Manographiejjt part2

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JeanJacques

Tachdjian l’image au corps graphic design, body and soul

Renaud Faroux

Renaud Faroux est historien d’art, commissaire d’expositions, auteur et réalisateur. Renaud Faroux is an art historian, curator, author and director.

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La grande escroquerie du Rock’n’Roll Écrire sur Jean-Jacques Tachdjian, aucun problème. Ou plutôt si. DES HISTOIRES AVEC LUI J’EN AI PLEIN, c’est peutêtre ça l’embarras. Difficile de faire des choix.

Alors, autant commencer par le tout début, par ma première rencontre avec cette idole du graphisme UNDERGROUND. Mon grand frère m’avait emmené encore gamin à un concert du mythique groupe de new-wave bruxellois Les Tueurs de la lune de miel. Je me suis retrouvé avec une certaine inquiétude sur les épaules de ce drôle de Méphisto qu’accompagnait Marc Tison (une des autres figures marquantes du rock lillois dans les eighties). Je garde aussi le souvenir de l’héroïque époque de son graphzine Sortez La Chienne : en sortant du lycée je grimpais alors dans son atelier, véritable nid d’aigle de la création punk en tous genres, mine d’or d’images incroyables et improbables, de typographies déjantées. Il emmagasinait tout là haut près du ciel d’immenses piles à l’équilibre incertain : catalogues d’art sur la Figuration narrative avec des artistes comme Bernard Rancillac, Hervé Télémaque, Jacques Monory ; œuvres complètes de Métal Hurlant aussi bien d’Alex Raymond (le créateur de Flash Gordon et « le plus grand dessinateur de Pinup du monde » selon sa formule) que de Robert Crumb ou Touis, magazines de graphisme Émigré et Étapes en tête ; colonnes de dessins originaux de créateurs encore inconnus (The Pizz, Rocco, Rémi Malingrey, Stéphane Blanquet, The Pit, Rémi…) prêts à être publiés dans son journal S.L.C. (Sortez La Chienne, hommage irrévérencieux au titre Salut Les Copains autant qu’à Elles sont de sortie). Je pourrais aussi m’étendre sur l’œuvre musicale de l’animal, bassiste et chanteur des légendaires Fantastiques, Watchmen ou encore Alien Party…

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The great Rock’n’Roll Swindle No issue with writing about Jean-Jacques Tachdjian, the graphic designer. Yet again, there is a problem. I’ve got so many stories with him that it makes it tricky. It’s hard to choose.

So I might as well start with the very beginning, with my first encounter with this idol of underground graphic design. My big brother took me when I was still a kid to a concert by the mythic new-wave band from Brussels « Les Tueurs de la lune de miel ». I found myself with some concern on the shoulders of that weird Mephisto who’d come along with Marc Tison (another one of the leading figures of rock in Lille in the eighties). I also remember the heroic time of his graphzine « Sortez La Chienne 1»: coming out of high school I’d climb up to his studio, a real eagle’s eyrie of punk creation of all sorts, a goldmine of incredible and improbable images, of crazy typographies. He’d stock way up there close to the sky huge piles in wobbling balance: art catalogues on narrative Figuration of artists such as Bernard Rancillac, Hervé Télémaque, Jacques Monory ; the complete collection of « Métal Hurlant » as well as Alex Raymond (the one who created Flash Gordon and « the greatest Pin-up artist in the world » as he’d say) and Robert Crumb or Touis, graphic art magazines like « Emmigre » and « Etapes » in first place ; columns of original drawings by yet unknown creators (The Pizz, Rocco, Remi Malingré, Stéphane Blanquet, The Pit…) ready to be published in his journal S.L.C. (« Sortez La Chienne », irreverent tribute to the magazine « Salut Les Copains »). I could also write at great length about the musical work of the beast, bass player and singer in the legendary « Fantastiques », « Watchmen » and « Alien Party »…

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Il faudrait aussi que je raconte notre fabuleuse épopée en Californie où Tachdjian invité par la galerie Overtones de Los Angeles a exposé avec les artistes cultes Robert Williams et Johnaton Rosen. Me souvenir de ce vernissage incroyable sur Venice Boulevard où la veuve du peintre Edward Kienholz, Robbie Connal -un des Papes du Street art-, Wanda Coleman -la grande prêtresse de la Slam Poetry-, James Trussart -le César de la guitare électrique-… se mêlaient à la foule pour admirer le monde foisonnant de J.-J.T. imprimé sur de grande toiles cirées. Il faudrait aussi s’attarder sur le versant théorique et la lecture philosophique du travail de cet auteur-graphiste très marqué par la démarche de Jean Dubuffet et des Situationnistes, lecteur assidu d’Edgard Morin ou de Nancy Huston… Ici, comme à la fabuleuse ère de « I Comme Image », I.C.I. donc, pour reprendre l’acronyme de sa boîte de communication et de création dans les années 1990/2000, je vais plutôt m’attarder sur son œuvre graphique, ses créations typographiques, son univers plastique.

