc. Il faut un peu d’entraînement pour se lancer efficacement à l’assaut des 2 kilomètres de cette course, mais vous pouvez démarrer plus simplement et même organiser une course en relais. Le premier arrivé est le gagnant !

Quelques astuces pour récupérer des pneus

Vous pouvez solliciter les garages auto, moto, et matériel agricole, mais aussi les casses. N’oubliez pas de laver les pneus à grande eau savonneuse !


Ludographie

AD to es ls ii e r

Voici une sélection de jeux de plateaux sur le thème de l’océan Indien à retrouver dans les ludothèques toulousaines.

Sifaka

Vous êtes un « Sifaka » dans le désert de Madagascar. En plus des bains de soleil, vous devez collecter le plus de mangues possible. Mais il faut choisir les meilleures pour espérer collecter le plus de points et gagner la partie. Jeu de Christian Kruchten et Jean-Claude Pellin, illustré par Guillaume Ducos. Édité par Azao Games. À partir de 8 ans.

Autour des îles

Prêts pour un vol en dirigeable autour de 13 îles ? Votre mission consiste à collecter des objets rares et mystérieux sur ces îles pour obtenir des indices et trouver le fabuleux trésor. Mais le temps presse ! D’autres pilotes sont aussi à sa recherche... Qui décryptera le premier le secret des 13 îles et mettra la main sur le fabuleux trésor ? Jeu de Marco Teubner, illustré par Adam Stower. Édité par Haba. À partir de 6 ans.

La Route des Épices

Affrétez des bateaux pour partir à la conquête de nouveaux territoires et y acquérir le monopole des épices, tel était l’objectif des différentes Compagnies des Indes aux 17e-18e siècles. Revivez cette aventure en apprenant à reconnaître l’odeur des épices pour les acheter à bon compte, puis revendez-les pour faire des bénéfices et revenir au plus vite en Europe avec une précieuse cargaison. Un jeu tactique qui permet de comprendre les mécanismes du commerce, de revivre l’aventure des premiers navigateurs et de découvrir les aléas de la vie en mer.

Jeu de Véronique Debroise et Victor Lucas. Édité par Sentosphère. À partir de 8 ans.

À lire

Transmises oralement depuis des générations, les règles d’une sélection de jeux traditionnels en bois pratiqués à Zanzibar, aux îles des Comores, à Madagascar et à Mayotte sont expliquées avec des schémas et des illustrations. Jeux traditionnels de l’océan Indien, Bruno de Villeneuve, éditions Ylang Images.

Venez jouer ! Retrouvez cette sélection de jeux dans 15 ludothèques toulousaines. Pensez à ces lieux pour vous accompagner dans vos projets autour des jeux et des jouets ! www.toulouse.fr/web/education/loisirs/ludotheques

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Festival de musiques et des cultures du monde,

la 23e édition de Rio Loco aura lieu du 15 au 18 juin 2017 à Toulouse. Plus de 150 artistes feront découvrir la richesse et la diversité des cultures de l’océan Indien à travers musique, arts visuels et spectacle vivant sur la Prairie des Filtres, lieu de clôture du projet de la Valise Rio Loco.

Le Quai des Savoirs, le Théâtre des Mazades, le Théâtre Jules Julien, le Muséum d’Histoire naturelle et le Metronum s’associent en amont du festival pour accueillir la programmation

de la Valise Rio Loco : concerts, spectacles, ateliers... Des choix artistiques éclectiques pour découvrir la diversité des îles de l’océan Indien tout au long de l’année. Ce parcours culturel est proposé à une centaine de structures toulousaines : sociales, scolaires, périscolaires, de loisirs ou d’insertion.

La Valise s’enrichit

des partenariats avec les Bibliothèques de Toulouse, Milan Presse, le réseau des ludothèques de Toulouse, les Jardins du Muséum, les Jardins du Muséum de Borderouge et avec les savoir-faire du Conservatoire à rayonnement régional de Toulouse. Ensemble, ces structures culturelles toulousaines œuvrent pour accueillir les publics et les artistes dans leur projet pédagogique jusqu’au festival !

L’ÉQUIPE Direction générale : Hervé Bordier. Conception et coordination de la Valise Rio Loco : Marion Casals-Miollan, Mathilde Sarrazin, Christian Sanchez. Contacts : 05 31 22 99 00 marion.casals@mairie-toulouse.fr mathilde.sarrazin@mairie-toulouse.fr christian.sanchez@mairie-toulouse.fr Programmation artistique : Marion Casals-Miollan, Federico Diaz, Santiago Diaz, Pierre Jaouen, Mathilde Sarrazin. Partenariat/communication/Média : Marie-Agnès Steunou. Production : Guillaume Marty. Administration : Isabelle Peron, Alexandra Gouffrant, Bernadette Massat, Roselyne Andrade. Rio Loco : licence 2e catégorie : 1078603 licence 3e catégorie : 1078604. Avec la participation du Conseil départemental de la Réunion.

Des îles et des peuples Textes P. 7, 19-27, 36-38 : Anne Bideault. P. 5, 8-17, 30, 39 : Sandra Laboucarie. P. 6, 26-35 : Elise Bernind. P. 40-47 : François Bernabeu et Nicolas Candeias. Illustrations : Loïc Froissard. Photos : P. 1 : Aude Espagno. P. 2 : Aude Espagno. P. 6 : Iconothèque historique de l’océan Indien. P. 8 : Gabriel Barathieus. P. 10, 11, 12, 14 : Istockphoto. P. 17 : Iconothèque historique de l’océan Indien. P. 18 : Istockphoto. P. 20-23 : Aude Espagno. P. 24-25 : Istockphoto. P. 26-29 : Aude Espagno. P. 31 : Iconothèque historique de l’océan Indien. P. 32-33 : Aude Espagno. P. 34 : Istockphoto. P. 35 : Iconothèque historique de l’océan Indien. P. 36 : Aude Espagno. P. 37-39 : Istockphoto. Directrice de la publication : Aurélya Guerréro. Rédactrice en chef : Élodie Baubion-Broye. Chef de projet, secrétariat de rédaction et iconographie : Bénédicte Boucays. Création graphique : Aude Espagno. Maquettiste : Audrey Izern. Correction : Auriane Vigny. Impression : Imprimerie Toulouse Métropole. (certifié iso 14001, norme environnementale). Tous droits réservés. Remerciements au CRESOI (Centre de Recherches sur les Sociétés de l’Océan Indien) pour la relecture des pages 5 et 6. © Milan Presse.


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