JJT, Elizabetha Betinski, Jonathon Rosen, Susan & Robert Williams, Renaud Faroux

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I should also tell about our fabulous trip to California when Tachdjian was invited by the Overtones gallery in Los Angeles for a show with cult artists Robert Williams and Jonathan Rosen. What a memory, that incredible opening party on Venice Boulevard when the widow of the painter Edward Kienholz, Robbie Connal –one of the Popes of Street art-, Wanda Coleman –the great priestess of Slam Poetry-, James Trussart –the Cesar of electric guitar -… mingled with the crowd to admire the abundant world of J.-J.T. printed on big oil clothes. I should also spend some time on the theoretical side and the philosophical reading of the work of this graphic designer and author strongly marked by the work of Jean Dubuffet and of the Situationists, a fervent reader of Edgard Morin and Nancy Huston… Here, like during the fabulous era of « I Comme Image 1», I.C.I. therefore, to use the acronym of his communication and creation agency of the 1990s/2000s, I would rather spend some time on his graphic work, his typographic creations, his plastic art universe.

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Autodidacte n’est pas un gros mot. « Let’s Roll ! » Depuis bientôt quatre décennies, Jean-Jacques Tachdjian produit des images, des typographies, des affiches, des pochettes de disques, des logos, des mises en pages d’ouvrages… et cela de manière quasi frénétique, sans jamais baisser la garde ni changer de rythme. Ce génie n’a pas fait d’école mais est peut-être par contre sorti d’une bouteille magique. Son sésame reste : Do It Yourself ! Exemple récent : il vient de faire dans la même semaine une affiche et un logo pour le musicien et poète Thomas Dalle, une bâche publicitaire de plus de trois mètres de long pour la librairie parisienne « Mona Lisait », une affiche de festival de musique métal dans le bassin minier, un programme pour la résidence de l’artiste Gilles Bouly au Centre d’Art de Wazemmes, une conférence sur le graphisme et la microédition à la Paris School of Art… et a aussi dû réparer sa chaudière qui avait pris l’eau… Toujours sur le qui-vive Jean-Jacques demeure un portedrapeau, celui d’une création qui à la manière du cidre, du boxeur ou du ciment, ne peut être que brut de décoffrage ! Mais Tachdjian n’est pas un simple « graphiste-brut » comme on parle d’artiste brut, de créateur à la marge du champ officiel de l’art même s’il aime à citer Jean Dubuffet et sa critique de notre Asphyxiante culture. Pour lui la création doit sortir de la norme et à l’image de l’inventeur de l’Hourloupe il pourrait dire : « Je suis persuadé que la création d’art, où qu’elle se manifeste, requiert (…) cette mise en question des normes et usages, cette humeur de non-alignement, ce repli sur soi-même. » Autrement dit, ses créations ne sont pas là pour confirmer les normes, mais pour produire des dérogations et des innovations ou pour citer une de ses autres références importantes, le père du post-modernisme dans le graphisme, Edward Fella : « Rules are made to be Brocken only exceptionnaly.» (Les règles sont faites pour être brisées, mais seulement de façon exceptionnelle). On songe ici à la formule de Bertolt Brecht dans L’exception et la règle : « Ce qui n’est pas singulier, trouvez-le surprenant ! Ce qui est ordinaire, trouvez-le inexplicable ! Ce qui est habituel doit vous étonner.»

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Self-taught is not a foul word. « Let’s Roll ! » For close to four decades, JeanJacques Tachdjian has been producing images, typographies, posters, record sleeves, logos, lay-outs for books … frenetically, without ever giving up or slowing down. This genii did not set a precedent but must have come out of some magic lamp. His sesame has always been: Do It Yourself! A recent example: he’s just made in a single week a poster and a logo for the musician and poet Thomas Dalle, an advertising canvas three meters long for the Paris bookshop « Mona Lisait », a poster for a metal music festival in the mining area, a program for the residency of the artist Gilles Bouly at the Wazemmes Art Center, a conference on graphic design and micropublishing at the Paris School of Art…and also fixed his boiler that was leaking … Always on the look-out, Jean-Jacques remains a standard bearer, the one of a creation which just like cider, boxer or cement, can only be rough and tough! But Tachdjian is not just a simple « outsider graphic designer » like we’d say an outsider artist, a creator on the outskirts of the official scope of art even though he likes to quote Jean Dubuffet and his criticism of our « cultural asphyxia ». According to him, creation must go beyond the norm and like the inventor of Hourloupe, he could very well say: « I’m convinced that art creation, wherever it may happen, requires (…) this questioning of norms and usages, this mood for non-alinement, this introspection. » In other words, his creations are not here to confirm the norms, but to produce exceptions and innovations or, to mention another of his important references, the father of post-modernism in graphic design, Edward Fella: « Rules are made to be broken only exceptionally». This leads us to Bertolt Brecht’s formula in « The exception and the rule »: « Find it surprising though not unusual. Inexplicable though normal, incomprehensible though it is the rule».

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Une production biomorphique Un des points communs dans toutes les productions de Jean-Jacques Tachdjian demeure une certaine dose d’ironie, d’humour, de sarcasme, ce qui n’est pas si fréquent dans le monde un peu guindé du graphisme ! Dans son travail typographique et dans son œuvre plastique demeure une présence étonnante du corps. Chez lui les fontes s’animent, se multiplient, se retrouvent greffées de mains, de doigts, de pieds, d’orteils, de sexes… Il donne naissance comme dans un cauchemar sorti du monde d’Henri Michaux ou de William Burroughs à des êtres, à des lettres hybrides. Tout se transforme et lui-même devient un drôle de Docteur Frankenstein du graphisme ! Son univers est alors encombré d’objets résistants qui piquent, coupent ou griffent, contre lesquels on se cogne et on se déchire : lames, aiguilles, dents entament la chair et le corps de la lettre et du mot. Monde métallique ou minéral, qui présente des arêtes ; monde opaque et pesant, agressif ou menaçant ; monde biomorphique fait de sutures apparentes, univers collant dans lequel on s’englue, on s’enfonce. On trouve aussi des images qui s’opposent aux précédentes, et qui traduisent la nostalgie d’une relation heureuse avec les objets, les machines, celle de son enfance dans les années Pop des sixties, héritée de l’univers industriel et mécanique des inventions du XIXe siècle. Ce monde périmé de la machine semble pour Tachdjian celui d’une utopie enchantée où l’homme et l’ouvrier semblaient maîtres de leurs destins.

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A biomorphic production What all Jean-Jacques Tachdjian’s productions have in common is a certain dose of irony, humor, sarcasm, which is not easily found in the rather stiff world of graphic design! In his typographic work and his plastic work there is an amazing presence of the body. With him, fonts come to life, they thrive and find themselves with added hand, fingers, toes, sexes‌ He gives birth like in a nightmare from the worlds of Henri Michaux or William Burroughs to hybrid beings, letters. Everything is transformed and he becomes himself a strange Doctor Frankenstein of graphic design! His universe is then cluttered with resistant objects that sting, cut or scratch, that bump you and tear you: blades, needles, teeth tear into the flesh and the body of the letter and the word. Metal or mineral world, with its asperities; an opaque and heavy world, aggressive or threatening; a biomorphic world made with visible stitches, a sticky universe in which we get sucked in deep inside. Other images are found in opposition with the previous that translate the nostalgia of a blessed relation with objects, machines, the one of his childhood in the Pop sixties, inherited from the industrial and mechanical universe of the inventions of the 19th century. This expired world of the machine seems to be for Tachdjian a world of an enchanted utopia where man and worker thought they were masters of their fate.

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dreamed TAUGHT


L’autonomie de l’être et de la lettre La galaxie artistique de Tachdjian présente plusieurs facettes : c’est un univers dans lequel les lettres typographiques ne sont souvent considérées que dans leur relation au sujet de la commande. Ses créations révèlent un monde qui est son propre miroir, non un spectacle. En cela le commanditaire a affaire non pas à un publicitaire mais aussi à un pur artiste. Il ne considère pas son activité typographique dans sa simple forme mais y apporte substance autant que fonction. Par là même ce qui lui importe n’est pas la seule lisibilité du message. Il joue avec les lettres, les signes, les images ; il les fixe, leur assigne une structure propre. Il les replace et leur donne ce qui est à son sens leur utilité véritable. On se sent envahi par ce graphisme expressif qui projette son trouble, car il l’a enrichi d’une autonomie, d’une liberté et d’une intentionnalité qui le rend personnel et redoutable ! Etrange graphiste qui produit des images, des slogans, des logos qui ne sont obligatoirement ni saisis ni possédés ; ce sont eux au contraire qui menacent de saisir et de posséder les êtres qui les regardent ! Les créations s’animent, se métamorphosent, sécrètent des phénomènes étranges, des animaux fantastiques où des lettres, des images, des dessins sortent de partout. Et comme dans sa vieille planche de bande dessinée en hommage à Jack l’éventreur, les signes attaquent leur proie ; ils pénètrent en elle ou au contraire la pompent comme d’énormes insectes. Ces hallucinations typographiques traduisent finalement l’anxiété fondamentale de l’artiste qui se retrouve dans le thème fréquent de la peur du vide : Tachdjian éprouve la crainte d’être envahi, d’être dépossédé de son moi, de perdre non seulement son autonomie, mais sa substance même dans son univers cauchemardesque ! Il pourrait affirmer comme Michaux dans « La Nuit remue » : « mes bras égarés plongent de tous côtés dans des ventres, dans des poitrines ; dans les organes qu’on dit secrets… Mes bras rapportent toujours, mes bons bras ivres. Je ne sais pas toujours quoi, un morceau de foie, de pièces de poumons, je confonds tout, pourvu que ce soit chaud, humide et plein de sang. Dans le fond ce que j’aimerais, c’est de trouver de la rosée, très douce, bien apaisante. »

INVASION OF THE EURASIAN HORNY JEWISH ALIEN NAZIS ON SPEED FROM OUTER INTERSTELLAR SPACE WAYS x WITH LOVE e r e l

p u SUPEREXs afragix TRAFRAGItr tique l LISTIQUE is isdé XQUISDÉ quc i e u LILICIEUX l i

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The autonomy of the man and the letter The artistic galaxy of Tachdjian presents several facets: it is a universe in which typographic letters are often considered only in their relation to the subject of the order. His creations reveal a world that is his own mirror, not a show. In that sense, the sponsor is not dealing with a publicist but also with a pure artist. He does not consider his typographic work only in its form but adds substance as well as function. This is why it is not only the readability of the message that matters for him. He plays

Ziggy Stardust and the Spiders from Mars

with letters, signs, images; he fixes them, assigns them their own structure. He replaces them and

gives them what is for him their true purpose. You feel overwhelmed by an expressive art work that projects his unrest, as it is enriched with autonomy, freedom and an intentionality that makes it personal and fearful! Strange graphic

artist who produces images, slogans, logos that can never be captured or possessed; on the contrary, they’re the ones that can threaten to capture and possess those who look at them! His creations come to life, a metamorphosis

takes place and they start to make strange phenomena, fabulous animals spring out with letters, images, drawings surging from

everywhere. And like in his old cartoon board paying tribute to Jack the Ripper, the signs

attack their prey; they penetrate it or on the contrary they suck it like huge insects. These typographic hallucinations finally convey the fundamental anxiety of the artist who

identifies to the frequent theme of the fear of heights: Tachdjian feels the fear of being invaded, dispossessed of his self, of losing not only his autonomy but also his very substance

in his nightmarish universe! He can assert like

Michaux in « The Night Moves » : « my arms go wondering about all over, into bellies, into chests, into organs called secret … My arms always bring something back, my fine drunken

arms. I don’t always know what it is, a piece of liver, chunks of lungs, it’s all the same to me, as long as it is warm, wet and full of blood. Actually what I would like is to find some dew, very sift, truly soothing. »

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son travail tout prend corps et s’anime de vie, un peu comme avec les montres molles de Salvador Dali où les signes deviennent matière souple, moelleuse, flasque. Tout devient spongieux : dégoulinade,épanchement, débordement, ruissellement, excès... On retrouve aussi sa passion pour Peter Saul, un des maîtres de la peinture subversive américaine, pénétré par l’univers des comics des années 1970 et des auteurs sulfureux comme Crumb, Moscoso, Gilbert Shelton, Robert Williams... Dans ses séries d’impressions polychromes sur bâches vinyliques gigantesques, J.-J. mixe, compile, recompose toutes ses inventions graphiques pour donner vie à un monde baroque et foisonnant. Maître dans les techniques d’impressions, il sature ses « tapisseries » contemporaines de personnages anthropomorphiques et bizarroïdes. Dans la lignée des créateurs de la Figuration Libre comme Robert Combas et Hervé Di Rosa, il marque ses œuvres d’images publicitaires, de délires de BD, avec la violence de la culture rock et fait la part belle à l’humour comme à la sexualité. Présentées au Tripostal de Lille lors de « Beautiful Loser », une exposition qui retraçait toute l’histoire du Street art, ses grandes bâches psychédéliques de la série Paramour Pictures ont aussi été montrées par Overtones, la galerie d’Elizabeta Betinsky de Los Angeles associées à des œuvres du maître du « Lowbrow art » Robert Williams et des pièces organiques à tendance surréaliste de Jonathon Rosen.

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his work everything takes shape and comes to life, a bit like the « Drooping watches » by Salvador Dali where the signs become a soft, plump, flaccid matter. It all becomes spongy: dripping, effusing, overflowing, streaming, excess … You also find his passion for Peter Saul, one of the masters of American subversive art, penetrated by the universe of comics of the seventies and by nefarious authors like Crumb, Moscoso, Gilbert Shelton, Robert Williams… In his series of polychrome prints on gigantic vinyl canvases, J.-J. mixes, compiles, recomposes all his graphic inventions to give life to a baroque and thriving world. Master of printing techniques, he saturates his contemporary « tapestries » with weird anthropomorphic characters. In the spirit of the Free Figuration creators of the like of Robert Combas and Hervé Di Rosa, he marks his works with advertising images, cartoon freakiness, violence of the rock culture and adds a generous touch of humor and sex. Presented at the Tripostal in Lille for « Beautiful Loser », a show that traced the whole history of Street art, his big psychedelic oil canvases from the « Paramour Pictures » series where also displayed by « Overtones » Elizabeta Betinsky’s gallery in Los Angeles in a group show with the master of « Lowbrow art » Robert Williams and Jonathon Rosen with his organic pieces of surreal tendency.

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T

achdjian utilise l’ordinateur comme un pinceau et le numérique comme de la térébenthine. Virtuose polymorphe, calligraphe et illustrateur, il se définit modestement comme un « faiseur d’images ». Il compose ses œuvres à partir d’agencements de dessins à la main, de détournement de publicité, de multiplications de personnages connus ou inconnus, d’effet de miroir, pour donner vie à des ouvrages composites faits d’emprunts à l’histoire de l’art, au graphisme à message, à la bande dessinée avec un fort contenu socio-politique. Homme de son temps, il imprime son monde délirant sur de grandes toiles libres, des combinaisons de patchworks, des assemblages de dalmatiques d’un nouveau genre... À force de rapiéçages sur tablettes électroniques, de coutures à coups de programmes d’ordinateurs, d’écritures et de colorisation à la palette graphique, JeanJacques nous ouvre les yeux sur les spectacles de toute nature. Ses œuvres éblouissantes aussi bien d’esprit que de couleurs et d’inventions décoratives questionnent sur l’évidence des choses que l’on voit, ou que l’on croit voir. Elles n’ont pas la beauté surannée de tapisseries imaginaires sorties de châteaux fabuleux mais, œil pour œil, dent pour dent, inscrivent leur fulgurante modernité images sur images… pixels par pixels ! Récemment, invité par Stéphane Carricondo, Jerk 45 et Ned du Collectif du 9e Concept, Tachdjian a lâché son ordinateur et repris ses pinceaux pour participer à une immense fresque collective ou il a redonné vie à son univers de personnages revendiquant un humour idiot dans la lignée de Charlie Schlingo. Dans presque toutes les créations de JeanJacques Tachdjian, marquées par ses épiques années punk, la violence n’est plus suspendue mais accomplie ! Avec cet artiste multi-formes : peintre, graphiste, musicien, éditeur... (dont Jello Biaffra a estimé dans une interview à Rock’n’Folk que sa pochette de disques de 45 tours des « Watchmen » faisait partie du Top-Ten de l’histoire du rock), on assiste à un appareillage, à un dépassement des images qu’il transgresse. La charge de dérision que véhicule son travail est énorme. Grâce à elle il démontre, décortique, critique et se situe dans une certaine tradition de la création anarchiste depuis L’assiette au beurre. Il titille les limites mêmes du pouvoir du langage par sa pratique publicitaire et artistique. Jean-Jacques Tachdjian comme à leur manière Art Chantry et David Carson demeure un graphiste à la marge, dans l’underground, reste un manipulateur d’archétypes, un dénonciateur de mythologies et un producteur d’images dont la beauté fantasque et fantastique donne toujours à rêver et à réfléchir.

Renaud Faroux

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Julie, Jello Biafra et Nénesse de la Rauque-Mitaine, entourant la pochette de Freako Bimbo Goons des Watchmainz


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achdjian uses the computer as a brush and digital like turpentine. Polymorphic virtuoso, calligraphist and illustrator, he humbly defines

himself as the « image maker ». He composes his works by arranging handmade drawings, diverting advertising, multiplying known and unknown characters, with a mirror effect to bring life to composite works made with quotes of art history, of graphic art with a message, of comics with a strong social and political content. A man of his time, he prints his delirious world on big free canvases, combinations of patchworks, assembling of a new style of dalmatics... Through patching on electronic tablets, sewing with computer programs, writing and coloring with the graphic palette, Jean-Jacques opens our eyes to shows of all sorts. His works, stunning in spirit as well as in colors and decorative inventions question the obviousness of the things we see, or what we think we see. They don’t have the obsolete beauty of imaginary tapestries from some fabulous palace but, eye for an eye, tooth for a tooth, they inscribe their dazzling modernity image after image… pixel by pixel! Recently invited by Stéphane Carricondo, Jerk 45 and Ned of the Collectif du 9e Concept, Tachdjian set aside his computer and took his brushes to take part in a huge collective fresco where once again he brought to life his universe of characters, claiming an idiotic humor in the spirit of Charlie Schlingo. In almost all of Jean-Jacques Tachdjian’s creations, marked by his epic punk years, violence is not suspended but accomplished! With this multiform artist: painter, graphic artist, musician, publisher… -whose 45 rpm record sleeve for the « Watchmen » was considered by Jello Biafra in an interview with Rock’n Folk to be part of the Top-Ten of the history of rock-, we are a witness of how he departs and goes being beyond the images that he transgresses. There is so much derision conveyed by his work. This is what enables him to demonstrate, analyze, criticize and position himself in a certain tradition of anarchical creation ever since « L’assiette au beurre ». He titillates the very limits of the power of language by his advertising and artistic work. Jean-Jacques Tachdjian as in their way Art Chantry and David Carson is a graphic artist who remains on the outskirts, in the underground, manipulating archetypes, decrying myths and producing images that always have a fantastic and fanciful beauty to make us dream and think.

Renaud Faroux

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et l’amour

...



LE

AVANT IL Y AVAIT DES GENS SI PAUVRES QU’ILS N’AVAIENT QUE DE L’ARGENT

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AVANT LES GENS S’ENNUYAIENT TELLEMENT QU’ILS ACHETAIENT DES CHOSES POUR PASSER LE TEMPS

04 S U B L I M I M I M AT I S M E

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AVANT AVANT LESIL GENS Y AVAIT S’ENNUYAIENT DES GENS QUI TELLEMENT PENSAIENT QUEQU’ILS VIVRE SERVAIT ACHETAIENT À GAGNER PLUS DES CHOSES ET D’ARGENT POUR PASSERPLUS TOUJOURS LED’ARGENT TEMPS 104



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La génuflexion de Sainte Apophénie

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LE TRIOMPHE DES PLACARDS



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JOEY STARR JAN KOUNEN Expositions Conférences Concerts, Dj's Projos...

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LA GRANDE ET LA PETITE LANGUE VÉHICULAIRE Il y a des mots qui frisent le ridicule et frôlent la correctionnelle: ils cherchent à en imposer et ne parviennent qu’à faire sourire les Britanniques, car ils sont inconnus au bataillon de l’autre côté de la Manche. Parmi ces anglicismes absurdes (les vrais sont déjà lourds): l’élégant « smoking». À Londres, les disciples du Beau Brummel parlent d’evening jacket. Alors, si ce n’est à eux, le mot appartientil à leurs cousins d’Amérique? Que nenni, les fringants Yankees portent un tuxedo (s’il est blanc). D’autres faux emprunts ont cours : camping-car (motor home), auto-stop (hitch-hiking), baby-foot (inexistant), ball-trap (clay pigeon shooting), baskets (tennis-shoes), brushing (blow-drying), dancing (dancehall), flipper (pinbalLmachine) , footing (walking), goal. (goal-keeper), happy end (happy ending), lifting (facelift), lunch (wedding-breakfast), parking (car-park), pin’s (pin), pull-over (sweater), recordman (record holder), shake-hand (handshake), shampooing (shampoo), sleeping (sleeping-car), speaker (announcer), tennisman (tennis player).

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13 juin 1986

le jour où j’ai rencontré Johnny Rotring. Parce que pour moi, ça restera toujours Johnny Rotring (El Rotringo viendra plus tard), ce type étrange, immédiatement sympathique, drôle, un poil agressif et déstabilisant aussi il faut le dire, occupant par son rire et sa voix énorme le centre de la soirée d’anniversaire de celle avec laquelle je partage toujours ma vie. Ben ouais, Jean-Jacques, je me souviens de ma première rencontre avec toi mais ne prends pas mal si le fait que je m’en rappelle encore au jour prêt ne repose pas (uniquement) sur toi :-) Je viens de quitter le cocon familial. Brutalement. Grande douleur. Tout juste 18 ans et l’envie de bouffer le monde sans en laisser une miette. Je vais régulièrement dans son studio, dans son antre, pour apprendre, pour puiser de l’énergie du tonitruant Maitre des lieux. Parfois, c’était quelque chose : Surréaliste à souhait ! Je suis à fond ! Je ne comprends pas tout. Je suis fan. Rotring, c’est ce type délirant à la culture immense qui parle non stop de sujets qu’il connait à fond : le Rock, la BD, les comics, de ciné bis et d’autres choses beaucoup plus mineures comme l’Art, la grande peinture etc. Un esthète bien destroy. Le coeur sur la main, aussi ; la tête bouillonnant constamment d’idées, de projets. On a pas envie d’être à la traine. Il faut le suivre et ne pas perdre le rythme quand il est en mode créativité mach 3000 C’est à dire tout le temps, en fait. Il fait partie de ces gens précieux qui m’ont influencé, qui m’ont mis en confiance, surtout. Je l’entends encore dire « Vas-y, fiston ». Comme un laisser-passer pour n’avoir peur de rien. À l’époque, je cherche à entrer dans l’édition BD. Je bifurquerai vers la création des premières librairies comics et service VPC hors Paris : Dangereuses Visions.Ca durera 12 ans. Le logo, c’est Rotring, qui nous aidera beaucoup en créant pubs, illustrations etc. Tout ça bénévolement. Il le fera aussi pour notre festival de la BD anglo-saxonne. Encore merci. De grands souvenirs aussi : les concerts de ses différents groupes, ou la naissance de la Chienne. Odeur d’imprimerie tenace dans son second studio. La Chienne va révolutionner le monde, c’est certain. Rotringo (je m’y mets) m’a beaucoup beaucoup apporté en me forçant à ouvrir plus grand mon esprit et à être plus curieux. Ses conseils musicaux étaient toujours précieux et il fait entrer le Rock dans mon univers de Funk et de jazz. C’est aussi le seul et unique personnage sorti d’une BD que j’ai jamais rencontré dans la réalité. Et ça, c’est inoubliable ! J’ai hérité d’un peu de son énergie ; beaucoup de sa révolte. Je suis un fils de Johnny Rotring. Spirituel, j’entends ! Mais dessinée par lui, cette conception mentale décadente sur fond de New York Dolls à dévisser les potards, prendrait des allures d’orgie apocalyptique à faire s’évanouir les coincés et les bourgeois. Rock’n Roll, fiston !!

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June 13th, 1986 The day I met Johnny Rotring. Because for me, he will always be Johnny Rotring (El Rotringo came later), this strange guy, immediately friendly, funny, a touch aggressive and unnerving as well I must say, occupying with his laughter and his booming voice the center of the birthday party of the woman with whom I am still sharing my life. Yep, Jean-Jacques, I remember the first time I met you but don’t take it badly if the fact that I still remember the exact date is not due (only) to you :-) I’ve just left the family nest. Abruptly. Great pain. Just turned 18 and want to eat the whole world without leaving a single crumb. I regularly go to his studio, to his den, to learn, to draw energy from the thundering Master in charge. Sometimes, it’s something: as Surrealistic as you’d want! I’m deep into it! I don’t understand everything. I’m a fan. Rotring, it’s this delirious guy with a huge culture who’s constantly talking about things he knows in depth: Rock music, BD, comics, off-screen movies and other much more minor things like Art, masterpieces etc. A very destroy aesthete. Generous too; his mind constantly bubbling with ideas, projects. You don’t want to lag behind. You’ve got to follow him and keep the pace when he’s in Mach 3000 creative mode. That is, all of the time, actually. He’s one of those precious people who influenced me, who mainly gave me confidence. I can still hear him say « Do it, son ». Like a pass to be scared of nothing. At the time, I wanted to work in BD publishing. I switched to creating the first comics bookstores and mail order service outside of Paris: Dangereuses Visions. It lasted for twelve years. The logo, that was Rotring, who helped us a lot by creating the ads, the illustrations etc. All that for free. He also did it for our English language BD Festival. Thanks again. Great memories as well: the concerts of his different bands, or the birth of la Chienne. The stubborn smell of print in his second studio. La Chienne will change the world, that’s for sure. Rotringo (I’m getting into it) has taught me a lot by forcing me to open my mind wider to be more curious. His musical advice was always precious and he made Rock & Roll enter my universe of Funk and jazz. He’s also the one and only cartoon character that I’ve ever met in real life. And that’s unforgettable! I’ve inherited a bit of his energy; a lot of his rebellion. I am a son of Johnny Rotring. Spiritual, of course! But drawn by him, this decadent mental conception with the New York Dolls in the background full blast would take the look of an apocalyptic orgy that woukld make all the stuck-up and bourgeois people faint. Rock’n Roll, son!!

Jean Wacquet, ex comics dealer

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18H À 23H

http://www.musee-lam.fr

DE

INFOS sur

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NIGHT

EXPOS ANIM’ CONCERT

JEUDI 4 DÉCEMBRE 2014

N


Auteur, éditeur et critique, Jean-Jacques Tachdjian dit El Rotringo, est un des piliers de l’underground français depuis le début des années 80. On trouve son nom dans des dizaines de fanzines rock et BD, (Johnny Rotring au début, et parfois Boule de N) où il collabore comme dessinateur et chroniqueur ; dans le fanzine anglais SNIFFIN’ ROCK (entre 86 et 89), COMBAT ROCK en 84, CARABISTOUILLES (84-86), SINCE (90-94), ou les premiers CHACAL PUANT de Stéphane Blanquet qu’il a contribué à faire connaître (*). Son fanzine grand format Sortez La Chienne, édité entre 1987 et 1991, reste encore actuellement une référence du graphzine. Sortez La Chienne a publié quantité d’auteurs et permis de découvrir des artistes internationaux comme Henriette Valium, Hunt Emerson, Julie Doucet ou Peter Bagge, à côté de Bruno Richard, Pakito Bolino, Killofer, Y5/ P5, Caroline Wédier, Pierre La Police et tant d’autres. La Chienne éditions succède au fanzine : une bonne vingtaine de livres à son actif, et des apparitions dans les graphzines contemporains comme GESTROCO CLUB (2005), le Novo Doba festival de Belgrade, HÔPITAL BRUT (2014). Sa dernière production en date s’appelle COUVERTURE, et réunit des dizaines de dessinateurs pour réaliser des couvertures d’un fanzine sans contenu (mais n’est-ce pas là le propre de ce que nous vend la presse ?) Toujours aussi fringant, El Rotringo fourmille de projets, La Chienne n’a pas fini de montrer les crocs, et on peut compter sur son appétit dévorant pour nous apporter, encore et encore, des belles images populaires. (*) Extrait d’une interview dans Since n° 2 sur les Watchmain, dont il est le bassiste : Question : Est-ce possible, actuellement, de trouver encore un fanzine ou une pochette que Rotring n’ait pas touché ?

Marie Bourgoin

La Fanzinothèque dePoitiers

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Author, publisher and critic, Jean-Jacques Tachdjian AKA El Rotringo, has been one of the stalwarts of the French underground since the beginning of the eighties. His name is found in dozens of Rock and Cartoon fanzines, -Johnny Rotring at first, and sometimes Boule de N. (hateball)- in which he worked as an illustrator and columnist ; in the English fanzine SNIFFIN’ ROCK (from 86 to 89), COMBAT ROCK in 84, CARABISTOUILLES (8486), SINCE (90-94), and the first issues of CHACAL PUANT by Blanquet that he helped to popularize (*). His big size fanzine Sortez La Chienne1, from 1987 to 1991, is still today a reference for graphzines. Sortez La Chienne published many authors and helped to discover international artists such as Henriette Valium, Hunt Emerson, Julie Doucet and Peter Bagge, along with Bruno Richard, Pakito Bolino, Killofer, Rocco, Y5/P5, Caroline Wédier, Pierre La Police and so many others. La Chienne éditions came after the fanzine : it has published at least twenty books and it appears in contemporary graphzines such as GESTROCO CLUB (2005), the NOVO DOBA FESTIVAL in Belgrade, HÔPITAL BRUT (2014). Its latest production is called «COUVERTURE», and includes dozens of artists who were asked to make covers of a fanzine without content (but isn’t that exactly what the press is trying to sell us?) Dashing as ever, El Rotringo abounds with projects, La Chienne has not finished showing its teeth, and we can count on his devouring appetite to give us again and again beautiful popular images.

Marie Bourgoin La Fanzinothèque de Poitiers (*) Extract from an interview in Since n° 2 on the Watchmain, in which he plays bass : Question : Is it possible, today, to find a fanzine or a cover that Rotring has not put a hand to? 1 / Take the bitch out

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Dans le langage courant actuel, «utopique» veut dire impossible ; une utopie est une chimère, une construction purement imaginaire dont la réalisation est, a priori, hors de notre portée. Or, paradoxalement, les auteurs qui ont créé le mot, puis illustré le genre littéraire inventé par Thomas More en 1516, avaient plutôt pour ambition d'élargir le champ du possible, et d'abord de l'explorer.

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